Œil de verre et jambe de bois ? Les invalides de la marine du quartier maritime de Marseille au XVIIIe siècle
p. 57-70
Texte intégral
1« On voit (…) le long des murs du port le peuple boiteux et paralysé des vieux marins qui se chauffe au soleil sur les bancs de pierre (…) Leurs visages et leurs mains sont ridés, tannés, brunis, séchés par les vents, les fatigues, les embruns (…) Devant eux passe, calé sur une canne, l’ancien capitaine au long cours (…). On est là au pays de la mer… »1, Sinon dans le monde du silence car force est de reconnaître que ces hommes, mis « hors de service » par les ans ou les infirmités, restent discrets et méconnus. Pourtant, parmi les Douleurs, souffrances et misères du corps récemment analysées2 celles des corps usés des travailleurs du « pays de la mer » devenus « bons à rien » auraient assurément toute leur place.
2Pour répondre à l’essor du trafic maritime et aux besoins de son outillage nautique Marseille, comme les autres grandes places portuaires, a dû faire appel au XVIIIe siècle à des hommes venus d’ailleurs mais a d’abord mobilisé – et usé – ceux de son quartier maritime. Ces hommes, natifs de la cité ou « habitués » à elle, se trouvent placés depuis la seconde moitié du XVIIe siècle sous le contrôle de l’État royal, qu’ils soient valides ou non. En effet, une mauvaise blessure, une « incommodité », le poids des ans mettaient nombre de marins hors d’état de servir et les conduisaient à se tourner vers l’administration dont l’attention à leur égard fut précoce et originale.
3Cependant, ces « estropiés ou décrépis » n’étaient pas vraiment exclus du monde du travail et l’on pouvait rencontrer, parmi d’autres éclopés sur les quais du Lacydon, Georges-René Pléville Le Pelley, capitaine à la jambe de bois, et Antoine Mouren dit lou borgno3 en partance pour de lointains horizons ou de retour d’une cité maritime voisine. Ces silhouettes ne sont-elles pas d’ailleurs conformes à celle d’un imaginaire collectif, nourri de récits et d’images – animées ou non – qui tend à représenter d’épais loups de mer ceints du bandeau noir, munis d’un pilon de bois et brandissant un terrible crochet métallique ? L’invalide de la marine est-il déjà – comme le seront ultérieurement le corsaire et plus encore le pirate – cet « homme réparé », sinon cette « gueule cassée », qui hante nombre de récits maritimes ?
L’invention des invalides de la Marine
4À partir du début du XVIIe siècle, avec la naissance en Europe des marines de guerre permanentes, se trouva posée la question du recrutement des équipages, de la formation et de l’entretien d’un personnel spécialisé. En France, Richelieu, désireux de doter le royaume d’une véritable marine d’État, envisagea d’établir un service militaire pour disposer en permanence sur les vaisseaux d’hommes expérimentés et aguerris. Toutefois, l’ordonnance de janvier 1629 qui visait cet objectif resta lettre morte et l’on eut recours, comme les Anglais, à la pratique de la « presse », c’est-à-dire à la rafle, dans les ports et les rades, de tous les hommes pour les embarquer de force sur les navires de l’État. Cette méthode, « détestable par son arbitraire et sa violence »4 qui entravait le commerce, lésait les armateurs et brutalisait les marins, fut abandonnée au début du règne personnel de Louis XIV au profit d’une institution originale à savoir le système des classes.
5Après quelques tâtonnements, Colbert et Usson de Bonrepaus, futur intendant général de la marine, reprirent l’idée de Richelieu pour faire face à la disette d’hommes d’équipage et optèrent pour la mise en place d’un service militaire obligatoire pour les populations côtières. D’abord expérimentée sur les rivages entre Loire et Garonne, l’opération fut étendue, à partir de septembre 1668, à toutes les provinces littorales du royaume et introduite en Provence en mai 1670. Les ordonnances de la marine de 1681 et 1689 précisèrent cette institution qui, rebaptisée Inscription maritime en 1795, devait durer plus de trois siècles5. Tous les hommes âgés de plus de dix-huit ans, exerçant une activité maritime, furent tenus de se faire classer pour se soumettre aux réquisitions en servant un an sur trois sur les vaisseaux du roi, mesure appliquée « aux principales rivières du royaume » en 16926. Par cette décision, les « gens de mer », qui jusqu’alors ne formaient pas un ensemble organisé, tendirent à constituer un véritable groupe socioprofessionnel.
6Pour faire accepter ce système contraignant et réduire les résistances rencontrées7, l’État accorda un certain nombre de compensations aux marins levés ; ainsi, ceux-ci furent, durant leur conscription, exemptés du logement des soldats, des tâches de collecteurs d’impôts, des éventuelles poursuites engagées par des créanciers et du service dans les garde-côtes. Les « classés » reçurent aussi le secours d’une caisse des Invalides de la marine instituée par le règlement royal du 22 septembre 1673, avec assistance médicale gratuite et pension en cas de blessures reçues au service du roi.
7Cette création s’inscrivait dans le droit fil de la politique d’assistance aux vétérans et estropiés militaires voulue par le « roi de guerre » (Joël Cornette). Néanmoins, les soldats infirmes, qui furent admis à l’Hôtel des Invalides créé par Louis XIV en 1670 sur proposition de Louvois, ne bénéficièrent pas d’un régime analogue à celui des gens de mer8. Ils y étaient nourris, logés et astreints aux exercices religieux tandis que d’aucuns accomplissaient des obligations militaires comme gardes, rondes et garnison de citadelles9.
8La caisse des Invalides de la marine, dont l’inspiration est peut-être à rechercher dans de lointains dispositifs réglementaires10, était totalement autonome et connut quelques modifications dans son fonctionnement au cours du XVIIIe siècle11. Son financement était assuré par un versement obligatoire sur toutes les transactions du secrétariat d’État et par un prélèvement de 4 deniers par livre (soit 2,5 %) « Sur les gages et appointements reçus par les capitaines, maîtres, patrons, officiers mariniers, matelots et pilotes des négociants au service desquels ils étaient employés au mois ou au voyage »12. Des retenues furent de même calculées pour les paiements « à la part ». Un édit de 1713 fit passer le prélèvement à 6 deniers par livre (3 %) « y compris sur le total des prises corsaires » alors que depuis 1709, les gens de mer embarqués au commerce, assimilés aux marins de l’État, purent prétendre à une pension.
9Selon l’ordonnance de 1689, ces fonds étaient destinés à la construction de deux hôpitaux maritimes, l’un à Rochefort et l’autre à Toulon. Toutefois, ces établissements ne virent pas le jour et les prestations servirent à payer des pensions aux invalides ou, parfois, à leurs héritiers. Ainsi, « celui qui navigue et qui secourt les marins invalides peut espérer être soulagé à son tour par les bienfaits de ses successeurs »13. Cependant, l’octroi d’une retraite14 ou demi-solde n’était pas automatique et pour y être admis, il fallait en faire la demande auprès de l’autorité centrale qui pouvait la rejeter. Assurément, cette disposition générale, étendue à tous les estropiés et « hors des classes de service », avec pension et droit à la retraite selon un critère d’âge (plus de 60 ans) ou d’infirmité, préfigure dans une certaine mesure la Sécurité sociale15 et le code du travail maritime16.
10À côté de cette initiative du pouvoir central, les capitaines de navire et patrons de barque disposaient à Marseille d’une caisse pour venir en aide à ceux qui étaient âgés, malades ou infirmes ; chaque capitaine, au retour d’un voyage, y versait 4 livres pour son compte et 2 livres pour chaque officier de son bord. Les revenus procurés par les opérations de chargement et déchargement de marchandises de quinze accons ou bateaux à fond plat, achetés en 1787 par l’« association des capitaines marins », accrurent les fonds d’une caisse aux secours destinés à une seule minorité17.
Invalides et hors de service à Marseille dans la seconde moitié du XVIIIe siècle
11Pour contrôler les hommes soumis à la conscription, l’administration centrale demanda la tenue, dans tous les quartiers maritimes, de registres matricules. Ceux-ci furent ouverts pour toutes les catégories de marins depuis les mousses jusqu’aux capitaines, en passant par les novices, volontaires, matelots, officiers mariniers et écrivains de bord. Pour la bonne gestion de la caisse des Invalides de la marine de tels registres furent également tenus pour les invalides et « hors de service » non soumis au service de mer. Ces matricules, renouvelées au bout d’une douzaine d’années et inégalement conservées, mentionnent l’identité des marins, leurs date et lieu de naissance, leurs parents, avec parfois la profession du père, éventuellement leur épouse, leurs adresses, mais aussi de manière inégale, les motifs de leur invalidité ou de la mise « hors de service », accompagnés parfois d’un bref rapport à la suite d’une visite médicale. L’homogénéité de la source et le soin apporté à sa tenue attestent la prise de conscience par l’État de la question de la santé des travailleurs pour des besoins, il est vrai, d’abord militaires.
12Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, période de croissance des échanges marchands et pour laquelle nous disposons des registres matricules pour le quartier maritime de Marseille (ville et terroir), la population navigante placée sous le contrôle de l’administration des classes représente environ 10 % d’une population totale estimée à 95 000 habitants. Cette évaluation ne prend en considération ni les métiers urbains liés à la mer (constructeurs, charpentiers, voiliers, poulieurs, portefaix), ni les hommes extérieurs à la cité et venus momentanément y travailler pour répondre aux besoins de ses négociants-armateurs. Dans le seul ensemble placé sous le contrôle du commissaire des classes, les invalides et hors de service – d’importance numérique comparable (334 en 1788-89 pour les premiers et 312 pour les seconds) – représentent environ 9 % des inscrits du quartier maritime. Ce niveau reste relativement stable au cours du demi-siècle considéré, hormis de légères progressions à la suite de reclassements opérés après les guerres de Sept Ans et d’Indépendance américaine.
13Par définition ce groupe se détache du reste des gens de mer par sa structure par âge, avec une moyenne globale qui se situe autour de 60 ans (60,8 ans) ; néanmoins un homme sur quatre se trouve en deçà de ce seuil ouvrant théoriquement à pension, avec une vingtaine d’estropiés de moins de trente-cinq ans et un nombre semblable d’octogénaires. Au vrai, l’âge moyen des marins admis à la demi-solde pour « caducité » s’établit à près de 65 ans (64,8 ans).
14Si ces hommes sont natifs de plus de 80 localités différentes, ce sont ceux nés à Marseille (51,7 %) et dans le terroir (7 %, essentiellement à Mazargues) qui demeurent les plus nombreux. Un quart provient de Provence, essentiellement de communautés littorales, avec une présence plus forte et peu surprenante d’hommes originaires des trois proches ports secondaires que sont La Ciotat, Martigues et Cassis. Enfin, le Piémont, les ports du littoral toscan et plus encore ceux de la rivière de Gênes représentent l’aire de drainage d’environ 9 % de ces hommes, unis pour la plupart à des filles de Marseille et, condition à l’inscription, « habitués à Marseille. »
15La répartition de ces hommes dans l’espace urbain est conforme à celle de l’ensemble de la population maritime dans la mesure où la paroisse Saint-Laurent en abrite 42 %. Toutefois, la concentration des hors de service, soit de ceux qui n’ont pas encore été admis à la demi-solde, y est plus forte que celle des invalides demi-soldiers (53 % contre 31 %) dont la présence est plus diffuse dans la cité : 21 % aux Accoules, 17 % à Saint-Martin et 11,5 % à La Major.
16Selon l’indicateur professionnel du père, deux tiers de ces hommes appartiennent à des familles de marins ou de pêcheurs (37 % sont fils de matelots et 16 % fils de pêcheurs) ; les liens avec le monde de la terre ne sont pas absents avec 12 % de fils de cultivateurs (ménagers, laboureurs, journaliers, paysans…) originaires du proche terroir (Saint-Jérôme, Allauch, Saint-Marcel, Saint-Julien…) ou de Provence intérieure (Apt, Cadenet, Pignans, Lorgues…).
17Le métier de la mer, dénominateur commun de ses navigants, vieux et/ou amoindris, ne saurait toutefois masquer la diversité des fonctions remplies au cours de leur vie active dans la mesure où 59 % d’entre eux étaient matelots, 20 % officiers mariniers, 8 % ouvriers embarqués et 13 % capitaines ; diversité d’autant plus grande qu’existait aussi une forte hétérogénéité au sein de chacune de ces catégories.
Corps usés, corps meurtris : le corps, miroir des risques du métier
18Pour pouvoir être admis à la demi-solde, les marins devaient être examinés par un chirurgien de la marine. Celui-ci, au terme d’une visite médicale, notifiait le motif clinique de la demande de déclassement que complétait parfois le commissaire des classes du quartier maritime. Si celui-ci pouvait faire preuve de bienveillance pour peser sur la décision finale prise par les bureaux de Versailles, il savait aussi exprimer ses doutes sur l’état de santé déclaré ou se montrer sévère à l’égard du demandeur. Ainsi juge-t-il Laurent Gueirard, matelot âgé de 42 ans en 1765, « sujet mauvais et indigne qui depuis 1759 n’a pas servi s’étant toujours caché » tandis qu’Étienne Béraud est un « sujet malingre et de peu de valeur » et que le matelot François Olive, 34 ans en 1764, « totalement abrutti, ne fait d’autre métier que charrier du poisson des batteaux au marché »18. Aux requêtes pour raisons médicales s’ajoutaient quelquefois des considérations familiales et professionnelles destinées à infléchir la décision des autorités à l’instar de ce matelot qui se dit « hors d’état de continuer à faire son service à cause du dépérissement de sa santé (…) et parce qu’il est chargé de pourvoir tout seul (…) à la subsistance d’un père vieux et aveugle qui n’a d’autres ressources que son fils »19.
19Si d’une manière générale, les atteintes à la santé des travailleurs – maladies professionnelles, accidents du travail et usure liée à l’environnement – résultent des risques inhérents au métier, ceci est particulièrement vrai pour les gens de mer « dont l’état, est un mode de vie autant qu’une profession »20.
20À côté des mentions brèves et convenues – « usé » et « cassé » – qui signalent en général la vieillesse ou « caducité » (35,3 % des cas dans le quartier de Marseille entre 1784 et 1790, soit un taux proche des 33,1 % relevés entre Dunkerque et Le Havre entre 1761 et 1767, et supérieur au 25 % du quartier de Sète de 1737 à 1745)21, les annotations et apostilles portées en marge des registres fournissent quelques indications sur les deux autres raisons médicales retenues à savoir les blessures (15,4 % contre 34,8 % entre Dunkerque et Le Havre mais pour une période couvrant une partie de la guerre de Sept Ans et 18 % à Sète) et les maladies (49,3 % contre 32,1 % entre Dunkerque et Le Havre et 57 % à Sète).
21Comme dans les localités voisines de Provence et de Languedoc, ou plus lointaines comme celles situées entre Dunkerque et Le Havre, force est de reconnaître que nous sommes assez mal renseignés sur l’origine et la nature exacte des blessures contractées par les inscrits marseillais sur les bâtiments allant au commerce ou à la pêche. Seuls les traumatismes de guerre semblent mériter quelques précisions : ainsi en est-il pour ce matelot « blessé sur la frégate du roy la Rose, en 1758, d’un éclat de bois qui lui entra dans la tête et même jusqu’à l’œil droit dont il a perdu l’usage »22, ou pour cet autre, qui embarqué sur un bâtiment attaqué par deux galiotes de Tunis, « fut blessé en plusieurs endroits de son corps et estropié du bras droit », ou pour ce Tropézien « blessé à la jambe d’une fracture très compliquée à bord de la frégate du roy » en 176423 ou enfin pour ce marin « très incommodé du côté gauche lui étant tombé un tonneau sur la poitrine dans un vaisseau du roy. » Nombre de blessures résultent de chutes survenues lors des manœuvres imposées par la marche du bâtiment surtout lors des intempéries : les mentions « tombé sur le pont supérieur », « chute du mât », « chute dans la cale » précisent rarement les traumatismes pour les victimes, sauf en cas de décès.
22La fréquence des mutilations et atrophies des membres supérieurs (9,5 %) et plus encore des membres inférieurs (14,6 %) - comme ce matelot qui présente un bras « estropié de manière à n’être jamais commandé », ou celui-là « estropié de la jambe gauche ce qui l’oblige à marcher avec une béquille », ou celui-ci enfin « estropié de la jambe droite ne pouvant marcher sans bâton »24 – n’est pas étrangère au portrait, sinon à la caricature ou stéréotype, de nos vieux loups de mer portant « pilon ». Le travail à bord des navires à voile et la nature des combats en temps de guerre rendent compte de cet état comme le signalait Georges René Pléville, capitaine normand, établi à Marseille après son mariage et inscrit aux invalides de cette ville après en avoir été le commandant du port25 : « (En 1744)… un boulet ramé nous arrive et me coupe la jambe droite (…) je m’accoutumai à me servir d’une jambe de bois, ce qui fut fait à la fin de février 1745 (…) En avril 1746, ma jambe de bois fut emportée dans un combat contre l’amiral Anson … [en 1759] lors d’un combat avec l’Hirondelle ma jambe de bois est à nouveau emportée par un boulet de canon… ». Effectivement, « Le Boulet s’est trompé ! » ainsi que le clame haut et fort notre capitaine en légende d’une fameuse lithographie qui participe à sa geste26. Il n’en reste pas moins vrai, contrairement à ce cas étonnant, que les matelots et ouvriers embarqués (calfats, charpentiers) étaient davantage exposés à ces risques que les capitaines et officiers mariniers.
23Moins spectaculaires sans doute dans leurs manifestations extérieures, les maladies restent néanmoins la cause première de l’exclusion du métier de la mer. L’insuffisance de diagnostic, étant donnée la quasi-absence de sémiologie et d’une nosologie balbutiante troublée par une terminologie difficile à décrypter sinon totalement opaque, ne nous autorise pas à nous prononcer avec précision sur l’origine des maux rencontrés. Ainsi en est-il de ce certificat médical délivré par le chirurgien de la marine attestant qu’a été fait à ce matelot, âgé de 34 ans, « une opération secrète dont il lui reste des incommodités qui le mettent hors de service » ou de cet autre certificat délivré à un matelot de 43 ans « attaqué de maux et totalement perdu. » Au reste, un tiers des invalides et hors de service enregistrés dans la seconde moitié du XVIIIe à Marseille, souffrait de deux ou trois maladies (comme à Dunkerque, à Sète ou à Saint-Tropez)27. Ainsi, Honoré Farnet, matelot marseillais de 48 ans, hors de service, est admis à la demi-solde ayant « l’œil droit perdu, un écaillement dans les lèvres des suites bien assurées d’une attaque d’apoplexie, une hernie complète, des croûtes dartreuses sur le torse, ainsi que vérifié après un examen dans une seconde visite le 4 avril 1793 par le chirurgien »28.
24Dans la pathologie nautique figuraient d’abord les avitaminoses et leurs conséquences directes.
Déclassements pour raisons médicales
Quartier de Sète |
Quartiers de |
Quartier de |
|
Troubles de la vue |
16,1 |
25 |
22.5 |
Affections scorbutiques |
10.6 |
5.4 |
19.4 |
Hernie |
25.9 |
23.9 |
14.7 |
Ulcérations |
10.6 |
4.4 |
13.2 |
Épilepsie |
10.6 |
4.1 |
10.1 |
Autres : surdité, folie, rétention d’urine… |
11.9 |
9 |
9.3 |
Rhumatismes |
7.1 |
14.1 |
5.3 |
Maladies respiratoires |
4.7 |
7.6 |
5.3 |
Maladies digestives |
2.5 |
6.5 |
0.2 |
total |
100 |
100 |
100 |
25Associé aux infections et aux grands efforts, le scorbut, cette « peste du marin » liée à un manque de vitamine C, se lisait d’abord sur les gencives. Avec près de 20 % des manifestations morbides, le scorbut et surtout ses effets seconds (« goutte », « mauvaise bouche », « sans dent », « vice scorbutique », « rhumatisme scorbutique ») rappellent que cette maladie, méconnue et mal soignée, était à l’origine de nombreux troubles aussi bien dans les ports du Ponant que dans ceux du Levant29 ; « d’où la première maladie professionnelle des marins : ils étaient édentés… »30. Pareil état conduisait les autorités médicales à les faire rayer des cadres et à les ranger parmi les hors de service : ainsi le propose Brouillard, chirurgien de la marine, pour Nicolas Savournin, 38 ans en 1768, « atteint d’une affection scorbutique, ce qui n’est pas compatible avec le métier de la mer »31. À côté des « sans dent » signalons simplement Gaspard Fouquet, 49 ans, « reconnu hors de service n’ayant dans sa bouche que quelques chicots seulement à la mâchoire supérieure, ainsi que vérifié dans la visite du 11 avril 1793 »32. Malgré des rations alimentaires satisfaisantes sur le plan calorique, les marins, faute de nourriture fraîche et régulièrement renouvelée, étaient en état de carence vitaminique, particulièrement sur les vaisseaux de guerre et hors de Méditerranée33. En effet, si dans la mer intérieure les possibilités d’escales réduisaient ce risque majeur, les marins marseillais n’y restaient pas cantonnés eux qui servaient aussi régulièrement sur les vaisseaux du roi et fréquentaient des horizons commerciaux devenus mondiaux à Marseille au XVIIIe siècle34.
26Au premier rang des affections relevées, les troubles ophtalmiques pouvaient également être liés à une carence en vitamine A. Responsable de manière générale d’une moindre résistance aux infections, cette carence occasionne en effet une réduction de l’acuité visuelle avec une chute de la vision crépusculaire (héméralopie). Louis Blanc, ancien pilote, est inscrit aux hors de service à l’âge de 48 ans, car « il a la vue très basse et a peine à distinguer les objets », alors que « les chirurgiens attestent que Cabasse, 39 ans, a été touché plusieurs fois de maladies à ses yeux qui lui permettent à peine d’y voir pour se conduire », que Michel Delière, 60 ans, présente « une mauvaise vue et un vice scorbutique », que Jean Lacroix, 53 ans, est « borgne de l’œil gauche et le droit affecté », et que cet autre, âgé de 44 ans, « a un glocome à l’œil droit et le gauche, attaqué, est en danger des cataractes. » Les troubles de la vue pouvaient également dériver de maladies vénériennes simultanément responsables de rétentions d’urine. Peut-être était-ce le cas de ce matelot de 47 ans, « borgne de l’œil gauche, le droit affecté, atteint d’une incontinence d’urine attestée par plusieurs personnes et vérifiée par la visite médicale d’avril 1793 »35 ?
27Les hernies, « simples », « doubles », « inguinales », « complètes », « considérables », « volumineuses » ne sont en rien surprenantes chez ces travailleurs. Elles résultaient des efforts physiques exigés à bord des navires à voile pour les manœuvres et la manutention ; le taux plus élevé enregistré dans le quartier de Sète, proche de celui des ports de la Manche, est peut-être à mettre en relation avec les efforts imposés par la pêche. Les mentions de ces hernies ou « descentes », quelquefois associées à des douleurs « continuelles » ou « habituelles », laissent parfois entrevoir les thérapies prescrites par les médecins soignants36 : Joseph Maron, matelot de 40 ans, est « atteint d’une hernie inguinale très volumineuse dont l’anneau ne lui permet plus d’être contenu »37, quant à Jean Honoré Floux, quartier maître souffrant d’une « hernie côté droit, (…) la prise des eaux minérales de Balaruc prescrite en 1797 jusqu’à son rétablissement » lui fut de peu de secours38.
28Au reste, les efforts demandés sur le navire avec sollicitations excessives des articulations doublaient souvent les hernies de rhumatismes, comme on peut l’observer chez Jean Baptiste Peragallo victime d’une « une hernie inguinale complète du côté gauche et sujet à des douleurs rhumatismales »39 ; des rhumatismes qui pouvaient être accompagnés de complications cardiaques (« apoplexie »). Le confinement, l’humidité qui suintait de partout, l’insuffisance d’aération, le manque d’hygiène (peu de rechanges) et l’insalubrité en étaient largement la cause. Ils étaient également à l’origine d’affections pulmonaires (les « catarrhes », « crachements de sang », « suffocations », « oppressions de poitrine »), des nombreuses fistules et ulcérations mentionnées sur toutes les parties du corps (tête, bouche, luette, gorge, torse, anus) mais essentiellement sur les jambes à la suite de plaies non ou mal soignées, de frottements de la peau humide sur des vêtements souillés. La fréquence de « dartres », « d’humeurs dartreuses qui couvraient le corps de plaques » et d’« ulcères dartreux » accompagnant de « mauvaises cicatrices » étaient également dues à ces conditions de vie qui concourraient au vieillissement précoce des travailleurs de la mer.
29Enfin, à côté de certains marins « incommodés » ou « valétudinaires », nous relevons quelques cas de surdité dont l’origine reste difficile à déterminer à l’exception sans doute de cet invalide de 63 ans, ancien canonnier « sourd comme une bécasse » ou cet autre « sourd à ne plus entendre un coup de canon »40. Il est en revanche difficile de classer parmi les maladies professionnelles les nombreuses mentions d’épilepsie, cas de ces hommes « tombés du haut mal » ou atteints du « mal caduc » que l’Encyclopédie assimile à celle-ci41. Nous la rencontrons souvent dans les autres quartiers maritimes mais les cas paraissent ici bien plus fréquents que sur les rivages de la Manche et de la mer du Nord. Réalité ou simulation d’une maladie qui entraînait le déclassement immédiat ? N’a-t-on pas fait état, à Rochefort comme à Brest, de cas de matelots ayant absorbé du savon pour simuler l’écume des malades en période de crise ? Si le diagnostic semble assuré pour certains épileptiques dits « avérés », comme Bernard Estable, qu’en est-il des autres, les plus nombreux ? Au reste, pour tromper les médecins et chirurgiens de la Marine42 d’aucuns n’hésitaient pas à se percer les gencives ou à se faire arracher les dents pour être déclarés « scorbutiques. » Et que dire de ce matelot originaire d’Aigues-Mortes avec « un noyau de cerise dans l’oreille dont il est sourd » : geste accidentel ou intentionnel ?
30Pour consolider leur expertise les médecins-majors, attachés à Toulon, n’hésitaient pas à consulter d’autres autorités locales (commissaires des classes, prud’hommes des pêcheurs) voire des membres du voisinage. Toutefois, le déclassement obtenu ne signifiait pas abandon définitif du monde maritime. Certains furent contraints de s’embarquer pour compléter des équipages marchands en période de pénurie de matelots mais aussi pour faire face aux exigences de l’État royal lors de la guerre de Sept Ans (1756-1763) ou de l’État républicain au moment de l’expédition d’Égypte (1798) où l’on eut de nouveau recours à la presse étant donné la disette d’hommes. Ainsi, Joseph Giraud, considéré comme hors de service en 1772, parce que « borgne, avec une défectuosité audit œil droit très indécente », est passé aux matelots de service trois ans plus tard, car « n’étant que borgne, bien constitué et bon matelot » tout comme Pierre Rebuffel qui, estropié du bras droit en 1772, est porté à la matricule des matelots à son retour d’une caravane en Levant deux ans plus tard car « en état de servir »43. Barthélémy Granier, matelot inscrit en 1788 parmi les « hors de service », à l’âge de 46 ans, car « sujet à des maux de tête qui lui ont altéré toutes les dents », est tout de même levé pour les vaisseaux de la République en 179444. Quant à Louis Bertrand, passé aux hors de service en 1789 à l’âge de 36 ans car « menacé d’une goutte au point qu’il a de la peine à se mouvoir », il s’embarque, en 1792, pour les Indes orientales ; de retour à Lorient il revient à Marseille « par terre » pour être admis à la demi-solde en 1797, à l’âge de 44 ans, « n’étant plus en état de servir étant privé de la vue »45.
31Le montant de la demi-solde, pour ceux qui l’obtenaient – et qui correspondait davantage à une « tiers-solde » si on considère la solde attribuée en fonction du grade occupé dans la Royale à la fin du XVIIIe siècle – pouvait en réduire certains « à la triste nécessité de mendier ou de périr de misère »46 car à la vieillesse et à l’infirmité s’ajoutait souvent la pauvreté.
Comparaison des salaires et demi-soldes mensuels en 1784-92
Grade |
Salaire (livres) |
Demi-solde (livres) |
officier marinier de canonnage |
42 |
12 à 16 |
officier marinier de manœuvre |
36 |
10 à 15 |
ouvriers embarqués |
41 |
12 à 17 |
matelot |
22 |
7 à 12 |
32Aussi, de nombreux matelots ou officiers mariniers, demi-soldiers ou pensionnés, cherchaient à être employés dans les arsenaux de marine, comme Jacques Fillon, levé en 1794, « en qualité de calfat pour servir à l’arsenal du port de la Montagne », à s’engager dans les services d’entretien du port comme « au ponton de la cure » ou à « aller à la pêche », si leur état le leur permettait, comme Louis Laugier, tandis qu’Antoine Guibert, 41 ans en 1764, mais « atteint d’une hernie complète et absolument hors de service doit se limiter à faire d’autre pêche que celle des oursins »47. Les autorités médicales pouvaient toutefois s’opposer – officiellement tout au moins – à de telles pratiques : ainsi, Jacques Armand, 32 ans en 1762, fut reconnu hors de service par « le médecin et le chirurgien major de la mer car ayant le petit doigt de la main gauche estropié, étant borgne de l’œil gauche avec une goutte à l’œil droit, à condition qu’il ne fasse d’aucune façon le métier de la mer ni de la pêche »48.
33Néanmoins, si cet autre invalide de 75 ans « ne peut plus sortir de son lit ou de dessus sa chaise », quelques septuagénaires et octogénaires restent actifs jusqu’à ce que la mer ait raison de leurs forces. Rares étaient ces hommes vieillis, cassés et usés qui trouvaient refuge auprès de leur proche parenté (fils ou gendre). À la fin du XVIIIe siècle, près de 15 % des invalides marseillais résidaient dans un appartement qu’ils possédaient ou qui appartenait à leur épouse ; les autres étaient locataires, sinon colocataires – laissant parfois à leur décès des loyers impayés – et quelques-uns étaient abrités par une institution religieuse (frères de l’Oratoire, frères Ignorantins, Charité)49. Les actes notariés signalent quelques cas de solidarités familiales précisées lors de contrat de mariage d’un enfant ou de donations avec réserve de pension. Assortis de compensations matérielles (rente, usufruit) ces accords étaient cependant parfois suivis d’actes d’« insupport » entre les différentes générations réunies sous un même toit, en un temps de repli individualiste du couple, comme le montre, dans les foyers maritimes, la faiblesse des familles élargies à un ascendant50.
34Malmené par les flots, brisé par le travail et meurtri par les combats, ce « peuple boiteux et paralysé » ne saurait toutefois être considéré comme « la figure et le symbole de la prothèse anatomique »51. Généralement « usés et cassés », ces hommes qui « ne valent plus rien »52 – minorités des franges maritimes – portent simplement dans leurs chairs la violence de la mer. Dans l’immense majorité des cas, les maux constatés étaient étroitement liés aux conditions de travail et à la vie à bord des navires. Au reste, à toutes les pathologies liées au labeur – accidents, usure des corps, maladies professionnelles – s’ajoutaient pour ces travailleurs de la mer, en raison même de leur statut, les souffrances de la guerre.
35La question de la santé des gens de mer a été perçue de façon originale et précoce par l’État car ces hommes indispensables étaient partagés entre guerre et marchandises. De nombreux traités de médecine navale rappellent d’ailleurs à juste titre que « la force ne dépend pas du nombre des vaisseaux, ni de celui des canons, mais de la santé des matelots. » La multiplication des traités de médecine et d’hygiène navale au XVIIIe siècle – et l’on songe particulièrement ici à cet Avis aux gens de mer sur leur santé rédigé par le chirurgien navigant marseillais Mauran en 176653 – conduit à l’esquisse d’une médecine du travail accompagnée d’ingénieuses trouvailles ergonomiques de sécurité54 et à l’émergence d’un corps d’officiers de santé55.
36Cette originalité tend à son tour à renforcer une identité maritime forgée par le travail, les risques du métier, l’isolement et le besoin de sécurité56. La caisse des Invalides, malgré la modicité des allocations et l’irrégularité des secours distribués, a participé à cette prise de conscience, a solidarisé les gens de mer, alors que de vieux navigants se heurtaient dans la cité à une indifférence, sinon à une méfiance croissante. Cette structure, renforcée dès la fin du XVIIIe siècle par d’autres institutions (caisse des gens de mer, caisse des prises), et devenue aujourd’hui Établissement national des Invalides de la marine (ENIM)57, continue d’apparaître comme un facteur identitaire pour les travailleurs de la mer.
Notes de bas de page
1 Guy de Maupassant, Sur l’eau, Paris, 1887.
2 Alain Corbin et Georges Vigarello (dir.), Histoire du corps, t. 1 : De la Renaissance aux Lumières, et t. 2 : De la Révolution à la Grande Guerre, Paris, 2005.
3 Service historique de la Défense, département Marine, Toulon (désormais SHDMT), 13P5-464.
4 Sur cette question, on consultera Jacques Captier, Étude historique et économique sur l’inscription maritime, Paris, 1907 ; Patrick Villiers et Pascal Culerrier, « Du système des classes à l’inscription maritime : le recrutement des marins français de Louis XIV à 1952 », Revue historique des Armées, n° 146, 1/1982, p. 45-53, et pour une récente mise au point, Martine Acerra et André Zysberg, L’essor des marines de guerre européennes (1680-1790), Paris, 1997, p. 151-170 et Bernard Lutun, La Marine de Colbert. Études d’organisation, Paris, 2003, p. 129-177.
5 La loi du 9 juillet 1965, en unifiant les obligations militaires, mit fin au régime d’exception des inscrits maritimes ; l’Inscription maritime fut abandonnée en 1967 et remplacée par une administration des Affaires maritimes.
6 Trop rigide et matériellement impossible à mettre en œuvre, l’alternance des classes fut, après une « brève période de rodage » (André Zysberg), remplacée par un « tour de rôle » défini localement par le commissaire des classes ; cette situation fut entérinée par le maréchal de Castries en 1784.
7 René Pillorget, « Une émeute de gens de mer (Martigues, 16 août 1670), 93e Congrès national des Sociétés savantes, Tours, 1968, t. II, p. 313-324.
8 Jean-Pierre Bois, Les Anciens soldats dans la société française au XVIIIe siècle, Paris, 1990.
9 Il y avait ainsi des invalides, anciens militaires à la solde du roi, au fort de Notre-Dame de la Garde et au Château d’If. Pour une étude de cas voir : Laurence Couillault et Laurent Pavlidis, « À la rencontre d’une garnison au siècle des Lumières. Les invalides de la citadelle de Saint-Tropez », Freinet et Pays des Maures, n° 3, 2002, p. 55-76.
10 L’origine de cette institution remonterait aux lois rhodiennes de l’époque hellénistique et à la législation byzantine, le tout introduit, au temps d’Aliénor d’Aquitaine (XIIe siècle), dans la coutume de Saintonge ou code nautique connu sous le nom de Rôles ou Jugements d’Oléron.
11 Florian Cordon, Les Invalides de la marine. Une institution sociale de Louis XIV, Paris, 1950.
12 SHDMT, 4P1. Ordonnances, édits, règlements.
13 Claude François Achard, Tableau historique de Marseille et de ses dépendances, 2 volumes, Lausanne, 1789, p. 377.
14 Ainsi que le rappelle Jean-Pierre Gutton, Naissance du vieillard, Paris, 1988, p. 185 : « c’est de 1737 que date le premier usage du mot [retraite] dans le sens de pension assurée aux personnes admises à la retraite et dont le capital est constitué par des retenues sur le traitement. »
15 Martine Acerra et Jean Meyer, Histoire de la Marine française, Rennes, 1994, p. 68-69.
16 Adrien Carré, « Notes sur l’historique de la médecine du travail et de l’ergonomie dans la marine », Revue d’Histoire économique et sociale, 1969, n° 2, p. 260-289.
17 Marcel RégisdelaColombière, Fêtes patronales et usages des corporations et associations qui existaient à Marseille avant 1789, Paris - Marseille, 1863, p. 76-78.
18 SHDMT, 13P5-43.
19 SHDMT, 4P 58.
20 Adrien Carré, art. cit., p. 261.
21 SHDMT, 13P5 - 41 et 43, 13P5 - 464 et 470 pour le quartier maritime de Marseille et SHDMT, 11P1 pour celui de Sète. Alain Cabantous, Dix mille marins face à l’océan. Les populations maritimes de Dunkerque au Havre aux XVIIe et XVIIIe siècles (vers 1660-1794). Étude sociale, Paris, 1991.
22 SHDMT, 4P81.
23 Idem.
24 SHDMT, 13P5-464.
25 Gaston Rambert et Louis Bergasse, Histoire du commerce de Marseille, t. V : 1599-1789, Paris, 1954, p. 418-419.
26 Mémoires d’un marin granvillais. Georges-René Pléville Le Pelley (1726-1805), édition établie par Michèle Chartrain, Monique LePelleyFonteny et Gilles DésiréditGosset, Saint-Lô, 2000. Lithographie reproduite p. 39.
27 L’analyse des pathologies a été menée en considérant l’ensemble des diverses maladies signalées et non les marins porteurs pour un tiers d’entre eux de deux ou trois maladies.
28 SHDMT, 13P5-464.
29 Gilbert Buti, « Marins provençaux et scorbut. Vaincre la « peste de mer « à Toulon au XVIIIe siècle », Provence Historique, t. LV, fascicule 221, juillet-septembre 2005, p. 327-344.
30 Adrien Carré, art. cit., p. 272.
31 SHDMT, 13P5-43.
32 SHDMT, 13P5-464.
33 Parmi les travaux consacrés au scorbut mentionnons la trentaine de publications du médecin général de la Marine, Adrien Carré, et notamment « Les mystères du scorbut marin à la lueur de la biologie moderne » dans Christian Buchet (sous dir.), L’homme, la santé et la mer, Paris, 1997, p. 377-394.
34 Charles Carrière, Négociants marseillais au XVIIIe siècle. Contribution à l’étude des économies maritimes, 2 volumes, Marseille, 1973 et du même auteur : « Scorbut et caphorniers marseillais à la fin du règne de Louis XIV », Bulletin d’Information de la Fédération Pharmaceutique Méditerranéenne, n° 388, janvier 1982, p. 18-29.
35 SHDMT, 13P5-464.
36 Depuis la fin du XVIIe siècle chaque grand port de guerre dispose de médecins entretenus c’est-à-dire appointés par le roi. Voir Pierre Pluchon, (sous dir.), Histoire des médecins et pharmaciens de Marine et des colonies, Toulouse, 1985, p. 69-87.
37 SHDMT, 13P5-54. Contre une hernie, il était prescrit de « brayer » le patient à l’aide d’un bandage, fait, selon l’Encyclopédie, « d’un cercle d’acier, forcé, battu et aplati… ».
38 SHDMT, 13P5-54, le quartier maître J.H. Floux, est mort cette même année 1797.
39 SHDMT, 13P5-54.
40 SHDMT, 13P5-43.
41 Pour l’Encyclopédie, si caduc signifie « vieux, cassé (…) le mal caduc se dit de l’épilepsie ; elle a été ainsi nommée parce que les malades tombent à la renverse dans l’accès de cette maladie ; cet accident joint aux convulsions qui l’accompagnent donne beaucoup de frayeur aux spectateurs. Cette chute fait souvent périr les malades, surtout lorsqu’elle arrive la nuit, qu’ils sont seuls ou qu’ils tombent d’un lieu élevé. » D’un mât par exemple…
42 Les médecins de la Marine, qui constituent l’aristocratie du monde médical, « sont la parole, les chirurgiens et les apothicaires, la main », cf. Pierre Pluchon (sous dir.), op. cit., p. 71-72
43 SHDMT, 4P-81. Pour la pratique de la caravane maritime on pourra se reporter à Gilbert Buti, « Aller en caravane : le cabotage lointain en Méditerranée, XVIIe et XVIIIe siècles », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, n° 52-1, janvier-mars 2005, p. 7-38.
44 SHDMT, 13P5-464.
45 Idem.
46 Marie-Thérèse Martel, Étude sur le recrutement des matelots et soldats des vaisseaux du Roi dans le ressort de l’intendance du port de Rochefort (1691-1697), Vincennes, 1982, p. 307-312.
47 SHDMT, 13P5-43.
48 SHDMT, 13P5-125.
49 15 % des invalides meurent dans une des institutions charitables de la cité (hôpitaux Saint-Esprit, des Incurables, des paralytiques ou à l’hospice d’humanité). L’association des capitaines marins possédait à l’hospice des incurables un lit pour un capitaine ou un second ou un officier marinier : voir Marcel RégisdeLaColombière, op. cit., p. 77.
50 Archives Communales de Marseille, 2F. Recensement, 1793. Voir Michel Vovelle, De la cave au grenier. Un itinéraire en Provence au XVIIIe siècle. De l’histoire sociale à l’histoire des mentalités, Québec, 1980 et sous sa direction le mémoire de maîtrise de Solange Pérez, Le monde de la mer à Marseille sous la Révolution, Aix-en-Provence, 1969.
51 Yannick Romieux, « Un homme réparé. Le pirate comme symbole et figure de la prothèse anatomique », dans Figures de pirates. Imaginaire et représentations (XVIIe-XXIe siècles), colloque Musée national de la Marine, 2002.
52 Formule empruntée à nombre de mentions portées sur les matricules par les commis du service des classes.
53 Cette publication s’inscrit dans une multitude d’ouvrages qui rendent compte du besoin de précaution et de prévention qui se fait jour au XVIIIe siècle, du Mémoire de Bernardino Ramazzini (1700) au traité magistral d’Antoine Poissonnier - Desperrières (1767) en passant par les textes de James Lind (1752) et de Duhamel du Monceau (1759)
54 Ainsi que le note le médecin général de la Marine Adrien Carré, « se douterait-on que le fameux pantalon à pont des marins est une de ces trouvailles, dans le but d’éviter aux gabiers de fâcheux accrochages de braguette ? », art. cit., p. 273.
55 Ce groupe charnière, entre le monde médical et le monde maritime, a été étudié par Jacques Léonard, Les Officiers de santé de la Marine française de 1814 à 1835, Paris, 1967.
56 Alain Cabantous, Les citoyens du large. Les identités maritimes en France (XVIIe-XIXe siècle), Paris, 1995.
57 L’Établissement, dans sa forme actuelle, date d’un décret de 1953, modifié en 1999.
Auteur
UMR TELEMME, Université de Provence - CNRS
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les sans-culottes marseillais
Le mouvement sectionnaire du jacobinisme au fédéralisme 1791-1793
Michel Vovelle
2009
Le don et le contre-don
Usages et ambiguités d'un paradigme anthropologique aux époques médiévale et moderne
Lucien Faggion et Laure Verdon (dir.)
2010
Identités juives et chrétiennes
France méridionale XIVe-XIXe siècle
Gabriel Audisio, Régis Bertrand, Madeleine Ferrières et al. (dir.)
2003
Des hommes à l'origine de l’Europe
Biographies des membres de la Haute Autorité de la CECA
Mauve Carbonell
2008