Le libéral malgré lui
Leandro Fernández de Moratín pendant la seconde Révolution d’Espagne (1820-1823)
p. 47-71
Texte intégral
Les tribulations d’un écrivain ayant choisi le mauvais camp
1Leandro Fernández de Moratín fut un afrancesado de la première heure : alors que sa condition de secrétaire du service d’interprétariat du Roi ne l’obligeait nullement à un tel engagement, il fut du petit nombre de civils espagnols qui suivirent Joseph I dans sa retraite (pour ne pas dire fuite) à Vitoria en juillet 1808. Il en fut récompensé en faisant partie de la première promotion de chevaliers de l’Ordre Royal d’Espagne1, et, quand le Roi philosophe remonta sur le trône en janvier 1809, Moratín ne ménagea pas ses efforts pour contribuer au succès de son règne en acceptant la charge de membre de la commission chargée d’établir le répertoire des théâtres de Madrid2, en participant à la campagne anti-inquisitoriale qui était censée convaincre les Espagnols des bienfaits que leur apportait la nouvelle dynastie3 et, sans doute, en collaborant occasionnellement à la Gazeta de Madrid4. Moratín ne tira aucun bénéfice personnel de ce dévouement à la cause du frère de Napoléon : comme les autres employés de Joseph, il ne perçut que rarement les traitements correspondant à ses fonctions de bibliothécaire du roi et d’employé au sein de l’administration de la bulle de Croisade5. Et s’il fut inscrit au grand livre de la dette publique pour une somme de 29 164, 50 réaux6, il connut une misère noire qui ne lui permit même pas de se vêtir décemment7. Il n’en suivit pas moins le « Roi errant » dans sa retraite sur Valence en août 1812 et là, participa également, semble-t-il, à la rédaction du journal publié dans cette ville.
2Moratín ne fut pas de ceux qui se crurent dans l’obligation, pour échapper à la vindicte des patriotes, de passer la frontière dans les fourgons de l’armée française : plutôt que se joindre, le 25 octobre 1812, au convoi qui mena bon nombre d’employés et dignitaires du régime joséphain à Saragosse, première étape sur le chemin de l’exil, ou d’accompagner le Roi dans sa reconquête de Madrid8, il prit le parti de se retirer de la mêlée et d’attendre la suite des événements à Peñíscola, malgré la présence dans le royaume de Valence de la guérilla du terrible Nebot dont les afrancesados ne pouvaient espérer la moindre pitié. Mais Moratín (qui, certes, n’avait pas de sang sur les mains) se sentait protégé par l’immense popularité dont il jouissait en tant que dramaturge : à Cadix, pendant le siège, on avait continué à représenter le Sí de las niñas (comme d’ailleurs, on avait joué régulièrement le Delincuente honrado de Jovellanos dans le Madrid de Joseph I) et, lorsqu’en 1811, El Conciso et la Gazeta de Sevilla s’étaient fait l’écho de la rumeur de sa mort, ils s’étaient abstenus de toute critique à son encontre9, ce qui était fort surprenant à l’égard d’un suppôt du Roi Intrus.
3À la restauration de Ferdinand VII comme roi des Espagnes et des Indes, Moratín constata avec satisfaction qu’il n’entrait pas dans la catégorie des « fameux traîtres » qui étaient frappés de bannissement et de confiscation de leurs biens. Au reste, nul ne semblait lui tenir rigueur d’avoir servi le Roi Intrus et, par exemple, le théâtre madrilène de la Cruz ne vit aucun inconvénient à représenter sa comédie El Café qui tint l’affiche trois jours de suite, les 29, 30 avril et 1er mai 1814, ce qui prouve que le public lui était resté fidèle, même si les recettes, d’après le Diario de Madrid, furent somme toute assez médiocres (2 300 réaux pour les deux dernières d’entre elles). Aussi se présenta-t-il avec confiance devant le gouverneur de Valence (Elio) qui le traita de manière si injurieuse que don Leandro ne cessa dès lors de vouloir quitter l’Espagne après avoir obtenu l’autorisation de Ferdinand VII de s’absenter du royaume car il ne voulait pas fuir son pays en proscrit10.
4Ce n’est que le 10 septembre 1817 que Moratín put enfin écrire de Montpellier à son ami Melón qu’il était heureux d’être en un lieu où personne ne le poursuivrait comme traître, gaditan, franc-maçon, libertin, afrancesado, conspirateur ou suspect. Mais malgré ces motifs de satisfaction, il ne put franchir la frontière sans témoigner de l’amertume qu’il ressentait à l’égard de son ingrate patrie dans un sonnet sobrement intitulé La Despedida11. Il demeura à Montpellier jusqu’au 13 mars 1818, date à laquelle il partit pour Paris où il demeura jusqu’au début du mois de mai de 182012. C’est donc là qu’il put prendre connaissance dans les journaux (qui s’en firent l’écho à partir du 18 janvier 182013) des évènements qui suivirent le pronunciamiento de Riego à Las Cabezas de San Juan et qu’il apprit que Ferdinand VII avait accepté la Constitution de la monarchie espagnole proclamée à Cadix en 1812.
Un retour sans précipitation
5Moratín avait quitté en septembre 1817 une Espagne qui manifestait de moins en moins d’intérêt pour son œuvre théâtrale. Ainsi, en 1814, à Madrid, les comédiens du théâtre de la Cruz avaient donné 14 représentations de ses comédies et ceux de El Príncipe trois de ses traductions de Molière. En 1815, ses œuvres ne furent que huit fois à l’affiche et quatre fois La escuela de los maridos et El médico a palos. En 1816, il y eut seulement deux reprises de El Café qui ne procurèrent aux acteurs que de fort médiocres recettes et une représentation de El médico a palos. Et en 1817, on ne joua qu’une fois El Café et six fois El médico a palos14. Cette désaffection du public à l’égard de ses œuvres joua-t-elle un rôle dans la détermination de Moratín à quitter l’Espagne ? On ne saurait ni l’affirmer ni l’infirmer. Mais en 1820, ce n’était certes pas la perspective de triompher à nouveau sur les scènes théâtrales qui put le pousser à rentrer dans son pays puisqu’en 1818 et 1819, pas une de ses pièces originales n’avait été jouée à Madrid et que seule sa traduction du Médecin malgré lui (dont le Diario de Madrid attribua parfois la paternité à Inarco Celenio) continuait à être au répertoire des comédiens de El Príncipe, qui le représentèrent neuf fois en 1818 et trois fois en janvier 182015.
6Loin de se précipiter sur le chemin du retour, comme la plupart des 1 700 exilés espagnols qui, selon Le Constitutionnel, restaient encore en France16, Moratín prit alors la direction de l’Italie et s’installa à Bologne d’où il écrivit à son ami Melón le 13 juin pour lui faire part que son voyage s’était bien passé et qu’il n’avait assisté à aucun tumulte ou révolte, qu’on n’avait tué aucun Suisse à Lyon, qu’à Milan il n’était pas question de gouvernement représentatif, et qu’à Bologne il n’y avait pas de société centrale, que les carbonari étaient inactifs, qu’on n’y égorgeait personne et que nul ne tentait de repousser la hallebarde, plus ou moins lourde, qui pesait sur lui17. Il avait l’intention, poursuivait-il, d’observer, avec l’ironie qui le caractérisait, les progrès de la liberté que venaient de conquérir les Espagnols et, si ceux-ci étaient de nature à éveiller son esprit patriotique, il se déciderait peut-être en 1821 à partir pour Barcelone mais (comme il l’avait déjà dit à Melón18) il n’était pas question pour lui de retourner à Madrid19.
7En fait, Moratín était un peu plus impatient qu’il ne le disait à Melón de rentrer en Espagne et le 24 août, il lui fit savoir qu’il avait l’intention d’utiliser le peu d’argent dont il disposait pour se rendre au début du mois d’octobre à Barcelone où il comptait passer l’hiver grâce à une somme de 2 800 francs qu’on lui devait à Paris, si, toutefois, il n’était pas bloqué à la frontière20.
8Cette crainte de Moratín n’était pas sans fondement puisque le consul d’Espagne résidant à Bayonne avait refusé de délivrer aux exilés qui s’étaient présentés à lui les visas nécessaires à leur retour et que les Cortès ne s’étaient pas encore prononcées sur l’amnistie qui ne serait accordée aux afrancesados que le 20 septembre 1820. Mais si la haine à l’égard des « fameux traîtres » à leur roi et à leur patrie restait extrêmement forte parmi tous ceux qui les avaient combattus, Moratín, en tant que gloire nationale, constituait une exception. À Madrid, El Sí de las Niñas avait été associé, le 30 mars (jour de la saint Ferdinand) à La Constitución vindicada pour former au théâtre de la Cruz un spectacle patriotique au cours duquel fut chanté l’Hymne de Riego21. Les journaux La Miscelánea (le 22 mai) et El Constitucional (le 5 juin) avaient publié dans leurs colonnes le poème qu’il avait composé à la mort de l’illustre acteur Isidoro Maiquez et qui était d’abord paru dans le Diario de Barcelona (celui de Brusi)22. Feignant d’ignorer que Moratín l’avait naguère publié pour convaincre ses compatriotes des bienfaits de la politique réformatrice « des Napoléons », le Diario de Madrid du 16 juin avait annoncé que l’on trouverait en vente chez Orea la relation de l’autodafé célébré à Logroño accompagnée de notes des plus plaisantes du bachelier Ginés, et El Constitucional du 6 septembre avait signalé que l’on pouvait se procurer chez Baudry, pour 50 réaux, les deux tomes de la nouvelle édition publiée à Paris des comédies de Moratín. Quant à Barcelone, où il entendait se rendre, on avait représenté au théâtre de la ville sa traduction du Médecin malgré lui (le 26 juin), El Sí de las niñas (le 7 juillet) ainsi que El Barón (le 23 août) et le Diario constitucional publié par Dorca (dont le principal rédacteur, Guillén de Mazón était lui aussi un ancien afrancesado) n’avait pas manqué de souligner toutes les qualités de Moratín, et comme traducteur, et comme dramaturge23.
L’accueil de Barcelone au citoyen Moratín
9Moratín n’eut aucune peine à passer la frontière et à gagner Barcelone où il arriva le 10 octobre 182024. Le 25, il fit état, dans une lettre à Melón de la façon dont il avait été accueilli dans la capitale catalane où l’on avait donné en son honneur une représentation du Sí de las Niñas et composé des vers pour célébrer son retour dans sa patrie25. À vrai dire, ce n’était pas El Sí de las Niñas qui avait été joué le 13 octobre mais El Café. Cela avait d’ailleurs d’autant moins d’importance que El Sí… le fut le 23. Mais ce que ne dit pas Moratín à son vieil ami, c’est qu’en annonçant l’une et l’autre de ses pièces, El Diario Constitucional de Barcelona crut bon de préciser qu’elles étaient l’œuvre du « citoyen don Leandro Fernández de Moratín26 ». Or jusqu’ici, le journal de Dorca n’avait jamais fait précéder le nom d’un dramaturge d’un tel titre qui conférait à Moratín un brevet de libéralisme et même de libéralisme exalté, compte tenu de l’engagement politique des rédacteurs de ce journal qui avait pris comme devise « la constitution ou la mort ». Mais à vrai dire, l’ancien bibliothécaire du roi Joseph, était loin d’avoir rejoint les rangs des partisans de la constitution de Cadix puisqu’il n’avait pas jugé utile de composer le moindre poème à la gloire des héros Quiroga, Riego, Arco Agüero, López Baños… ou du bon roi Ferdinand qui avait prêté si volontiers serment de s’engager sur le chemin constitutionnel, alors que tous ceux qui se croyaient poètes (même contre l’avis de Minerve, comme aurait dit le journal parisien La Foudre27) s’étaient empressés de prendre la plume pour chanter leurs louanges.
10En fait ce n’était pas le retour du citoyen Moratín que l’on avait célébré à Barcelone le 13 octobre 1820, mais celui de l’illustre écrivain Inarco Celenio, comme on peut en juger par les deux poèmes qui furent composés à cette occasion et publiés dans le Diario Constitucional de Barcelona. Le premier, qui parut le jour même de l’hommage qui fut rendu à Moratín au théâtre de la ville, fut l’œuvre du militaire et membre de l’Académie des Belles Lettres de Barcelone, Juan Larios de Medrano, qui, sous le pseudonyme de Martillo, fournissait en compositions poétiques le journal de Dorca28. Le second, signé Sodarco (un autre pseudonyme), figura dans le numéro du 29 janvier 182129. Non seulement les deux auteurs chantèrent les louanges d’Inarco Celenio, mais ils n’hésitèrent pas à attribuer l’exil de Moratín à l’injustice du despotisme et à reprendre les accusations à l’encontre de l’Ingrate patrie formulées par l’illustre dramaturge dans son sonnet « La Despedida30 ». L’autre journal de la ville, El Diario de Barcelona, célébra lui aussi au mois d’octobre 1820 le talent d’Inarco en publiant un sonnet sur les mérites de l’auteur du drame en trois actes El sí de las niñas, mais ne crut pas devoir signaler à ses lecteurs le retour d’exil de Moratín et sa présence dans la capitale catalane31. En revanche, trois mois et demi plus tard, il publia un long poème en l’honneur du « célèbre Moratín » dans lequel l’auteur, qui signa des seules initiales W. A., se réjouissait de ce que l’héroïsme d’un successeur de Padilla ait permis son retour ainsi que celui d’autres Espagnols qui avaient été obligés de quitter leur patrie en raison de la jalousie qu’on leur portait32.
Triomphe littéraire et inquiétudes politiques de Moratín
11Moratín put constater qu’il n’avait rien perdu de sa popularité auprès du public puisque, à Barcelone, du 1er janvier au 22 août 1821 (date du départ de la ville de Moratín, la « célèbre comédie » El Sí de las Niñas (l’adjectif était devenu quasiment homérique) fut représentée quatre fois au théâtre de la ville : les 24 et 26 janvier, 24 février, et 3 mars (à la demande expresse des abonnés) ; la non moins « célèbre comédie » El Barón fut jouée le 3 février (et là encore, le Diario constitucional de Barcelona ne manqua pas de rappeler qu’elle était l’œuvre du « citoyen D. L. F. [sic] de Moratín ») ; El Café le fut le 6 juillet, et la traduction du Médecin malgré lui (El Médico a palos) le 9 mai33.
12Bien qu’il se refusât à retourner dans la capitale et qu’il fût bien décidé, comme il l’exprima dans une lettre adressée le 25 octobre 1820 à Francisca Muñoz, à vivre libre, loin de la Cour, du gouvernement et de ses employés, sans devoir subir les mêmes vexations qu’avait dû supporter son ami Conde34, Moratín revint en grâce auprès du directeur du théâtre de la Cruz qui ne donna pas moins de 28 représentations de ses comédies entre le 13 avril et la fin de l’année 1820. Certes, les recettes furent rarement mirobolantes, souvent médiocres et parfois franchement décevantes35. Mais Moratín n’en fut pas moins un des auteurs les plus joués en 1820 et le Diario de Madrid se crut dans l’obligation, chaque fois qu’il annonça une de ses pièces, de spécifier qu’elle était due au « célèbre Moratín ». Toutefois, le journal madrilène renonça dès janvier 1821 à l’utilisation de l’adjectivation homérique pour désigner notre dramaturge et les œuvres de Moratín ne furent que rarement représentées dans la capitale puisque, jusqu’en août 1821, seules El Viejo y la niña (du 23 au 29 mai), El Sí de las niñas (les 22, 23, 28 juillet et 1er août), et sa traduction du Médecin malgré lui (les 28 et 29 janvier) furent représentées sur la scène du théâtre d’El Príncipe36.
13Non seulement Moratín ne voulait plus se mêler de politique, mais il jugeait stériles les combinaisons auxquelles se livraient les partis au pouvoir et dangereuse l’agitation à laquelle était en proie l’Espagne37. Aussi quelle ne fut pas sa stupeur et son indignation quand il apprit qu’on lui attribuait la paternité de la comédie intitulée El Trágala qui, comme le titre suffisait à l’indiquer, était un brûlot des exaltés contre les « serviles » et les modérés38.
14Sceptique sur la capacité des Cortès à résoudre les problèmes qui se posaient à l’Espagne39, il ne fut guère disert dans sa correspondance avec Melón sur la déportation à Majorque d’individus accusés d’hostilité à l’égard du régime constitutionnel (dont l’évêque de la ville, Mgr. Sichar) et les événements qui mirent fin à la révolution libérale de Naples en avril 182140. Il se montra en revanche plus explicite à l’égard du général Pepe, qui, fuyant sa patrie, était lui aussi arrivé à Barcelone où il fut accueilli en héros par les libéraux exaltés, mais que Moratín qualifia en revanche de « mauvais sujet » (mal sujeto)41.
15Ce ne fut pas sans quelque gêne qu’il assista aux cérémonies commémoratives du 2 mai42. Conscient que son silence pouvait être suspect, il déclara vouloir publier tous les deux ans (ce qui ne témoignait guère d’un zèle virulent) un opuscule politique et composa le premier d’entre eux à l’occasion de la célébration de l’anniversaire du serment qu’avait prêté Ferdinand VII de reconnaître et appliquer la Constitution. Mais il fit le service littéraire minimum, tant par taille du texte (14 vers seulement) que par les héros dont il avait choisi de chanter les louanges : un bataillon d’enfants de troupes, et non pas leurs aînés, les miliciens qui, eux, avaient juré de défendre la Constitution jusqu’à la mort et constituaient véritablement le fer de lance du libéralisme43.
La gloire de son père
16Ce qui intéressait réellement alors Moratín, c’était la diffusion des œuvres posthumes de son père, qu’il avait fait imprimer à Barcelone par la veuve de Roca sous le titre de Obras póstumas de don Nicolás Fernández de Moratín entre los Arcardes de Roma Flumisbo Thermodonciaco orné d’un portrait, fidèle reproduction de celui qu’il possédait et avait été peint du vivant de l’auteur de El Arte de putas. Il en adressa 12 exemplaires à son ami Melón, le 7 août 1821 en lui communiquant la liste des personnes auxquelles il devrait les faire parvenir quand il le lui indiquerait. Parmi celles-ci figuraient les rédacteurs de El Censor, de El Universal et de La Miscelánea, qu’il laissait libres de la façon dont ils annonceraient l’ouvrage s’ils décidaient de le faire44. Pour sa part, La Miscelánea donna, dans son numéro du 13 septembre 1821 un long compte rendu, fort propre à susciter l’intérêt de ses lecteurs, de ce monument élevé à son père par « l’immortel auteur » du Sí de las niñas45.
17Le choix de ces trois périodiques pour faire connaître les œuvres posthumes de son père n’avait rien d’étonnant, puisqu’ils étaient tous dirigés par d’anciens afrancesados, ses anciens compagnons de route sous le règne de Joseph, dont la ligne politique extrêmement modérée (pour ne pas dire plus) correspondait parfaitement aux idées de Moratín, qui, en revanche, était tellement horrifié par les positions de El Universal qu’il avait renoncé à sa lecture, se contentant de celle de l’un des deux journaux de Barcelone (sans doute, celui de Brusi)46. Lui, qui naguère n’avait pas ménagé ses efforts pour tenter de convaincre ses compatriotes de l’intérêt qui était le leur de reconnaître Joseph I comme souverain légitime, ne voulait plus, en quoi que ce soit, se mêler de politique, une science qu’il se refusait d’étudier, préférant – dit-il à Melón – être à la tête d’un troupeau de loups qu’à celle d’une douzaine de citoyens47.
Un nouvel exil
18En fait, de tout ce qu’il voyait en Espagne, seule l’évolution d’une opinion publique de plus en plus hostile au Saint Office de l’Inquisition avait de quoi le satisfaire48. Aussi, aux premières manifestations de l’épidémie de fièvre jaune qui devait dévaster Barcelone, Moratín décida-t-il, en août 1821, de quitter non seulement la ville, mais l’Espagne49. A vrai dire, la situation, pour préoccupante qu’elle fût, n’était pas encore dramatique puisque, selon les chiffres régulièrement communiqués par le Diario constitucional de Barcelona, il n’y avait eu que (si l’on peut dire) deux morts le 13, trois le 14, quatre le 17 et 11 le 18. Comme il l’avoua franchement à Melón le 21 août, veille de son départ, il serait resté s’il n’avait craint que la contagion. Mais il redoutait surtout les affrontements entre serviles et exaltés qui, selon lui, profiteraient des circonstances pour semer le trouble en tirant parti de l’ignorance et de la cupidité du peuple comme ils avaient déjà essayé de le faire une nuit à la Barcelonette50.
19Moratín eut raison de quitter Barcelone avant qu’un cordon sanitaire n’empêchât ses malheureux habitants de fuir une agglomération où l’on arriva à compter quelque 200 décès par jour en octobre 182151. Mais au lieu de gagner une autre ville d’Espagne (comme Valence, puisqu’il avait pris Madrid en horreur et avait juré de ne jamais y remettre les pieds) il reprit le chemin de l’exil. Il passa en Italie et s’installa à Gènes où il suivit l’évolution de la situation politique de l’Espagne et prit connaissance avec satisfaction des mesures qui avaient été décrétées contre Riego et le club de La Fontana de oro52. En décidant de repasser la frontière, il n’avait sans doute pas songé qu’il lui serait plus difficile de défendre ses intérêts et de recouvrer certains biens qu’il revendiquait que s’il s’était contenté de se rendre dans une région d’Espagne indemne de l’épidémie de fièvre jaune. Il envisagea donc de revenir dans son pays, si toutefois, écrivit-il à Melón, il n’avait pas connaissance de nouveaux progrès du peuple héroïque, des purs patriotes et des républicains, autrement dit si l’anarchie ne se propageait pas, faute de quoi il pourrait rester en France, se contentant de ses maigres rentes et disant un adieu éternel à sa douce patrie53.
20Cependant, Moratín ne rentra pas en Espagne et alla s’installer à Bordeaux où il continua à suivre avec attention ce qui se passait Outre-Pyrénées. Comme il l’écrivit à Manuel Silvela le 28 septembre 1821, c’était un modéré qui condamnait tous les extrémismes54. Surtout celui des libéraux exaltés. Ainsi, s’il déplorait le manque de lucidité des serviles qui mettait en péril la vie du Roi, il dénonçait plus fortement encore l’ingénuité des gens de bien qui s’endormaient au son du Trágala et qui, en raison de l’inertie du gouvernement, ne tarderaient pas à être réveillés à coup de couteaux et de marteaux par une minorité d’individus. Pour lui, le règne des terroristes était inéluctable et il en concluait que ceux qui avaient voulu des partis n’avaient qu’à s’en prendre à eux-mêmes55.
21L’Espagne libérale ne tint pas rigueur à Moratín d’avoir abandonné le territoire national. Ses comédies continuèrent d’être jouées, aussi bien à Madrid56, qu’à Barcelone où le Diario constitucional… ne manquait pas d’accoler l’adjectif « célèbre » à son nom57. À Valence, l’imprimeur Mompié publia – sans doute sans son autorisation – El Barón58. Mais surtout don Leandro fut au nombre des membres de l’Académie espagnole dont la Gazeta de Madrid annonça la création par les Cortès le 2 janvier 182259. Il accusa réception de sa nomination et adressa ses remerciements aux membres du Congrès par une lettre qu’il fit parvenir le 25 du même mois au Consul d’Espagne à Bordeaux60. Mais il se garda bien d’envoyer à un quelconque journal le moindre commentaire sur cette distinction : il ne lui avait pas échappé que, comme le souligna la Revue Encyclopédique en communiquant la nouvelle à ses lecteurs dans la rubrique « Espagne » qui était tenue par Juan Antonio Llorente61, il avait été nommé certes en raison de ses mérites littéraires, mais aussi en tant qu’ancien afrancesado, c’est-à-dire pour appartenir à un parti politique alors qu’il avait quitté l’Espagne pour ne pas à avoir à prendre parti entre les factions qui se déchiraient désormais.
22En fait, s’abstenant de toute prise de position publique, Moratín se contenta de donner de temps à autre à ses seuls amis (et en particulier Melón) quelques informations sur l’attitude vis-à-vis de l’Espagne du gouvernement de Louis XVIII et le dispositif militaire mis en place à la frontière où était rassemblé le tiers de l’armée française, ce qui, de l’opinion générale, était trop pour faire barrage uniquement à la peste62. Dès le mois de juillet 1822, il annonça à Luisa Gómez Carabaño que venait de commencer le cinquième acte de la tragédie en s’étonnant que les libéraux pussent s’en déclarer satisfaits, alors que les seuls à pouvoir l’être étaient les exaltés les plus enragés qui allaient se déchaîner plus que jamais, et tenter de mettre à bas un édifice qui manquait de solides fondations, en volant au passage tout ce qu’ils pourraient avant de tous périr sous les ruines63. Plus clairvoyant que bien des observateurs français, Moratín n’avait aucun doute sur le fait, comme il le fit dire à Melón par cette même Luisa Gómez Carabaño, que la Sainte Alliance ne tarderait pas à se manifester et donner la preuve aux Espagnols de son zèle paternel64.
23Quoi qu’il affichât volontiers son ignorance en politique65 et sa satisfaction de vivre en toute tranquillité et indépendance, loin des agitations, folies et dangers qui l’auraient rendu malheureux en d’autres lieux66, Moratín suivit si attentivement l’évolution de la situation politico-militaire entre la France et l’Espagne qu’il put informer ses correspondants de sa répercussion sur la Bourse67 et des effectifs qui composaient le cordon sanitaire, transformé en armée des Pyrénées68.
24Tout ce qu’il demandait, c’était de pouvoir continuer à vivre en paix à Bordeaux et, selon ce qu’il affirma à Melón à la mi-février de 1823, il était prêt à partir pour Bologne ou Florence si le gouvernement français, malgré sa conduite irréprochable, voulait l’inquiéter en l’internant ou confinant à domicile69. Mais malgré sa virulente hostilité à l’égard des libéraux exaltés, Moratín ne souhaitait pas le triomphe de ces Cent mille fils de Saint-Louis qui s’apprêtaient à envahir l’Espagne et replacer Ferdinand sur son trône de souverain absolu. Ainsi affirma-t-il à son ami Melón, dans une lettre en date du 18 mars 1823, que bien des choses changeraient si la Cour et les Cortès quittaient Madrid et qu’entre cette petite excursion et les 200 000 hommes qui composeraient l’armée à la mi-avril, tout irait bien70. Mais que pouvait-il espérer si l’armée constitutionnelle était capable de repousser les troupes du duc d’Angoulême ? Nous ne le saurons probablement jamais. Mais ce qui est sûr, c’est que, quand le Roi recouvra la plénitude de ce qu’il considérait comme ses droits, Moratín se refusa de tenter – comme Miñano – d’obtenir ses faveurs en prétendant l’avoir servi pendant la révolution car il ne lui avait jamais rendu d’autres services que de lui souhaiter de ne pas se tromper dans ses décisions et la seule chose qu’il lui avait demandée (la seule que l’on pût solliciter sans rougir) était que justice lui fût rendue, ce qui n’avait pas été le cas71.
Fuir toute récupération politique, en France comme en Espagne
25Comme l’a démontré Jesús Pérez Magallón, la grande préoccupation de Moratín pendant la seconde révolution d’Espagne (comme on disait alors) fut la construction de l’image d’auteurs qu’il voulut léguer à la postérité de son père et de lui-même72. Il fut aidé en cela par quelques personnages qui, comme lui, avaient été de fervents partisans de Joseph Ier : Juan Antonio Llorente et le « français afrancesado » (selon l’heureuse expression d’Elisabel Larriba73) Jean-Baptiste Esménard. L’ancien conseiller d’État et chanoine de Tolède attira l’attention des lecteurs de la Revue Encyclopédique par une analyse dithyrambique du Sí de las niñas parue en 1819, dans la deuxième livraison du magazine74 et le second, qui jouait l’hispaniste de service au sein de la société d’hommes de lettres qui publia les chefs d’œuvre des théâtres étrangers, obtint que le vingt-deuxième volume, qui vit le jour en 1822, fût consacré à l’ancien bibliothécaire du roi Joseph75. L’opération réussit parfaitement puisque seuls s’insurgèrent contre cette inclusion dans une si prestigieuse collection Moratín lui-même (qui trouva pitoyable la traduction76) et l’auteur du compte rendu paru dans les Annales de la littérature en juin 1823 qui n’hésita pas à écrire ces phrases assassines :
Le théâtre espagnol est d’une grande originalité […] Mais que signifie le pitoyable Moratin dans la collection des chefs d’œuvre du théâtre des nations, où il ne tient que la dernière place ? Matos Fragoso, Solis et beaucoup d’autres eussent certainement mérité l’honneur de la traduction ; au moins n’ont-ils pas copié les drames larmoyants de l’étranger, à l’instar de Moratín77.
26En revanche, le Journal des débats politiques et littéraires78 ainsi que Le Constitutionnel79 soulignèrent tout l’intérêt de l’œuvre de notre dramaturge, et contribuèrent grandement à ce que Moratín, qui était jusque-là inconnu du public français, devienne si célèbre que sa comédie Le Oui des jeunes filles fut non seulement jouée à Paris en janvier 182480, mais reprise par trois vaudevillistes, Brazier, Mélesville, Carmouche qui en firent une comédie-vaudeville jouée au théâtre du Gymnase, à Paris81.
27Moratín n’en demandait sûrement pas tant. Non seulement parce que le vaudeville était loin de correspondre à son idéal en matière de théâtre, mais surtout parce que l’on avait trop tendance à rappeler son passé d’afrancesado lorsqu’on parlait de lui. Nous avons déjà vu que Llorente, en annonçant la nomination de Moratín comme membre de l’Académie des Belles lettres qui venait d’être créée en Espagne, avait insisté sur sa qualité d’ancien « premier bibliothécaire du roi Joseph ». Le Journal des débats politiques et littéraires du 11 janvier 1822 en fit de même. Et Le Constitutionnel insista lui aussi sur son passé afrancesado dans une correspondance (réelle ou supposée) de Madrid en date du 4 décembre 1822 dans laquelle on pouvait lire :
les préventions contre les afrancesados sont tout à fait éteintes. Ce parti, si l’on peut lui donner ce nom, renferme, comme je l’ai déjà dit, des hommes très éclairés et d’une haute réputation dans tous les genres ; on y remarque les Azanza, les O’Farril, les Moratin, les Llorente, les Mendez (sic), les Melons, les Sempere, les Cambronero, les Hermosilla, les Lista, les Burgos et toute une foule d’autres citoyens illustres dont l’Espagne et l’Europe ont apprécié le mérite82.
28Mais cette appartenance, constamment rappelée, du dramaturge au « parti » des afrancesados ne pouvait qu’être fort suspecte aux yeux des autorités françaises, qui voyaient un jacobin dans tout bonapartiste et dans chaque joséphain qui n’était pas rentré dans son pays en 1820 un agent des libéraux exaltés espagnols83. Mais « le vieux Moratín » (comme le qualifia Le Miroir84) s’abstint de manifester la moindre opinion politique. Alors qu’il avait quitté pour la seconde fois l’Espagne pour fuir non pas l’absolutisme de Ferdinand VII, mais les troubles que provoquait l’anarchie, il fit, sous le règne d’un Louis XVIII qui envoya le duc d’Angoulême à la tête des Cent Mille fils de Saint Louis pour rétablir son cousin dans la plénitude de ses droits, ce qu’avait fait Sieyès pendant la Révolution française : il se contenta de vivre.
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Sources et bibliographie
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Annexe
Appendice
Poèmes publiés en l’honneur d’Inarco Celenio dans le Diario constitucional de Barcelona et le Diario de Barcelona
Diario constitucional de Barcelona,13 octobre 1820, n° 213, p. 4
A LA LLEGADA DE INARCO CELENIO
Anacreóntica
Pulsad, hijos de Apolo,
las concertadas liras,
y de Inarco resuene
el nombre entre mil vivas.
Miradle : ya las playas
de nuestra patria pisa.
libre la ve : y de gozo,
y de placer suspira.
El despotismo infame
quiso a lejanos climas
arrastrar a los sabios,
de Iberia esclarecida
dulce esperanza… Siempre
del saber enemiga,
y opresora del sabio
fuera la tiranía.
Inarco sufre el golpe
y la cerviz humilla
con la entereza heroica,
que a la virtud anima.
Del Manzanares huye
las fértiles orillas
que envenena el aliento
de Corte corrompida.
Llega a Barcino ; en ella
En paz grata y tranquila
juzga vivir ; y de ella
le arranca la injusticia.
Traspasa del Pirene
las elevadas cimas,
y a Galia libre vuela,
y allí su mansión fija.
Extranjeros le hospedan ;
Mientras contra él conspiran
La adulación, el fraude,
El error y la envidia.
Su virtud, su talento,
la culta Francia admira ;
y por Molière de España
justa le preconiza.
En esto de la Iberia
la aurora feliz brilla ;
y jura el gran Fernando
de sus pueblos la dicha.
Inarco al punto corre
de la Patria querida
al venturoso seno,
que amor y paz le brinda.
Su llegada celebran
las pierides Ninfas,
y Barcino en sus muros
segunda vez le anida.
Llega en buena hora, Inarco ;
la Patria es de ti digna,
y tú más digno de ella,
pues por ella sufrías.
Llega, y torne tu pluma
amena, útil, festiva
a corregir abusos
que a la España denigran.
Por ti la virtud triunfe
de vil hipocresía,
y recobren las Musas
su gloria primitiva.
Mas ¡ay !… ¿Cómo en tu elogio
puedo la pluma mía
pulsar… ? ¿Cómo cantarte
mi voz débil y tibia ?
Perdona, sabio Inarco,
perdona mi osadía,
solo de un buen afecto
y gratitud nacida…
En Barcino no faltan
trovadores de estima,
dignos de ti ; pues deja
que al menos les repita :
Discípulos de Apolo
pulsad, pulsad las liras,
y de Inarco resuene
el nombre entre mil vivas.
Martillo.
Diario constitucional de Barcelona 29 janvier 1821, n° 29, p. 4
A INARCO CELENIO
Cantor sublime, padre de la escena,
Honor y gloria de la dulce patria,
Oye la voz de un trovador humilde
Que congratula tu feliz llegada.
Blanco infeliz de su rabia interna
Te arrojó de tu patria la ignorancia,
Que tiempos hubo en que este pago fuera
El que al estudio prodigó la España.
Un suelo más benigno te dio asilo
Mientras que las miserias y desgracias
Indígenas del suelo en que naciste
Con insania feroz le destrozaban.
Pero no siempre verdinegra nube,
De destructora tempestad preñada,
Robando el sol a la paciente tierra,
Sobre la tierra su furor descarga.
Ni siempre altivo y borrascoso el ponto
Las olas espumosas y encrespadas
Sacude furibundo : ni su cumbre
De continuo Monseny ofrece cana :
Que días mil primaveral Apolo
También claro aparece en la alborada,
Claro preside bochornosa siesta,
Claro su faz tras horizonte amaga :
También Neptuno veces mil ostenta
Céfiro blando, ú apacible calma,
Y el helado Monseny y el Pirineo
También mil veces de verdor se jactan.
No de otro modo la feraz Iberia
Después de largos días de desgracia
Recobra la dicha que otro tiempo
Le envidia fuera de nación extraña.
Leyes benignas, paternales, justas,
Por la experiencia y la virtud dictadas,
Nacidas de nosotros la tornaron
Su lustre antiguo, su feliz pujanza.
En el momento retornó Minerva,
Y recobró su plácida morada ;
Retornaron los sabios, y con ellos
Retornaste también… ¡Ay ! que la Patria
En lo interior del virtuoso pecho
Con incesante voz sus hijos llama !…
Llega dichoso a tu patrio suelo,
Que ya un tropel de admiración te aguarda ;
Y en el reposo que la paz ofrece
Torna a tomar la lira abandonada,
La dulce lira que enardece el pecho,
La dulce lira que al tirano espanta,
La lira que corrige las costumbres,
Y a la virtud de gracia engalana :
Y su sonido con placer oyendo,
Fijos los ojos, y suspensa el alma
Imitando a la par tu noble ejemplo
Aprenderemos todos a pulsarla.
Sodarco.
Diario de Barcelona 24 octobre 1820, p. 3377
Al mérito cómico del autor del drama en tres actos El sí de las Niñas
SONETO
Mientras que monstruosas producciones
Un necio autor sin reflexión inventa,
Y en la escena milagros nos presenta
En vez de verisímiles acciones ;
Inarco con poéticas ficciones
En el sí de las Niñas nos ostenta
Y en caracteres varios representa
Al vivo los humanos corazones.
Con arte magistral, graciosamente
El chiste y la ternura entrelazando
Tramas sabe fingir tan propiamente
Que el espectador arrebatando
El ánimo, en su faz continuamente
La risa con el lloro va alternando
Salocin.
Diario de Barcelona 26 février 1821, pp. 421-422
AL CÉLEBRE MORATÍN
LOA
Cuando el capricho en malhados días
Dirigía las riendas del estado,
Oh torpe adulación, tú, tú encendías
En rededor de un solio amancillado
Incienso escandaloso.
Sumergiendo a un abismo vergonzoso
La española virtud. Alzase altiva
La envidia, aborto vil del odio insano,
Y en su trono al mérito derriba.
¡Oh patria ! ¡Oh corrupción ! ¿Podrá el hispano,
Los labios sobre el polvo, dar tributo
De respecto a un déspota absoluto,
Y por colmo de penas
Encarecer estas horribles cadenas ?
¿El hispano ? ¡Ah ! No. Mostróse un bravo,
Y vibrando el acero de Padilla,
Lavó del suelo patrio la mancilla ;
Libre se encuentra quien se hallaba esclavo.
El mérito otra vez su erguida frente,
Más que nunca resplandeciente,
Levanta en triunfo, exento ya de agravios,
Y el cetro empuña, y le ven los sabios
Por la envidia alejados de la España,
Y vuelven sin temer su astuta maña.
Vuelven y vuelve Moratín, con ellos
El docto Moratín, que en sus versos bellos
Logró hacer ver al mundo
A cuanto alcanza su saber profundo.
¡Oh, salve, salve, poeta soberano !
Engalanando la virtud hermosa,
A fin de que aparezca más preciosa.
Sigue, sigue… Mas ¡ay ! Mi tosca Lira
Para empresa tan alta
Solo deseos de cantar respira,
Y de elocuencia falta,
Procurando imitar tu ejemplo en tanto
Me enseñará a ensalzarte en mejor canto.
W. A.
Notes de bas de page
1 Gazeta de Madrid, 27 octobre 1809, n° 301, p. 1318.
2 Gazeta de Madrid, 1er janvier 1811, n° 1, p. 3.
3 Cf. René Andioc, « Las reediciones del Auto de fe de Logroño en vida de Moratín », Anales de Literatura Española, n° 3, 1984, p. 11-45.
4 Nous avons émis l’hypothèse que Moratín pourrait être, en autres, l’auteur d’un article sur la tauromachie, « fête nationale » qui était accompagné d’un long poème à la gloire des courses de taureaux (Goya durante la Guerra de la Independencia, Madrid, Cátedra, 2008, p. 118) mais ces textes pourraient aussi bien être de Marchena, comme le suggère Elisabel Larriba dans « Des trompettes de la renommée difficiles à emboucher : information et désinformation par la poésie chez les afrancesados », in Elisabel Larriba et Agustín Coletes Blanco (dir.), La poésie vecteur de l’information en Espagne 1808-1814, Aix-en-Provence, PUP, 2017, p. 53.
5 Cf. Gérard Dufour, Juan Antonio Llorente, el factótum del Rey Intruso, Zaragoza, Prensas de la Universidad de Zaragoza, 2014, p. 154.
6 Suplemento a la Gazeta de Madrid del jueves 22 de agosto de 1811, p. 957.
7 G. de Clermont-Tonnerre, L’expédition d’Espagne, 1808-1810. Préface de Michel Poniatowski; introduction et notes par Christine Desportes, Paris, Perrin, 1983, p. 461.
8 Cf. Gérard Dufour, Juan Antonio Llorente, el factótum del rey Intruso, op. cit., p. 203 sq.
9 La fausse information fut annoncée par ces seuls mots : « Ha muerto Moratín » dans des nouvelles de Madrid rapportées par El Conciso du 27 mai 1813, p. 7 et la Gazeta de Sevilla la reprit, telle quelle, dans son numéro du 1 juin suivant (n° 44, p. 349).
10 Leandro Fernández de Moratín, Epistolario. Edición, introducción y notas de René Andioc, lettre à Sebastián Loche, Barcelone, 18 juin 1814, p. 291-295 et lettre à Juan Antonio Melón, 20 janvier 1815, p. 301-302.
11 « La Despedida », in Leandro Fernández de Moratín, Obras dramáticas y líricas de D. Leandro Fernández de Moratín entre los Arcades Inarco Celenio. En esta nueva edición se han aumentado las variantes de la edición antigua – el célebre AUTO DE FE – el origen y épocas del TEATRO ESPAÑOL, obra tan interesante como poco conocida, y el gran CATÁLOGO DE COMEDIAS escritas por autores nacionales: obra de suma utilidad a cuantos se dedican al estudio de nuestra poesía dramática, Madrid, Oficina del Establecimiento Central, 1840, tomo V, p. 58.
12 Epistolario : lettres à Melón, Paris 21 mars 1818 et à Francisca Muñoz, Paris, 14 mai 1820, p. 395.
13 Cf. Laurent Nagy, « Les premiers échos du pronunciamiento de 1820 dans la presse parisienne », El Argonauta español, n° 15, 2018.
14 En 1814, El Viejo y la niña fut jouée le 17 août (recette : 2 300 réaux) et le 9 décembre (7 600 réaux) ; La Mojigata, les 7 et 8 septembre (2 500 et 5 804 réaux), et les 7 et 8 janvier 1815 (5 000 et 6 000 réaux) ; El Sí de las niñas du 24 au 28 octobre (7634, 5240, 5200, 4460 et 3 500 réaux). La Escuela de los maridos fut représentée les 6 et 7 octobre (3 648 et 2460 réaux) ainsi que le 14 décembre (3 172 réaux), date à laquelle le Diario de Madrid annonça cette pièce comme une œuvre originale de Moratín. En 1815, La Mojigata fut jouée les 7 et 8 janvier (5 000 et 6000 réaux) et le 20 mai (2 105 réaux) ; El Café le fut les 7, 8 et 9 avril (5 686, 4456 et 6 600 réaux) ainsi que le 17 novembre (2 675 réaux) ; La Escuela de los maridos fut à l’affiche les 13 janvier (3 406 réaux), 20 juillet (1 653 réaux) et 3 août (2 807 réaux), de même que El Médico a palos le 21 novembre (6 794 réaux). En 1816, El Café fut joué le 17 janvier (3 521 réaux) ainsi que le 17 août (2 060 réaux) et El médico a palos le 13 octobre (7 661 réaux). En 1817, El Café fut à l’affiche le 5 juin (5 810) et El Médico a palos les 7, 8 et 9 mai (7 108, 6 282 et 3 356 réaux), puis après son départ d’Espagne, les 11, 12 et 13 octobre (6 382, 8 396 et 5 756 réaux).
15 En 1818 : les 5 et 6 janvier (avec attribution de la pièce à Inarco Celenio et des recettes de 4 456 et 8 374 réaux), ainsi que les 17, 18, 19, 21, 22, 25 et 27 novembre (8 431, 8 400, 7 393, 5 676, 9 809 et 3 062 réaux) ; en janvier 1820, les 28, 29 et 30 (7 440, 5 504 et 7 201 réaux).
16 Le Constitutionnel, 21 avril 1820, n° 112, p. 1 : « Le nombre de réfugiés en France, au premier janvier de cette année, était de 1 170, femmes et enfants compris. C’est là tout. Il en était venu environ 6 000 ».
17 Epistolario, p. 410: « En toda mi travesía no he visto amagos de tumultos ni revoluciones, ni mataron suizos en Lyon, ni en Milán se trata de gobierno representativo, ni en Bolonia hay sociedades centrales, ni los carboneros hacen nada ni se degüella a nadie, ni trata ninguno de sacudir la albarda, más o menos pesada, que tiene encima ».
18 Ibid., p. 325 : lettre à Melón, Barcelone, 17 janvier 1817.
19 Ibid., p. 410: « Aquí esperaré, con la sorna que me caracteriza, los progresos de nuestra incipiente libertad; y si ellos fuesen tales que basten a animarse y despertar mi amor patriótico, tal vez en el año de 21 emprendería mi viaje para Barcelona […] Yo no trato de volver a ver la Cibeles, aunque vuelva a España ».
20 Ibid., p. 412 : « Nada me queda con qué poder contar de seguro, sino los dos mil y 8 000 frs. impuestos en Paris, de los cuales deberé cobrar la mitad a fines de septiembre. Con el poco dinero que tengo aquí me basta (aunque no me sobrara gran cosa) para ir a Barcelona; cuando llegue allá, se habrá cobrado lo de Paris, y podré pasar el invierno como Dios me ayude […] pienso llegar a Barcelona a principios de octubre; antes me detendré en Perpiñán y veré si se puede entrar o es menester quedarse afuera ».
21 Diario de Madrid, 30 mai 1820, n° 147, p. 736.
22 Suplemento a La Miscelánea de Comercio, artes y literatura, 2 mai 1820, p. 4 ; El Constitucional o sea crónica científica, literaria y política, 5 juin 1820, n° 393, p. n. n. [4] et le Semanario político y literario de México, n° 4, 1820, p. 78-79, qui reproduit le texte publié dans le Diario de Barcelona.
23 Le Diario Constitucional de Barcelona, 26 juin 1820, n° 106, p. 4, accompagna l’annonce de la représentation de L’Ecole des maris et de L’Ecole des femmes de ce commentaire: « Ambas escritas en verso por Molière: la primera traducida por Moratín tiene pureza en el lenguaje y conserva las gracias del original. La segunda degenera mucho; y hemos observado que faltan algunas expresiones que han hecho muy bien en quitar. El decoro en el teatro es tan necesario como el candor en las doncellas ». Il annonça la représentation de El Sí de las Niñas, avec une symphonie, un bolero et un sainete (sans autre précision) le 7 juillet 1820 (n° 117, p. 4) et le 21 août (n° 162, p. 4) suivant fit savoir à ses lecteurs que: « Sinfonia Galán, bolera de esta ciudad ofrecerá para hoy, día de su entrada particular la siguiente función: dará principio la famosa y nunca bien ponderada comedia en dos actos del célebre Moratín titulada El café; enseguida la Interesada y el Sr. Francisco Ramírez (que tendrá el honor de presentarse por primera vez a este honrado público) bailarán un bolero nuevo ».
24 Epistolario…, op. cit., lettre à Melón, Barcelone, 11 octobre 1820, p. 413.
25 Ibid., p. 415.
26 Diario constitucional de Barcelona du 13 octobre 1820, n° 213, p. 4: « Teatro – Drama en dos actos, El Café; original del ciudadano D. Leandro Fernández de Moratín: se bailará un terceto; y sainete La estatua fingida. A las cinco y media » et du 21 octobre 1820, n° 221, p. 4: « Teatro plaza de los gigantes. Comedia en tres actos del ciudadano D.L.F. [sic] de Moratín, titulada El sí de las niñas; el fandango de Cádiz, sainete la novia de Gandul. A las seis ».
27 L’expression fut utilisée dans le n° 48 de ce périodique (janvier 1822) en rapportant que 10 000 exemplaires du Dictionnaires des rimes avaient été vendus comme cadeaux pour la nouvelle année.
28 Diario Constitucional de Barcelona, 13 octobre 1820, n° 213, p. 4 : « A la llegada de Inarco Celonio. Anacreóntica ».
29 N° 29, p. 4.
« A INARCO CELENIO
Blanco infeliz de su rabia interna
Te arrojó de tu patria la ignorancia,
Que tiempos hubo en que este pago fuera
El que al estudio prodigó la España.
Un suelo más benigno te dio asilo
Mientras que las miserias y desgracias
Indígenas del suelo en que naciste,
Con insania feroz, le destrozaban ».
30 Voir infra, appendice.
31 Diario de Barcelona, 24 octobre 1820, p. 3377; voir infra, appendice.
32 Diario de Barcelona, 16 février 1821, p. 421-422; voir infra, appendice.
33 Diario constitucional de Barcelona, janvier-août 1821.
34 Epistolario, p. 415: lettre à Francisca Muñoz, Barcelone, 25 octobre 1820: « Quiero vivir libre y lejos de Corte y de gobierno y empleados. Nunca iré a Madrid a sufrir las humillaciones que Conde sufrió ».
35 El Barón fut joué du 13 au 18 avril (3 589, 1 174, 1 508, 2 017 réaux), les 7 et 8 mai (1 906 et 2 197 réaux), 22 septembre (2 381 réaux) et 2 octobre (2 413 réaux) ; La Mojigata, les 24, 25 et 26 avril (2 505, 1 915 et 1 105 réaux) ainsi que 22 septembre (2 381 réaux) ; El Sí de las Niñas du 1 au 6 mai (4 287, 5 399, 3 680, 4 808, 3 771, et 2 149 réaux), les 30 et 31 mai (9 839 et 3 381 réaux) ainsi que les 15 et 16 novembre (6 425 et 4 383 réaux) ; El Café du 15 au 17 août (6 576, 2 904 et 3 383 réaux) les 3, 4, 9 et 10 novembre (2 474, 7 199, 14 420, 8 016 réaux).
36 Les recettes de El médico a palos furent de 4 833 et 4 454 réaux. Le Diario de Madrid cessa de donner les recettes des représentations à partir de la reprise de la saison théâtrale, le 22 avril 1821.
37 Epistolario, p. 422: lettre à Melón, Barcelone, 6 janvier 1821: « Pero con tus sociedades, y tu ministerio, y tu exaltado liberalismo gaditano, y tu distribución de empleos, tus jubilaciones e interinidades y hablar y no hacer, y decretar y no ejecutar, y destruir y no responder, es imposible de toda imposibilidad que el carro no se atasque ».
38 Ibid., p. 423 : lettre à Melón, Barcelone, 10 janvier 1821.
39 Ibid., p. 432 : lettre à Melón, Barcelone, 13 mars 1821 : « Esperamos con ansia a ver si las cortes componen lo mucho que hay que componer ».
40 Ibid., p. 436 : lettre à Melon, Barcelone, 6 avril 1821.
41 Ibid., p. 437 : lettre à Melón, Barcelone, 21 avril 1821: « Aquí tenemos al general Pepe (mal sujeto) contando su trágica historia a cuantos la quieren oír ».
42 Ibid., p. 439 : lettre à Melón, Barcelone, 8 mai 1821: « Y yo, aunque indigno, disfruté como pude de la función patriótica ».
43 Ibid., p. 444 : lettre à Melón, Barcelone, 11 juin 1821.
44 Ibid., p. 447 : « Si quieren hacer mención de este libro los editores del Censor, de El Universal, y de la Miscelánea, háganla en los términos que les parezca, añadiendo que se vende en la librería de Castillo, pero no debe ser hasta que tú les avises que ya es ocasión ».
45 Miscelánea de Comercio, política y literatura, n° 563, p. 4.
46 Epistolario, p. 445: lettre à Melón, Barcelone, 11 juillet 1821: « La lectura del Universal me atemoriza, y no lo toco. Con uno de los diarios de Barcelona tengo lo suficiente para aquietar mi curiosidad. Yo no sé si en tales papelones se aprende política; solo sé que la política es ciencia que yo no estudiaré jamás, porque no hago animo de disertar acerca de ella, ni de gobernar hombres. Más quisiera ser pastor de una manada de lobos que jefe de una docena de ciudadanos ».
47 Ibid., p. 445.
48 Ibid., p. 439, lettre à Melón, Barcelone, 8 mai 1821.
49 Ibid., p. 449, lettre à Melón, Barcelone, 8 mai 1821.
50 Ibid., p. 452 : lettre à Melón, 21 août 1821 : « Si esto solo fuese [l’épidémie], todavía nos detendríamos ; pero los serviles por un lado, y los exaltados por otro hallan ahora excelente ocasión para sus planes de trastorno y revoltiña, valiéndose de la ignorancia y codicia del populacho. Ya una noche de estas pasadas se hizo un ensayo en la Barceloneta y no será bueno verlo repetir ».
51 Diario constitucional de Barcelona, 1er-31 octobre 1821, « Estadística » publiée en dernière page du journal chaque jour jusqu’au 24 novembre.
52 Ibid., p. 454 : lettre à Melón, Gênes, 30 août 1821: « Bien me parece eso del trágala y la intervención de la Fontana y la deposición del General, y los utensilios que llevaban para persuadirle. En repitiéndose eso mismo en las provincias, hemos concluido ».
53 Ibid., p. 455 : lettre à Melón, Gènes, 6 septembre 1821: « Pero al mismo tiempo te digo que si durante mi viaje por Francia llegan a mi noticia nuevos progresos del pueblo heroico y de los patriotas puros y de los republicanos (como los que ya bullen por Aragón) es decir, si la anarquía va prosperando, en tal caso puede ser que me quede por allí, y reduciéndome a la miseria de mis rentas, dé un eterno adiós a la dulce patria ».
54 Ibid., p. 457 : lettre à Manuel Silvela, Bordeaux, 28 septembre 1821 : « Mi carácter es la moderación ; no hallo razón ni justicia en los extremos ».
55 Ibid., p. 470 : lettre à Melón, Bordeaux, décembre 1821: « Parece que en mi lugar la gente honrada come y brinda y duerme al son de las representaciones y de los trágalas; y aquí se cree que esta indiferencia, unida a la debilidad del gobierno, hará que los pocos atropellen a los muchos, y les hagan despertar a martillazos y navajadas. Se acerca el reinado de los terroristas y no tiene remedio. Quisieron partidos; ahí los tienen. Lo que es muy gracioso, es oír discurrir a los serviles, creyendo de buena fe que luego que los purísimos despanzurren a los puros, todo se restablecerá, y por consiguiente, irán en posta a besar la mano, sacudir el uniforme y cobrar los atrasos. Y no adivinan los malditos que el primero que peligra es el amo, y que ni ellos, ni S. Pedro Armengol, podrán defenderle de los encontrones patrióticos. Créete que no todos los locos están en las jaulas ».
56 D’après le Diario de Madrid, de la fin août 1821 au 31 décembre 1822, furent représentés à Madrid : El Barón, les 26 et 27 août 1821 ; et les 18 avril et 30 septembre 1822 ; La Mojigata, les 23 janvier, 14 avril et 16 décembre 1822 ; El viejo y la niña, les 29 janvier, 30 avril et 24 octobre 1822 ; El Café, du 9 au 12 janvier et le 23 avril 1822 ; El sí de las Niñas, du 21 au 23 décembre 1821, les 24 et 25 juin 1822 ainsi que El Médico a palos les 18 et 23 novembre et 2 décembre 1821, 7 janvier, 19 février, 25 avril, 12 mai, 11, 20 octobre et 1 décembre 1822. En 1823, les seules pièces de Moratín à être jouées furent El Café (le 12 janvier) et La Mojigata (le 23 avril et 4 juin).
57 D’après le Diario constitucional de Barcelona, furent représentées dans la capitale catalane entre le mois d’août 1821 et le mois de septembre 1823 les pièces suivantes de Moratín : El Viejo y la Niña, les 23 avril et 10 août 1822 ; El Barón, le 31 mai 1822 et le 29 avril 1823 ; la Mojigata, le 14 août 1822 et 29 avril 1823 ; El Café les 1er avril et 28 juillet 1823 ; le Sí de las Niñas, les 16 et 17 juin 1823, et sa traduction du Médecin malgré lui, El Médico a palos, les 11 septembre et 25 décembre 1822 ; 2 juin et 8 décembre 1822 ainsi que les 12 mars, 24 et 29 juin 1823.
58 Diario de la capital, n° 9, p. 4: « El Barón. Comedia en dos actos. Su Autor Inarco Celenio P. A., Valencia, por Ignacio Mompié, 1822. Se hallará en su misma librería, calle nueva de San Fernando, números 63 y 64, junto al mercado; asimismo un gran surtido de comedias, sainetes y piezas en un acto ».
59 Gazeta de Madrid, 2 janvier 1822, n° 2, p. 10.
60 Epistolario…, op. cit., p. 482.
61 Revue Encyclopédique, tome 13, janvier 1822, p. 232 : « Académie des Belles Lettres. Le roi vient de nommer membres de l’Académie des Belles Lettres plusieurs personnes du parti des afrancesados parmi lesquels on distingue M. Narganès, ex professeur au collège de Sorèze et actuellement directeur de l’Universal ; M. Moratin, auteur de plusieurs comédies très estimées et premier bibliothécaire du roi Joseph ; M. Fernandez, chimiste et membre de la junte du commerce et des monnaies ».
62 Epistolario, p. 470 : lettre à Melón, Bordeaux, décembre 1821 : « En el cordón del Pirineo esta empleada la tercera parte del ejército; todos dicen que para la peste es demasiada guarnición ».
63 Ibid., p. 513 : lettre à Luisa Gómez Carabaño, Bordeaux, 16 juillet 1821 : « Me parece que se va empezando el quinto acto de la tragedia ; y si las animas no lo componen, acabara como acaban todas ; dicen que los liberales están contentos, y en verdad que no sé de qué pueden estarlo; más razón tienen para ello los exaltados rabiosos, porque, con el peligro y trabajo de los demás están ya en el caso de desenfrenarse más que nunca y dar otro empujón, a ver si logran echar al suelo esa mal cimentada máquina, robar por el momento lo que se pueda, para perecer los unos y los otros en las ruinas ».
64 Ibid.
65 Ibid., p. 531 : lettre à Manuel García de la Prada, Bordeaux, 28 novembre 1822 : « Nadie sabe si habrá paz o guerra, y en la duda que agita los ánimos, parece que lo último es por ahora lo más probable; yo nada entiendo de esto, ni me comunica nadie los secretos de los gabinetes ».
66 Ibid., p. 525 : lettre à Francisca Muñoz, Bordeaux, 8 novembre 1822 : « Vivo tranquilo, independiente, y lejos de agitaciones, locuras y peligros que en otra parte harían mi existencia infeliz ».
67 Ibid., p. 527 : lettre à Manuel García de la Prada, Bordeaux, 13 novembre 1822 : « Por los diarios sabrá Vm. los rumores de guerra que andan por aquí tan acreditados que han hecho bajar los fondos desde 93 a 86. Yo nada entiendo de política y mucho menos de adivinanzas, por lo cual me remito a lo que digan los papeles públicos, que ellos lo saben, y lo que ellos anuncien eso será y Dios sobre todo. Ya están los fondos a 85 ».
68 Ibid., p. 545 : lettre à Melón, 14 février 1823 : « En el mes de abril tendrás tres divisiones de a 30 000 hombres, una por Cataluña, otra por Aragón, y otra por Guipúzcoa ».
69 Ibid., p. 545 : lettre à Melón, Bordeaux, 14 février 1823 : « Si mi conducta inculpable es bastante a asegurar aquí mi tranquilidad, aquí me estaré. Si me urgan, me inquietan, me zarandean y quieren confinarme o internarme, tanto me internaré que habré de escribirte desde Bolonia o Florencia ».
70 Ibid., p. 550 : « Muchas novedades ocurrirán por ahí si la corte y las cortes van ya de camino. Eso se llama en lenguaje militar mejorar de posición. Con esa excursioncilla y los 200 000 mil hombres que tendréis formados en batalla a mediados de abril, no se necesita otra cosa. A mí me parece que todo va bien ».
71 Epistolario, p. 579 : lettre à Melón, Bordeaux, 14 décembre 1823 : « Yo no representaré nunca mis servicios al Soberano, como el Pobrecito, porque en realidad, nunca le he hecho otro servicio sino el desearle acierto en sus providencias. Le había pedido justicia (que es lo único que se puede pedir sin rubor), pero acabo de saber que no se me pagara lo que se me debe en Oviedo ».
72 Jesús Pérez Magallón, « Leandro Fernández de Moratín, la corona cómica y la corona lírica », in Elena de Lorenzo Álvarez (dir.), Ser autor en la España del siglo xviii, Gijón, Ediciones Trea, 2017, p. 399-427.
73 Elisabel Larriba, « Jean-Baptiste Esménard, un francés afrancesado », in Armando Alberola, Elisabel Larriba, Las élites y la « Revolución española » (1808-1814), Alicante, Publicaciones de la Universidad de Alicante, 2010, p. 207-226.
74 Revue Encyclopédique, II, p. 487-491 : « Analyse de El si de las Niñas – Le Oui des jeunes filles, comédie, par D. L. Fernandez de Moratin ».
75 Chefs-d’œuvre du théâtre espagnol. Moratin. Chefs-d’œuvre des théâtres étrangers, allemand, anglais, chinois, danois, espagnol, hollandais, indien, italien, polonais, portugais, russe, suédois ; traduits en français par Messieurs Aignan, Andrieux membres de l’Académie française, le baron de Barante, Berr, Bertrand, Campenon, membre de l’Académie française , Benjamin Constant, Esménard, Lebrun, Mennéchet, lecteur du Roi, Merville, Charles Nodier, Pichot, Abel Rémusat, membre de l’Institut, Ch. de Rémusat, le comte de Sainte-Aulaire, le comte A. de Saint-Priest, Jules Saladin, le baron de Staël, Trognon, Villemain, membre de l’Académie française, Vincens-Saint Laurent, Paris, Ladvocat, 1822.
76 Epistolario : lettres à Melón du 6 octobre 1822, p. 520 et à Auguste Bobée, mai 1825, p. 621.
77 Annales de la littérature, Tome XI (1823), 139e livraison juin, p. 405.
78 16 septembre 1822, p. 3.
79 Le Constitutionnel. Journal du Commerce, politique et littéraire, 28 octobre 1822, p. 3.
80 Le Diable boiteux, 3 janvier 1824, p. 4.
81 Bibliographie de la France ou Journal de la librairie, 16 septembre 1822, p. 177.
82 Le Constitutionnel, 16 décembre 1822, p. 1-2.
83 Cf. Gérard Dufour, Juan Antonio Llorente en France. Contribution à l’étude du libéralisme chrétien en France et en Espagne au début du xixe siècle, Genève, Droz, 1982, p. 335 sq.
84 Le Miroir, 9 avril 1822, n° 440, p. 4.
Auteur
Aix Marseille Université, CNRS, TELEMMe, Aix-en-Provence, France
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