De royale et impériale maison : les liens de parenté de Jean de Luxembourg, comte de Ligny
p. 113-127
Texte intégral
1Jean III de Luxembourg1 (v. 1390-1441), comte de Ligny et de Guise, seigneur de Bohain et de Beaurevoir, n’est pas à proprement parler un prince ou membre de la proche famille d’un roi. Issu de la maison de Luxembourg-Ligny, branche cadette de la maison comtale de Luxembourg, il ne compte aucun roi dans son ascendance directe2. Fils de cadet et lui-même cadet, il n’était pas à l’origine un grand seigneur. Pourtant, le chroniqueur Georges Chastellain le qualifie de haut homme, de royale et impériale maison3, l’associant par là aux empereurs Charles IV et Sigismond. Jean était en outre apparenté aux familles royales de France et d’Angleterre. Mais les princes dont il fut le plus proche sont sans conteste les ducs de Bourgogne, Jean sans Peur puis Philippe le Bon. Ce dernier le nommait tres chier et tres amer cousin4. Célèbre homme de guerre, Jean de Luxembourg fit en effet preuve d’une fidélité sans faille au parti Bourguignon, ce qui lui valut de s’enrichir considérablement. Même lorsqu’il refusa la paix d’Arras en 1435, il adopta une position neutre, soucieux avant tout de conserver ses liens avec le duc de Bourgogne.
2En m’appuyant principalement sur les chroniques contemporaines5 je vais m’interroger sur la réalité des liens de parenté de Jean de Luxembourg, la manière dont ils sont perçus par les contemporains et leurs effets, notamment dans les relations avec le duc de Bourgogne. Après avoir établi les degrés de parenté de chaque côté, j’ai tenté d’évaluer la richesse de ce seigneur, afin de mieux définir son rang. Enfin ont été abordées ses relations avec les princes et sur tout le duc de Bourgogne, en raison de l’abondance des sources.
3Membre de la maison de Luxembourg-Ligny, Jean descendait de la maison comtale de Luxembourg6, qui régna pendant plus d’un siècle sur la Bohême et fournit trois empereurs et un roi des Romains. Les Luxembourg-Ligny étaient principalement établis en France, où ils constituèrent au cours du XIVe siècle un important domaine. L’appartenance à la maison impériale évoquée par Chastellain est aussi soulignée par le Religieux de Saint-Denis7. Jean ne comptait pourtant aucun roi ou empereur parmi ses ancêtres directs, puisque sa famille descendait du comte Henri V de Luxembourg, lui-même grand-père de l’empereur Henri VII. Jean de Luxembourg et l’empereur Sigismond (1410-1437) étaient donc cousins au cinquième degré.
4Jean ne semble avoir eu aucune relation personnelle avec ses cousins de l’Empire. Pourtant, les deux branches de la maison de Luxembourg furent assez étroitement liées jusqu’à la fin du XIVe siècle. Guy de Luxembourg fut par exemple tué à la bataille de Bäsweiler (1371) pour le compte de son cousin Wenceslas, duc de Luxembourg et de Brabant, et son fils Waleran III y fut fait prisonnier8. Le même Waleran aurait prêté une forte somme d’argent à l’empereur Charles IV9. Les armoiries des Luxembourg-Ligny témoignent elles aussi de cette conscience familiale. D’après le poète Jacques Bretel, Waleran Ier portait le blason des comtes de Luxembourg brisé d’un chef d’Or10. Or, dans l’Armorial de la Toison d’Or, les armes « pleines » des Luxembourg-Ligny étaient d’argent au lion de gueule à la queue fourchée et passée en sautoir, armé et couronné d’or, lampassé d’azur ; l’écu de Jean de Luxembourg étant brisé d’un lambel d’azur11. Ce blason modifié apparaît déjà sur un sceau de Jean Ier de Luxembourg, daté de 135112. Il s’agit en fait des armoiries de la maison de Limbourg, dont sont issus tous les Luxembourg. Le dernier représentant de la branche aînée des Limbourg était mort en 134813. Or, l’ancêtre commun était Waleran III, comte de Limbourg et de Luxembourg, mort en 1226, père du comte Henri V de Luxembourg14. Au milieu du XIVe siècle, les Luxembourg-Ligny connaissaient donc parfaitement un lien de parenté datant de plus de cent ans et de trois générations.
5La parenté avec les Valois reposait elle aussi sur une union ancienne, le mariage du roi Jean le Bon avec Bonne de Luxembourg, fille de Jean de Bohème, en 133215. De cette union descendent autant les rois de France que les ducs de Bourgogne (ainsi que les Anjou et les Orléans). Par celle-ci, Jean de Luxembourg était apparenté au même degré à Charles VII et à Philippe le Bon. Mais cette parenté était assez éloignée : ni Bonne de Luxembourg ni son père n’étaient des ancêtres de Jean de Luxembourg. Le premier ancêtre commun avec les Valois était le comte Henri le Blond, précédant de quatre générations Bonne de Luxembourg. Il s’agissait d’une parenté du sixième au septième degré canonique. On remarquera que cet ancêtre est aussi celui qui liait Jean à la branche aînée de la maison de Luxembourg, clairement considérée comme cousine. Or, dans une lettre transcrite par Monstrelet, Philippe le Bon qualifie l’empereur Sigismond de Luxembourg de cousin. Il était en effet son parent au quatrième degré. Un second mariage, celui d’Antoine de Bourgogne, fils de Philippe le Hardi, avec Jeanne, fille de Waleran de Luxembourg, rapprocha encore les maisons de Luxembourg et de Bourgogne. Jeanne était la cousine germaine de Jean de Luxembourg ; elle mourut en 1407, mais laissa deux fils, Jean, duc de Brabant, et Philippe, comte de Saint-Pol, qui étaient donc des cousins proches de Philippe le Bon comme de Jean de Luxembourg.
6Les Luxembourg étaient aussi apparentés aux Plantagenêt. Waleran III avait en effet épousé Mathilde Holland qui, bien que n’étant pas réellement de sang royal, était considérée comme la sœur du roi Richard II16. Il avait eu d’elle sa fille Jeanne17. Mais ce lien avec le roi d’Angleterre fut distendu par l’éviction de Richard au profit de son cousin Lancastre. En outre, aucun ancêtre commun ne liait les deux familles. En 1433, une nouvelle union fut contractée entre Jean de Bedford, oncle du jeune Henri VI, et Jacqueline, fille de Pierre de Luxembourg18. Mais elle n’eut que peu de conséquences, car Bedford mourut en 143519 sans avoir eu d’héritier, et Jacqueline se remaria à un chevalier anglais de modeste extraction. Les liens de parenté entre les Luxembourg et les Lancastre apparaissent avoir été, par la force des choses, les moins solides.
7Les princes dont Jean de Luxembourg était le plus proche étaient donc ceux de la maison de Bourgogne. La parenté entre Jean et les Valois est certes d’un point de vue moderne assez lâche. Il s’agit principalement d’alliances conclues entre les deux maisons. Mais la perception des hommes médiévaux était probablement autre. Deux signes s’offraient pour mettre en évidence les liens familiaux : le nom et les armoiries20. Le nom de Luxembourg reliait clairement le seigneur de Beau revoir à l’empereur, lui-même qualifié de cousin par Philippe le Bon. Du côté bourguignon, l’héraldique soulignait ce lien, puisque le lion de Limbourg était aussi porté par Antoine de Brabant et ses fils, puis après 1430 par le duc de Bourgogne lui-même sur l’une des partitions de son écu21.
8Les possessions de ce seigneur étaient-elles à la hauteur de ses origines ? Au début du XVe siècle, les Luxembourg-Ligny possédaient outre le comté de Ligny de nombreuses terres, principalement dans le Nord du royaume de France. Il s’agit du comté de Saint-Pol, acquis par héritage des Châtillon, des seigneuries de Bohain et de Beaurevoir, en Vermandois, ainsi que d’une multitude de terres situées entre Lille et Béthune, et d’autres en Boulenois (Heuchin et Tingry par exemple, ou Fiennes). À cela s’ajoutaient quelques terres d’Empire, situées en Cambrésis22.
9En tant que cadet et fils de cadet, Jean de Luxembourg fut toutefois peu avantagé par la succession. Son père avait acquis les comtés de Conversano et de Brienne et la seigneurie d’Enghien en épousant Marguerite, fille de Louis d’Enghien. De sa famille, il tenait aussi Beaurevoir. Mais Jean n’obtint que cette dernière seigneurie, laissant à son frère aîné Pierre la plus grande partie. Il n’était donc pas à proprement parler un grand seigneur. Mais sa situation évolua au fil des années. Dès 1415, il toucha une confortable rente de 3 000 livres, léguée par son oncle Waleran23. Un tel revenu le plaçait sans doute parmi les seigneurs les plus riches24. En 1416, Jean sans Peur lui octroya trois seigneuries en Artois à titre viager25. Son mariage en particulier améliora sa situation. Il épousa en 1418 Jeanne de Béthune, vicomtesse de Meaux, dame d’Oisy et de Vendeuil26. Celle-ci était alors veuve de Robert de Bar, dont elle avait eu une fille, Jeanne de Bar. celle-ci possédait un héritage alléchant : les comtés de Marle et de Soissons, plusieurs seigneuries en Flandre ainsi que des droits sur le duché de Bar. Or, elle était âgée de deux ou trois ans en 1418, si bien que Jean de Luxembourg gouvernerait ses possessions en son nom27. D’autres seigneuries lui furent encore attribuées par le duc de Bedford : Nesle en 1424 et surtout le comté de Guise, qu’il conquit de 1422 à 1425 sur René d’Anjou28. Il accrut encore son domaine par l’heureuse succession du comte de Saint-Pol en 143029 : il obtint le comté de Ligny, le puissant château de Bohain et les terres du Cambrésis. Sa fonction de capitaine général de Picardie30 permit en outre à Jean de Luxembourg d’occuper de nombreux châteaux de la région, dont Coucy et Montaigu. Il constitua ainsi un réseau de châteaux reliant ses différentes possessions entre elles. Au fil des années, le domaine de Jean de Luxembourg a donc été plusieurs fois multiplié, si bien que vers 1430, il était sans doute le plus puissant seigneur de Picardie.
10Quelques événements relatés dans les chroniques laissent entrevoir sa richesse. Par exemple, il finança seul le mariage de son neveu Louis avec Jeanne de Bar (16 juillet 1435), auquel une centaine de gentilhommes fut conviée31 ; en 1430, pour le mariage de Philippe le Bon, Jeanne de Béthune entra à l’Écluse dans un chariot couvert de drap d’or avec un cortège de 120 chevaux32 ; en 1435, Jean se présenta devant Arras avec le même nombre de chevaux dont 50 « gentilzhommes et escuiers richement montez »33. Certes impressionnants ces cortèges restent néanmoins inférieurs à ceux des plus grands seigneurs : à Arras, l’escorte du comte de Richemont comptait 200 chevaux, celle du duc de Bourbon 30034. On notera que les manifestations de richesse se situent pour la plupart après 1430, soit après l’héritage du comte de Saint-Pol et après la perception de l’énorme rançon de Jeanne d’Arc35. Le mariage de Philippe le Bon eut par contre lieu en janvier 1430, soit avant ces deux événements, ce qui prouve que Jean de Luxembourg était déjà particulièrement riche avant.
11La dignité d’un noble se lit aussi dans les titres qu’il porte. Pendant la majeure partie de sa vie, Jean de Luxembourg ne fit pas partie de ce qu’on peut appeler la noblesse titrée, celle des comtes et des ducs. Il était alors simplement nommé « messire Jehan de Luxembourg ». Ce qualificatif n’est toutefois pas accordé à tous par les chroniqueurs36, et atteste un rang assez élevé dans la noblesse. Le mariage de Jean de Luxembourg, on l’a vu, l’enrichit considérablement ; mais il ne semble pas avoir véritablement accru son rang. Jean ne s’intitula pas vicomte de Meaux, ni comte de Marle ou de Soissons, ces domaines ne lui appartenant pas véritablement37. Il conserva ses armes, qui ne furent pas même écartelées avec celles de Béthune38. Son épouse est par ailleurs en général simplement nommée « la dame de Beaurevoir » par les chroniqueurs. Ce n’est donc qu’à l’automne 1430 qu’il accéda, grâce à l’héritage de sa tante Jeanne, à la dignité comtale39.
12Peut-on ranger Jean de Luxembourg parmi les princes ? Chastellain y place le connétable Louis de Luxembourg40, son neveu. Mais ce dernier, ayant hérité de toutes les terres de son père et de son oncle, était bien plus puissant. Il fut de plus le premier à tenter un politique autonome, entre le roi et le duc de Bourgogne. Jean de Luxembourg au contraire fut toujours au service du duc de Bourgogne. Son refus d’adhérer à la paix d’Arras peut être interprété comme une manifestation d’indépendance, mais ses efforts pour conserver la bienveillance de son maître sont manifestes. Chastellain est d’ailleurs critique envers Louis de Luxembourg, qui selon lui a voulu être plus grand qu’il ne l’était vraiment41. Jean de Luxembourg, même à la fin de sa vie, se trouvait donc plutôt au deuxième échelon de la noblesse, constitué de seigneurs certes puissants, mais pas assez pour se passer de la protection d’un prince. Il est en outre notoire qu’il n’atteignit une telle richesse qu’en entrant au service d’un prince, comme beaucoup de cadets.
13Jean de Luxembourg embrassa le parti bourguignon dès 1411, à la suite de son oncle Waleran. Il occupa rapidement une place proéminente à la cour de Bourgogne. Dès 1415 au moins, il siégeait au conseil ducal42. Il portait le titre de conseiller et chambellan, et fut même élevé à la dignité de premier chambellan en 141843. Il fut enfin promu chevalier de la Toison d’Or lors de la création de l’ordre, en 143044. Par ses relations, il exerçait une très grande influence à la cour de Bourgogne. Monstrelet affirme que même après la paix d’Arras, alors que les incidents se multipliaient, la plupart des conseillers du duc lui étaient acquis, en particulier les chevaliers de la Toison d’Or45. Plusieurs d’entre eux faisaient en effet partie de sa clientèle ou avaient combattu avec lui. D’après Chastellain, nombre d’entre eux furent avancés par ses soins46 : une bonne partie de la clientèle du duc (les seigneurs picards principalement) était aussi la sienne. Jean de Luxembourg était en outre pleinement intégré à la familiarité de Philippe le Bon. Lors des festivités suivant le mariage de Philippe le Bon avec Isabelle de Portugal, Jeanne de Béthune s’assit à la table de la nouvelle duchesse47, parmi les plus hauts personnages présents. En avril 1433, Jean fut choisi avec sa femme, son frère Pierre et le cardinal de Winchester comme parrain de Josse, fils né de ce mariage48. L’honneur était d’autant plus grand qu’il s’agissait du premier né.
14Il s’agit maintenant d’analyser le rôle de la parenté dans cette relation. Le terme de « cousin » employé par le duc pouvait aussi être un titre honorifique. Ceux des chevaliers de la Toison d’Or que Philippe nommait « nostre cousin » étaient parmi ceux qui occupaient les plus hautes fonctions49, mais certains d’entre eux, comme les Croy, n’avaient aucun lien de parenté évident avec lui. Dans le cas de Jean de Luxembourg toutefois, la consanguinité était bien réelle.
15Le mariage de Jeanne de Luxembourg avec Antoine de Bourgogne et l’alliance qu’il scellait semblent avoir été déterminants puisque Jean fut introduit auprès de Jean sans Peur par son oncle Waleran50. Il n’existait alors aucun lien féodal entre Jean de Luxembourg et le duc, Beaurevoir dépendant directement du roi. Un document comptable atteste en outre que la prouchaineté de Lynaige en quoy atteint ledit messire Jehan à monseigneur le duc51 est l’une des raisons qui poussa Philippe le Bon à le retenir comme chambellan à son avènement en 1419. Toutefois, la parenté n’était pas une garantie de primauté dans la distribution des offices. S’il porta bien le titre de premier chambellan de Jean sans Peur, Jean de Luxembourg céda sa place à Jean de Roubaix, puis Antoine de Croy sous Philippe le Bon. Or, ces deux personnages n’étaient pas aussi proches du duc par le sang que ne l’était le seigneur de Beaurevoir. Jean garda toutefois les gages et les conditions de service qu’il avait en tant que premier chambellan, qui étaient supérieurs à ceux de la plupart des autres chambellans.
16Cette distribution d’honneurs avait d’autres raisons que la solidarité lignagère. Tous les chambellans de Philippe n’étaient pas ses parents, loin s’en faut. Il s’agissait aussi de récompenser les services rendus. Jean de Luxembourg, par ses talents militaires notamment, en avait rendu de grands. Philippe le Bon l’estimait particulièrement, au point qu’il lui demanda de l’armer chevalier avant la bataille de Mons-en-Vimeu, en 142152. Une telle relation entraînait des obligations, les formules contenues dans les registres de comptes sont on ne peut plus claires : les cadeaux et honneurs distribués étaient censés récompenser le bénéficiaire, mais aussi l’inciter à continuer ses services en lui montrant l’intérêt qu’il pourrait en tirer53. Jean de Luxembourg était particulièrement redevable au duc, qui était en grande partie responsable de son enrichissement. Son mariage notamment fut traité avec l’appui de Jean sans Peur et de son fils54. Les ducs resserraient en outre constamment le lien féodal leur attachant Jean de Luxembourg. Créé par le don de 1416, il fut renforcé en 1418, car Jeanne de Bar possédait des terres en Brabant et en Flandres, et en 1435, lorsque Philippe acquit la suzeraineté sur le Vermandois et les villes de la Somme55. À une date indéterminée enfin, Jean devint l’homme lige du duc ; Monstrelet nous apprend en effet qu’il l’était en 143756. Sa relation avec le duc de Bourgogne n’était donc aucunement égalitaire. Le langage employé par chacun traduit cette hiérarchie : Jean de Luxembourg ne se permettait pas de nommer le duc autrement que « mon tres redoubté seigneur »57.
17Ces liens de clientèle étaient plus astreignants que les liens de parenté. En 1437 par exemple, Jean de Luxembourg refusa de servir le duc Philippe contre les Anglais. Il vint quand même au lieu de rassemblement des troupes pour « s’excuser ». Voici la réaction du duc telle que Monstrelet la décrit :
De laquelle excusacion, si comme je fus informé, ledit duc de Bourgongne ne fut point bien content, et lui remoustra comment il avait sairement à lui et estoit son homme lige, portant son ordre, et avoit toujours tenu son parti, pour quoy bonnement, à son honneur, ne se povoit ou debvoit excuser de lui servir, attendu qu’il alloit pour rebouter ses ennemis, qui lui venoient coure sus en son pays58.
18De même, lorsque les relations se dégradèrent en 1438-1439, et que Jean de Luxembourg tenta de rentrer en grâce, il ne s’appuya pas sur sa parenté avec le duc, mais insista sur le fait que, dès sa jeunesse, il avait servi Jean sans Peur puis son fils et que, loin de chercher à se soustraire à la justice de son seigneur, il demandait un procès équitable59.
19Les liens du sang n’étaient donc pas suffisants pour obliger un parent à la loyauté, ils avaient besoin d’être renforcés par des contraintes matérielles. Les liens familiaux étaient toutefois loin d’être insignifiants, comme en témoigne le mécontentement de Philippe le Bon à la nouvelle du mariage de Jacqueline de Luxembourg avec le duc de Bedford. Cette alliance était mal venue à un moment ou le processus de réconciliation avec Charles VII était déjà engagé. Le duc redoutait certainement de perdre en partie son emprise sur les Luxembourg, qui risquaient de manquer d’enthousiasme à l’idée d’abandonner le parti anglais. Nous l’avons vu, ce mariage eut finalement peu de conséquences. Il ne peut expliquer le refus de la paix d’Arras par Jean de Luxembourg. Les revendications des Anjou sur le comté de Guise semblent plutôt avoir été la cause déterminante. L’attitude du comte de Ligny 1435 est révélatrice : ses efforts pour conserver la bienveillance de Philippe le Bon tout en menaçant de s’engager du côté anglais si quiconque l’agressait60 prouvent qu’il utilisait plus qu’il ne subissait ses liens avec le roi d’Angleterre, et qu’il restait avant tout attaché à la Bourgogne.
20Les liens de parenté avec Charles VII semblent eux aussi avoir eu peu de conséquences. Aucun des chroniqueurs étudiés ne qualifie Jean de Luxembourg de cousin du roi, ce qui est probablement dû à leur orientation bourguignonne autant qu’aux prises de position du comte de Ligny61. On peut toutefois supposer que ce lien fut l’une des raisons pour lesquelles Jean mena (au moins) une ambassade chargée de négocier la paix entre France et Bourgogne62. Une partie de son entourage aurait pu le pousser vers Charles VII, sa tante Jeanne notamment, qui était la marraine du roi. Elle intercéda effectivement en faveur de Jeanne d’Arc alors captive à Beaurevoir, mais elle mourut peu avant que la Pucelle ne soit livrée au duc de Bourgogne63. Jeanne de Bar, quant à elle, était selon Monstrelet « issue moult prouchaine » des princes des lys, mais aucun d’entre eux n’assista à son mariage, ce qui laisse entrevoir leurs mauvaises relations avec Jean de Luxembourg64.
21Chez les Luxembourg apparaît une grande mémoire de leurs ascendances, remontant parfois à cinq ou six générations. On peut douter de l’exactitude de leurs connaissances généalogiques au sujet des générations les plus éloignées, mais tout indique une conscience d’appartenance à un groupe familial composé de lignages collatéraux. Cette conscience était en particulier entretenue par le patronyme. Le nom de Luxembourg, par le prestige qui y était attaché, élevait Jean de Luxembourg au-dessus de seigneurs pourtant aussi puissants que lui. Il pourrait expliquer la série de mariages très avantageux attestée chez les Luxembourg-Ligny.
22La parenté explique aussi en bonne partie l’ascension de Jean de Luxembourg à la cour de Bourgogne. C’est en effet par un parent, lui-même lié au duc par une alliance matrimoniale, qu’il est introduit auprès de Jean sans Peur. La consanguinité fut aussi une des raisons de l’attribution de dignités comme celle de Chambellan. Elle servait donc à établir les relations, mais ne semble pas avoir été un gage fiable de loyauté, car les deux ducs successifs cherchèrent en permanence à renforcer les obligations de Jean de Luxembourg envers eux. Seules les relations de clientèle étaient contraignantes. Ceci n’a rien d’étonnant considérant le fait que le duc était un proche cousin de ses ennemis, Charles VII en premier lieu, et que les Luxembourg étaient apparentés à certains d’entre eux. L’importance de préoccupations purement matérielles est d’ailleurs démontrée par la raison réelle qui poussa Jean de Luxembourg à refuser la paix d’Arras. Il ne faut toutefois pas sous-estimer l’importance des liens de parenté. Le duc de Bourgogne, auquel Jean resta fidèle toute sa vie, était aussi son plus proche parent parmi les princes. Les inquiétudes de Philippe par rapport au mariage de Jacqueline de Luxembourg sont tout aussi éloquentes, surtout si on considère à quel point les Luxembourg étaient dépendants de lui.
Notes de bas de page
1 Sur le personnage, Bertrand Schnerb, Jean de Luxembourg, comte de Guise et de Ligny, seigneur de Beaurevoir, dans Raphaël De Smedt, Les chevaliers de la Toison d’Or au XVe siècle, Francfort, 2000, p. 45-47 ; Jacques Prévost-Bourré, Jean de Luxembourg et Jeanne d’Arc, contre image et vérité de l’histoire, Paris, Nouvelles éditions Debresse, 1981.
2 Pour éclaircir le propos, une généalogie est jointe à la fin de cet article ; elle a été principalement établie d’après Anselme de Sainte-Marie et Honoré Caille Du Fourny, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, Paris 1725-1730, t. 3, p. 722-725 et Nicolas Vignier et André Du Chesne, Histoire de la maison de Luxembourg, Paris, 1619.
3 Georges Chastellain, Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove et Joseph Bruno Marie Constantin, Bruxelles, F. Heussner, 1863-1866, t. 2, p. 172.
4 Enguerran de Monstrelet, Chronique, éd. Louis Douët d’Arcq, Paris 1857-1862, t. 4, p. 217.
5 La chronique d’Enguerran de Monstrelet (cf. n. 4) est la plus instructive, car l’auteur servit Jean de Luxembourg. Les œuvres de Georges Chastellain (cf. n. 3 ; écrite dans les années 1460-70 à la demande de Philippe le Bon) et de Jean Le Févre, seigneur de Saint-Rémy (roi d’armes de la Toison d’Or de 1430 à 1467 ; il écrivit sa chronique dans les dernières années de sa vie ; Chronique, éd. François Morand, Paris 1881), un peu plus tardives mais dont les auteurs fréquentaient la cour de Bourgogne dans les années 1430, sont d’intéressants compléments. Les événements politiques ont fait que les chroniqueurs favorables à Charles VII ne donnent que très peu d’informations. La chronique du règne de Charles VI du religieux de Saint-Denis (cf. note 7) écrite dans sa plus grande partie avant 1420, contient d’importants renseignements sur les Luxembourg.
6 Au sujet des Luxembourg, voir Jörg K. Hoensch, Die Luxemburger, eine spätmittelalterliche Dynastie gesamteuropäischer Bedeutung, Kohlhammer, Stuttgart, Berlin, Cologne 2000.
7 Chronique du religieux de Saint-Denis, éd. & trad. Louis Bellaguet, Édition du comité des travaux historiques et scientifiques, Paris 1994, t. 6, p. 141, dominus Johannes de Lucemburgo, vir clarus genere et ex generosis proavis Alemanie ducens originem.
8 Jean Froissart, Chroniques, éd. Kervyn de Lettenhove, 1867-1877, réimpression Biblio Verlag, Osnabrück 1967, t. 7, p. 92-93 et t. 13, p. 21-23.
9 Chronique du religieux de Saint-Denis, t. 2, p. 27. Waleran entra toutefois en conflit avec le roi Wenceslas car celui-ci refusait de payer les dettes de son père ; il alla jusqu’à piller le Luxembourg en 1392. Ceci pourrait expliquer la rupture des relations.
10 Jacques Bretel, Le tournoi de Chauvency, éd Maurice Delbouille, Eugénie Droz, Liège 1932, p. 60, Ly chevalier dont je parol/Va chevauchant l’escu au coul,/D’argent et d’azur burelé,/A un chief d’or fin esmeré/A un vermeil lion rampant.
11 Ancien armorial équestre de la Toison d’Or et de l’Europe au XVe siècle (fac-similé en noir et blanc), éd. Lorédan Larchey, Paris, Berger Levrault et Cie, 1890, p. 18 et 24.
12 Jean-Claude Loutsch, Armorial du pays de Luxembourg, Ministère des arts et des sciences, Luxembourg 1974, p. 109.
13 Il s’agit d’Adolphe IX, comte de Berg (1308-1348).
14 Jörg K. Hoensch, op. cit., p. 348.
15 Anselme de Sainte-Marie, op. cit., t. 1, p. 106.
16 Jean Froissart, op. cit., t. 9,p. 131-133. Mathilde était en fait la fille de Thomas Holland, premier mari de Jeanne de Kent, elle-même mère de Richard II. Elle était donc la demi-sœur du roi.
17 Anselme de Sainte-Marie, op. cit., t. 3, p. 724.
18 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. 5, p. 55.
19 Anselme de Sainte-Marie, op. cit., t. 1, p. 240.
20 Michel Pastoureau, Une histoire symbolique du moyen âge occidental, Libraire du XXIe siècle, Paris, Seuil 2004. L’auteur traite p. 220 des noms patronymiques et des armoiries, « Dès la fin du XIIe siècle, tous deux ont pour fonction de situer l’individu dans sa famille étroite et cette famille étroite, dans un groupe familial plus large ». p. 228. « Parfois, [...] c’est la ressemblance entre les armoiries de deux familles apparemment non parentes qui permet de reconnaître qu’elles sont issues d’un ancêtre commun ». Voir aussi Michel Nassiet, Parenté, noblesse et états dynastiques, XVe-XVIe siècles, Paris, EHESS 2000, p. 68, « Les similitudes de noms et de blasons étaient généralement interprétées comme une consanguinité qui normalement était patrilatérale. Du fait d’une similitude héraldique, Froissart ne doutait pas que le comte de Foix fût proche parent du roi d’Aragon. [...] Cette visualisation des patrilignages était une des principales raisons du caractère essentiel de l’héraldique pour la noblesse ».
21 Le Limbourg fut en effet acquis par Jean Ier de Brabant en 1288. Celui-ci avait fait écarteler les armes de Brabant avec celles de Limbourg. Sur la succession du Limbourg, voir Jörg K. Hoensch, op. cit., p. 24 ; sur l’acquisition par la maison de Bourgogne Anselme de Sainte-Marie, op. cit., p. 240-248. L’écartelé de Brabant et de Limbourg se retrouve sur la figure équestre de Philippe le Bon dans l’armorial de la Toison d’Or (Ancien armorial équestre de la Toison d’Or : la première planche est celle du duc Philippe, les armoiries du Limbourg sont reproduites sur la planche 50). La similitude est si suggestive que le P. Anselme de Sainte-Marie considère le lion de gueule porté par les ducs de Brabant de la maison de Bourgogne comme les armes de Luxembourg (t. 1, p. 240-249). On notera toutefois que, dans le cas étudié, la parenté n’était pas patrilatérale (cf. n. 20), et que la maison de Bourgogne acquit le Brabant et le Limbourg par les femmes.
22 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. 4, p. 429.
23 Nicolas Vignier et André Du Chesne, Histoire de la maison de Luxembourg, op. cit., p. 598.
24 Michel Nassiet, op. cit., p. 118-129, d’après une enquête de 1474, le revenu annuel moyen de la noblesse du duché de Bourgogne était de 41 livres seulement, et seuls 5 % des seigneurs disposaient de plus de 400 livres de rente. La situation était proche en Bretagne en 1480 : la majorité des nobles touchait moins de 80 livres, tandis que moins de 2 % d’entre eux percevaient entre 4000 et 800 livres. Il n’est donc pas téméraire de placer Jean de Luxembourg parmi les 1 ou 2 % de seigneurs constituant la frange la plus riche de la noblesse.
25 Il s’agit de Chocques, Beuvry et Gosnay, près de Béthune. Voir Bertrand Schnerb, Jean sans Peur, le prince meurtrier, Paris, Payot et Rivages, 2005, p. 368.
26 Anselme t. 4, p. 213-214.
27 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. 3, p. 297. Une quittance du duc de Bourgogne (Comptes généraux de l’État bourguignon, éd. Michel Mollat du Jourdain et Robert Fawtier, Paris 1965-1976, vol. 3, t. 2, p. 695-696) donne le détail de ces seigneuries de Flandres.
28 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. 4, p. 130, 183-187, 199-205, 229-230. Le comté fut formellement cédé par René, qui signa un traité à Bohain en 1433. (Id., t. 5, p. 50-51).
29 Id., t. 4, p. 429.
30 À ce sujet, Philippe Contamine, Guerre, état et société à la fin du moyen âge, Paris, Éditions de l’EHESS, 2004, p. 75.
31 Enguerran de Monstrelet, op. cit., p. 130-131, Et furent les nopces faites dedens le chastel de Bohain. Auquel lieu furent environ cent chevaliers et escuyers de la famille et amistié des deux parties [...]. Le dessusdit conte de Ligney, comme il fut commune renommée, soustint les frais et despences d’ycelle feste. Si y fut on servi très habondamment, et avec ce y fut faite très joieuse chière de tous ceulx là estans, en boires, mangiers, danses, joustes et aultres esbatemens.
32 Jean Le Fèvre de Saint-Rémy, op. cit., t. 2, p. 163.
33 Id., p. 312.
34 Id., p. 310.
35 Au sujet de la rançon, Jacques Prévost-Bourré, op. cit., p. 103-106.
36 Il était avant tout réservé aux chevaliers et excluait donc les nobles modestes qui souvent n’avaient plus les moyens d’accéder à la chevalerie.
37 Monstrelet utilise l’expression « avoir en gouvernement ».
38 Voir à ce sujet Michel Nassiet, op. cit., p. 202-211.
39 Enguerran de Monstrelet, op. cit., p. 429. Et pour tant, de ce jour en avant on nomma ledit messire Jehan de Luxembourg en tous ses tiltres, conte de Ligney, seigneur de Beaurevoir et de Bohain. Il est néanmoins probable qu’il se soit intitulé comte de Guise dès 1425. Selon Monstrelet, il ne prit le titre qu’après avoir conclu le traité avec René d’Anjou ; mais Jean Le Fèvre de Saint-Rémy (t. 2 p. 87) affirme qu’il le porta dès la reddition de la ville de Guise, le 28 février 1425. Le fait que la possession du comté ait été disputée par les Anjou après le traité d’Arras, d’autant plus qu’ils obtinrent finalement gain de cause, ajoute à la confusion : les chroniques mentionnant Jean de Luxembourg ont en effet toutes été écrites après cette affaire, et occultent en grande partie le problème. La chronique d’Enguerran de Monstrelet (t. 5, p. 466-467) reproduit toutefois une lettre de Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol, écrite peu après la mort de son oncle. L’affaire se termina par compromis : en 1443, Charles du Maine, frère cadet de René d’Anjou, épousa Isabelle, sœur du comte, qui lui apporta le comté de Guise en dot. Dans la chronique de Monstrelet, le terme de comte de Ligny est fréquemment ajouté à son nom après 1430 ; il est employé seul par Jean Le Fèvre de Saint-Rémy et parfois par Georges Chastellain. Pour les autres membres de la famille étant parvenus à la dignité comtale, le nom de Luxembourg disparaît la plupart du temps. Les chroniqueurs se contentent en général de les nommer conte de Saint-Pol (Waleran III, Pierre, Louis) ou conte de Conversan (Pierre avant 1430) ; comme si le nom n’était plus nécessaire pour signifier la haute extraction de ces personnages.
40 Il apparaît en effet dans un chapitre intitulé Comment Georges escrit et mentionne les louenges vertueuses des princes de son temps, pour attaindre ceux qui ont clèrement vescu (t. 2, p. 151).
41 Id., p. 172, [le comte de Saint-Pol] s’est noircy ainsy par outrecuidance, par confiance en sa nouvelle fresche fortune, plus amye beaucoup que à ses pères.
42 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. 3, p. 129.
43 Michel Mollat du Jourdain et Robert Fawtier, op. cit.
44 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. 4, p. 374.
45 Id., t. 5, p. 396-397 et p. 455, Et au regard des Bourguignons, peu en y avoit qui ne fussent enclins à lui faire plaisir en tous ses affaires.
46 Georges Chastellain, op. cit., p. 20. Il y est question de Simon de Lallaing, chevalier de la Toison d’or en 1431 et promis à une belle carrière au service de Philippe le Bon : [...] messire Symon de Lalaing, qui entre mille chevaliers se fust trouvé un de beaux et des plus grans, homme de tres noble hostel aussi, mais non pas encore avancié en court, ne de si grand bruyt, car estoit au conte de Ligny pour lors et de son hostel, comme maints autres grans et nobles seigneurs, lesquels il fit tous et les mist en avant.
47 Jean Le Fèvre de Saint-Rémy, op. cit., p. 167, il s’agit du frère et du neveu d’Isabelle de Portugal, de la duchesse de Bedford, sœur de Philippe le Bon, de la douagière de Namur, de l’évêque de Tournai, l’un des principaux conseillers de Philippe le Bon ; Jeanne de Béthune se trouvait tout au dessoubz, c’est-à-dire à la place la moins honorable, la plus éloignée sur la gauche de la mariée.
48 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. 5, p. 49-50.
49 Françoise de Gruben, Les chapitres de la Toison d’Or à l’époque bourguignonne (1430-1477), Louvain, Presses Universitaires de Louvain, 1997, p. 21. Ces « cousins » sont Pierre et Jean de Luxembourg, Guillaume de Vienne, Antoine de Vergy, Antoine et Jean de Croy.
50 C’est en effet à la suite de son oncle qu’apparaît pour la première fois Jean de Luxembourg dans les chroniques, à Paris en 1411. Il exerça par la suite ses premiers commandements d’envergure à la tête des gens de son oncle, notamment au siège d’Arras, en 1414. (Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. 2, p. 166 et 432 ; t. 3, p. 17 et27). Le schéma est tout à fait classique : ayant conclu une alliance avec la maison de Bourgogne, le comte de Saint-Pol, chef de la maison de Luxembourg, en fit bénéficier ses colignagers.
51 Michel Mollat du Jourdain et Robert Fawtier, op. cit., t. 1, p. 293, no 1053.
52 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. 4, p. 59 ; Georges Chastellain, op. cit., t. 1, p. 259.
53 Cf. n. 49, no 1365, p. 406.
54 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. 3, p. 297. Lequel mariage fut traictié en partie en la faveur dudit Jehan de Bourgongne et de son filz, le conte de Charolais, et par ainsi ledit de Luxembourg eut de grans seigneuries en gouvernement. Cette union permettait au duc de récompenser son fidèle à peu de frais, et par son intermédiaire de contrôler des domaines ne lui appartenant pas, les comtés de Marle et de Soissons notamment.
55 Par le traité d’Arras, Charles VII céda en fief à Philippe le Bon les villes se trouvant le long de la Somme, ainsi que les prévôtés de Roye, Montdidier et Péronne avec toutes leurs appartenances et appendances quelconques, tant en demaine, justice et juridicions, fiefz et arrièrefiefz [...]. Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. 5, p. 167-170.
56 Id., p. 311-312.
57 Id., p. 376.
58 Id., p. 311-312.
59 Id., chap. 239, p. 376 et chap. 241, p. 391.
60 Id., p. 386. Et si n’estoit point encore deslyé des Anglois, comme dict est ailleurs, mais s’y fioit moult grandement. Pour quoy tous ceulx quoi avoient moult voulenté d’imprendre contre lui, avoient doubte que, ou cas qu’on lui courust sus et feroit guerre de quelque costé que ce fust, qu’il ne boutast lesdiz Anglois en ses forteresces et en ses villes.
61 Id., t. 4, p. 213-216. La parenté ne semble en effet être invoquée qu’en cas de bonne relation. Ainsi, Humphrey de Gloucester, cherchant à tenir Philippe le Bon à l’écart du conflit du Hainaut, nomme-t-il le duc de Bourgogne son cousin. Ce dernier au contraire, bien décidé à aider le duc de Brabant, ne le gratifie pas d’un tel qualificatif. La formule complète est hault et puissant prince, très chier et tres amé cousin. Gloucester insiste sur le fait que, selon lui, Jacqueline de Bavière serait pour Philippe une parente plus proche que ne l’est le duc de Brabant. Philippe se contente de la formule : Hault et puissant prince, Humfroy duc de Glocestre. Il insiste par contre sur sa parenté avec le duc de Bedford, qu’il nomme beau frère le régent. Or, ce dernier est le frère de Gloucester, c’est donc son rôle de conciliateur qui lui vaut ce qualificatif. (id., p. 216-220).
62 Id., p. 352-353 ; Gilles Le Bouvier (le héraut Berry), Les chroniques du roi Charles VII, éd. Henri Courteault, Léonce Celier et Marie-Henriette Jullien de Pommerol, 1979, p. 140.
63 Chronique du religieux de Saint-Denis op. cit., t. 3, p. 69. Jacques Prévost-Bourré, op. cit., p. 74-84.
64 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. 5,p.130-131. Elle descendait en effet du roi Jean, dont la fille Marie avait épousé Robert Ier de Bar, son arrière-grand-père. Anselme de Sainte-Marie, op. cit., t. 5, p. 512-515. Mais cette ascendance l’apparentait aussi à la maison de Bourgogne ; elle avait été élevée à Beaurevoir et n’avait donc certainement jamais fréquenté les milieux « armagnacs » ou « dauphinois ». Ayant des droits sur le duché de Bar, elle était de plus en concurrence avec René d’Anjou, ce qui n’améliorait certainement pas la situation. La question fut abordée lors de l’entrevue avec René à Bohain. (Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. 5, p. 50-51).
Auteur
Université de Provence
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