Le schisme de 1054 : un non-événement ?
p. 299-312
Texte intégral
1L’historiographie récente sur le « schisme » de juillet 1054 insiste sur le silence des sources contemporaines concernant cet épisode, au point qu’on a pu considérer qu’il s’agit d’un non événement. Or l’impact du schisme a été considérable sur l’histoire des Églises grecque et romaine. Aujourd’hui encore, le souvenir de la séparation des Églises reste vivace, même si des négociations complexes se poursuivent, mais les griefs restent vifs du côté grec. Beaucoup d’ouvrages sur Byzance mettent toujours l’accent sur cet événement, même si les spécialistes ont bien noté le peu d’impact apparent selon les sources contemporaines. Paradoxalement en effet, sur cette rupture qui eut à terme tant de répercussions, les sources narratives grecques sont muettes et les documents latins peu prolixes, si l’on excepte le rapport du cardinal Humbert, le principal négociateur1.
2Je me propose donc d’étudier le déroulement des faits qui conduisirent au schisme, non pour en refaire l’histoire mille fois répétée, mais pour camper leur mise en scène, avant d’essayer de comprendre le silence des sources, puis de saisir comment cette date de 1054 a retrouvé une place centrale dans l’histoire de l’Église.
3En quelques mots, rappelons les circonstances, les faits et la personnalité des deux acteurs majeurs du côté grec. Au milieu du XIe siècle, l’Empire connaît son apogée médiéval : jamais les frontières n’ont été si loin repoussées en Orient après l’annexion des royaumes arméniens, notamment celui des Bagratides d’Ani. Le danger normand ou turc n’est pas encore perçu dans toute son ampleur, celui des Petchénègues semble contenu. Face aux Normands, l’empereur Constantin Monomaque et ses conseillers usèrent des tactiques habituelles. Sans négliger l’envoi de quelques troupes d’élite, ils cherchèrent des alliés sur place, en Italie, plaçant à la tête de l’administration byzantine Argyros, fils de Mélès, un Lombard de haute naissance et de rite latin, qu’ils nommèrent duc d’Italie, c’est-à-dire le représentant de l’empereur auprès des populations italiennes. Une alliance militaire avec le pape Léon IX avait été conclue, mais, à la suite des défaites d’Argyros et de l’armée pontificale en 1053, une ambassade vers Constantinople fut envoyée par le pape, conduite par le cardinal Humbert. Elle rencontra les deux principaux responsables des affaires : le basileus Constantin Monomaque et le patriarche Michel Cérulaire.
4L’empereur Constantin Monomaque avait épousé en troisièmes noces – ce qui n’était pas vraiment conforme aux canons2 – l’impératrice Zôè, l’ultime descendante, avec sa sœur Théodôra, de la dynastie macédonienne, et de ce fait détentrice de l’héritage impérial. Zôè mourut vers 1050, et Constantin IX était lui-même sans descendance légitime directe. Théodôra était alors assez âgée, et la perspective de l’accession d’une nouvelle dynastie au trône de Constantinople se précisait. Le pouvoir de Monomaque n’était pas directement menacé, mais l’on s’agitait dans la capitale pour placer ses hommes en vue des inéluctables changements à venir. Les tensions se faisaient plus vives à mesure que l’empereur vieillissait ; lors de la crise de juillet 1054, rappelons-le, il ne lui restait plus que six mois à vivre. L’atmosphère était sans doute déjà celle d’une fin de règne, même si les jours du souverain ne paraissaient pas encore comptés.
5Michel Cérulaire, membre d’une grande famille de Constantinople, était apparenté aux Makrembolitai3. Il s’était révolté en 1040 contre Michel IV, puis avait été tonsuré après son échec. En 1043, il fut choisi pour succéder au patriarche Alexis Stoudite. Ce dernier avait été désigné par Basile II en personne, alors à l’article de la mort et avait gouverné l’Église byzantine pendant près de dix-huit ans. Cérulaire une fois patriarche – si rapidement promu que les Latins l’accusèrent d’être « néophyte » – ne pouvait plus prétendre au pouvoir suprême, mais il s’efforça tout à la fois de placer ses parents aux postes clés, jusqu’à mettre l’un d’eux en position de prétendre avec succès à l’Empire et d’exalter sa charge par rapport au pouvoir impérial. Cette ambition le conduisit à l’affrontement avec les trois empereurs qui succédèrent à Monomaque4. Ce programme s’accomplit finalement juste après sa propre mort lorsque son neveu par alliance, Constantin Doukas, obtint le trône en 1059. Ce n’était pas la première fois qu’un haut fonctionnaire ou qu’un membre de la plus illustre aristocratie de la capitale accédait au trône patriarcal et jouait un rôle politique de premier plan, il suffit de rappeler les précédents de Taraise, voire de Phôtios, mais aucun patriarche avant Cérulaire n’avait cherché à surveiller à ce point la charge impériale. La situation était donc paradoxale, le patriarche était, comme à l’habitude, une créature de l’empereur, mais il devenait de plus en plus incontrôlable au fur et à mesure que s’approchait la perspective d’une succession impériale ouverte.
La mise en scène des conflits
6Pour comprendre l’impact des événements du printemps 1054, il est nécessaire d’apprécier leur publicité et jusqu’à quel point ils furent connus des contemporains. En fait, les protagonistes de l’affaire ont souhaité donner à leurs initiatives un retentissement des plus éclatants. Du côté byzantin, l’empereur Constantin Monomaque reçut les ambassadeurs de Léon IX avec toute la courtoisie possible. Le souverain était d’abord intéressé au résultat des négociations politiques qui avaient pour objet de maintenir l’alliance entre la papauté et l’Empire contre les Normands en dépit des échecs militaires précédents. Il était conseillé par Argyros. La question des divergences religieuses ne le préoccupait pas en premier lieu. Monomaque ne pensait sans doute pas qu’elles seraient au premier plan et il était prêt à bien des concessions dans ce domaine pour éviter de froisser ses interlocuteurs latins. Il n’imaginait probablement pas que cet objectif modéré allait le conduire à une confrontation avec Michel Cérulaire.
7Le patriarche ne pouvait se désintéresser de la venue des légats, dont les intentions n’étaient sans doute pas percées. Depuis plusieurs années, il entretenait une correspondance avec le patriarche d’Antioche, Pierre, et d’autres prélats quant à l’attitude à adopter face aux pratiques de l’Église latine, mais il ne semble pas qu’il se fût particulièrement préparé à un affrontement.
8Cérulaire fut sans doute surpris par le cours des événements, car le pape s’était adressé à l’empereur Monomaque et non pas à lui, puisque Humbert conduisait avant tout une mission diplomatique. Au reste, les légats furent reçus au Palais, fait qui ne pouvait manquer d’irriter le patriarche.
9Nicétas Stèthatos, moine au Stoudios, monastère très lié au pouvoir impérial depuis deux siècles, avait été chargé par le patriarche de rédiger un pamphlet sur les erreurs des Latins. Humbert a eu connaissance du texte, qui a sans doute largement circulé dans les cercles intéressés, et lui a donné la réponse qu’il jugeait appropriée. Ce que l’on sait par le rapport de Humbert, c’est que la discussion fut publique. Nicétas, théologien de talent, renonça, sous la pression de l’empereur, à défendre sa thèse sur le Filioque et, toujours selon Humbert, sa rétraction du 24 juin, sur ordre impérial, fut également publique et ses écrits brûlés en présence des Latins. Le moine stoudite, au dire du cardinal, serait même devenu un ami de la délégation latine. Disons que Nicétas s’était plié, de bon gré ou non, aux objectifs de la diplomatie impériale. Mais que ce fût au su de tous donnait à cette victoire de Humbert un éclat particulier et plaçait le patriarche en position humiliante.
10Lorsque le légat déposa sa sentence d’excommunication sur le maître-autel de Sainte-Sophie, il choisit de le faire un samedi, le 16 juillet, au moment où la liturgie allait être célébrée, devant le clergé et les nombreux fidèles assemblés, donnant à son geste toute la publicité possible. L’excommunication concernait seulement le patriarche « néophyte » et ses partisans, alors que Humbert se montrait fort élogieux envers l’empereur et ce qu’il appelait la partie « sensée » du peuple de Constantinople. En quittant l’église, les légats secouèrent la poussière de leurs pieds, proclamant que « Dieu voit et juge ». Les diacres eurent beau aussitôt enlever la bulle, nul ne put ignorer le geste des légats. En conséquence, les 18-20 juillet, l’émeute grondait à Constantinople contre l’attitude des légats qui avaient définitivement quitté la capitale ; les événements étaient donc connus de tous5.
11Cependant la crise n’avait sans doute pas été anticipée, car le synode qui, dès le dimanche 24 juillet, condamna la bulle de Humbert comportait un petit nombre de métropolites. Dans les dernières semaines seulement, l’atmosphère des négociations s’était spectaculairement dégradée, notamment parce que la partie qui reculerait perdrait la face en raison du caractère si public du conflit. Cérulaire n’eut pas le temps de faire appel aux métropolites de province. Nous avons conservé la liste des métropolites présents. Elle est composée de deux parties, l’une qui ouvre le document, comporte quatorze noms et l’autre à la fin rassemble les prélats de passage dans la capitale, sept seulement6.
12La première liste inclut les métropolites, au nombre de douze, qui constituent l’armature du synode permanent et aident le patriarche à gouverner l’Église. Sans doute résident-ils durablement dans la capitale, d’autant que plusieurs ont leur siège à proximité, comme Théophane de Cyzique ou Nicétas de Chalcédoine. Presque tous représentent des sièges importants car, en dehors des deux cités précédemment, on relève les noms de Smyrne, Chônes, Myra, Sidè, Trébizonde, Pessinonte, Andrinople, Mésemvria et Dyrrachion enfin, poste clé face à l’Italie. La présence d’un métropolite de Mitylène s’expliquerait par l’intérêt que l’empereur Monomaque aurait pu porter à l’île où il fut exilé avant son accession au trône ; celle du métropolite d’Otrante se justifierait par l’emplacement stratégique de ce siège vis-à-vis des sujets latins du basileus en Pouille. Pour le dernier de la liste, Léon, métropolite de Karabizyé, il est difficile de proposer une justification de sa présence durable.
13La seconde liste, fort hétéroclite, reflète le hasard des affaires qui conduisaient les évêques de l’Empire dans la capitale. Si Cérulaire avait prévu, dès l’annonce de la venue des ambassadeurs pontificaux, l’escalade des tensions, il aurait donné plus de solennité au synode anathématisant les légats en réunissant un plus grand nombre d’évêques de tout l’Empire.
14On peut trouver confirmation de cette hypothèse si l’on compare les listes des métropolites assistant aux synodes traitant des Jacobites, sujet qui intéressait directement l’Empire puisque ces derniers étaient nombreux dans les provinces orientales : en mai 1030, on comptait trois syncelles, trente-deux métropolites, onze archevêques, et une foule d’archontes politiques, comportant des patrices et des membres du Sénat. Le premier tomos de condamnation fut confirmé deux ans après, en avril 1032, à un synode où assistaient quatre métropolites-syncelles, trente-sept métropolites, neuf archevêques et neuf évêques7. L’écart entre le nombre de prélats présents à chacun des synodes, ceux de 1030/1032 et ceux de 1054 est, semble-il, assez significatif pour ne pas être le fruit du seul hasard et conforte notre hypothèse d’une certaine improvisation de la part du patriarche.
15Il était en revanche plus facile à Michel Cérulaire de mobiliser la population de Constantinople, dont il était le chef spirituel depuis onze ans. Par ses liens familiaux avec quelques-unes des plus grandes familles de la ville comme la sienne propre, les Makrembolitai ou les Doukai, il exerçait également une influence d’ordre politique. De fait, le patriarche organisa ou laissa se développer à partir du 18 juillet une émeute contre les légats. La population de Constantinople assista le patriarche dans sa résistance aux légats. Dans quelle proportion, nous l’ignorons. Cérulaire peut compter sur un parti dans la ville. C’est l’existence de ce groupe de pression qui convainc l’empereur de prendre des mesures contre Humbert et ses compagnons. Rien cependant ne nous dit que les partisans de Cérulaire aient représenté l’ensemble des citoyens de la mégalopole. En effet, la place des Latins ne semble pas avoir changé après juillet 1054, sinon qu’ils sont encore plus nombreux, soldats, pèlerins ou marchands. Le patriarche Nicolas III s’adressant à Urbain II dans une lettre de septembre 1089 rappelait que les Latins n’étaient pas empêchés par les Grecs de faire leur synaxe8.
La connaissance de l’affaire au sein de l’administration impériale
16Parmi les trois personnalités que l’empereur choisit pour porter ses ordres concernant la manière de traiter les légats, se trouvait un certain Kônstans, vestarque et consul des philosophes9. Cette dernière charge qui est unique suffirait à identifier son détenteur, Michel Psellos. Nous savons en effet que son nom de baptême était Constantin et qu’il avait choisi celui de Michel en prenant l’habit monastique. Nous savons également qu’il fut promu vestarque sous Monomaque. Au reste, les trois hommes ne se contentèrent sans doute pas de porter le message de l’empereur, mais contribuèrent à son élaboration. Psellos, qui ne manque pas de s’en glorifier dans sa Chronographie, était l’un des conseillers les plus écoutés de Monomaque pour lequel il rédigea des documents confidentiels, comme les lettres destinées au calife fatimide d’Égypte. Le deuxième participant, Jean, magistre et préposé aux pétitions, était aussi conduit, par la nature même de sa charge, à vérifier les sèmeiômata (mandements) impériaux. Le troisième, le moine Étienne, est inconnu, mais dans la première moitié du XIe siècle, l’économe de Sainte-Sophie, gestionnaire d’immenses domaines, était souvent un proche de l’empereur, qui veillait au moins sur son choix.
17Notons aussi que le nom des traducteurs de la bulle de Humbert nous a été transmis. Ils étaient trois, d’un niveau social plus modeste que les personnages précédents : Kosmas Rhômaios, Pyrrhos et un moine, Jean Hispanos10. La présence de ce dernier, un Espagnol, puisque Hispanos se distingue bien d’Ibèros, le Géorgien, s’explique sans doute en raison d’une bonne connaissance du latin. Rhômaios pourrait renvoyer au métier exercé par Kosmas, celui de juriste, le spécialiste de droit « romain », si une famille de ce nom n’était pas bien attestée à cette époque, celle des Rhômaioi, dont le plus illustre représentant, Eustathe, a fourni matière à la Peira, un ouvrage de pratique juridique11. En somme, il est impossible que les détails des négociations, à défaut de la controverse théologique elle-même, n’aient pas été largement connus au sein de la haute administration impériale.
18Il est donc certain que tous les Constantinopolitains étaient bien informés de la rupture entre les légats et leur patriarche.
L’écho dans les sources
19Je ne m’intéresse ici qu’aux sources orientales, mais rappelons tout de même que du côté latin l’impact de la mission de Humbert fut faible, même si la position du légat demeura solide à la cour pontificale. Du côté romain, 1054 ne marqua pas un tournant immédiat, puisque le pape Victor II n’y fait aucune allusion lorsque, s’adressant à l’impératrice Théodôra en 105512, il lui proposait de renouveler l’alliance contre les Normands. La configuration envisagée restait la même que du temps de Léon IX : la coalition des deux empereurs et de la papauté face aux Normands – ainsi, le choix par Léon IX d’une alliance byzantine ne lui était sans doute pas personnel, mais correspondait encore à un courant majoritaire au sein de la papauté et de l’entourage de l’empereur occidental. Mais il advint que les protagonistes n’eurent pas le temps de conforter un tel projet, puisque Théodôra, qui avait remplacé Constantin IX, mourut après un an et demi de règne et que ses deux successeurs, Michel VI et Isaac Ier Comnène13, restèrent également peu de temps sur le trône. L’empereur Henri III quitta ce monde le 5 octobre 1056 et Argyros est mentionné pour la dernière fois le 28 juin 1058, lorsqu’il partit définitivement ( ?) d’Italie pour gagner Constantinople. Enfin Victor II, élu pape après un an d’interrègne, décéda dès juillet 1057, et son successeur, l’ancien légat Frédéric de Lorraine, resta en place à peine plus de six mois. Cette grande instabilité explique que jamais le nouveau projet de coalition contre les Normands n’ait donné lieu à une action militaire14.
Les sources grecques
20Les documents concernant les négociations de 1054 furent conservés au patriarcat, notamment la traduction en grec de la bulle d’excommunication de Humbert, mais ces textes ne devaient guère être consultés. Cette crise, qui engagea les plus hautes autorités de l’Empire, aurait dû être mentionnée chez les historiens contemporains, Michel Psellos et Michel Attaleiatès.
21Michel Psellos fut, nous l’avons dit, au cœur des négociations. À l’époque des faits, il est encore au sommet de sa carrière et l’un des conseillers les plus écoutés de l’empereur. En effet, les informations qu’il nous donne dans sa Chronographie sont sujettes à caution puisque, contrairement à ce qu’il laisse entendre, il ne connut la disgrâce et la tonsure que sous le règne de Théodôra, qui succéda à Monomaque en janvier 1055, lorsque Psellos eut été évincé par un rival, Léon Paraspondylès15. Psellos connaît bien le patriarche, car il a fréquenté comme lui le Palais. Mais les relations entre les deux hommes se dégradèrent au point que Psellos fut contraint en 1055 de lui présenter une confession de foi16. Après la mort de Cérulaire, Psellos continua cependant d’entretenir de bons rapports avec les neveux du patriarche17.
22Dans sa Chronographie, où le règne de Monomaque tient une grande place – presque un tiers de l’ouvrage – Psellos ne tente à aucun moment de brosser une histoire du règne, mais dresse, comme à son habitude, le portrait d’un basileus. Il évoque toutefois certains dossiers, les complots, les intrigues de cour, la conquête de l’Arménie ou les constructions de l’empereur. On ne relève pas un mot sur les affaires religieuses ; mieux, nulle part dans le texte il n’est question du patriarche Cérulaire, pourtant nommé par Monomaque.
23Psellos consacra néanmoins au patriarche, en dehors de lettres qui ne traitent pas du schisme, deux textes importants, l’Acte d’accusation18, puis l’Éloge19. L’Acte d’accusation fut rédigé sous Isaac Comnène, lorsque l’empereur, entré en conflit avec le patriarche à propos de leurs pouvoirs respectifs dans l’Église et dans l’Empire, eut fait arrêter le patriarche et préparer son procès que la mort prématurée de l’accusé rendit vain. Psellos n’eut jamais à prononcer son réquisitoire. En revanche, Cérulaire devint tout de suite très populaire après sa mort, le 21 janvier 1059, et son Éloge fut prononcé peu après ce jour. Psellos évoque alors le combat du patriarche contre les envoyés de l’ancienne Rome, alors que, dans l’Acte d’accusation, on ne relève aucune trace de l’épisode. Ce silence implique que toute attaque sur ce point envers le patriarche aurait été à la fois invraisemblable et contre-productive, indice de la popularité de sa politique au sein d’une partie de la population.
24Que retient Psellos de l’action de Cérulaire ? Il souligne d’abord que la croyance des Latins et celle des Grecs diffèrent en tout point, contrairement à l’opinion des Latins, réflexion qui surprend puisque bien des membres du clergé grec, on le sait, partageaient ce point de vue. Second sujet d’étonnement, Psellos prétend que le patriarche a démontré, à force de raisonnements, les erreurs dogmatiques de Humbert et de ses acolytes. Il insiste particulièrement sur la défense par Cérulaire du point de vue grec sur la procession du saint Esprit. Or Cérulaire, qui n’avait pas reçu de formation théologique dans sa jeunesse, puisqu’il ne se destinait pas à la vie religieuse, n’était pas porté aux controverses théologiques et l’on soupçonnera Psellos d’avoir voulu briller par ses connaissances en matière de dogme. Le patriarche s’était contenté de souligner les divergences des pratiques entre les Latins et les Grecs, laissant Nicétas Stèthatos rompre des lances intellectuelles avec les légats. Une fois de plus, on a tout simplement une reconstruction des événements par Psellos.
25Michel Attaleiatès, adulte au moment des faits, se présente, on le sait, en admirateur de Nicéphore Botaneiatès, le futur empereur en 1078. Le règne de Constantin Monomaque est le premier dont il développe l’histoire, car c’est sous cet empereur que Nicéphore Botaneiatès accomplit ses premiers exploits, sauve son régiment par une retraite en bon ordre, après une sévère défaite face aux Petchénègues20. Et Attaleiatès, sans doute pour cette raison, ne retient du règne que les opérations militaires, à l’exception de quelques mesures signalées avant de clore le chapitre consacré à cet empereur. Sa première mention de Cérulaire se rapporte à la révolte d’Isaac Comnène contre Michel VI et au rôle ambigu joué par le patriarche selon Attaleiatès21. Ce dernier ne le critique pas franchement puisque Cérulaire choisit le camp de Comnène et de Constantin Doukas, général apparenté au patriarche, comme le héros d’Attaleiatès, Nicéphore Botaneiatès qui combattit les impériaux aux côtés du rebelle.
26Pour compléter ce dossier, il faut signaler le témoignage de deux historiens postérieurs, qui néanmoins prennent en compte l’histoire des empereurs du XIe siècle. Jean Skylitzès, drongaire de la Veille (juge à la tête d’un des tribunaux impériaux de Constantinople) sous Alexis Comnène, à la fin du XIe siècle, ne retient des actions de Michel Cérulaire que celles concernant des actes politiques22. Il est vrai qu’une interpolation du texte, introduite au XIIe siècle, rappelle que Cérulaire a rayé des diptyques le nom du pape de Rome. Tia Kolbaba considère, après bien d’autres, qu’il s’agit d’une allusion au schisme, mais cette interprétation est difficilement compatible avec la précision : « à peine élu »23. En tout cas, l’opinion de Darrouzès dans son commentaire des Regestes du patriarcat reste très prudente. Quant à Zônaras, canoniste pourtant réputé de la première moitié du XIIe siècle, mais aussi ancien prôtoasèkrètis (chef de la chancellerie) d’Alexis Comnène24, il n’est pas plus prolixe dans son Histoire et suit ses prédécesseurs. On laissera de côté Nicéphore Bryennios et son épouse Anne Comnène qui limitent leurs récits aux événements concernant directement les premiers Comnènes.
27Comment expliquer ce singulier silence des sources narratives sur le schisme ? On ne saurait arguer la méconnaissance des faits pour Psellos, actif dans l’affaire, ou de la part d’Attaleiatès, témoin des événements. Au reste, Michel Cérulaire n’est pas absent de leur récit, mais ce sont ses ambitions politiques qui ont pour l’essentiel retenu leur attention : le complot de Cérulaire sous Michel IV, son hostilité croissante envers l’impératrice Théodôra, sa responsabilité – discutée – dans la chute de Michel IV, le conflit enfin avec Isaac Comnène. Ces deux derniers points d’ailleurs sont également rapportés hors du cercle des historiens byzantins. Au XIIe siècle le chroniqueur arménien Matthieu d’Édesse connaît encore le soutien décisif du patriarche à Isaac Comnène25. En somme, ce que les historiens ont retenu comme événement majeur du long patriarcat de Cérulaire, c’est l’implication très active du patriarche dans le domaine politique. Une telle situation était en fait originale. En comparaison, la rupture avec les Latins restait d’importance secondaire.
28Les documents de 1054 ont-ils été perdus ? En 1089 lors de négociations avec la papauté, personne, semble-t-il, ne put trouver trace des lettres de Michel Cérulaire26. S’il en était ainsi, il y aurait eu destruction des documents, indice d’une volonté de minimiser les conséquences de l’échange d’excommunications. Il est hautement improbable que les documents aient été perdus. De toute façon, trente-cinq ans après le schisme, des témoins, jeunes clercs ou notaires en 1054, auraient sûrement pu apporter leur témoignage.
29Tia Kolbaba a souligné, à juste titre me semble-t-il, que la querelle entre Cérulaire et Isaac Comnène a pesé sur la mémoire du patriarche. On pourrait supposer que l’influence des Doukai, l’autre « race d’or » reconnue au XIIe siècle, ait joué dans l’autre sens. La nièce de Cérulaire fut l’épouse de Constantin X. Il faut remarquer cependant que les Doukai restent dans une position certes assez élevée, mais seconde par rapport aux Comnènes. Ce pourrait être la raison du silence de Skylitzès, qui rédige sous Alexis Comnène. Il prend la suite de la Chronique universelle de Théophane et termine sa Synopsis Historiarum sur l’avènement d’Isaac, le premier empereur Comnène.
Les réactions dans l’Église byzantine
30Peut-on alors se contenter d’affirmer que le prétendu « schisme » de 1054 serait un non événement ou plutôt une reconstruction historiographique postérieure ? Pour répondre à cette question, il faut examiner si le contre-coup de 1054 a laissé une trace dans les textes ecclésiastiques. Les lettres envoyées par Cérulaire aux patriarches orientaux, dont celui d’Antioche, pour annoncer la rupture ne constituent qu’un moyen de propagande traditionnelle. Il ne semble pas non plus que les événements de juillet 1054 aient perturbé la vie religieuse en Italie du Sud, alors que Cérulaire avait utilisé Jean, l’évêque grec de Trani, pour faire savoir aux évêques latins sa position sur leurs pratiques judaïsantes et que le métropolite d’Otrante était présent au synode d’excommunication.
31Les manuscrits, en revanche, ont livré une masse de traités consacrés aux erreurs des Latins, dont l’attribution à des auteurs précis est souvent fautive, si forte était la tentation de placer ces textes sous le nom d’illustres théologiens dont, au premier rang, Phôtios. J. Darrouzès a grandement contribué à ordonner ce vaste champ et Tia Kolbaba a poursuivi la recherche27. Le renvoi à Phôtios permet de conférer le poids de la tradition à la querelle anti-latine, mais en même temps il autorise aussi son déplacement dans un passé lointain. Plusieurs fragments de traités datés du début XIIe siècle feraient allusion, semble-t-il, à Cérulaire et au schisme. Tia Kolbaba a bien noté pourtant que des textes sur les erreurs des Latins datant du règne d’Alexis Comnène, dont la Panoplie dogmatique d’Euthyme Zigabènos commissionnée par le souverain, ne citent pas Cérulaire, ce qui confirme l’hypothèse d’une sorte de damnatio memoriae sous les Comnènes. Alexis, négociant avec les croisés latins, aurait voulu taire les différends et donc ignorer le schisme et Cérulaire, mais il laisse publier, peut-être à contre-cœur, des textes polémiques contre les Latins. Toute référence au passé renvoie à Phôtios, ce qui à la fois confère aux arguments le poids de la tradition et place du même coup la querelle dans un passé lointain. En fait, Cérulaire ne retrouve un rôle central dans les textes anti-latins qu’au XIIIe siècle, après 1204 et surtout après 1261, lorsque Michel VIII Paléologue eut repris Constantinople aux Latins, ou mieux encore après 1274, lorsque le même empereur, tentant d’imposer l’accord d’union conclu au concile de Lyon, se heurta aux farouches adversaires du rapprochement avec les Latins.
32C’est hors de l’espace strictement byzantin qu’on relève le texte le plus intéressant, remarquablement mis en valeur par le savant russe Michel Čičurov. Un traité consacré aux erreurs des Latins, attribué à un métropolite de Russie nommé Éphraïm, a été identifié dans le manuscrit Vat. gr. 828. Ce manuscrit contient entre autres une collection canonique28. Éphraïm fut d’abord pris pour un métropolite de Kiev homonyme, prétendument mentionné dans une chronique pour l’année 1089. Or il s’agissait d’une erreur de lecture puisque cet Éphraïm était en fait métropolite de Perejaslav, ville située au sud-est de Kiev. D’autre part, la légende d’un sceau publié par V. Laurent29 nous fait connaître un Éphraïm, métropolite de Russie, donc résidant à Kiev, précisant qu’il tenait la dignité de protoproèdre des protosyncelles. Compte tenu de cette dernière qualité, dont le premier titulaire connu, Jean, métropolite de Sidè, vivait au début du règne de Michel VII vers 1070, V. Laurent assignait ce petit monumentau seul Éphraïm alors attesté, celui exerçant à la fin du XIe siècle. Mais cette date fait difficulté puisque le métropolite aurait porté une dignité devenue obsolète sous Alexis Ier. Pour surmonter ce problème, V. Laurent en était venu à l’idée que le titre restait un « article d’exportation »30.
33Mais cet Éphraïm ne pouvant plus être pris en compte, il faut donc se tourner vers le seul métropolite Éphraïm – prénom rare à cette date –, connu de façon certaine en 1055 date à laquelle il participait à un procès contre l’évêque de Novgorod31. Il serait resté en place dix ans plus tard. Le sort du métropolite Hilarion, son prédécesseur, présent à un synode en 1051, est inconnu, mais M. Čičurov montre qu’au moment des funérailles du prince Iaroslav de Kiev, en février 1054, le siège était vacant32. Il expose un scénario probable. La mort de Iaroslav aura mis quelque temps à être connue à Constantinople. Le patriarche n’aurait pas choisi de titulaire avant la fin des négociations avec les Latins et, au reste, aucun métropolite de Russie n’a signé les décrets synodaux. Après le schisme, Cérulaire aurait envoyé à Kiev, ville stratégique, le nouveau promu, Éphraïm, qui serait le premier détenteur de la dignité de protoproèdre des protosyncelles. À part ce dernier point où le doute est permis car les brèves listes synodales de 1054 ne montrent que des syncelles, et une incertitude quant à la date de la déposition d’Hilarion et donc de la promotion d’Éphraïm, contestée par certains historiens33, la reconstitution proposée est séduisante. Éphraïm, fort apprécié sans doute, aura été promu à la fin de sa carrière. En tout cas, le traité anti-latin daterait de la seconde moitié du XIe siècle.
34L’étude interne du document confirme la vraisemblance de l’analyse précédente. On constate une parenté de texte entre la lettre de Cérulaire à Pierre d’Antioche et le traité d’Éphraïm34. D’autre part, le récit contient une allusion aux Vandales qu’on appelle aujourd’hui les Némitzoi. Or ce terme, pour désigner les Bavarois, est utilisé dans les sources byzantines pendant une période assez brève, aux Xe et XIe siècles35. M. Čičurov aurait pu ajouter que, dans les listes d’exemption fiscale, le tagma des Némitzoi apparaît seulement au cours de la seconde moitié du XIe siècle (1080-1088)36. Enfin, le traité, à la différence des autres sur ce point, porte mention d’un peuple latin dont il critique les pratiques en matière de durée de jeûne : les Léchoi, c’est-à-dire les Polonais. Ces derniers ont reçu le baptême vers 960. Le choix est pertinent puisque Izjaslav, fils de Iaroslav, épousa une princesse polonaise, raison pour laquelle des Polonais de rite latin seraient présents à la cour de Kiev.
35Pourquoi Cérulaire aurait-il été si attentif au sort de l’Église russe ? Celle-ci, plus que les autres Églises orthodoxes, était soumise aux influences latines. Déjà, rappelons-le, au moment de la christianisation des Russes au Xe siècle, Olga, déçue de ne pas obtenir d’évêque de Constantinople, avait, en 959, sollicité l’envoi d’un moine latin, Adalbert. Dépêché à la cour de Kiev, il y résida seulement quelques mois en 961/62237. Or, la Russie continuait d’être visitée par des marchands et des soldats, des Varanges notamment, de rite latin. Il fallait donc écarter toute tentation de leur part de se tourner vers Rome.
Conclusion
36La crise de 1054 est intervenue dans un contexte qui, à Byzance, n’a pas laissé se développer l’hostilité envers les Latins. Cérulaire, héros de ce courant, se trouva compromis dans un affrontement avec l’empereur Isaac Comnène, ce qui obligea les chroniqueurs à occulter son patriarcat tout entier, trop imprégné de cet esprit d’indépendance à l’égard du pouvoir impérial. S’il devint un anti-modèle du patriarche aux yeux des empereurs, il retrouva du crédit lorsque l’Église entra de nouveau en conflit avec l’empereur, notamment sous Michel VIII, précisément lors de la confrontation de l’empereur et d’une partie du clergé sur la question de l’Union des Églises.
37Toutefois, si les sources laïques sont muettes, les sources ecclésiastiques sont plus prolixes, d’une part en raison de la propagande adressée par Cérulaire aux patriarcats d’Orient, principalement vers le siège d’Antioche où Pierre exprimait une position conciliatrice, mais Antioche et Jérusalem passèrent ensuite au XIIe siècle sous l’autorité des Latins, ce qui n’autorisa pas le développement d’une littérature sur les erreurs des latins. C’est donc en Russie, terre de rivalité potentielle entre les deux chrétientés, que le schisme semble avoir été le plus souligné.
38Il n’y a pas de réponse simple à la question : la rupture de 1054 constitue-t-elle un événement de l’histoire byzantine ? Si l’on tient compte de l’absence de suites notables, le premier réflexe est de conclure qu’il s’agit d’un épisode mineur de la vie des deux Églises, mais l’œuvre d’Éphraïm pousse à modifier cette conclusion. En effet, le schisme a eu des répercussions dans l’Église russe, terrain de compétition entre les Églises latine et byzantine. Cette Église se développe encore sous des princes dont les rapports avec l’Empire furent parfois conflictuels. Ensuite, l’histoire du schisme se construisit progressivement, mais de façon plus claire chez les Latins. En 1204, Innocent III considérait les Grecs comme schismatiques. Du côté byzantin, l’évolution est plus difficile à cerner, puisque, à la différence de Phôtios, le patriarche Cérulaire, qui n’avait pas non plus les mêmes talents intellectuels, ne pouvait jusqu’en 1204, être considéré comme un héros de la lutte contre les Latins, en raison de sa contestation ultérieure du pouvoir impérial. Ce dernier point, en revanche, le qualifiait comme modèle pour les opposants à Michel VIII. Le schisme avec les Latins devint alors une donnée identitaire pour l’Église byzantine.
Bibliographie
Bibliographie
Michel Attaleiatès, Historia, Introducción, edición, tradución y commentario de Im. Pérez Martin, Madrid, 2002.
M. ČIČUROV, « Eine antilatinischer Traktat des Kiever Metropoliten Ephraim », Fontes minores X, Francfort-sur-le-Main, 1998, p. 319-356
Histoire du christianisme, t. IV. Évêques, moines et empereurs (610-1054), sous la direction de G. Dagron, P. Riché et A. Vauchez, Paris, 1993.
W. HOLTZMANN, « Die Unionverhand-lungen zwischen Kaiser Alexios I. und Papst Urban II. Im J. 1089 », Byzantinische Zeitschrift 28, 1928.
Regestes : Les regestes des actes du patriarcat de Constantinople. vol. I. Les Actes des patriarches. Fasc. II-III. Les regestes de 715 à 1206, par V. Grumel, 2e éd. revue et corrigée par J. Darrouzès, Paris, 1989.
C. WILL, Acta et scripta quae de controversiis ecclesiae graecae et latinae undecimo saeculo composita extant, Leipzig, 1856.
Notes de bas de page
1 Sur les sources se rapportant au schisme, cf. C. WILL, Acta, et A. MICHEL, Humbert und Kerullarios. Quellen und Studien zum Schisma des XI. Jahrhunderts II, Paderborn, 1930.
2 A. LAIOU, « Imperial marriages and their critics in the eleven century: the case of Skylitzès », dans Dumbarton Oaks Papers 46, 1992, p. 172.
3 Parmi les travaux récents sur Cérulaire : Fr. TINNEFELD, « Michael Kerullarios, Patriarch von Konstantinopel (1043-1058). Kritische Überlegungen zu einer Biographie, 39 (1989) », Jahrbuch der Österreichischen Byzantinisk 39, 1989, p. 95-127.
4 Sur les aspects politiques, cf. J.-Cl. CHEYNET, « Le patriarche “tyrannos« : le cas Cérulaire », Ordnung und Aufruhr im Mittelalter, Francfort, 1995, p. 1-16.
5 Le récit le plus complet des événements se trouve dans le vieil ouvrage de M. JUGIE, Le schisme byzantin. Aperçu historique et doctrinal, Paris, 1941, notamment p. 198-211. Voir aussi M. KAPLAN, « La place du “schisme” de 1054 dans les relations entre Byzance, Rome et l’Italie », Byzantinoslavica 54, 1993, p. 29-37 ; Id., « Le “schisme” de 1054. Quelques éléments de chronologie », Byzantinoslavica 56, 1995, p. 147-157.
6 Regestes, 1989, n° 869. Textes dans C. WILL, op. cit., p. 155-158. Voir Bibliographie, infra.
7 Regestes (comme n. 6), nos 839-840 ; G. FICKER, Erlasse des Patriarchen von Konstantinopel Alexios Studites, Kiel, 1911, p. 5-7.
8 W. HOLTZMANN, « Die Unionverhandlungen zwischen Kaiser Alexios I. und Papst Urban II. Im J. 1089 », Byzantinische Zeitschrift 28, 1928, p. 63.
9 C. WILL, op. cit., p. 166 ; F. DÖLGER et P. WIRTH, Regesten der Kaiserurkunden des oströmischen Reiches. 2. Teil. Regesten von 1025-1204, Munich, 1995, n° 917a.
10 Regestes, n° 869. Texte dans C. WILL, op. cit., p. 161.
11 Ch. STAVRAKOS, Die byzantinischen Bleisiegel mit Familiennamen aus der Sammlung des Numismatischen Museums Athen. Wiesbaden, 2000, n° 223.
12 Sur le règne de l’impératrice porphyrogénète, cf. Kl.-P. TODT, « Die Frau als Selbstherrscher : Kaiserin Theodora, die letzte Angehörige der Makedonischen Dynastie », dans Jahrbuch der Österreichischen Byzantinistik 50, 2000, p. 139-171.
13 Théodôra et Michel VI furent en mauvais termes avec le patriarche Cérulaire (Michel Psellos, Chronographie, (éd.) É. Renauld, Paris, 19672 II, p. 80 et 88) mais n’eurent pas le temps de le faire déposer. Isaac Comnène, qui devait en partie son trône au soutien du patriarche, se brouilla avec lui et le fit bannir (ibid., p. 123 ; ʽH συνέχεια τῆς Xρονογραϕίας τοῦ ʼIωάννου ∑κυλίτζη (éd.) E. Th. Tsolakès, Thessalonique, 1968, p. 104-105 ; Michel Attaleiatès, p. 48-49).
14 Cf. en dernier lieu, A. BAYER, Spaltung der Christenheit. Das sogennante Morgenländische Schisma von 1054, Cologne-Weimar, 2002, tout particulièrement p. 113-124.
15 Sur la date de la disgrâce de Psellos, cf. G. WEISS, Oströmische Beamte im Spiegel der Schriften des Michael Psellos, (Miscellanea Byzantina Monaciensa 16) Munich, 1973, p. 88 et 202 et n. 278.
16 Histoire du christianisme, voir Bibliographie, infra, p. 318.
17 Ainsi Psellos assista au second mariage de l’un d’eux, le grand drongaire (un juge) Constantin : P. GAUTIER, « La curieuse ascendance de Jean Tzetzès », Revue des études byzantines 28, 1970, p. 214-215.
18 Michel Psellos, dans Scripta minora I, (éds) E. Kurtz, F. Drexl, Milan, 1936, p. 232-328.
19 Id., « Λóγος ἐπιτάϕιος », dans Mεσαιωνικὴ Bιβλιοθήκη, IV, ʽH ∑υλλογὴ ʼAνεκδóτων Mνημείων τῆς ʽEλληνικῆς ʽIστορίας, (éd.) K. N. Sathas, Paris, 1874, p. 303-387.
20 Michel Attaleiatès, p. 30-33.
21 Ibid., p. 42-43, 48.
22 Ioannis Scylitzae Synopsis Historiarum, (éd.) I. Thurn (CFHB V, Series Berolinensis), Berlin-New York, 1973, p. 412 (complot de Cérulaire contre Michel IV), p. 429 (nomination comme patriarche), p. 498-499 (ralliement à Isaac Comnène) ; (trad. fr.) B. Flusin et (annot.) J.-Cl. CHEYNET, Empereurs de Constantinople, Paris, 2003, p. 341, 357, 409-410.
23 Tia M. KOLBABA, « Byzantine Perceptions of Latin Religious “Errors”: Themes and Changes from 850 to 1350 », dans The Crusades from the Perspective of Byzantium and the Muslim World, (éds) Angeliki E. Laiou et Roy Parviz Mottahedeh, Washington DC, 2001, p. 117-143; ead., « The legacy of Humbert and Cerularius: the tradition of the “Schism of 1054« » dans Byzantine texts and manuscripts of the twelfth and thirteenth centuries, dans Porphyrogenita, Essays on the History and Literature of Byzantium and the Latin East in Honour of Julian Chrysostomides, Aldershot, 2003, p. 47-61.
24 Cf. s.v. la notice dans l’Oxford Dictionary of Byzantium, (éd.) A. P. Kazhdan, New York -Oxford, 1991.
25 Armenia and the Crusades Tenth to Twelfth Centuries. The Chronicle of Matthiew of Edessa. Translated from the Original Armenian with a Commentary and Introduction by A. E. Dostourian, New York-Londres, 1993, p. 90.
26 W. HOLTZMANN, « Die Unionverhandlungen… », op. cit., p. 61.
27 J. DARROUZÈS, « Les documents byzantins sur la primauté romaine au XIIe siècle », Revue des études byzantines 23 (1965), p. 42-88 ; T. KOLBABA, The Byzantine Lists. Errors of the Latins, Champaign Ill., 2000.
28 M. ČIČUROV, Eine antilatinischer Traktat, p. 319-356. Je remercie vivement Constantin Zuckerman de m’avoir signalé cet article.
29 Regestes, n° 783.
30 V. LAURENT, Le Corpus des sceaux de l’empire byzantin, t. V, L’Église 1, Paris, 1963, p. 602 (sceau n° 783).
31 M. ČIČUROV, Eine antilatinischer Traktat,… op. cit., p. 332.
32 Ibid., p. 333.
33 Ch. HANNICK, « Les nouvelles chrétientés du monde byzantin : Russes, Bulgares et Serbes » dans Histoire du christianisme, p. 917.
34 M. ČIČUROV, Eine antilatinischer Traktat,… op. cit., p. 336.
35 Constantini Porphyrogeniti, De cerimoniis aulae Byzantinae libri duo, (éd.) J. J. Reiske, Bonn, 1829-1830, p. 689.
36 N. OIKONOMIDES, Fiscalité et exemption fiscale à Byzance (IXe-XIe s.), Athènes, 1996, p. 301.
37 Ch. HANNICK, dans Histoire du christianisme, p. 912.
Auteur
Paris IV-Sorbonne, Centre d’histoire et de civilisation de Byzance
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