Mantoue en 1509-1510. Peut-on parler de prise de ville ?
Mantova, AD 1509 and 1510: was it a real town capture?
Mantova nel 1509-1510 : possiamo parlare di presa della città?
p. 107-124
Résumés
Le contexte politique instable du XVIe siècle impose aux États italiens une période de crise marquée par les rivalités internes et par les menaces des grandes puissances étrangères telles que la France, l’Espagne et l’Empire notamment. La guerre, et de ce fait la violence, devinrent inévitables sur les champs de bataille mais aussi dans les villes assiégées. En effet, « prendre une ville » était un moyen efficace pour neutraliser son adversaire et le démunir de tout contrôle politique. Dans le cas présent, celui du marquisat de Mantoue pendant la période de régence d’Isabelle d’Este en 1509-1510, l’intérêt est de démontrer dans quelle mesure nous pouvons ou nous ne pouvons pas parler de « prise de ville », sachant qu’aucune effusion de sang n’eut lieu et que la souveraine ne fut aucunement chassée de son territoire.
The unstable political context of the 16th century imposed upon the Italian States a period of crisis characterized by internal squabbling and threats from the foreign great powers of the time such as France, Spain and the Holy Empire, among others. Henceforth war and violence became unescapable on battlefields but also in besieged towns. In fact "capturing a town" was an efficient means to neutralize one's opponent and deprive him of any political clout. In the present case, the marquisate of Mantova during Isabella d'Este's regency in 1509-1510, do we face a real "town capture", if we recognize that no blood was shed and that the regent was not in the least banned from her territory.
Il contesto politico instabile del XVI secolo impone agli Stati italiani un periodo di crisi improntata da rivalità interne e dalle minacce delle grandi potenze come la Francia, la Spagna e l’Impero soprattutto. La guerra, e di conseguenza la violenza, diventarono inevitabili sui campi di battaglia ma anche nelle città assediate. Effettivamente, «prendere una città» era un modo efficace per neutralizzare l’avversario e sprovederlo di qualsiasi controllo politico. Nel presente caso, quello del marchesato di Mantova durante il periodo di reggenza d’Isabella d’Este nel 1509-1510, l’interesse è di dimostrare in che modo possiamo o no parlare di «presa di una città», sapendo che nessuno spargimento di sangue ebbe luogo e che la sovrana non fu affatto cacciata dal proprio territorio.
Texte intégral
1Pendant le XVIe siècle, les États italiens, nombreux et morcelés, vivaient une grave période de crise. Les puissances étrangères, telles que la France, l’Espagne et l’Empire essentiellement, se disputaient les terres italiennes. Chacune cherchait à acquérir de nouveaux territoires et à assouvir son désir d’expansion et de pouvoir sur la scène politique européenne. Les États italiens devaient ainsi faire face aux attaques extérieures. De plus, s’accentuaient et se multipliaient les rivalités entre ces derniers eux-mêmes, aidés ou contraints par les puissances étrangères. De ce fait, à cette époque, nombreux sont les exemples de tensions, de conflits ou encore d’alliances entre les puissances. Le contexte politique est bien évidemment à l’origine de ce phénomène, mais la société elle-même, en est aussi la cause. Dans son ouvrage, Georges Livet pense que « cette époque découvre dans la force une forme d’épanouissement de la personnalité et, dans la guerre, un art réservé à une aristocratie »1. Pendant tout le XVe siècle, les « condottieri » en étaient l’illustration parfaite : « ils trouvent dans la guerre la source de leur légitimité et dans l’armée la source de leur puissance »2. La guerre devenait une discipline, une science en plein essor avec le développement de l’infanterie, de l’artillerie3, le perfectionnement des armes, des architectures navale et urbaine4. Le recours aux armes était un moyen efficace pour combattre ses adversaires et récupérer ses territoires. « Prendre une ville » signifiait l’assiéger par la force pour en prendre la direction. Mais était-ce vraiment l’unique stratégie ? Existait-il différentes façons d’arriver à cette fin ?
2En étudiant la situation politique de Mantoue pendant les années 1509 et 1510, nous essaierons d’apporter quelques éléments de réponse à ces questions.
3Gouvernée par le marquis François Gonzague et son épouse Isabelle d’Este, Mantoue était un territoire de petite taille qui, cependant, jouissait d’une grande notoriété. En effet, particulièrement intéressée par les arts tels que la littérature, la peinture ou encore la sculpture, sa souveraine en avait fait un centre culturel de premier ordre.
4Cependant, parallèlement à ses capacités intellectuelles reconnues par ses contemporains, Isabelle dut faire preuve d’un talent bien singulier pour une dame de l’époque : le gouvernement de la ville. Pendant presque un an, d’août 1509 à juillet 1510, elle dirigea les territoires mantouans en l’absence de son époux. Elle dut apprendre à gérer des situations complexes relatives aux finances ainsi qu’aux politiques intérieure et extérieure du marquisat.
5Les états financier et politique de Mantoue furent alors périlleux et devinrent même, à certains égards, ambigus. Les libertés de gestion politique de la marquise, puis de son époux se trouvèrent si réduites, que l’on peut se demander si l’on ne pourrait pas parler de « prise de ville ».
6Pour cela, il conviendra de définir le contexte politique européen pour évaluer la place et le rôle de Mantoue, de souligner les nombreuses difficultés qui faisaient le quotidien de la marquise, de prendre connaissance des moyens qu’elle mit en œuvre pour gouverner au mieux ses territoires, et surtout, pour déjouer les stratagèmes des puissances étrangères, telles que la France ou l’Empire, en quête de pouvoir. Par ailleurs, nous accorderons une attention toute particulière aux décisions et aux agissements du pape Jules II.
7Afin de mettre en lumière les subtiles stratégies diplomatiques qu’Isabelle d’Este se devait de défaire, nous découvrirons les coulisses de sa politique extérieure. En effet, il s’agira de recueillir les informations nécessaires à leur source, c’est-à-dire en dépouillant essentiellement la correspondance de la marquise. Pour ce travail, nous avons consulté six-cent-cinquante-deux lettres reproduites dans cinq livres du registre 2995 de l’« Archivio Gonzaga », localisé aux Archives d’État de Mantoue :
Archivio Gonzaga 2995, livre 21 : 25 mai 1509/3 septembre 1509 (171 lettres)
Archivio Gonzaga 2995, livre 22 : 4 septembre 1509/21 novembre 1509 (120 lettres)
Archivio Gonzaga 2995, livre 23 : 22 novembre 1509/1er mars 1509 (146 lettres)
Archivio Gonzaga 2995, livre 24 : 3 mars 1509/23 mai 1509 (116 lettres)
Archivio Gonzaga 2995, livre 25 : 24 mai 1509/27 juillet 1509 (99 lettres)
8Ces documents permettront de mettre en avant les vertus de la marquise dans ses nouvelles fonctions, en percevant ses espoirs et ses craintes, ses joies et ses douleurs, ses victoires et ses déboires. En prenant connaissance de l’évolution des situations financière et politique de la ville de Mantoue, des libertés d’expression et de gestion de la régente et de son époux, des agissements des grandes puissances étrangères, nous définirons dans quelle mesure il convient ou non de parler de « prise de ville ».
9François Gonzague est un personnage de renommée. Ses talents d’homme politique et d’homme de guerre caractérisent sa forte personnalité. Mais il n’est pas le seul atout de Mantoue. La notoriété des forteresses de cette ville ainsi que sa position géographique, faisant d’elle un carrefour pour les autres pays européens, soulignent les avantages dont on peut bénéficier en l’ayant à ses côtés.
10Lorsqu’en décembre 1508, la Ligue de Cambrai décidait de lutter contre la menace vénitienne, le marquis prit part à celle-ci en s’unissant au roi de France, Louis XII, à l’Empereur Maximilien et au pape, Jules II.
11Face aux puissances qui se liaient contre elle, la Sérénissime chercha à gagner la confiance et le soutien du marquis. Pour cela, elle utilisa tous les moyens dont elle pouvait disposer, comme le montre la lettre du 22 mars 1509 que le marquis adressa à Suardino, ambassadeur de Mantoue à Milan. Dans celle-ci, il rend compte de son entretien avec un interlocuteur vénitien qui use de tous ses talents de persuasion.
12L’argument principal de ce dernier était de mettre en avant les stratégies politiques de la France et de l’Empire qui, selon lui, n’envisageaient pas uniquement d’anéantir Venise. Il restait convaincu que les deux puissances étrangères désiraient, dans un second temps, écarter les menaces des États italiens trop puissants pour prendre possession des territoires de la péninsule. Ainsi, le messager vénitien essaya d’éveiller chez François Gonzague un élan de patriotisme5 qui peu à peu évolua vers un sentiment de culpabilité : le marquis voulait-il vraiment être « la cause de la ruine » de Venise6 ? Puis, l’argent prenant l’avantage sur la raison, il poursuivit son entreprise en soudoyant le marquis sans hésiter à renchérir ses offres7. Enfin, impuissant face à l’obstination de François Gonzague, le représentant vénitien implorait la pitié en soutenant que ses supérieurs lui ôteraient la vie s’il ne réussissait pas à accomplir sa mission. Mais toutes ces tentatives ne fragilisèrent pas l’inflexibilité du souverain mantouan8.
13La guerre débuta en avril 1509. Venise fit face à une première et écrasante défaite à Agnadello, le 14 mai 1509, qui lui ôta désormais tout espoir. Cependant, contre toute attente, pendant l’été de cette même année, elle parvint à récupérer Padoue et, surtout, bénéficia d’un avantage de taille puisqu’elle réussit à capturer François Gonzague. Engagé dans la conquête de Legnago sur demande de l’Empereur et du roi de France9, le marquis fut constitué prisonnier par les Vénitiens le 8 août10.
14Informée le jour même, son épouse était consciente des nombreuses conséquences de cet emprisonnement. Non seulement Mantoue se retrouvait démunie de son souverain, mais encore fallait-il qu’elle assume désormais les responsabilités politiques de son époux.
15Dans la lettre qu’elle écrivit le 8 août 150911 à son beau-frère, Sigismond Gonzague, Isabelle d’Este expose les conditions de la captivité du marquis et exprime tout son désarroi. Seule à la tête du gouvernement, elle requiert la présence et l’aide de Sigismond en le priant de sensibiliser le pape au sort de son loyal sujet, François Gonzague. Certes, la marquise ne pouvait être qu’effrayée par les circonstances, cependant, elle sut très rapidement faire preuve de détermination et de discernement dans la tâche qui lui incombait : libérer son mari et protéger la ville ainsi que ses habitants. Son désarroi ne la privait pas de courage, elle était accablée mais aussi très déterminée, comme en témoignent deux autres lettres qu’elle écrivit ce même jour à Pietro de Novellara et à Ludovic de la Mirandole. Bien que « consternée et affligée », Isabelle fit preuve de sang-froid, d’énergie et de lucidité. Elle entendait bien « conserver cet État sain et sauf autant que cela sera possible »12 et veiller à la sécurité de ses territoires en positionnant les forces armées tout autour13. Par ailleurs, elle entreprit une campagne auprès des plus grands hommes et dames d’État du monde entier afin de les sensibiliser et de les rallier à sa cause. Le 11 août 1509, elle adressa à la Reine de France et à douze autres éminents destinataires14 une lettre dans laquelle elle exprima à la fois sa détresse et la nécessité qu’on la soutienne : « croyez, Madame, que s’il n’y avait pas l’espoir que j’ai en sa Majesté et en vous, je pense que je me serais tuée de mes propres mains, parce que je pense que cela serait bien mieux que de rester vivante sans mon Seigneur »15.
16Les réponses à ses appels ne tardèrent pas à lui parvenir, cependant elles ne correspondaient pas à ses attentes. Aux frontières du territoire mantouan, Louis XII et Maximilien se proposèrent de garantir sa sécurité et celle de son peuple en déployant une partie de leurs forces militaires. Isabelle était consciente des enjeux et des objectifs peu honnêtes masqués derrière ces élans de bonté. Les souverains étrangers avaient là l’opportunité d’implanter une partie de leur armée et ainsi de neutraliser l’indépendance de Mantoue et de sa souveraine. En effet, peu compatissant, le roi de France laissa échapper quelques signes qui mettent en évidence sa perversité. Dans la lettre qu’il adressa à Isabelle d’Este, le 9 août 1509, il vanta ses talents de politicien et, au contraire, discrédita les décisions du marquis. Selon lui, ce dernier aurait pu éviter cette situation s’il avait tenu compte de ses conseils16.
17La marquise, elle, évita le pire en repoussant avec courtoisie et succès, les propositions des deux souverains17. En veillant toujours à afficher sa gratitude et sa fidélité, elle réussit à échapper aux volontés du roi avec un argument convaincant : « il ne me semble pas nécessaire de me prévaloir des gens d’arme de Votre Majesté, car cela montrerait une méfiance des dits peuples, chose qui pourrait nuire en ce moment »18.
18Par ailleurs, la gestion économique et financière constituait une lourde charge au quotidien. Il était question d’assumer ses choix politiques et donc de participer aux dépenses considérables que la guerre engendrait. Par conséquent, il convenait de satisfaire les besoins incessants de ses alliés. L’Empereur n’hésitait pas à réclamer d’importantes sommes d’argents, des hommes et des armes ou bien des marchandises pour subvenir aux besoins de ses troupes. Chaque sollicitation embarrassait la marquise qui se trouvait devant une impasse dont les conséquences pouvaient être fatales. Sa lettre du 26 août 1509,à l’attention de la duchesse d’Urbin Élisabeth Gonzague, souligne à la fois la précarité financière du marquisat et la gravité des circonstances : « L’Empereur voudrait des infanteries et des artilleries. (…) Lui refuser est dangereux, le satisfaire est impossible »19. Elle devait régulièrement faire face à de telles revendications, tout en ayant conscience des répercussions diplomatiques que celles-ci suscitaient. C’est pourquoi, dans l’impossibilité de répondre aux attentes de l’Empereur, elle prit soin de se justifier en exposant les problèmes de pénurie et de famine qui menaçaient le peuple mantouan20.
19Toutefois, refuser de participer au bon fonctionnement des stratégies belligérantes contre Venise éveillait chez Louis XII et chez Maximilien quelques soupçons quant aux intentions de la marquise : demeurait-t-elle toujours à leur côté ? N’avait-elle pas ou n’allait-elle pas malicieusement altérer sa stratégie politique ?
20Ces légitimes réflexions constituaient un obstacle supplémentaire au projet d’Isabelle d’Este : libérer son mari. Et consciente de ne pas avoir les moyens d’agir seule pour parvenir à ses fins, elle sollicitait l’aide indispensable de ses alliés. Ces derniers n’étaient pas aussi compatissants que les apparences laissaient croire.
21Une première solution semblait se dessiner avec une proposition d’échange entre le marquis et un prisonnier vénitien, détenu en France, jusqu’à ce que le roi fit part de ses réticences21. À la fois compréhensive et agacée22, la régente demeurait aussi très déterminée et n’entendait pas abandonner son entreprise. C’est ainsi qu’elle envisagea une autre alternative : envoyer un représentant de chacune des trois puissances étrangères et conclure un accord avec Venise23. Mais là encore, Louis XII se montra peu réceptif à cette proposition qui, selon lui, pouvait mettre en danger la vie du marquis24. Était-ce la réelle motivation de sa contestation ? Nous pouvons nous permettre d’en douter. Isabelle d’Este se trouvait donc privée de son époux, seule et impuissante devant les machinations diplomatiques.
22Face aux échecs que lui imposait le roi de France, elle prit l’initiative d’avoir recours à son dernier espoir, le pape. Bien que celui-ci manifestât sollicitude, compassion et sympathie, il n’avait jusqu’à présent entreprit aucune action. L’affaiblissement militaire, économique ou encore politique de Mantoue ne semblait pas être l’une de ses premières préoccupations. Comment pouvait-on combattre cette indifférence ?
23Isabelle d’Este avait une réponse à cette question et mit en place un nouveau plan pour rallier les intérêts du pape aux siens. L’idée était de précipiter les noces de sa fille Éléonore Gonzague et de Francesco Maria della Rovere, duc d’Urbin et neveu du pape. Isabelle espérait impliquer davantage Jules II dans son entreprise, sachant que le futur beau-père de son neveu était incarcéré. Par ailleurs, elle projetait de recourir à la délicatesse et à l’innocence du jeune âge d’Éléonore pour sensibiliser le pape à sa cause.
24Avec l’aide d’Élisabeth Gonzague, la marquise organisa le départ de sa fille pour Urbin où demeurait le futur époux. Ce transfert fut pour le moins embarrassant en raison des difficultés financières. Pour marier sa fille, encore fallait-il qu’Isabelle honore les dépenses que cela impliquait. Elle ne cache pas à la souveraine d’Urbin que « l’État [est] en danger avec les innombrables dépenses », avec sa « misérable pauvreté d’argent »25. Finalement, le 4 décembre 1509, Isabelle écrivait à Atri que la duchesse était à Mantoue pour emmener la jeune mariée à Urbin. Elle n’y dissimula pas la joie de voir son plan prendre jour26. Mais rien n’était encore fait, Éléonore devait se rendre à Rome, à la demande du pape, avec son futur mari et la duchesse Élisabeth. Tous trois avaient là une mission bien délicate qui pouvait mettre fin à la précarité de la ville de Mantoue. Ainsi, dans sa correspondance, Isabelle ne cessa de solliciter la bienveillance des deux dames d’Urbin. Elle leur rappela le triste sort du marquis et prit soin de lourdement insister sur les motivations de ce voyage27. Enfin, comme le confirme la correspondance, les duchesses partirent pour Rome à la fin du mois de janvier 151028.
25Pour sa part, Isabelle entreprenait les démarches nécessaires pour retrouver son époux, incarcéré depuis déjà cinq mois. Elle rédigea une lettre à Jules II en lui rappelant qu’il était la source de tous ses espoirs pour la libération de son mari29. Par ailleurs, elle veilla à entretenir toujours de bons rapports avec les souverains français30 qui avaient potentiellement le pouvoir de satisfaire sa demande.
26Cependant, ses efforts n’aboutirent pas aux résultats qu’elle souhaitait, et bien vite, elle se rendit compte que son plan ne fonctionnait pas. À sa grande surprise, les tractations entre Venise et l’alliance franco-romaine ne présageaient pas de conclusions favorables à la libération du marquis : « les Vénitiens sont sur le point de recevoir l’absolution apostolique sans capituler ni faire mention de la libération de notre Seigneur »31.
27Même après cette déception, la marquise ne s’avoua pas vaincue et tenta de réamorcer le processus. Dans la lettre du 13 février 1510, à l’attention de sa belle-sœur, Élisabeth Gonzague, Isabelle renouvela ses demandes empressées pour que le pape mette fin à l’incarcération de François Gonzague32.
28Elle envisageait aussi de solliciter secrètement l’aide de la puissance française. Dans cette même lettre, elle exprime un doute. Elle n’est pas convaincue que Louis XII ait pu participer à l’élaboration de cette absolution sans s’être soucié de son mari : « Il paraîtrait bien difficile que sa Majesté eût accepté sans que l’on ne voulût la libération de notre Seigneur »33. C’est pourquoi, plus confiante en Louis XII qu’en Jules II, elle désirait confirmer sa loyauté et sa fidélité au roi de France, par l’intermédiaire d’Atri. Dans la lettre qu’elle adressa à ce dernier le 13 février 1510, elle dévoile ses intentions, c’est-à-dire montré au souverain français qu’il est son « unique Seigneur » mais aussi son « principal espoir »34.
29La situation déjà dramatique s’empira et alla bien au-delà des craintes de la marquise. Jules II, sur qui elle comptait tant, rompit ses accords avec la France et l’Empire pour se rallier aux forces vénitiennes. En effet, il se méfiait de Louis XII qui savait tirer profit de toutes les situations. Le roi de France devenait une menace, il « fait figure de grand triomphateur. Sa puissance est écrasante en Italie. Le roi d’Aragon à Naples, la République de Florence et le duc de Ferrare, pourtant vassal du pape, sont ses alliés »35.
30Ce coup de théâtre remit en cause l’équilibre politique européen déjà très fragile et rendit plus difficile encore la tâche de la régente. Si cette dernière veillait à demeurer neutre, du moins en apparence et aux yeux de tous, chacune des deux parties entendait bien avoir des garanties. Pour cela, elles avaient recours à un moyen de pression qui constituait une valeur sûre : le jeune Frédéric, héritier du marquis.
31Au mois de mars 1510, l’Empereur le réclama au grand désespoir de la marquise qui chargea son envoyé, Donato de Preti, de refuser catégoriquement cette requête « inhumaine »36, quelles qu’en soient les conséquences. Un mois plus tard, le roi de France décevait à son tour Isabelle qui pourtant n’avait jamais manqué d’afficher sa gratitude et sa loyauté. Mais encore fallait-il refuser cette demande sans aggraver la situation déjà périlleuse. Cette fois-ci, ce fut au tour de Suardino de transmettre une réponse également négative mais tout de même bien plus nuancée et courtoise37.
32De toute façon, Isabelle ne pouvait pas se séparer de son fils dans ces conditions, elle aurait exposé ses penchants pour la politique française et aurait confirmé les soupçons du pape. Il ne restait plus qu’à espérer que ce dernier veuille bien parlementer avec ses nouveaux alliés pour plaider la cause du marquis.
33Jules II trouva enfin une issue favorable pour la libération de celui-ci. Mais paradoxalement, cette solution déconcerta Isabelle d’Este. En effet, Jules II proposa à la Sérénissime, qui avait perdu son capitaine général de l’armée, de nommer à ce poste François Gonzague. Le jeu diplomatique du souverain pontife s’éclairait et Isabelle comprit désormais pourquoi il n’avait pas tenu compte de ses requêtes et de celles des duchesses d’Urbin quelques mois auparavant. Du moment que Mantoue n’était pas assiégée par des ennemis, l’affaiblissement du pouvoir politique, dû à la régence, assujettissait Mantoue. Dès lors que la libération du marquis lui permettait de mener à bien sa politique, le pape conclut un compromis avec la Sérénissime.
34Le souverain pontife percevait la présence de la France sur les territoires italiens trop oppressante et surtout trop menaçante. Pour écarter les Français, il décida d’agir aux côtés de Venise. Désormais, il combattait la France et son fervent allié, le duché de Ferrare. Mais encore fallait-il s’assurer du soutien politique et militaire de Mantoue. L’entreprise était bien difficile, Isabelle d’Este n’était autre que la sœur du duc de Ferrare. C’est pourquoi il n’hésita pas à élaborer cette stratégie qui ne laissa au marquis aucune marge de manœuvre et qui fonctionna avec plus de succès qu’il ne l’aurait espéré.
35François Gonzague accepta l’offre qu’on lui proposa et fut libéré le 14 juillet 151038, une liberté qu’Isabelle qualifia de « nouvel emprisonnement »39. Au départ, elle-même et ses collaborateurs interprétaient ce consentement comme un subterfuge, une ruse pour retrouver la liberté le plus rapidement possible. Toutefois, ils s’aperçurent qu’en réalité il en était tout autrement ; le marquis était bien décidé à assumer ses nouvelles fonctions.
36La Sérénissime envisageait là une occasion de restaurer la notoriété et le pouvoir de son armée. Cependant, il lui était difficile d’accorder au marquis toute sa confiance. D’une part, elle ne pouvait omettre le fait que quelques mois auparavant il était un ennemi et un prisonnier dangereux40. D’autre part, n’était-il pas risqué de confier la direction de ses troupes à un homme qui allait devoir combattre sa propre famille ?
37Pour gagner à tout prix la confiance de Venise, Jules II exigea que le jeune Frédéric lui soit envoyé à Rome. Cette prise d’otage l’assurait du soutien et de la fidélité du souverain mantouan au sein de cette nouvelle alliance.
38Plusieurs raisons ont motivé François Gonzague, d’une part, à accepter d’assumer cette fonction et, d’autre part, à consentir que son fils se rende à Rome. Tout d’abord, comme nous l’avons dit, il n’était pas libre du choix habilement imposé par Jules II.
39Par ailleurs, lors de son incarcération, les influences de Venise ne furent pas sans conséquences. En effet, François Gonzague était resté presque un an en prison (août 1509-juillet 1510). Son obsessionnel désir de liberté et sa faiblesse n’avaient pas échappé à la Sérénissime qui vit là le moment opportun pour mettre à mal les liens des deux époux. On répétait à François Gonzague que son incarcération était le résultat de la politique menée par son épouse. Si lui ne s’était pas rendu compte de toute cette mise en scène, Isabelle d’Este en était au contraire bien consciente. Dans sa correspondance, elle laissait clairement apparaître ces viles manœuvres qui fragilisaient les rapports avec son époux et qui, par-delà, affaiblissaient aussi l’équilibre politique de Mantoue déjà très vulnérable. Il s’agit de la lettre qu’elle adressa le 17 février 1510 à Élisabeth Gonzague, dans laquelle elle confiait toutes ses craintes, principalement celle de voir son mari soumis et endoctriné par un entourage qui cherchait à souligner l’incapacité et l’inefficacité du gouvernement mantouan41. La perfidie vénitienne eut très rapidement les effets souhaités.
40Les relations entre les époux devenaient très tendues, notamment lorsqu’Isabelle s’opposa à son mari et au pape et refusa de se séparer de son fils. Elle pensait que rien ne garantissait la libération de son mari, que la capture de l’un n’assurait pas la liberté de l’autre42. Agacé par l’affront qu’elle lui infligeait et ne se rendant pas compte des difficultés financières et politiques auxquelles son épouse avait dû faire face, le marquis exprima quelques signes de mécontentement à l’égard de son épouse43.
41Finalement, le jeune Frédéric se rendit à Bologne où eut lieu l’échange avec son père44. Manifestement, Isabelle avait perdu toute autorité ; son mari était à nouveau investi de ses pouvoirs. Elle n’était plus en mesure de prendre les décisions, ni même de s’informer de l’évolution exacte des accords conclus entre le marquis et le pape45.
42Si le désintérêt et l’inactivité du pape faisaient de lui un allié peu fiable, le temps ne fit que confirmer une attitude bien plus décevante. Jules II sut mener une politique réfléchie, calculée et flexible selon l’évolution du contexte politique et celle de ses intérêts. Il plaida la cause du marquis au moment opportun. Cet acte bienveillant n’était pas gratuit et lui permit de concrétiser son alliance avec Venise.
43Le stratagème fut doublement bénéfique. D’une part, Jules II réussissait à affirmer sa position aux côtés de Venise et à gagner la confiance de celle-ci. D’autre part, il se prémunissait contre toute tentative de trahison de la part de François Gonzague. Sous la menace, le marquis ne pouvait pas se permettre de refuser l’alliance avec le pape, qui plus est le nomma Gonfalonier de l’Église le 30 septembre 1510 ; mais il lui était également très difficile de combattre les membres de sa famille. Cette impasse avait un enjeu de taille : la vie de son peuple et de son enfant, puis celle de sa belle-famille.
44Certes, la complexité du contexte historique de la Renaissance favorisait un grand nombre de pressions politiques. Mais Jules II n’était-t-il pas allé au-delà ?
45S’il est difficile de parler de conflit entre Rome et Mantoue alors qu’elles ne sont pas adversaires, nous avons tout autant de peine à les considérer alliées.
46Si aucune offensive militaire, aucun acte violent n’ont été infligés aux habitants, aucune ville n’a été mise à sac, Mantoue et ses souverains ont subi le sort d’une ville assiégée.
47D’une part, la correspondance souligne abondamment l’affaiblissement économique et politique de Mantoue, même si les compétences d’Isabelle d’Este ne peuvent être mises en cause. Malgré cela et malgré les nombreuses requêtes qu’il recevait d’Isabelle d’Este, mais aussi d’Éléonore et d’Élisabeth Gonzague, le pape attendit presque un an avant d’agir. Il menait une politique fluctuante qui aboutit à une nouvelle alliance, avec Venise. Ainsi, la régence de la marquise lui avait permis de mettre en place son plan sans craindre la menace des souverains mantouans.
48Par ailleurs, son rôle de bienfaiteur et de libérateur n’était qu’un leurre et une image erronée de ses réelles intentions qui étaient, en réalité, d’amorcer le dialogue avec Venise pour contrer la France et Ferrare. Libérer François Gonzague dans les conditions qu’il imposait lui garantissait le soutien de Mantoue.
49De plus, le retour du marquis à la tête de son gouvernement permit d’écarter Isabelle d’Este de la scène politique. Comme le pense à juste titre Mario Equicola, le précepteur d’Isabelle, le pape avait bien évalué la situation. Dans son œuvre intitulée L’histoire de Mantoue, l’écrivain dit : « Il (Jules II) pensa que la libération du marquis aurait été l’occasion (…) de retirer à Ferrare l’aide de Mantoue, qui en se retrouvant sous le gouvernement de la sœur du duc, lui aurait toujours été favorable »46.
50La correspondance démontre que le marquis prit ses décisions contre la volonté de sa femme. Mais était-il en mesure de faire autrement ? Avec sa nomination de capitaine général de l’armée vénitienne et la prise d’otage de son fils, il n’était plus libre de ses actes.
51Ainsi, même s’il était officiellement l’allié des Marquis, le pape représentait un danger réel. Il détenait l’héritier entre ses mains et usait de cet avantage pour contraindre Mantoue à combattre Ferrare. Il imposait par le chantage ses propres choix stratégiques. Si officiellement, le souverain légitime était à la tête du gouvernement mantouan, officieusement, il n’avait plus le contrôle politique de sa ville. D’autant plus que, le 23 juillet 1510, le pape fit signer au marquis les conditions de sa libération. Celles-ci stipulaient que Mantoue ne devait en aucun cas aider la France, sauf si le pontife le lui autorisait47.
52C’est bien là la finalité d’une prise de ville : prendre le contrôle de celle-ci. Que Jules II atteignit ce résultat, cela ne fait aucun doute. Cependant, les moyens qu’il mit en œuvre ont un intérêt tout particulier.
53En effet, la pratique démontre que la force, la violence et les armes sont les outils indispensables pour prendre une ville. Il en résulte des scènes de massacres, de pillages et de saccages.
54Pour le cas présent, nous pouvons noter que Jules II prit le contrôle politique de la ville, dans la mesure où il imposa ses propres choix politiques, sans avoir recours aux techniques militaires d’usage pour une prise de ville « classique ». En effet, « la guerre reste toujours un instrument avec lequel un État décide d’assaillir un autre État ou ses dépendances », l’objectif étant de « s’en emparer ou de lui imposer ses propres directives ». La « guerre est dans un certain sens synonyme de force ou de violence »48.
55Les méthodes du pontife, bien moins agressives, ont laissé place à l’ingéniosité, à la subtilité de l’art de gouverner. Non seulement le pape sut attendre le moment propice pour agir, mais, ce faisant, il laissa sa proie s’affaiblir financièrement et politiquement pour mieux la neutraliser. À tel point que, pour ne pas risquer le pire, les souverains mantouans étaient prêts à accepter toutes les conditions qui leur étaient proposées.
56S’ajoutent à cette tactique quelques malins subterfuges, tels que la menace, le chantage ou bien le mensonge, des subterfuges dont le souverain pontife su user à bon escient et surtout avec habileté. Il eut l’art et la manière d’entreprendre ses projets en ne laissant paraître que leurs aspects bénéfiques, comme ce fut le cas pour la nomination de François Gonzague à la tête de l’armée vénitienne.
57Jules II employa l’un des deux instruments capitaux dont un chef de gouvernement doit être doté, selon Machiavel : non pas la « force » mais la « ruse ». L’intellectuel florentin différenciait clairement ces deux armes : « Vous devez donc savoir comment il y a deux façons de combattre : l’une avec les lois, l’autre avec la force ; la première est propre à l’homme, la deuxième aux bêtes. Mais parce que très souvent la première ne suffit pas, il convient de recourir à la seconde »49. En se référant à la définition que propose Christian Bec, nul doute : la ruse « est simulation et dissimulation, infidélité opportune à la parole donnée et au traité signé, flatterie et démagogie, manipulation des individus, des parties et des masses »50.
58L’originalité de cette prise de ville réside dans la façon dont elle a été accomplie : en aucun cas par la force, uniquement par la « ruse ». Cet exemple témoigne de ce qu’était aussi l’art de la guerre au XVIe siècle. Ce qui pouvait se conquérir par la violence, la force, les actes belligérants, pouvait aussi s’acquérir par des manœuvres et des stratagèmes politiques qui mettent en évidence l’importance et la nature de l’art de la diplomatie.
59Cependant, la ruse permettait-elle de prendre efficacement une ville ? Pour sa part, Machiavel semble bien peu convaincu.
Notes de bas de page
1 Georges Livet, Guerre et paix de Machiavel à Hobbes, Paris, Armand Colin, 1972, 395 p., p. 17.
2 Ibid., p. 21.
3 Luciano Pezzolo insiste sur la diversification des armes, l’accroissement du nombre de soldats et la multiplication de leurs spécialisations, déjà à partir de la seconde moitié du XVe siècle. De surcroît, il met l’accent sur les répercussions économiques, de plus en plus conséquentes, de ce phénomène, Esercito e stato nella prima Età Moderna. Alcune considerazioni preliminari per una ricerca sulla Repubblica di Venezia, dans AA.VV., Guerre, stati e città. Mantova e l’Italia padana dal secolo XIII al XIX, Mantova, Gianluigi Arcari, 1988, p. 13-29.
4 Daniela Ferrari évalue l’importance et l’évolution des sciences militaires, notamment de la famille Gonzague, Ingegneri militari al servizio dei Gonzaga nel Cinque e Seicento, dans AA.VV., Guerre, stati e città, cit., p. 263-294.
5 Luzio, La reggenza d’Isabella d’Este durante la prigionia del marito (1509-1510), dans « Archivio storico Lombardo », 4e série, vol. XIII, Milano, Cogliato, 1910, p. 5-104 ; lettre de François Gonzague à Suardino, le 22 mars 1509, p. 6 : « Seguì lui (envoyé véniten Carlo Valerio) cum dire che hora non si tractava di abbassar la possanza venetiana, ma di extinguer tutto il nome italiano, e che considerassimo ben al facto nostro ».
6 Ibid., p. 7 : « […] Di novo ci ha rimandato Frate Anselmo a pregarci che non vogliamo dar infamia al nostro nome che su le historie sia scritto che siamo stati causa della ruina loro per dar il stato suo al Re di Franza […] ».
7 Ibid., p. 6 : « […] perché in nostra mano consiste la salute e distrutione de la Signoria la qual mandava a pregarci che volessimo esser al suo soldo con quelle honorevoli condictioni che sapevamo desyderare, extendendosi pur assai in excusar le cose passate, e volendoci persuadere che venetiani sempre ci hanno portato uno tenero amore, e ci offerse sessanta millia scudi […]. Egli ci confessò liberamente che non havevano fundamento, né in papa, né in Alemagna, né in Spagna, ma sol in noi, a cui accrescerebbeno soldo fin in octanta millia ducati cum titulo de capitano e locotenente […] ». Ibid., p. 7 : « […] Di novo ci ha rimandato Frate Anselmo a pregarci che […] se volemo centomillia ducati ce gli daranno […] ».
8 Ibid., p. 6 : « Al che respondessimo brevemente che non potevamo attendere a queste lor offerte perché havevamo sempre expectato questa occasione di servir il nostro patrone il Re di Franza, de la servitù del quale dio non ce potria voltare ». Ibid., p. 7 : « E volendo egli replicar che gloria grande seria la nostra haver a questo tempo difeso il nome italiano, lo rebutassino cum le genti del Re perché andarebbeno in fumo, e gli offeressimo cinquantamillia scudi in nome del Re, se li volevano dar la bataglia, e voltatoli le spalle partissimo facendoli dir che a posta sua poteva ritornar a Venetia. […] Di novo ci ha rimandato Frate Anselmo a pregarci che […] quando altro non ce mova almeno ce inclini il pericolo suo che c’è bon compatre e servitor, che sel va cum questa nova a Venetia li seria tagliata la testa ; li facemo rispondere che tanto apresso noi pò la fede del Re, che se ci dessino el doppio denari, e dua tanta stato, non saressimo mutabili, e che se li è di periculo l’andar a Venetia lo consigliamo andar de longho a butarsi alli piedi del Re che come clementissimo lo acceptarà, e defensarà ».
9 La correspondance du marquis démontre qu’il se rendit à Legnago, sollicité par Louis XII, pour apporter son aide à l’Empereur, cf. Cesare Mozzarelli, Mantova e i Gonzaga dal 1382 al 1707, Torino, Utet, 1987, p. 211.
10 Roberto Cessi proposa, à la même époque que Luzio, un article à ce sujet : La cattura del marchese Francesco Gonzaga di Mantova e le prime trattative per la sua liberazione, dans « Nuovo Archivio Veneto », vol. 25, 1913, p. 144-176. Pour les détails de l’organisation de cette capture, cf. p. 145-153. L’ouvrage de Mazzoldi Leonardo, Mantova : la storia, vol. II, Da Ludovico II marchese a Francesco II duca, Mantova, Istituto Carlo d’Arco, propose une analyse minutieuse de la période qui nous intéresse, cf. p. 210-216.
11 Cf. la lettre d’Isabelle d’Este à Sigismond Gonzague, légat pontifical à Macerata, le 8 août 1509, AG 2995, livre 21, lettre 74.
12 Lettre d’Isabelle d’Este à Pietro de Novellara, le 8 août 1509, AG 2995, livre 21, lettre 76 : « Vostra S. se imagini quanto noi restamo consternate et accorate per questo caso. Non semo perhò cossì perse de animo che non deliberamo de conservare questo stato illeso per quanto serà possibile. […] Pregamo V. S. che quanto la possi con bona licentia de la M. ta Crs, come che confidamo, la sii contenta transferirsi a noi più presto la possi perché quando l’habiamo qui ni repossarimo assai sul suo savio consilio et la sua amorevole prompteza alli commodi di la P. ta V. S. ni offerimo. Mantuae VIII Aug. ti 1509 ».
13 Lettre d’Isabelle d’Este à Ludovic Pic de la Mirandole, le 8 août 1509, AG 2995, livre 21, lettre 78 : « Conte. Siamo certi che alla S. V. dispiacia sumamente la presa dil S. nostro […] et voluntieri acceptaressimo il consiglio suo de acquietarni, quando podessimo. Ma ben che siamo fuora di nui, et senza cervello, non dimeno non havemo manchato alla provisione necessaria, si per sicureza dil stato, come per liberatione dil S. nostro havendo mandato homini nostri al Papa, al Imperatore et al Re di Franza, resta solum che la S. V. per nostro singular contento, et interesse, non meno dil Papa, del Imperatore et di la S. V. cha nostro proprio, che la resti alle confini di questo stato fin tanto che siamo ben chiare di quel che farano li inimici. […] Mantuae VIII Aug. ti 1509 ».
14 AG 2995, livre 21, lettre 109, au bas de celle-ci sont mentionnés les noms suivants : « scriptum fuit in simili forma, mutatis mutandis, D. no de Angulem, D. Duci Borboni, D. Ducissae Borboni, D. de Tramoglia, D. Bascho, D. Duci Sabaudiae, D. Marchioni Montisferrati, et D. Marchioni Salutiarum, D. Confalonerio Florentiae, D. Prioribus Comunis et Capitaneo Populi Senensis, D. Antonio et vexillifero Justiciae Populi Lucensis, D. Pandolpho Petrucio ». Une autre lettre datée du 12 août 1509 est adressée à trois destinataires, AG 2995, livre 21, lettre 110 : « Ill. mi Ducibus Saxonie et Bavarie et Marchioni Brandeburgensi in simili forma ».
15 Lettre d’Isabelle d’Este à la Reine de France, le 11 août 1509, AG 2995, livre 21, lettre 109 : « Io vi supplico madama tanto humilmente […], che vi piaccia essere sua advocata e mia appresso la P. ta M. tà havendo rispecto madama al infortunato caso accaduto, agnello ch’el mio P. to S. re era humilissimo e lealissimo servitore di S. M.tà e non desyderava se non fargli servicio, e credeti madama che se non fusse la speranza ch’io ho ne la P.ta M.tà e in voi, che con le mie proprie mane credo me serei occisa, che credo assai meglio me seria che senza il mio S.re restare viva ».
16 Luzio a retranscrit cette lettre datée du 9 août 1509 : « Tout à cette heure j’ay sceu par mon cousin le Cardinal de Ferrare vostre frère de la prise de mon cousin le Marquis vostre mary, dont il me desplaist de tout mon cœur et tant que plus ne pourroie et quant il eust voulu croyre mon conseil et ce que je luy ay tusiours escript et mandé la chose ne fust advenue. […] Et présentement envoie mons. D’Alegre avecques cent hommes d’armes devers V. S. pour se mettre dedens Mantoue et là faire entièrement tout ce que vous luy ordonnerez. Pareillement escrips au S.r Jehan Jaques assembler ung bon nombre de gens et qu’il se tire le long de vostre frontière tant pour donner faveur à vos affaires que pour tenir le pays en seureté pour vous », Luzio, op. cit, p. 17-18, n. 2.
17 Cf. AG 2995, livre 21, lettre 106 pour la lettre qu’elle écrivit à l’Empereur le 11 août 1509.
18 Lettre d’Isabelle d’Este au Roi de France, le 12 août 1509, AG 2995, livre 21, lettre 107 : « Non mi pare essere necessario prevalerme de le gente d’arme di la M.tà V., perché monstraria diffidenza de ditti populi, cosa che in questi tempi potria nocere ».
19 Lettre d’Isabelle d’Este à la duchesse d’Urbin Élisabeth Gonzague, le 26 août 1509, AG 2995, livre 21, lettre 151 : « Lo Imperator vorria fanti et artigliarie […]. Il negarli è periculoso. Il compiacerlo è impossibile ».
20 À plusieurs reprises, l’Empereur demanda à la marquise de lui fournir une quantité suffisante de blé, nécessaire au ravitaillement des troupes. Cette dernière, avant tout soucieuse du bien-être de son peuple, essaya de se défaire à de telles exigences : AG 2995, livre 23, lettre 85, Isabelle d’Este à l’Empereur le 15 janvier 1510 : « Ho visto quanto la M.tà me ricerca con sue littere ad subvenire Rovereto de grano de questo stato, et mi dole fin al core di essere ricercata da ley in cose impossibili dove io non gli possa demonstrare la mia fidel observantia. Et levare grano adesso de questa terra et stato serria tore el vivere ad questo populo […]. Et bisognandomi subvenire di grana ad Asula et altre terre de questo stato che patiscono fame mi è stato necessario mandarne a tore in Parmesana con gran spesa in bona quantità. Per tanto prego humilmente la M.tà V. che la se degni de excusar tanta necessità et in sua bona gratia devotamente me racc.do ». AG 2995, livre 23, lettre 92, Isabelle d’Este à l’Empereur, le 20 janvier 1510 : « Volentieri io haverei compiaciuta la M.tà S. como obsequentissima sua serva de lassare condure fuori de questo stato le mille some de grano […]. Ma […] ritrovo che questo populo et altri subditi di questo stato non hanno da potere ben andare fin al racolto senza gran carestia, et già alcune terre cominciano ad sentire fame recolto per le molte cavalcate et continui allogiamenti de genti d’arme […]. Dolmi molto de bisognar negare questo ad S. M.tà, la quale supplico honorevolmente se degni excusar la presente necessità. Desidero haver altri occasioni de monstrarli la mia fidel observantia che questa è impossibile ».
21 Luzio, op. cit, p. 28-29.
22 Lettre d’Isabelle d’Este à Giacomo d’Atri, le 29 septembre 1509, AG 2995, livre 22, lettre 60 : « Il Re nostro non si contentava che hora si facessi pratica di far contracambio cum Venetiani di la persona del Ill.mo Seg.r. Et per signo di magior humiltà acceptassimo le ragioni che sua Maestà allegava che anchora non fusse tempo di tractare questo, per non dare causa de difficultare più questo contracto ».
23 Ibidem : « Ma si como ni acquietavamo in questa parte vedendo sua M.tà non acconsentire alla pratica dil contracambio non cussì renunciassimo, che se avesse a mandare uno homo dil Re cum quel dil Summo Pont. e de l’Imperator a Venetia a procurar ultra la salvezza dil Seg.r. et secureza da veneno et boni tractamenti, qualche cosa circa la liberatione ».
24 Luzio, op. cit, p. 29.
25 Lettre d’Isabelle d’Este à la duchesse d’Urbin Élisabeth Gonzague, le 26 août 1509, AG 2995, livre 21, lettre 151 : « Né credo che la S. V. et la S.ta di N. S., come prudentissime, non cognoscano, che essendo il Sig. mio in captività, il stato in periculo cum innumerabile spese, che occurreno cum una miserabil povertà de dinari, che non gli seria ordine ne honore cossì presto di mandare nostra figliola a marito ».
26 Lettre d’Isabelle d’Este à Giacomo d’Atri, le 4 décembre 1509 AG 2995, livre 23, lettre 18 : « La Ill.ma Sig.ra Duchessa de Urbino è qui con una gran et honorevole cavalchata. Noi l’honoriamo con gran spesa, ma voluntieri, fra dui o tri dì se ne andarà menando seco la nostra Duchessa giovane. La quale inviamo molto voluntieri sperandoni molto magiore favore in le cose nostre da la S.ta de N. S. tanto più che intendemo sua Beat.ne volerla a Roma col Duca fra pochi dì dove si celebrarano le noze pontificali ».
27 Lettre d’Isabelle d’Este à Éléonore Gonzague, le 6 janvier 1510, AG 2995, livre 23, lettre 74 : « Intendemo che seti per andare presto ad Roma, dove non dubitamo che sarreti racolta con gran delectione da la S.ta de N. S., racordative de usare in tempo del favore de sua Beat.ne ad beneficio del Ill.mo S.vostro patre, perché principalmente per questo ve vedemo andare volentieri ad quella corte. Semo ben perhò certe che V. S. habbi questo a core sopra ogni altra cosa ». AG 2995, livre 23,lettre 94 à Éléonore Gonzague du 22 janvier 1510 : « La S.ria vostra sa che tutta la speranza nostra de la presta liberatione del Ill.mo S.re suo patre è reposta in questa andata sua a Roma, perhò gli recordammo ad fare apresso la Santità de N. S. gagliarda opera circa questo servendovi principalmente in questo del gran favore che havereti là, con animo che se questa occasione passasse senza fructo, non vedemo quando più sperar fine a la miserabil sorte in che semo ». AG 2995, livre 23, lettre95 à Élisabeth Gonzague du 22 janvier 1510 : « Mo che la S. V. è per andar presto a Roma, mi pare de recordarli quel che mai non credo havere recordato asai, anchora che so quanto el gli sia ad cuore, cioè de procurare instantissimamente la liberatione del Ill.mo S.re mio, che quando passasse questa occasione de questa andata, in la quale V. S. sa quanta speranza ho reposto, non saprei quando più sperare fine a questa mia desgratia et prego de là la mi scrivi spesso e sopra ogni momento, che starò in continua expectatione. Spero che lo Ill.mo S. Duca farrà ogni opera et favore alla causa nostra appresso la S.tà de N. S., la S.ria V. se degnarà perhò de sollicitare sua S. ». Elle exprima tous ses espoirs à ses fidèles correspondants : AG 2995, livre 23, lettre 78, Isabelle d’Este à Giacomo d’Atri le 7 janvier 1510 : « Per altra nostra vi significassimo como la Ill.ma Sig.ra Duchessa di Urbino et gli dui sposi erano in procincto per andare ad Roma, chiamati da la S.tà di N. S., ni la quale andata speramo molto ad beneficio et liberatione del Sig.r nostro » et cf. AG 2995, livre 23, lettre 84 du 13 janvier 1510. AG 2995, livre 23, lettre 79, Isabelle d’Este à Brognolo le 8 janvier 1510 : « Secondo li avisi che havemo da Urbino, lo Ill.mo Sig.re Duca e le due Duchesse sono per inviarsi per venire a Roma chiamati dalla S.ta de nostro Sig.re et noi gli vedemo voluntieri andare sperando che possino far bon giovamento al Ill.mo Sig.re nostro consorte per liberare sua Sig.ria. Voi al tempo sollecitareti le loro Sig.rie ad fare il possibile con quella diligentia che sapemo fareti et ad che anche vedemo loro molto prompte ».
28 Lettre d’Isabelle d’Este à Giovanni Gonzaga, 31 janvier 1510, AG 2995, livre 23, lettre 113 : « Noi havemo de aviso che le nostre duchesse de Urbino dovevano partire a 27 de presente per andare a Roma, et che la S.ta de N. S. le expectava con gran festa » et la lettre d’Isabelle d’Este à Giacomo d’Atri, 9 février 1510, AG 2995, livre 23, lettre 125 : « Le duchesse nostre se invioreno a Roma già più dì et a quest’hora deveno esservi gionte. Immediate detro gli havemmo expedito el Brugnolo ».
29 Lettre d’Isabelle d’Este à Jules II, 4 février 1510, AG 2995, livre 23, lettre 120 : « Poi el baso di S.ti pedi et la mia humile commendatione, quel che da parte mia dirrà a V. S.tà el Brognolo mio mandato è lo evangelio, apparecchiata ad starni ad ogni parangono, perché prima vorei morire che offenderla né venire in sua disgratia, havendo in lei collocata la speranza de la liberatione del S.re mio et conservatione di questo stato ».
30 Lettre d’Isabelle d’Este à Giacomo d’Atri, 3 février 1510, AG 2995, livre 23, lettre 119 : « Havemo gran piacere intendendo che ‘l Re dissegna di venire in Italia perché ne speramo la liberatione del Ex.mo Seg.r nostro, quando non gli sia altra via che la forza. Tutto el discorso che mi fati di le dimostrationi dil Re et Regina verso noi ni è stato gratissimo et ne pigliamo gran consolatione, voi a tempo ne ringratiareti in nostro nome loro M.tà ».
31 Cf. la lettre d’Isabelle d’Este à Suardino, 12 février 1510, AG 2995, livre 23, lettre 127 : « Venetiani siano per ricevere la absolutione apostolica senza capitularsi, ne farsi mentione de la liberatione del P.to Seg.r nostro ».
32 Lettre d’Isabelle d’Este à Élisabeth Gonzague, le 13 février 1510, AG 2995, livre 23, lettre 129.
33 Cf. la lettre d’Isabelle d’Este à Suardino, 12 février 1510, AG 2995, livre 23, lettre 127 : « Pareria ben difficile che sua M.tà havesse acconsentito senza che si havesse intesa la liberatione dil Sig.r nostro ».
34 Cf. la lettre d’Isabelle d’Este à Giacomo d’Atri du 13 février 1510, AG 2995, livre 23, lettre 128, §2.
35 Ivan Cloulas, Jules II le pape terrible, Paris, Fayard, 1990, p. 179.
36 Lettre d’Isabelle d’Este à Donato De Preti, le 17 mars 1510, AG 2995, livre 24, lettre 14 : « […] Pur circa la richiesta di Federico nostro charo primogenito, oltrache a chi sa che cosa è amor materno pari assai dura et quasi inhumana più cose anchor et la fanno difficile et impossibile exquirla, se ben siamo più che certa che la persona sua fosse ben vista et collocata appresso la M.tà sua quanto potessimo desyderare. Lassamo da parte la tenera et delicata età dil garzonzello, il longo et aspro viaggio. Dovete sapere che nel caso miserabile dil S. nostro consorte, quanto rifugio et alleviamento havemo, e la presentia di questo charo figliolo di gran conforto et speranza a questo populo e subditi, dil qual chi ne privasse ne privaria dil anima et de ogni nostro bene, da tuorni la vita et il stato e da tuorni Federico non gli sapemo differentia alcuna. Possete liberamente rispondere per hora et ogni volta che vi ne sia parlato et noy paterissimo ogni extermino prima che tolerare de esser private della presentia dil figliol nostro ».
37 Luzio a retranscrit cette lettre, op. cit., p. 51-53, lettre d’Isabelle d’Este à Suardino, le 7 mai 1510 : « Quando credevamo essere in la magiore confidentia et gratia de la Ch.ma M.tà che fussimo mai, per le fidele opere et actioni nostre, note non solum a lei et al gran M.ro ma a tutta Italia, siamo remaste defraudate de la opinione nostra, havendoni Sua M.tà mandato il S.r Vesconte [Galeazzo] a richieder Federico nostro primogenito […]. Direti a sua Ch.ma M.tà che non negamo che ‘l non stesse meglio presso S. M.tà cha a noi, quanto sii per imparar virtù et pratiche conveniente a Signori, et che non gli havesse a resultare in grandissimo beneficio et honore, ma sol dubitamo, anzi semo certo che ‘l moreria non potendo per la tenera età et delicata complexion sua comportare il cavalcare et la mutatione de l’aere et costumi. Se per caso accadesse sinistro alcuno alla persona sua, noi creparessimo di dolore et Sua M.tà ne sentiria dispiacere, ma quando fusse in più adulta età haveressimo de gratia che la se dignasse di volerlo alli servicii suoi ».
38 Le 13 juillet 1510, la marquise remerciait la duchesse d’Urbin, Élisabeth Gonzague, d’avoir envoyé à Venise l’un de ses messagers qui put ainsi lui apprendre la nouvelle, AG 2995, livre 25, lettre 72.
39 Lettre d’Isabelle d’Este à Battista Scalone, le 16 juillet 1510, AG 2995, livre 25, lettre 74 : « Ma per ciò non troviamo che ‘l si sii provisto alla liberatione del S. Anci, mi pare essere remisso in nova pregionia ».
40 Il est toutefois important de rappeler que François Gonzague avait déjà assumé le grade de capitaine général de l’armée vénitienne. Soupçonnant l’alliance de Mantoue et du roi de France, la Sérénissime le déchargea de ses fonctions en 1497. Cf. Mozzarelli, op. cit., 1987, p. 45-46 et Mazzoldi, op. cit., p. 149-153.
41 Luzio a reproduit cette lettre, op. cit., p. 42-44, Isabelle d’Este à Élisabeth Gonzague, le 17 février 1510 : « Ma mi dole che cum simili modi debbeno cruciare et disperare Sua Ex. la quale tengono spesso cum nove inventioni et arti in speranza di presto liberarla, poi cum altre gie la levano, dandoli intendere chel mal governo nostro ne sii causa, et che mò seria posto in una casa in Venetia, quale dicono li haveriano preparata honorevolmente se ‘l Cardinale et io havessimo servati gli modi che dovevano servare. […] Ma quello che al Cardinale et a me dole è che ni concitano el Sig. Marchese contra, et lo provocano a dir mal di noi […]. Nondimeno, essendo io di carne et ossa come sono, vengo molte volte in desperatione de levarmi da questo infelice governo et lassare il stato in abbandono ».
42 Luzio a reproduit cette lettre, op. cit., p. 56-57, Isabelle d’Este à François Gonzague, le 14 mai 1510 : « Ho visto quanto mi ha scritto la S. V. […] che voglia mandarli subito Federico nostro figliol per potersi liberar. La S. V. debbe esser certa che non desydero alcuna cosa al mondo più di questa, ma mi doglio et crucio non poterlo fare per cognoscer manifesto periculo, anzi certa, de la ruina dil stato, di figlioli et de la persona vostra, consyderando che se ben Federico si ritrovasse in Venetia non haverissimo però sicureza de la libertà di V. S., anzi seria causa di confirmarlo più tempo in pregione, ritrovandosi lei et lo figliol lì, che seria doppio affanno vostro e mio ».
43 Luzio propose un document très intéressant, op. cit., p. 57, extrait des Diari de Sanudo (vol. X, col. 327), lequel a immortalisé la première réaction du marquis immédiatement après avoir pris connaissance de la nouvelle : « Io mil pensava, poiché eri non vene nulla, quella putana di mia moier è sta causa, pianzendo e dolendosi grandemente ; dicendo : mandeme in campo sollo, dè quel volè di me, ho perso il stado e l’honor e la liberation a una bota ».
44 Le 22 juillet Isabelle d’Este écrivait à son époux, AG 2995, livre 25, lettre 93 : « Ill.mo Seg.r mio, intesa dal Conte Guglielmo l’ultima voluntà di V. Ex.tia circa il mandare Federico a Bologna, ho commesso ad Alessio che ‘l conduca et cussì questa sera montarà et andarà la nocte, parte a cavallo et parte in caretta, a Gonzaga per esser domatina alla moglie dovi V. Ex.tia ordinarà che alle confini dil mantuano et Carpi si ritrovi la persona et scorta che l’haverà a condure de lì a Bologna secundo l’ordine per ley dato ».
45 Lettre d’Isabelle d’Este à Giacomo d’Atri, le 18 juillet 1510, AG 2995, livre 25, lettre 85 : « Secundo l’ordine el (le marquis) dovea andare de lì a Roma, pur de commissione de la Sta de N. S. viene a Bologna, dove forsi mo è gionta sua EX.a. Non intendemo anchora ad che fine né quel che habbi ad essere più oltra ».
46 Mario Equicola, Istoria di Mantova, Bologna, Forni Editore, 1968, 307 p., p. 264.
47 Cf. Mazzoldi, op. cit., p. 218 et 251.
48 Enrico Stumpo, Vel domi vel belli. Arte della pace e strategie di guerra fra Cinque e Seicento. I casi del Piemonte sabaudo e della Toscana Medicea, dans AA.VV., Guerre, stati e città, cit., p. 53 : « […] la guerra resta sempre uno strumento con cui uno stato decide di aggredire un altro stato e le sue dipendenze, allo scopo dichiarato di impossessarsene o di imporgli le proprie direttive. Guerra in un certo senso è sinonimo di forza o di violenza ».
49 Machiavel, Le Prince, chap. 18, dans Œuvres complètes traduites par Christian Bec, Paris, Robert Lafont, 1996, 1386 p, p. 153.
50 Machiavel, Introduction des Œuvres complètes traduites par Christian Bec, Paris, Robert Lafont, 1996, 1386 p, p. XI.
Auteur
Université de Provence, Département d’italien, Espaces, culture et société
Thèse : Le sentiment amoureux dans les traités du Primo Cinquecento, 2003.
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