La mort du roi en Catalogne : de l’événement biologique au fait historique
p. 157-174
Texte intégral
1La mort du roi en Catalogne est un événement biologique qui a lieu dans un pays où le souverain, de son vivant, a rencontré de très gros problèmes en voulant affermir sa propre suprématie, car les deux bases indispensables à la souveraineté – la juridiction et les recouvrements d’impôts – sont en grande partie entre les mains des états, c’est-à-dire, des nobles et des municipalités. Ceux-ci et aussi l’Église, à double facette d’état et d’idéologie, font du roi vivant la cible de leurs pressions et du roi mort l’objet de discours selon leurs positions respectives.
L’événement : le roi est mort
2En général la mort au Moyen Âge ne survient pas subitement, mais au terme de longues agonies qui imposent un temps spécifique de mourir – tempus mortis1 – nécessaire pour préparer la « bonne mort »2, ce qui prend un ton spécifique quand il s’agit du roi, c’est-à-dire de celui qui occupe le sommet de la société, placé juste sous la divinité comme chef et guide des différents états. Du temps ainsi occupé, les activités du gouvernement se ressentent, comme on le dit à propos de la maladie d’Alphonse le Magnanime en 1458 : Si lo senyor rey no stigués axí, ja se aguera provehit3. En sachant cela, les états cherchent à s’informer. Les municipalités écrivent à leurs représentants à la cour, s’ils en ont, à différents hauts fonctionnaires ou à leurs homologues barcelonais. En même temps on cherche à recueillir la rumeur des voyageurs qui viennent de l’endroit où le roi est malade, parfois en plaçant exprès un homme sur la voie publique, comme le fait la ville de Tortosa en 13874.
3Lorsque la nouvelle de la maladie se confirme, les municipalités royales s’inquiètent de la santé du monarque, lui offrant lo adjutori espiritual e los remeys de la medecina5. Pour obtenir le premier on charge les ecclésiastiques de prier et on demande la participation du peuple, comme le fait le gouvernement municipal de Gérone en ordonnant, en 1387, que tot hom deia pregar nostre senyor Déus per la salut e restauració del senyor Rey à la procession de la Fête-Dieu6. Pour le second, les villes proches lui envoient souvent de bons médecins7. Les deux aides sont parfois sollicitées depuis l’entourage royal, où de hauts fonctionnaires de l’administration publique, des parents royaux, des représentants de la ville de Barcelone et des membres de la Députation Générale se réunissent à plusieurs reprises pour évaluer les informations des médecins et les actions à mener8. Ce sont des réunions informelles, raison pour laquelle les participants changent, mais qui mettent en évidence la signification publique de la mort du roi et qui reflètent l’état du pouvoir : la municipalité de Barcelone exige d’y assister et la Députation Générale – une délégation permanente des États Généraux – s’y présente comme représentante du pays (de la terra).
4Le monarque, cependant, devant l’efficacité incertaine de ces aides, doit agir progressivement suivant le déroulement de son « temps de mourir ». D’abord, il reverra son testament, il le rédigera s’il ne l’a pas encore fait ou il le refera. Sur son lit de mort, le testament est examiné maintes fois, tout au long de plusieurs jours, en présence des différents assesseurs et personnes ayant accès à l’entourage royal, lesquels interviendront en même temps en qualité de témoins de l’acte. Dans ses dernières volontés le roi, avec indication des exécuteurs testamentaires chargés de l’appliquer, exposera son intention de donner réparation pour les injures commises et, surtout, de s’acquitter des dettes, outre celle de désigner son successeur, y compris, parfois celle de se préoccuper avec soin de la veuve et d’autres fils, comme les enfants mineurs9.
5C’est pourquoi la mort du roi Martin en 1410 apparaît particulièrement inhabituelle dans la mesure où le testament de 1407 ne sera pas refait alors que son unique fils et héritier direct était mort en 1409. Le monarque ne mourut pas subitement mais utilisa son « temps de mourir », durant lequel il assura l’avenir économique de sa seconde épouse mais, ne régla pas en revanche les destinées du royaume10. Deux facteurs expliquent ce comportement : d’une part le désir du monarque de retarder le testament jusqu’à la légitimation qu’il souhaitait tant de son petit-fils illégitime, pour lequel il avait déjà montré sa prédilection11, et d’autre part le fort pouvoir des états dirigés par la ville de Barcelone. Ces derniers firent croire que le monarque avant de mourir avait accepté comme successeur celui qui démontrerait en avoir les meilleurs droits12, neutralisant ainsi la volonté du roi pour la transmission de ses propres droits et subordonnant les prétentions des candidats à une analyse et à une acceptation que les états seraient seuls à pouvoir effectuer13. Bien qu’à ce moment-là ces derniers ne prévoient ni la durée de l’interrègne ni son issue deux ans après au prix de l’inusuel compromis de Caspe, ils forment déjà, au chevet d’un roi qui décède ab intestat, le modèle politique où la souveraineté appartient aux états, car c’est une délégation de ceux-ci qui, élevés au rang de représentants de la terra, détermine qui doit monter sur le trône14. L’évolution est claire : un demi-siècle plus tard, en 1462, et en assumant la représentation de la terra, les états prétendent destituer le roi, alors Jean II, et le remplacer par un autre, ce qui conduit à une guerre civile. Au milieu de celle-ci, en 1466, le roi choisi, Pierre « IV », meurt et les états, se considérant comme les uniques titulaires de la souveraineté du pays, ne respecteront pas les dispositions testamentaires en ce qui concerne la transmission de la couronne15.
6Pourtant, la préoccupation de régler les choses avant de mourir émane de la crainte religieuse que Dieu constate que le défunt se présente avec des griefs en suspens. De fait, le gros de tous les testaments émis par les monarques de la couronne d’Aragon insiste sur la préoccupation spirituelle. Celle de choisir, d’abord, le lieu de sépulture. On invoque la devocionem sinceram, comme l’exprime en 1333 Alphonse le Bienveillant en faisant le choix du couvent franciscain de Lérida. Cette dévotion, cependant, ne manque pas de refléter le cours de la spiritualité, orientée vers des monastères bénédictins jusqu’à la fin du XIIe siècle, tournée vers les cisterciens sous le règne d’Alphonse le Chaste, en 1196, et vers les mendiants à partir de la mort, en 1291, d’Alphonse le Libéral, en accord avec le poids contemporain et croissant acquis par les franciscains dans cette maison royale16. La mémoire du lignage et l’exaltation du pouvoir royal avec son aspect dynastique confortent au milieu du XIVe siècle, avec Pierre le Cérémonieux, la préoccupation d’une tombe ostentatoire et d’un emplacement conjoint au monastère de Poblet. Cette destination est respectée par les monarques postérieurs, en commençant par Jean Ier, qui concilie cela avec sa propre dévotion en établissant que le corps et le cœur soient enterrés séparément, le premier à Poblet et le second au monastère bénédictin de Montserrat, ce qui, cependant, ne fut pas appliqué. Même Alphonse le Magnanime, mort à Naples en 1458, y sera transféré en 1671 par une disposition émanant du vice-roi espagnol en Italie du sud17.
7Les droits assumés par les maisons religieuses respectives conditionnent les décisions ou imposent des compensations. Ainsi le prévoit Alphonse le Chaste en 1162 en ce qui concerne le monastère bénédictin de Ripoll qui avait accueilli la dépouille mortelle de son père Raimond Bérenger IV de Barcelone et qu’il écarte désormais en faveur du nouveau monastère cistercien de Poblet. Il faudra une dispense papale à Alphonse le Bienveillant pour être délié, en 1333, de la promesse qu’il fit, son père vivant, d’être enseveli dans le même monastère cistercien choisi par son père, celui de Santes Creus.
8Le roi, dans son testament, destine des offrandes à l’église et à la communauté qui recevra son corps et à d’autres, surtout de la couronne d’Aragon, bien qu’également d’ailleurs en rapport avec les spiritualités dominantes à la même époque. Il prévoit aussi la réalisation des pratiques pieuses habituelles, comme l’établissement d’illuminations perpétuelles, en y ajoutant parfois le souci des ornements liturgiques ; l’établissement de prêtres qui prient perpétuellement pour l’âme du défunt et de ses proches parents, ce qui se concrétise, à partir du XIIIe siècle, par des messes, des anniversaires et des absolutions devant le catafalque, en accord avec la signification médiatrice acquise par la messe18 et le sens conféré aux absolutions19 ; et par des donations aux pauvres, en spécifiant parfois qu’elles doivent servir à les nourrir, à les habiller ou à marier des damoiselles pauvres, et en y ajoutant une attention à l’égard des prisonniers aux mains des musulmans qui s’adapte aux diverses circonstances, étant ainsi présente du XIIe au XVe siècle, avec un sens symbolique évident20. On couvre tous ces objectifs par un large éventail de biens, surtout des propriétés rurales et urbaines, des exemptions d’impôts et d’argent, dans ce dernier cas en précisant de quelle rente royale il doit être obtenu21, en cohérence avec le manque permanent de liquidité dans la trésorerie royale22.
9En rédigeant le testament, on contribue donc à s’attirer les bonnes grâces de Dieu, comme cela est très courant pour tout le monde jusqu’au XVIIIe siècle23, suivant une interprétation de la mort comme le passage de la vie terrestre à la vie supraterrestre. C’est un passage qui est contrôlé exclusivement par les ecclésiastiques depuis le Xe siècle24. Il est normal, donc, que le roi vive ses derniers instants entouré de prêtres, qui veillent sur le correct passage dans l’au-delà. Il y a toujours le confesseur, personnage proche du souverain, qui ne rend pas seulement pour cette proximité des services spirituels, comme cela arrive également dans d’autres monarchies voisines25, et que Pierre le Cérémonieux n’oublie pas dans les ordonnances de la cour de 134426. Il provient souvent du monastère cistercien de Santes Creus, en raison de l’influence que celui-ci a sur l’entourage du monarque, et particulièrement sur la chapelle royale27, bien que ce poste soit occupé de manière croissante par un franciscain, en accord avec l’importance de la dévotion, disposition qui n’est pas exclusible : Alphonse le Bienveillant eut un confesseur cistercien de Santes Creus28 et postérieurement un autre qui était franciscain29. Lorsque la fin du roi est imminente, il y a toujours en plus du confesseur des membres distingués de la hiérarchie ecclésiastique, comme l’évêque de Barcelone et l’archevêque de Sassari qui, en 138730, sont à côté du lit de mort de Pierre le Cérémonieux. Avec eux il y avait le Maître Rational de la couronne et un juriste barcelonais, Guillem de Vallseca31. C’est bien normal : la mort du roi est une affaire publique qui affecte le pays, c’est pourquoi s’impose la présence de membres de la haute administration et de l’oligarchie dirigeante à Barcelone qui, par leur proximité physique auprès du monarque, mettent en évidence leur ingérence revendiquée dans le gouvernement du pays.
10Cet aspect public imprègne toutes les relations, les relations familiales comprises : le commencement de l’agonie de Pierre le Grand, en 1285, n’impose aucune modification de l’activité de son héritier, qui était en train de préparer la guerre contre Majorque, et qui alla faire ses derniers adieux au roi agonisant, avec une telle émotion que cela devint le signe de l’excellente entente entre père et fils32. Finir ses jours en ayant de bonnes relations avec sa famille, en laissant ses descendants sur la bonne voie, fait partie de la bonne mort, c’est ainsi qu’on loua Jacques II pour avoir agi de cette manière en 132733 ou Alphonse le Magnanime en 1458 lorsque ce dernier réclama la présence non seulement de ses collaborateurs les plus proches mais aussi celle de son fils, l’illégitime Ferdinand. Cependant, cette entente idyllique est fort rare à la couronne d’Aragon, parce que, bien au contraire, les différends domestiques accentuaient la solitude du moribond. Quand l’heure de la mort d’Alphonse le Bienveillant arrive, en 1336, son épouse s’enfuit dans sa Castille d’origine par crainte de son beau-fils et successeur, Pierre, lequel, pendant les deux mois de vie qui restent à son père, ne se rend pas une seule fois à son chevet34. Un demi-siècle après, en 1387, lorsqu’il meurt à son tour, à Barcelone aussi, sa dernière épouse s’enfuit poursuivie par le fils cadet35, alors que l’aîné reste encore aux environs de la ville quatorze jours après le décès de son père36.
11La conclusion correcte des affaires particulières et publiques et la bonne relation avec les membres de la famille et les ecclésiastiques préparent le bon état de l’âme qui doit recevoir l’aide des sacrements de l’Église. Ceux-ci commencent par l’absolution des péchés, administrée de manière cumulative37, occupant, si c’est possible, des journées entières, comme le fait Alphonse le Magnanime en 145838, en purifiant son âme – de façon émouvante en accord avec la spiritualité qui est en train de s’imposer39 – avec le concours de prêtres distingués parmi lesquels d’ordinaire les évêques, le responsable de la chapelle royale et les mendiants – preïcadors e frares menors – qui ne manquent pas, tel que le souligne Ramon Muntaner à propos de Pierre le Grand en 1285. Tout de suite après, le monarque reçoit la communion, acte très intense suivant l’importance attribuée à la présence physique de Dieu dans l’Eucharistie40, dont la portée est essentielle pour la croyance populaire du bas Moyen Âge41. Cela justifie l’aspect public de la communion du roi, qui fait que généralement la chambre du malade est remplie jusqu’à la limite de sa capacité. Au XIIIe siècle on ajoute une nouvelle garantie sacramentelle : l’extrême-onction, développement des anciens « ordo infirmorum »42, coïncidant avec les recommandations de saint Thomas d’Aquin. Malgré le faible retentissement populaire43, qui ne s’est généralisé qu’à la fin du Moyen Âge44, dans la couronne d’Aragon tous les monarques reçoivent ce sacrement depuis Jacques Ier, mort en 1276. Le trépas a lieu dans un cadre d’intense dévotion à la Croix du Christ souffrant45, au milieu d’invocations de piété pour être accueilli au paradis. Depuis le XIIIe siècle le roi accueille la mort en serrant entre ses bras la croix ou, comme le fait Alphonse le Magnanime en 1458, en inversant sa position dans le lit pour regarder la croix qui est au chevet46.
12En 1391 Jean Ier meurt subitement vinent per son camí cassant47. La ville de Barcelone, qui justement était en train de mener une action contre les conseillers du roi48, les accuse de corruption et de délibérément mal gouverner, elle les rend même coupables d’avoir favorisé la mort du souverain en l’affligeant en raison du mauvais gouvernement du pays, et à cause de la pauvreté dans laquelle lui-même devait vivre et des longues heures de chasse qu’on lui faisait endurer sous l’inclémence du temps malgré sa santé fragile. Si les conseillers ont réellement favorisé la mort soudaine du monarque, ils sont aussi responsables du pire des maux : que le monarque soit condamné éternellement aux peines de l’enfer parce qu’il n’a pas pu préparer convenablement son passage dans l’au-delà. C’est pourquoi, ayant été jugés49, quelques inculpés font appel à la seule personne qui peut les disculper : le défunt lui-même. Le secrétaire et écrivain Bernat Metge explique dans une belle prose que le roi en rêve lui a dit que la causa de la mia mort és estada per tal com lo terme a mi constituït per Nostre Senyor Déu a viure, fini aquella hora50. Ce qui est encore plus frappant, c’est que le diplomate et ancien capitaine général des comtés de Roussillon et Cerdagne, le vicomte Ramon de Perellós51, fait en 1397 un voyage en Irlande pour pénétrer dans le Purgatoire de Saint Patrice, par l’entrée située à la Station Island, au lac Lough Derg, où il rencontre le roi, qui lui explique que era en via de salvació52. Les deux interventions s’insèrent dans le contexte littéraire contemporain. Jean Ier avait fait l’objet, peu avant, de rêves, comme celui que lui consacra Honoré Bouvet53 et le voyage au Purgatoire de Ramon de Perellós suit très fidèlement d’autres récits semblables comme celui expliqué par Henry de Saltrey54. Mais au-delà de ces filiations littéraires, il est évident que le recours concorde avec le vécu réaliste de la religion, la véritable crainte populaire du salut – que l’on constate aussi dans la peur populaire à la suite d’interdictions55 –, la popularisation du lieu eschatologique intermédiaire56 et l’acceptation de la perméabilité entre notre monde et celui qui se situe au-delà de la mort57.
13D’un point de vue politique les faits consolident la ville de Barcelone qui a fait pencher la succession vers ce qu’elle voulait, qui a humilié les conseillers du roi et qui met en évidence sa capacité à diriger l’avenir du pays. Cette même suprématie se reflète aussi quand c’est le gouvernement municipal de la capitale du pays qui communique à ses homologues la maladie ou la mort du roi. En fait les différents officiers et personnalités – royaux, municipaux et ecclésiastiques – reçoivent souvent la nouvelle maintes fois, au moyen de lettres envoyées par les hauts fonctionnaires, comme le gouverneur, le conseil royal, le chancelier ou les membres de la Députation, qui consolident leur propre rôle principal en notifiant la mort du roi et qui demandent des prières, des prestations matérielles ou la participation aux dernières cérémonies58.
L’invention du fait historique
14La mort du souverain provoque des réactions différentes dans chacun des groupes de la société médiévale, des réactions qui reflètent non seulement les positions respectives mais aussi les désirs véhéments correspondants au jeu du pouvoir. C’est pourquoi, la nouvelle est transmise sous diverses formes et contenus selon qu’elle provient de l’entourage royal lui-même, des nobles, des municipalités ou de l’Église. Ce sont les multiples faces d’un même prisme, celui qui participe du discours du pouvoir au bas Moyen Âge.
La mort exemplaire du monarque
15Quoique toutes les monarchies médiévales aient dû s’aider d’exercices de propagande dans différents cadres ou chercher des accords avec les états, en Catalogne cette nécessité était accentuée parce que les bases juridictionnelles et fiscales du souverain étaient très limitées. C’est pourquoi au XIVe siècle les monarques élaborent des stratégies pour essayer d’accroître les marges du pouvoir et émettent des proclamations de suprématie, dûment conseillés par les juristes romanistes59. Le tumulus regis contribue à ce but, comme le reflète Alphonse le Libéral lorsqu’en 1291 par humilité il établit que quod non fiat tumulus reg(n)is in quo sepeliatur corpus nostrum sed tumulus fratris minoris in quo sepeliamur. Son frère et successeur, Jacques II, influencé par les modèles funéraires connus en Sicile60, assume pleinement la fonction des tombes comme souvenir permanent du pouvoir royal. Le fils de celui-ci, Alphonse le Bienveillant, combine en 1336 ce qu’avaient envisagé ses prédécesseurs, en établissant sans aucune contradiction que le catafalque extérieur reflètera la dignité royale alors que l’habit qui couvrira son corps61 apportera la protection spirituelle franciscaine62 : tumulum sive tumbam pulcherrimam et honorifficam in qua nostrum sepeliatur corpus cum dicto habitu.
16Son fils, Pierre le Cérémonieux, proclame, tant à travers les écrits émanant de la chancellerie que dans ses discours prononcés devant les états généraux, sa suprématie, l’excellence de son régime par opposition au régime baronnial et la magnificence de toute la dynastie, qui s’est distinguée en agissant en faveur du pays dans l’accomplissement de ses devoirs : exercer la justice, octroyer des privilèges et défendre le territoire63. Il veut clairement que les tombes transmettent le même le message. Depuis 1356 ses testaments mentionnent avec précision que son corps doit être inhumé avec les insignes de la royauté :
et in dicta sepultura sepeliantur cum insigniis regalibus videlicet cum dalmatica, camisia de lencio et de serico, et sotularibus de velluto ac sotolaribus cum quibus fuimus coronati, et poniatur in capite nostro una corona argenti deaurata cum lapidibus pulcris de cristallo et cum uno sceptro et pomo quibus fuimus coronati et hec fiant per manumissores nostros subscriptos ad expensas nostras.
17En même temps, « in memoriam nostri », on doit faire ostentation d’une copie des insignes royaux, en guise de discours de propagande permanente :
et volumus et mandamus quod fiant aliam coronam, sceptrum et pomum de argentum et similitudinem illius cum quo fuimus coronati chimera sive galea que coram nobis portatur cum scuto modico nostro, cum vexillo nostro ; et predicta remaneat et sint perpetuo suppra ad unum partem dicti tumuli in memoriam nostri64.
18Le choix du lieu où le même roi Pierre veut être enterré reflète aussi les même inquiétudes. Alors que son bisaïeul et son aïeul reposent pour toujours dans le monastère cistercien de Santes Creus et que son père et son grand-oncle ont opté pour les dévotions franciscaines, lui revendique le monastère également cistercien de Poblet où reposent le premier roi de la couronne d’Aragon, Alphonse le Chaste, mort en 1196, et son petit-fils, Jacques Ier, décédé en 1276 toujours auréolé du prestige d’avoir donné la plus grande expansion territoriale à la couronne en lui annexant Majorque et Valence. Pierre le Cérémonieux se prononce aussi sur la position qui échoit aux tombes royales de Poblet et il se préoccupe de rendre dignes, partout dans le pays, les tombeaux de tous ses ancêtres royaux et comtaux. En 1407 son fils, le roi Martin, prévoit le lieu exact à Poblet où il souhaite être inhumé, non pas près de son frère qui l’a précédé mais près de ses parents, faisant ainsi remarquer le lien et la continuité familiale du lignage, dans un contexte où la conscience dynastique est forte65.
19La bonne mémoire du roi continue avec la diffusion de sa mort exemplaire. Il devient un modèle de moribond comme il a été un excellent gouvernant pour le soin qu’il a mis à bien traiter ses sujets. C’est pourquoi il continuera depuis l’au-delà à intercéder pour son royaume66 et, en même temps, son évocation bénéficiera à la dynastie67. C’est la vision transmise par les lettres des hauts fonctionnaires notifiant le décès du roi et par celles de son successeur, qui remercie tous ceux qui ont organisé les obsèques locales de son prédécesseur. L’éloge du défunt souligne la continuité, parfois explicitement recherchée comme cela arrive en 1412 quand Ferdinand de Trastamare, en introduisant une nouvelle dynastie, se justifie en mettant en valeur non seulement l’excellence de son prédécesseur mais aussi les liens de parenté qui les unissent. L’exemplarité de la mort du roi est soulignée par les chroniqueurs qui décrivent avec soin dans chaque cas une fin où l’on discerne la bonne entente avec la famille et où ne manquent ni le soin pour le testament, ni les nombreuses absolutions, ni la communion, ni l’extrême-onction, ni l’affection pour la croix, tout cela vécu avec une contrition et une dévotion intense : « hac reebuts tots los sagraments de la santa Església ab gran devotion et ab gran contricció de sos pecats ». Des 69 chapitres que Ramon Muntaner consacre à la vie de Pierre le Grand, cinq traitent de sa mort. De façon cohérente, en Castille la mort subite de Ferdinand IV, en 1313, lui vaut le surnom de l’Emplazado, c’est-à-dire de celui qui est convoqué à un jugement suprême par Dieu à la suite des graves irrégularités dont est entaché son gouvernement68. En fait, un mauvais roi ne peut avoir qu’une mauvaise mort. En Castille aussi, quand Henri IV meurt au milieu d’une grave confrontation entre nobles, les partisans du roi, comme Diego Enríquez del Castillo, décrivent une excellente mort chrétienne69, alors que ses ennemis, comme Alonso de Palencia et Diego de Valera, la dépeignent sans marquer d’intérêt ni pour le testament ni pour les sacrements, contrairement à la general costumbre de todos los hombres en tal tiempo hacer70.
La mort du premier des nobles
20Le roi est le premier des nobles et c’est pourquoi, selon Ramon Muntaner, Pierre le Grand mourut content de pouvoir entrer dans l’éternité le jour de la fête de saint Martin, cavaller de Déu molt graciós e digne71. La noblesse en apprenant la mort du roi, se montre désemparée, orpheline, et pleure noyée de douleur72. Les nobles, à cheval et accompagnés de leurs chiens qui hurlent, proclament bruyamment dans les rues la mort du souverain. Une sélection de nobles e cavellés brisent leurs boucliers lors de la cérémonie de córrer les armes, cérémonie qui se rattache à différents précédents remontant jusqu’à l’époque romaine, pour représenter la douleur que ressentent les nobles en apprenant la nouvelle73. Celle-ci atteint un caractère spectaculaire énorme lorsque les nobles sur leurs montures se mettent à tourner autour de la dépouille mortelle du roi placée au milieu de la salle principale du palais royal ou, dans le cas de Ferdinand Ier, dans l’église du monastère qui l’accueillera, Poblet74.
21Cette cérémonie recueillie par les cérémonials75, les chroniqueurs76 et les traités de chevalerie77 du bas Moyen Âge, a bénéficié d’assez de diffusion pour que l’historiographie s’en soit souvenue comme signe de la fidélité de la noblesse à l’égard de son roi. Toutefois, il faut reconnaître que ces cérémonies ont lieu dans un pays où la juridiction est fragmentée, et où les nobles qui détiennent la juridiction non seulement ne collaborent pas avec le roi mais empêchent aussi les officiers royaux de pénétrer dans leurs domaines. L’obstruction est réciproque : en 1372 Pierre le Cérémonieux cherche à attirer l’attention de ceux qui sont poursuivis par la juridiction baronniale sur les villes de Vilafranca del Penedès et de Cervera en leur promettant de les protéger s’ils s’y installent. Dans ce contexte, dans les capitales nobiliaires, comme Balaguer à la tête du comté d’Urgell ou Castelló, celle du comté d’Empúries, on commémore les décès de la famille comtale78, les obsèques les plus importantes sont celles offertes à leurs propres seigneurs, et le roi n’obtient qu’un office religieux très simple, ce qui montre qui est le véritable seigneur du lieu79.
22En conséquence, on obtiendra une correcte interprétation en prêtant attention non pas tant au destinataire qu’à l’instigateur des célébrations. En fait, la cérémonie de courrir les armes n’est pas liée à la monarchie, et a lieu dans certaines cours de la noblesse occitane, comme chez les Foix-Béarn80, et dans beaucoup d’endroits de la couronne d’Aragon, y compris au sein des petites cours baronniales de Valence81. En promouvant la cérémonie on reconnaît le seigneur. Elle devient donc un hommage offert par les chevaliers à leur seigneur défunt en fonction des liens, des intérêts, de l’image et des accords sous-tendus par le jeu du pouvoir. En 1470 quand Jean de Lorraine meurt, ce lieutenant du roi René choisi par les états catalans comme successeur au trône de Jean II reçoit le même traitement, ce qui met en relief, au milieu de la guerre civile, la position de ses partisans. En représentant une relation entre noblesse et monarchie, cette dernière, en la personne du successeur, peut être intéressée par l’image offerte, en assumant le coût des animaux, comme le fait Alphonse le Magnanime en 1416 en l’honneur de son feu père, Ferdinand Ier82.
23Toutes les cérémonies font donc partie du dialogue entre les barons et le souverain. Par conséquent, les différentes actions effectuées par les premiers en mémoire du second ou d’autres membres de la famille défunts prétendent, au fond, se rapprocher du successeur. C’est pourquoi, très souvent il en résulte une relation épistolaire pour que le monarque sache tout et puisse remercier les barons83.
La mort du fidèle bienfaiteur de l’Église
24L’Église, grâce aux écrits monastiques aux XIe et XIIe siècles, a puissamment contribué à consolider les maisons comtales et royales, comme c’est très explicite dans la première rédaction à Ripoll des « Gesta regnum Aragonensium et comitum Barcinonensium »84. En même temps, en accaparant en exclusivité lagestion médiatrice avec l’au-delà, l’Église veille, garantit et certifie la bonne mort du monarque. Par fidélité à un monarque qui a été un excellent chrétien et, par conséquent, un bon serviteur de l’Église, celle-ci décide que ses prêtres prient et président, dans les différentes villes, les cérémonies religieuses pour la guérison ou, au besoin, pour l’âme du défunt, comme l’expliquent les évêques et les abbés eux-mêmes.
25Cependant, ce consensus général, cache une réalité plus complexe. D’abord, et compte tenu du fait qu’accueillir le corps du roi implique non seulement les donations de celui-ci mais que cela amplifie aussi l’image du lieu et attire des sépultures d’autres magnats, les prières religieuses font partie des moyens de pression pour recevoir la dépouille. L’abbé de Santes Creus profite de sa condition de curé royal au détriment du monastère également cistercien de Poblet et c’est pourquoi, du vivant de Jacques II, il réussit à ce que l’infant Alphonse fasse un serment d’après lequel il s’engage à y être inhumé, raison pour laquelle, étant devenu roi, il lui faudra obtenir une dispense papale pour rompre cet engagement. En fait, il préférera une église franciscaine, choix qui laisse aussi planer des doutes sur l’influence des confesseurs de cet ordre.
26Dans ce jeu, les prières des religieux font partie des moyens de pression. C’est encore plus évident au sein de l’Église séculière qui, à la mort du roi, dans chaque ville royale, entame des négociations avec le gouvernement local pour préparer des funérailles, que l’Église doit célébrer et la municipalité payer. Dans un contexte où les discussions entre les deux sont tendues surtout pour des motifs fiscaux et juridictionnels85, partout de longues et accablantes discussions ont lieu sur le coût de la cérémonie. Les autorités locales accusent l’Église de spéculer et d’abuser de leurs tarifs – demana coses impertinents tant de cera com d’altres cosas86 –, et l’accord est difficile. C’est pour cela que déjà au XIVe siècle divers gouvernements municipaux menacent de recourir als frares menors o als preycadors, parce qu’ils offrent les mêmes services à un prix plus avantageux87. Ainsi, en 1458, lors des funérailles d’Alphonse le Magnanime, deux grandes villes, Gérone et Lérida88, exécutent cette menace. Outre le fait de raviver les tensions entre les Mendiants et les Séculiers ceux-ci craignent de faire mauvaise impression à l’héritier du trône. C’est la raison pour laquelle deux cérémonies identiques ont lieu, avec trois jours de différence, en 1458 à Gérone, l’une, offerte par la municipalité, au couvent des franciscains et l’autre par l’Église séculière à la cathédrale89. Au-delà des invocations religieuses, on calcule le rôle joué sur l’échiquier politique.
La mort du seigneur des municipalités
27Les municipalités royales, en apprenant la mort du roi se montrent bouleversées par ce triste événement. Le gouvernement local fait sonner le tocsin, ce qui oblige l’ensemble de la population à accourir, et souvent cela est renforcé par les sergents criant dans la rue lo senyor rey és mort !90. Par la suite, on décrétera plusieurs jours de deuil, rappelés quotidiennement par la sonnerie des morts et par les habits de deuil portés par les représentants municipaux. On accomplira solennellement une procession civile, pour montrer, de manière ordonnée, la douleur de la population. Puis le gouvernement municipal se réunira pour préparer les obsèques. Celles-ci seront composées de funérailles très solennelles et populaires, où l’on simulera la présence réelle du roi au point de pouvoir parler de funérailles de cos present. On construira un catafalque dans l’église principale, garni abondamment de tentures luxueuses et d’étendards royaux et de la ville, au milieu sera placé un cercueil avec au-dessus les insignes de la royauté et autour d’énormes luminaires. Au cours des processions où souvent chaque individu tient un flambeau, dans certains cas on porte la simulation du cercueil recouvert des insignes depuis une église située à une extrémité de la ville, dans d’autres le cortège funèbre sort de l’hôtel de ville sans les emblèmes du défunt parce qu’ils sont déjà à l’église. Ainsi, tous les habitants arrivent à l’église après avoir parcouru les rues, alors que les activités économiques ont cessé, car tout le monde ressent la douleur axí com si en cada casa se fos mort lo cap de dita casa, tant stava tot lo poble trist e desconsolat, selon les récits municipaux91.
28La réalité nuance ces descriptions. Là où les récits parlent d’insignes de la royauté en or, les livres de comptabilité municipaux montrent qu’elles sont en bois peint en or. Il y a beaucoup de peinture sur tout le catafalque simulant le luxe. On n’a pas pu faire montre de richesse, mais on a voulu la représenter. La participation populaire ne répond pas non plus aux descriptions. Malgré l’intense scénographie orientée vers la participation, il faut imposer la fermeture des boutiques92, empêcher parfois les gens de sortir de la ville durant les funérailles, comme on le fait à Lérida93, et même les assistants au service mortuaire reçoivent du gouvernement municipal la pièce de monnaie qu’ils donneront en offrande.
29Pourquoi a-t-il fallu faire ces simulations ? De prime abord, on a voulu rapprocher le monarque d’une population qui en général le rend responsable des problèmes existants, à cause de ses fortes exigences fiscales, parce qu’il dénature le système judiciaire en concédant des autorisations et en accordant des rémissions en échange d’argent, et parce qu’il provoque, en échange aussi d’argent, une fragmentation juridictionnelle aux graves conséquences, car dans une juridiction voisine concédée, on ne peut pas engager de poursuites ni contre les délits commis dans la ville ni contre le manquement aux obligations économiques. Précisément, pour surmonter cette situation, qui compromet le sort des principales fortunes de la ville, la solution passe par la rétablissement d’une unité juridictionnelle sous l’autorité des officiers royaux. Il convient, donc, de se rapprocher de la volonté du monarque, et c’est pour cela qu’on veut offrir l’image de proximité, tant politique que psychologique : il faut que le souverain s’aperçoive que les municipalités se réjouissent de ses succès militaires, qu’elles partagent ses joies familiales comme les jours de naissances et éprouvent une grande douleur pour le décès du roi. En conséquence, il faut extérioriser tous ces sentiments et toutes ces émotions et les faire parvenir au roi. Au XVe siècle les principales municipalités rédigent un mémoire détaillé des funérailles royales pour l’envoyer tout de suite après, accompagné d’une dédicace adulatrice, au successeur. Loin de la spontanéité révélée, tout est parfaitement calculé. Avant de décider ce qu’il faut faire on entretient une correspondance intense, spécialement avec des municipalités similaires pour ne pas offrir une image inférieure à la leur. On adopte les décisions en pensant à la relation avec le successeur : la reine Maria meurt en 1458 peu après son mari, alors que Jean II règne déjà, et la municipalité de Gérone décide de ne pas célébrer ses funérailles parce que, à la différence des cas où elle a accompli la cérémonie funèbre, elle n’amortirait pas politiquement la dépense élevée94. De même, la représentation du funeral de cos present del rei, que l’historiographie a parfois interprétée comme une preuve des deux corps dont parle Kantorowicz, en réalité ce n’est pas une cérémonie liée à la couronne mais aux offrants. Les municipalités offrent ces simulations à ceux qu’elles considèrent être digne de les recevoir, plaçant les insignes d’identification correspondants sur le cercueil – l’épée accompagnée du pommeau, du sceptre et de la couronne, si le défunt est un roi ; et la mitre, la crosse et souvent la chasuble, si c’est un évêque –, en pesant le coût et le degré du caractère spectaculaire qu’on veut offrir, surtout en tentures et en illuminations. En 1397, à l’occasion des funérailles du fils aîné du roi, l’infant Jean, le gouvernement de Cervera confesse quelle est la clé du problème : on invoque l’offre et la dévotion à la couronne mais, en réalité designant lo bé repòs e tranquillitat de la vila e dels habitants95.
30Le juriste Mieres, au XVe siècle définit la Catalogne comme l’addition d’une dizaine de villes96, tout en reflétant ainsi le poids du pouvoir municipal, au sommet duquel se place le gouvernement de la ville de Barcelone. Celui-ci revendique sa position de suprématie lors de la mort du roi : quand le roi tombe malade les représentants de la ville doivent aller a visitar-lo cada dia97, et participer aux colloquis sur sa guérison avec les personnalités de l’entourage royal98. Ils invoquent un privilège royal pour appuyer une position prééminente dans le soin pour la santé du roi99 et en 1466, quand on est en train d’essayer d’imposer un modèle de monarchie subordonnée aux états, on prétend que le représentant municipal dirige l’ordre servador en la cumplida curació100. En démontrant le lien entre information et pouvoir101, la municipalité de Barcelone prétend aussi en informer les ciutats e viles reyals del Principat de Cathalunya102. Les principales villes du pays apprennent la nouvelle par des « letres dels magnífichs consellers de Barcelona »103 et, à leur tour, elles la transmettent aux localités placées sous leur rayon d’action104, comme le fait Tarragone en avertissant tots los pròmens dels lochs del Camp, sa région d’influence105. Le pays apparaît ainsi comme une concaténation de villes qui président leurs réseaux respectifs. C’est pourquoi le gouvernement de Barcelone montre tant d’intérêt à recevoir et à transmettre les nouvelles concernant la santé du roi. Le 27 juin 1458 Alphonse le Magnanime meurt à Naples, et à Barcelone, où on était déjà dans l’attente des rumeurs du décès du monarque, on connaît seulement, le 12 juillet, l’existence d’une lettre privée, partie de Naples le 26 juin, dans laquelle un marchand dit au sujet du roi que ja no crech visqui sinó aquesta nit. Alors, le gouvernement municipal accélère la recherche d’information, et, à la tombée du même jour, il intercepte un messager dépêché depuis Pouzzoles par le neveu du roi, le Prince Charles de Viana, qui devait parvenir jusqu’en Navarre sans parler à qui que ce soit pour que le frère et successeur du défunt eût la primeur de la nouvelle écrite de la main même de son fils, prétention qui rentre dans le contexte de graves tensions endurées par tous les deux106. À Barcelone, le messager ne parlera pas mais, avec le concours d’un des ses amis, il laisse par écrit les termes clés de la situation, en laissant ainsi la primauté de l’information entre les mains de la ville de Barcelone107.
31La capitale du pays afin d’assurer sa suprématie fait tout ce qui est en son pouvoir pour accéder à l’image de la souveraineté, au point de s’approprier sa dépouille mortelle. En 1479 le gouvernement municipal et les membres de la maison royale – les reyals – se disputent la direction des cérémonies funèbres. Il fallut chercher la tradition dans les deux archives, dans les municipales et dans les royales, en entrant ainsi dans une guerre de mémoires pour démontrer ce qu’on faisait dans le passé108.
Société et pouvoir ou les éléments de construction du récit sur le fait historique
32L’exercice de « thanatosémiologie » royale nous a dépeint la société du bas Moyen Âge, où le pouvoir – économique, juridictionnel, culturel – est à des degrés différents entre les mains de divers possesseurs, lesquels, doivent en conséquence articuler des stratégies respectives de puissance. La prétention de suprématie royale plus qu’une opposition frontale, incite à pousser avec vigueur des manœuvres pour se rapprocher du monarque. Chacun, donc, devra articuler les discours justificatifs correspondants en tenant compte du souverain qui, d’une manière ou d’une autre, doit présider la société. C’est pourquoi, tout est public chez le monarque, même sa mort. L’examen minutieux entre personne publique et privé, que Jean de Salisbury faisait déjà au XIIe siècle109, mène à des considérations juridiques110 et non à situer certains actes personnels sous une sphère spécifique d’identité individuelle consciente, considération qui se profile seulement à partir des siècles modernes111.
33Les stratégies des différents pouvoirs cherchent tout le temps la complicité avec la couronne, convertissant en voie de dialogue depuis les états, et de communication avec la population, le grave passage du titulaire de la couronne vers l’au-delà. C’est un moment primordial pour une société où le christianisme qui justifie la société a évolué vers un sens expiatoire autour du passage vers l’au-delà112, ce qui est vécu dans un sens réaliste où la perception de Dieu est presque « anthropomorphisée », conduisant à des pratiques cumulatives et à une expressivité intense. Celle-ci s’approprie du sentiment, qu’il faut visualiser et faire ressortir ostensiblement, c’est pourquoi il est tellement important que les larmes accompagnent la dévotion avec laquelle meurt le roi et la douleur ressentie par ses sujets113. Jacques Ier en 1276 eut un enterrement exemplaire parce qu’il était accompagné de gens de toute condition, tots ensems ab grans professons e ab moltes oracions e grans plors e plants e crits114. Or, plutôt que d’exprimer le sentiment, on doit le représenter, comme dans la cérémonie de courir les armes, dans les réactions populaires dans les rues ou même aux funérailles qui dans chaque ville se manifestent, même dans la dénomination, comme si le corps du roi défunt était présent. On simule, bruyamment, le processus de la connaissance de la nouvelle, l’éclat de douleur et la relation avec un défunt idéalisé. Dans les racines du théâtre il ne faut pas seulement évaluer le parcours des textes littéraires mais aussi cette expressivité populaire menée à l’extrême de devoir représenter le sentiment.
34Finalement, on a tissé autour de la mort du souverain divers discours expressifs, dans lesquels tout est simulation et apparence. Ce qui importe c’est la signification des choses. C’est un avertissement pour que l’historien affine l’effort herméneutique dans sa méfiance à l’égard des discours du pouvoir, afin de rechercher la richesse conceptuelle qui se cache sous une réalité toujours complexe.
Notes de bas de page
1 J. CHIFFOLEAU, Pratiques funéraires et images de la mort à Marseille, en Avignon et dans le Comtat Venaissin (vers 1280-vers 1350), « La religion populaire en Languedoc du XIIIe siècle à la moitié du XIVe siècle », Toulouse, 1976, p. 276-277 ; S. ROYER de CARDINAL, « Tiempo de morir y tiempo de eternidad », Cuadernos de Historia de España, LXXX, 1988, p. 153-155.
2 F. BAYARD, L’art du bien mourir au XVe siècle, Paris, 1999, p. 165-172.
3 « Cortes de Cataluña », Cortes de los antiguos Reinos de Aragón y de Valencia y Principado de Cataluña, Madrid, 1917, vol. XXIII, p. 459.
4 Arxiu Històric Comarcal de les Terres de l’Ebre, clavari 23, p. 167.
5 Arxiu Històric de la Ciutat de Barcelona, lletres closes VI-23, fº 69 rº.
6 Arxiu Històric de la Ciutat de Girona, I. 1.1, livre 16 bis, fº 43 rº.
7 Arxiu Històric Comarcal de Cervera, Clavaria 35, fº 108 vº.
8 Arxiu de la Corona d’Aragó, Fons Institucionals, Governació, reg. 19, fº 23 vº-24 rº.
9 A. UDINA, Els testaments dels comtes de Barcelona i dels reis de la Corona d’Aragó, Barcelone, 2001, p. 128-129, 136.
10 F. DURAN, « Margarida de Prades », dans Butlletí de la Societat Catalana d’Estudis Històrics, III, 1954, p. 35.
11 A. CLOSAS, El nét del rei Martí, Barcelone, 1972, p. 33-34.
12 P. de Bofarull, Colección de Documentos Inéditos del Archivo General de la Corona de Aragón, Barcelone, 1847, p. 209-212.
13 F. SABATÉ, « Oligarchies and social fractures in the cities of late medieval Catalonia », Oligarchy and patronage in late medieval iberian urban society, Ana Maria Rodrigues et María Asenjo (dir.), sous presse.
14 F. SABATÉ, « El poder soberano en la Cataluña bajomedieval: definición y ruptura », Coups d’État à la fin du Moyen Âge? Aux fondements du pouvoir politique en Europe occidentale, Madrid, 2005, p. 509-515.
15 A. BALAGUER, Don Pedro, el Condestable de Portugal, considerado como escritor, erudito y anticuario (1429-1466). Estudio histórico-bibliográfico, Gérone, 1881, p. 53.
16 M. COLL, « Historiografia de Barcelona », Història de Barcelona, Barcelone, 1975, vol. I, p. 25-31.
17 R. del ARCO, Sepulcros de la Casa Real de Aragón, Madrid, 1945, p. 387-388.
18 J. A. JUNGMANN, El Sacrificio de la Misa. Tratado histórico litúrgico, Madrid, 1963, p. 156-158.
19 F. RAPP, L’Église et la vie religieuse en Occident à la fin du Moyen Âge, Paris, 1999, p. 153-154.
20 J. W. BRODMAN, L’orde de la Mercè, Barcelone, 1990, p. 28-32 ; M. ZIMMERMANN, « L’image du musulman et son utilisation en Catalogne du IXe au XIIe siècle », Minorités et marginaux en Espagne et dans le midi de la France (VIIe-XVIIIe siècles), Paris, 1986, p. 471-495.
21 A. UDINA, Els testaments dels comtes de Barcelona…, op. cit., p. 106-391.
22 M. SÁNCHEZ, El naixement de la fiscalitat d’Estat a Catalunya (segles XII-XIV), Vic-Gérone, 1995, p. 65-134.
23 P. ARIÈS, Essais sur l’histoire de la mort en Occident du Moyen Âge à nos jours, Paris, 1975, p. 51.
24 C. TREFFORT, L’Église caroligienne et la mort, Lyon, 1996, p. 60-62.
25 J. M. NIETO, « Franciscanos y franciscanismo en la política y en la corte de la Castilla Trastámara (1369-1475) », Anuario de Estudios Medievales, 20, 1999, p. 118.
26 P. de Bofarull, Procesos de las antiguas Corte y parlamentos de Cataluña, Aragón y Valencia, Barcelone, 1850, vol. V, p. 134-135.
27 J. MUTGÉ, « Alfons el Benigne i el monestir de Santes Creus (1327-1336) », Anuario de Estudios Medievales, 13, 1983, p. 241-243.
28 C. MARTINELL, El monestir de Santes Creus, Barcelone, 1929, p. 70.
29 A. UDINA, Els testaments dels comtes de Barcelona…, op. cit., p. 203.
30 R. TASIS, Pere el Ceremoniós i els seus fills, Barcelone, 1980, p. 114.
31 A. GARCÍA, « El jurista catalán Guillem de Vallseca. Datos biográficos y tradición manuscrita de sus obras », Anuario de Estudios Medievales, 7, 1970-1971, p. 678-680.
32 R. Muntaner, Crònica, chap. CLXIII (Les quatres grans cròniques, Barcelone, 1983, p. 802, 823 respectivement).
33 J. E. MARTÍNEZ-FERRANDO, Jaume II o el seny català, Barcelone, 1956, p. 279-284.
34 E. BAGUÉ, « Alfons el Benigne », Els Descendents de Pere el Gran, Barcelone, 1980, p. 98.
35 Arxiu Històric de les Terres de l’Ebre, clavari, 23, p. 168.
36 R. TASIS, Joan I. El rei caçador i músic, Barcelone, 1980, p. 138-139.
37 A. ROYO MARIN, Teología de la Perfección cristiana, Madrid, 1969, p. 449.
38 A. RYDER, Alfonso el Magnánimo, rey de Aragón, Nápoles y Sicilia (1396-1458), Valence, 1992, p. 521-523.
39 J. DELUMEAU, La confesión y el perdón, Madrid, 1992, p. 40.
40 J. CHIFFOLEAU, « Del ritus a les creences. La pràctica de la missa a l’Edat mitjana », L’Avenç, 111 (1988), p. 42-43 ; M. MOSCINI, Il Miracolo di Bolsena, Bolsena, 1999, p. 137-139.
41 R. N. SWANSON, Religion and Devotion in Europe c. 1215-c. 1515, Cambridge, 1995, p. 137-142 ; R. RECHT, Le croire et le voir. L’art des cathédrales (XIIe-XVe siècle), Paris, 1999, p. 98-100.
42 J. R. BARRIGA, El sacramentari, ritual i pontifical de Roda, Barcelone, 1975, p. 616-651.
43 M. VOVELLE, La mort en Occident. De 1300 à nos jours, Paris, 1983, p. 70-73.
44 N.-Y. TONNERRE, Être chrétien en France au Moyen Âge, Paris, 1996, p. 115-116.
45 J.-C. SCHMITT, Le corps des images, Paris, 2002, p. 70-73.
46 A. DE TUMMULILLIS, Notabilia temporum, Livourne, 1890, p. 75.
47 Manual de novells ardits, vulgarmente apellats dietari del antich consell barceloní, Barcelone, 1892, vol. I, p. 57.
48 Arxiu Històric de la Ciutat de Barcelona, fons municipal, B-I, livre 27, fº 23 rº-26 rº.
49 M. MITJÀ, « Procés contra els consellers, domèstics i curials de Joan I, entre ells Bernat Metge » Boletín de la Real Academia de Buenas Letras de Barcelona, 27, 1957-1958, p. 380-384.
50 B. METGE, Lo somni, Barcelone, 1982, p. 41.
51 M. T. FERRER, « Noves dades per a la biografia de Ramon de Perellós, autor del “Viatge al Purgatori de Sant Patrici« », Miscel.lània en honor del doctor Casimir Martí, Barcelone, 1994, p. 215-230 ; « Activitats politiques i militars de Ramon de Perellós (autor del “Viatge al Purgatori de Sant Patrici”, durant el regrat de Joan I) », Medioevo Hispano. Estudios in memoriam del Prof. Derek W. Lomax, Madrid, 1995, p. 159-173.
52 R. de PERELLÓS, « Viatge dels vescomte Ramon de Perellós i de Roda fet al Purgatori nomenat de Sant Patrici », Novelles amoroses i morals, Barcelone, 1980, p. 61.
53 M. de RIQUER, « El “Somnium” de Honoré Bouvet (ou Bonet) y Juan I de Aragón », Analecta Sacra Tarraconense, 32, 1959, p. 229-235.
54 H. de SALTREY, Tractatus de Purgatorio Sancti Patricci, Patrologia Latina Database, t. 180, col. p. 975-1004.
55 F. SABATÉ, « Església, religió i poder a l’edat mitjana », Església, societat i poder a les terres de parla catalana, Valls, 2005, p. 42-43.
56 J. LE GOFF, El nacimiento del Purgatorio, Madrid, 1981, p. 273-410.
57 D. ALEXANDRE-BIDON, La mort au Moyen Âge. XIIIe-XIVe siècle, Paris, 1998, p. 274-277.
58 F. SABATÉ, Cerimònies fúnebres i poder municipal a la Catalunya baixmedieval, Barcelone, 2003, p. 13.
59 F. SABATÉ, « Discurs i estratègies del poder reial a Catalunya al segle XIV », Anuario de Estudios Medievales, 25, 1995, p. 617-645.
60 F. ESPAÑOL, Els escenaris del rei. Art i monarquia a la Corona d’Aragó, Manresa, 2001, p. 160-162.
61 Le fait d’être enterré avec un habit religieux était très courant : son père, Jacques II, portait un habit de moine cistercien, en accord avec le monastère qui l’accueillait (J. BAUCELLS, « Enterrament de Jaume II a Santes Creus l’any 1327 », Acta historica et archaeologica Mediaevalia, 20-21 [1999-2000], p. 330).
62 Ayant été enterré vêtu d’un habit appartenant aux ordres mendiants, le titulaire de la couronne fait ressortir face à la mort les mêmes inquiétudes que les autres groupes sociaux (D. MENJOT, Dominar y controlar en Castilla en la Edad Media, Málaga, 2003, p. 275-276).
63 J. M. Sans (dir.), Cort general de Montsó 1382-1384, Barcelone, 1992, p. 78-81.
64 A. UDINA, Els testaments dels comtes de Barcelona…, op. cit., p. 175, 203, 230.
65 M. AURELL, Les noces du comte, Paris, 1995, p. 384.
66 J. L. BERMEJO, Máximas, principios y símbolos políticos. Una aproximación histórica, Madrid, 1986, p. 78.
67 L. ADAO DA FONSECA, « A morte como tema de propaganda política na historiografia e na poesia portuguesa do século XV », Biblos, LXIX, 1993, p. 518-521.
68 A. RUIZ-MORENO, « Enfermedades y muertes de los reyes de Asturias, León y Castilla », Cuadernos de Historia de España, VI, 1946, p. 116.
69 D. Enríquez del Castillo, Crónica del Rey Don Enrique el Cuarto, chap. CLXVIII (Biblioteca de Autores Españoles, Madrid, 1953, vol. 70, p. 221).
70 D. Valera, Memorial de Diversas Hazañas, chap. C (Biblioteca de Autores Españoles, Madrid, 1953, vol. 70, p. 94).
71 R. Muntaner, Crònica, chap. CXLV (Les quatre grans cròniques…, op. cit., p. 804).
72 « La orfandad de los nobles » est un argument répété aussi dans d’autres monarchies contemporaines (R. JIMÉNEZ DE RADA, Historia de los hechos de España, libro VIII, cap. XV [Madrid, 1989, p. 329]).
73 J. M. Sans, Dietari o llibre de Jornades (1411-1484) de Jaume Safont, Barcelone, 1992, p. 203-204.
74 Un fragment du relief représentant la cérémonie sur la tombe de Ferdinand Ier à Poblet est conservé à Paris, au Musée du Louvre (Musée du Louvre RF 1521).
75 A. Duran et J. Sanabre, Llibre de les Solemnitats de Barcelona, Barcelone, 1930, vol. I, p. 30.
76 M. de Bofarull, Opúsculos inéditos del cronista catalán Pedro Miguel Carbonell, Barcelone, 1864, p. 212-213.
77 G. TURELL, Arbre d’honor, Barcelone, 1992, p. 154-155.
78 Arxiu Històric Comarcal de Balaguer, I.3.3.1.1/301, fº 64 rº.
79 F. SABATÉ, « Corona de Aragón », La época medieval : administración y gobierno, Madrid, 2003, p. 437-440.
80 P. TUCOO-CHALA, « Les honneurs funèbres chez les Foix-Béarn au XVe siècle », Annales du Midi, 90, 1978, p. 340-341.
81 F. GARCIA-OLIVER, « Perdurar, després de la mort. El testament de Pere d’Aragó, senyor de Montitxelvo », 750 anys com a valencians. Albaida i la Vall, 1245-1995, Ontinyent, 1995, p. 190.
82 Arxiu de la Corona d’Aragó, Cancelleria, reg. 2452, fº 114-117rº.
83 J. LLADONOSA, Història de la vila de l’Albi i la seva antiga baronia, Lérida, 1986, p. 390.
84 M. COLL, Historiografia, Barcelone, 1991, p. 54-59.
85 F. SABATÉ, « L’Església secular catalana al segle XIV. La conflictiva relació social », Anuario de Estudios Medievales, 28, 1998, p. 758-764.
86 A. VILA, Ceremonial de Consellers de la Ciutat de Vic, Vic, 1989, p. 193.
87 Actes municipals, 1386-1387 ; 1387-1388, Tarragone, (dirs) F. Cortiella et M. Santmartí, 1987, p. 66.
88 Arxiu Municipal de Lleida, A-367, fº 132 rº.
89 Arxiu Històric de la Ciutat de Girona, I.1.1, livre 68, fº 132 vº-133 rº.
90 Arxiu Històric Comarcal de Cervera, Llibre Verd del Racional, 68, fº 120 rº.
91 Arxiu Municipal de Lleida, A-700, fº 42 vº ; M. de BOFARULL, Opúsculos…, p. 192.
92 Arxiu Històric Comarcal de les Terres de l’Ebre, clavari 33, p. 130.
93 Arxiu Municipal de Lleida, A-367, fº 131 rº.
94 Arxiu Històric de la Ciutat de Girona, I.1.1, livre 68, fº 143 vº-144 rº.
95 Arxiu Històric Comarcal de Cervera, consell, 1497, fº 69 vº.
96 F. MASPONS, « Fisonomia del Dret Públic Català », Revista Jurídica de Catalunya, XXXVI, 1930, p. 335.
97 E. G. BRUNIQUER, Ceremonial dels magníffichs consellers y regiment de la Ciutat de Barcelona, Barcelone, 1912, vol. I, p. 334.
98 Arxiu de la Corona d’Aragó, Fons Institucionals, Governació, reg. 19, fº 23 vº-24 rº.
99 R. GRAU, « Joan Fivaller, Ferran I i les imposicions municipals de Barcelona. Repàs d’un mite històric », Barcelona, Quaderns d’història, 2/3, 1996, p. 67-68.
100 Arxiu Històric de la Ciutat de Barcelona, lletres closes, VI-23, fº 69 rº.
101 F. SABATÉ, « La mort d’Alfons el Magnànim : coneixença, divulgació i repercussió de la notícia », XVI Congresso Internazionale di Storia della Corona d’Aragona (Napoli, 1997), Naples, 2000, p. 1895-1897.
102 Arxiu Històric de la Ciutat de Barcelona, registre de deliberacions, II-12, fº 41 vº.
103 Arxiu Històric Comarcal de les Terres de l’Ebre, provisions, 59, non numéroté.
104 Arxiu Històric Comarcal de Cervera, racional, 1456-1461, fº 24 rº.
105 Actes Municipals, op. cit., p. 64.
106 G. DESDEVISES DU DEZERT, Don Carlos de Aragón, Príncipe de Viana, Pampelune, 1999, p. 242-317.
107 Arxiu Històric de la Ciutat de Girona, I.1.1, livre 68, fº 114 vº-121 vº.
108 F. SABATÉ, Lo senyor rei és mort ! Lérida, 1994, p. 185-187.
109 I. Saresberiensis, Polycraticus, PL, vol. 199, col. 526, 690.
110 E. H. KANTOROWICZ, Los dos cuerpos del rey. Un estudio de teología política medieval, Madrid, 1985, p. 101-102.
111 S. MURILLO, El mito de la vida privada, Madrid, 1996, p. 3-5.
112 C. CAROZZI, Visiones apocalípticas en la Edad Media, Madrid, 2000, p. 175.
113 Il faut rappeler l’intégration des larmes dans la dévotion qui arrive au bas Moyen Âge ; P. NAGY, Le don des larmes au Moyen Âge, Paris, 2000, p. 384-385.
114 Crònica, caps. XXVIII (Les quatres grans cròniques…, op. cit., p. 690).
Auteur
Université de Lleida (Catalogne)
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