D’où « parle » Toulouse ?
Le corps urbain entre unanimité municipale et inspiration monarchique, XVIe-XVIIe siècle
Where does the voice of Toulouse come from? The town corps between municipal general agreement and monarchic inspiration in the 16th and 17th centuries
p. 229-245
Résumés
Dans les représentations organicistes qui structurent la pensée politique du XVIe et du XVIIe siècle, la parole publique renvoie à l’expression souveraine d’un « corps ». On peut donc interroger la fonction qu’occupe ce corps de langage dans le conflit qui oppose, dans la France moderne, autonomie urbaine et intégration monarchique. À Toulouse, dotée depuis 1323 de son Collège du Gai Savoir, les rituels publics des Jeux Floraux constituent, pour les oligarchies municipales, un moyen de s’approprier ou de se réapproprier non seulement l’institution académique, mais l’espace politique de la cité elle-même. Ce processus met en jeu deux modes contradictoires de la représentation politique, schématiquement fondés pour l’un sur l’unanimité municipale de l’humanisme civique, et pour l’autre sur une unité mystique de la nation au sein du corps du roi.
In the organistic framework of political thinking from the 16th down to the 18th century, public speech made reference to the sovereign expression of a “corps” (i.e. a body). Therefore we are entitled to ask what was the function of this corps in the conflict pitching together urban autonomy and monarchical integration. In Toulouse, which had its College du Gai Savoir since 1323, public rituals like the Jeux Floraux were for municipal oligarchies a means to take over, or regain, not only the academic institution but also the political space of the city proper. Such a process involved two contradictory modes of political representation, one based on municipal agreement in an atmosphere of civic humanism, and the other based on the mystical unity of the nation around the corps royal.
Texte intégral
1En France, dès la seconde moitié du XVIe siècle et au début du siècle suivant, les corps de ville achèvent de se vider de leur substance et passent définitivement sous le contrôle du pouvoir royal. Mais cette évolution ne se fait pas sans résistance. La culture municipale hérite en effet du Moyen Âge et de la Renaissance deux fondements politiques : l’idéal de gouvernement d’une ville autonome par elle-même et l’adhésion à une unanimité urbaine où chaque bourgeois prendrait part à la vie publique. Cet héritage alimente les luttes symboliques par lesquelles les oligarchies municipales et les familles en ascension au service du pouvoir s’opposent pour le contrôle de l’espace public, forme d’appropriation ou de réappropriation de la ville. Or, dans la conception organique des corps politiques, chercher la source de la souveraineté revient à trouver l’origine de la parole, considérée par l’humanisme comme l’expression de la patrie1. Ainsi, l’autonomie d’un corps politique se mesure tout d’abord à l’autonomie performative de sa parole judiciaire. Mais plus largement, c’est toute la construction d’un corps de langage qui construit les contours de la souveraineté politique : Colette Beaune et plus récemment Hélène Merlin ont souligné cette représentation mystique de la langue dans la construction des identités politiques2.
2Par la présence d’une vieille institution littéraire, l’Académie des Jeux Floraux, et plus largement par l’intensité de sa production culturelle, Toulouse offre un espace privilégié pour analyser la manière dont les pratiques symboliques du langage peuvent soutenir deux modes très différents de la représentation politique, schématiquement fondés pour l’un sur l’unanimité municipale de l’humanisme civique, et pour l’autre sur une unité mystique de la nation au sein du corps du roi3.
Les Jeux Floraux, le corps de ville, la voix de la cité
3Le rituel public des Jeux Floraux constitue pour les oligarchies municipales un moyen de se réapproprier non seulement l’institution académique, mais l’espace politique de la cité elle-même.
La célébration des Jeux Floraux : de la prise de parole à l’autonomie politique
4Pour ces élites urbaines en effet, la fondation des Jeux au XIVe siècle constitue le premier acte souverain de leur ville délivrée de la tutelle des comtes. Comme l’écrit Pierre de Caseneuve, chanoine de Saint Étienne et linguiste suffisamment compétent pour avoir gagné l’intérêt de Ménage4 :
« […] on ne peut douter que nos Jeux ne soient la mesme chose [que les Cours d’Amour], puisqu’il ne s’y trouve que cette seule difference, que les cours d’Amour ne pouvoient subsister que durant la vie de ceux qui les maintenoient, et que nos Jeux estant l’institution d’une Ville entière et l’ouvrage d’une Communauté Policée ne pouvoient moins promettre que la durée de plusieurs siècles. »5
5En prenant la parole, la ville prend ainsi possession d’elle-même et affirme son autonomie. Le cadre institutionnel permet de donner une expression corporative à l’autonomie urbaine revendiquée par la ville. Cette expression corporative, revivifiée par le droit romain et la lecture d’Aristote, est encore utilisée au XVIIIe siècle par l’historien Lagane, défenseur des prérogatives municipales face aux attaques qu’il attribue aux mainteneurs des Jeux :
« Devoit-elle s’attendre, qu’un Corps qui est dans son sein, le Corps Académique de ces Jeux, s’efforçât de lui ravir cest honneur ? »6
6Aussi, face à la mainmise des Parlementaires sur les Jeux Floraux, les capitouls œuvrent sans cesse pour rattacher la fondation pourtant privée des Jeux à l’espace public de la cité. Certes, ils ne sont pas fondés directement par les capitouls, mais par sept « troubadours » en 1323. Cependant, pour les tenants d’une paternité capitulaire sur, il existe une vraie continuité entre la décision qu’ont prise individuellement d’honorables citoyens de Toulouse pour le bien commun et sa « ratification » par le corps de ville. C’est ce qui ressort du récit de fondation réalisé par Caseneuve. Dans son Origine des Jeux floraux imprimée en 1659 aux frais de la ville, c’est tout d’abord l’implication civique de la fondation individuelle qui est mise en relief :
« […] sept Habitants de la Ville, Personnages de grand mérite […] firent ce généreux dessein, de remettre en la main de Poëtes de leur Province, la Lyre dont ils avoient autresfois charmé si doucement les oreilles des grands, et resolurent de faire revivre dans Toulouse l’exercice de la Poësie par l’establissement d’une nouvelle Cour d’Amour. »7
7Ces sept citoyens n’agissent pas ici à titre individuel mais au service d’un « public » que l’auteur oppose à toute fondation personnelle : d’un côté se trouvent les « sept Habitans de la Ville », leur « Province » et « Toulouse » ; de l’autre, se trouvent les « grands », Comtes de Toulouse, armés d’une simple minuscule (les « grands ») – s’il est vrai que l’usage des majuscules et minuscules reste alors souvent aléatoire, leur agencement, ici, semble significatif. La fondation communautaire est alors implicite, voire nécessaire, comme le soulignent la présence naturelle des capitouls à la première séance et la décision fondatrice qu’ils y prennent :
« Le registre dit que les sept Personnages, sur le point de faire l’ouverture des Jeux, s’assemblèrent en presence des Capitouls de l’année M.CCC.XXIV […] Les Capitouls, après avoir sagement considéré, que des personnes privées ne pouvoient pas si bien establir le fonds nécessaire à la dépense de ces jeux qu’avec le temps, il ne courût fortune de se dissiper… délibererent avec le conseil et le consentement de ces Habitants, qui faisoient sans doute la meilleure partie de la ville, que les frais et la dépense nécessaire à la célébration des Jeux-Floraux, se payeroit du revenu et des émolumens de la Ville. »8
8Chaque citoyen, individuellement, agit pour le bien de tous ; mais c’est le rattachement au « corps » de ville qui permet de transcender la finitude de l’individu et de pérenniser la communauté tout entière (« il ne courût fortune de se dissiper… »). Dès lors, chaque nouvelle séance des Jeux doit réitérer cette « prise » originelle de la ville par ses habitants. Caseneuve le souligne d’ailleurs :
« Ils établirent une Cour d’Amour dans leur ville, et dans ce même sacré consistoire où les magistrats municipaux rendent encore aujourd’hui les Oracles de la justice. »9
9C’est donc d’une même voix, et dans un même lieu, que la ville rend ses sentences poétiques et judiciaires : prise de parole dont le rituel des Jeux Floraux, chaque début du mois de mai, se veut la refondation.
Le rituel des Jeux Floraux comme appropriation collective de la ville
10Au cours de ce rituel, toute une génération s’approprie symboliquement l’espace urbain, jusque dans le Triomphe que la foule réserve au vainqueur dans les rues de la ville. Cette appropriation singulière de la cité s’insère dans un cadre civique, qui fait du rite de passage une sorte de propédeutique à la participation politique. C’est particulièrement net lors du banquet des Jeux, où trois catégories de convives se dessinent : les écoliers qui déclament leurs chants, les notables de la bourgeoisie locale et leurs enfants. En témoigne un mandement :
« pour le festin du 3 Mai donné aux Capitouls, Mainteneurs, Présidens, Conseillers, Bourgeois et aux Ecoliers qui ont dicté : et pour un dîné à un grand nombre d’Enfans, qui ne peurent être placés aux tables ordinaires… »10
11C’est ici que se déroule le véritable « rite d’intégration », plutôt que dans l’adjudication des fleurs – dont le jugement n’appartient qu’aux membres de l’Académie, et aux trois capitouls bailes. En effet, dans cette distribution générationnelle, les écoliers sont consacrés par le regard des bourgeois attablés, en même temps qu’ils deviennent des modèles pour les enfants qui assistent au repas. Face à cette génération qui s’approprie symboliquement le temps collectif de la cité, la bourgeoisie municipale, de plus en plus exclue des conseils de la ville, opère également sa réappropriation. En effet, s’ils ne jugent pas, les bourgeois conservent ici le droit de consacrer publiquement, par leur présence, la sélection opérée le matin même par les mainteneurs : le rite ne distingue pas ici ceux qui concourent de ceux qui ne concourent pas mais ceux qui concourent de ceux qui ne peuvent pas concourir, que les Jeux ne concernent pas, qui n’assistent pas au banquet11. En ce sens, le rituel s’inscrit dans la tradition municipale des concours littéraires de la Grèce ancienne, qui tout au plus évoluent de la démocratie directe à une démocratie élective – lorsque les juges désignés par l’Assemblée du peuple et les chorèges décident à la majorité des voix12. Cette tradition est largement soulignée par les historiens des Jeux. C’est le cas en 1592 pour le chancelier Pierre du Faur de Saint Jory, comme le souligne Lagane deux siècles plus tard :
« Pierre Du Faur de Saint-Jory, tout mainteneur qu’il estoit, n’a pu s’empêcher de reconnoître en divers endroits de son Livre, cette prééminence des Capitouls, qu’il compare sans cesse aux Athlotetes, et Agonotetes, ou Presidens des Jeux de la Grece. »13
12Les capitouls bailes, représentant le peuple qui les consacre en retour par sa présence au banquet, établissent ainsi jusque dans le jugement littéraire la souveraineté de la ville sur sa langue. Ils renouent ainsi avec la cité d’Aristote – lui-même mémoire de ce théâtre athénien, dont il compile les titres, les noms des auteurs, les noms des chorèges et la liste des poètes couronnés dans ses Didascalies14.
13Une ville entière prend ainsi corps dans une culture commune que répercute la voix du poète. Les capitouls cherchent donc par tous les moyens à établir leur souveraineté sur cette parole collective. C’est le cas notamment des tentatives d’appropriation de l’espace, dans les cortèges processionnels d’avril et de mai, qui convergent tous vers la Maison de ville. Les capitouls veillent toujours à s’y maintenir en position d’autorité, attendant par exemple les mainteneurs à l’intérieur des murs, « assis et couverts »15. Dans des espaces qui leur sont manifestement moins acquis, tel que le sanctuaire de la Daurade, les capitouls redoublent d’agressivité. C’est en effet dans cette église que sont déposées les fleurs. Chaque après-midi du premier mai, mainteneurs et capitouls bailes se battent littéralement pour avoir le droit de s’en emparer16. Aux manifestations symboliques s’ajoute une appropriation plus matérielle. Durant le premier tiers du siècle, les capitouls multiplient les travaux de peinture et d’architecture pour le cabinet où se tiennent les Jeux, comme c’est le cas en 1626 :
« Est mandé à Me Nicolas Davy notaire trésorier que des desniers ordinaires ou extraordinaires de sa recepte paye […] comptant à Jean Chalete Me peintre en Thoulouse la somme de quarante livres à luy ordonnés pour avoir peinct et verny le cabinet qu’a esté faict pour Messieurs les mainteneurs des Jeux Floraux au bout de la gallerie haulte de la maison de ville du costé de main gauche en entrant […] pour en Icelluy cabinet faire le Jugement des fleurs quy sont distribuées le troisiesme de may par antienne coustume L’ayant ledict Chalete parsemé de fleurs et autres devises et enrichissements de touts coustés et par hault par son dedans pris fais alors somme de quarante livres et raportant le présent mandement […], signe et quittance ladicte somme de quarante livres sera audict trésorier alloué … Faict au conseil de ladicte maison de ville le cinquiesme décembre 1626. »17
14Le banquet annuel réunit ces dimensions matérielles et symboliques18. C’est l’occasion de rassembler la ville entière, du moins les citoyens honorables, comme le rapporte le verguier Mathieu Michau dans un mandement de 1626, pour :
« [le] banquet et festin qu’ils doivent faire et fornir le dimanche troysiesme may prochain tant à Messieurs les mainteneurs de la gaye Science, aulcungs Presidents et Conseillers de la cour de Parlement, à nous Capitouls, aulx bourgeois de la ville, officiers d’icelle, que aux escoliers quy dicteront. »19
15Le greffier y détaille les invités du banquet jusqu’aux :
« assesseurs sindicz et procureurs du Roy, […] et les substitutz […] et les clercs et greffiers et a tous les autres officiers capitaine et lieutenant a desceuner en semble à tous les salles […] Et aux seize soldats du barreau… »20
16Cette mise en relief du nivellement collectif (« ensemble à toutes les salles ») témoigne de son rôle symbolique d’affirmation égalitaire. L’enjeu qu’il représente apparaît d’ailleurs en négatif dans la volonté constante qu’ont les mainteneurs de le supprimer, provoquant la colère des capitouls comme en témoigne l’affrontement de 160221. L’investissement financier consenti par la ville sert ici d’argument fondateur avancé par les capitouls, qui mobilisent le droit du contribuable. En 1602, aux mainteneurs qui souhaitent réduire l’ampleur du banquet,
« ledict de Confort cappitoul dit que ce n’est ausdits sieurs mainteneurs de regler leur despence et se seroit opposé à ladicte proposition. »22
Le corps du roi : l’inspiration parlementaire
17Face à ces tentatives, les parlementaires utilisent à leur tour l’espace public du discours comme un moyen de prendre symboliquement la ville.
Le retour du Parlement : la ville ressuscitée
18Le retour du Parlement dans la ville après la Ligue est ainsi présenté comme la résurrection de la cité. Comme l’écrit l’avocat Jean Alary :
« Quand je vois ces esprits, des plus beaux de la France,
Retournez dans le corps de leur belle Cité, [...]
Il me semble de voir un mort ressuscité… »23
19Dans cette conception organique du corps politique, c’est donc le Parlement qui devient chef de la cité – au propre comme au figuré. La correspondance, établie plus haut au profit des capitouls, entre les harmonies de la loi et celles de la poésie, joue ici en faveur du corps parlementaire. C’est ce que souligne Alary, lorsqu’il évoque l’arrivée du Président de Verdun à la mort du Président du Faur :
« Pour vie de leur mort, et repos | Du divin Promethee imitant le flambeau |
de leur peine, | A r’animé leurs corps des rayons de sa |
Elles [les filles de Mémoire] | flamme […] |
firent soudain un Parnasse | Thoulouse avec le feu de ses |
nouveau | grondans tonnerres |
Les larmes de leurs yeux | Qui louaient la justice et ses divines loix |
servirent de fontaine, | En blasmant les horreurs des homicides |
Leur Du Faur d’Apollon et | guerres, |
de mont son tombeau. | Maria doucement ceste agreable voix. »24 |
Mais Verdun le soleil et le | |
feu de leur ame |
20Les parlementaires toulousains introduisent ainsi dans l’espace urbain une autre source du langage, dont le corps de ville n’est plus le sujet25. Très concrètement, tous les énoncés que la ville revendiquent comme les siens sont systématiquement placés sous l’autorité d’une autre source, qui transcende l’espace public de la cité, et se rattache au corps du roi.
21C’est vrai tout d’abord des sources judiciaires. Tout au long de la période, capitouls, juges mages et Parlementaires livrent batailles autour de la publication des édits royaux. Les capitouls freinent en juillet 1602 la publication de l’édit royal contre les duels, et en 1605 un édit portant sur le port des armes26. Ces conflits mobilisent immédiatement la plume de nombreux écrivains, qui investissent l’espace public au profit de leur camp. Ainsi, dans un poème de son recueil, Jean Alary fait l’éloge de Monsieur de Trellon, conseiller au Parlement de Toulouse, qui mit sa plume au service de monarchie dans un livre sur les duels27.
22Mais prendre possession de la ville, c’est aussi affirmer son autorité sur la parole ritualisée des Jeux Floraux. Ce sont les grandes familles parlementaires qui contrôlent l’institution, en procurant la totalité des chanceliers et l’essentiel des mainteneurs. Cette domination prend corps dans le rituel public, et passe notamment par les conflits de préséance traditionnels, comme on l’a vu plus haut. Parmi les nombreux incidents qui opposent capitouls et mainteneurs autour des fleurs de la Daurade, émerge cette mention d’un incident relaté en 1608 par Codercy, le greffier des Jeux :
« […] Mr de Sainct Jory & Mr Carrière Cappitoul de la Daurade auroient vouleu prandre les fleurs de la main du recteur de l’esglise de la daurade & les bailler au verguier des Cappitouls surquoy y auroict eu de la contestation d’aultant que ces aulx Mainteneurs ou Mes quy les vont charger & non aulx Cappitouls de le prandre & au verguier desdicts Jeuls flourraus (sic) de la pourter come apert de la desliberation de l’an mil six cens ung laquelle ayant esté veue et leue par lesdicts Cappitoulz ils feust suivant icelle ordonné Que les fleurs seroient prinses par les mainteneurs ou Mes qui cy trouveroient & par luy baillée audict verguier des Jeuls flourraus suivant l’entienne costume. »28
23La graphie démesurée du verbe « ordonner », sur le manuscrit original, expérimente une forme supplémentaire de domination symbolique des mainteneurs sur les capitouls.
24En 1595, un vif échange entre mainteneurs et capitouls oppose encore deux sources alternatives de l’autorité sur les Jeux. Les mainteneurs reprochent aux capitouls de suspendre la tenue des Jeux qu’ils s’étaient engagés à préparer le 1er avril,
« en présence de tant de notables personnes de la Cour de Parlement qui sont du collège des Jeux floraux. »29
25À cette définition de la qualité par la dignité parlementaire, les capitouls opposent l’honneur du citoyen :
« Lesdictz cappitouls par l’organe dudit bertier Auroient dict qu’il estoit vray qu’ils s’estoient assamblez avec le conseil de Setze et autres honorables personnes du conseil de ceste ville et Arresté que pour ceste presente annee n’y pourroit avoir Jeuz fleuraulx […] Ce que ladicte compaignie desdicts Jeuz floraulx doibvent treuver bon. »30
26Les conflits réitérés autour de la prestation de serment des Chanceliers, vice-chanceliers et mainteneurs entre les mains des capitouls constituent une opposition encore plus nette à toute annexion par l’espace public municipal. Pour le Conseil de Bourgeoisie :
« les capitouls [sont] en droit et possession à recevoir le serement des ungs et des autres… »31
27De la sorte, seuls les capitouls conserveraient leur appartenance de corps au sein des Jeux Floraux, tandis qu’un parlementaire deviendrait pour un temps un officier municipal. Mais là encore, les conflits s’achèvent systématiquement au profit des mainteneurs, donc des familles du Parlement, comme en témoigne par exemple le dernier point du nouveau règlement des Jeux Floraux de 1625 :
« le serment des sieurs Mainteneurs et autres officiers des Jeux fleuraux sera presté entre les mains du sieur chancelier ou plus ancien Mainteneur ou Maître qui presidera en l’assemblée, officiers du Roy constitués en dignité... »32
28C’est ici le statut d’officier du roi qui confère la dignité au sein même de l’institution municipale. On semble donc s’acheminer vers le rattachement de l’institution à la souveraineté royale.
Prendre la ville… ou la saborder ?
29Mais en fait, les choses ne sont pas si simples, et les mainteneurs semblent plutôt saborder l’espace urbain, en quelque sorte faire taire la ville, plutôt que la prendre. Près de soixante années s’écoulent avant l’obtention tardive des Lettres Patentes ; durant cette période, un processus de privatisation semble au contraire retirer les Jeux de l’espace municipal pour les faire entrer dans « la sphère du particulier ». Au début du XVIIe siècle le banquet est remis en cause, comme le caractère public du concours ou la fête des fleurs, qui n’est d’ailleurs jamais mentionnée par les registres. En 1623, le conflit des capitouls et des mainteneurs s’achève notamment par ce règlement du banquet, en épilogue d’un conflit commencé en 1602 :
« […] ceux qui seront entrés à l’essay en porteront ledict essay pendant le disner, les liront et reciteront publiquement en la première seconde et troisiesme table ainsi qu’il avoit accoustumé estre fait et s’ils le portent après il suffira qu’ils lisent tout hault devant Mr le Chancelier et ceux qui seront pres de luy. »33
30Cette restriction de la lecture publique restreint le rituel d’intégration des écoliers dont nous avons vu plus tôt l’importance.
31Ce retrait se renforce également lorsque des sociabilités « particulières » réunissent les protagonistes en marge des Jeux, par exemple dans la propriété du « Petit Montrabe » appartenant au Président Bertier. Dans le même temps, l’académie se transforme peu à peu en sociabilité professionnelle aux mains des parlementaires (graphiques 1 et 2)34.
32Les formes de patrimonialisation des offices gagnent alors les modes de transmission des charges de mainteneurs, que l’on résigne devant notaire avant même d’en avoir demandé l’autorisation au collège des Jeux Floraux. Ainsi, en 1636, Henri de Chalvet résigne son office en faveur de son frère :
« Monsieur de Juliard conseiller au parlement et maistre desdicts Jeux auroit rapporté que noble Henry de Chalvet […] mainteneur desdits Jeus auroit resigné sa place et office de mainteneur entre les mains de Mrs les Chancelier, mainteneurs et maitres desdicts Jeux et de Mrs les Capitouls et ce en faveur de Mr Francois de Chalvet conseiller au parlement son frere comme apparoissoit de l’acte de resignation retenu par Peisson notaire Royal de Thle le 14 mars dernier qu’il avoit en main priant la compagnie de vouloir icelle admettre… »35
33Enfin, l’essor des Triomphes, petits recueils imprimés chaque année par les lauréats, souligne ce retrait vers la « sphère privée ». Certes, ces recueils permettent au chant royal vainqueur de circuler plus largement dans l’espace urbain. Mais dans ces petits recueils, les pièces laudatives rattachent surtout l’auteur à son réseau de soutiens amicaux et professionnels, et occulte parfois totalement le jugement de l’Académie elle-même. Dès 1634, c’est en qualité de premier Président que Bertier figure sur les frontispices des Triomphes ; les faveurs reçues lors des Jeux sont interprétées comme liées à sa personne. Ainsi, Doujat remercie Bertier dans Le Matin et la Nuit pour le Triomphe de la Violette (1634) :
« Je viens par un juste dessein
T’offrir l’honneur de ma Victoire
De qui la plus illustre gloire
Est qu’elle me vient de ta main. »36
34Or ce premier Président du Parlement est de plus en plus considéré comme le « chef de la ville »37, c’est à dire le représentant du roi. La société parlementaire introduit donc aussi l’espace monarchique dans le déroulement des Jeux et parachève de ce fait sa mainmise politique et symbolique sur l’espace urbain. C’est dans ces Triomphes en effet que le roi fait pour la première fois son apparition comme dédicataire, en 1644, dans l’Ode au Roy pour le Triomphe des Jeux rédigée par Jacques de Maran. Mais dès 1634, Doujat doublait déjà sa reddition d’allégorie par une adresse à Richelieu.
35À terme, le processus de publication des Triomphes conduit à la disparition du registre manuscrit, véritable lieu de mémoire pour la ville. On ne sait si les procès-verbaux des séances ont continué à être tenus. En tout cas, l’arrêt du registre en 1641 correspond à la période où les procès-verbaux tenus depuis 1513 sont reliés en deux précieux volumes, et semblent confisqués par les capitouls (puisque c’est à la maison de ville qu’on les retrouve en 1687). De plus, on doit constater le faste qui entoure l’année suivante l’inauguration d’un autre registre, le Livre des Jeux de l’Eloquence latine tant en prose qu’en vers institués dans le Collège de l’Esquille de la ville de Tolose par Messieurs les Capitouls de ladite ville l’année 1642 suivant la fondation faite desdits Jeux par feu Maîstre Anthoine d’Ortet prestre et recteur de l’eglise de Nostre dame de la dalbade dudit Tolose38. Le collège de l’Esquille est l’un des derniers bastions d’un pouvoir culturel municipal. Il semble donc bien qu’à travers la fondation de ce nouveau concours les capitouls essaient de reprendre la ville par une démonstration de politique culturelle :
« Les anciens Grecz et Latins ont dressé de Jeux de prix pour y récompenser et honnorer ceux qui se trouveront y avoir le plus excellé […] Ce qu’a esté pratiqué aux républiques les plus policées ou on a proposé à la vertu […] couronnes de laurier, d’olivier, de chesne, de livre, bonne qu’est une invention bien bonne et louable […] par des paiments qui coustent fort peu et ne chargent point le public. »39
36Dans ce contexte, la production du nouveau registre vient incarner l’identité urbaine dans
« […] un livre en blanc ou seront escrits les dits testament codicille les délibérations du conseil de ville […] le nom et surnoms de ceux qui les auront gaignées et les compositions […] »40
37Le déroulement du concours lui-même met en scène l’autorité exclusive des capitouls. La cassette contenant les compositions est préalablement scellée par deux capitouls avec le cachet de la ville ; les capitouls se rendent ensuite en grande pompe au collège de l’Esquille :
« A une heure après midy tous Messieurs les huict Capitouls partiront de l’hostel de ville avec leurs manteaux de livrée leur verguier trompettes et haubois au-devant et iront audit collège de l’esquile ou estantz dans l’une des classes […] y aura une table sur laquelle sera remise ladite cassette et après ouverte les séans ostés par lesditz sieurs capitouls lesquels à ce adjoint ledit sieur principal Verront les compositions et en jugeront pour estre par eux les prix ordonnés et distribués à ceux qui auront le mieux fait suivant ladite fondation. »41
Épilogue : vers un programme de travail ?
38Il faudrait à présent dépasser ces premières hypothèses, et pouvoir proposer une interprétation plus fine des appropriations symboliques et contradictoires de l’espace urbain.
39Pour cela, il semble avant tout nécessaire de reconstruire les configurations sociales et politiques qui permettent d’analyser les usages de l’espace urbain portés par l’institution littéraire. Les familles bourgeoises qui défendent les rituels collectifs ont-elles pleinement conscience de se réapproprier leur ville face à un mode de représentation politique qui les exclut ? C’est ce que semblerait montrer la fondation d’un nouveau concours, comme celui de l’Esquille, ou la présentation obstinée des jeunes enfants de marchands au concours de l’œillet, alors mêmes qu’ils sont à la fois exclus des conseils et de l’Académie. Inversement, on doit se demander si les familles parlementaires témoignent d’une volonté cohérente d’accaparement des institutions municipales. En effet, derrière les mouvements généraux, la rationalité des comportements individuels semble beaucoup plus complexe. Catel, ferme défenseur des intérêts municipaux, rappelle ainsi le rôle ambigu de certains capitouls, tel Me Martin Gascon, qui pourrait être l’auteur de l’inscription apposée en 1557 sur la statue de Clémence Isaure, et refuse toute paternité de la ville sur les Jeux42. Du côté des Parlementaires eux-mêmes, il n’y a guère de cohésion politique, ni au cours de la Ligue, ni dans les conflits qui agitent les institutions culturelles. Ainsi, le rêve républicain véhiculé par certains membres de la notabilité locale, comme Pierre du Faur de Saint Jory, premier Président du Parlement de Toulouse, le conduit, nous l’avons vu, à affirmer l’inscription municipale des Jeux sur le modèle de la Grèce antique.
40Il est donc nécessaire de reconstruire dans leur diversité les cultures politiques de ces individus ainsi que leurs parcours.
41Parallèlement à cette reconstruction des trajectoires familiales et biographiques, il devient alors possible de se replacer à l’échelle « microscopique » des événements, et d’interroger ces luttes permanentes pour le contrôle de l’espace public et sa définition au sein de la cité et du royaume. Cette démarche pourrait concerner l’adoption précoce du français en 1513, à l’exclusion du latin et de l’occitan, ou encore l’invention de Clémence Isaure comme fondatrice mythique des Jeux. Elle devrait aussi s’intéresser aux conflits qui surviennent au cours de la Ligue, puis au début du XVIIe siècle43. Ces conflits mobilisent en fait d’autres acteurs de l’espace urbain. C’est le cas en 1595, lorsque l’archevêque et les capitouls s’unissent contre les mainteneurs. À la suite d’une banale querelle de préséance, les capitouls refusent de tenir les jeux, ce qui provoque la colère des mainteneurs. Ces derniers se plaignent immédiatement auprès du Parlement – donc à eux-mêmes. En réaction, les capitouls confisquent les fleurs de la Daurade, et les transportent dans « la chapelle de monseigneur l’archevesque »44. Des troubles tout aussi complexes ont lieu en 1610 puis au début des années 1620, et prolongent en fait de graves conflits de juridiction, qui n’opposent pas seulement la souveraineté locale des capitouls et de leurs alliés à celle du Parlement, mais aussi des capitouls divisés sur leurs définitions de la représentation municipale. C’est aussi cette culture politique qu’il faut reconstruire en analysant leurs comportements dans les rituels publics.
42Ces directions permettent enfin de multiplier les sources à explorer. Bien sûr, il faut mesurer le déplacement sociologique de ces pratiques culturelles, et leur ancrage parmi les corps et factions qui composent la société urbaine. Les registres de l’Académie sont ici bien loin d’avoir livré tous leurs secrets. Au sein des Jeux Floraux la position d’un Jean de Paulo, petit-fils d’Étienne de Paulo, anobli par le capitoulat en 1512 et Président du Parlement toulousain en 1589, mérite d’être étudiée. Par ailleurs, chaque crise s’accompagne d’une politique active de publications manuscrites et imprimées. Elles font entièrement partie de la manière dont la ville peut être prise par une faction ou un groupe social45. Les pièces officielles du corps de ville, Annales46 ou Registres de délibérations, constituent de véritables tentatives « d’histoire immédiate », vouées à constituer le fonds mémoriel de la ville. Parallèlement, les historiens entendent fonder les libertés de la cité sur des recherches bien antérieures à l’intégration monarchique, comme Nicolas Bertrandi47. Chaque procès s’accompagne enfin d’un lot de rumeurs qui appartiennent à cette appropriation par le Verbe.
43La production littéraire appartient donc à ces médiations par lesquelles on peut reconstruire les modalités de la représentation comme de l’action politiques à l’époque moderne. Mais cette qualité de la littérature comme pratique sociale réflexive, qui fait son intérêt dans une perspective d’histoire sociale, rappelle aussi l’amplitude des formes d’actions du politique, en deçà – ou delà – des approches théoriciennes. Symbolique, « la prise de ville » passe ici par la maîtrise de la parole autorisée et du rituel public. Bien que mobilisant sans doute, chez les plus cultivés des protagonistes, un ensemble complexe de fondements savants – cité aristotélicienne, approche corporative… –, elle témoigne d’abord de la compétence des acteurs à disposer d’une institution séculaire, sur laquelle se greffe, de l’espace familial à l’espace civique, la complexité – concrète et quotidienne – d’une forme de « savoir social ».
Annexe
Annexe
Notes de bas de page
1 Cf. Marc Fumaroli, « Jules-César Scaliger et le “schème historiographique” dans la Poétique », dans C. Balavoine et P. Laurens (dir.), La Statue et l’empreinte. La poétique de Scaliger, Actes du Colloque du Centre d’Etudes de la Renaissance de Tours, 1983, Paris, Vrin, 1986, p. 7-17. Cf. Jules César Scaliger, […] Poetices libri Septem, Genève, Jean Crispin, 1561.
2 Colette Beaune, Naissance de la nation France, Paris, Gallimard, 1985 ; Hélène Merlin, « Langue et souveraineté en France au XVIIe siècle. La production autonome d’un corps de langage », Annales HSS, mars avril 1994, n° 2, p. 369-394.
3 Sur le contexte politique dans lequel s’opère cette lutte symbolique, voir Robert A. Schneider , « Crown and Capitoulat : Municipal Government in Toulouse, 1500- 1789 », in P. Benedict (ed.), Cities and Social Change in early modern France, Londres, 1989, p. 195-220, et Public Life in Toulouse 1463-1789, from municipal Republic to Cosmopolitan City, Cornell University Press, 1989. Pour l’implication particulière des Jeux Floraux dans ces revendications politiques, voir Isabelle Luciani, « Les Jeux Floraux de Toulouse au XVIIe siècle : pratiques poétiques, identité urbaine, intégration monarchique », Les Annales du Midi, 114, n° 238, avriljuin 2002, p. 201-223, et plus largement la thèse que prolonge cet article (« Écrire en vers françois… » Pratiques culturelles et société dans la première moitié du XVIIe siècle, soutenue en novembre 2001 à l’Université de Provence, sous la direction de Daniel Roche et Régis Bertrand).
4 Caseneuve est né à Toulouse le 31 octobre 1591, où il meurt le 31 octobre 1652. Pour plus d’informations sur le personnage, cf., Isabelle Luciani, « Les Jeux Floraux de Toulouse… », loc. cit.
5 Pierre de Caseneuve, L’Origine des Jeux floraux de Toulouse, Toulouse, René Bosc, 1659, p. 103-105.
6 J. Lagane, Discours contenant l’histoire des jeux floraux et celle de dame Clemence, Prononcé au Conseil de la Ville de Toulouse, par M. Lagane, Procureur du Roi de la Ville et Sénéchaussée, et ancien Capitoul, Imprimé par Délibération du même Conseil, pour servir à l’Instance, que la Ville a arrêté de former devant le Roi, en rapport de l’Édit du mois d’Août 1773, portant statuts pour l’Académie des Jeux Floraux, Toulouse, 1773, p. 2.
7 Pierre de Caseneuve, op. cit., p. 64.
8 Ibid., p. 70.
9 Ibid., p. 62-63.
10 Arch. Mun. Toulouse, GG 915, Comptes et dépenses de la ville, fol. 141 sq.
11 On peut rappeler en effet avec Pierre Bourdieu que la fonction essentielle du rite est de « séparer ceux qui l’ont subi non de ceux qui ne l’ont pas encore subi, mais de ceux qui ne le subiront en aucune façon et d’instituer ainsi une différence durable entre ceux que ce rite concerne et ceux qu’il ne concerne pas », Ce que parler veut dire. L’économie des échanges linguistiques, Paris, Fayard, 1982, p. 119.
12 Hubert Laizé, Poétique d’Aristote, Paris, PUF, 1999, p. 8.
13 J. Lagane, op. cit., p. 11.
14 H. Laizé, op. cit., p. 8.
15 Formule récurrente des registres de délibérations municipaux et académiques.
16 Cf. infra, note 29.
17 Arch. Mun. Toulouse, DD 302, mandement daté du 5 décembre 1626, non folioté.
18 Sur l’héritage médiéval du banquet, voir notamment Sociabilité, pouvoirs et société, actes du colloque de Rouen 24-26 novembre 1983, p. 131-141, Rouen, 1987 et Martin Aurell, Olivier Dumoulin et Françoise Thelamon (dir.), La sociabilité à table. Commensalité et convivialité à travers les âges, Actes du colloque de Rouen, 14-17 novembre 1990, Presses Universitaires de Rouen, Mont-Saint-Aignan, 1992.
19 Arch. mun. Toulouse, GG 915, Pièces à l’appui des comptes, « Fleurs d’or et d’argent (1583-1693) », année 1626 (feuilles non paginées).
20 Arch. mun. Toulouse, GG 915, « Diners et collations », Rolle du festin qu’il convient faire dans l’hostel de ville le 3 may 1656 pour les Jeux Fleuraux et l’esglantine, (feuilles non paginées).
21 « Sur l’heure d’une heure après midy dans ledit petit consistoire ledict de Confort acisté de tous les autres cappitoulz et plusieurs bourgeois de la ville A represanté audit sieur Chancellier que bien que ce feust la coustume Inviolablement observée despuis tel temps qu’il n’est memoire du contraire que ceulx qui avoient faictz les essais les vincent reciter à la table ou les cappitoulz et autres bourgeois [estoient] assis Si est ce Touteffois que la presant (sic) année on ne l’auroit volleu fere Qu’auroit esté cause que lesditz cappitoulz et bourgeois estant entrés en conseil Ils Auroient resolleu de ne bailler point les fleurs que lesdits essais ne feussent leus devant tous », Actes et Délibérations du collège du Gay Savoir (Toulouse, Hôtel d’Assezat)…, op. cit., vol. 2, fol. 120-120v°.
22 Ibid., année 1602, fol 119.
23 Le premier Recueil des Recreations Poetiques de M. Jean Alary, Advocat en Parlement, A la Royne Marguerite, Paris, Pierre Ramier, 1605, p. 55.
24 Ibid., p. 59-60.
25 La « prise de ville » qui s’opère ainsi par les élites du pouvoir, se fonde donc, comme l’entrée de Henri IV dans Paris en 1594, sur le postulat d’une continuité politique prouvée par la résurrection d’un corps mystique (cf. communication de J.-R. Fanlo).
26 Arch. mun. Toulouse, FF 68, Procès contre les officiers des juridictions royales, les officiers des gabelles, élections capitulaires, défense des privilèges, 1601-1788, liasse ‘conflits de juridiction’, 1601-1605, fol 1-5.
27 J. Alary, op. cit., « Sur son livre des Duels », p. 56.
28 Actes et Délibérations…, op. cit., année 1608, fol 163.
29 Ibid., fol 73v°.
30 Ibid., fol. 73v°.
31 Ibid., fol. 119v°-120.
32 Ibid., année 1625, fol. 286.
33 Ibid., fol. 285v°-286.
34 Ces graphiques sont tirés de ma thèse, « Écrire en vers françois… », op. cit., p. 344.
35 Actes et Délibérations…, années 1632, fol. 310. De même, en 1636, « Ledit sieur de Catel […] a remonstré à la compaignie que feu Mr le presidant de Fieubet ayant esté mandé par le roy de s’en aller en cour Avant son despart il fist rezignation de la place de Mainteneur qu’il avoit et possedoit en ceste Compaignie en faveur de Monsieur de Maran conseiller en la cour et commissaire aux Requestes du pallais par Laquelle il prie La compaignie de la vouloir admettre en sa faveur qu’il presante estant en original receu par Dortis Notaire le second de may 1635 », ibid., fol. 333v°-334.
36 D. Doujat, Le Matin et la Nuit pour le Triomphe de la Violette, À Monsieur le Premier Président, Toulouse, Jean Boude, 1634, p. 3.
37 Pour Jean Alary, Premier recueil des Récréations poétiques…, op. cit., 1605, le premier Président de Verdun, arrivant à Toulouse, est « le Chef d’une ville si belle », p. 73.
38 Arch. mun. Toulouse, GG 902.
39 Ibid., fol. 9-10.
40 Ibid., fol. 14.
41 Ibid., fol. 15v°-16v°.
42 Référence....
43 L’assassinat du premier Président Duranti, chef des politiques et mainteneur des Jeux Floraux, à l’instigation de Jean de Paulo, lui-même mainteneur puis Chancelier, introduit le conflit au coeur des Jeux. Étienne Duranti, élu en 1569, menacé de destitution en 1571, confirmé en 1573 (Actes et Délibérations., fol. 250 et 272 v°) est aussi le chef des Politiques, massacré au cours de la Ligue, à l’instigation notamment de Jean de Paulo, fervent défenseur du parti du Guise.
44 « A esté arresté de presenter requeste à la Cour de parlement A ce qu’il soit enjoinct ausdicts cappitouls d’effectuer la deliberation prinse avec eulx le premier de ce mois d’avril […] Suyvuant laquelle deliberation lesdicts Gay et dugabre seroient allés en la maison de ville et […] les Auroit requis vouloir faire leur debvoir […] Lesdicts cappitouls par l’organe dudit debertier Auroient respondu comme cy devant qu’ils ne pourroient […] permettre lesdicts Jeuz fleuraulx Mais si ladicte compagnie desdicts Jeuz floraulx vouloit venir s’assambler en la maison de ville pour en deliberer ils estoient toutz prestz de les recepvoir Sur quoy lesdicts Gay et dugabre auroient faict semblable protestation que dessus. Surquoy a esté arresté que attendu la contravention faicte par lesdicts cappitouls […] et attentat par eulx comis […] la compagnie n’yra point en ladicte maison de ville pour faire aulcune deliberation pour le règlement desdits Jeux floraulx avec lesdicts cappitouls. […] Depuis ladicte compagnie [a] esté advertie que lesdits cappitouls ledict jour troisiesme de mai jour et feste de saincte croix ont deliberé de appourter lesdictes fleurs et icelles donner à la chapelle de monseigneur l’archevesque de Tholose [ce qui est…] attentat et contravention aux privileges et coustumes du college » Actes et Délibérations…, année 1995, vol 2, fol. 73-75v°.
45 Ce travail, effectué pour certains conflits comme celui de 1624, doit être étendu à l’ensemble des crises impliquant les institutions et les productions littéraires.
46 Rédigées par les capitouls eux-mêmes depuis 1598.
47 Il s’agit des Gestes des Tholozans, 1517.
Auteur
Université de Provence, Département d’histoire, UMR TELEMME
Thèse : Composer en vers françois... Pratiques culturelles et société dans la première moitié du XVIIe siècle, Université de Provence, 2001.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les sans-culottes marseillais
Le mouvement sectionnaire du jacobinisme au fédéralisme 1791-1793
Michel Vovelle
2009
Le don et le contre-don
Usages et ambiguités d'un paradigme anthropologique aux époques médiévale et moderne
Lucien Faggion et Laure Verdon (dir.)
2010
Identités juives et chrétiennes
France méridionale XIVe-XIXe siècle
Gabriel Audisio, Régis Bertrand, Madeleine Ferrières et al. (dir.)
2003
Des hommes à l'origine de l’Europe
Biographies des membres de la Haute Autorité de la CECA
Mauve Carbonell
2008