L’incendie des églises : un événement ?
p. 175-189
Texte intégral
1Les conflits majeurs des deux derniers siècles du moyen âge voient un nouveau type de combat, la guerre à feu et à sang1, prendre une grande place. Les incendies2, quelle qu’en soit l’origine, ont dans ce contexte une importance particulière. Les chroniques, les journaux, les mémoires les évoquent. En étudiant ceux qui affectent les églises et les biens de l’Église, le propos est moins de s’attacher aux realia3 qu’à l’image donnée par les textes. En font-ils un événement ? Quelle est sa nature, son ampleur ? Les vingt-deux sources retenues couvrent la période 1307-1507 à parts à peu près égales pour chaque siècle4. Elles sont dans leur grande majorité l’œuvre de clercs et le quart est le fait d’auteurs ayant une sympathie pour le duc de Bourgogne. Quinze de ces textes sont des chroniques5. D’autres œuvres6, biographies chevaleresques, mémoires, journaux, traité didactique et œuvres poétiques sont utilisés à titre de comparaison.
2Les récits d’incendies de villes se font d’ordinaire sans signaler ceux des églises7. Les mentions évoquant ces derniers sont au nombre de 1408, auquelles s’ajoutent 46 allusions, soit un total de 186 : pour le XIVe siècle : 98 et 339 et pour le XVe siècle : 88 et 1710. Les notations les plus riches se trouvent au XIVe siècle dans Froissart (23 et 11, avec les variantes 48 et 15), les Grandes Chroniques de France (15 et 10) et la Chronique des règnes de Jean II et de Charles V (3 et 2), Jean le Bel (12 et 1), la Chronique de Jean de Wavrin (6 et 3), la Chronique artésienne (5), la Cronique du bon duc Louis de Bourbon (2 et 1), la Chronique des quatre premiers Valois (3), la Chronique normande (3 et 1) et la Chronique de la Pucelle (1). Au XVe siècle, les écarts sont moins considérables : Enguerrand de Monstrelet (10 et 4), Alain Bouchart (9), Jean le Fèvre (5 et 2), la Chronique des Cordeliers (1), le Journal d’un bourgeois de Paris (4 et 2), Mathieu d’Escouchy (4), le Journal de Jean de Roye (4), Olivier de la Marche (2 et 3), Jean d’Auton (2 et 1), Clément de Fauquembergue (1) et Georges Chastellain (1 et 1).
3L’ampleur des textes est variable : de quelques mots à une page. Froissart par sa prolixité constitue un cas particulier. Le plus souvent une ou deux phrases et, dans le meilleur des cas, un paragraphe évoquent l’incendie. Il n’est pas possible d’établir une corrélation simple entre la chronologie et les chiffres, puisqu’il convient de faire une part à la personnalité des auteurs et à la nature des œuvres, comme il apparaît lorsqu’un même fait est évoqué par des textes différents. Plus qu’un événement précis semble révélateur un type, traité par chacun de la même façon dans ses écrits. La tendance est d’accorder une place plus modeste à l’événement au XVe siècle, malgré des descriptions plus précises et plus longues.
Les incendies accidentels, les feux de guerre et les bâtiments atteints
4Les incendies se répartissent en trois catégories inégalement représentées dans nos sources : une dizaine d’accidents, huit démolitions préventives et cent huit feux de guerre. La distinction entre les deux dernières est selon les circonstances parfois un peu artificielle. Dans dix cas, la mention de l’incendie et le contexte ne permettent pas à coup sûr d’en déterminer l’origine.
5Les accidents sont dus aux phénomènes météorologiques ou à une intervention humaine. Jean de Roye rapporte deux incendies qui ont pour origine la foudre. Le 1er février 1461, en Normandie, par male fortune et feu d’aventure qui vint de la mer de devers les marches de Cornouaille, le clocher de l’église de l’abbaye de Fécamp et la moitié de la nef sont abattus et les cloches sont fondues en une masse11. Le 7 juin 1483, entre 8 et 9 heures du soir, un coup de foudre met le feu au clocher de Sainte-Geneviève12. Toute la charpente, vieille de 900 ans, brûle. Le plomb (100 000 livres environ) et les cloches fondent. Ces exemples, qui ne rendent sans doute pas compte de la totalité des sinistres, donnent un élément d’explication au petit nombre de faits rapportés : la faible part relative du bois dans les constructions de notre période13. Les accidents liés à l’intervention humaine sont un peu plus nombreux. Leur origine n’est pas toujours précisée. Monstrelet14 rapporte qu’en 1423, dans la ville de Saint-Amand sont arses de feu de meschief15 environ six cents maisons avec la porte de la cour basse de l’abbaye et deux chambres de moines. Il ne reste que deux pauvres maisons dans la ville. Chastellain16, à propos de l’incendie de Dordrecht, la nuit, précise que le feu commence par la grande église, puis gagne toute la longue rue, cinq cents à six cents maisons. Jean de Roye17 rapporte un accident révélateur, le jeudi 14 mai 1472, par male fortune, le comble et le faîte de l’église Notre-Dame de Clery brûlent et s’écroulent. Alors que le roi fait refaire une toiture de charpenterie d’ardoises et de plomb, un plombier tombe de la toiture, laissant sans garde le feu où il mettait les fers à souder à chauffer. Le vent disperse le feu tout au long de la charpente, rien ne peut être fait. Alain Bouchart18 suggère que l’incendie de la maison épiscopale de Laon, au temps de la commune, se propage de manière accidentelle à l’église Notre-Dame, la cathédrale et à l’abbaye de Saint-Jean, puis à toutes les églises.
6Dans le cadre d’opérations militaires, la propagation du feu n’est pas non plus toujours volontaire. Froissart19, pour 1339, rappelle que l’avant-garde du roi d’Angleterre passe à Origny et la brûle à son départ :
et par le grant feu qui fu en la ville, li abbeie d’Oregni et la mantion des dames prist grant damages, et fu priés li moustiers tous ars.
7D’après la Chronique des quatre premiers Valois20, en 1356 à Évreux, les Navarrais incendient les maisons devant le château et le feu sailli en la mere eglise de Nostre Dame21. Incontrôlable, il affecte plusieurs établissements. Après le pillage de Poitiers22, les Anglais incendient la ville, le brasier est si grand et se multiplie tellement que plusieurs églises sont détruites. L’origine même peut être involontaire. Monstrelet23 rapporte qu’en 1417 après avoir pris d’assaut le château d’Aumarle, la même nuit, les compagnies par mes chef ou autrement, boutèrent le feu en la ville, l’église brûle. L’auteur, qui précise que la ville est très commerçante, penche pour un accident.
8Les sources recensent huit feux de démolition préventive. D’après Jean le Bel24, le 4 octobre 1343, à la demande des échevins et du conseil de Lille, le feu est mis aux églises et aux faubourgs de la ville, par crainte des ennemis dont certains ont été capturés dans les environs. Dans la Chronique artésienne25, les gens du roi ravageant les environs de Douai, les Douaisiens mettent le feu à l’abbaye Notre-Dame des Prés, abbaye de femmes de l’ordre de Cîteaux, pour empêcher que le connétable de France ne s’y loge. Selon Jean de Wavrin26, en 1468, le duc de Bourgogne fait piller Liège, puis abattre les maisons voisines des trois principales églises pour les préserver du feu. Dés la démolition achevée, la ville est embrasée. À Saint-Omer27, les habitants informés de la venue du roi font démolir les faubourgs, l’église des Cordeliers de l’Observance, le couvent de Sainte-Claire, l’église et le couvent des frères prêcheurs, qui sont les plus belles constructions de ce type au-delà des Alpes. Comme l’armée du roi se déplace plus vite que prévue, ils sont contraints de bouter le feu aux bâtiments qui ne sont pas encore démolis. L’église paroissiale de Saint-Martin la plus ancienne fondée dans la ville est aussi brûlée28.
9Les feux de guerre, qui touchent les établissements ecclésiastiques, sont au nombre de 110. Dans 67 cas les responsables ne sont pas donnés avec précision. Les grands mouvements de révolte s’accompagnent de onze incendies d’églises29. D’autres sont réalisés sur ordre d’un capitaine, d’un maréchal ou du roi30. Le contexte est déterminant. À l’intérieur d’une ville, l’incendie d’un établissement isolé est l’exception, 17 fois brûle avec les édifices religieux un ensemble plus vaste : la cité, son château, la ville et les villages du plat pays, le problème de la responsabilité se pose alors de manière différente.
10Les incendies évoqués par nos sources se répartissent inégalement dans le temps et l’espace : pour le Haut Moyen Âge et jusqu’aux Xe siècle, 12 dates31, au XIIe siècle 432, au XIIIe siècle 333. Au XIVe siècle, certaines des 5434 années sont terribles : 1340, 1346, 1358, à un moindre degré 1342, puis 1339, 1381, 1385, dont 7 avant la guerre de Cent ans, 37 avant le traité de Brétigny de 1360. Au XVe siècle sur 32 dates35, 20 interviennent avant le traité d’Arras de 1435, 7 lors du grand affrontement entre Louis XI et Charles le Téméraire. L’Europe du nord est la plus représentée : la France septentrionale, la Normandie, la région parisienne, la Touraine, la Flandre, la Bretagne et l’Écosse. 110 noms de villes sont donnés, huit ne le sont pas. Les textes distinguent dans la ville la cité et le château. Les villes non-fermées ou défendues seulement de palis sont les plus touchées au début de la guerre de Cent ans. Les quartiers sont désignés par le nom de l’église paroissiale, comme Saint Aignan à Orléans. Les églises, qui structurent l’espace, permettent de décrire la zone ravagée par les flammes, à Tours entre Saint-Martin et Notre-Dame la Riche. Des formules comme à l’environ, entour la ville ne recouvrent pas toujours la même chose, elles sont heureusement rares. Les textes, à la faveur des incendies d’églises, évoquent les villages, comme les villettes autour de Beauvais ou de Mareuil-Caubert. Leur nom ou leur nombre, trois près d’Arques, sont parfois précisés. Une seule fois la taille est évoquée le gros village près de Pont d’Espierres. Jean le Bel associe villages et hameaux. Les hameaux seuls ne sont cités qu’une fois. Dans le château, la basse cour paraît plus vulnérable. Dans 22 exemples, les faubourgs sont les premiers concernés et le sont parfois seuls. Les incendies d’églises apparaissent donc dans les textes comme un phénomène essentiellement urbain.
11Le vocabulaire pour désigner les incendies est fort simple. Les mots sont les mêmes. Le mot incendie n’apparaît pas. Le verbe ardre domine de manière écrasante : ardoir 115 (parardoir, c’est-à-dire brûler entièrement, arsures, arsons, ars) ; bouter le feu : 36, faire tirer le feu : 1, getter le feu 1, mettre en feu et flammes 2, enflamber 1, Brûler est d’un emploi moins fréquent, avant le XVe siècle : 18, il est associé deux fois à mettre en poudre. Bruir, brûler, griller, rôtir : 3 est rare. L’association la plus courante est bouter le feu et ardoir. Ces termes sont associés à ceux qui évoquent les ravages des incendies : détruire, mettre à destruction, exiller, waster, gaster, abattre, démolir, briser, parfois trois verbes sont associés ardoir, brisier, détruire, ou ardoir, abattre et demolir.
12La nature des édifices affectés est précisée. Les oratoires, les ermitages, les chapelles, les maisons Dieu, les infrastructures religieuses de villages, si nombreuses à être incendiées, ne sont jamais cités. L’incendie des biens de l’église dans le plat pays, qui sont touchés au moins au même titre que les autres, n’est signalé que par exception. Les textes évoquent au singulier 41 fois l’église : la personnification de l’institution (1), l’église (4), une très belle église avec une valeur générale (6), la grosse église c’est-à-dire fortifiée (1), la grande église, l’église des Kannones (collégiale de Saint-Piat, diocèse de Tournai), la mère église de Notre Dame (de Paris), l’église cathédral d’Evreux, l’église cathédral fortifiée. Les ordres mendiants sont bien représentés : la moult belle église des Cordeliers, l’église des Augustins, l’église des Cordeliers de l’observance, l’église des frères prêcheurs. Les autres sont désignés par le nom de leur patron 6 fois36, de la localité37, ou les deux l’église Sainte Geneviève au mont de Paris, surtout pour les églises placées sous le vocable de la Vierge38. Un seule fois, il est précisé que l’église est paroissiale, pour Saint-Martin de Tours. Le corps de l’église de Fécamp est évoqué, c’est-à-dire la nef. Au pluriel, le mot, églises, apparaît 30 fois. Les auteurs ne donnent le compte exact des églises incendiées que 4 fois. Elles sont cinq, 3 fois pour Jean le Bel et Froissart, trois pour Wavrin. Le pluriel apparaît 5 fois, avec une valeur générale 2, les églises et notables édifices (1), maintes églises (3), grant fuison de églises, les belles et bonnes églises et plusieurs grands édifices, plusieurs églises (5), plusieurs villages et églises, les belles églises parociaulz comme autres, les églises tant collégiales que paroisses, toutes les églises (3) toutes les églises d’environ (1), aucunes églises (c’est-à-dire certaines), les saints et vénérables lieux. Cette manière, imprécise de désigner les églises victimes d’incendie, la quasi absence de leur description, est peut-être un indice de l’intérêt relatif suscité par l’événement. Les chapelles font l’objet de 4 mentions, dans les Grandes Chroniques de France celle de Frisdilar, et l’église de Saint Georges qui devient dans la suite du récit une chapelle, celle de Saint-Pré dans le Château de Fleury-sur-Loire. L’auteur du Journal d’un Bourgeois de Paris énumère parmi les bâtiments ravagés par les Armagnacs : les chapelles. Les autres établissements sont un grant monastère, celui de Tréport, un prioré, trois convents, chez Jean de Wavrin celui des Cordeliers, de Sainte Claire, des Frères prêcheurs, trente-deux moustiers ou mostiers (couvent)39. Les plus gros effectifs de bâtiments incendiés, 71, semblent constitués par les abbayes au moins dans les textes40. Elles sont désignées par leurs occupants, par exemple de noires dames (bénédictines), de noirs moines ou les deux associées41. Leur effectif est donné une fois avec les victimes de viols. Elles sont aussi dénommées par un nom de ville (38), de lieu dit comme La Blanche Lande (2), celui de leur saint protecteur (8), ou par quelques adjectifs flatteurs42, par exemple pour Ourscamps bonne abbaye d’Oskans ou noble abbaye d’Oskans. Jean le Bel confond au moins une fois un prieuré et une abbaye. Les différents édifices qui composent l’abbaye sont évoqués pour Saint-Riquier ailleurs sont cités les grands édifices. Le temple au singulier ou au pluriel apparaît à propos de Jérusalem, de Rome, de Paris, désignation à valeur plus architecturale que religieuse. Les textes, pour les dépendances incendiées, indiquent d’abord des maisons. La personnification de l’Église se plaint de ses manoirs ars. Sont aussi mentionnés : la maison de l’Hôpital de Rhodes à Londres, la mantion des dames, les bons hostels, la maison épiscopale, le quartier cathédral en ville et dans le plat pays s’ajoutent des moulins43. Les lamentations de l’auteur du Journal d’un Bourgeois de Paris rappellent le ravage en général des maisons Dieu, des maladreries. Dans quelques cas, sont précisés les parties du bâtiment et les éléments de mobiliers sinistrés, ainsi le cellier de l’abbaye de Saint-Germain, des cloîtres (5), deux chambres des moines, les statues de Sainte-Sophie, lors de la prise de Constantinople. Retiennent surtout l’attention les portes ou les huis (5), une est dite de fort bois, ces établissements étant pourvus de défenses et le clocher (3), sa grosse tour, les cloches44. L’importance de ces descriptions est fonction de la personnalité des incendiaires, des circonstances et de leurs mobiles.
Les incendiaires, les circonstances et les mobiles
13Au nombre des incendiaires, les armées sont désignées par un nom collectif (92 cas), qui peut être identitaire (65) : les Français, les Anglais, les Flamands45. Les désignations renvoient aussi à des groupes de moindre importance sans toujours gagner en précision : ceux de la cité46 ou à des composantes des armées : les brigands47. Dans quelques cas, le groupe est désigné par son chef, les gens du roi d’Angleterre, les troupes par leurs capitaines48. Soixante responsables apparaissent nominativement, associés à leurs exécutants ou parfois seuls. Se rencontrent les grands ancêtres49 Lothaires, Rollon, les plus hauts responsables politiques50, les rois d’Angleterre, de France, de Navarre, les grands feudataires51, le comte de Flandres, le duc de Bourgogne, qui sont aussi des cadres de l’armée, les militaires : maréchaux, connétables, capitaines52. Les chefs de compagnies : La Hire, Pothon de Xaintraillles Jean de Hainaut, Fauquemont et leurs routes53 et les chefs des travailleurs anglais : Jehan Balle, Jacques Strau, Vautre Tieullier54 sont donc loin d’être les seuls incendiaires. Responsables, ordonnateurs ou exécutants, leur nombre et leur personnalité laissent à penser à une certaine banalisation du phénomène.
14Les moyens utilisés pour incendier retiennent peu l’attention des chroniqueurs. Les notations sont rares et intéressantes. Le duc de Bourbon fait tirer sur la toiture couverte d’aissil, c’est-à-dire faite de petits ais de bois, de l’abbaye de Saint-Angel55. Froissart décrit la prise du moustier de Nieule56 où se sont réfugiés les Gantois. Le comte de Flandres fait apporter les feux et disposer une grande quantité d’estrain, de paille et de velourdes, tout autour du moustier, le feu prend dans les couvertures du moustier, dans le clocher57. En 1340, les soudoyers de Saint-Amand font un grand feu contre la porte de l’abbaye de Vicogne58. L’abbé fait armer et vêtir la porte de cuirs de vaches à tout le poil, pour que le feu ne puisse y prendre ou s’y attacher59. La seule autre indication concerne Dinant rasée nettement, sans qu’il soit précisé comment60.
15Le moment où le feu se déclenche est rarement précisé : au petit matin, à vêpres ou à minuit. L’accident arrive la nuit, lors de grandes tempêtes et rapidement. Les feux de guerre servent de menace ou interviennent d’entrée, avant le combat. Pendant l’assaut, ils sont une arme redoutable. Au cours des sorties, ils permettent de nuire vite à l’ennemi ou servent de diversion. L’incendie est associé aux pillages et aux massacres, selon des modalités différentes. Dans un premier cas, le plus fréquent après une longue résistance, la ville est prise par force, l’église est pillée puis brûlée, le massacre suit61. Le scénario qui frappe le plus les esprits n’est pas le plus fréquent, il en existe trois exemples : la ville prise par force est pillée, incendiée, l’église où les habitants se sont réfugiés est consumée avec eux. Dans un deuxième cas, le feu précède en partie le pillage et la tuerie. Les maisons de la ville sont embrasées, puis le couvent est pillé, brûlé, intervient ensuite la capture de prisonniers ou/et le carnage62. Dans un troisième cas, le massacre est suivi du pillage et de l’incendie. Les moines sont tués, les religieuses violées, le couvent est pillé, puis ravagé par les flammes63. Dans le quatrième cas, l’incendie intervient en dernier lieu : la ville est pillée, les habitants massacrés, les églises brûlés. Dans le dernier cas, les meurtres précèdent l’incendie, le pillage peut suivre. Les circonstances sont souvent identiques. Les feux interviennent lors d’une chevauchée, quand le temps manque pour faire le siège d’une ville qui refuse de se rendre, après un siège trop long lorsqu’elle est prise de force, quand une ville n’a pu être conquise ou qu’un château est trop dur à prendre, lorsque les défenseurs ont fui, quand une ville s’est rendue, lors du passage devant une ville pour lui laisser un souvenir64. L’incendie accompagne souvent le départ des vainqueurs ou d’une armée assiégeante. Certains établissements sont touchés à plusieurs reprises comme la maison de Rueil de l’abbaye de Saint-Denis, deux fois. En cas de guerre civile, le recours à l’incendie est plus courant encore. Les plus prévoyants prennent leurs précautions65 et évacuent des sites difficiles à défendre66. L’attaque des abbayes est si prévisible que des interventions visent aussi à intercepter les incendiaires en chemin, comme les Valenciennois qui se portent en 1340 contre les Français de Boucicaut. Pour parer à un éventuel incendie, certains sont requis avant les opérations. Les Anglais, en 1383, gardent la place devant le moustier de Bourbourg et avoient ordonné gens pour entendre au feu et estraindre à leur pouvoir67.
16Avant de faire l’inventaire des mobiles, il convient de remarquer que l’éloignement relatif peut suffire à préserver les abbayes de l’incendie, comme à Noyon en 1293, et que les sources font mention d’églises ou d’abbayes qui n’ont pas été brûlées. Dans six cas, les auteurs en font le constat sans en donner la raison ou la laisser entendre. En 1358, les Parisiens, qui ont mis le feu au marché de Meaux (une forteresse), brûlent une partie de la cité. Le feu dure quinze jours au château et dans la cité mais la grande église ne fu pas arse ni les maisons des chanoines68 étant moins vulnérables au feu. Les belligérants conviennent parfois par traité d’épargner les lieux saints69. La vengeance est le premier mobile avancé ou suggéré, dans quarante-quatre cas. Les représailles, qui comprennent aussi le viol, le meurtre, la captivité, le pillage, ne sont pas à proportion du dommage effectif. L’incendiaire venge un décès, le ravage de ses terres70, la capture d’un proche71, un incendie, un échec72. Dans plus de la moitié des cas, même si le mot n’apparaît pas et sans mention explicite de la volonté de venger le sang et l’occision des camarades tombés, le récit ne laisse pas de place au doute. La forte résistance d’une place assiégée, un changement de camp est à l’origine de nombre d’incendies À défaut de prendre une ville, les faubourgs sont brûlés73. Le sire d’Enghien qui opère pour le Comte de Flandre contre les Gantois et leurs partisans, se venge d’un premier échec devant Grammont à nonne, en tuant cinq cents personnes, en faisant mettre le feu en deux cents lieux de la ville trop grant fuison de vielles gens et de femmes gisant en leurs lits sont ars74. La vengeance est rarement le seul mobile. Les auteurs savent reconnaître des raisons stratégiques ou économiques. La destruction des établissements religieux des faubourgs rend plus difficile l’approche de l’ennemi à découvert75 et sert de pare-feu. Les abbayes sont des cibles privilégiées et les églises et leur trésor, des proies vulnérables. Les incendiaires connaissent les avantages76 offerts par les abbayes pour en avoir bénéficié. Les gens de guerre y trouvent un logement pour se rafraîchir, se reposer. Elles font figure de magasins de vivres, grâce à leurs réserves, et servent de base ou de refuge, car ce sont des points forts77. Incendier un tel établissement, dans quatorze cas, est gêner, parfois de manière décisive, un ennemi loin de ses bases. Jean d’Auton78, en juillet 1501 montre quand les Français approchent de Capoue, quatre cents coureurs napolitains brûlant tous les logis des environs, mettant le feu à une abbaye, à un ermitage près de la ville, aux loges, aux maisons mais aussi au bois, à la paille et retoubles de deux mille près pour que les Français ne trouvent aucun abri et rien pour en faire79. Des raisons plus politiques se mêlent aux autres. Froissart à propos de Donfremelin, en 1385, observe que l’abbaye brûlée avec la ville sert de nécropole aux rois d’Écosse80. Ces mêmes mobiles peuvent conduire aux crimes de guerre.
Les dommages, la répression et le jugement des auteurs
17Les auteurs montrent peu les flammes qui dévorent de toute part l’église, cette dernière embrasée de toutes parts, toute en flamme, en feu et flamme (2). Jean le Bel note pour l’incendie de la ville, du chastel et de l’abbaye de Mareuil-Caubert les flammesches qui en alloient jusques en la ville d’Abbeville81.
18Le bilan est vague, souvent l’appréciation est globale. Le bilan financier donné par les auteurs décrit plutôt les effets du pillage. Les conséquences des incendies d’églises font l’objet de 13 mentions, s’y ajoute une fois l’évocation de reliquaires. Le bilan humain, qui apparaît dans 18 cas, fait mal le départ avec le reste des exactions82. à Les églises, les abbayes servent d’ultimes refuges aux clercs, aux habitants avec une partie de leurs biens, aux troupes en difficulté et aux révoltés comme les Jacques dans sept cas83. Ils en attendent les effets de la protection divine84 et de forts murs. L’incendie de bâtiments occupés par les réfugiés est un crime de guerre. Les textes en donnent cinq exemples. Les victimes, lors de la prise de Durham, sont des prêtres et des clercs85, à Lihons-en-Santhers86, plus de trois cents personnes, hommes femmes, enfants, au village du Pont d’Espierres, 120 ou 140 combattants gantois87. L’anonyme du Journal d’un Bourgeois de Paris88 lance une accusation générale contre les Armagnacs, qui ardaient églises et les gens dedans, femmes grosses et enfants compris.
19Les descriptions les plus nombreuses, 127, concernent les dégâts matériels. Les notations sont brèves, le bâtiment est signalé brûlé. Il est presque tout ars 2 fois, en grande partie ou un grant monastère cloitre et tout, moustier et tout, de fond en comble, nettement. Le dommage est irréparable pour les abbayes même si le moustier en est excepté, la basse cour, le prieuré et tous les vivres sont détruits, ailleurs seulement
la porte, le comble de la porte, le comble et le faîte, le clocher, le moustier ou le cellier, la charpenterie du clocher le moustier et l’église, la maison et l’église, le moustier et les grands édifices.
20L’ampleur des dégâts fait parfois problème ainsi l’abbaye de Marquette pourtant incendiée sert de logement aux gens de guerre. Les bâtiments ravagés par les flammes gardent une utilité89. Ils peuvent servir de carrière de pierres pour la réfection des murs comme à Rouen, où deux tours ne sont sauvées que par le rachat par un clerc de l’établissement.
21Les réactions des chefs de guerre, les proscriptions qu’ils édictent et les sanctions qu’ils ordonnent sont moins souvent rapportées. La formation des hommes qui font la guerre, au moins pour les chevaliers, leur religion sont les premiers obstacles à ce crime90. En 1339, Jean de Hainaut91, qui ne peut empêcher le pillage de l’abbaye d’Origny-Sainte-Benoîte, est moult courouciés, car il defendoit et gardoit les églises à son pooir. Des comportements comparables sont attendus92 et relevés93. D’autres raisons interviennent en particulier un lien de parenté avec les éventuelles victimes. En 1380, l’abbaye de dames d’Origny n’est pas brûlée par le comte de Buckingham, à la demande du seigneur de Vertaing dont la tante est abbesse de l’établissement94. L’interdiction peut être justifiée par des nécessités pratiques. Plusieurs raisons se conjuguent. L’abbaye de Cîteaux est préservée parce que le comte de Buckingham y entend la messe et y tint cour ouverte aux chevaliers de son host95. Enfin les abbayes paient pour ne pas être incendiées. Ainsi, en 1358, les abbayes de Noyon se rachètent toutes les semaines par une quantité de florins auprès de trois cents combattants de trois capitaines96. La prohibition de l’incendie (4) peut être ponctuelle ou générale. En 1132, le comte Thibaut qui fait brûler le château de Boneval interdit de brûler le cloître97. Elle se fait selon une même formule par le comte de Derby à Poitiers ou le roi d’Angleterre en 1346 à saint Lucien en Beauvaisis98 :
il deffendi sus le hart que nulz ne boutast feu en eglise ne en maison qui y fust, li rois avoit deffendu sus le hart que nulz ne violast église, ne boutast feu en abbeye, ne en moustier.
22Certaines interdictions sont générales et permanentes, reste à les faire appliquer99. Le mécontentement du responsable est à la mesure du trouble100.
23Les textes font peu mention de sanctions. Elles se distinguent de la vengeance qui peut être atroce. La pendaison101 peut frapper tous les coupables ou seulement une partie dont il n’est pas précisé pourquoi elle est seule concernée. En 1346, l’incendie de l’abbaye de Saint Lucien en Beauvaisis, après le départ du roi d’Angleterre, provoque son courroux, Froissart rapporte qu’il déclare que ceux qui ont fait cel outrage oultre sa deffence le comparroient chierement. Il s’arrête sur le champ et fait pendre jusqu’à vingt des incendiaires, car il avait defendu sur le hart que nul ne viole église ni mette le feu en abbaye ou en moustier. Le châtiment se veut exemplaire : la variante du manuscrit d’Amiens le précise : il lez fist pendre affin que li aultre gardaissent une autre foix mieux son commandement. Le manuscrit de Rome donne encore une autre version, il faut la prière des moines accompagnée de cadeaux de bons vins pour que le roi le leur accorde. Il fait pendre vingt incendiaires, donne aux moines vingt des plus riches prisonniers de Beauvais, pour qu’ils paient chacun vingt écus pour la réfection de l’abbaye. Le roi veille à ne pas les libérer tant qu’ils n’ont pas payés102. La population participe à la punition des incendiaires103. Parfois plusieurs chefs d’accusation pèsent sur les condamnés104. Même les incendies préventifs font après le conflit l’objet de lettre d’aveu et de garant des diz arsins, ou pour sauver ceux qui furent à faire lesdiz arsins105. Ceux qui ne peuvent produire ces lettres sont poursuivis. Mais il est loin d’être toujours possible de sanctionner les incendiaires, les textes le reconnaissent106. L’événement suscite des commentaires personnels de la part des auteurs. Froissart est le seul à regretter les cloches de Saint-Amand, dont ce fut dommage car il y en avoit moult de bonnes et mélodieuses107. Les autres condamnent les incendies d’église avec des nuances, compte tenu des usages de la guerre. Le Fèvre de Saint Rémy qualifie de grant pitié et aussy grant esbahissement le viol et l’incendie des églises108. L’auteur ponctue le récit d’appréciations, qui marquent sa réprobation, comme sans nulluy prendre à mercy, sans rien épargner. Le plus souvent elle s’étend à l’ensemble des exactions dont l’incendie des églises est une composante. Les condamnations les plus fortes concernent les incendies qui font des victimes ou qui sont accompagnés de meurtres109. Dans les Grandes Chroniques de France, les incendiaires sont qualifiés de genz cruel et felonesse et sanz nulle humanité110. Deux auteurs se distinguent par de multiples et véhémentes critiques. Froissart à propos de Granmont évoque une persécution et ajoute
c’est une pité et grans orreurs à pensser coumment crestiien puevent avoir plaisanche ne sonssienche de enssi li ungs l’autre destruire111.
24Le clerc auteur du Journal d’un bourgeois de Paris accable les Armagnacs d’une longue et générale condamnation :
Hélas ! […] tant d’églises arses et bûlées, et chapelles, maisons Dieu, maladreries où on soulait faire le saint service Notre Seigneur et les œuvres de miséricorde, où il n’y a mais que les places, tant d’avoir mucé qui jamais bien ne fera et de joyaux d’église et de reliques et d’autres qui jamais bien ne feront si ce n’est d’aventure. Bref, je cuide que personne ne pourrait pour sens qu’il ait, bien dire les grands misérables énormes et damnables péchés qui se sont ensuivis et faits puis la très malheureuse et damnable venue de Bernard le comte d’Armagnac, connétable de France112.
25Au total, il convient de distinguer quelques grandes étapes. Au début de la période avec la guerre d’Écosse, de Flandres et le début de la guerre de Cent ans et les chevauchées anglaises, les incendies d’églises suscitent une vive indignation. Ils concrétisent les nouvelles formes de la guerre et posent le problème de la composition des troupes, de la discipline des armées et du pouvoir du prince. Au début du XVe siècle avec la guerre civile, les guerres entre France et Bourgogne, ils sont devenus un argument de propagande et provoquent une indignation plus convenue. À la fin du Moyen Âge, très loin d’être l’apanage des grandes compagnies ou des écorcheurs, pratiqué plus ou moins par l’ensemble des belligérants, y compris par les armées permanentes, ils restent un événement plutôt rare qui frappe encore les esprits mais s’inscrit dans une liste de désolations, qui en changent la portée.
Notes de bas de page
1 L’expression se trouve sous la plume des chroniqueurs.
2 Cette étude s’inscrit dans une recherche en cours sur les incendies et les feux de guerre en France à la fin du Moyen Âge.
3 À la somme du Père H. DENIFLE, La guerre de Cent ans et la désolation des églises, monastères et hôpitaux en France, Paris, Picard, 1889, en deux tomes, il conviendrait d’ajouter les données récentes de l’archéologie. Mon propos est plus modeste et limité, car la mise en perspective par rapport à l’ensemble des incendies, en l’état actuel des recherches, n’est pas possible, malgré le regain d’intérêt manifesté après les travaux de J. Berlioz sur les catastrophes naturelles.
4 Ces chiffres ne peuvent être absolus en raison des dates des continuations et des chroniques remontant aux origines antiques.
5 Jean le Bel, Chronique, (éds) J. Viard et E. Déprez, Paris, 1904-1905, 2 vol. (SHF) ; Chronique artésienne (1295-1304) nouvelle édition et Chronique tournaisienne (1296-1314), publ. Par F. Funck-Brentano, Paris, Picard, 1899 (coll. de textes pour servir à l’étude et à l’enseignement de l’Histoire) ; La chronique du bon duc Loys de Bourbon, (éd.) A. M. Chazaud, Paris, 1876 (SHF) ; Les grandes chroniques de France, publ. par J. Viard, Paris, 1920-1953, 10 vol. (SHF) ; Chronique des règnes de Jean II et de Charles V, publ. par R. Delachenal, Paris, 1910-1920, 4 vol. (SHF) ; Chronique des quatre premiers Valois (1327-1393), publ. par S. Luce, Paris, 1862 (SHF) ; Jean Froissart, Chroniques, (éds) S. Luce, G. Raynaud et L. Mirot, Paris, 1869-1975, 15 vol. (SHF) ; Chronique de la Pucelle, attribuée à Guillaume Cousinot, réimpression de l’édition de Vallet de Virville, Caen, Paradigme, 1992 (Medievalia) ; Chronique normande du XIVe siècle, publ. par. A. et E. Molinier, Paris, 1882 ; Anchiennes cronicques d’Engleterre, par Jehan de Wavrin, seigneur du Forestel, (éd.) Melle Dupont, Paris, 1858-1863, 3 vol. (SHF) ; La chronique d’Engerran de Monstrelet en deux livres avec pièces justificatives 1400-1444, (éd.) L. Douët d’Arcq, Paris, 1857-1862, 6 vol. (SHF) ; Chronique dite des Cordeliers, éd. partielle L. Douët d’Arcq, à la suite de la Chronique d’Enguerran de Monstrelet, t. VI, Paris, 1862 (SHF), p. 191-237 ; Jean le Fèvre, seigneur de Saint-Rémy, Chronique, publ. F. Morand, Paris, 1876-1881, 2 vol. (SHF) ; Œuvres de Georges Chastellain, (éd.) Kervyn de Lettenhove, Bruxelles, 1863-1866, 8 vol. ; Mathieu d’Escouchy, Chronique 1444-1461, nouvelle éd. G. du Fresne de Beaucourt, Paris, 1863-1864, 3 vol. (Société de l’histoire de France) ; Alain Bouchart, Grandes croniques de Bretaigne, texte établi par M. L. Auger et G. Jeanneau, sous la dir. de B. Guenée, Paris, éd. du CNRS, 1986-1998, 3 vol. (Sources d’Histoire médiévale 18) ; Jean d’Auton, Chroniques de Louis XII, (éd.) R. de Maulde La Clavière, Paris, 1889-1895, 4 vol. (SHF).
6 Deux biographies chevaleresques : Jean de Beuil, Le Jouvencel, suivi du commentaire de Guillaume Tringant, introd. C. Fabre, (éd.) L. Lecestre, Paris, 1887-1889, 2 vol. (SHF) ; Livre des faits de Jacques de Lalaing, dans Œuvres de Georges Chastellain, (éd.) Kervyn de Lettenhonve, t. 8, Bruxelles, 1866. Des mémoires : Mémoires d’Olivier de La Marche, maître d’hôtel et capitaine des gardes de Charles le Téméraire, publ. H. Beaune et J. d’Arbaumont, Paris, 1883-1888, 4 vol. (SHF). Trois journaux, Journal d’un bourgeois de Paris de 1405 à 1449, texte original et intégral présenté et commenté par C. Beaune, Paris, Librairie générale française, 1990 (4522, Lettres gothiques) ; Journal de Clément de Fauquembergue, greffier du parlement de Paris, publ. A. Tuetey avec la collaboration d’Henri Lacaille, Paris, 1909-1915, 3 vol. (SHF) ; Journal de Jean de Roye, connu sous le nom de Chronique scandaleuse (1460-1483), publ. B. de Mandrot, Paris, 1894-1896, 2 vol. (SHF). Un traité didactique : Honoré Bonet, L’arbre des batailles, publ. E. Nys, Bruxelles, Londres, Paris, 1883. Des œuvres poétiques : Les faictz et dictz de Jean Molinet, publ. N. Dupire, Paris, 1936-1937, 2 vol. (SATF).
7 Pendant le séjour du roi à Lyon, le 8 septembre 1502 un incendie dévore une grande partie des Célestins de Lyon, Jean d’Auton (t. III, p. 21) ne le relève pas.
8 Pour chacun des 80 volumes, il y a en moyenne à peine plus de deux mentions.
9 Le total des mentions et des allusions est de 73 et 29, s’y ajoutent les variantes de Froissart 25 et 4.
10 Le total des mentions et des allusions est de 67 et 17, avec 21 variantes. Les plus tardives (ms. de Rome) sont riches en nouveaux événements.
11 Jean de Roye, op. cit., t. 1, p. 13. L’ampleur des dégâts est contestée : seule une flèche en bois aurait été abattue.
12 Jean de Roye, op. cit., t. 2, p. 133.
13 D’après les Grandes chroniques de France (t.VI, p. 226), en 1194 entre Compiègne et Clermont en Beauvaisis intervient une grosse tempête. Des villes sont détruites par la foudre et beaucoup de gens tués. Des corbeaux sont vus portant dans leur bec des charbons ardant et les déposant sur les maisons pour les faire brûler. Ces signes sont mis en relation avec l’incendie du château de Chaumont et de l’église Notre-Dame de Chartres (en fait ils brûlent par la suite).
14 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. IV, p. 180.
15 Meschief : infortune, malheur, calamité.
16 Georges Chastellain, op. cit., t. III, p. 321.
17 Jean de Roye, op. cit., t. I, p. 266. Le même rapporte qu’en 1465 par cas de fortune fut mis et bouté le feu dans la poudre à canon qui est à la porte du Temple. Le comble de la porte est emporté et huit pièces d’artillerie sont déchargées (t. I, p. 100).
18 Alain Bouchart, op. cit., t. 1, p. 417.
19 Froissart, op. cit., t. I, p. 462, variante, ms. de Rome.
20 Chronique des quatre premiers Valois, op. cit., p. 38.
21 Froissart (t. IV, p. 416, ms. de Rome) et la Chronique des règnes de Jean II et de Charles V (t. I, p. 68) partagent la responsabilité de l’incendie entre les belligérants. La Chronique normande ne précise pas qui a mis le feu (p. 110). Elle est pourtant antérieure à la Chronique des règnes de Jean II et de Charles V.
22 Froissart, op. cit., t. IV, p. 225, variante, ms. de Rome.
23 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. III, p. 182.
24 Jean le Bel, op. cit., t. 2, p. 332-333.
25 Chronique artésienne, op. cit., p. 77.
26 Jean de Wavrin, op. cit., t. II, p. 391.
27 Jean de Wavrin, op. cit., t. III, p. 325-326.
28 En 1412, les habitants de Bourges, voyant le roi de France passer l’eau, mettent le feu aux faubourgs et à leurs églises (Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. II, p. 281).
29 Les Grandes chroniques de France les signalent lors des troubles de la commune de Laon (t. V, p. 210), avec les Cotereaux (t. VI, p. 118), la Chronique artésienne, en Flandre, deux fois (p. 80 et 90), la Chronique des quatre premiers Valois, lors de la répression de la Jacquerie (p. 76), Froissart lors de la révolte des Gantois (t. X, p. 69-70) et des Travailleurs anglais (t. X, p. 108), Jean de Wavrin lors de l’insurrection de Liège (t. II, p. 391), de la lutte contre le duc de Bourgogne (t. III, p. 325-326), de la révolte des Flamands (t. III, p. 327 à 329), Enguerran de Monstrelet, lors de celle des Liégeois (t. VI, p. 394).
30 Rollon, Herpons, Frédéric II le Borgne, Charles le Mauvais roi de Navarre, le comte Guillaume de Hainaut, Jean sans terre, Édouard III, les capitaines des travailleurs anglais, le comte de Flandre, le duc de Bourgogne, David d’Écosse, Talebot, le comte d’Étampes.
31 Ces dates sont : 585, 736, 774, 778, 834, 843-853, 869, 873, 882, 911, 945, 956.
32 1115, 1137, 1183, 1194.
33 1202 deux fois, 1297.
34 1302, 1303, 1304 trois fois, 1327 deux, 1339 trois, 1340 onze, 1342 quatre, 1343 deux, 1346 dix, 1356 deux, 1358 cinq, 1360, 1370 deux, 1381 trois, 1385 trois, 1387.
35 1408, 1411 deux fois, 1412 trois, 1413 trois, 1414, 1417, 1419, 1420, 1421, 1422, 1423, 1428, 1433 trois, 1439, 1443, 1452, 1453, 1454, 1460-1461, 1465, 1468, 1472, 1475, 1475-80 deux.
36 L’église saint Akaire, une petite église de saint Georges, Saint-Lambert de Liége, Saint-Aignan, l’église de Saint-Ricquier, l’église en l’honneur de Saint-Michel.
37 L’église de Watenes, l’église de Trepport, l’église de Fécamp.
38 La noble église Notre-Dame de Laon, l’église de Notre-Dame de Chartres, l’église Notre-Dame de Térouanne, l’église Notre-Dame d’Évreux, l’église Notre-Dame de Clery près d’Orléans, notre église (pour Saint-Denis), l’église Notre-Dame (2).
39 Les moustiers de saint Marcel lez paris, de Nieule, de Treume, de Chinon, de Hanon, de Notre-Dame de Gemeges ; moustiers (12) ; moustier (10), grant moustier, moustier de l’abbaye de Watenes, moustier de l’abbaye (2).
40 Au pluriel, les abbeies ont cinq fois une valeur générale ou désigne deux établissements voisins.
41 Mais aussi, abbaye des nonnains des Prés (Notre-Dame des Prés, frères de Cîteaux), abbaye Saint-Jean des nonnains de Laon, des nonnains à Luxembourg.
42 Les autres notations sont : bonnes abbeyes (4), belle et grosse abbaye de noirs moines, grosse et riche abbaye de Marchiennes, moult belle et riche (2), moult grande et moult riche, moult riche, une prévôté de noirs moines.
43 Sont cités les maisons de l’abbaye de Saint-Bertin, toutes les maisons de l’abbaye des Lys, la maison de Rueil, la maison et cense d’une église de l’ordre de Cîteaux, deux moulins.
44 Les auteurs relèvent aussi le fait pour les cloches de beffrois.
45 Mais aussi les Bourguignons, les Armagnacs, les Normands, les Navarrais, les Gascons, les Genevois, les Allemands, les Saxons, les Saines, les Danois, les Wandes, les Espagnols, les Écossais, les Napolitains.
46 Et encore chil de la ville, les habitants de la ville, de Saint-Omer, ceux de dedens.
47 L’évocation ne se fait pas que par corps de troupes, apparaissent : li saudoier de Saint-Amand, les bidaux, les gens d’armes de Lille, de Valenciennes, un très grand nombre de gens d’armes, 400 hommes d’armes, 400 coureurs, les gens de compagnie, l’avant-garde, les jeunes.
48 Les gens du roi, les gens d’armes du Régent, les capitaines de Bourgogne, les capitaines du roi Charles, les gens de Bourgogne, les gens du comte de Derby.
49 Ce sont des prédécesseurs légendaires, des figures de l’Antiquité, du haut Moyen Âge : Bladastes, Herpons, Belinus et Brennus Cosroe, roi des Perses.
50 Le roi d’Angleterre, le roi Édouard (III), le roi de France (Jean II), David d’Écosse, le roi de Navarre (Charles le Mauvais), le duc de Normandie (le futur Charles V) le sultan.
51 Le comte Guillaume de Hainaut, le duc de Bourbon, le comte de Derby, le seigneur de Haindebourc, le duc de Lancastre et ses frères.
52 Deux maréchaux anglais, Talbot, le connétable de France Bernard comte d’Armagnac, le comte de Click, le maréchal Jacques de Bayonne, le chevalier Pierre de Roussillon, lieutenant de Godemart, Jean de Picquigny, le comte de Saint Pol, le seigneur d’Enghien, Louis d’Espagne, l’amiral de France, Chabannes et Blanchefort, capitaines du roi Charles.
53 Froissart donne jusqu’à huit noms de capitaines.
54 Ils sont en général stigmatisés y compris par l’historiographie récente.
55 La Chronique du bon duc Loys de Bourbon, op. cit., p. 103. Au siège d’Ambérieu, le mode opératoire est le même.
56 Froissart, op. cit., t. X, p. 69-70.
57 Les Grandes chroniques de France évoquent le miracle d’une chapelle de saint Boniface préservée du feu par deux anges et montrent un incendiaire figé dans la mort à genoux comme en train de souffler pour l’atiser (t. III, p. 30-31).
58 Froissart, op. cit., t. II, p. 47. Ils ont déjà ravagé l’abbaye de Hanon.
59 Froissart, op. cit., t. II, p. 235.
60 Froissart, op. cit., t. III, p. 235, variante p. 27, l. 5.
61 Variante, les églises puis la ville sont pillées, incendiées, les hommes, les femmes et les enfants massacrés.
62 Variante, les églises sont brûlées, les femmes emmenées en captivité et le reste de la population est massacré.
63 Variante, les habitants de la ville sont massacrés, intervient ensuite le pillage, puis l’incendie.
64 Lors des invasions normandes, son usage sème la terreur et rend plus facile la progression des envahisseurs.
65 À l’arrivée de Rollon, les moines de Tours et Fleury-sur-Loire évacuent les reliques de saint Martin et de saint Benoît (Grandes chroniques de France, op. cit., t. IV, p. 307-310).
66 Jean de Wavrin, op. cit., t. III, p. 319.
67 Froissart, op. cit., t. XI, p. 135.
68 Chroniques des règnes de Jean II, op. cit., t. I, p. 184 et t. IV, p. 59 ; Froissart, op. cit., t. I, p. 462 et t. IV, p. 416 ; Enguerran de Monstrelet, op. cit., t.VI, p. 394 ; Jean de Wavrin, op. cit., t. III, p. 33.
69 Chronique du bon duc Louis de Bourbon, op. cit., p. 65.
70 Froissart, op. cit., t. II, p. 65.
71 David d’Écosse, furieux de la capture de son cousin le comte de Moret, assiége Durham, massacre les habitants, pille la ville et l’incendie.
72 Le comte de Flandres utilise l’incendie pour se venger de ses sujets révoltés. Frédéric II le Borgne se venge de l’échec de sa candidature à la couronne impériale en mettant à feu et à sang le pays de son concurrent plus heureux, la Saxe.
73 En 1433 à Haspre, Antoine de Chabannes et Blanchefort, qui ne peuvent piller, font brûler plusieurs maisons, l’église saint Akaire et l’abbaye (Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. V, p. 80).
74 Froissart, op. cit., t. X, p. 142.
75 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. III, p. 5 et 6 et Olivier de la Marche, op. cit., t. II, p. 39-40.
76 Jean de Wavrin, op. cit., t. III, p. 311.
77 L’abbaye de Marchiennes est pourvue d’un capitaine Aimé de Warnans et d’une garnison d’arbalétriers (Froissart, op. cit., t. II, p. 70).
78 Jean d’Auton, op. cit., t. II, p. 47.
79 En 1507 des Français piègent le charnier de l’église Saint-François en mettant le feu à de la poudre à canon (Jean d’Auton, op. cit., t. IV, p. 171).
80 En 1385, le roi d’Angleterre fait incendier l’abbaye de Miauros qui n’avait jamais été endommagée lors des précédentes guerres (Froissart, op. cit., t. XI, p. 265).
81 Jean le Bel, op. cit., t. 2, p. 95, 1346.
82 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. IV, p. 49.
83 Le droit d’asile n’est pas évoqué avec raison.
84 Dans les Grandes chroniques de France (t. III, p. 34), elle se serait manifestée par l’apparition de deux écus flambeant et ardant se battant au-dessus de l’église du chastel de Sigeborc, les Saines, qui l’assiègent, s’enfuient.
85 Jean le Bel, op. cit., t. I, p. 284 et Froissart, op. cit., t. II, p. 124.
86 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. V, p. 406.
87 Mathieu d’Escouchy, op. cit., t. I, p. 389-390.
88 Journal d’un Bourgeois de Paris, op. cit., p. 158.
89 Olivier de la Marche, op. cit., t. II, p. 260.
90 Georges Chastellain, op. cit., t. II, Livre II, p. 359-360. Jacques de Lalaing ayant reçu l’ordre d’incendier la forteresse d’Audenhove et le fort moustier de Vellesicq obéi à grand regret. Puis, il entend trois fois la messe et se confesse.
91 Froissart, op. cit., t. I, p. 460, ms. d’Amiens. Pour les lecteurs, le drame renvoie au célèbre incendie d’Origny dans la chanson de geste Raoul de Cambrai (traduction de W. Kibler, Paris, 1999, p. 119).
92 En 1119, le clergé et les bourgeois de Chartres sortent au-devant de Louis VI, avec la chemise de Notre Dame pour le supplier que la noble église de Notre Dame et la cité ne soit pas arse (Grandes chroniques, op. cit., t. V, p. 225).
93 Jean de Wavrin, op. cit., t. III, p. 327-328 et t. III, p. 328-329 ; Jean le Fèvre, op. cit., t. II, p. 188 ; Olivier de la Marche, op. cit., t. I, p. 129.
94 Froissart, t. IX, p. 252, autre exemple, ibidem, t. I, p. 275, ms. de Rome.
95 Froissart, t. IX, p. 277, Pour préserver un logement : Froissart, op. cit., t. I, p. 328 ; t. IV, p. 224 ; t. IX, p. 254.
96 Froissart, t. V, p. 121-122.
97 Grandes chroniques…, op. cit., t. V, p. 273. En 1413, les grandes compagnies font les mêmes dommages (Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. II, p. 364).
98 Froissart, op. cit., t. IV, p. 15 et 224 (Derby), t. III, p. 384 (le roi).
99 Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. II, p. 281.
100 Moult leur en déplut (2). Ils sont moult courouciés (2), grandement couroucés (2), durement courroucés (2), merveilleusement dolent, ont grant doel, sont correciez et forsenez, moult villainement courrouciés, ont trop durement pris à coer.
101 Froissart, op. cit., t. II, p. 18 et t. II, p. 156 et 388.
102 Froissart, op. cit., t. III, p. 384 et 385.
103 Grandes chroniques de France, op. cit., t. VI, p. 117-118, en 1183, les Cotereaux.
104 Chronique des quatre premiers Valois, p. 38.
105 Une lettre du roi de France amnistie les auteurs de l’incendie des faubourgs de Lille le 4 octobre 1343 (Jean le Bel, op. cit., t. II, p. 332-333).
106 Froissart, op. cit., t. III, p. 374 ; Enguerran de Monstrelet, op. cit., t. II, p. 177.
107 Froissart, op. cit., t. II, p. 69.
108 Jean le Fèvre, op. cit., t. I, p. 32.
109 Ce fut pitié (1), grant pité (8), de quoi ce fut horrible pités, dont ce fut grant pitié et cruelle foursenerie, dont ce fut grant pité et grand esbahissement, très piteusement, qui estoit pitié à veoir, grant cruauté, cruelles désolations, damagez, ce fut grant dommages (2), pitié et damages (2), merveilleux dommages.
110 T. II, p. 228. Les autres appréciations sont : trop grande cruauté firent li vainqueor (t. IV, p. 127), comme loups affamés contre des agneaux (t. IV, p. 313), plus cruieus que nus paiens (t. IV, p. 342), plus cruel qu’un païen, tres horribles desloiatez (t. VI, p. 117-118). Dans la Chronique des quatre premiers Valois, leur action est qualifiée de grieve (p. 87).
111 Froissart, op. cit., t. X, p. 142.
112 Journal d’un bourgeois de Paris, op. cit., p. 151.
Auteur
Université de Provence
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