Résumés
p. 247-254
Note de l’éditeur
(Traduction anglaise de Jacques TOURREL)
Texte intégral
Récits : France
Catherine CHÉDEAU
Le Siège des Suisses à Dijon en 1513
1Les réactions des Dijonnais face à l’armée suisse envoyée par Marguerite d’Autriche et l’empereur Maximilien afin de récupérer le duché de Bourgogne sont ici étudiées. La diversité des sources (délibérations et comptabilité de la ville, témoignage oculaire, récits, tapisserie relatant la procession religieuse) permet d’envisager toutes les dimensions. Le résultat de l’enquête montre que le siège n’a pas eu une grande postérité tant dans l’historiographie locale que nationale. Pour le parti « pro-impérial », le retrait de Maximilien ainsi que la violence de l’attaque ne pouvaient pas être considérés comme des faits positifs. Du côté français, bien d’autres événements étaient susceptibles d’entrer dans la mémoire collective et seule l’attitude du gouverneur Louis II de La Trémoille a été exploitée. Enfin, les Dijonnais ont surtout retenu le fait que la ville a été miraculeusement épargnée, comme le montre la tapisserie.
The Siege of Dijon by the Swiss in 1513
2Our purpose is to explain how the Dijonnais as the inhabitants of Dijon are known reacted to the Swiss invasion sent by Magareth of Austria and Emperor Maximilian to recover the dukedom of Burgundy. Since we have numerous and various documents (such as municipal deliberations and accounting, evidence by eyewitnesses, personal accounts, tapestry of a religious procession), it is possible to study this siege from many stand points. In fact, this event disappeared quickly from memory at the local and national levels. The French had more important events to dignify their royalty (only, the acts of the governor Louis II de La Trémoille were used by contemporaries). On the other hand, the withdrawal of Maximilian and the violence of the attack couldn’t be interpreted as positive by the “imperial” party. The Dijonnais kept in mind the fact that the town had been saved by the presence of the Virgin as a tapestry shows.
Gabriel AUDISIO
La prise d’une ville hérétique, Cabrières-d’Avignon (1545)
3Avant les « guerres de religion », le XVIe siècle français connut une véritable croisade contre les vaudois du Luberon. Ce fut « l’exécution de Cabrières et Mérindol », du nom de deux villages, l’un en Comtat venaissin, l’autre en Provence. En moins d’une semaine l’armée saccagea le pays, provoquant la fuite de ces paysans « hérétiques ». Le dernier bastion, et le seul à vrai dire, qui résista aux troupes françaises et pontificales unies pour l’occasion, fut Cabrières-d’Avignon. Ses remparts protégeaient les habitants des opérations et exactions soldatesques. Pourtant, quand l’armée se présenta devant ce bourg fortifié, la résistance ne dura guère ; quelques boulets de canon en vinrent à bout ; il s’ensuivit un massacre. L’intérêt vient des différentes versions de la prise de la ville et des événements qui suivirent parvenues jusqu’à nous ainsi que des conséquences qui découlèrent de ce traumatisme sur la population du pays et plus largement encore.
The capture of an heretical town, Cabrières-d’Avignon in 1545
4Before the “wars of religions”, 16th century France went through a genuine crusade against the Valdensians of the Luberon. This led to the “executions of Cabrières and Mérindol”, named after two villages, one in the Comtat Venaissin and the other in Provence. In less than a week the army sacked the region, provoking the flight of the “heretical” peasants. The last – and practically the sole – stronghold that resisted the French and pontifical troops, united for the occasion, was Cabrières-d’Avignon. The city walls had protected the inhabitants from attacks and exactions by army rabble. Still, when the soldiers arrived in front of the fortified town, the face-off didn’t last very long; a few cannon balls overcame the resistance and a slaughter followed. The interest lies in the different versions of the capture and the following events that have been handed down to us, and in the aftermath of the traumatic shock on the local population and farther around.
Pascal JULIEN
Assaut, invocation tutélaire et célébrations séculaires : le 17 mai 1562 « délivrance de Toulouse »
5En mai 1562, les protestants tentèrent vainement de s’emparer de Toulouse. Ils s’en retirèrent le jour de la Pentecôte, fête des reliques de l’abbatiale Saint-Sernin, considérées depuis toujours comme les protecteurs de la ville. Pour les catholiques, ce fut là un signe divin qui influença leur perception de l’événement et la relation de celui-ci, qui dès lors fit l’objet d’une commémoration annuelle. L’interprétation partisane du « camp de Dieu » transforma une prise de ville en un rite séculaire, la procession supplantant les combats.
Attacks, invocations to heaven and age-old celebrations: the “liberation of Toulouse” on May 17th 1562
6In May 1562, the protestants tried in vain to capture Toulouse. They retreated on Whit Sunday, the celebration day of Saint Sernin’s abbey relics, for long believed to be the town protector. To the catholics it was a sign from heaven which influenced their perception of the event and their account of it. Whit Sunday became the occasion of an annual commemoration. A partisan interpretation of the “side of God” changed a town capture into an age-old ritual in which processions replaced fighting.
Jean-Raymond FANLO
Toulouse, 1562, ou comment on écrit l’Histoire
7Début mai 1562, des combats entre protestants et catholiques à Toulouse ensanglantent Toulouse. L’examen de quatre relations (deux chroniques, l’une protestante, l’autre catholique, et deux extraits des élaborations historiques plus tardives du président de Thou et d’Agrippa d’Aubigné) fait apparaître des constantes : l’opposition entre la légitimité du Parlement et celle du corps de ville, entre les couvents et les « escholiers », la difficulté à nommer les protestants « ceux de la nouvelle religion », « ceux de la religion » par opposition aux « bourgeois ». Il montre encore les stratégies apologétiques des différents auteurs, soit qu’ils choisissent un camp ou un autre, soit qu’ils veuillent se placer au-dessus de la mêlée, comme de Thou.
Toulouse, AD 1562, or the way history is being written
8In early May 1562, fighting between protestants and catholics bathed Toulouse in blood. The study of four accounts (two chronics, one protestant, one catholic, and two excerpts from later elaborations by President de Thou and Agrippa d’Aubigné) reveal constant features: an opposition between the Parliament and the town corps vying for legitimacy, between convents and “scholars”, the difficulty in naming the protestants (“those of the new religion”, “those of the religion”, “religionaries” as opposed to the “bourgeois”). We see the apologetic strategies being adopted by the authors whether they choose their side, or want to stand above the fray, like de Thou.
Wolfgang KAISER
Fare col leone e con la volpe. La « réduction de Marseille » (17 février 1596)
9La « réduction de Marseille » sous l’autorité du roi Henri IV en février 1596 se fait de manière assez paisible. Assiégée, la ville qui était depuis 1591 entre les mains des Ligueurs radicaux, sera prise avec peu de violences, des négociations sur les conditions de la reddition. Les récits de cette « réduction » écrits à chaud et mis en circulation presque au lendemain des événements, essayent de faire accepter une version des faits. Dans certains récits, la prise de la ville est présentée comme une « prise de l’intérieur » grâce à une conjuration civique préparée de longue date par des bourgeois royalistes. Interprétation improbable dont l’enjeu est de renégocier le rapport entre le roi et la ville.
Fare col leone e con la volpe: The “quelling of Marseilles” on February 17th 1596
10The “quelling of Marseilles” under King Henri IV in February 1596 was carried out quite peacefully. The city which had been the turf of radical League members since 1591, was recaptured virtually without violence and after negotiations on the conditions of surrender. The accounts of that “quelling” written on-the-spot and diffused the day after the events, are trying to back up a certain version of the facts. In some of them, the capture of the city is seen as a “seizure from within” through a civic conspiracy which royalist bourgeois had been preparing for a long time. The interpretation is unlikely but was meant to renegotiate the relationship between the king and the city.
Récits : Italie
Marie VIALLON-SCHONEVELDDE
Les prises de Constantinople dans le mythe de Venise
11Constantinople a subi deux conquêtes historiques : l’une par les Vénitiens en 1204 et l’autre par les Turcs en 1453. La première permet à Venise de trancher les ultimes liens qui l’unissent encore à l’influence byzantine et, donc, de fonder son mythe de la libertas. La seconde prive Venise de son empire et la contraint à se recentrer sur sa lagune et son Domaine de Terreferme pour y fonder son mythe institutionnel d’éternité.
The captures of Constantinople in the mythology of Venice
12Constantinople underwent two historical conquests: one by the Venetians in 1204 and the other by the Turks in 1453. The first one allowed Venice to cut the last bonds that still linked it to the Byzantine sphere of influence and, therefore, to assert its own myth of libertas. The second conquest deprived Venice of its empire and obliged the principality to refocus its influence around the lagoon and the Terra ferma and thus assess its institutional myth of eternity.
Le prese di Costantinopoli nella mitologia veneziana
13Doppia fu la conquista di Costantinopoli: dai Veneziani nel 1204 prima, dai Turchi nel 1453 poi. La prima permise alla Dominante di troncare gli ultimi legami colla madre bizantina e dunque di autoproclamarsi libera mentre la seconda costrinse la Serenissima a vantare il poco che le avvanzava : le proprie istituzioni erette a modello universale.
Sylvie RICCI
Mantoue en 1509-1510 : peut-on parler de prise de ville ?
14Le contexte politique instable du XVIe siècle impose aux États italiens une période de crise marquée par les rivalités internes et par les menaces des grandes puissances étrangères telles que la France, l’Espagne et l’Empire notamment. La guerre, et de ce fait la violence, devinrent inévitables sur les champs de bataille mais aussi dans les villes assiégées. En effet, « prendre une ville » était un moyen efficace pour neutraliser son adversaire et le démunir de tout contrôle politique. Dans le cas présent, celui du marquisat de Mantoue pendant la période de régence d’Isabelle d’Este en 1509-1510, l’intérêt est de démontrer dans quelle mesure nous pouvons ou nous ne pouvons pas parler de « prise de ville », sachant qu’aucune effusion de sang n’eut lieu et que la souveraine ne fut aucunement chassée de son territoire.
Mantova, AD 1509 and 1510: was it a real town capture?
15The unstable political context of the 16th century imposed upon the Italian States a period of crisis characterized by internal squabbling and threats from the foreign great powers of the time such as France, Spain and the Holy Empire, among others. Henceforth war and violence became unescapable on battlefields but also in besieged towns. In fact "capturing a town" was an efficient means to neutralize one's opponent and deprive him of any political clout. In the present case, the marquisate of Mantova during Isabella d'Este's regency in 1509-1510, do we face a real "town capture", if we recognize that no blood was shed and that the regent was not in the least banned from her territory.
Mantova nel 1509-1510: possiamo parlare di presa della città?
16Il contesto politico instabile del XVI secolo impone agli Stati italiani un periodo di crisi improntata da rivalità interne e dalle minacce delle grandi potenze come la Francia, la Spagna e l’Impero soprattutto. La guerra, e di conseguenza la violenza, diventarono inevitabili sui campi di battaglia ma anche nelle città assediate. Effettivamente, «prendere una città» era un modo efficace per neutralizzare l’avversario e sprovederlo di qualsiasi controllo politico. Nel presente caso, quello del marchesato di Mantova durante il periodo di reggenza d’Isabella d’Este nel 1509-1510, l’interesse è di dimostrare in che modo possiamo o no parlare di «presa di una città», sapendo che nessuno spargimento di sangue ebbe luogo e che la sovrana non fu affatto cacciata dal proprio territorio.
Théa PICQUET
La prise de Prato en 1512
17En 1512, Prato a été le théâtre d’un terrible assaut ennemi. Après en avoir précisé le contexte historique, notre propos se donne pour objectif d’analyser cet événement capital pour la ville en en définissant les circonstances, les conditions et les conséquences. Pour ce faire, nous étudierons le témoignage de Bartolomeo Cerretani, à travers ses Ricordi, mais aussi sa Storia fiorentina, que nous mettrons en parallèle avec le compte rendu qu’en fait Machiavel dans une lettre de septembre 1512 et verrons comment la présentation des faits laisse très rapidement la place au jugement critique et à l’amertume des historiographes.
The capture of Prato in 1512
18In 1512, Prato underwent a dreadful attack by the enemy. After setting the historical context, our plan will be to analyse this crucial event by specifying its circumstances, conditions and consequences. We will follow Bartolomeo Cerretani’s evidence in his Ricordi, but also his Storia fiorentina, and we will draw a parallel with Machiavelli’s account in a letter of September 1512 and we will see how the presentation of the events was quickly replaced by criticism and bitterness among historiographers.
La presa di Prato nel 1512
19Nel 1512, Prato è stata il teatro di un terribile assalto nemico. Dopo aver precisato il contesto storico, il nostro proposito si dà per meta di analizzare quest’evento capitale per la città definendone le circostanze, le condizioni e le conseguenze. Per fare ciò, studieremo la testimonianza di Bartolomeo Cerretani, attraverso i suoi «Ricordi», ma anche attraverso la sua «Storia fiorentina», che metteremo in confronto con il resoconto che ne dà il Machiavelli in una sua lettera del settembre 1512. Vedremo come, alla presentazione dei fatti, si sostituiscono molto presto il giudizio critico e l’amarezza degli storiografi.
Olivier ROUCHON
Siège de Florence et prise de villes : une lecture de la Storia fiorentina
20Parmi les historiens du XVIe siècle qui ont laissé un récit du siège de Florence (1529-1530), Benedetto Varchi occupe avec la Storia fiorentina une place à part. Œuvre de commande adressée par le duc Côme Ier à une figure du monde des lettres tardivement ralliée à la monarchie, la Storia fiorentina illustre la complexité d’un récit historique de l’invasion de la Toscane qui fut aussi une crise de la domination territoriale des Florentins. L’héroïsme des assiégés, obligation rhétorique pour l’historien, pose à Varchi de délicats problèmes d’exposition qu’il ne résout pas sans une forme de compromis dans un débat aux interprétations antagonistes. Enfin, la construction historiographique de Francesco Ferruccio résume les ambiguïtés de cette figure de preneur de villes, porteur d’un châtiment des sujets rebelles autant que d’une idéalisation républicaine.
The siege of Florence and town captures: a reading of the Storia fiorentina
21Among the 16th century historians that made an account of the 1529-30 siege of Florence, Benedetto Varchi is in a special position with his Storia fiorentina. An occasional work addressed by Duke Como I to a person of the literary world who was a recent supporter of monarchy, the Storia fiorentina exemplifies a complex historical account of the invasion of Tuscany which was also a crisis in the territorial domination of the Florentines. The heroic behaviour of the besieged, a rhetorical commitment for the historian, saddles Varchi with tricky problems of exposure which cannot be solved without some sort of compromise between antagonistic interpretations. Finally a historiographic construction by Francesco Ferruccio sums up all the ambiguities of the “town capturer” who is the carrier of punishment for the rebellious as well as a symbol of republican idealism.
Assedio di Firenze e conquista delle città del Dominio: una lettura della
22Storia fiorentina Tra tutti gli storici del’ 500 che abbiano raccontato l’assedio di Firenze (1529-1530) uno occupa un posto rilevante: Benedetto Varchi, letterato eminente la cui adesione al principato era avvenuta con indugio. La Storia fiorentina ordinatagli dal Duca Cosimo I è un’illustrazione di quanto sia complesso presentare un racconto storico dell’invasione della Toscana, la quale segnò anche una crisi del dominio territoriale dei Fiorentini. Presentare l’eroismo degli assediati è quasi d’obbligo per lo storico, però si pongono al Varchi delicati problemi di esposizione retorica. Questi vengono risolti con compromessi, inevitabili in un dibattito che suscitava tra gli stessi storici tante contrastate interpretazioni. Inoltre, la figura di Francesco Ferrucio è una costruzione storiografica che riassume gli aspetti ambigui di un capitano che sa riconquistare le città perdute ed incarna sia l’ideale repubblicano che il potere di castigare i sudditi ribelli.
Jean-Michel LASPÉRAS
« Pour tes péchés, Rome sera détruite ». (« Por tus pecados será Roma destruida. »), Alfonso de Valdés
23Le Diálogo de las cosas acaecidas en Roma ne saurait se réduire à une œuvre de circonstance ou à un simple plaidoyer au service de la politique impériale. Alfonso deValdés y met l’enseignement d’Érasme à l’œuvre et à l’épreuve des événements de 1527 et surtout, fort de l’expérience, il pousse plus avant sa réflexion et sa quête afin de transcender le sens du sac de Rome à la lumière du texte de l’Apocalypse.
“For your sins Rome will be destroyed” (“Por tus pecados será Roma destruida”) by Alfonso de Valdés
24The Diálogo de las cosas acaecidas en Roma should not be considered a plain occasional work or a mere speech for the defence of imperial politics. Alfonso de Valdés implements Erasmus’s teachings and puts them to the test of the 1527 events, and, above all, comforted by his experience, he deepens his thought and his quest in order to sublimate the sacking of Rome in the light of the Apocalypse.
“Por tus pecados será Roma destruida” por Alfonso de Valdés
25El Diálogo de las cosas acaecidas en Roma no puede reducirse a una obra de circunstancias o a un mero alegato a favor de la política imperial. En ella experimenta Alfonso de Valdés la enseñanza de Erasmo y la pone a prueba de los sucesos de 1527. Sobre todo su experiencia al respecto lo lleva a una reflexión y a una búsqueda con vistas a trascender el sentido del saco de Roma a la luz del texto del Apocalipsis.
Regards
Martine VASSELIN
Lectures, leçons et illustrations de la prise de Troie en France au XVIe siècle
26La légende troyenne, amplement diffusée dans la France des XVe et XVIe siècles, était alors connue à travers divers textes : Darès, Dictys, Homère et les exégètes et compilateurs médiévaux, le dernier étant Jean Lemaire de Belges qui reprend l’idée de la descendance généalogique des princes européens contemporains de ces mythiques ancêtres. L’histoire de la prise de Troie et des combats entre Grecs et Troyens y a fait l’objet de divers types d’illustrations : tapisseries, enluminures, gravures bellifontaines et cycle de peintures murales d’Oiron, qui sont examinées dans leurs choix iconographiques et stylistiques en relation avec leurs sources livresques, leurs modèles figuratifs et les circonstances de leur commande. On constate que l’épopée troyenne était considérée comme une leçon d’art militaire, une leçon de morale héroïque et une leçon sur la destinée humaine, entre destin et responsabilité personnelle.
Readings, lessons and illustrations of the capture of Troy in 16th century France
27The Trojan legend, vastly diffused in 15th and 16th century France, was known through various authors: Darès, Dictys, Homer and medieval exegetes and compilers, the last one being Jean Lemaire de Belges who recovered the idea of genealogic lineage of the European princes contemporaries of those mythical ancestors. The history of the capture of Troy and the fighting between Greeks and Trojans formed the subject of varied types of illustration: tapestries, illuminations, Fontainebleau engravings and wall paintings from Oiron (in Deux-Sèvres) which are examined in their iconic and stylistic options in relation with their literary sources, models and circumstances of order. We discover that the Trojan epic was considered a lesson in military skill, moral heroism and human destiny, somewhere between fate and personal responsibility.
Myriam JACQUEMIER
Le thème de la Prise de Ville dans De Harmonia Mundi de Francisco Giorgio Veneto (1525), traduit en français par Guy Le Fèvre de la Boderie en 1578 »
28L’Hymne De Harmonia Mundi, écrit en prose latine par le Frère minime Francesco Giorgio Veneto dans les années 1515-1520, et publié une première fois à Venise en 1525 (la seule traduction française jusqu’à présent est celle de Guy Le Fèvre de la Boderie en 1578 chez Jean Macé) a retenu notre attention car il symbolise, en trois Cantiques, eux-mêmes divisés en Tonus et Concentus puis en Modulus, un cheminement initiatique qui doit conduire le lecteur-impétrant, sur les pas de l’auteur-myste, à l’harmonie de la contemplation mystique. La rhétorique franciscaine du Vénitien convoque un certain nombre de procédés stylistiques, dont le vocabulaire métaphorique de la musique, pour traduire, sur un mode performatif, la progression intellectuelle, morale, anagogique que mime le texte. Le thème de la « prise de ville » est d’autant plus pertinent que la contemplation finale, dans les derniers Motets du dernier Cantique, fait apparaître la Vision de la Jérusalem Céleste. Le registre guerrier du siège et de la lutte est donc au service de ce combat que l’auteur mène contre les forces de la Dissonance et de la Dissension.
The theme of town capture in the De Harmonia Mundi by Francisco Giorgio Veneto (1525), translated into French by Guy Le Fèvre de la Boderie in 1578
29The Hymn De Harmonia Mundi, written in Latin prose by the Minim Friar Francesco Giorgio Veneto between 1515 and 1520 and published in Venice in 1525 (whose only French translation so far is that of Guy Le Fèvre de la Boderie, published by Jean Macé in 1578) has retained our attention because it symbolizes, in three Canticles, themselves split up into Tonus and Concentus then in Modulus, an initiatory path leading the reader-and-applicant, in the footsteps of the “myste” author, to the harmony of mystic contemplation. The Franciscan rhetoric of the Venetian calls up a whole range of stylistic means, among them musical metaphors to translate in a performing way the intellectual and moral progression of the text. The town capture is all the more appropriate since the final contemplation, in the final Motets of the last Canticle, displays a Vision of the Celestial Jerusalem. The warfare side of the siege and struggle illustrates the author’s fight against the forces of Dissonance and Dissension.
Il tema della Presa della Città nel De Harmonia Mundi di Francesco Giorgio Veneto (1525), tradotto in francese da Guy Le Fèvre de la Boderie nel 1578
30L’Inno De Harmonia Mundi, scritto in prosa latina dal Frate minore Francesco Giorgio Veneto negli anni 1515-1520, e edito per la prima volta a Venezia nel 1525 (finora l’unica traduzione francese esistente è quella di Guy Le Fèvre de la Boderie pubblicata nel 1578 presso Jean Macé), ha attirato la nostra attenzione perché simboleggia in tre Cantici, a loro volta suddivisi in Tonus e Concentus poi in Modulus, un percorso iniziatico che deve condurre il lettore-impetrante, che segue il passi dell’autore-“mistagogo”, all’armonia della contemplazione mistica. La retorica francescana del Veneziano convoca un certo numero di procedimenti stilistici tra cui figura il lessico metaforico musicale, per tradurre, in modo performativo, la progressione intellecttuale, morale, anagogica che il testo mima. Il tema della “presa della città” è tanto piú pertinente in quanto la contemplazione finale, negli ultimi Mottestti dell’utltimo Cantico, fa apparire la Visione della Gerusalemme Celeste. Il registro guerriero dell’assedio e della lotta è quindi al servizio di questo combattimento che l’autore conduce contre le forze della Dissonanza e della Dissensione.
André TOURNON
« L’heure des parlements dangereuse » Montaigne et le droit de la guerre dans les redditions et prises de villes
31En déclarant « dangereuse » l’heure des pourparlers d’armistice, Montaigne présuppose que la « bonne foi » qui devrait présider à ceux-ci a peu de chance d’être observée. Au XVIe siècle pourtant, Francisco de Vitoria (1539) puis Alberico Gentili (1589) traitent du « droit de la guerre », et tentent d’y codifier au moins le respect des conventions mutuelles, explicites ou implicites, spécialement dans les cas de redditions de villes. Mais leurs efforts font apparaître, en contrepartie, les prises de villes où rien ne limite l’arbitraire du vainqueur ; et Grotius, au siècle suivant, tend à généraliser ce dernier modèle. Montaigne, nostalgique d’un code d’honneur que ses contemporains respectent de moins en moins, reste défiant devant les constructions juridiques censées en tenir lieu, qui ont pour effet pervers de légitimer le privilège de la force.
“Dangerous parley time” Montaigne and the right of war in town surrenders and captures
32By claiming “dangerous” the time of armistice negotiations, Montaigne presupposed that the “good faith” that should prevail in the discussions had scant chance to be observed. In the 16th century however, Francisco de Vitoria (1539) and then Alberico Gentili (1589) dealt with the “right of war” and tried to codify at least the respect of mutual conventions, be they implicit or explicit, especially in the case of town surrenders. But their efforts showed that in town captures nothing could keep in check the victor’s arbitrariness; and a century later Grotius, seemed to generalize the latter model. Montaigne, who looked back nostalgically to the code of honour which his contemporaries observed less and less, was distrustful of legal constructions meant to take its place because they had the pernicious effect of legitimizing force as a privilege.
Isabelle LUCIANI
D’où « parle » Toulouse ? Le corps urbain entre unanimité municipale et inspiration monarchique, XVIe-XVIIe siècle
33Dans les représentations organicistes qui structurent la pensée politique du XVIe et du XVIIe siècle, la parole publique renvoie à l’expression souveraine d’un « corps ». On peut donc interroger la fonction qu’occupe ce corps de langage dans le conflit qui oppose, dans la France moderne, autonomie urbaine et intégration monarchique. À Toulouse, dotée depuis 1323 de son Collège du Gai Savoir, les rituels publics des Jeux Floraux constituent, pour les oligarchies municipales, un moyen de s’approprier ou de se réapproprier non seulement l’institution académique, mais l’espace politique de la cité elle-même. Ce processus met en jeu deux modes contradictoires de la représentation politique, schématiquement fondés pour l’un sur l’unanimité municipale de l’humanisme civique, et pour l’autre sur une unité mystique de la nation au sein du corps du roi.
Where does the voice of Toulouse come from? The town corps between municipal general agreement and monarchic inspiration in the 16th and 17th centuries
34In the organistic framework of political thinking from the 16th down to the 18th century, public speech made reference to the sovereign expression of a “corps” (i.e. a body). Therefore we are entitled to ask what was the function of this corps in the conflict pitching together urban autonomy and monarchical integration. In Toulouse, which had its College du Gai Savoir since 1323, public rituals like the Jeux Floraux were for municipal oligarchies a means to take over, or regain, not only the academic institution but also the political space of the city proper. Such a process involved two contradictory modes of political representation, one based on municipal agreement in an atmosphere of civic humanism, and the other based on the mystical unity of the nation around the corps royal.
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