Jean-Louis Médard : certitudes, interrogations et hypothèses
p. 9-25
Texte intégral
1Les archives privées Médard ont en partie disparu ; cette perte nous prive de nombreux renseignements sur cette personnalité dont nous aimerions connaître, dans le cadre de ce colloque, la culture politique1. C’est la raison pour laquelle nous serons très prudents sur les conclusions que nous pouvons tirer des quelques sources documentaires qui sont à notre disposition.
2Ces sources sont essentiellement constituées par les notices – préfaces ou exergues – que Louis a rédigées en guise de préface aux ouvrages-clés de sa fabuleuse bibliothèque. À nos yeux et pour la problématique qui nous préoccupe, trois notices éclairent plus particulièrement ce personnage. Elles nous amèneront à poser in fine la question du « républicanisme » supposé de ce bibliophile « éclairé » :
- la première introduit le célébrissime ouvrage de l’abbé Raynal L’Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes ;
- la seconde est symboliquement placée au début d’une magnifique Bible en douze volumes ;
- la dernière, enfin, accompagne un ouvrage d’histoire régionale. Elle s’appuie, très significativement, sur les résultats des travaux du baron Dupin (un protestant), l’« inventeur » de la fameuse ligne Saint-Malo/Genève.
Une famille de négociants protestants
3Jean-Louis Médard, communément prénommé Louis, est né à Lunel en 1768 au moment où le Royaume de France entrait progressivement dans la Modernité sous l’influence des Lumières2. Il appartient surtout à cette génération de jeunes gens qui auront une vingtaine d’années lorsqu’éclatera la Révolution de 1789. Louis est le dernier enfant mâle de Jean Médard (1721-1786) et de Marie Colombiès (1724-1788 ?). Ce couple a donné naissance à treize enfants dont cinq – quatre garçons et une fille – ont survécu à la mort de leurs parents.
4Depuis le XVIIe siècle, cette famille protestante, originaire d’Aigues-Mortes, était versée dans le commerce. Au XVIIIe siècle, elle possédait, à quatre kilomètres de Lunel, sur la rive gauche du Vidourle, un relais de poste, le Mas du Pont-de-Lunel. Jean-Jacques Rousseau y fit étape en 1737. En 1741, l’année de son mariage3, Jean Médard s’installe à Lunel4 où il se spécialise dans le commerce des céréales « et accessoirement de quelques vins ». Progressivement, Jean associe – sous le nom de « Maison Médard et fils » à partir de 17755 – ses garçons à ses activités : d’abord Jean-François (1748-1781) puis David (1754) et Pierre (1757-1791) ; encore jeunes, Henry, César et Louis (1768-1841) reçoivent une éducation qui devaient en faire, à leur tour, des marchands ou des négociants.
5Il semble que Jean Médard ait nourri de grandes ambitions pour ses garçons en tissant des relations étroites avec un ami intime de la famille : Barthélémy Fornier6 (1736-1768), baron de Lédénon. Avant 1777, l’aîné des Médard a travaillé (probablement comme commis) pour le compte de cette grande famille. Dès l’âge de 12 ans, David est envoyé en Angleterre pour se former au commerce. À 24 ans, son père l’installe à Cadix en Espagne où il devient, en 1779, associé et correspondant de la maison de commerce – nommée à partir de 1783 – « Simon Fornier, de Ribaupierre7, Médard et Cie ». Par cette alliance avec les Fornier, les Médard mettaient un pied dans le monde des grands négociants protestants méridionaux dont Robert Chamboredon écrit très justement qu’« il serait souhaitable d’analyser quelle fût leur contribution à la propagation des idées ainsi que l’étendue de l’influence culturelle qu’ils exercèrent ou dont ils furent les vecteurs »8. La famille Médard avait fondé de grands espoirs sur l’établissement de David dans le grand port andalou, porte obligée du grand commerce maritime atlantique.
Un élève doué et cultivé
6Louis Médard a pieusement conservé son cahier de vacances de l’été 1784. Cette saison-là, son père lui avait imposé de recopier des extraits de l’ouvrage majeur de l’abbé Raynal. De cette période, Louis conservera « l’habitude de prendre des notes » car, dit-il, « lire la plume à la main et prendre des notes, c’est renforcer sa mémoire et s’en créer une nouvelle ». Ce cahier de vacances et la notice qui accompagne le livre de Raynal témoignent du soin que Jean Médard portait à l’acquisition d’une bonne culture. En bon protestant et commerçant, cet « homme instruit » n’a jamais négligé l’éducation de ses enfants, les mâles surtout. L’exemple de David, mentionné précédemment, le prouve. Mais nous sommes beaucoup mieux renseignés sur l’éducation de Louis.
7Ce dernier a probablement appris à lire et à écrire dans les « petites écoles » de Lunel. En 1779, à l’âge de 11 ans, il est placé en pension chez un précepteur d’Eyguières, non loin de Salon-de-Provence. Cet « ex-jésuite et marié » avait une « méthode un peu sévère » mais efficace. En 1781, il entre à 13 ans en « quatrième » au collège catholique de Nîmes où se trouvait déjà son frère César9. Il peut paraître surprenant de voir des protestants placer leurs enfants dans un collège catholique tenu, à cette époque, par les Doctrinaires qui avaient remplacé les Jésuites en 176510. Mais dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la bonne bourgeoisie protestante languedocienne n’hésitait pas à envoyer ses enfants dans cet établissement scolaire réputé11. Les administrateurs et les professeurs de cette institution nîmoise pratiquaient une heureuse tolérance jusqu’à rassurer les parents sur le contenu religieux de leur enseignement, bien éloigné du prosélytisme que d’aucuns craignaient12. Les jeunes protestants avaient le droit de sortir de l’établissement pour assister au culte dominical.
8Louis Médard semble avoir été très doué pour les études. Dès l’année de son entrée au collège, il obtient un prix de version latine. Barthélémy Fornier le récompensera en lui offrant le « premier livre » de sa future bibliothèque : un Virgile. Louis affirme que ce « livre fut son plus ancien ami ». Retenons que Fornier était membre de l’Académie de Nîmes et qu’il a appartenu à la franc-maçonnerie. Deux ans plus tard, Louis (trop doué ?) se plaint de perdre son temps et demande à ses parents de quitter le collège. La famille refuse et le collégien restera chez les « bons Pères » jusqu’en 1785. Il avait 17 ans.
9De cette scolarité, Médard conservera à jamais le goût pour les livres. Mieux, il manifestera concrètement sa confiance dans l’éducation et l’instruction en faisant don de sa bibliothèque à la ville de Lunel afin qu’elle profite aux professeurs et aux élèves du collège communal. Comment ne pas rapprocher ce geste philanthropique de la notice qui introduit aux « Essais historiques sur les États Généraux de la Province du Languedoc » du baron Trouvé (1818) ? Médard rend compte des résultats de l’enquête du baron Dupin13 qui, en 1826, a « établi à partir de Genève14 jusqu’à Saint-Malo une ligne tranchée qui sépare le Nord et le Midi de la France ». Il reproduit aussi les statistiques de son coreligionnaire et en tire la conclusion que cette étude « démontre clairement l’avantage de l’instruction » et « ce qui prouve encore cette grande vérité, c’est que (dans) la partie la plus industrieuse et la plus opulente du Midi se trouve aussi celle où l’instruction populaire est la moins en arrière ; il est même remarquable que là où une partie de la population est protestante, l’industrie et l’amour du travail y ont fait le plus de progrès » et Médard d’ajouter « C’est dans les 54 départements du Midi que fleurissent les confréries de pénitents, gris, blancs, noirs ; les congrégations de toute espèce, les pratiques superstitieuses, en un mot tout le cortège de l’ignorance et de l’oisiveté. Dans les départements du Nord au contraire, les confréries de pénitents sont encore inconnues, et malgré les efforts sans cesse renouvelés, les superstitions sont loin d’y avoir autant d’empire que dans le Midi ». Comment ne pas rapprocher enfin cette donation (1838) de la présence à la tête du ministère de l’Instruction publique de trois protestants : Guizot (1833-1836), Pelet de la Lozère (1836-1837) et Salvandy (1837-1839) ? Le geste de Médard s’inscrit parfaitement dans cette politique scolaire de la première moitié du XIXe siècle où s’illustre la haute société protestante.
Du canut au négociant, de la soie aux indiennes…
10Jean Médard avait pour ambition de faire de son fils un négociant spécialisé dans le grand commerce atlantique. C’est pour le préparer à ce futur métier qu’il lui avait fait lire l’ouvrage de l’abbé Raynal, L’Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes. Cette lecture avait un caractère très pragmatique, utilitaire. Dans sa notice, Louis dévoile le projet de son père : « Son intention était non seulement de m’accoutumer à lire avec fruit, mais encore de me créer une école théorique sur les productions des deux Indes qui affluaient à Cadix, où, après mes dernières études, je devais rejoindre mon frère David (…) ». Mais le choix de ce livre n’est pas innocent et dépasse de strictes considérations professionnelles. Les spécialistes de la littérature du XVIIIe siècle considèrent que cet ouvrage « a beaucoup contribué à la diffusion des idées les plus hardies à travers toute l’Europe des Lumières ». Ce livre-phare de l’idéologie des Lumières est non seulement « une sorte d’encyclopédie coloniale, qui donne toutes sortes de renseignements sur les établissements des Européens dans les deux Indes, sur leurs commerces, sur leur politique coloniale » mais c’est aussi et surtout une œuvre « philosophique, politique » dans laquelle Diderot a écrit « presque tous les morceaux qui ont fait la célébrité de l’ouvrage : tableau de l’Europe, dénonciation du despotisme, principe de morale matérialiste, attaques contre les prêtres, l’inquisition et l’intolérance ».
11Les Médard songeaient à installer Louis auprès de son frère David. Mais les aléas des affaires et les infortunes de la vie mettent fin aux espoirs et aux projets familiaux. En septembre 1781, le fils aîné meurt à trente-trois ans. Ce décès a été très cruellement ressenti par Jean Médard qui considérait Jean-François comme « un des plus dignes enfants à tous égard », un « modèle (pour) tous (ses) autres enfants ». En 1784, Louis est atteint par la petite vérole. L’année suivante, au moment de partir pour rejoindre David, il tombe de nouveau malade. Le voyage est reporté à l’année suivante ; mais, en mars 1786, la maison de Cadix fait faillite15. Le voyage à Cadix est annulé. Puis en mai 1786, Jean Médard meurt. À Lunel, la société familiale dépose son bilan et les frères tentent, séparément, leurs chances. C’était la fin, définitive, des « espérances chimériques » de la famille.
12À cette succession de malheurs, s’ajoute le fait que Louis Médard était un cadet. Ce statut renvoie à un élément clé de la vie familiale et sociale de cette époque : le système successoral préciputaire qui exclut (partiellement) les cadets de l’héritage. Ces derniers n’avaient droit qu’à des « légitimes » payées par l’« héritier universel » de la famille, en règle générale l’aîné. La part échue à Louis Médard fut mince selon ses propres termes mêlés d’amertume. Son père avait été dans l’obligation de réduire les « légitimes » de ses enfants pour favoriser David dans son association avec les Fornier de Cadix. Désormais, Louis ne pouvait plus compter sur une aide financière substantielle pour entrer dans la vie active.
13Deux mois seulement après le décès de son père, Louis Médard s’orientait vers une toute autre profession, imprévue, bien éloignée surtout du négoce transatlantique : l’apprentissage du métier de canut. Un métier que Médard qualifiera de « bien plus dur qu’un service de soldat dans la ligne ». Sa « digne » mère le mit en pension chez « un maître fabriquant d’étoffes d’or, d’argent et de soie » à Lyon, Pierre Valentin Sibille. Louis Médard dira plus tard que ce fut « l’acte le plus important de (sa) vie moins par les résultats immédiats que par son influence sur (sa) destinée ». C’est la raison pour laquelle le contrat d’apprentissage a été placé en introduction à une Bible. Le symbole est très fort et il ramène, inévitablement, à la problématique de Max Weber, exposée dans son livre L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Nul doute que le Lunellois aurait souscrit à cette réflexion du sociologue allemand : « l’évaluation religieuse du travail sans relâche, continu, systématique, dans une profession séculière, comme moyen ascétique le plus élevé, à la fois preuve la plus sûre, la plus évidente de régénération et de foi authentique, a pu constituer le plus puissant levier qui se puisse imaginer de l’expansion de cette conception de la vie que nous avons appelée (…) l’esprit du capitalisme ».
14C’est à la sueur de son front que l’intellectuel de la famille fut désormais obligé de gagner sa vie. Pendant deux ans, il « passa la navette », fabriquant toutes sortes de tissus de luxe. Manifestement, le jeune apprenti donna satisfaction à son employeur : Louis Médard était doué pour le travail manuel. En mai 1788, il fut obligé de quitter son emploi à cause de la conjoncture économique défavorable à la manufacture lyonnaise. Néanmoins, Louis échappa à un licenciement sec ; son patron lui trouva une place provisoire de « commis-surveillant » dans un atelier de broderie féminine. En 1789, il demanda à sa mère la permission de quitter Lyon et cet atelier afin, dit-il, de ne pas succomber à une « nuée de jeunes brodeuses intéressées à complaire au commis-surveillant ».
15De retour de Lyon, Médard changea à nouveau de métier. Grâce aux relations familiales de sa mère, il fut placé comme commis dans la maison de commerce « Pierre Colombiès et Compagnie » liée à l’influente famille Farel. Il donna immédiatement des preuves de son efficacité puisque « dix-huit mois » plus tard, il devenait associé de cette « respectable maison ». C’est probablement sous la Terreur (1793 ou 1794) qu’il fonde avec deux autres associés la maison « Lafosse, Lionnet et Médard », société dans laquelle Jean Parlier (1762-1830), un ami proche de Louis Médard, semble avoir placé des capitaux. La conjoncture politique et économique (le maximum et l’inflation) ne fut guère favorable à la jeune société. Louis prétend « qu’un des membres de sa famille » lui fit subir de « grandes pertes ». Jean Parlier fut également touché par ces mêmes déboires financiers.
16Le 31 décembre 1801, Louis Médard fonde avec Jean Parlier une seconde société commerciale qui prendra fin avec le départ de son ami en 1812. Louis crée une troisième « maison » avec son neveu Mathieu. Pour mieux suivre le développement de ses affaires, il s’installe à Toulouse de 181616 à 1821. Puis, il prend, à son tour, sa retraite ; il se fixe définitivement à Montpellier17 partageant son temps entre les livres, Lunel et les Cévennes (Le Vigan).
17En l’espace de quelques années, le canut s’était donc transformé en un homme d’affaires avisé, renouant avec une vieille tradition familiale, le commerce. Sa nouvelle spécialité fut les toiles peintes, autrement dit les indiennes18. Médard et Parlier ont parfaitement épousé l’opportunisme et l’esprit d’entreprise de cette classe de négociants protestants dont les opérations se déploient à l’échelle de toute l’Europe : Londres, Amsterdam, Paris, Lyon, Genève, Turin, Gênes, Cadix, Lisbonne sans parler du Levant méditerranéen, des îles lointaines de l’Atlantique et du continent américain. Ils avaient pressenti l’importance de la « révolution du coton » qui fournissait en abondance ces fameuses indiennes. Réseaux familiaux et solidarités religieuses jouent à plein dans l’essor vigoureux de cette branche industrielle et favorisent la création de sociétés de commerce dynamiques. L’« internationale protestante » est ici étroitement liée à l’« indienne connection » régionale, nationale et européenne.
18Le mariage de Louis Médard illustre parfaitement cette intrication entre la diaspora protestante et la première phase de cette industrialisation « à la française ». En septembre 1807, il épouse Jeanne-Jacqueline-Sara(h) Fillietaz, fille d’un négociant protestant, Gabriel Fillietaz, installé à Anvers19. La famille Fillietaz appartient à la grande bourgeoisie d’affaires suisse adossée au monde de l’industrie et de la finance protestantes. Le frère de Gabriel, Marc-Jacob Fillietaz, était le beau-frère du banquier Jean-Charles Davillier dont la famille est originaire de Montpellier.
19Il n’est pas utile, dans le cadre de cette communication, de s’étendre sur le fonctionnement de la société Médard et Parlier20. Retenons qu’elle a profité de la dilatation de la France impériale, celle des 130 départements. Malgré la guerre et le Blocus, la société Médard-Parlier a bénéficié du dynamisme de l’industrie cotonnière qui se mécanise grâce à un transfert technologique en provenance de l’Angleterre21.
20À travers les lettres conservées aux Archives Départementales de l’Hérault, on peut entrevoir la personnalité de Louis Médard : un patron énergique, autoritaire et peu commode ; un entrepreneur efficace qui n’hésite pas à se déplacer pour rencontrer les indienneurs de la France septentrionale qui ont supplanté, sous la Révolution française, leurs homologues méridionaux. La société emploie essentiellement des membres de la famille Parlier ou Médard. C’est ainsi qu’un des neveux de Louis (il n’a pas eu d’enfants) est devenu l’« écrivain » de la société. Médard a, semble-t-il, soigné la formation professionnelle de son neveu en qui il voyait un probable successeur.
Une donation très politique
21Jean Médard « avait le goût des bons livres et savait les lire avec fruit ». Par ses lignes, Louis Médard rend hommage à l’heureuse influence paternelle qui lui a inoculé le virus de la littérature, une passion qui ne s’achèvera qu’à sa mort en 1841. On lui doit cette magnifique bibliothèque qui fait honneur à la ville de Lunel et qui est considérée par les spécialistes comme « un fonds exceptionnel » sur le plan culturel et scientifique. Mais pour rester dans le cadre de la problématique de ce colloque et éclairer le sens politique de sa démarche, il est utile de rappeler brièvement la position de Louis Médard à l’égard des Lumières du XVIIIe siècle et de la Révolution française à un moment où on assiste, en France, à « une forte résurgence »22 de l’histoire et de la mémoire de cette période. Or le débat et les polémiques sur la Révolution sont, en partie, liés au timide développement du mouvement républicain qui sort d’un long purgatoire. Médard ne pouvait ignorer ce courant politique plus ou moins bien implanté à Béziers23, Nîmes et Montpellier24.
22Dans le contexte politique réactionnaire du règne de Charles X (1824-1830), à contre-courant de l’idéologie antirévolutionnaire ambiante, Louis Médard témoigne d’un attachement quasi viscéral à l’œuvre philosophique (et donc politique) des Lumières. Rappelons au passage que « les véritables racines de l’esprit républicain » puisent dans l’œuvre féconde des Lumières25. Deux exemples : en 1829 (un hasard ?), Médard dresse un éloge vibrant du XVIIIe siècle dans une préface à la correspondance littéraire de Grimm. Pour lui « le dix-huitième siècle restera à jamais un grand siècle dans la mémoire et la reconnaissance des hommes », celui de la « régénération de tout un peuple ». À la même époque, il prend, avec une passion non dissimulée, la défense de Diderot et surtout celle de l’abbé Raynal dont l’œuvre majeure lui rappelait son cahier de vacances de 1784. À son égard, il note : « On a écrit, on a répété que Raynal, avant de mourir, avait abjuré les doctrines professées dans son ouvrage. Rien n’est plus contraire à la vérité (…). Il a pu gémir et s’indigner des excès qui souillaient la Révolution sans cesser d’être attaché aux principes (…). La noble cause que ce philosophe avait embrassée ne le compta jamais dans le petit nombre de ses transfuges ; il sera toujours au premier rang de ses plus fermes soutiens, de ses plus zélés défenseurs ». Ce chaleureux plaidoyer souligne l’intérêt que Médard portait à l’événement révolutionnaire pris dans son ensemble et ses contradictions.
23Nous ne savons pas quel a été le rôle exact de Médard pendant la Révolution. En l’état actuel de nos sources et faute de recherches approfondies, notre ignorance de son activité et de ses prises de position politiques est totale. Sa notice nécrologique de juillet 1841 mentionne très laconiquement que « dans la milice citoyenne, comme dans les rangs de l’armée, (il a payé) noblement sa dette à la patrie »26. Relevons cependant la présence de « noyaux républicains » à Lunel et à Marsillargues sous la Révolution27. Mais, nous ne savons pas si Médard les a fréquentés.
24Quoi qu’il en soit, Médard se refuse à condamner en bloc la Révolution malgré ses « excès » ou ses « fautes ». Sur ce plan, il est proche des hommes du Mouvement qui « considèrent comme leur tâche primordiale de préserver et de faire fructifier contre (la droite) l’héritage de la Révolution »28. Bien entendu, cela n’implique, en aucune façon, une adhésion à la République et Louis a pu très bien rester fidèle aux seuls « principes » de 89 comme nombre de « libéraux ». C’était d’ailleurs la position de la « droite » républicaine sous la Restauration et la Monarchie de Juillet. Comme beaucoup de bourgeois protestants du Midi et du Gard en particulier, Médard haïssait Robespierre (dont il écrit qu’il « cachait l’âme d’un traître et d’un comploteur ») et les Jacobins. Il a sans aucun doute été hostile à la Terreur et à la déchristianisation qui avaient frappé, à Nîmes, plusieurs amis de sa famille notamment le célèbre pasteur Rabaud-Saint-Étienne dont il a dressé en quelques lignes un portrait admiratif29. Cependant, malgré son aversion du « parti de la Montagne » et de toute « exaltation » (on dirait aujourd’hui extrémisme) politique, le collectionneur a privilégié deux séries de textes qui, peu ou prou, se rattache à l’expérience républicaine née en septembre 1792.
25D’abord, sa collection du théâtre républicain de l’époque révolutionnaire. Cette collection, commencée par son ami Jean Parlier, a été enrichie par de très patientes recherches et réunie sous le titre de « Répertoire du Théâtre Républicain ou recueil de pièces de théâtre imprimées avant, pendant et après la République française et qui presque toutes ont été représentées ». Pour Médard, ce recueil « présente l’histoire de la révolution et de ses phases, une véritable biographie, sans personnalités, qui met en scène des hommes de 89, des Constituants et leurs Antagonistes, des Fédéralistes et des Montagnards, des Républicains et des Anarchistes, des véritables patriotes et des réactionnaires. (…) On voit dans ce recueil changer en peu d’années les lois, les opinions, les costumes, les mœurs ; l’histoire morale du peuple s’y trouve parfaitement décrite (…) ».
26Ensuite, sa collection (unique en France !) des journaux de Marat30. À qui s’étonnerait d’une telle collection, Médard répond, par avance et non sans humour, que les « livres érotiques » dont il a « purgé (sa) petite bibliothèque » sont « bien plus dangereux » que ce révolutionnaire, dont il affirme, que « le type ne peut se reproduire ». Plus sérieusement, cette collection doit se lire comme un témoignage, non seulement de son insatiable curiosité intellectuelle, mais aussi de « son refus constant de limiter de manière partisane l’horizon de ses connaissances et de sa réflexion »31. En collectionnant les ouvrages révolutionnaires et contre-révolutionnaires, il a voulu embrasser « l’immensité des faits accumulés dans cette longue période de dix années, leur diversité, leur complication (qui) effraient l’imagination »32. Bien évidemment, cette ouverture d’esprit n’implique pas une adhésion à l’esprit républicain.
27Plus significative est sa critique de Thiers33. Dans un premier temps, elle est très positive. Il salue l’Histoire de la Révolution française (parue en 1823) qu’il considère « comme le premier ouvrage capable de rendre compte de la grandeur d’une crise qui a régénéré l’humanité : l’événement le plus vaste et le plus compliqué des temps modernes, comme aussi le plus important pour nous, puisque nous lui devons notre existence politique »34. Puis, Louis Médard critiquera l’évolution conservatrice de Thiers, deux fois président sous Louis-Philippe, d’abord en septembre 1836 puis en mars-octobre 1840. Or, dès 1832, Thiers (ministre de l’Intérieur) a joué un rôle actif dans la répression antirépublicaine35. Il aurait très instructif de connaître l’opinion de Médard sur cette répression ainsi que sur celle des canuts lyonnais en 1831 et en 1832. Peut-on imaginer l’ancien canut insensible au sort des Lyonnais ?
28Néanmoins, de tout ce qui précède, il est difficile de conclure que Médard était républicain. Il serait plus légitime de voir en lui un protestant libéral du Mouvement, orléaniste, « voltairien » et anticlérical, probablement hostile à l’action violente des sociétés secrètes républicaines.
29Pourtant trois indices laissent supposer qu’il a, peut-être, été un sympathisant républicain à défaut d’être un militant de cette cause. Mais il faut se souvenir que les lois de septembre 1835 interdisaient de se dire ouvertement républicain.
30Le premier indice est à rechercher dans le contenu de l’enseignement du collège des Doctrinaires nîmois. Les archives de cet établissement sont perdues. Nous avons toutefois la chance de posséder un document inestimable qui, malgré son aspect polémique, apporte quelques fugitives lueurs sur cet enseignement. Dans ses Mémoires36 qui couvrent la période 1824-1900, Jean-Marie-Isidore Boiffils de Massanes37 (1824-vers1903) rappelle que son grand-père avait été au collège de Nîmes « entre 1770 et 1777 ». Il écrit : « Dans ce collège, et je pense dans tous les autres à la même époque, la jeunesse recevait un enseignement contradictoire38 qui a été certainement une des principales causes de la chute de l’Ancien Régime. Sous le rapport moral, un enseignement de séminaire ayant, depuis le départ des Jésuites [1764], une tendance au jansénisme ; tandis que sous le rapport intellectuel, on farcissait – pardon de l’expression –, on farcissait les têtes d’un fatras mythologique et de maximes républicaines, démagogiques, insurrectionnelles, régicides ». Rédigé en 1885 par un notable légitimiste (politiquement désabusé, antirévolutionnaire mais aussi anticlérical et partisan de l’école laïque !), le témoignage peut paraître suspect. Mais Boiffils était trop fin observateur de la vie de ces concitoyens gardois pour que l’on puisse rejeter ces détails hautement significatifs. Avait-il lu Camille Desmoulins qui affirmait que la « monarchie avait formé des “républicains de collège” »39 ? Peut-on ranger Médard dans cette petite phalange ? Sa passion pour la défense de l’œuvre de l’Abbé Raynal pourrait y inviter.
31Ouvrons une parenthèse à propos de la « tendance janséniste » du collège. Elle permet de mieux comprendre la présence de collégiens protestants dans cet établissement. Ainsi que le montre le beau travail de Monique Cottret, les « jansénistes (qui) n’étaient pas tolérants (...) le deviennent »40. À partir des années 1780, ils sont de plus en plus « favorables à l’arrêt des persécutions et considèrent comme une nécessité impérative de conférer aux protestants une existence légale »41. Certains d’entre eux s’engageront fermement en faveur de l’Édit de Tolérance (1787). Dans ces conditions, les parents protestants n’avaient pas à s’inquiéter de l’enseignement religieux de ces Doctrinaires mâtinés de jansénisme si l’on croit Boiffils de Massanes42. Défenseurs des droits de la conscience, les jansénistes sont, sur ce point crucial, aux côtés des protestants.
32Boiffils de Massanes croit déceler une contradiction entre les « rapports » (moral et intellectuel) de l’enseignement des Doctrinaires nîmois. En réalité, si on laisse de côté la question du « républicanisme et du régicide » (les jansénistes n’adhèrent pas à la République et ce sont les jésuites qui sont accusés de régicides), les travaux de Monique Cottret et de Catherine Maire43, montrent que les jansénistes « entretiennent une culture d’opposition malgré eux » contre la répression qui les visent. Ils anticipent ainsi les formes modernes de la mobilisation politique44. Mais il est douteux que cet enseignement cultivait « l’insurrection » et le « régicide ». En revanche, les « maximes républicaines », extraites des ouvrages d’histoire (notamment les Révolutions romaines de Vertot) ont probablement marqué de jeunes élèves comme Louis Médard, bon latiniste de surcroît. Mais il n’est pas sûr qu’on enseignait, par « maximes » interposées, la « patrologie » républicaine (Montesquieu, Voltaire, Mably, Rousseau, etc.) pour reprendre l’expression de C. Nicolet45. Par contre, à la maison, le jeune Médard a pu lire ou entendre parler de ces auteurs.
33Le second indice est à rechercher dans son amitié profonde pour le poète Auguste Rigaud (1759-1835). Cet homme de lettres, totalement oublié aujourd’hui, était « républicain ». Nous ignorons toutefois la profondeur de son engagement politique. Les lettres de Rigaud –pieusement conservées par Médard – ne permettent pas de se prononcer sur l’influence politique que le poète a pu avoir sur son riche protecteur. Quoi qu’il en soit, Médard n’a eu de cesse de venir financièrement au secours de cet infortuné poète. Louis continuera d’aider la famille Rigaud après la mort de son ami en 1835, signe supplémentaire de l’étroitesse des liens qui unissaient ces deux passionnés de littérature occitane à une époque où ce genre littéraire n’était guère prisé46. Mais les deux hommes avaient probablement d’autres sujets de conversation plus politiques.
34Le troisième indice renvoie à la fameuse donation (la décision a été prise en 183447 et réitérée en 1841 à la veille de sa mort48 !). Nous avons dit plus haut qu’elle s’expliquait par son protestantisme. Médard prend d’ailleurs bien soin de souligner son appartenance à « l’Église réformée ». Ce geste philanthropique, qui n’est pas sans rappeler les évergésies de l’Antiquité, est conservatoire : préserver la bibliothèque. Il a aussi un caractère très pédagogique. Ces livres sont destinés à élever le niveau intellectuel de la « nouvelle génération » d’élèves née sous la Restauration (1815-1830) ou la Monarchie de juillet (1830-1848). Ils doivent aussi contribuer à donner à ces mêmes élèves une éducation morale et une culture générale destinées à assumer leur prochaine citoyenneté dans l’espoir d’un élargissement du suffrage universel comme le réclamaient les partisans du Mouvement. En cela, la donation prend un sens culturel si on la relie aux conclusions du baron (protestant) Dupin.
35Mais au-delà de ces considérations, cette démarche est, à mes yeux, très politique. J’y vois celle d’un « fils de Voltaire » qui s’oppose, symboliquement et pacifiquement, « aux fils des croisés » représentés par les catholiques légitimistes et les conservateurs de tout crin qui leur emboîtaient le pas. Il faut en effet se souvenir que l’enseignement secondaire était devenu, sous la Monarchie de Juillet, un enjeu de lutte politique entre libéraux et conservateurs. Contrôler l’enseignement dispensé dans les collèges, c’était, pensait-on, modeler l’esprit des futurs électeurs qui en sortiraient.
36Du côté des libéraux, on trouvait la Gauche dynastique d’Odilon Barrot ainsi que les « républicains » (on disait alors radicaux ou démocrates car l’utilisation du mot républicain était alors interdite). Ces derniers étaient encore peu nombreux et de surcroît divisés : les républicains modérés (ou de « droite ») se regroupaient autour du journal Le National49, tandis que les plus avancés (de « gauche ») avaient La Réforme pour flambeau. Malgré leurs divisions et leurs très faibles effectifs, ces « républicains » (dont les figures de proue étaient alors François Arago et Garnier-Pagès) étaient hostiles aux pressions des Congrégations religieuses et du Clergé au moment même où, en 1840, s’opérait un rapprochement entre l’Église et le Roi. Dans sa notice sur Dupin, Médard y fait clairement allusion.
37Il est donc vraisemblable que le collège de Lunel – « rouvert » au début de la Monarchie de Juillet – a été l’objet d’une sourde lutte d’influence entre ces deux camps. En Languedoc, la bi-confessionalité était, depuis le XVIe siècle, source de frictions. On aimerait, à ce propos, posséder des informations sur les antagonismes probablement feutrés qui opposaient, au sein de la ville, catholiques et protestants. En ce pays de frontière religieuse, la réouverture du collège n’a pu les laisser indifférents. Les uns et les autres ne pouvaient ignorer ce qui se passait dans le Gard très voisin où les affrontements confessionnels étaient fréquents depuis la fameuse « bagarre de Nîmes ». Mais dès 1790, le canton de Lunel avait été le théâtre de « rixes fâcheuses » entre les deux communautés50. La Terreur Blanche avait laissé aussi de très cruels souvenirs chez les protestants languedociens. L’arrivée au pouvoir de Charles X avait réactivé ces tensions malgré « l’alliance des modérés catholiques et protestants »51. La Révolution de 1830 a exacerbé ces conflits dans la mesure où de nombreux protestants ont été, dans un premier temps, de chauds partisans de Louis-Philippe. Plusieurs ouvrages de la bibliothèque de Médard (ceux qui traitent des Trois Glorieuses) laissent supposer qu’il a été probablement très favorable au nouveau régime.
38Protestant libéral typiquement « wéberien », Louis Médard était-il devenu sous la Restauration et la Monarchie de Juillet un militant masqué de la cause républicaine renaissante ? Les lacunes de notre documentation ne permettent pas une réponse catégorique à cette question. Toutefois, si comme l’affirme Gwynne Lewis, la « République a triomphé par l’intermédiaire de ces petits ruisseaux administratifs, de ces unités révolutionnaires (que sont) les municipalités »52, ce triomphe doit aussi beaucoup à la petite phalange bourgeoise des proto-républicains méridionaux qui, par leur influence culturelle, ont préparé le terrain et les esprits aux idées républicaines qui s’enracineront en Languedoc occidental après 184853.
39Entre deux insurrections violentes (1830 et 1848), la donation de Louis Médard peut être interprétée comme une insurrection pacifique qui se niche dans l’intime conviction de la toute puissance de la Raison opposée à l’obscurantisme. En ce sens, la philanthropie de Louis Médard préfigure les grands combats républicains pour l’École. Mais ne peut-on pas tout simplement imaginer le rêve secret de cet héritier des Lumières : une République sage et modérée, sans violence et par la culture54 !
Notes de bas de page
1 Sur Médard, J.-P. CHABROL, Les seigneurs de la soie. Trois siècles de la vie d’une famille cévenole (XVIe-XIXe), Montpellier, Les Presses du Languedoc, 1994. Pour les citations sans référence et la bibliographie concernant Médard, consulter les notes des deux derniers chapitres de cet ouvrage. Nous renvoyons aussi au mémoire de maîtrise de F. Beguel (dont nous n’avons pu avoir, à ce jour, la copie), Le commerce des grains en Languedoc dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : un exemple de compte à demi de grains de Fornier et Cie de Nîmes et Médard de Lunel (1765-1774), Montpellier, 1995. Ce mémoire a été utilisé par R. Chamboredon : voir sa contribution dans le présent ouvrage.
2 Sur ce contexte, le maître ouvrage de D. ROCHE, La France des Lumières, Fayard, 1993.
3 Jean Médard a épousé Marie Colombiès à Marsillargues près de Lunel.
4 La famille habitait un hôtel particulier acheté à noble Pierre Boutin.
5 Voir ci-après la contribution de Robert Chamboredon. L’acte de société donnant naissance à cette maison de commerce date du 1er août 1775. Jean-François avait alors 27 ans.
6 Sur la famille Fornier, deux solides études particulièrement riches :
– D. BERTAND-FAVRE, R. CHAMBOREDON, Les Fornier de Clausonne. Archives d’une famille de négociants de Nîmes (XVIe-XIXe siècles), AD 30, Nîmes, 1987.
– R. CHAMBOREDON, Fils de soie sur le théâtre des prodiges du commerce. La maison Gilly-Fornier à Cadix au XVIIIe siècle (1748-1786), Thèse de doctorat, 3 volumes, Université de Toulouse-Le Mirail, 1995. Un exemplaire aux AD 30.
Du même auteur :
– « Des Cévennes à Cadix : l’insertion des Fornier dans les milieux d’affaires européens au XVIIe et XVIIIe siècles », Causses et Cévennes, 1992, n° 4, p. 248-251.
– « Aspects de la Diaspora commerçante cévenole au siècle des Lumières », Causses et Cévennes, 1999, n° 2, p. 50-54.
Sur l’union matrimoniale (en 1759) de Barthélémy Fornier et de Suzanne André, V. MONNIER, Les André, une famille de négociants réformés de Nîmes au XVIIIe siècle, Paris, 1990.
7 Sur ce personnage, R. CHAMBOREDON, art. cit.
8 Causses et Cévennes (1999), art. cit., p. 53. Ma contribution doit se lire comme une réponse, partielle, à ce souhait.
9 Nous ignorons tout de ce frère et de ce qu’il est devenu par la suite. La famille Médard avait envisagé d’envoyer César à Hambourg.
10 Sur ce collège, la notice 30 de l’ouvrage de D. JULIA, Les collèges français, 16e-18e siècles, tome 1. Répertoire France du Midi, Paris, INRP-CNRS, 1984.
11 Voir, parmi beaucoup d’autres, l’exemple de Jacques Parlier, fils de Laurent Parlier du Pompidou. Il restera dans ce collège de 1779 à 1782. Il est probable que Jacques Parlier a connu César Médard. Peut-être a-t-il aussi rencontré Louis ? J.-P. CHABROL, Les seigneurs de la soie. Trois siècles de la vie d’une famille cévenole (XVIe-XIXe), Montpellier, Les Presses du Languedoc, 1994, p. 197-200.
12 J.-P. CHABROL, op. cit., p. 197. Sur les relations entre catholiques et protestants nîmois, le livre de R. SAUZET, Chronique des frères ennemis, catholiques et protestants à Nîmes du XVIe au XVIIIe siècle, Caen, Paradigme, 1992.
13 Sur cette fameuse ligne, lire la contribution de R. Chartier « La ligne Saint-Malo-Genève », Les lieux de mémoire, tome III. Les France. Conflits et partages, p. 738-775, Gallimard, 1992. Le titre exact de l’ouvrage de Dupin (un discours prononcé le 30 novembre 1826 au Conservatoire des Arts et métiers de Paris) est Effets de l’enseignement populaire de la lecture, de l’écriture et de l’arithmétique, de la géométrie et de la mécanique appliqués aux arts, sur les propriétés de la France.
14 Mots soulignés par Jean-Louis Médard.
15 Sur cette faillite et la liquidation de la société, voir dans ce volume la communication de R. Chamboredon.
16 Ce départ pour Toulouse serait-il lié à la « Terreur Blanche » qui a sévi dans le département du Gard et dont les Protestants (bonapartistes ou républicains) ont été souvent les victimes ?
17 Ville « royaliste » de 1814 à 1848.
18 Sur le « roi-coton » et le commerce des indiennes, nous renvoyons aux travaux de Serge Chassagne. S. CHASSAGNE, Le coton et ses patrons. France, 1760-1840, EHESS, Paris, 1991-1992.
19 Le mariage a été béni par le pasteur Rabaud-Pomier, frère du célèbre Rabaud-Saint-Étienne guillotiné à Nîmes sous la Terreur. En 1784, Louis Médard a été le catéchumène du pasteur Rabaud-Saint-Étienne.
20 J.-P. CHABROL., op. cit., troisième partie, chapitre II, « Sur les chemins de l’indienne », p. 244 à 268. Pour la rédaction de ce chapitre, j’ai utilisé le mémoire de maîtrise de M.-A. MEYNADIER, Une famille protestante à Barre et à Montpellier au XVIIe et XVIIIe siècles, DES, Montpellier, 1966. Je l’ai complété par des recherches dans le gros fonds Parlier/Médard/Farel, AD 34 1E 972 et sq.
21 S. CHASSAGE, op. cit.
22 R. GOSSELIN, Les almanachs républicains. Traditions révolutionnaires et culture politique des masses populaires de Paris (1840-1851), L’Harmattan, Presses de l’Université Laval (Canada), 1992, p. 13.
23 Selon une indication de Raymond Huard, voir note suivante.
24 J. GILMORE, La République clandestine (1818-1848), Pairs, Aubier, 1997 (édition française), carte p. 81. Voir aussi La République en Languedoc et Roussillon, 1792-1958, Colloque de Nîmes (1992), Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes, 1993. Dans ce recueil, l’article de Gwynne LEWIS, « L’enracinement de la République dans le Gard, 1792-1848 ». Selon R. Huard, il n’y a guère d’étude sur le « républicanisme héraultais », courant politique « qui ne se rencontre qu’à l’état de traces sous la Restauration » et « plus ou moins mêlé de bonapartisme, parfois mal dégagé du simple libéralisme » (lettre à l’auteur, 11/09/99).
25 C. NICOLET, L’idée républicaine en France, Essai d’histoire critique, Paris, Gallimard, 1982, p. 55.
26 Cité d’après C. FORTUNY, « Marat en entier et plus que Marat ». Vrais et faux journaux de l’ami du Peuple à la bibliothèque de Lunel, Pôle Nord, Bruxelles, Centre d’étude du XVIIIe siècle, CNRS, Montpellier, 1996, p. 5.
27 G. FOURNIER, Démocratie et vie municipale en Languedoc du milieu du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle, Mémoires des Pays d’Oc, Association Les Amis des Archives de la Haute-Garonne, 1994, tome 2, p. 196.
28 P. LÉVÊQUE, Histoire des forces politiques en France, 1789-1880, tome 1, Paris, A. Colin, 1992, p. 234.
29 J.-P. CHABROL, op. cit.
30 Sur cette collection, C. FORTUNY, op. cit.
31 Cité d’après C. FORTUNY, op. cit., p. 10.
32 Op. cit., p. 11.
33 On aimerait connaître les sentiments de Médard à l’égard du protestant nîmois Guizot qui sera ministre de Louis-Philippe de 1840 à 1848.
34 Cité d’après C. FORTUNY, op. cit., p. 10. Phrase soulignée par moi.
35 J. GILMORE, op. cit., p. 172 et sq.
36 Je remercie chaleureusement Annie et Olivier Poujol qui m’ont communiqué la photocopie de ce manuscrit conservé aux AD 30.
37 Boiffils de Massanes est originaire d’un bourg cévenol catholique, Sumène dans le département du Gard. Rentier, il a passé une grande partie de sa vie à Sumène et au Vigan.
38 Phrases soulignées par moi.
39 Cité d’après M. DORIGNY, « La République avant la République. Quels modèles pour quelle République ? » in Révolution et république. L’exception française, sous la direction de M. Vovelle, Kimé, 1994.
40 M. COTTRET, Jansénismes et Lumières. Pour un autre XVIIIe siècle, Paris, A. Michel, 1998, p. 195 et sq.
41 M. COTTRET, op. cit., p. 196-197.
42 Sur les inquiétudes des parents protestants, l’exemple de Madame Parlier du Pompidou dans J.-P. CHABROL, op. cit., p. 197.
43 C. MAIRE, De la cause de Dieu à la cause de la nation. Les jansénistes au XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, Bibliothèque des histoires, 1998.
44 Sur cet aspect, M. COTTRET, op. cit., chapitre 9 (Militantismes : Variations autour de la notion d’appel), p. 270 et sq.
45 C. NICOLET, L’idée républicaine en France. Essai d’histoire critique, Paris, Gallimard, 1982, p. 80.
46 Sauf par quelques cercles légitimistes.
47 Testament mystique du 31 août 1834. Mais l’« idée première » d’un legs daterait, selon Médard, de la fin de l’Empire ou du tout début de la Restauration (est-ce un hasard ?).
48 En 1841, Louis Médard ajoute un « codicille à son testament mystique » du 31 août 1834.
49 On peut avancer l’hypothèse d’un Médard politiquement proche du National.
50 G. FOURNIER, op. cit., tome 2, p. 124.
51 G. LEWIS, art. cit., p. 71.
52 G. LEWIS, art. cit., p. 72.
53 R. HUARD, Le mouvement républicain en Bas-Languedoc, 1848-1881, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences Politiques, 1982.
54 Médard aurait probablement souscrit à la position de Brissot qui espérait (en 1791) l’instauration de la République non pas par la violence révolutionnaire mais par une « patiente pédagogie politique ». M. DORIGNY, art. cit.
Auteur
PRAG Histoire-Géographie, IUFM Aix-Marseille
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