La Lastrilla, grotte
Castro-Urdiales, Cantabrie
p. 318-321
Texte intégral
Le site
1La grotte de La Lastrilla s’ouvre dans un massif calcaire du secteur du Sangazo, dans la localité de Sámano (Castro-Urdiales) dans la province de Cantabrie (anciennement de Santander).
2La grotte est connue depuis les années 1950, période au cours de laquelle sont réalisés les premiers sondages archéologiques. Au milieu des années 1960, F. González Cuadra identifie les premières manifestations pariétales. Plusieurs équipes se succèdent ensuite jusque dans les années 1990, réalisant des sondages archéologiques et identifiant plusieurs panneaux ornés (Rincón 1975, Díaz Casado 1988, Molinero & Arozamena 1993). En 2005, R. Montes et E. Muñoz (2007) conduisent des fouilles qui révèlent une séquence stratigraphique du Pléistocène supérieur final, en même temps qu’ils procèdent à l’inventaire général des manifestations pariétales (Montes et al. 2007).
3Cette grotte fait partie d’un système karstique de plus de 15 km de développement. La zone d’entrée est la seule à présenter un intérêt archéologique. On compte trois porches à différents niveaux, le plus bas constituant la résurgence du réseau actif. Au-dessus, l’entrée principale donne accès à un vestibule fossile, ample, plat, sec et bien éclairé, de 20 m de longueur par 8 m de largeur. Ce vestibule se prolonge par une galerie qui rejoint, vers le fond, les autres étages. Le porche supérieur offre un ressaut rocheux qui tombe à pic vers le vestibule principal. Il continue, après un rétrécissement, en une galerie ample et rectiligne qui communique avec les autres niveaux.
4La cavité a livré du matériel archéologique de la Préhistoire récente et du Paléolithique récent. La stratigraphie du vestibule livre des industries du Chalcolithique (c. VI), de l’Azilien (c. VII), du Magdalénien supérieur ou final (c. VIII et IX) et du Solutréen (c. X). L’étage supérieur livre en outre des vestiges du Magdalénien et de l’âge du Bronze, en dépit d’une destruction ancienne presque complète des niveaux sédimentaires de ce secteur.
L’art préhistorique de La Lastrilla
5Plusieurs zones de la grotte de La Lastrilla livrent des manifestations pariétales.
6Étage principal (médian) : au fond, sur la paroi gauche, se trouve un panneau de peintures rouges où sont recensés trois mains positives (deux mains adultes et une main d’adolescent) et un signe angulaire. Au fond de cette galerie, un grand bloc livre un petit panneau de lignes et de ponctuations noires charbonneuses, dont l’ancienneté est incertaine.
7Étage supérieur : près de l’entrée, cinq panneaux regroupent des lignes et des points rouges. À environ 88 m de l’extérieur, une petite salle allongée abrite les deux ensembles principaux de la grotte. Le premier peint en rouge, situé sur la paroi droite, livre la tête et le cou d’un bouquetin et deux lignes isolées. Le deuxième ensemble se situe sur une grande colonne stalagmitique, à environ 2 m de hauteur par rapport au sol actuel. Il réunit des gravures très larges et profondes, réalisées sur une surface d’altération. On peut lire la représentation d’un bouquetin au-dessous de laquelle se trouvent des lignes gravées et l’ébauche de la tête d’un quadrupède. Vers le fond de cette galerie se trouve aussi un bloc où apparaissent des gravures très fines, vraisemblablement non figuratives.
8Au total, les motifs linéaires peints et gravés dominent.
9La plupart des représentations cataloguées dans la cavité ont été réalisées avec de l’ocre rouge, appliquée par des techniques distinctes, toutes très simples. Le trait linéaire simple prédomine, appliqué directement au crayon d’ocre ou aux doigts (voire avec toute la main). Les gravures ont aussi été réalisées au moyen de diverses techniques : gravures profondes, obtenues avec un outil émoussé sur une surface décalcifiée pour le panneau de la concrétion qui, à l’origine, devait être couvert de formation de type chou-fleur, et gravures fines sur le grand bloc situé au centre de la salle du fond, incisées probablement avec un outil en silex.
Les représentations de bouquetins de La Lastrilla
10Deux figurations de bouquetins sont connues à La Lastrilla. L’une est peinte en rouge et l’autre gravée profondément. Elles sont situées dans une salle allongée, à 88 m de l’entrée de l’étage supérieur de la caverne.
11Le bouquetin peint se trouve sur un bandeau très visible de la paroi droite. Le contour rouge a été réalisé directement avec un crayon d’ocre ou en frottant un doigt enduit de colorant. On peut lire la tête schématique vue de face, avec deux grandes cornes arquées ainsi que deux petits traits qui figureraient les oreilles. À gauche, un tracé grossier et légèrement courbe pourrait figurer la ligne d’encolure, cette fois vue de profil. La vue de face rappelle certaines figurations de l’art mobilier du Magdalénien moyen et/ou supérieur. Ce sujet est pratiquement isolé, en dehors de quelques tracés linéaires gravés sans connexion qui lui sont associés.
12Son congénère gravé est situé sur la partie supérieure d’une concrétion à peu de distance de la paroi peinte. Il a très probablement été gravé avec un outil tendre sur la couche de calcite altérée qui se serait ultérieurement indurée. Ce bouquetin, en profil droit, est limité à un protomé. On peut déchiffrer une tête pointue et légèrement levée, deux cornes pratiquement droites et dirigées vers l’arrière, le cou et l’amorce de la ligne de dos en tracé simple. Il est atypique et donc difficile à situer stylistiquement, mais il s’agit probablement d’une représentation magdalénienne.
13Il est associé à quelques motifs linéaires et à l’ébauche possible d’une tête de quadrupède.
Inventaire
La Lastrilla 1
auteurs : E.M.F., R.M.B.
art pariétal
Culture : Magdalénien moyen ou supérieur
Identifiant : Figure no 7 (Montes et al. 2007 : 258)
Localisation : étage supérieur, partie inférieure d’un panneau situé à 88 m de l’entrée
Support : Calcaire, paroi
Technique : Peinture, colorant rouge, ocre
Dimensions (figure) : L. 200 mm x h. 370 mm
Bouquetin représenté : Partiel, protomé
Profil ou vue : Profil droit et tête vue de face
Genre : Mâle
Description cornes : Deux cornes, longues, sans anneaux, simple courbure
Style : Schématique
Compo./association : Isolé
Description : Représentation frontale d’une tête de bouquetin, avec deux grandes cornes arquées qui divergent depuis le sommet du crâne. Deux petits traits semblent figurer les oreilles. À gauche, un tracé grossier et légèrement courbe indiquerait la ligne d’encolure. Les têtes schématiques en vue frontale constituent un motif très fréquent dans le Magdalénien supérieur cantabrique, à la fois dans l’art mobilier (El Pendo) et dans l’art pariétal (El Otero, Ekain) ; il est ici complété par un corps esquissé de profil.
Montes et al. 2007
La Lastrilla 2
auteurs : E.M.F., R.M.B.
art pariétal
Culture : Magdalénien
Identifiant : Figure no 6 (Montes et al. 2007 : 258)
Localisation : étage supérieur, partie haute d’un panneau situé à 89 m de l’entrée
Support : Calcite, colonne stalagmitique
Technique : Gravure
Dimensions (figure) : L. 300 mm x h. 380 mm
Bouquetin représenté : Partiel, protomé
Profil ou vue : Profil droit
Genre : Mâle
Description cornes : Deux cornes, longues, sans anneaux, simple courbure
Style : Schématique, stylisé
Compo./association : Associé à des tracés linéaires simples et à la possible ébauche de la tête d’un quadrupède.
Description : Représentation très sommaire d’un protomé de bouquetin, avec une tête pointue et légèrement levée, deux cornes à la courbure très peu marquée, pratiquement droites, et dirigées vers l’arrière, le cou et l’amorce de la ligne de dos en tracé simple.
Montes et al. 2007
Bibliographie
Rincón Vila 1975, Díaz Casado 1988, Molinero & Arozamena 1993, Molinero 2000, Montes et al. 2007.
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