Y a-t-il des événements en histoire culturelle ? Les crises de l’université de Paris au XIIIe siècle
p. 313-324
Texte intégral
1Sans vouloir encombrer cette communication de préliminaires théoriques ou de considérations a priori sur l’intérêt ou les limites d’une histoire « événementielle », il est cependant nécessaire de rappeler d’entrée de jeu que l’histoire culturelle dont il sera question ici est avant tout une histoire de la culture savante, i.-e. écrite et même latine, saisie à la fois à travers un certain nombre de savoirs, élaborés, en l’occurrence, au sein de l’université de Paris, spécialement dans ses écoles d’arts libéraux et de théologie, et par le biais des pratiques sociales ayant permis la conception, la conservation et la diffusion de ces savoirs ainsi que leur mise en œuvre pratique, notamment dans les champs religieux et politique.
2Quant à la notion d’événement, à défaut d’une enquête lexicale qui montrerait sans doute surtout la relative rareté des termes s’y rapportant avec précision dans la langue, vernaculaire ou latine, du temps1, on se contentera de retenir des définitions des dictionnaires modernes2 quelques connotations propres à éclairer l’approche historique : l’événement se distingue en particulier de la « mutation », chère aux historiens, par son caractère aléatoire et imprévisible et par sa relative brutalité, qui permet normalement de le dater et de le localiser ; de plus, l’événement implique généralement la présence, active ou passive, d’un ou plusieurs acteurs, théoriquement identifiables.
3Ceci dit, la notion d’événement est en soi relativement neutre et demande donc généralement à être spécifiée : l’événement peut être heureux ou malheureux, voulu ou subi, important ou secondaire, etc. ; c’est dire que l’événement est en fait « construit » et que sa représentation peut varier dans le temps – des événements jugés a posteriori importants peuvent passer presque inaperçus dans l’immédiat et inversement – et selon la situation des individus ou des groupes qui en ont été les acteurs ou les témoins. S’agissant du Moyen Âge, ces distorsions dans l’appréciation des événements risquent évidemment d’être accentuées par le caractère aléatoire, dispersé et incomplet des sources.
4Dans ces conditions, que peut-on entendre par « événement » en histoire culturelle ? L’événement peut se situer dans la sphère proprement intellectuelle : ce sera la publication d’une œuvre majeure (le Discours de la méthode en 1637)3, la condamnation d’un livre, d’une doctrine ou d’un auteur (Galilée en 1633), une violente polémique scientifique, philosophique ou littéraire (la « bataille d’Hernani » en 1830) ; mais il peut aussi avoir une dimension plus ouvertement institutionnelle (la fondation de l’université de Berlin en 1810) ou politique (mai 68), etc. Ces quelques exemples – volontairement pris en dehors de l’époque médiévale – ne constituent en rien une typologie, mais ils peuvent nous aider à orienter notre questionnement appliqué à l’université de Paris au XIIIe siècle.
5Sans refaire ici cette histoire de l’université de Paris au XIIIe siècle que l’on supposera donc connue dans ses grandes lignes du lecteur4, il faut cependant rappeler pour notre propos que celle-ci repose pour l’essentiel sur trois grands types de sources :
- D’abord une documentation de nature diplomatique, combinant actes pontificaux et royaux et documents émanés de l’université elle-même, conservés en originaux ou ultérieurement recopiés dans des registres ; cette documentation a été presque entièrement publiée, en particulier dans le célèbre Chartularium Universitatis Parisiensis5.
- Ensuite, les écrits, publiés ou inédits, des maîtres parisiens eux-mêmes.
- Enfin, plus dispersées, les attestations documentaires extérieures à l’université, en particulier celles des chroniques, françaises ou étrangères.
6Cette documentation est au total, surtout dans son aspect diplomatique, relativement peu abondante6. Elle est aussi souvent fâcheusement anonyme et mal datée, qu’il s’agisse des œuvres magistrales issues de l’enseignement ou des mentions des chartes et des chroniques, assez avares en noms propres7, ce qui est évidemment peu favorable à une histoire « événementielle ».
7Rappelons enfin, pour terminer cette introduction, que l’histoire de l’université de Paris au cours du premier siècle de son existence, telle qu’elle s’écrit depuis le XVIIe siècle8, s’articule classiquement autour de cinq « événements » majeurs :
- En juillet 1200, consécutif à une grave bagarre entre écoliers et sergents du roi, l’octroi par Philippe Auguste de son grand privilège en faveur des scolares Parisienses9.
- En août 1215, l’octroi, par le légat pontifical Robert de Courson, des premiers statuts (conservés) de l’université10.
- De 1229 à 1231, à nouveau à la suite de heurts sanglants entre étudiants et sergents, la grande dispersion de l’université aboutissant le 13 avril 1231, en même temps qu’au retour général des maîtres et écoliers à Paris, à la promulgation par le pape Grégoire IX de la fameuse bulle Parens scientiarum qui confirmait et renforçait de manière générale les statuts et privilèges du studium generale parisien11.
- Dans la décennie 1251-60 et spécialement entre 1253 et 1257, la grande querelle entre séculiers et Mendiants12.
- Enfin, le 7 mars 1277, la célèbre condamnation par l’évêque de Paris Étienne Tempier des 219 thèses « averroïstes » imputées à certains maîtres ès-arts13.
8Naturellement, en dehors de ces épisodes majeurs, les sources, tant diplomatiques que littéraires, mentionnent, de manière plus ou moins précise, de multiples affaires apparemment mineures ou n’ayant en tout cas laissé que des traces rapides dans la documentation : conflits entre nations, élections discutées, conflits entre le chancelier de Notre-Dame et les facultés, spécialement pour la collation de la licence, rixes et bagarres avec la population parisienne, rivalités entre facultés, accrochages réitérés avec les Mendiants, condamnations doctrinales mineures, etc. ; nous en citerons ci-dessous quelques exemples, il serait trop long de vouloir en dresser ici la liste complète.
La vision des contemporains
9Aucun des événements dont nous venons de rappeler sommairement l’existence n’a totalement échappé aux contemporains – sinon aucune source n’en aurait conservé la trace –, mais il faut reconnaître que certains n’ont été enregistrés qu’a posteriori, voire presque fortuitement. C’est en particulier le cas des innovations pédagogiques à nos yeux majeures que fut la réception dans l’enseignement des Sentences de Pierre Lombard, des livres naturels d’Aristote ou des commentaires d’Averroës ; les statuts qui les mentionnent pour la première fois semblent bien se référer à un usage admis depuis plusieurs années déjà14 ; s’était-il agi d’initiatives d’abord isolées ou d’une décision collective ? On l’ignore. De même, l’émergence des principaux rouages institutionnels de l’université – les nations, le recteur, les facultés, les doyens, etc. – n’est jamais mentionnée comme une création précise, à une date donnée ; c’est toujours après coup et de manière incidente15 : ce qui nous apparaît comme des avancées décisives sur le plan de l’autonomie universitaire ne semble donc pas avoir été perçu par les premiers intéressés comme relevant de l’« événement » ou, en tout cas, comme méritant d’être immédiatement enregistré et sanctionné par un acte documentaire (dans le milieu pourtant le moins suspect de méconnaître l’importance de l’attestation écrite).
10À l’inverse, certains événements à nos yeux mineurs et routiniers, qui ne nous paraissent pas avoir affecté l’évolution à long terme de l’institution universitaire, tels que grèves, sécessions partielles, élections discutées, irrégularités dans l’octroi ou le refus de la licence à certains candidats, etc., ont beaucoup préoccupé les universitaires parisiens et perturbé la vie de l’université. Nous comprendrions sans doute mieux pourquoi si nous connaissions les acteurs de ces épisodes, leur personnalité et les intérêts individuels qu’ils pouvaient avoir dans ces affaires. À défaut devons-nous au moins faire l’effort d’essayer d’en imaginer les enjeux intellectuels et institutionnels et, rejetant les facilités de la téléologie, de nous demander si l’université dans son ensemble n’en aurait pas ressenti durablement les effets si ces multiples débats et conflits avaient tourné autrement.
11Ne prenons qu’un exemple, celui des longs conflits qui opposèrent en 1283-84 puis, à nouveau, 1288-90 le chancelier de Notre-Dame et la faculté des arts16. Une documentation abondante témoigne du retentissement de ces affaires. Par-delà les questions de personnes que nous saisissons mal, ce qui était en jeu ici, dans le prolongement du malaise créé à la faculté des arts par les condamnations anti-averroïstes de 1277, était le débat sur la collation de la licence ès-arts, où s’opposaient la volonté des chanceliers de recouvrer la pleine maîtrise de cette collation, telle qu’ils l’avaient eue jusqu’au début du siècle, et celle des artiens d’imposer la totale souveraineté des jurys d’examen, garantie indispensable à leurs yeux de la libertas scolastica et de l’autonomie universitaire. L’affaire qui rebondit à deux reprises, fit du bruit : procès, appels à Rome, mémoires et pamphlets, provocations du chancelier et de ses partisans auxquelles les artiens répliquèrent par le boycott des examens « d’en-bas »17, des promotions entières menacées de voir leurs diplômes annulés, invectives diverses, etc. Au total, sans doute, beaucoup de bruit pour rien, puisque la tourmente s’apaisa et qu’on en revint pratiquement au statu quo, i.-e. aux procédures instituées dès les années 1210-1230. Mais il faut bien se dire que ceci n’était pas joué d’avance et que les choses auraient pu tourner autrement. Une victoire complète du chancelier aurait représenté, sinon la fin de l’autonomie universitaire, du moins un sérieux retour en arrière et, parachevant l’effet de la condamnation de 1277, la mise sous tutelle durable de l’enseignement philosophique parisien. A contrario, un succès complet des artiens aurait pu aboutir à l’exclusion à peu près complète du chancelier de Notre-Dame au profit de celui de Sainte-Geneviève, infiniment plus docile vis-à-vis des maîtres ès-arts, en d’autres termes à l’instauration d’un système de type « oxfordien » où l’université échappait presque totalement aux ingérences ecclésiastiques locales.
12C’est sans doute pour ne pas en avoir mesuré les enjeux réels que les historiens ont longtemps négligé ces conflits entre le chancelier et l’université de la fin du XIIIe siècle, pourtant bien documentés. Le danger inverse existe d’ailleurs aussi et c’est sans doute l’abondance des sources qui a poussé certains à surévaluer et sur interpréter certaines affaires comme les grèves des années 1210-1222 ou la « scission des Normands » de 1272-75, ramenée à ses justes proportions, celle d’une banale querelle électorale et non d’un affrontement doctrinal majeur, par la belle étude du Père R.-A. Gauthier18.
13Ces hésitations sur l’interprétation des « événements » sont d’autant plus légitimes que, selon les sources consultées, les contemporains eux-mêmes paraissent en avoir eu des appréciations divergentes.
14Prenons la querelle des séculiers et des réguliers des années 1250. Nul ne doute que l’affaire ait été sérieuse et les enjeux de première importance, puisqu’il s’agissait tout à la fois de la structure institutionnelle et des privilèges de l’université, du contenu des enseignements théologiques et enfin des rapports de l’université avec le pape et le roi de France19 ; les documents émanés des maîtres séculiers donnent évidemment de la crise une vision très différente de celle des Mendiants et de la papauté20, mais les uns et les autres concordent à peu près sur la séquence même des événements et sur la gravité d’une affaire qui aurait pu entraîner l’éclatement de l’université ou la faillite de l’orientation intellectuelle et pastorale des nouveaux ordres religieux. Il n’est pas inutile, pour sortir de cette vision dramatique mais quelque peu en vase clos, d’interroger des textes non directement universitaires, qu’il s’agisse d’œuvres littéraires ou de chroniques21. Car on constate que la crise universitaire a trouvé un assez large écho dans ces sources extérieures. Leur information est évidemment inégale, souvent incomplète ou partiale, mais, au total, nombreuses sont celles qui y consacrent au moins quelques paragraphes, savent en nommer le principal protagoniste – Guillaume de Saint-Amour – et son œuvre majeure (le De periculis novissimorum temporum)22, mettent en exergue le rôle essentiel des Dominicains et l’appui sans faille que leur apporta le pape Alexandre IV.
15On pourrait faire à peu près les mêmes observations concernant la crise et la dispersion de 1229-1231, dont les origines sont longuement racontées par Mathieu Paris23 et que d’autres chroniques mentionnent au moins brièvement, de manière plus ou moins exacte24.
16La moisson est beaucoup plus mince pour d’autres épisodes : l’affaire de 1200 n’apparaît, tout au moins dans le petit corpus dépouillé pour la présente communication, que chez Roger de Hoveden25 ; la condamnation de 1277 n’est signalée, à ma connaissance, par presque aucun chroniqueur26. En revanche, il faut cependant noter que des événements à nos yeux plus mineurs sont mentionnés ici ou là, comme en 1210 la condamnation des Amauriciens27 (qui, il est vrai, n’étaient pas tous des universitaires)28 voire, en 1281-82, une querelle entre les nations picarde et anglaise dont les archives mêmes de l’université n’ont pas gardé la trace29.
17Au total, les chroniques, toujours plus ou moins postérieures à l’événement, ne donnent en général des crises de l’université au XIIIe siècle qu’un écho rapide et souvent affaibli, voire inexact. Curieusement, ce sont des chroniqueurs étrangers au royaume de France (Roger de Hoveden, Mathieu Paris, Aubry de Trois-Fontaines) qui semblent souvent à la fois les mieux informés et les plus objectifs mais, de toute façon, tous sont surtout attentifs aux effets « externes » des crises de l’université (mise en cause de l’ordre public, intervention du pouvoir royal ou pontifical) ; par suite, les crises purement « internes » à l’université, de nature intellectuelle ou institutionnelle, comme celle de 1277, sont ignorées ou négligées, soit que leur retentissement n’ait pas dépassé le cadre étroit de l’université, soit que les auteurs de chroniques n’aient pas jugé qu’il y ait eu là matière à intéresser leurs lecteurs habituels. De toute façon, cette discrétion doit nous inciter à relativiser le prestige exceptionnel dont l’université de Paris aurait selon certains – à commencer par ses propres maîtres – joui dans l’Occident du XIIIe siècle.
Les caractéristiques de l’événement
18Qu’ils nous soient rapportés par des sources universitaires ou « extérieures » à l’université, les événements dont nous venons de parler, sont généralement connotés de manière négative.
19Tout d’abord, dans les textes universitaires ou pontificaux mais aussi dans les chroniques, l’événement est très souvent décrit sous les espèces du désordre, du scandale, de la remise en cause brutale et inattendue d’un ordre établi ancien (et supposé satisfaisant) ; la richesse du vocabulaire est ici frappante : discordia, guerra pessima ac crudelis, dissensio, discidium, contentio, turbatio, tribulatio, molestiae, angustiae, scandalum, injuriae, immane flagitium, horror, quaestio, controversia, quaerimoniae, etc.30
20L’événement s’inscrit donc, aux yeux des universitaires qui le subissent comme des contemporains qui en sont les témoins, au registre par nature détestable de la profana novitas31, souvent mal identifiée, connue simplement par ouïe-dire32, toute récente et qui s’oppose par là même à la stabilité de l’ordre établi dont l’antiquité est, pour les besoins de la cause, volontiers surestimée. Pour mieux en conjurer les dangers, l’événement se voit même parfois dénié toute réalité, il n’est encore que simple menace33, péril imminent mais suffisamment grave pour déclencher en retour une action dont le but sera évidemment le rétablissement du status pristinus, le retour à la paix et à la tranquillité34.
21Il faut quand même noter que cette vision attendue et pessimiste de l’événement, quoique la plus répandue, n’est pas la seule à s’exprimer dans la documentation universitaire. Il y a des cas où l’événement malheureux dénoncé par les textes est perçu non comme une dangereuse novitas mais, au contraire, comme une volonté de retour en arrière, de négation des évolutions nécessaires. Par exemple, lors de la querelle déjà citée de 1283-84 entre le chancelier de Notre-Dame et la faculté des arts, le porte-parole de celle-ci, Jean de Malines, présenta les nouvelles procédures d’examen imposées par le chancelier comme un désir de revenir à une situation ancienne en s’appuyant sur de vieux maîtres (« qui ont oublié les anciennes doctrines et ignorent les nouvelles »)35 pour menacer la « liberté » récente de l’université et bloquer l’évolution des savoirs et les progrès de l’enseignement36.
22Une autre ambiguïté intéressante dans la perception de l’événement réside dans la manière dont est exprimé le rôle des individus. La documentation conservée est, nous l’avons dit, assez pauvre en noms propres. On a le plus souvent affaire à des entités collectives (les maîtres, les écoliers, les artiens, les frères, etc.) et seuls les acteurs extérieurs sont précisément désignés, plus d’ailleurs par leur fonction (le pape, le roi) que par leur nom même. Pourquoi cet « anonymat » un peu surprenant des sources ? Faut-il y lire la force du sentiment communautaire des milieux universitaires et religieux du XIIIe siècle, par opposition à l’« individualisme » des magistri du XIIe ? Et, conjointement, la volonté de présenter les crises de l’université non comme des querelles de personnes, mais comme l’affrontement quasi abstrait de forces antithétiques, ordre et désordre, tradition et nouveauté37 ?
23C’est probable, mais on relèvera cependant que d’autres sources, en particulier les chroniques, cèdent au contraire à la tentation de personnaliser à l’extrême certains événements, en désignant un bouc émissaire responsable de tous les effets maléfiques de la novitas incongrue. Guillaume de Saint-Amour dans les années 125038, Siger de Brabant en 1275-7739 se sont ainsi vus investir d’un rôle décisif qui excédait vraisemblablement leur responsabilité réelle dans des mouvements qui les dépassaient largement et dont ils ont sans doute été plus les porte-parole que les initiateurs et les chefs véritables. Cette personnalisation des crises et cette diabolisation des supposés « meneurs » ont cependant été assez efficaces pour abuser quelque peu certains historiens modernes40. A contrario, l’absence d’acteurs clairement identifiés contribue peut-être à expliquer la discrétion des sources narratives sur les crises de 1200 et 1229. L’impossibilité d’identifier et de livrer nommément des responsables à l’indignation de leurs lecteurs explique peut-être le manque d’intérêt de certains chroniqueurs pour des événements obscurcis et dévalorisés par l’anonymat de leurs acteurs.
Le retentissement de l’événement
24Établir, même a posteriori, la portée d’un événement est une tâche délicate. Même pour l’historien qui dispose d’un large recul chronologique, l’entreprise n’est pas forcément aisée. Par exemple, dans le cas de l’histoire de l’université de Paris au XIIIe siècle qui nous intéresse ici, si tout le monde est d’accord pour considérer la condamnation doctrinale de mars 1277 comme un événement marquant, les interprétations divergent aussi bien sur la signification de cette condamnation (coup d’arrêt au développement autonome de la philosophie ou ébranlement du carcan aristotélicien ?) que sur ses effets concrets à la faculté des arts (que sont devenus les maîtres « averroïstes » ? le malaise et l’autocensure nés de la condamnation ont-ils duré plus que quelques années ?)41.
25De toute façon, de telles lectures des événements, nécessairement téléologiques, ne sauraient satisfaire entièrement l’historien attaché non seulement à la généalogie des idées et des doctrines, mais aussi à la dimension humaine, vécue et concrète, des phénomènes historiques. Pour lui, il est donc nécessaire, comme nous l’avons déjà indiqué, d’essayer non seulement de reconstituer de manière aussi précise que possible l’enchaînement des faits, mais d’imaginer les enjeux effectifs des débats et des conflits et les alternatives envisageables et de mesurer le caractère aléatoire et imprévisible aussi bien des péripéties que de l’issue des épisodes vécus de l’histoire quotidienne, en l’occurrence de l’institution universitaire.
26Il ne s’agit certes pas, tombant dans l’excès inverse, celui de l’insignifiance, de mettre sur le même plan tous les événements dont la documentation a gardé la trace, en renonçant à s’interroger sur leur portée à moyen et long terme, mais il n’est pas mauvais, dans cette perspective, de s’intéresser à la perception que les contemporains eux-mêmes ont eue de cette portée des événements. À dire vrai, cette enquête devrait idéalement s’étendre du temps des événements en cause eux-mêmes jusqu’à nos jours, attentive à la fois aux conséquences concrètes – institutionnelles, juridiques, intellectuelles, etc. – et aux métamorphoses de la mémoire alimentant une historiographie elle-même en constant devenir42.
27Dans le cadre limité de la présente communication, il ne saurait être question de mener la recherche à une telle échelle. Nous nous limiterons donc à quelques exemples où nous ne suivrons que la perception instantanée ou proche des événements, celle des contemporains eux-mêmes et de leurs successeurs immédiats, autrement dit sans franchir les bornes du XIIIe siècle.
28Disons tout de suite que cette perception immédiate ou proche des événements, saisie à travers la documentation conservée, est souvent décevante, car sommaire, partisane, moralisante43. Beaucoup restait, à l’évidence, dans le domaine du non-dit et, de quelque point de vue qu’on se plaçât, la tendance naturelle, au moins de la documentation officielle, était d’occulter ou au mieux de minimiser les événements dont les conséquences étaient désormais entrées dans l’ordre des faits qu’on ne souhaitait plus remettre en cause.
29Rares furent donc les efforts pour réfléchir « à chaud » sur la signification des crises de l’université44 et, au total, il n’est pas surprenant que, comme nous l’avons déjà noté, ce soient les auteurs les plus extérieurs à l’institution universitaire, par exemple les chroniqueurs étrangers, qui aient été les plus à l’aise pour parler des crises de celle-ci.
30Quand elle n’occulte pas le souvenir des événements, la documentation « officielle », quant à elle, l’instrumentalise volontiers pour mieux le faire servir à une manipulation de la mémoire de l’institution qui aidât à légitimer les orientations ou tentatives d’orientation nouvelles de celle-ci.
31N’en donnons que deux exemples. Le 14 avril 1255, par la bulle Quasi lignum vitae, le pape Alexandre IV mit brutalement fin aux tentatives des séculiers d’exclure les Mendiants de l’université45. Dans les lettres que les années suivantes et jusqu’à la fin de son pontificat, il ne cessa d’adresser à l’université de Paris, ce même pape se référera volontiers à cette bulle Quasi lignum vitae, mais présentée désormais non plus seulement comme une mesure d’interdiction et de censure, mais mise sur le même plan que Parens scientiarum de Grégoire IX, autrement dit comme une véritable charte de (re)fondation de l’université, sorte de second pilier de l’édifice institutionnel universitaire ; d’un geste d’ingérence brutale dans les affaires intérieures de l’université, le pape tentait de faire comme l’acte de naissance d’une université nouvelle, fondée sur la cohabitation harmonieuse des séculiers et des réguliers et devant tout à la faveur du pontife46.
32Peut-être en réaction à cette pression croissante du pouvoir papal, les universitaires, de leur côté, prirent l’habitude, dans leurs propres textes, de se référer de manière analogue au privilegium regale de Philippe Auguste de 120047 comme à un véritable acte de fondation de l’université48, de portée comparable à Parens scientiarum, prétention à laquelle l’historien, même sans minimiser la crise de 1200 et l’intérêt du diplôme royal, ne saurait souscrire, car il est clair que l’institution universitaire n’existait pas encore en 1200 et que le roi n’a ni pu ni voulu lui donner naissance à travers un acte qui n’était que l’octroi de la sauvegarde royale et la reconnaissance du for ecclésiastique à un groupe particulier de clercs, les scolares Parisienses49.
33Une approche « événementielle », centrée sur le temps court, les crises institutionnelles, les affrontements de personnes, ne saurait, on l’aura compris à travers ces quelques exemples empruntés à l’histoire de l’université de Paris au XIIIe siècle, rendre compte de l’essentiel de ce qui fait l’intérêt de l’histoire culturelle et qui réside dans l’analyse du contenu des savoirs, des modalités de leur transmission et de la sociologie de ceux qui en étaient les détenteurs et les utilisateurs. Néanmoins, elle n’est sans doute pas totalement inutile, car elle redonne leur importance à certains facteurs que ferait négliger une conception trop abstraite ou déterministe de cette histoire : l’irruption toujours possible du politique, l’aléatoire des décisions prises dans l’urgence, le jeu imprévisible des tempéraments personnels, la place des choix plus ou moins volontaires.
34À la fois sain antidote aux séductions intellectuelles de la téléologie et riche de la saveur irremplaçable du vécu, l’événement, malgré son caractère singulier, souvent déroutant, voire anecdotique ou marginal, a sa place dans l’histoire culturelle du Moyen Âge ; et même si, en vérité, ce n’est pas de l’événement lui-même mais seulement de ses traces, parfois infimes, souvent confuses, jamais complètes, que nous parlons.
Notes de bas de page
1 Les mots latins auxquels on peut penser (adventus, eventa, eventus, occasio) ou leurs équivalents vernaculaires (aventure, évent, ochoison) n’apparaissent en tout cas guère dans les textes dépouillés pour cette communication.
2 Par exemple, dans le Petit Robert, « ce qui arrive et a quelque importance pour l’homme ».
3 Rappelons cependant ici que, spécialement au Moyen Âge, un laps de temps plus ou moins long peut séparer la rédaction d’une œuvre et sa réception effective dans les milieux savants.
4 Ne signalons ici, dans une bibliographie considérable, que G. LEFF, Paris and Oxford Universities in the Thirteenth and Fourteenth Centuries. An Institutional and Intellectual History, New York, Londres, Sydney, 1968.
5 Chartularium Universitatis Parisiensis, (éds) H. Denifle et É. Châtelain ; nous intéressent ici les t. I (1200-1286), Paris, 1889 et II (1286-1350), Paris, 1891, qui seront désormais cités sous la forme abrégée CUP I et CUP II.
6 Notons par exemple que pour l’ensemble de la période 1200-1300 CUP I et II ne contiennent que 616 documents, soit à peine plus de six par an en moyenne ; en fait, onze années sont même totalement vides (1201, 1203, 1204, 1206, 1211, 1214, 1216, 1232, 1242, 1273, 1294).
7 D’autant plus que, souvent, nous ne savons rien des personnages dont les noms n’apparaissent qu’une ou deux fois dans le Chartularium ; qui étaient par ex. les maîtres Remundus de Caturco ou Robertus de Coleriva, premiers recteurs de l’université, d’ailleurs rivaux, dont les sources nous aient conservé les noms, en 1249 (CUP I, n° 187) ?
8 Cette périodisation globale est déjà présente dans les deux œuvres pionnières d’É. PASQUIER, Les Recherches de la France, spéc. le livre IX publié en 1621 (voir l’édition critique dir. par M.-M. Fragonard et Fr. Roudaut, t. III, Paris, 1996, p. 1709-1944), et C.-E. DU BOULAY, Historia Universitatis Parisiensis, 6 vol. , Paris, 1665-73.
9 CUP I, n° 1.
10 CUP I, n° 20.
11 CUP I, n° 79.
12 CUP I, n° 195 à 368.
13 CUP I, n° 473.
14 Voir par exemple, en ce qui concerne les libri naturales d’Aristote, O. WEIJERS, Le maniement du savoir. Pratiques intellectuelles à l’époque des premières universités (XIIIe-XIVe siècles) (Studia Artistarum. Subsidia), Turnhout, 1996, p. 15-18.
15 Sur les premières mentions documentaires de ces diverses institutions, voir O. WEIJERS, Terminologie des universités au XIIIe siècle (Lessico Intellettuale Europeo, 39), Rome, 1987.
16 CUP I, n° 515, 516, 528 et CUP II, n° 569, 577, 579 ; je résume ici les conclusions de l’étude détaillée de ces affaires que j’ai donnée, sous le titre « Le chancelier et l’université de Paris à la fin du XIIIe siècle », dans J. VERGER, Les Universités françaises au Moyen Âge (Education and Society in the Middle Ages and Renaissance, 7), Leyde, 1995, p. 68-102.
17 I.-e., dans le vocabulaire universitaire du temps, passés devant le chancelier de Notre-Dame, par opposition aux examens « d’en-haut », passés devant celui de Sainte-Geneviève.
18 R.-A. GAUTHIER, « Notes sur Siger de Brabant. II. Siger en 1272-1275 ; Aubry de Reims et la scission des Normands », Revue des sciences philosophiques et théologiques, 68, 1984, p. 3-49 ; dans cet article, le Père R.-A. Gauthier prend le contre-pied des thèses jadis soutenues dans P. MANDONNET, Siger de Brabant et l’averroïsme latin au XIIIe siècle, t. I (seul paru), Louvain, 19112.
19 Cette querelle a fait l’objet d’une bibliographie très abondante qui reste dominée par la thèse de M.-M. DUFEIL, Guillaume de Saint-Amour et la polémique universitaire parisienne, 1250-1259, Paris, 1972.
20 Cf. A. G. TRAVER, « Rewriting History? The Parisian Secular Masters’Apologia of 1254 », History of Universites, 15, 1997-99, p. 9-45.
21 Sans prétendre à aucune exhaustivité, signalons que la querelle des séculiers et des réguliers a inspiré plusieurs poèmes de Rutebeuf (commodément rassemblés dans Rutebeuf et les frères mendiants. Poèmes satiriques, (trad.) J. Dufournet, Paris, 1991), que l’encyclopédiste dominicain Thomas de Cantimpré lui a consacré plusieurs pages dans son Bonum universale de apibus (voir Thomas de Cantimpré, Les exemples du « Livre des Abeilles ». Une vision médiévale, (prés., trad. et comm.) par H. Platelle, Turnhout, 1997, p. 127-129 et 267-268), que Salimbene y fait également allusion dans sa Chronique (citée dans CUP I, n° 230, n. 14), ainsi qu’une Chronique anonyme éditée dans le Recueil des historiens des Gaules et de la France (désormais abrégé RHGF), t. XXI, Paris, 1855, p. 846, Géraud d’Auvergne (ibid., p. 215), Bernard Gui (ibid., p. 697), la Chronique Normande (RHGF, t. XXIII, Paris, 1876, p. 215-216) et enfin les Grandes Chroniques de France ((éd.) J. Viard, t. VII, Paris, 1932, p. 166-167 et 218-219), qui s’inspirent largement de la Chronique latine de Guillaume de Nangis (La Chronique latine de Guillaume de Nangis de 1113 à 1300 avec les continuations de cette chronique de 1300 à 1368, (éd.) H. Géraud, t. I, Paris, 1843, p. 216-217).
22 Titre cependant transformé en De periculis mundi, qui n’a guère de sens ici, par Guillaume de Nangis et repris par les Grandes Chroniques en français : Le livre des perilz du monde (cf.supra n. 21).
23 M. PARIS, Chronica majora, cité et commenté p. 51-53 dans Ch. VULLIEZ, « Un texte fondateur de l’université de Paris au Moyen Âge : la bulle Parens scientiarum du pape Grégoire IX (13 avril 1231) », Les Cahiers de l’ISP, 20, 1992, p. 50-72.
24 Ici aussi sans prétention à l’exhaustivité, retenons que les événements de 1229-1231 sont mentionnés par Géraud de Frachet (RHGF, t. XXI, p. 3), Vincent de Beauvais (ibid., p. 72), lequel parle d’ailleurs à tort d’une dissensio inter scolares, notation erronée qui sera reprise par Géraud d’Auvergne (ibid., p. 214) et Bernard Gui (ibid., p. 695), des Annales d’Uzès (RHGF, t. XXIII, p. 480) ; plus précis et exacts sont les passages de Guillaume de Nangis (cité supra n. 21, p. 181-183), repris par les Grandes Chroniques de France (citées supra n. 21, t. VII, p. 60-61), la Mer des Histoires (RHGF, t. XXIII, p. 108), le Chronicon majus Lemovicense de Pierre Coral (RHGF, t. XXI, p. 764) et surtout Aubry de Trois-Fontaines (ibid., p. 599) ; voir aussi les références données à des chroniques anglaise et allemande dans CUP I, n° 89, n. 2.
25 Chronica magistri Rogeri de Houedene, (éd.) W. Stubbs, vol. IV, Londres, 1871, p. 120, cité et commenté dans J. VERGER, « Des écoles à l’université : la mutation institutionnelle », dans La France de Philippe Auguste. Le temps des mutations, (éd.) par R.-H. Bautier (Coll. intern. du CNRS, 602), Paris, 1982, p. 817-846, n. 28.
26 P. MANDONNET, Siger de Brabant (cité supra n. 18) mentionne cependant p. 259-261 deux brèves allusions dans une continuation brabançonne de Martin de Troppau et dans les Annales Basileenses, qui affirme même que le roi de France bannit à cette occasion du royaume 800 ( !) maîtres qui professaient des opinions contraires à la foi catholique.
27 Racontée avec quelque détail par Guillaume le Breton (Œuvres de Rigord et Guillaume le Breton, historiens de Philippe Auguste, (éd.) H.-Fr. Delaborde, t. I, Paris, 1882, p. 152-155), passage repris dans les Grandes Chroniques de France, t. VI, Paris, 1930, p. 289.
28 Comme le montre le document publié par M.-Th. D’ALVERNY, « Un fragment du procès contre les Amauriciens », Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge, 18, 1950-51, p. 325-336.
29 Cet épisode absent du Chartularium est relaté par Guillaume de Nangis (cité supra n. 21, p. 256) et repris dans les Grandes Chroniques de France, t. VIII, Paris, 1934, p. 90, sur un ton assez dramatique : « l’en cuidoit bien que l’estude se deust departir du tout de Paris ».
30 CUP I, n° 1, 16, 18, 31, 41, 45, 64, 69, 70, 75, 79, 84, 163, 187, 204, 219, 225, 230, 248, 250, 279, 311, CUP II, n° 579, etc.
31 CUP I, n° 50, 59 ; les événements que l’on déplore se sont produits novissime (CUP I, n° 230).
32 Cum ad aures nostros… quedam gravia provenissent (CUP I, n° 33) ; sicut nostris est auribus intimatum (CUP I, n° 59).
33 Gravia per hoc poterunt scandala suboriri, et dissolutionis Parisiensis studii periculum imminere (CUP I, n° 41) ; propter novum et inestimabile periculum quod in facultate nostra imminebat (CUP I, n° 246).
34 Studium in statum pristinum reformetur (CUP I, n° 82) ; resumentes ad statum pristinum (CUP I, n° 222). Ce retour au status pristinus est qualifié de concordia, libertas, pax, quies, tranquillitas (CUP I, n° 45, 63, 71, 219, 230, 268).
35 Nesciunt opiniones modernas et amiserunt antiquas (CUP I, n° 515, p. 617).
36 Cum scientia artium sit labilis, affirme Jean de Malines (ibid.).
37 Cette volonté de donner un récit dépersonnalisé des événements, négligeant les individus pour mieux insister sur les forces antagonistes dans leur essence collective, est particulièrement nette dans le « manifeste de l’université » publié le 4 février 1254 au début de la querelle avec les Mendiants (CUP I, n° 230).
38 Dès la fin de 1255, la papauté prit le parti de désigner systématiquement Guillaume de Saint-Amour comme le meneur des séculiers, seul véritable responsable de la querelle (CUP I, n° 262, 271, 280, 343, 353, etc.). Cette focalisation sur la personne de Guillaume se retrouve dans certaines œuvres littéraires (citées supra n. 21), les unes très favorables au maître séculier (Rutebeuf), d’autres plus ou moins nuancées comme la Chronique Normande ou même les Grandes Chroniques de France qui précisent que Guillaume n’était nullement hérétique, d’autres en revanche très hostiles comme Thomas de Cantimpré ou Bernard Gui pour qui Guillaume fut incentor malorum.
39 Sur la « légende noire » de Siger de Brabant, voir F. VAN STEENBERGHEN, Maître Siger de Brabant (Philosophes médiévaux, XXI), Louvain-Paris, 1977, spéc. p. 159-176.
40 Tels que M.-M. DUFEIL dans son Guillaume de Saint-Amour, cité supra n. 19, et P. MANDONNET, dans son Siger de Brabant, cité supra n. 18, qui ont tous deux attribué un rôle décisif et éminemment néfaste au personnage dont ils avaient fait figurer le nom dans le titre de leur livre.
41 Il existe évidemment une littérature considérable sur la condamnation de 1277 ; pour nous en tenir aux travaux qui s’interrogent principalement sur sa signification et sa portée, on citera les mises au point récentes de L. BIANCHI, Il vescovo e i filosofi. La condanna parigina del 1277 e l’evoluzione dell’aristotelismo scolastico, Bergame, 1990 et. id., Censure et liberté intellectuelle à l’université de Paris (XIIIe-XIVe siècles), Paris, 1999, ainsi que de L. E. WILSHIRE, « The Condemnations of 1277 and the Intellectual Climate of the Medieval University », dans The Intellectual Climate of the Early University. Essays in Honor of Otto Gründler, ed. by N. Van Deusen (Studies in Medieval Culture, XXXIX), Kalamazoo, 1997, p. 151-193.
42 D’où en particulier l’intérêt déjà souligné supra n. 8, de prendre en compte les histoires anciennes de l’université de Paris, qui réalisent une sorte de transition entre les registres et chroniques médiévales et l’historiographie « scientifique » moderne.
43 Le plus souvent, les textes se bornent à affirmer que les événements récents « ont failli détruire l’université » (periculum dissolutionis – CUP I, n° 41 ; cf. aussi supra n. 29), formule grandiloquente toute faite qu’il faut se garder de prendre au pied de la lettre.
44 Intéressantes sont à cet égard les lettres d’Humbert de Romans, ministre général des Dominicains, écrites au plus fort de la crise entre séculiers et Mendiants ; certes, leur ton apocalyptique relève de la polémique, mais Humbert a le mérite de rattacher la querelle aux mutations générales de l’Église du temps et aux diverses formes de résistance suscitées au sein même de celle-ci par l’essor des nouveaux ordres (CUP I, n° 250, 273, 279, 311).
45 CUP I, n° 247.
46 Voir par ex. CUP I, n° 248, 259-262, 293, 298, etc.
47 CUP I, n° 1.
48 CUP I, n° 82, 88, 92-94, 159, 504.
49 Cf. J. VERGER, « Des écoles à l’université… », op. cit., n. 25.
Auteur
Université Paris IV – Sorbonne
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