La prise de Prato en 1512
The capture of Prato in 1512
La presa di Prato nel 1512
p. 125-137
Résumés
En 1512, Prato a été le théâtre d’un terrible assaut ennemi. Après en avoir précisé le contexte historique, notre propos se donne pour objectif d’analyser cet événement capital pour la ville en en définissant les circonstances, les conditions et les conséquences. Pour ce faire, nous étudierons le témoignage de Bartolomeo Cerretani, à travers ses Ricordi, mais aussi sa Storia fiorentina, que nous mettrons en parallèle avec le compte rendu qu’en fait Machiavel dans une lettre de septembre 1512 et verrons comment la présentation des faits laisse très rapidement la place au jugement critique et à l’amertume des historiographes.
In 1512, Prato underwent a dreadful attack by the enemy. After setting the historical context, our plan will be to analyse this crucial event by specifying its circumstances, conditions and consequences. We will follow Bartolomeo Cerretani’s evidence in his Ricordi, but also his Storia fiorentina, and we will draw a parallel with Machiavelli’s account in a letter of September 1512 and we will see how the presentation of the events was quickly replaced by criticism and bitterness among historiographers.
Nel 1512, Prato è stata il teatro di un terribile assalto nemico. Dopo aver precisato il contesto storico, il nostro proposito si dà per meta di analizzare quest’evento capitale per la città definendone le circostanze, le condizioni e le conseguenze. Per fare ciò, studieremo la testimonianza di Bartolomeo Cerretani, attraverso i suoi «Ricordi», ma anche attraverso la sua «Storia fiorentina», che metteremo in confronto con il resoconto che ne dà il Machiavelli in una sua lettera del settembre 1512. Vedremo come, alla presentazione dei fatti, si sostituiscono molto presto il giudizio critico e l’amarezza degli storiografi.
Texte intégral
« Prato, petite ville, dix milles, audict duc, assise sur la rivière Bisanzo1, laquelle nous passâmes sur un pont de pierre à la porte de ladicte ville. Il n’est nulle région si bien accommodée, entr’autres choses de pons, et si bien estoffés ; aussi le long des chemins partout on rancontre de grosses pierres de taille, sur lesquelles est escrit ce que chaque contrée doit rabiller de chemin, et en répondre. Nous vismes là au palais dudict lieu les armes et au nom du Légat du Prat qu’ils disent être oriunde de là. Sur la porte de ce palais est une grande statue coronée, tenant le monde en sa main, et à ses pieds, Rex Robertus2. Ils disent là que ceste ville a été autrefois à nous ; les flurs de lis y sont partout : mais la ville de soi porte de gueules semé de flurs de lis d’or… »
1Cette jolie ville appréciée à juste titre par Michel de Montaigne au cours de son voyage en Italie3, a pourtant été, quelques décennies auparavant, en 1512, le théâtre d’un terrible assaut ennemi.
2Après avoir précisé le contexte historique, notre propos se donne pour objectif d’analyser cet événement capital pour la ville en en définissant les circonstances, les conditions et les conséquences. Pour ce faire, nous étudierons le témoignage de Bartolomeo Cerretani, à travers ses Ricordi4 , mais aussi sa Storia fiorentina5, que nous mettrons en parallèle avec le compte rendu qu’en fait Machiavel dans une lettre de septembre 15126 et verrons comment la présentation des faits laisse très rapidement la place au jugement critique et à l’amertume des historiographes.
3En 1512, le pape Jules II (Giuliano della Rovere) occupe le trône pontifical depuis neuf ans déjà. D’après Émile Namer, s’il ne défend pas ses intérêts privés, le pontife reste plus que jamais attaché au pouvoir temporel de l’Église et, depuis 1507, il « intrigue avec l’empereur, parce qu’il redoute l’agrandissement de la puissance française dans le Milanais et dans tout le pays… »7. Ce « vieillard fougueux qui rêve de soumettre l’Italie à l’Église »8, fait de son règne une suite ininterrompue de ligues et de guerres. Ainsi, après avoir atteint son premier objectif, l’élimination de la menace que faisait peser Venise sur les provinces romagnoles annexées au territoire de l’Église, le pape entend maintenant débarrasser le Nord de l’Italie de la présence française. Cependant, comme le déclare Pierre Larivaille9, cette nouvelle campagne destinée à libérer la péninsule, loin de provoquer une mobilisation des états italiens contre l’envahisseur, n’aboutit qu’à une nouvelle coalition en grande majorité constituée de pays étrangers. La sainte ligue (1511) n’est en effet qu’un retournement d’alliances qui regroupe contre Louis XII le pape, Venise, les Suisses, l’Espagne et, plus tard, le roi d’Angleterre. Le roi de France réagit en réunissant à Pise, la même année, un concile destiné à proclamer la déchéance du pape, puis reprend les armes. Toutefois, la victoire des Français sur les troupes espagnoles et pontificales, à Ravenne, le jour de Pâques 1512, ne suffit pas à décider de l’issue du conflit. En effet, l’armée française, privée de son chef, Gaston de Foix, mort au combat, n’est plus en mesure de résister aux assauts des Suisses. Ceux-ci chassent les Français du Milanais et rétablissent sur le trône ducal Maximilien Sforza, fils de Ludovic le More. Or, la République de Florence ne devait son salut qu’à ses bonnes relations avec la France. Ramon de Cardona conduit les troupes de la sainte ligue sur Florence pour punir la ville et en changer le gouvernement, trop « francisé »10. C’est le moment pour la milice citadine de faire ses preuves. Soderini en charge Machiavel. Mais la ville est en bien mauvaise posture lorsque les armées espagnole et pontificale réunies attaquent Prato et en anéantissent la résistance, dans le but de restaurer les Médicis à Florence11. Le gonfalonier Piero Soderini, « l’honnête administrateur »12, est contraint à l’exil et la nouvelle seigneurie chasse Machiavel de son poste, lui interdit l’entrée du Palazzo Vecchio et le condamne au bannissement en territoire florentin.
4Or, ces faits sont évoqués en partie par Machiavel et par Cerretani.
5Né vraisemblablement en 1475, Bartolomeo Cerretani appartient à une famille fidèle aux Médicis. Son père faisait partie des deux cent dix citoyens qui, en 1480, deux ans après la conjuration des Pazzi, avaient gagné la confiance de Laurent le Magnifique et son grand-père Niccolò avait occupé la charge de gonfalonier de justice en 1464, sous le gouvernement de Pierre le Goutteux. Bartolomeo, quant à lui, fut consul à Pise. Il meurt le 26 juin 1524 et on l’ensevelit dans l’église Santa Maria Novella13. Ses Ricordi sont divisés en vingt-cinq chapitres, qui recouvrent les années 1500 à 1524. Sa Storia fiorentina, ou plutôt son Hystoria fiorentina, comme il l’avait intitulée lui-même, a été écrite, selon Giuliana Berti14, non pas dans un but scientifique, mais pédagogique, à l’intention de ses fils Paolo et Roberto. Il y a d’abord considéré les événements qui lui étaient contemporains, depuis la mort de Laurent le Magnifique jusqu’au sac de Prato du 29 août 1512. Il s’est ensuite occupé de la partie la plus ancienne, des Étrusques jusqu’en 1385, laissant une lacune d’environ un siècle.
6La destinataire de la lettre de Machiavel pose un problème aux historiens. En effet, selon Giuliano de’ Ricci, le petit-fils du chancelier florentin, il pourrait s’agir de Madonna Alfonsina, mère du duc Lorenzo, ou de Madonna di Forlì, c’est-à-dire de Catherine Sforza. Edmond Barincou estime, au contraire, que la missive est adressée soit à Clarice Strozzi, soit à l’une des deux sœurs du cardinal Jean de Médicis, Contessina Ridolfi ou Lucrezia Salviati15. Dès le préambule, Machiavel annonce la « tristesse que la suite (du) récit va … faire entendre. »16 Quoi qu’il en soit, Cerretani comme Machiavel étudient les circonstances de la prise e Prato.
7Dans les Ricordi, les faits sont rapportés jour après jour. Ainsi, le 15 août, les Espagnols se préparent à changer le gouvernement de Florence, écrit-il17. Le 17, l’ambassadeur espagnol prend congé, furieux. Le 18, on crée les commissaires de la ville ; le 19, le bruit court à Florence que le vice-roi quitte Bologne, accompagné du légat et de Julien, son frère, avec une armée dont la composition est donné dans tous les détails18. Le samedi soir, le gonfalonier réunit le conseil pour prendre une décision19. Dans sa Storia fiorentina, au contraire, Bartolomeo explique les événements. Il rappelle, par exemple, que le vice-roi d’Espagne part de Trente pour Mantoue, où est prévue une délibération relative à la ligue. Là, il demande 100 000 écus d’or au nom de l’empereur mais la requête est rejetée. Il pense alors se rapprocher des Médicis, qui lui avaient promis une somme supérieure s’ils retournaient à la tête de la cité du lys. A la mi-août, il décide donc de destituer Piero Soderini, qui s’appuyait sur l’alliance française, et de remettre au gouvernement le cardinal de Médicis et son frère Julien, qui lui offrirent une avance de 10 000 écus et lui assurèrent de grandes récompenses20. Lors de la diète de Mantoue, il est également stipulé que le fils de Ludovic le More obtiendrait la ville de Milan et qu’après la mutation du gouvernement de Florence, ils prendraient les forteresses lombardes. Mais, ajoute Bartolomeo, les conclusions de cette diète furent si prudentes et si secrètes qu’on ne vit rien d’autre que les Médicis intriguer21. Ici aussi, il rapporte les nouvelles qui arrivent à Florence. On y apprend que le roi de France a été battu à plusieurs reprises, que la sainte ligue entame des actions belliqueuses, que les Espagnols avancent sur Florence. La composition de leur armée est indiquée avec précision22, mais les chiffres donnés diffèrent de ceux des Ricordi. De nombreux préparatifs ont été faits à Bologne, sous les ordres du vice-roi, du légat des Médicis et de Julien son frère, aidés par de nombreux ennemis de Florence et Cerretani cite les noms de Ramazzotto da Scaricalasino, Rinieri della Sassetta et Vitello Vitelli, « tous des rebelles », ajoute-t-il23. À Florence, pourtant, on ne croit pas au danger, mais on prend tout de même des dispositions, en réunissant le Grand Conseil, qui décide que la ville doit rester unie, qu’elle doit être mieux gardée. On lance un emprunt et on envoie un ambassadeur au vice-roi ; il s’agit de Baldassare Carducci, qualifié de courageux et de très populaire24.
8Cela dit, Machiavel25 est encore plus précis, mais surtout plus critique. Il rappelle fermement que la diète de Mantoue a arrêté que les Médicis seront rétablis à Florence. Il ajoute que le vice-roi, Ramon de Cardona, qui commandait les troupes de la ligue ourdie par Jules II contre son ancien allié Louis XII et sa protégée Florence, avec l’Angleterre, l’Espagne et Venise, est retourné à Modène. La victoire de Ravenne ayant été suivie de la défaite de Novare, Florence restait à la merci des ligueurs. Cependant, si les Florentins craignent que l’armée espagnole n’entre en Toscane, ils ne croient pas au danger car, explique Machiavel, on n’avait aucune certitude sur ce point à cause du secret que la diète avait dû observer. De plus, bon nombre d’entre eux ne pouvaient croire que le pape laisserait les Espagnols venir jeter le désordre en Toscane. En outre, on savait par des lettres de Rome que la confiance était loin de régner entre l’Espagne et le Saint Siège. On resta ainsi dans le doute, sans prendre la moindre mesure, déplore Niccolò, jusqu’au moment où la certitude du danger arrive de Bologne. Il souligne ainsi l’inconscience des Florentins, qui demeurent dans l’expectative au lieu de préparer leur défense. C’est donc bien tardivement qu’ils prennent conscience du danger, « L’ennemi n’était plus qu’à une journée de nos frontières »26, écrit Machiavel. Il y a alors une réaction d’épouvante27, mais la délibération vient trop tard : comme il est trop tard pour garder le passage des montagnes, on se résout à envoyer 2 000 hommes d’infanterie à Firenzuola, forte position sur la frontière entre Florence et Bologne, dans l’espoir que les Espagnols ne voudraient pas laisser en arrière une garnison aussi nombreuse et se détourneraient pour l’assiéger, laissant ainsi aux Florentins le loisir de grossir les milices et de mieux résister à l’attaque. Toutefois, le vice-roi agit de façon toute différente. Il n’entend pas s’arrêter en chemin, mais se porter sans délai sur Florence pour y changer le gouvernement avec l’appui du parti qui devait lui rendre la chose plus aisée. Il laisse derrière lui Firenzuola, franchit les Apennins, descend jusqu’à Barberino di Mugello et s’empare de tous les bourgs de la région qui, démunis de tout secours, ne peuvent faire résistance. Cependant, à Florence, l’avis général est de défendre Florence de préférence à Prato28 car, ajoute Niccolò, compte tenu de l’ardeur avec laquelle les forces du vice-roi se ruent sur la Toscane, on peut juger qu’il est impossible aux milices florentines de leur résister. Les condottieri considèrent plus sûr de rassembler les troupes dans Florence même, où le renfort de la population permettrait de garder la ville et de la défendre. On espère même ne pas perdre Prato en y laissant une garnison de 3 000 hommes. Cet avis plaît, ajoute-t-il, et particulièrement au gonfalonier Piero Soderini, qui juge bon de grouper le plus de forces possible pour mettre son gouvernement à l’abri d’une tentative de la faction opposée. Bref, Machiavel relève l’incompétence du gouvernement de Florence et montre qu’il a choisi de sacrifier la ville de Prato. Cela dit, Cerretani comme Machiavel soulignent le rôle joué par la diplomatie.
9En effet, une tentative d’entente est faite par l’envoi d’un ambassadeur florentin auprès du vice-roi, que Cerretani évoque le 22 août dans ses Ricordi en se félicitant du choix de Baldassare Carducci29, et sans précision de date dans sa Storia fiorentina30. Cela dit, Machiavel comme Cerretani font le compte rendu de cette mission. Ainsi, le premier dit comment l’ambassadeur florentin est reçu avec les honneurs dus à son rang31, alors que les deux écrivains rapportent unanimement que le seul objectif du vice-roi est de changer le gouvernement de Florence et de destituer le gonfalonier Soderini32, partisan des Français. Ils s’accordent également pour rappeler le retour de Carducci à Florence, accompagné d’un ambassadeur espagnol, le 25 août, précisent les Ricordi. Ils soulignent de même que les intentions du vice-roi ne sont pas belliqueuses Et, là, Machiavel se montre le plus prolixe : « … les Espagnols ne venaient pas en ennemis de la province ni pour porter atteinte aux libertés de la cité, mais qu’ils n’avaient d’autre but que de s’assurer qu’on abandonnerait la cause des Français pour adhérer à la ligue ; celle-ci ne pouvait nullement compter sur la cité et sur ses promesses, tant que Pier Soderini resterait Gonfalonier, car on le savait partisan des Français. Ils concluaient en demandant sa déposition, et consentaient à ce prix que, pour le remplacer, le peuple de Florence nommât celui de ses concitoyens qu’il jugerait le plus digne. »33 De la même façon, ils rendent compte de la réponse du gonfalonier, à savoir qu’il a été placé au gouvernement par le peuple et qu’il le quitterait uniquement si telle était la volonté du peuple34, qu’il n’est arrivé à ce rang ni par la brigue ni par la force, ajoute Machiavel35. Le 27, Soderini réunit le Conseil des Quatre-Vingts et offre de se retirer si tel est le bon plaisir du peuple et si son renoncement est nécessaire au rétablissement de la paix, car n’ayant jamais eu d’autres modèles que le bien de la cité, il aurait trop de chagrin qu’elle ait à pâtir par sa faute, continue Niccolò. Quoi qu’il en soit, le retour des Médicis et la démission du gonfalonier sont refusés à l’unanimité et tous s’offrent à le défendre au péril de leur vie. Cerretani cependant signale qu’on décide d’envoyer d’autres ambassadeurs au vice-roi, parmi les premiers citoyens de la ville, mais que la tâche s’avère ardue dans le sens au plusieurs d’entre eux refusent cette charge. D’ailleurs, dans les Ricordi36, il donne leur nom, Giambattista Ridolfi et Lorenzo Morelli, alors que dans la Storia fiorentina il cite par contre ceux qui ont accepté : Ormanozzo Detti, Niccolò Valori et Niccolò del Nero. Pourtant, dans sa Storia, Bartolomeo a cette réflexion pessimiste : « Mais les faveurs populaires sont vaines et de peu de stabilité et de fermeté, comme on le vit dans les événements successifs. »37 Ces ambassadeurs reviennent en référant que la ville de Prato a besoin de secours et que, pour arriver à un accord, le vice-roi demande une forte somme d’argent à Florence.38
10En somme, Cerretani comme Machiavel montrent que les tentatives diplomatiques ont été peu concluantes. L’intervention armée apparaît donc inéluctable.
11En effet, les Ricordi rapportent que, le 29 août, la milice florentine se prépare. Il donne même sa composition exacte39. Il fait par ailleurs le point sur les forces armées espagnoles et sur leur progression en Toscane. Il signale également l’élection d’une nouvelle Seigneurie et précise que partout on dit du mal des Médicis, que leurs partisans sont emprisonnés dans le Palazzo Vecchio et torturés40. Dans sa Storia41, le discours est quelque peu différent. En effet, il insiste plutôt sur les débats qui opposent les condottieri : certains considèrent judicieux de placer l’armée à Prato pour défendre le site et les vivres ; d’autres estiment au contraire que l’essentiel est de défendre Florence. Finalement, on se range au deuxième avis. L’armée s’installe donc à la porte S. Frediano, d’où elle part tout de même défendre Prato.
12Les premières escarmouches sont en faveur des Florentins, écrit Cerretani dans sa Storia42, les Espagnols à bout de vivres sont contraints de se retirer. Dans ses Ricordi43, il précise la date, le 30 août, et dit qu’elles ont duré plusieurs heures jusqu’à ce que la poudre vienne à manquer. Il ajoute une réflexion critique quant à la poltronnerie des Toscans et la promptitude nécessaire des Espagnols qui mouraient de faim. Machiavel ne parle pas d’escarmouches, mais déjà de violent assaut44 et dit comment le vice-roi qui ne peut s’emparer de la ville entame des négociations, offrant de se contenter d’une certaine somme d’argent, de remettre la cause des Médicis entre les mains de sa Majesté Catholique45, qui pourrait employer la prière et non la force pour engager les Florentins à les accueillir. Mais, continue Niccolò, lorsque les ambassadeurs arrivent dans la cité du lys avec ces nouvelles offres et « que l’on connut la faiblesse des Espagnols, qu’on eut répandu le bruit qu’ils mouraient de faim, que Prato pouvait être défendu, le Gonfalonier et la masse populaire par laquelle il se laissait gouverner conçurent une telle confiance qu’en dépit du conseil de tous les gens sages de faire la paix, on tergiversa tant et si bien qu’un beau jour la nouvelle arriva que Prato était pris… » Machiavel met ainsi en relief la responsabilité de Soderini dans le sac de Prato et plus particulièrement son incompétence. Cerretani rappelle également les vaines négociations entreprises à trois reprises par le vice-roi qui ne voulait faire aucune violence mais seulement obtenir des vivres46. Dans sa Storia47, il dénonce la vanité de la Seigneurie qui croyait en la force de Prato et souhaitait que les Espagnols meurent de faim. Mais il suggère aussi que les partisans des Médicis craignaient que les troupes espagnoles ne se retirent48.
13Bref, les armées du vice-roi prennent la ville d’assaut et avec six pièces d’artillerie ils réussissent à ouvrir une étroite brèche dans le mur d’enceinte. Les Ricordi précisent le jour et l’heure : le 30 août à 16 heures, le jour de la Saint Jean Baptiste49. Dans sa Storia50, Bartolomeo déclare qu’à 17 heures les Espagnols pénètrent dans la ville. Il reconnaît la vigueur des assaillants « affamés et avides » et déplore le désarroi des défenseurs de la ville, qui étaient presque tous des paysans. Son jugement est très sévère : il parle de « vile et poltronescha defenssione »51, souligne qu’ils se laissent prendre comme des femmes, car la brèche est tellement étroite que les attaquants sont obligés d’entrer l’un après l’autre. Outré, il cite les noms de ceux qui étaient censés défendre la ville : Luca Savello, Franco Gori et Pino di Chino et donne en détail la composition de leur armée52. Machiavel53 est encore plus critique. Il rapporte que la nouvelle de la prise de Prato arrive à Florence pendant les tergiversations de Soderini et raconte comment les Espagnols, après avoir ouvert une étroite brèche dans les remparts, ont commencé à repousser les défenseurs et qu’ils les ont tellement effrayés qu’après une courte résistance ils les ont tous mis en fuite.
14L’assaut est terrible, à tel point que Machiavel54 se limite à noter que les Espagnols se précipitent à l’intérieur de la ville et la mettent à sac, massacrant tous les habitants au milieu de toutes sortes de scènes d’horreur. Ici, il s’arrête par respect pour la dame à laquelle il adresse sa lettre : « J’en épargnerai les détails à Votre Seigneurie pour ne point vous fendre le cœur. », écrit-il. Il ajoute malgré tout que les tués furent plus de 4 000 et que les vierges ne furent même pas épargnées dans les lieux sacrés où elles étaient recluses et qui furent le théâtre de stupres et de sacrilèges. Dans ses Ricordi55, Cerretani entre dans tous les détails. Pour lui, les tués s’élèvent à 4500, chiffre qu’il donne également dans sa Storia56 , dit que les armées du vice-roi ont tué tous ceux qui avaient une arme en main mais aussi ceux qui demandaient pitié à genoux, qu’ils ont saccagé les maisons exécutant femmes et enfants, qu’ils n’ont pas été arrêtés par la sainteté des lieux et Bartolomeo donne les chiffres des tués dans différentes églises, ajoute qu’ils ont pillé les monastères et enlevé les plus belles religieuses. Ils nomme les lieux avec précision et, même s’il parle des tortures horribles, il avoue rester en de ça de la réalité, car s’il disait tout la terre s’ouvrirait57. Cela dit, dans la Storia58, il entre dans tous les détails. Mais auparavant, il se lance dans une longue tirade lyrique, où il s’adresse à la mort qui veut se rassasier de morts, où la cruauté prend le visage d’une femme cruelle, où il laisse libre cours à son émotion59. Les furieuses hordes ennemies apparaissent affamées de sang. Il reprend les précisions déjà consignées dans les Ricordi, mais insiste sur les horreurs, sur le sang qui coule à flots, sur le mépris des lieux de culte et des objets religieux. À ce propos, il donne un exemple significatif en racontant comment les ennemis enfoncent les portes de l’église de la Pieve et, lorsque les citadins vont à leur rencontre brandissant un crucifix, ils en coupent un bras, tuent d’abord celui qui le portait et tous les autres ensuite60.
15Cela dit, face à une telle cruauté, Cerretani souligne l’humanité du légat pontifical, Jean de Médicis. Dans les Ricordi61, cet éloge ne prend que deux lignes, où il est dit qu’il sauva une grande quantité de femmes, de jeunes filles et de religieuses. Dans la Storia62, au contraire, Bartolomeo explique qu’entré dans la ville de Prato, le légat prend un logement et y abrite une « infinie multitude de femmes, de jeunes filles, de religieuses » en les enfermant dans son propre palais. Ainsi, avec son frère Julien et avec Jules de Médicis, ils sauvent le plus de personnes possible et font tout ce qui est en leur pouvoir. Mais il ne leur est pas possible de s’opposer à la « fureur » et à la « rage » des soldats qui ont échappé au commandement de leur maître, le vice-roi. Cerretani fait ainsi porter le poids du sac de Prato exclusivement au vice-roi d’Espagne et blanchit la famille Médicis.
16Le dimanche à 19 heures, la nouvelle de la prise de Prato est portée à Florence par des survivants qui, effrayés63, sèment l’épouvante à Florence, témoignent les Ricordi64. Le Conseil des Quatre-Vingts se réunit et on décide de céder sur tous les points, pourvu que la cité du lys ne soit pas mise à sac65. Soderini est accusé maintenant de lâcheté. Le lundi matin, 31 août, des jeunes gens envahissent le Palazzo Vecchio, dont Antonfrancesco degli Albizzi, dit Bartolomeo66, la rue se soulève, Soderini, ou conseillé par quelqu’un ou de son propre chef, démissionne et quitte le palais « en pleurant », précise le chroniqueur. Soderini craint pour sa vie67. Encore une fois, apparaît le caractère craintif du gonfalonier68. Qui qu’il en soit, il se repose chez Vettori, puis quitte la ville, pour Sienne, sous bonne escorte, dans la nuit, à quatre heures, d’après les Ricordi69.
17La version de Machiavel70 est quelque peu différente. Il dit lui aussi que la nouvelle du sac de Prato jette Florence dans l’épouvante, mais, selon lui, Soderini n’en conçoit pas d’effroi, « se reposant sur je ne sais quelles chimères a lui », ajoute Niccolò. Au contraire, le gonfalonier se flatte de conserver Florence et de contenter les Espagnols en leur prodiguant de l’argent, à condition toutefois que les Médicis restent exclus. Mais les vainqueurs imposent leurs conditions : accueillir les Médicis ou faire la guerre. Les Florentins craignent pour le salut de leur cité, pensant à la lâcheté de la milice florentine à Prato, et Machiavel laisse transparaître ici sa profonde amertume, puisque la milice était son œuvre. Les termes comme « épouvante, effroi, panique, abandonner, laisser sans défense » sont significatifs du mécontentement de l’auteur du Prince. Pour lui, la déposition de Soderini se fait à l’amiable, sans aucune violence, précise-t-il. Pourtant, la conclusion de Machiavel paraît surprenante, dans le sens où, parlant du retour des Médicis à Florence, il écrit : « C’est ainsi que le calme le plus grand règne maintenant dans la ville, qui espère ne pas vivre moins honorablement sous la protection de ces princes qu’elle ne vivait par le passé, du temps que leur père, Laurent le Magnifique, de glorieuse mémoire, la gouvernait. » Il termine en qualifiant cet événement historique de révolution : « Telles sont, Très Illustre Dame, les circonstances détaillées de notre révolution » et avoue avoir omis ce qui pouvait blesser comme « trop pitoyable ou comme de peu d’importance. »
18En conclusion, Bartolomeo Cerretani et Machiavel analysent la prise de Prato comme un événement capital de l’histoire et montrent comment l’année 1512 connaît une véritable révolution71, puisque les Médicis reprennent le pouvoir à Florence72, non pas par leur propre valeur cependant mais grâce à l’appui étranger. Cela dit, le premier sauve l’image de la célèbre famille en montrant l’humanité des Médicis, alors que le second laisse épancher son amertume devant la chute inévitable de la République.
19Et il convient de rappeler ici l’épigramme sarcastique écrite par Machiavel à propos du dernier gonfalonier de la République florentine :
« Le soir où mourut Pierre Soderini,
son âme alla à la porte de l’enfer.
“En enfer ? - cria Pluton - pauvre benêt,
monte donc aux limbes avec les autres enfants” »73.
Notes de bas de page
1 Pour l’Arno.
2 Le roi Robert d’Anjou.
3 Montaigne, Journal de voyage en Italie, dans Œuvres complètes, Paris, Gallimard « La Pléiade », 1962, p. 1260-1261.
4 Bartolomeo Cerretani, Ricordi, a cura di Giuliana Berti, Florence, Leo S. Olschki editore, 1993, XIVp., 478 p.
5 Bartolomeo Cerretani, Storia fiorentina, Florence, Leo S. Olschki editore, 1994, XIX p., 475 p.
6 Niccolò Machiavelli a una gentildonna, Firenze, post 16 settembre 1512, dans Lettere, Machiavelli, Tutte le opere, a cura di Mario Martelli, Florence, Sansoni, 1971, p. 1126-1128. Nicolas Machiavel à X, dans Lettres familières, Machiavel, Œuvres complètes, Introduction par Jean Giono, Édition établie et annotée par Edmond Barincou, Paris, Gallimard, « La Pléiade », 1952, p. 1428-1433.
7 Émile Namer, Machiavel, Paris, PUF, 1961, p. 52-53.
8 Paul Larivaille, Le XVIe siècle italien, Paris, Seghers, 1971, p. 9.
9 Idem.
10 Alessandro Guetta, op. cit., p. 25 : « troppo infranciosato ».
11 Alessandro Guetta, Invito alla lettura di Machiavelli, Milano, Mursia, 1998, p. 8.
12 Christofer Hibbert, Ascesa e caduta di casa Medici, Milano, Mondadori, 1993, p. 221.
13 Pour une biographie plus complète, voir sa Storia fiorentina, cit. p. VII-X.
14 Ibidem, p. XI.
15 Lettres familières, cit., note 8, p. 1548.
16 Ibidem, p. 1429.
17 Bartolomeo Cerretani, Ricordi, cit., p. 275.
18 Ibidem, p. 276 : « Addì 19 s’intese essere uscito di Bologna 8 mila fanti paghati, 4 500 venturieri et mille g(i)annettieri et 800 lance, el viceré, e(l) legato de’ Medici e G(i)uliano suo fratello a la volta di Bruscoli. »
19 Idem.
20 Bartolomeo Cerretani, Storia fiorentina, cit., p. 435.
21 Ibidem, p. 436 : « Furno le conclusione d’essa dieta di Mantova sì caute e segrete che mai se ne traxe nulla altro che vedere personaggi de’Medici travagl(i)arssi et altro ne traxe mai l’oratore nostro.
22 Idem : « … ottomila fantti paghati 2 mila venturieri 800 g(i)annettieri 500 lance venivano verso il nostro… »
23 Idem.
24 Ibidem, p. 437 : « homo ardito e molto popolare ».
25 Lettres familières cit., p. 1429.
26 Idem.
27 Idem : « … à cette agression soudaine et inattendue, toute la ville fut saisie d’épouvante. »
28 Ibidem, p. 1430.
29 Ricordi, cit., p. 276 : « … si pensò fare, et questo fu addì 22, uno oratore a questo viceré a sapere quelle si voleva, et fessi messer Baldassare Charducci dottore e non di molto chonto, el quale subito chavalcò. »
30 Storia fiorentina, cit., p. 436-437 : … si g(i)udicò essere bene fare e mandare al viceré di Spagna uno oratore a ‘ntendere la causa della loro venuta, e fatto messer Baldassare Charducci + homo ardito e molto popolare + lo mandorno a quella volta… »
31 Ricordi, cit., p. 276. Storia fiorentina, cit., p. 437.
32 Idem. Machiavel, op. cit., p. 1430.
33 Idem. Mario Martelli, op. cit., p. 1127.
34 Bartolomeo Cerretani, Ricordi, cit., p. 276-277 ; Storia fiorentina, cit., p. 437.
35 Machiavel, op. cit., p. 1430-1431. Mario Martelli, op. cit., p. 1127.
36 Bartolomeo Cerretani, Idem.
37 Bartolomeo Cerretani, Storia fiorentina, cit., p. 438.
38 Ibidem, p. 438-439.
39 Ricordi, cit., p. 277 : « … 350 elmetti 600 chavalli leggeri 14 mila fantti »
40 Idem : « Im questo dì fu richiesto a la signoria Bernardo di G(i)ovanni Rucellai et due figl(i)oli per sospeti et Iachopo Salviati Lorenzo Morelli Francesco da Diaceto di Zanobi et G(i)ovanni di Bardo Corssi et messer Franc(esc)o Minerbetti arcidiachano 6 de’ Tornabuoni et molti altri, et erano ratenuti in palazzo ; et fu preso il Nocha chalzaiolo, ebbe 4 trati di fune e non trovorno altro, così alchuno altro di pocho chonto ; et ultimamente messer G’i)a(n)batista Fig(i)ovanni canonicho di S. Lorenzo ebbe di moltta fune. »
41 Storia, cit., p. 438.
42 Storia, cit., p. 438-439.
43 Ricordi, cit., p. 278.
44 Machiavel, op. cit., p. 1431 : « Sur ces entrefaites, l’armée espagnole s’était présentée devant Prato et lui avait livré un violent assaut… » Mario Martelli, cit., p. 1127.
45 Ferdinand le Catholique.
46 Ricordi, cit., p. 278 : « … et prima il viceré di Spagna manddò un trombetto a dire che voleva solo vetuaglie per e sua danari e non violentare persona, il comissario rispose che non n’havevano ; e rimanddò a dire che voleva vetovaglie per e sua danari altrimenti userebbe la forzza, respose che e’ gli sare’ resposto ; rimandò di nuovo um breve che protestava il sachcho e mortte e ogni male se non faceva et questo pechato lasc(i)ava sopre loro ; il comissario stette fortte e non voleva che che il trombetto parlassi a’ pratesi, e se loro gli raccomandavano li minac(i)ava impicharlli… »
47 Storia, cit., p. 439 : « Il commissario più pieno di superbia e di fasto che di prudentia… stette fortte… »
48 Idem : « Non fu mai possibile di accomodarllo di detto pane, di che fu causa la vanità del iuditio di chi reggeva iudichanddo che Prato si tenessi e che li spag(no)li si morissino fame ; l’altra causa fu che quelli che desideravano la mutatione dello stato e la tornata de’ Medici s’interposono penssando che hauto la vituaglia co non molta somma di danari se ne riandavano sanza fare altro efecto, il che non piaceva loro… »
49 Ricordi, cit., p. 278.
50 Storia, cit., p. 439. « poco muro », écrit-il.
51 Défense faible et lâche.
52 Storia cit., p. 439.
53 Machiavel, op. cit., p. 1431. Mario Martelli, op. cit., p. 1127.
54 Idem.
55 Ricordi, cit., p. 278-279.
56 Storia, cit., p. 441.
57 Ricordi, cit., p. 279 : « … et s’io havessi a chontare l’inmensse chrudeltà loro credo che s’aprirebbe la terra… »
58 Storia, cit., p. 440-441.
59 Ibidem, p. 440 : « E perché tu mortte mi solleciti al volere im questo puntto satiartti di mortti, e tu donna eferata da’ mortali chiamata crudelttà ti vegho la prima a entrare nella meschina terra per bagnarti e satiartti et fichartti a tuo piacere in questo horrendo g(i)orno nel misero sanghue humano, e però per contentarvi ho preso la penna colla tremantte mano cogl’ ochi pieni di lacrime colla mente circunvolta nel timore col core terrefatto et sbighotito schrivendo che il sole chiaro in tale ora si coperse la lucide faccia e la nimica schiera tumultuosa con inaldita furia entrò dentro afamati di sanghue di roba et di vituaglie, homini di Granata marrani circuncisi et g(i)udei. »
60 Storia, cit. p. 440.
61 Ricordi, cit., p. 279.
62 Storia, cit., p. 441.
63 Idem.
64 Ricordi, cit., p. 279.
65 Idem. Storia, cit., p. 441.
66 Ricordi, cit. p. 279.
67 Storia, cit., p. 442.
68 Ricordi, cit., p. 279 : « O che fussi consig(li)ato o pure da sé il gonfaloniere dixe volersene ire e racomandossi ad alchuni che erano quivi e maxime a Paolo di Piero Vettori et Bacio Valori et agl’altri g(i)iovani i quali gli promisono la vita ; et così conferitolo a signori et collegi si parttì de l’udientia piagnenddo… »
69 Idem.
70 Machiavel, op. cit., p. 1432. Mario Martelli, op. cit., p. 1127.
71 Voir à ce propos : Théa Picquet, « Florentins et rebelles : le témoignage de Jacopo Nardi », dans Soulèvements et ruptures. L’Italie en quête de sa révolution. Nancy, PRISMI, 1998, p. 47-73.
72 Théa Picquet, « Un exilé florentin au temps des Médicis : Jacopo Nardi », dans Hommage à Jacqueline Brunet, Besançon, Annales littéraires de Franche-Comté, 1997, vol. I, p. 423.
73 Christian Bec, Machiavel, Paris, Laffont, 1996, p. 1098. Voir aussi : Machiavel, édition de la Pléiade, cit., p. 117, qui donne cette traduction : « La nuit où mourut Pier Soderini/ Son âme s’en fut à la porte de l’Enfer : /’En enfer, toi, cria Pluton, benêt ! / Aux Limbes, là-haut, avec les autres moutards ! » Mario Martelli, op. cit., p. 1005 : « La notte che morì Pier Soderini, / l’anima andò de l’inferno a la bocca ; / gridò Pluton : - Ch’inferno ? anima sciocca, / va su nel limbo fra gli altri bambini. »
Auteur
Université de Provence, Département d’italien, EA 854
Thèse : Le « Della Repubblica fiorentina » de Donato Giannotti, édition critique et commentée, janv. 1980, Paris IV, HDR déc. 1998, EHESS Paris LIA (Letteratura Italiana Antica), Rome, Moxedano, Anno IV-2003, 554 p. (ouvrage collectif).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les sans-culottes marseillais
Le mouvement sectionnaire du jacobinisme au fédéralisme 1791-1793
Michel Vovelle
2009
Le don et le contre-don
Usages et ambiguités d'un paradigme anthropologique aux époques médiévale et moderne
Lucien Faggion et Laure Verdon (dir.)
2010
Identités juives et chrétiennes
France méridionale XIVe-XIXe siècle
Gabriel Audisio, Régis Bertrand, Madeleine Ferrières et al. (dir.)
2003
Des hommes à l'origine de l’Europe
Biographies des membres de la Haute Autorité de la CECA
Mauve Carbonell
2008