La Peña de Candamo, grotte
San Román de Candamo, Asturies
p. 558-561
Texte intégral
Le site
1La grotte de La Peña se trouve à proximité du sommet du massif de La Peña de Candamo (226 m), dans un paysage abrupt et escarpé, à environ 4 km du village de San Román de Candamo (Asturies). Ce site, sur la rive droite de la rivière, constitue un excellent observatoire naturel de la région de Candamo et de la vallée du Nalón. La grotte se trouve dans une vallée abritée d’une dizaine de kilomètres de long, parcourue par le Nalón et bordée par les monts Mafalla au nord et Bufarán à l’est, et les crêtes de ligne de partage des eaux entre Narcea et Nalón à l’ouest. L’entrée de la grotte s’ouvre à 170 m au-dessus du cours du Nalón. À quelque 50 m de l’entrée actuelle de la grotte, en suivant le flanc du massif vers le nord-est et 6 m plus bas, se trouve une petite cavité karstique : El Covacho de Candamo, où existe un gisement archéologique aujourd’hui épuisé (fig. 1).
2Les grottes de La Peña et de Covacho ont été découvertes en 1914 par E. Hernández Pacheco. Entre 1917 et 1918, il a fouillé le gisement de Covacho, mettant au jour des vestiges du Solutréen supérieur. Plus tard, autour de 1957, F. Jordá Cerdá y a conduit de nouvelles fouilles et confirmé l’attribution au Solutréen supérieur mais en identifiant des indices de Magdalénien inférieur. Les dernières recherches ont attribué la totalité des vestiges au Solutréen supérieur (Corchón Rodríguez et al. 2017).
3La grotte de La Peña se développe sur 260 m, c’est-à-dire bien au-delà des 60 m indiqués dans la première monographie (Hernández Pacheco 1919) et son orientation générale est du nord-ouest au sud-sud-est. Les recherches actuelles distinguent huit unités topographiques ou salles principales ornées de peintures et de gravures : le Vestibule (Vestíbulo) ; la galerie de l’Entrée (Galería de Entrada) ; la salle basse des Signes (Sala Baja de los Signos) ; le Petit Four (Hornito) ; la Fenêtre (Ventana) ; l’entrée du Salon (Entrada al Salón) ; le Salon des Gravures (Salón de los Grabados) et la galerie « de las Batiscias » (insectes cavernicoles).
4Les nouvelles datations 14C-AMS sur des peintures noires et d’autres, réalisées par U/Th sur des voiles de calcite, montrent que la fréquentation et la décoration de la grotte recouvrent la majeure partie du Paléolithique récent. Dans le cadre des recherches actuelles, la représentation noire de bouquetin a donné une date par 14C-AMS de 11 460 ± 90 BP (GifA-11448/SacA-26190) soit 13 301 ± 91 cal BP.
5Le site semble avoir fonctionné comme habitat au Solutréen supérieur et comme sanctuaire au cours de plusieurs phases du Paléolithique récent, y compris le Magdalénien récent.
L’art préhistorique de La Peña de Candamo
6L’art mobilier recueilli dans la grotte de Covacho est peu diagnostique (quelques craches de cerf percées, associées à du matériel solutréen).
7La grotte de La Peña recèle des motifs pariétaux abstraits et figuratifs, dans toutes les unités topographiques étudiées, principalement sous la forme de peintures rouges et noires. Au total, ce sont plus de cent unités graphiques qui sont recensées. Cependant, la majeure partie des motifs figuratifs est réunie sur un grand panneau de plus de 8 m de long appelé Mur des Gravures (Muro de los Grabados), situé au fond du Salon des Gravures. Il s’agit d’un ensemble offrant de nombreuses superpositions et regroupant environ 90 motifs. Le thème dominant est le cerf, accompagné par le cheval, l’aurochs et le bison, mais aussi le bouquetin, un possible mammifère marin et des anthropomorphes. En outre, des signes et séries de ponctuations rouges ou noirs complètent le dispositif pariétal.
8Les différents motifs figuratifs sont peints en jaune de Sienne, rouge et noir, sous forme de contours, aplats de couleur et modelés intérieurs, tandis que les gravures sont en tracés simples, doubles ou multiples, éventuellement associés. Quelques images de cerf, de bison ou d’aurochs du Grand Panneau combinent plusieurs techniques de réalisation comme des gravures multiples ou striées, associées à la peinture noire ou rouge.
La représentation de bouquetin de La Peña de Candamo
9L’unique figuration de bouquetin de la grotte de La Peña de Candamo se trouve sur une plateforme du Grand Salon des Gravures, dite La Palmera, surélevée au-dessus du sol de la salle (fig. 2). On y accède en traversant une série de colonnes stalagmitiques qui ferment cet espace et l’isolent de la Galerie principale du Salon des Gravures. Le passage depuis le Salon des Gravures a été aménagé au cours du xxe siècle par l’élimination d’une partie des spéléothèmes et par l’installation d’un escalier et d’une main courante qui facilitent la visite touristique. Le Grand Salon est la zone la plus vaste de la grotte avec des dimensions d’environ 22 m de long pour 18 m de large et 20 m de haut. Elle est ornée de spectaculaires formations stalagmitiques qui couvrent la roche encaissante au plafond – comme sur les parois de l’essentiel de la salle – et donc, de nombreuses représentations peintes ou gravées.
10Cette image de bouquetin (SGD.VI.1) est une peinture noire figurant l’animal en profil gauche. Le sujet mesure 380 mm de long et 300 mm de haut. Il est situé à 1,40 m du sol actuel. On peut lire le contour de la tête coiffée de deux cornes en double courbure ainsi qu’un œil. Le garrot, légèrement surélevé, se poursuit en une ligne de dos qui se perd avant de dessiner la fesse. L’état de conservation de l’œuvre laisse deviner une patte postérieure, et la ligne de ventre. Celle-ci est d’ailleurs dédoublée, mais se perd vers l’avant. Le train antérieur n’est pas visible (non représenté ou non conservé). En revanche, le poitrail est net, de même qu’une écharpe de peinture noire qui se développe depuis le garrot jusqu’à l’avant-train.
11Les dimensions des cornes incitent à voir un mâle, tandis que leur double courbure atteste la représentation de la sous-espèce pyrenaica. L’image est associée à un signe linéaire noir (SGD.VI.2), très délavé, de forme rectangulaire, avec un appendice latéral. La datation radiocarbone obtenue coïncide avec le naturalisme de la figuration pour l’attribuer à un stade avancé du Magdalénien. Nous en avons d’autres exemples dans plusieurs grottes majeures de la région cantabrique, comme celles de Llonín⎘, Castillo⎘ ou Pasiega⎘.
Bibliographie
Hernández Pacheco 1919, Corchón & Gárate 2010, Corchón Rodríguez et al. 2014b, Corchón Rodríguez et al. 2017.
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Bouquetins et Pyrénées
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