La sublimation de la soumission des Saxons au pouvoir franc et la translation de saint Alexandre de Rome à Wildeshausen (851)
p. 219-234
Texte intégral
1La translation de saint Alexandre constitue un exemple de choix illustrant les relations entre la Saxe et le reste de la Chrétienté occidentale peu après l’intégration au monde franc de cette région sise en ses confins nord-orientaux1. De tels dons de reliques s’inscrivaient alors dans un système d’échanges et de relations amicales ou familiales fort large2. Le cadeau fait par le pape Léon IV au petit-fils de Widukind, en 851, témoigne également de la valeur diplomatique de tels présents. Grâce au récit de deux moines de Fulda, Raoul et Méginhard, cette translation compte parmi les transferts de reliques les mieux documentés du IXe siècle, à l’instar de la translation de saint Gui, de Saint-Denis à Corvey3, et de celle de saint Liboire, du Mans à Paderborn4, toutes deux accomplies en 836. La Translatio sancti Alexandri fut rédigée pour conserver le souvenir du pèlerinage que le noble Waltpert alias Waltbraht, vassal de l’empereur Lothaire5, fit jusqu’à Rome, d’où il rapporta des reliques pour l’église qu’il avait fondée à Wildeshausen6 (à une trentaine de km au sud-ouest de Brême). Grâce à la description de Méginhard, on connaît exactement l’itinéraire suivi par Waltbraht à son retour en Saxe : en effet, dès qu’il fut en terre saxonne, le saint multiplia les miracles pour exprimer son accord avec son transfert, et l’hagiographe en consigna les diverses étapes7. Ce n’est toutefois pas à cette partie du récit qu’est consacrée la présente analyse, mais à l’examen du prologue rédigé par Raoul de Fulda8. C’est donc à l’histoire des Saxons depuis leurs origines jusqu’à leur conversion au Christianisme qu’on s’intéressera ici.
2Il n’est pas possible d’étudier ce récit qui tranche avec les monuments classiques d’ethnogenèse9 sans prendre en compte la personnalité de son commanditaire. Le portrait que Méginhard brosse de Waltbraht n’échappe pas au topos selon lequel le fils de Wibreht, lui-même fils de Widukind10, était « noble selon le monde et plus encore par sa religion »11. Wibreht avait confié (commendavit) son fils à Lothaire Ier pour qu’il serve à la cour12. C’est là que Waltbraht fut initié aux affaires, comme tout membre prometteur de l’aristocratie ; en tant que « nourri », il reçut la formation également imposée à nombre de ses compatriotes de la génération précédente qui, livrés quant à eux comme otages, avaient été contraints de fréquenter la cour ou de vivre dans l’entourage d’un membre de l’aristocratie, tels ces trente-sept otages saxons dont on établit la liste, vers 802-805, en indiquant le nom de ceux à qui ils avaient été confiés, avant de les regrouper à Mayence13. L’objectif était toujours à peu près le même : acculturer (ou « rééduquer ») des enfants ou de jeunes hommes pour les renvoyer ensuite chez eux, comme agents du roi ou comme hommes de Dieu14. La documentation relative à Waltbraht est particulièrement instructive quant au rôle joué par les membres de l’aristocratie saxonne ralliés à la cause carolingienne et, c’est alors pour ainsi dire tout un, à la foi chrétienne15. Dans une lettre au roi Louis II, son fils, Lothaire Ier présente le noble Saxon comme quelqu’un qui peut « nous être très utile » et qui se montre d’une fidélité exemplaire16.
3On observe, parmi les descendants de Widukind, une certaine tradition de service du roi carolingien. Le fils de Waltbraht, qui s’appelait Wigbert (on reconnaît ici le nom de son grand-père), fit également partie de la cour ; après avoir été chapelain de Louis le Germanique, il devint, en 874, évêque de Verden17. Son destin et celui de son père montrent bien que le ralliement à la cause carolingienne pouvait garantir de belles carrières18. Le fait que Waltbraht exerça des fonctions comtales19 s’avère d’autant plus important pour apprécier le poids politique de la famille de l’opposant à Charlemagne que l’on perd la trace de ce dernier après sa soumission et son baptême en 785. Il est possible que Widukind soit simplement « rentré dans le rang » (et ait servi le pouvoir carolingien en tant que comte en Westphalie20), confirmant ainsi indirectement les dires de Bède le Vénérable quant au caractère temporaire, durant les hostilités, de la fonction de chef unique des Saxons21. Les fonctions comtales avaient été introduites en Saxe par Charlemagne dès l’année 782, lors du plaid réuni aux sources de la Lippe22 : le roi en investit les membres de l’élite autochtone qui s’étaient ralliés à sa cause (ainsi en fut-il du comte Hessi, un Grand d’origine saxonne qui s’était soumis à Charlemagne en 775 et mourut à Fulda en 804, selon le témoignage de l’auteur de la Vie de sainte Liutbirg23). Quel que fût le destin de Widukind, un acte de donation à Saint-Martin d’Utrecht, en décembre 834, illustre au mieux l’adhésion de ses descendants à la cause franque. Le choix d’Utrecht n’est pas fortuit : monastère de mission dépendant du siège de Cologne depuis le règne de Dagobert Ier, siège épiscopal du grand missionnaire de la Frise que fut saint Willibrord au tournant du VIIe et du VIIIe siècle, Utrecht fut également un lieu de ralliement pour les élites autochtones converties, comme le montre le fait que les parents de saint Liudger, des aristocrates frisons liés aux maires du palais pippinides, confièrent leur fils à l’abbé Grégoire, qui administrait ce diocèse24. La donation de Wihbreht et de son fils Waltbraht fut réalisée par des mandataires de ces derniers, pour le remède de leur âme, en présence de divers témoins, dont dix Saxons identifiés comme tels. La mention de ces témoins saxons tend à prouver que leur assimilation n’était pas complète (au point d’effacer leur origine ethnique) ; en revanche, l’évocation de la manière dont Wihbreht et son fils tenaient leurs biens illustre la qualité de leur intégration : ils sont réputés avoir donné ce qui se trouvait sub lege Francorum in eorum dominio – la Loi des Francs s’avérait donc la garantie de leurs droits25.
4Selon l’analyse de Méginhard, le pèlerinage de Waltbraht devait contribuer à détourner les Saxons du paganisme26. C’est pourquoi Lothaire Ier accorda son soutien à cette entreprise. Dans sa lettre de recommandation à l’attention du pape Léon IV, le don des reliques d’un saint, par lequel s’exprimerait l’adhésion du pontife romain, est évoqué comme un sacramentum – un « signe fort », pourrait-on dire – contribuant à la conversion des Saxons27. Que cette affirmation corresponde à la réalité historique ou soit plus récente d’une quinzaine d’années28 importe peu en l’occurrence ; elle montre en tout cas comment la translation des reliques de saint Alexandre participa de l’intégration de la Saxe à la Chrétienté occidentale. Pour comprendre ce phénomène, il convient d’en rappeler brièvement le contexte.
5La conquête de la Saxe constitua l’une des entreprises majeures du règne de Charlemagne ; selon toute vraisemblance, c’est elle qui lui permit d’accéder à l’Empire29. À propos de la « guerre de Saxe » (bellum Saxonicum), Éginhard affirme : « Aucune ne fut plus longue, plus atroce, plus pénible pour le peuple franc »30. La soumission des Saxons au pouvoir franc fut liée à leur conversion à la foi chrétienne31. Il n’y a pas lieu ici de retracer le détail de cette entreprise de longue haleine. Un simple rappel des principales phases chronologiques suffira. De 772 à 785, chaque été voit une nouvelle campagne, marquée par la soumission des optimates (qui prêtent des serments et livrent des otages) ; des baptêmes en masse sont organisés. La division politique des Saxons nécessite, chaque année, de nouvelles négociations (chaque soulèvement s’avère moins la rupture des engagements pris qu’une manifestation d’opposition par une nouvelle tribu). Après avoir détruit le sanctuaire saxon de l’Irminsul dès 772, Charlemagne organise la prise et la construction de forteresses. En 782, le Westphalien Widukind, qui était à la tête des Saxons depuis 778, coordonne une révolte de vaste envergure ; en riposte aux lourdes pertes subies lors de la bataille du Mont-Süntel, Charlemagne fait exécuter plusieurs milliers de prisonniers saxons à Verden. En 784, les Frisons s’associent à Widukind, mais ce dernier, qui avait trouvé refuge chez les Danois, finit par se soumettre et se faire baptiser, en 785 à Attigny32. Il s’ensuit une trêve de sept ans. La guerre connaît une nouvelle phase à partir de 792, marquée par des déportations massives : il s’agit désormais moins de conquérir le territoire que de consolider la conquête et de mater tous les récalcitrants. Les critiques exprimées au sein même de l’entourage royal et une inflexion liée peut-être à un changement de génération conduisent à une assimilation des Saxons aux Francs, ce qu’exprime le capitulaire de 797. Peu après le couronnement impérial de Charlemagne, la Saxe est complètement soumise. C’est alors qu’on peut d’ailleurs véritablement parler de « la » Saxe : en quelque sorte, les Saxons doivent leur unité aux Carolingiens. Une éloquente illustration de la dimension territoriale que revêt désormais l’unification des Saxons comme un peuple associé aux Francs est offerte par Adam de Brême, dans ses Gesta des pontifes de Hambourg rédigés dans les années 1072-1075 :
Alors seulement la Saxe fut définitivement pacifiée et érigée en province. Elle fut du même coup divisée en huit évêchés, relevant respectivement des archevêchés de Mayence et de Cologne33.
6Adam prétend s’appuyer sur la Vie de saint Willehad, qui fut rédigée à Echternach sous le règne de Lothaire Ier. Certes, l’auteur de cette Vita fait bien allusion à la conversion de Widukind, mais il dénonce l’opposition des Saxons aux missionnaires34. Assurément, l’allusion d’Adam à la pacification de la Saxe tire son origine d’ailleurs : la manière dont l’historien des pays septentrionaux se représentait la soumission de ce territoire s’inspire du récit de Raoul de Fulda. En effet, contrairement à d’autres auteurs – tel celui de la Translation de saint Liboire, qui, vers la fin du IXe siècle35, reconnaissait que Charlemagne « prêcha d’une langue de fer »36 – le moine de Fulda propose une analyse irénique de l’intégration des Saxons au monde franc, dont il convient de chercher à cerner le mobile.
7La Translatio sancti Alexandri fut rédigée vers le milieu des années 860 : Raoul de Fulda en composa le prologue peu avant sa mort, en 865. Pour célébrer le souvenir des miracles accomplis par le saint dont il avait apporté les reliques de Rome, Waltpert avait fait appel à un auteur jouissant d’une solide réputation37 : que Raoul ait ou non œuvré à la rédaction des Annales de Fulda38 ne change rien au fait qu’on lui doit une Vie de sainte Lioba, parente de Boniface et abbesse de Tauberbischofsheim († vers 782), et les Miracles des saints transférés à Fulda. Ni Raoul, ni son disciple Méginhard, qui poursuivit la rédaction de la translation des reliques de saint Alexandre après le décès de son maître, ne sont des témoins oculaires, mais il s’agit d’auteurs bien informés39 qui proposent une analyse franque des faits à l’attention d’un commanditaire saxon lui-même acquis à la cause carolingienne40.
8Dans son introduction au récit de la translation de saint Alexandre, Raoul de Fulda livre une réflexion sur les éléments constitutifs de l’identité saxonne où, combinant les emprunts à Tacite et à Éginhard à ses propres commentaires, il évoque les mœurs et les principes juridiques des Saxons avant de célébrer leur conversion au christianisme, qui conduisit à la « fusion avec le peuple franc en un peuple unique » selon les termes d’Éginhard41. Or Raoul dépasse l’analyse de ce dernier dans la mesure où, se démarquant des propos de son modèle, il va jusqu’à affirmer qu’après avoir prêté l’oreille aux « prédicateurs de la Vérité, les évêques et les prêtres », et avoir reçu les sacrements, les Saxons « se joignirent au peuple de Dieu »42. En la matière, Raoul n’entretient pas explicitement le souvenir de l’antériorité des Francs sur les Saxons dans la foi chrétienne, au contraire de Raban Maur qui, par exemple, raisonnait en termes d’antériorité et de supériorité43. Par conséquent – et bien qu’il achève son propos sur l’affirmation, empruntée à l’auteur des Annales royales, selon laquelle la Saxe aurait été entièrement soumise à l’occasion du baptême de Widukind : et Saxonia tota subacta44 –, Raoul célèbre moins la soumission d’un peuple que sa conversion. Méginhard l’a bien compris, qui résume ainsi, dans une lettre adressée à un prêtre du nom de Sundrolt, le récit de son maître : ce dernier relata comment les Saxons se séparèrent du peuple des Angles pour s’installer en Saxe, grâce à Thierry Ier, et comment Dieu les libéra des erreurs des vaines religions, comment ils luttèrent contre les Francs et, lorsqu’ils furent vaincus, combien de fois ils conspirèrent en période de guerre ; tout récemment cependant, ayant rejeté le culte des démons et reçu les prédicateurs du Christ, ils se convertirent à la vraie et catholique religion chrétienne45. Méginhard analyse de façon pertinente la teneur du récit de Raoul : l’essentiel réside en la conversion à la foi chrétienne qui scelle l’appartenance au monde franc. Mais, qui plus est, Raoul se livre à un travail de réécriture et à une réflexion d’ordre socio-juridique particulièrement intéressants.
9Le chapitre premier est consacré à l’installation des Saxons en Saxe et à leurs rapports avec leurs voisins avant la conquête carolingienne46. Ce que le moine de Fulda relate du débarquement dans le pays d’Hadeln, au sud-ouest de l’embouchure de l’Elbe, ne correspond pas aux réalités historiques du Ve siècle47 et – du point de vue de la tradition historiographique dans laquelle il aurait logiquement dû s’inscrire – contredit fondamentalement le récit de Bède le Vénérable : Raoul se fonde sur une tradition ancienne (sicut tradit antiquitas) pour affirmer que les Saxons venaient d’Angleterre48. La thèse de leur débarquement en pays d’Hadeln (sans précision de l’origine géographique) est également celle à laquelle, un siècle plus tard, Widukind de Corvey accorde le plus grand crédit49. Il y a débat pour savoir si Raoul de Fulda influença directement Widukind de Corvey ; il est possible que les deux auteurs aient simplement puisé à la même matière, véhiculée oralement50. On sait que les missionnaires anglo-saxons du haut Moyen Âge ne choisissaient pas leur destination au hasard, mais partaient évangéliser les descendants continentaux de leurs ancêtres51 : cette erreur historique quant à l’origine des Saxons dans le foyer de culture insulaire qu’était Fulda ne laisse donc pas d’étonner.
10En dépit de certaines similitudes entre le récit de Raoul et celui de Widukind, la désignation des Saxons en tant que socii Francorum et amici dans l’Histoire du moine de Corvey traduit l’émergence et l’affirmation de la Saxe comme entité politique sous les Liudolfides (il n’empêche que les deux peuples sont désormais considérés quasi una gens ex Christiana fide52). De même, Raoul de Fulda s’écarte sensiblement de sa source principale d’information lorsqu’il évoque les temps mérovingiens53 et, surtout, il procède à une transposition, à l’égard d’un des peuples voisins des Saxons du VIe siècle, du rapport de dépendance bien attesté, aux temps carolingiens, entre ces derniers et les Francs. Lorsqu’il évoque la campagne de Thierry Ier en Thuringe (en 531), le moine se réfère à l’envoi, par le roi des Francs, d’un message au dux des Saxons, Hadugot, pour lui offrir l’hospitalité en échange de son aide selon un principe similaire à celui qui avait jadis prévalu pour les peuples fédérés54 (ce texte célèbre ainsi une alliance entre Francs et Saxons, dont on ne concevait alors pas un destin séparé). Or en raison des grosses pertes subies dans la bataille, les Saxons n’occupèrent pas tout le territoire qui leur avait été concédé, mais ils en cédèrent les parties orientales à des « colons », contre un tribut55. C’est précisément de la sorte que les sources annalistiques décrivent l’obligation (sporadiquement au VIIe siècle, de manière récurrente au siècle suivant56) dans laquelle se trouvaient les Saxons de garantir leur fidélité – au demeurant fluctuante57 – à l’égard des Francs.
11Raoul décrit ensuite les mœurs des Saxons ; pour ce faire, il cite la Germanie de Tacite. Tout d’abord, il évoque la pureté de leur gens et leur souci de préserver leur noblesse58, puis il passe en revue les diverses catégories sociales et il insiste sur l’interdiction des mariages mixtes59 – toute transgression étant censée entraîner la peine capitale60 (notons par ailleurs que le mariage illicite est sanctionné selon une tarification proportionnelle à l’élévation du statut social du coupable dans la Capitulatio de partibus Saxoniae61 – il est toutefois probable que cette référence au prohibitum coniugium, qui s’avère la seule occurrence de cette expression dans les capitulaires, ne se rapporte pas à l’hypergamie interdite par le droit saxon aux dires de Raoul, mais aux interdits de parenté de la législation canonique62). L’homogénéité de l’apparence physique des Saxons est censée venir du fait qu’ils ne s’unissent pas à d’autres peuples – on connaît la dangerosité idéologique de ce genre d’assertion63.
12Un peu plus loin dans son texte, Raoul de Fulda emprunte également à Tacite son évocation du culte rendu aux divinités et du recours aux auspices64. À double titre, l’usage que Raoul fait de la Germanie est remarquable : non seulement le moine de Fulda et le chroniqueur à qui l’on doit les Annales Fuldenses (dans l’hypothèse où il s’agirait de deux personnes différentes) sont les seuls auteurs médiévaux antérieurs au XVe siècle à citer ce texte65, mais – surtout – Tacite passe les Saxons sous silence ! Le moine applique donc aux Saxons les traits génériques des Germains décrits par l’ethnographe romain, plus de sept siècles auparavant. Mais le texte de Raoul ne consiste pas en une copie servile de la Germanie. Au contraire, le moine procède à certains remaniements et à quelques coupes, qui confèrent à sa description une valeur plus générale et la rendent plus crédible à propos des Saxons. Raoul se montre donc aussi enclin à la réécriture qu’à la réalisation de faux66.
13Le moine de Fulda s’écarte également du témoignage de Tacite sur les Germains pour évoquer la division de la société saxonne en catégories juridiques. La hiérarchisation sociale de la Saxe précarolingienne ne nous est connue que par des textes carolingiens67. La classification établie par Raoul, qui distingue quatre statuts différents – les nobles, les libres, les affranchis et les serfs : nobiles, liberi, liberti et servi68 –, correspond aux descriptions de ses contemporains, qu’il s’agisse de Nithard lorsqu’il évoque la révolte des Stellinga69 ou de l’auteur de la Vita Lebuini à propos de l’assemblée de Marklo70 (dans ces récits, il n’est question que des catégories d’individus ayant part à la vie publique : les edhilingi, les frilingi et les lazzi71).
14L’évocation des catégories sociales et des pratiques matrimoniales conduit Raoul de Fulda à une réflexion, d’une part, sur la loi des Saxons et leurs pratiques et, d’autre part, sur la conquête carolingienne, qu’il présente comme une nécessité visant à la correction de la société saxonne selon un idéal caractérisant en fait l’ensemble du mouvement de réforme qu’on appelle généralement la « renaissance » carolingienne72. Le moine fait l’éloge de la loi des Saxons, qui correspond au droit naturel et qui serait vraiment bonne si ces derniers n’ignoraient pas l’existence de Dieu73. D’ailleurs, Charlemagne s’était référé à plusieurs reprises au droit saxon, qu’il ne prétendit aucunement créer en légiférant74 (il est notamment fait état de la lex Saxonum dans la Capitulatio de partibus Saxoniae75, qui date d’environ 782 – par lex, il faut entendre la « coutume », désignée en langue vernaculaire par le mot ewa76, dont on trouve mention dans le Capitulare Saxonicum77, du 28 octobre 797). Le roi reconnaissait donc explicitement que la loi saxonne préexistait à la conquête franque.
15Il se peut que l’intérêt que Raoul prête aux traditions juridiques des Saxonsparticipe en fait de la dénonciation de leur identité propre. À cet égard, il convient de rapprocher l’analyse du moine de Fulda de la définition établie par Réginon de Prüm à la génération suivante. Pour ce dernier, les critères ethniques s’avèrent l’origine, les mœurs, la langue et la loi78, qui constitue un élément nouveau de distinction79 (on sait d’ailleurs que la déclaration, lors des procès, de la loi dont on relève, la professio legis, est un usage – peut-être somme toute simplement formel80 – qui se répand aux temps carolingiens81). En dénonçant l’imperfection de leurs coutumes juridiques, Raoul refuse donc aux Saxons la possibilité de s’intégrer au peuple de Dieu sans « dépouiller le vieil homme », aurait dit saint Paul (Ep 4, 22) – pour se fondre mieux dans cette nouvelle identité. Droit et religion sont intimement liés aux yeux du moine de Fulda. Il se pourrait donc qu’en dépit de son éloge du droit saxon, il en rejette les fondements en ce sens qu’il condamne les pratiques religieuses saxonnes82.
16Après la dénonciation des errements des Saxons vient la célébration de leur salut grâce au roi des Francs ! Raoul de Fulda emprunte à Éginhard son évocation de la conquête de la Saxe par les Francs83 ; il cite fidèlement la Vita Karoli, sauf à un endroit, où il insère une allusion à l’Irminsul (dans le site fortifié de l’Eresburg84). Réputée soutenir l’univers, cette colonne sacrée servait aussi d’autel de la victoire85 (elle marquait d’ailleurs la zone maximale d’extension de l’emprise saxonne). Raoul tenait en partie son information des Annales royales86. L’insertion de ce développement sur l’Irminsul dans le texte d’Eginhard montre que le moine de Fulda était tout à fait conscient de l’enjeu que représentait la destruction de ce sanctuaire païen par Charlemagne : c’est par ce geste que le roi des Francs déclencha véritablement les hostilités, en 772.
17Charlemagne ne mit un terme aux expéditions militaires qu’une fois son objectif atteint, comme l’a fort justement formulé Éginhard :
On sait que la guerre, après tant d’années de luttes, ne s’acheva que lorsque les Saxons eurent accepté les conditions imposées par le roi : abandon du culte des démons et des cérémonies nationales, adoption de la foi et des sacrements de la religion chrétienne, fusion avec le peuple franc en un peuple unique87.
18C’est presque par cette citation que Raoul achève son propos. Or il importe de se montrer attentif à ce que le moine de Fulda ne reprend pas du texte d’Éginhard. En effet, il passe sous silence – assurément de manière délibérée – l’aveu du biographe de Charlemagne concernant les pertes subies de part et d’autre dans les nombreux affrontements armés88 : en procédant ainsi, Raoul péchait « par omission » et proposait une version lénifiante de la soumission des Saxons en célébrant essentiellement l’unité dans la Foi.
19Raoul de Fulda laisse entendre que le seul changement apporté par Charlemagne en Saxe fut l’introduction du christianisme, et que les structures sociales et les principes juridiques ne furent pas altérés. Nous savons, au contraire, que l’intégration des Saxons au royaume carolingien provoqua d’importantes tensions sociales – toutefois, bien que la conversion au christianisme introduisît de nouveaux principes, il n’est pas certain que l’ordre social lui-même fût profondément bouleversé. Or le moine de Fulda n’écrit pas ici en tant qu’historien, mais en tant qu’apologiste de la conversion des Saxons, qui devaient pouvoir se réjouir et être fiers de leur intégration au monde franc et à la Chrétienté occidentale. Par conséquent, on peut sérieusement hésiter à reconnaître dans la Translatio sancti Alexandri un texte exaltant une Origo gentis89 : il s’agit surtout de la success story de Widukind et de ses descendants, écrite pour sublimer ce qui, somme toute, était une défaite politique en y reconnaissant essentiellement le commencement d’un destin plus haut spirituellement – et affranchi de toute considération ethnique, selon le principe établi par saint Paul (cf. Ga 3, 28). Le récit de Raoul de Fulda doit bien sûr être lu comme un document d’histoire des mentalités. Le souvenir de la soumission aux Francs était ainsi rendu possible grâce à un travail d’oubli partiel, qui transformait le passé en quelque chose de positif90. L’intérêt de l’analyse proposée par Raoul de Fulda est illustré par la réception littéraire de son récit. Bien qu’Adam de Brême s’abrite derrière l’autorité plus grande d’Éginhard pour décrire une conversion réussie91, c’est en réalité Raoul de Fulda qu’il cite en évoquant les Saxons92. Le « fait » historique construit par Raoul ne correspond qu’en partie à la réalité des événements qui eurent lieu sous Charlemagne : l’idéologie que sert l’historien, ici comme en bien d’autres occasions, impose son prisme dans la manière de concevoir le monument historiographique93.
Notes de bas de page
1 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander von Rom nach Wildeshausen durch den Enkel Widukinds, 851. Das älteste niedersächsische Geschichtsdenkmal », Nachrichten von der Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen, Philologisch-Historische Klasse, 1933, p. 405-436. Ce récit est connu par un manuscrit carolingien (Fulda, IXe s.) ayant – si l’on en croit la mention MEGINHARTI SUM qui figure sur le premier folio – appartenu à Méginhard, l’auteur de la partie hagiographique à proprement parler, cf. Translatio S. Alexandri auctoribus Ruodolfo et Meginharto Fuldensibus. Landesbibliothek Hannover Ms I 186, (éd.) H. Härtel, Hildesheim, 1979 (Facsimilia Textuum Manuscriptorum, 5).
2 H. RÖCKELEIN, Reliquientranslationen nach Sachsen im 9. Jahrhundert. Über Kommunikation,Mobilität und Öffentlichkeit im Frühmittelalter, Stuttgart, 2002 (Beihefte der Francia, 48).
3 Translatio sancti Viti martyris. Übertragung des hl. Martyrers Vitus, (éd.) I. Schmale-Ott, Münster, 1979 (Veröffentlichungen der Historischen Kommission für Westfalen, 41 ; Fontes minores, 1).
4 Translatio sancti Liborii, (éd.) G. H. Pertz, MGH SS 4, Hannover, 1841, p. 149-157.
5 Lothaire Ier présente Waltbraht comme son fidelis vasallus dans sa lettre de recommandation aux Grands d’Italie, cf. B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 428 (c. 4).
6 K. HERBERS, Leo IV. und das Papsttum in der Mitte des 9. Jahrhunderts. Möglichkeiten und Grenzen päpstlicher Herrschaft in der späten Karolingerzeit, Stuttgart, 1996 (Päpste und Papsttum, 27), p. 363 et sq. ; H. RÖCKELEIN, Reliquientranslationen nach Sachsen…, op. cit., p. 127 et sq. Ce monastère familial reçut du roi Louis le Germanique le privilège d’immunité en 871, cf. Die Urkunden Ludwigs des Deutschen, Karlmans und Ludwigs des Jüngeren, (éd.) P. Kehr, Berlin, 1934 (MGH Diplomata regum Germaniae ex stirpe Karolinorum, 1), p. 198-200 (diplôme de Louis le Germanique, n° 142). Les enjeux de la fondation de Wildeshausensont étudiés par D. HÄGERMANN, « Bremen und Wildeshausen im Frühmittelalter. Heiliger Alexander und heiliger Willehad im Wettstreit », Oldenburger Jahrbuch 85, 1985, p. 15-33.
7 Le premier des miracles mentionnés eut lieu à Drensteinfurt, à une vingtaine de km au sud de Münster (Westphalie). Le parcours est cartographié dans H. RÖCKELEIN, Reliquientrans-lationen nach Sachsen…, op. cit., p. 402.
8 La partie due à Raoul se décompose ainsi : récit de l’origine des Saxons (c. 1) ; présentation de leurs coutumes juridiques et de leurs pratiques religieuses (c. 2) ; récit de leur conversion à l’initiative de Charlemagne (c. 3). Le texte de Raoul s’achève sur l’évocation de la soumission de la Saxe : Hucusque Ruodolf (B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 427). Ensuite, Méginhard brosse un portrait du comte Walpert, dans lequel il reproduit plusieurs documents relatifs à la préparation de la translation (c. 4), puis il décrit le départ de Rome (c. 5) et les miracles qui se multiplièrent une fois les reliques parvenues en Saxe (c. 6-15).
9 L’ouvrage fondateur en la matière est celui de R. WENSKUS, Stammesbildung und Verfassung : das Werden der frühmittelalterlichen gentes, Köln, 1961. Les récits des origines ont récemment fait l’objet d’un réexamen critique par M. COUMERT, Les récits d’origine des peuples dans le haut Moyen Âge occidental (milieu VIe-milieu IXe siècle), thèse de doctorat, Université de Paris X, 2005. Les traditions relatives aux Saxons échappent toutefois au cadre chronologique de cette thèse.
10 K. SCHMID, « Die Nachfahren Widukinds », Deutsches Archiv 20 (1964), p. 1-47, aux p. 3 et sq.
11 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 427 (c. 4) : […] secundum saeculi dignitatem vir valde nobilis, sed secundum christianae religionis studium longe nobilior fuit.
12 Ibid.
13 Capitularia regum Francorum, t. 1, (éd.) A. Boretius, Hannover, 1883 (MGH Capitularia, 1), n° 115, p. 233-234. Sur les otages, cf. A. J. KOSTO, « Hostages in the Carolingian world (714-840) », Early Medieval Europe 11, 2002, p. 123-147.
14 Tel fut, par exemple, le cas du premier évêque de Paderborn, Hathumar : ce Saxon avait été livré comme otage à Charlemagne lorsqu’il était enfant et il avait reçu sa formation à Würzburg, cf. Translatio sancti Liborii…, p. 151 (c. 5).
15 Sur les rapports entre foi et fidélité, cf. H. HELBIG, « Fideles Dei et regis. Zur Bedeutungsentwicklung von Glaube und Treue im hohen Mittelalter », Archiv für Kulturgeschichte 33, 1951, p. 275-306.
16 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 428 (c. 4) : Denique scito, eum Saxonum ex gente nobilem duxisse prosapiam, nostrisque utilitatibus non modice aptum fore fidelemque in omnibus esse.
17 J. FLECKENSTEIN, Die Hofkapelle der deutschen Könige, t. 1 : Grundlegung. Die karolingische Hofkapelle, Stuttgart, 1959 (Schriften der MGH, 16/1), p. 156-157 et 182.
18 À ce propos, cf. Ph. DEPREUX, « L’intégration des élites aristocratiques de Bavière et de Saxe au royaume des Francs – crise ou opportunité ? », dans F. Bougard, L. Feller et R. Le Jan (dirs), Crises et renouvellement des élites (Ve-XIe siècles), Turnhout, 2006, p. 225-252.
19 Méginhard désigne Waltbraht comme comte (défunt) dans sa lettre au prêtre Sundrolt, cf. B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 436. Dans son testament (17 octobre 872), Waltbraht porte la titulature comtale : Ego Waltbertus comes, cf. Oldenburgisches Urkundenbuch, (éd.) G. Rüthning, t. 5 : Urkundenbuch von Süd-Oldenburg, Oldenburg, 1930, p. 10 (n° 8).
20 Le destin de Widukind est controversé : d’aucuns pensent qu’il fut institué comte en Westphalie par Charlemagne, cf. E. FREISE, « Widukind in Attigny », dans G. Kaldewei (dir.), 1200 Jahre Widukinds Taufe, Paderborn, 1985, p. 12-45, aux p. 34 et 40-43 ; d’autres sont d’avis qu’il fut interné à la Reichenau, cf. G. ALTHOFF, « Der Sachsenherzog Widukind als Mönch auf der Reichenau. Ein Beitrag zur Kritik des Widukind-Mythos », Frühmittelalterliche Studien 17, 1983, p. 251-279. L’analyse récente d’un squelette et la comparaison avec le gisant de Widukind à Enger, qui date certes du XIIe siècle, rendent vraisemblable la présence des restes du « duc » dans l’église de la communauté féminine établie dans les années 940 par sa descendante, la reine Mathilde, en un sanctuaire dont la tradition attribue la fondation à Widukind lui-même, cf. B. HERRMANN, H. RÖCKELEIN et S. HUMMEL, « Widukinds Fingerzeig ? Konstruktionen und Dekonstruktionen um eine Geste », Westfälische Zeitschrift 153, 2003, p. 177-187. L’hypothèse selon laquelle Widukind exerça des fonctions comtales en Saxe après son baptême s’en trouve ainsi renforcée.
21 Bede’s Ecclesiastical History of the English People, (éds) B. Colgrave et R. A. B. Mynors, Oxford, 1969 (Oxford Medieval Texts), p. 480-482 (c. 10) ; traduction par O. Szerwiniack et alii : Bède le Vénérable, Histoire ecclésiastique du peuple anglais, t. 2 : Miracles et Mission, Paris, 1999, p. 99. À ce propos, cf. M. BECHER, « Non enim habent regem idem Antiqui Saxones… Verfassung und Ethnogenese in Sachsen während des 8. Jahrhunderts », dans H.-J. Häßler (dir.), Sachsen und Franken in Westfalen. Zur Komplexität der ethnischen Deutung und Abgrenzung zweier frühmittelalterlicher Stämme, Oldenburg, 1999 (Studien zur Sachsenforschung, 12), p. 1-31.
22 H. K. SCHULZE, Die Grafschaftsverfassung der Karolingerzeit in den Gebieten östlich des Rheins, Berlin, 1973 (Schriften zur Verfassungsgeschichte, 19), p. 278 et sq.
23 Das Leben der Liutbirg. Eine Quelle zur Geschichte der Sachsen in karolingischer Zeit, (éd.) O. Menzel, Leipzig, 1937 (MGH, Deutsches Mittelalter, 3), p. 10 (c. 1). Liutbirg était une recluse installée à Wendhausen (dans le Harz), où Gisèle, la fille de Hessi, avait fondé un monastère vers 825/830, cf. W. GROSSE, « Das Kloster Wendhausen, sein Stiftergeschlecht und seine Klausnerin », Sachsen und Anhalt 16, 1940, p. 45-76.
24 S. LEBECQ, « La famille et les apprentissages de Liudger d’après les premiers chapitres de la Vita Liudgeri d’Altfrid », dans M. Sot (dir.), Haut Moyen Âge. Culture, Éducation et Société. Études d’histoire offertes à Pierre Riché, La Garenne-Colombes, 1990, p. 283-299. Sur Liudger, cf. en dernier lieu 805 : Liudger wird Bischof. Spuren eines Heiligen zwischen York, Rom und Münster. Katalog-Handbuch zur Ausstellung, 12-3 – 11-9-2005 Münster, Stadtmuseum, Mainz, 2005 ; A. ANGENENDT, Liudger, der erste Bischof von Münster, Münster, 2005.
25 Oorkondenboek van het Sticht Utrecht tot 1301, (éds) S. Muller et A. C. Bouman, vol. 1, Utrecht, 1920, p. 68-69 (n° 62).
26 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 427 (c. 4) : […] desiderare coepit, ut sanctorum apostolorum Petri et Pauli causa orationis limina adisset eorumque intercessione suorum obolitionem peccatorum accipere mereretur, partem aliquam sanctarum reliquiarum a domno apostolico accipere secumque ad patriam Deo volente portare cogitabat ; quatenus earum signis et virtutibus sui cives a paganico ritu et superstitione ad veram religionem converterentur.
27 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 429 (c. 4) : […] quod nobis aliquod evidens sacramentum mittere dignamini, ne forte effera gens laqueo erroris involuta penitus a vera religione deficiat ac pereat, sed potius doctrinis pariter instructa et signis corroborata in veri Dei cultu tenacius perseveret.
28 L’authenticité de cette lettre de recommandation a été contestée, cf. H. WOLFRAM, « Lateinische Herrschertitel im neunten und zehnten Jahrhundert », dans Idem (dir.), Intitulatio, II. Lateinische Herrscher- und Fürstentitel im neunten und zehnten Jahrhundert, Wien, 1973 (Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung. Ergänzungsband, 24), p. 19-179, aux p. 100 et sq. : il s’agirait d’une « formale Fälschung » réalisée par Méginhard, voire par – ou d’après une ébauche de – Raoul et selon le témoignage de Waltbraht, plusieursannées après le pèlerinage de ce dernier à Rome ; cf. également H. RÖCKELEIN, Reliquientranslationen nach Sachsen…, op. cit., p. 131-132. Contra : K. HERBERS, Leo IV. und das Papsttum…, op. cit., p. 365-366.
29 Cf. H. MAYR-HARTING, « Charlemagne, the Saxons, and the Imperial Coronation of 800 », The English Historical Review 111 (1996), p. 1113-1133; P. Godman, J. Jarnut et P. Johanek (dirs), Am Vorabend der Kaiserkrönung. Das Epos « Karolus Magnus et Leo papa » und der Papstbesuch in Paderborn, 799, Berlin, 2002.
30 Éginhard, Vie de Charlemagne, (éd.) L. Halphen, Paris, 1938, p. 23 (c. 7).
31 J. EHLERS, « Die Sachsenmission als heilsgeschichtliches Ereignis », dans F. J. Felten et N. Jaspert (dirs), Vita Religiosa im Mittelalter. Festschrift für Kaspar Elm zum 70. Geburtstag, Berlin, 1999, p. 37-53.
32 Sur le lien de parenté spirituelle ainsi créé avec Charlemagne, son parrain, cf. A. ANGENENDT, Kaiserherrschaft und Königstaufe. Kaiser, Könige und Päpste als geistige Patrone in der abandländischen Missionsgeschichte, Berlin, 1984 (Arbeiten zur Frühmittelalterforschung, 15), p. 207 et sq.
33 Adam von Bremen, Hamburgische Kirchengeschichte (Magistri Adam Bremensis Gesta Hammaburgensis ecclesiae pontificum), (éd.) B. Schmeidler, Hannover, 1917 (MGH, SS rer. Germ., 2), p. 13-14 (I, 11) ; traduction de J.-B. Brunet-Jailly, Adam de Brême, Histoire des archevêques de Hambourg avec une Description des îles du Nord, Paris, 1998, p. 33.
34 Acta Sanctorum. Novembris… tomus 3, Bruxelles 1910, p. 845 (Vita S. Willehadi, c. 8). Sur ce texte, cf. G. NIEMEYER, « Die Herkunft der Vita Willehadi », Deutsches Archiv 12, 1956, p. 17-35.
35 Il écrivit ce texte à la demande de Bison, qui fut évêque de Paderborn de 887 à 909, cf. V. DE VRY, Liborius, Brückenbauer Europas. Die mittelalterlichen Viten und Translationsberichte, Paderborn, 1997, p. 59.
36 Translatio sancti Liborii…, p. 151 (c. 5) : Quem (Charlemagne) arbitror nostrum iure apostolum nominari ; quibus ut ianuam fidei aperiet, ferrea quodammodo lingua praedicavit.
37 K. NAß, « Rudolf von Fulda », dans Die deutsche Literatur des Mittelalters. Verfasserlexikon, t. 8, Berlin, 1992, col. 351-356. Méginhard désigne Waltbraht comme le commanditaire durécit dans sa lettre au prêtre Sundrolt, cf. B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 436.
38 Sur la controverse relative à l’attribution à Raoul de la seconde partie des Annales de Fulda, cf. E. E. STENGEL, « Die Urkundenfälschungen des Rudolf von Fulda », Archiv für Urkundenforschung 5, 1914, p. 41-152, rééd. dans Idem, Abhandlungen und Untersuchungen zur Hessischen Geschichte, Marburg, 1960 (Veröffentlichungen der Historischen Kommission für Hessen und Waldeck, 26), p. 27-146 (ici p. 131-136) ; F. STAAB, « Klassische Bildung und regionale Perspektive in den Mainzer Reichsannalen (sog. Annales Fuldenses) als Instrumente der geographischen Darstellung, der Bewertung der Regierungstätigkeit und der Lebensverhältnisse im Frankenreich », dans C. Leonardi (dir.), Gli umanesimi medievali, Firenze, 1998, p. 637-668 ; H. LÖWE, Die Karolinger vom Vertrag von Verdun bis zum Herrschaftsantritt der Herrscher aus dem sächsischen Hause. Das ostfränkische Reich, Weimar, 1990 (Wattenbach-Levison, Deutschlands Geschichtsquellen im Mittelalter, 6), p. 678 et sq.
39 Le rôle direct de l’abbaye de Fulda dans les entreprises missionnaire en Saxe est certes en demi-teintes, mais il s’agit assurément d’un des principaux établissements monastiques du royaume de Francie orientale, cf. G. Schrimpf (dir.), Kloster Fulda in der Welt der Karolinger und Ottonen, Francfort/Main, 1996.
40 K. HONSELMANN, « Die Annahme des Christentums durch die Sachsen im Lichte sächsischer Quellen des 9. Jahrhunderts », Westfälische Zeitschrift 108, 1958, p. 201-219, à la p. 212.
41 Éginhard, Vie de Charlemagne…, p. 24-26 (c. 7), et B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 426 (c. 3) : Eaque conditione a rege proposita et ab illis suscepta tractum per tot annos bellum constat esse finitum, ut, abiecto daemonum cultu et relictis patriis caerimoniis, Christianae fidei atque religionis sacramenta susciperent et Francis adunati unus cum eis populus efficerentur.
42 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 426 (c. 3) : Post haec, susceptis praedicatoribus veritatis episcopis atque presbiteris, imbuti verae fidei sacramentis, baptizati sunt in nomine Patris et Filii et Spiritus sancti, et crescente fide ac vera religione, adunati sunt populo Dei usque in hodiernum diem.
43 Raban Maur, De oblatione puerorum, PL 107, col. 419-440, à la col. 432 A/B : Quis enim ignorat sub hac plaga mundi habitans, Francos ante Saxones in Christi fide atque religione fuisse, quos ipsi postmodum suae dominationi subegerunt armis, atque superiores effecti, dominorum ritu, imo magis paterno affectu, ab idolorum cultu abstrahentes, ad fidem Christi converterunt ?
44 Annales regni Francorum inde ab a. 741 usque ad a. 829 qui dicuntur Annales Laurissenses maiores et Einhardi, (éd.) F. Kurze, Hanovre, 1895 (MGH SS rer. Germ., 6), p. 70 (a. 785), et B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 427 (c. 3).
45 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 436 : Cuius ergo petitioni consentiens, scribendi exordium sumpsit, quomodo Saxones ex gente Anglorum exierint gratia quaerendarum sedium et loca, quae moderno tempore possident, qualiter a Thiotrico Francorum rege meruerint. Interponens etiam, a quantis erroribus vanarum religionum Deus omnipotens eos liberavit, et quemadmodum cum Francis dimicaverint et quotiens victi iterum in bella conspiraverint. Novissime autem asserens, quomodo, abiecto demonum cultu et acceptis praedicatoribus Christi, ad veram et catholicam christianamque religionem se converterint.
46 À l’exception d’une allusion à deux batailles entre les Francs et les Thuringiens, ce chapitre est traduit par A. J. STOCLET, Les Sociétés en Europe du milieu du VIe à la fin du IXe siècle, Lyon, 2003 (Collection d’histoire et d’archéologie médiévales, 12), p. 58-59.
47 Nombreux sont les travaux sur l’origine des Saxons ; on en trouvera la bibliographie dans M. BECHER, Rex, Dux und Gens. Untersuchungen zur Entstehung des sächsischen Herzogtums im 9. und 10. Jahrhundert, Husum, 1996 (Historische Studien, 444), p. 31-40. Il convient d’y ajouter la thèse dactylographiée de F. PELLATON, Pouvoir et société chez les Saxons, d’Auguste à Charlemagne, Université de Paris-Nanterre, 1994, et la synthèse de M. SPRINGER, Die Sachsen, Stuttgart, 2004.
48 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 423 (c. 1).
49 Widukind de Corvey, Rerum gestarum Saxonicarum libri tres ( = Die Sachsengeschichte des Widukind von Corvey), (éds) H.-E. LOHMANN et P. HIRSCH, Hannover, 1935 (MGH SS rer. Germ., 60), p. 5 (I, 3). Widukind de Corvey dédia son Histoire des Saxons, rédigée vers 967/8, à Mathilde, la fille d’Otton Ier, abbesse de Quedlinburg, dans les veines de qui coulait d’ailleurs le sang du meneur de l’opposition à Charlemagne (la grand-mère et homonyme de Mathilde, la seconde épouse d’Henri l’Oiseleur, était une descendante de Widukind), cf. G. ALTHOFF, « Widukind von Corvey. Kronzeuge und Herausforderung », Frühmittelalterliche Studien 27, 1993, p. 253-272 ; rééd. dans Idem, Inszenierte Herrschaft. Geschichtsschreibung und politisches Handeln im Mittelalter, Darmstadt, 2003, p. 78-104. Sur l’évocation récurrente, depuis l’Antiquité, de l’origine maritime des Saxons, cf. R. WENSKUS, Stammesbildung und Verfassung…, p. 542.
50 M. BECHER, Rex, Dux und Gens…, op. cit., p. 31 et sq. Sur les traditions orales, cf. M. RICHTER, The oral tradition in the early middle ages, Turnhout, 1994 (Typologie des sources du Moyen Âge occidental, 71) ; Idem, The Formation of the Medieval West. Studies in the oral culture of the Barbarians, Dublin, 1994 ; J. FRIED, Der Schleier der Erinnerung. Gründzüge einer historischen Memorik, München, 2004, p. 223 et sq. ; Ph. DEPREUX, Les Sociétés occidentales du milieu du VIe à la fin du IXe siècle, Rennes, 2002, p. 204 et sq. Sur la matière des récits des origines, cf. K. HAUCK, « Carmina antiqua. Abstammungsglaube und Stammesbewußtsein », Zeitschrift für bayerische Landesgeschichte 27, 1964, p. 1-33.
51 Cf. L. E. von PADBERG, Mission und Christianisierung. Formen und Folgen bei Angelsachsen und Franken im 7. und 8. Jahrhundert, Stuttgart, 1995, p. 63-65; sur les missionnaires, cf. I. WOOD, The Missionary Life. Saints and the Evangelisation of Europe, 400-1050, Harlow, 2001.
52 Widukind de Corvey, Rerum gestarum Saxonicarum libri tres…, p. 25 (I, 15). À ce propos, cf. M. BECHER, Rex, Dux und Gens…, op. cit., p. 43 ; H.-W. GOETZ, « “Sachsen” in der Wahrnehmung fränkischer und ottonischer Geschichtsschreiber », dans H. Seibert et G. Thoma (dirs), Von Sachsen bis Jerusalem. Menschen und Institutionen im Wandel der Zeit. Festschrift für Wolfgang Giese zum 65. Geburtstag, München, 2004, p. 73-94.
53 Grégoire de Tours, Historiarum libri decem, (éds) B. Krusch et W. Levison, Hannover, 1937-1951 (MGH SS rer. Merov., 1,1), p. 103-105 (III, c. 7). Dans ce récit, Grégoire focalise l’attention sur l’aide prêtée à son frère par Clotaire, qui revint de cette campagne avec uneépouse, Radegonde. À ce propos, cf. S. JOYE, « Basine, Radegonde et la Thuringe chez Grégoire de Tours », Francia 32/1, 2005, p. 1-18.
54 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 423-424 (c. 1).
55 Ibid., p. 424 (c. 1) : Qui eam sorte dividentes, cum multi ex eis in bello cecidissent, et pro raritate eorum tota ab eis occupari non potuit, partem illius, et eam quam maxime quae respicit orientem colonis tradebant, singuli pro sorte sua, sub tributo exercendam. Cetera vero loca ipsi possiderunt.
56 « Frédégaire » relate, à propos de l’année 631, la remise par Dagobert Ier du tribut annuel de 500 vaches, en échange de la défense des régions frontalières contre les Wendes, cf. Frédégaire, Chronique des temps mérovingiens (Livre IV et Continuations), texte latin selon l’édition de J. M. Wallace-Hadrill, trad. O. Devillers et J. Meyers, Turnhout, 2001 (Miroir du Moyen Âge), p. 172-173 (IV, 74). En revanche, en 758, une expédition de Pépin le Bref en Saxe se solda, pour les Saxons, par le paiement d’un tribut de 300 chevaux, cf. Annales regni Francorum…, p. 16 (a. 758). Dans les années suivantes, il est souvent question du tribut levé par les Francs sur les Saxons.
57 Déjà, vers la fin du VIe siècle, l’évêque Marius d’Avenches relate dans sa Chronique les expéditions de Clotaire Ier dans les années 555/556. Marius tient des propos presque semblables à ceux de l’auteur des Annales royales, qui écrirait deux siècles plus tard : les Saxons se rebellent et se « conjurent » (c’est-à-dire : se lient par serment) avec d’autres peuples (en l’occurrence, les Thuringiens), cf. La Chronique de Marius d’Avenches, (éd.) J. Favrod, Lausanne, 1991 (Cahiers lausannois d’histoire, 4), p. 76.
58 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 424 (c. 1) : Generis quoque ac nobilitatis suae providissimam curam habentes…
59 Sur la prohibition des mariages mixtes dans un autre contexte, cf. P. J. GEARY, Quand les nations refont l’histoire. L’invention des origines médiévales de l’Europe, Paris, 2004, p. 168.
60 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 424 (c. 1). À ce propos, cf. H.-W. GOETZ, « Die “deutschen Stämme” als Forschungsproblem », dans H. Beck, D. Geuenich, H. Steuer et D. Hakelberg (dirs), Zur Geschichte der Gleichung « germanisch-deutsch ». Sprache und Namen, Geschichte und Institutionen, Berlin, 2004 (Ergänzungsbände zum Reallexikon der germanischen Altertumskunde, 34), p. 229-253, aux p. 237-238.
61 Capitularia…, t. 1, p. 69 (n° 26, c. 20).
62 À ce propos, cf. R. WEIGAND, « Die Ausdehnung der Ehehindernisse der Verwandschaft », Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte. Kanonistische Abteilung, 80, 1994, p. 1-17 ; P. CORBET, Autour de Burchard de Worms. L’Église allemande et les interdits de parenté (IXe-XIIe siècle), Frankfurt am Main, 2001 (Ius commune. Sonderhefte, 142), p. 3 et sq.
63 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 424 (c. 1). Raoul se fonde sur Tacite, La Germanie, (éd.) J. Perret, 4e tirage revu et corrigé, Paris, 1983 (Collection des universités de France), p. 72 (c. 4). Sur la réception de Tacite par les historiens du droit allemand au XIXe siècle et sous le régime nazi, cf. D. WILLOWEIT, « Von der alten deutschen Freiheit. Zur verfassungsgeschichtlichen Bedeutung der Tacitus-Rezeption », dans E. V. Heyen (dir.), Vom normativen Wandel des Politischen. Rechts- und staatsphilosophisches Kolloquium aus Anlaß des 70. Geburtstages von Hans Ryffel, Berlin, 1984 (Schriftenreihe der Hochschule Speyer, 94), p. 17-42 ; K. KROESCHELL, « Die Germania in der deutschen Rechts- und Verfassungsgeschichte », dans Beiträge zum Verständnis der Germania des Tacitus, t. 1, Göttingen, 1989 (Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Göttingen, Phil.-hist. Klasse, 3e série, 175), p. 198-213, rééd. dans Idem, Studien zum frühen und mittelalterlichen deutschen Recht, Berlin, 1995 (Freiburger Rechtsgeschichtliche Abhandlungen, NF, 20), p. 89-110 ; J. RÜCKERT et D. WILLOWEIT, Die Deutsche Rechtsgeschichte in der NS-Zeit, ihre Vorgeschichte und ihre Nachwirkung, Tübingen, 1995 (Beiträge zur Rechtsgeschichte des 20. Jahrhunderts, 12). Plus largement, sur les mésusages de Tacite à l’époque contemporaine, cf. M. WERNER, « Die “Germania« », dans É. François et H. Schulze (dirs), Deutsche Erinnerungsorte, t. 3, München, 2001, p. 569-586. Par ailleurs, on sait la part accordée au souvenir des Saxons dans l’idéologie nazie, cf. G. ALTHOFF, « Der Sachsenherzog Widukind als Mönch… », op. cit., p. 251-252.
64 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 424-425 (c. 2) ; citation tronquée de TACITE, La Germanie…, op. cit., p. 75-77 (c. 9-11).
65 TACITE, La Germanie…, op. cit., p. 45 et sq. L. KRAPF, Germanenmythus und Reichsideologie. Frühhumanistische Rezeptionsweisen der taciteischen « Germania », Tübingen, 1979 (Studien zur deutschen Literatur, 59), p. 5-6, souligne la dimension politique du recours, par Raoul de Fulda, à la description des « Germains » par Tacite.
66 Cf. E. E. STENGEL, « Die Urkundenfälschungen des Rudolf von Fulda »…, op. cit.
67 Par conséquent, le seul moyen qu’a l’historien d’essayer d’appréhender cette société est de scruter ce qui, dans les textes juridiques, peut éventuellement relever d’une tradition antérieure à la conquête carolingienne, cf. par exemple G. LANDWEHR, « Die Liten in den altsächsischen Rechtsquellen. Ein Diskussionsbeitrag zur Textgeschichte der Lex Saxonum », dans Idem (dir.), Studien zu den germanischen Volksrechten. Gedächtnisschrift für Wilhelm Ebel, Frankfurt am Main, 1982 (Rechtshistorische Reihe, 1), p. 117-142. Sur l’influence de la conquête carolingienne sur les structures sociales, cf. F. PHILIPPI, « Die Umwandlung der Verhältnisse Sachsens durch die fränkische Eroberung », Historische Zeitschrift, 129, 1924, p. 189-232, rééd. dans W. Lammers (dir.), Entstehung und Verfassung des Sachsenstammes, Darmstadt, 1967 (Wege der Forschung, 50), p. 33-72 ; Ph. DEPREUX, « “Qu’unis aux Francs, ils ne forment plus qu’un peuple avec eux« : l’intégration de la Saxe au monde carolingien – entre traditions juridiques et mémoire historiographique », dans Id. (dir.), L’Occident chrétien et ses marges : mission, confrontation culturelle et changement social au Moyen Âge, Turnhout, 2008 (Culture et société médiévales) – sous presse.
68 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 424 (c. 1).
69 Nithard, Histoire des fils de Louis le Pieux, (éd. et trad.) Ph. Lauer, Paris, 1926 (Les classiques de l’histoire de France au Moyen Âge), p. 120-121 (IV, c. 2).
70 Vita Lebuini antiqua, (éd.) A. Hofmeister, dans : MGH SS 30/2, Leipzig, 1934, p. 789-795, à la p. 793 (c. 4). Cette Vita fut rédigée à Werden vers 840-864, cf. H. LÖWE, « Entstehungszeit und Quellenwert der Vita Lebuini », Deutsches Archiv 21, 1965, p. 345-370. La production historiographique sur cette évocation de l’assemblée de Marklo est à l’image de l’importance de cette information pour l’histoire des institutions médiévales et au regard de la formation del’identité politique allemande à l’époque contemporaine : A. HOFMEISTER, « Über die älteste Vita Lebuini und die Stammesverfassung der Sachsen », dans Geschichtliche Studien. Albert Hauck zum 70. Geburtstag, Leipzig, 1916, p. 85-107, rééd. dans W. Lammers (dir.), Entstehung und Verfassung…, p. 1-31 ; Id., « Die Jahresversammlung der alten Sachsen zu Marklo », Historische Zeitschrift 118, 1917, p. 189-221 ; K. HAUCK, « Ein Utrechter Missionar auf der altsächsischen Stammesversammlung », dans V. H. Elbern (dir.), Das erste Jahrtausend. Kultur und Kunst im werdenden Abendland an Rhein und Ruhr, Textband, t. 2, Düsseldorf, 1964, p. 734-745 ; Id., « Die Herkunft der Liudger-, Lebuin- und Marklo-Überlieferung. Ein brieflicher Vorbericht », dans W. Foerste et K. H. Borck (dirs), Festschrift für Jost Trier zum 70. Geburtstag, Köln, 1964, p. 221-239 ; M. SPRINGER, « Was Lebuins Lebensbeschreibung über die Verfassung Sachsens wirklich sagt oder warum man sich mit einzelnen Wörtern beschäftigen muß », Westfälische Zeitschrift 148, 1998, p. 241-259, rééd. dans H.-J. Häßler (dir.), Sachsen und Franken in Westfalen…, op. cit., p. 223-239. L’importance de l’anecdote de Marklo en matière d’histoire littéraire est illustrée par la tentative de reconstituer l’épopée censée être à l’origine de la Vita Lebuini : G. EIS, Drei deutsche Gedichte des 8. Jahrhunderts aus Legenden erschlossen, Berlin, 1936 (Germanische Studien, 181). À ce propos, cf. F. GENZMER, « Liobwins Dingfahrt », Germanisch-romanische Monatsschrift 32, 1950, p. 161-171.
71 Manquent ainsi les « esclaves », selon la typologie des conditions sociales qu’on trouve également dans la Loi des Saxons (nobilis, ingenuus, litus, servus).
72 Cf. Ph. DEPREUX, « Ambitions et limites des réformes culturelles à l’époque carolingienne », Revue historique 307, 2002, p. 721-753.
73 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 424 (c. 2).
74 Toutefois, Charlemagne exerça une influence majeure dans l’histoire du droit saxon, dans la mesure même où il fit rédiger la Lex Saxonum (la mise par écrit du droit est l’expression de l’intégration à l’espace politique hérité du monde romain : déjà, la Loi salique avait témoigné de l’acculturation des Francs sous Clovis). À ce sujet, cf. G. THEUERKAUF, Lex, Speculum, Compendium iuris. Rechtsaufzeichnung und Rechtsbewußtsein in Norddeutschland vom 8. bis zum 16. Jahrhundert, Köln, 1968 (Forschungen zur deutschen Rechtsgeschichte, 6), p. 38 et sq. ; W. SELLERT, « Aufzeichnung des Rechts und Gesetz », dans Id. (dir.), Das Gesetz in Spätantike und frühem Mittelalter, Göttingen, 1992 (Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Göttingen, Philologisch-historische Klasse, 3e série, 196), p. 67-102 ; Ph. DEPREUX, « La loi et le droit. La part des échanges culturels dans la référence à la norme et les pratiques juridiques durant le haut Moyen Âge », dans Les échanges culturels au Moyen Âge (XXXIIe Congrès de la SHMES, Université du Littoral – Côte d’Opale, juin 2001), Paris, 2002, p. 41-70, aux p. 50 et sq.
75 Capitularia…, t. 1, p. 70 (n° 26, c. 33) : De periuris, secundum legem Saxonum sit. La Loi des Saxons de 802/3 sanctionne par la mort celui qui a parjuré à dessein ; en cas de parjure inconscient, l’auteur du serment doit racheter sa main, cf. Lex Saxonum, (éd.) C. Freiherr von Schwerin, Hannover, 1918 (MGH, Fontes iuris Germanici antiqui, 4 : Leges Saxonum et Thuringorum), p. 24 (c. 21 et 22).
76 Ce terme dérive d’une racine indo-européenne exprimant l’éternité, dont vient le latin aevum ou l’allemand ewig, cf. A. de SOUSA COSTA, Studien zu volkssprachigen Wörtern in karolingischen Kapitularien, Göttingen, 1993 (Studien zum Althochdeutschen, 21), p. 123 et sq.
77 Capitularia…, t. 1, p. 72 (n° 27, c. 8) : secundum eorum ewa ; p. 71 (c. 4) : iuxta consuetudinem eorum.
78 Réginon de Prüm, Chronicon cum continuatione Treverensi, (éd.) F. Kurze, Hannover, 1890 (MGH SS rer. Germ., 50), p. XX (lettre à l’archevêque Hatton) : … diversae nationes populorum inter se discrepant genere, moribus, lingua, legibus…
79 P. GEARY, « Ethnic identity as a situational construct in the early middle ages », Mitteilungen der Anthropologischen Gesellschaft in Wien 113, 1983, p. 15-26; W. POHL, « Introduction: Strategies of distinction », dans Id. et H. Reimitz (dir.), Strategies of Distinction. The Construction of Ethnic Communities, 300-800, Leiden, 1998 (The transformation of the Roman world, 2), p. 1-15, à la p. 11; Id., « Telling the difference: signs of ethnic identity », ibid., p. 17-69, à la p. 45; Ph. DEPREUX, Les Sociétés occidentales…, op. cit., p. 216.
80 W. POHL, « Zur Bedeutung ethnischer Unterscheidung in der frühen Karolingerzeit », dans H.-J. Häßler (dir.), Sachsen und Franken in Westfalen…, op. cit., p. 193-208.
81 B. POHL-RESL, « Ethnische Bezeichnungen und Rechtsbekenntnisse in langobardischen Urkunden », dans K. Brunner et B. Merta (dir.), Ethnogenese und Überlieferung. Angewandte Methoden der Frühmittelalterforschung, Wien 1994 (Veröffentlichungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung, 31), p. 163-171.
82 D’une manière générale, réflexion sur les origines d’un peuple et analyse de ses pratiques religieuses sont souvent liées, cf. H. WOLFRAM, « Origo et religio. Ethnische Traditionen und Literatur in frühmittelalterlichen Quellen », dans W. Hartmann (dir.), Mittelalter. Annäherung an eine fremde Zeit, Regensburg, 1993 (Schriften der Universität Regensburg, NF, 19), p. 27-39.
83 Éginhard, Vie de Charlemagne…, op. cit., p. 22-26 (c. 7).
84 B. KRUSCH, « Die Übertragung des Hl. Alexander… », op. cit., p. 426 (c. 3) : Frondosis arboribus fontibusque venerationem exhibebant. Truncum quoque ligni non parvae magnitudinis in altum erectum sub divo colebant, patria eum lingua Irminsul appellantes, quod latine dicitur universalis columna, quasi sustinens omnia.
85 H. LÖWE, « Die Irminsul und die Religion der Sachsen », Deutsches Archiv 5, 1942, p. 1-22.
86 Annales regni Francorum…, p. 33 (a. 772).
87 Éginhard, Vie de Charlemagne…, p. 25-27 (c. 7).
88 Ibid., p. 26 (c. 8).
89 En effet, contrairement à Widukind de Corvey, Raoul n’entendait pas coucher par écrit l’Origo des Saxons, cf. F. GRAUS, Lebendige Vergangenheit. Überlieferung im Mittelalter und in den Vorstellungen vom Mittelalter, Köln, 1975, p. 112 et sq.
90 Pour une approche philosophique de la question, cf. P. RICŒUR, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, 2000.
91 Adam von Bremen, Hamburgische Kirchengeschichte…, p. 9 (I, 7).
92 Ibid., p. 7-9 (I, 4-7).
93 Cf. H. BEUMANN, « Die Hagiographie “bewältigt« : Unterwerfung und Christianisierung der Sachsen durch Karl den Großen », dans Cristianizzazione ed organizzazione ecclesiastica delle campagne nell’alto medioevo : espansione e resistenze, t. 1, Spoleto, 1982 (Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto medioevo, 28), p. 129-163 ; P. BOURGAIN, « L’assimilation des nouveaux peuples à la culture chrétienne d’après leurs historiographes », Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France, Année 1996, Paris, 1998, p. 29-50. Sur les manipulations du passé dans l’historiographie carolingienne, cf. R. MCKITTERICK, « Constructing the past in the early Middle Ages: the case of the Royal Frankish Annals », Transactions of the Royal Historical Society, 6e série, 7, 1997, p. 101-129; eadem, History and Memory in the Carolingian World, Cambridge, 2004.
Auteur
Université de Limoges
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