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Le siège des Suisses à Dijon en 1513

The Siege of Dijon by the Swiss in 1513

p. 17-32

Résumés

Les réactions des Dijonnais face à l’armée suisse envoyée par Marguerite d’Autriche et l’empereur Maximilien afin de récupérer le duché de Bourgogne sont ici étudiées. La diversité des sources (délibérations et comptabilité de la ville, témoignage oculaire, récits, tapisserie relatant la procession religieuse) permet d’envisager toutes les dimensions. Le résultat de l’enquête montre que le siège n’a pas eu une grande postérité tant dans l’historiographie locale que nationale. Pour le parti « pro-impérial », le retrait de Maximilien ainsi que la violence de l’attaque ne pouvaient pas être considérés comme des faits positifs. Du côté français, bien d’autres événements étaient susceptibles d’entrer dans la mémoire collective et seule l’attitude du gouverneur Louis II de La Trémoille a été exploitée. Enfin, les Dijonnais ont surtout retenu le fait que la ville a été miraculeusement épargnée, comme le montre la tapisserie.

Our purpose is to explain how the Dijonnais as the inhabitants of Dijon are known reacted to the Swiss invasion sent by Magareth of Austria and Emperor Maximilian to recover the dukedom of Burgundy. Since we have numerous and various documents (such as municipal deliberations and accounting, evidence by eyewitnesses, personal accounts, tapestry of a religious procession), it is possible to study this siege from many stand points. In fact, this event disappeared quickly from memory at the local and national levels. The French had more important events to dignify their royalty (only, the acts of the governor Louis II de La Trémoille were used by contemporaries). On the other hand, the withdrawal of Maximilian and the violence of the attack couldn’t be interpreted as positive by the “imperial” party. The Dijonnais kept in mind the fact that the town had been saved by the presence of the Virgin as a tapestry shows.


Texte intégral

1Le siège de Dijon par les Suisses en septembre 1513 n’a guère retenu l’attention des historiens, sans doute parce que la « défaite » des Français a préservé la Bourgogne et la France d’une invasion, et de ce fait n’a pas bouleversé le cours de l’histoire1. En outre, on ne peut guère y voir l’apparition ou la mise en pratique d’une stratégie militaire novatrice, ni le déroulement d’actes héroïques, ni des meurtres sanglants, ni des destructions massives qui placeraient cet épisode de l’histoire militaire sous Louis XII parmi les plus marquants2. Dans le cas présent, nous sommes bien loin des épisodes tragiques du sac de Rome, de celui de Prato ou encore de la prise de Cabrières d’Avignon3. Pourtant, l’abondance et la diversité des sources conservées autoriseraient une enquête mettant en valeur les multiples facettes. En effet, tant du côté suisse que du côté français, ce siège a laissé de nombreuses traces écrites4 : texte du traité, archives de la ville de Dijon (délibérations, comptes, devis et mémoires de travaux de fortification, etc.)5, correspondances officielles, récits de contemporains (relation de Pierre Tabourot, témoin oculaire6, de chroniqueurs comme Jean Bouchet ou de militaires comme Robert III de La Mark, seigneur de Floranges)7. Enfin, une tapisserie, réalisée sans doute dans les années qui suivent l’événement, donne une interprétation visuelle et met en avant l’intervention de la Vierge qui conduit au départ des agresseurs (fig. 1)8. La logistique et les dispositifs militaires en vigueur à la fin du règne de Louis XII pourraient être cernés en partie ainsi que les « lieux communs » relatifs à un siège. La position géographique stratégique de Dijon, située à la frontière avec les possessions des Habsbourgs, et son histoire (ancienne capitale du duché de Bourgogne) confèrent à ce siège une dimension supplémentaire. La prise de cette ville aurait pu être perçue comme un enjeu politique d’envergure, un symbole des rivalités politiques européennes. L’analyse des réactions des Dijonnais pourrait aussi donner des indices sur leur attachement au roi de France ou à l’empereur. C’est cet aspect, souvent négligé dans l’historiographie bourguignonne, qui retiendra ici l’attention.

2Après l’échec subi par les Français à la bataille de Novarre en juin 1513, les Suisses, brouillés avec Louis XII, encouragés par l’empereur Maximilien et Marguerite d’Autriche, qui souhaitent recouvrir le duché de Bourgogne, et persuadés de recevoir une forte solde de la part d’Henri VIII, qui mène des combats contre le roi dans le Nord, pénètrent en France à la fin du mois de juillet avec l’idée de se diriger ensuite vers Paris. Averti, Louis XII envoie sur place Louis II de La Trémoille, gouverneur de Bourgogne, avec pour mission d’organiser la défense de la frontière orientale. La défaite de Guinegatte, le 16 août, face aux Anglais, finit de convaincre les Suisses de leurs chances et plongent les Français dans une vive inquiétude. Le 6 septembre, les Suisses s’établissent devant Dijon et deux jours plus tard commencent les bombardements9. Le lendemain, ils installent une seconde batterie d’artillerie de l’autre côté de la ville en prenant garde de se placer hors d’atteinte du château. Ils mettent ainsi la ville entre deux feux. Le 11 septembre, les attaques redoublent et à plusieurs reprises, des boulets causent de graves dommages aux édifices dijonnais et de larges brèches dans les murailles. Le jour suivant, les Suisses veulent pénétrer par ces brèches mais sont arrêtés par les retranchements réalisés en toute hâte à l’intérieur des murailles et par la garnison placée de l’autre côté du fossé, derrière des palissades10. C’est aussi ce jour-là que la statue de la Vierge à l’Enfant conservée dans l’église Notre-Dame est transportée de par les rues dans une procession solennelle11. Le lendemain, le gouverneur négocie un traité plus que favorable aux Suisses qui inclut l’abandon par la France de toutes ses possessions italiennes, la dénonciation du concile de Pise ainsi qu’une très lourde indemnité pour les cantons (400 000 écus). Les Suisses lèvent le siège après avoir reçu un acompte de 25 000 livres réuni en toute hâte par les habitants12. Ils emmènent avec eux cinq otages comme garants (René d’Anjou, seigneur de Maizières, neveu du gouverneur et lieutenant-général du gouvernement de Bourgogne, le bailli, Jean de Rochefort, et trois échevins dijonnais : Bénigne Serre, Jean Noël et Philibert Godran).

3Dirigée par Jacques de Watteville, capitaine de Berne, Henri Winckler, capitaine de Zürich, Jean Marti, capitaine de Lucerne, des Allemands et des Hennuyers commandés par Ulrich de Wurtemberg, auquel s’ajoute un petit contingent comtois, conduit par Guillaume de Vergy, l’armée suisse munie d’une artillerie puissante compte environ 35 000 hommes. Les Français ont à lui opposer 4 000 hommes, en tenant compte de la garnison de Dijon, ainsi que 600 hommes de cavalerie, auxquels s’ajoutent les troupes du gouverneur d’Orléans Lancelot Du Lac. La puissance de feu est également moindre13. Louis II de La Trémoille est toutefois entouré d’hommes de confiance, de solides soldats rompus aux campagnes d’Italie (ainsi Jean de Baissey, grand écuyer de Bourgogne, Robert Stuart d’Aubigny, Jacques de Daillon, Jacques d’Amboise et les capitaines Malabre, Carquelevant et Framezelles). Mais La Trémoille se doute que les fortifications dijonnaises n’offriront pas de résistance suffisante à une artillerie moderne qui emploie les boulets métalliques14. Dijon, comme de nombreuses villes du royaume, n’a pas eu les moyens financiers ni le souhait de moderniser entièrement ses murailles, encore faut-il ajouter qu’à cette date la réponse technique à la puissance de l’artillerie n’est pas encore apparue de façon définitive15. Mais contrairement à ce qui est couramment avancé, les fortifications dijonnaises ont été transformées pour faire face, autant que faire se peut, aux progrès de l’artillerie tant sous les ducs de Bourgogne que depuis le rattachement du duché au royaume de France16. En outre, après la perte de Milan en 1512, la royauté s’était préoccupée de sa frontière orientale, et ordre avait été donné aux Dijonnais de remettre en état l’ensemble de l’artillerie et de réparer l’enceinte17. Si l’artillerie est vérifiée et renforcée, les travaux de fortification ne semblent pas avoir été effectués, la menace s’éloignant. Il n’en demeure pas moins que l’éventualité d’une attaque avait été envisagée. Celle de 1513 ne peut donc pas être considérée comme une attaque surprise.

4Louis II de La Trémoille adopte une stratégie défensive : réparations d’urgence aux murailles (élargissement des meurtrières, réfection et construction des bretèches sur les murs), édification de murs de terre maintenus par des palissades pour contenir les brèches éventuelles, établissement de plates-formes pour placer la grosse artillerie et érection de remparts de bois à l’entour des berles des portes. On compte les armes, on ordonne la fabrication rapide d’autres pour armer la population, on met en route des moulins pour la poudre et on institue le guet de jour comme de nuit tant aux portes de la ville que dans le clocher de Notre-Dame. On décide d’abattre les gros chiens dont les aboiements risqueraient d’empêcher d’entendre le son des ennemis et on interdit de sonner les cloches la nuit. On met en sûreté au trésor de la ville les inventaires de quatre procès au parlement. Dans le même temps, on assure le ravitaillement de la population. Tout ceci est effectué entre le 27 juin et le 31 août18. Enfin, le 4 septembre, deux jours avant la première attaque, les faubourgs situés hors les murs sont brûlés afin d’éviter qu’ils ne servent d’abri aux assiégeants comme on supprime les toits de paille pour prévenir tout incendie. En réalité, tous les dispositifs de protection indispensables lors d’un siège sont appliqués ici19.

5Sur le plan politique, le recul rapide des assiégeants s’explique facilement : le désintérêt d’Henri VIII, qui renonce à Calais, libère la frontière septentrionale, rendant possible l’arrivée de renforts en Bourgogne, et la décision de Maximilien de retourner en Allemagne laisse les Suisses sans solde, provoquant un certain émoi et des désaccords parmi les chefs militaires. En revanche, le traité leur permettait d’obtenir une très forte indemnité de la part des Français. Louis XII refusera de le ratifier arguant du fait que La Trémoille n’avait pas les pouvoirs nécessaires pour conclure un tel engagement. La brouille avec les Suisses persiste jusqu’en 1516, date de la signature avec l’ensemble des cantons de la « paix perpétuelle » qui prévoit notamment le paiement de 400 000 écus au titre des frais de l’expédition menée en 1513. Les différents acteurs de l’époque tout comme les historiens actuels s’accordent sur le déroulement ainsi que sur l’analyse et l’interprétation des événements. Personne ne remet en question la faiblesse de l’armée française ou l’inefficacité des fortifications dijonnaises, encore moins les conséquences politiques.

6Toutefois, pour certains contemporains, le départ des Suisses tient du miracle. Ce serait la procession et les prières des Dijonnais qui l’auraient permis. Ce secours du Ciel à la fois inespéré et attendu se fait d’une façon indirecte car la Vierge inspire le gouverneur lors des négociations, apaise la colère des Suisses, fait échouer l’assaut et enfin permet d’éviter toute effusion de sang parmi la population assiégée. Le souhait de commémorer cet événement voit le jour très rapidement puisque l’année suivante, les mépartistes de l’église de Notre-Dame de Dijon demandent à l’évêque de Langres, Michel Boudet, l’autorisation de mettre en place une procession et de fonder une confrérie, placée sous la protection de Notre-Dame du Bon-Espoir, ce qui leur est accordé par lettres du 2 septembre 151520. Dans le même temps, le 4 septembre 1514, l’assemblée générale des habitants prend la décision d’une procession générale commémorative annuelle le jour de la libération de Dijon. La statue de la Vierge de l’église Notre-Dame, mais aussi les reliques des saints vénérés dans la ville, seront portées par les rues. L’échevin Thomas Berbisey se fait le porte-parole de ce vœu21. Les deux documents rapportent les mêmes faits de façon presque identique. Au XVIIIe siècle, on prétendait que l’image de Notre-Dame serait apparue aux chefs suisses et que ceux-ci, une fois le traité signé, se seraient rendus auprès d’elle22. Pierre Tabourot juxtapose la procession et la signature du traité, faisant ainsi de la Vierge l’instigatrice de l’heureux dénouement. Il rapporte également qu’une Vierge à l’Enfant placée dans l’église Saint-Nicolas se serait couverte de sueur lorsque les maçons commencèrent à détruire l’église et que le Christ aurait tourné la tête en direction des faubourgs en feu23. Par crainte respectueuse, les maçons auraient alors renoncé à ce sacrilège et l’église aurait été épargnée24. La légende s’est donc rapidement emparée de l’histoire. Outre ces témoignages, le siège a laissé des traces visibles qui ont été conservées pendant longtemps dans la cité afin de garder en mémoire cet événement. Tous les boulets retrouvés avaient été entreposés dans la chapelle qui renfermait la statue miraculeuse et ils se voyaient encore dans l’église à la veille de la Révolution française. Enfin, une tapisserie relatant le siège, actuellement conservée au musée des Beaux-Arts de Dijon, ornait un des murs de la chapelle.

7Cette tapisserie est divisée en trois compartiments matérialisés par des colonnettes gothiques entourées de guirlandes qui permettent de répartir l’action en trois épisodes successifs. À gauche, sont montrés l’arrivée des Suisses et des lansquenets armés de piques, leur installation face aux murailles dijonnaises avec l’artillerie et les tentes ainsi que les bombardements de part et d’autre tandis qu’à l’intérieur de la ville apparaissent les troupes françaises, placées sous le commandement de deux capitaines de gendarmerie. L’étendard avec la roue héraldique de Louis II de La Trémoille et le drapeau timbré d’une croix blanche de la milice bourgeoise flottent au vent (fig. 2). Au premier plan, les cinq chefs militaires semblent en pleine discussion. Trois personnages sont debout. Le premier qui porte l’étendard du canton de Berne est selon toute vraisemblance Jacques de Watteville. Le second, au centre, est peut-être Ulrich de Wurtenberg, compte tenu de son costume civil (et d’apparat). Le troisième, identifié parfois avec Guillaume de Vergy, porte une armure complète. Les deux autres capitaines (Jean Marti et Henri Winckler ?)25, à cheval, ont revêtu une armure complète, tiennent une lance et paraissent s’entretenir des offensives menées contre la ville et surtout de la brèche ouverte par les canons. Au centre de la tapisserie, par les rues pavées de la ville, a lieu la procession placée sous l’apparition de la Vierge dans le ciel. Deux soldats, suivis par trois enfants de chœur, précèdent la statue portée par deux diacres. Le doyen de la Sainte-Chapelle, vêtu d’une grande chape fleur de lysée26, est placé en avant du cortège qui réunit les bourgeois de la ville (sans doute les premiers présidents du Parlement et de la Chambre des comptes ainsi que le maire et quelques échevins) et un nombre important de femmes avec leur dizain. Tous tiennent un cierge allumé, comme si on cherchait à montrer ici que toute la population apte au combat s’occupait de la défense de la ville27. Dans le dernier compartiment, Louis II de La Trémoille est agenouillé devant l’autel de Notre-Dame28, puis, à l’extérieur, on voit la conclusion de l’accord suivie du départ de l’armée. Dans le groupe des négociateurs, on peut identifier le gouverneur ainsi qu’un personnage richement vêtu (sans doute Humbert de Villeneuve, président au Parlement) accompagnés par trois gardes (un des gardes porte la livrée de La Trémoille reconnaissable à une roue).

8On a choisi délibérément de bien différencier les épisodes afin de rendre compréhensible l’histoire29. Toutefois, afin de donner sa cohérence au récit, la représentation de la ville avec ses monuments et ses fortifications apparaît en continu. La ville s’étend derrière les assiégeants, régnant ainsi sur l’ensemble. En outre, on a soigneusement mis en évidence la statue de la Vierge et la procession en utilisant une perspective différente pour le compartiment central ce qui permet d’augmenter la taille des personnages et de les faire s’avancer vers le premier plan. Ce sont donc le miracle et la procession qui sont mis en scène, preuve que l’on est en présence d’un ex-voto. Point de représentation de bataille ou encore de vue panoramique et topographique comme le font les artistes du Nord dans le cas d’une commande à la gloire d’un héros ou encore « civique »30. L’attitude recueillie et ordonnée des personnages de la partie centrale renforce cette unité et s’oppose à l’agitation des Suisses, situés au premier plan mais à l’extérieur. On matérialise ainsi l’opposition entre, d’un côté, l’unité de la ville et celle de son corps social (religieux et laïc) et, de l’autre, les discussions et les divisions des Suisses, ce qui pourrait signifier que la victoire et le salut sont survenus grâce à la cohésion du corps social urbain. Il convient d’apporter une nuance à cette interprétation car on a cherché à distinguer les protagonistes, en particulier on a accordé une attention particulière au gouverneur de Bourgogne.

9Une lecture attentive de l’œuvre montre la présence d’anecdotes subsidiaires au récit principal qui relèvent des codes de représentation presque obligatoires dans ce type de scènes et qui servent à évoquer la vie quotidienne d’une armée. Ainsi, dans le compartiment de droite, figure au premier plan un Suisse retenant son compagnon blessé par un tir d’arbalète provenant d’un Français posté en haut des murailles. Dans celui de gauche, on aperçoit une femme – leur présence est fréquente parmi les soldats – qui indique le départ des troupes ou encore plusieurs soldats faisant leur paquetage. On note aussi un souci de vraisemblance d’ensemble tant dans la représentation des costumes, des armes, de l’artillerie, que dans les pratiques militaires (il semble que les Suisses adoptent le système de la redoute). Enfin, certains détails révèlent une observation précise et réelle de la situation. Outre certains protagonistes, plusieurs monuments dijonnais sont identifiables31. La description de l’enceinte est certes imprécise, voire fautive (seules sont dessinées des tours rondes), mais on n’a pas manqué de bien matérialiser son aspect hétéroclite puisque se côtoient archères (ou archères-cannonières) et « embrasures à la française » ainsi que créneaux et mâchicoulis, ce qui correspond à l’idée que l’on peut avoir de ces fortifications où se mêlaient archaïsme et actualité défensive. Sont aussi figurés la brèche faite aux murailles et le parement intérieur en terre (qui assure une meilleure résistance aux chocs). Enfin, on n’a pas oublié le détail véridique du guetteur installé au sommet d’une tour de Notre-Dame. Les liciers étaient donc en possession de cartons précis réalisés par un peintre qui a vu et dessiné la ville tant pour ses monuments que pour ses fortifications, et qui a aussi bénéficié des conseils et/ou des exigences d’un témoin et acteur du siège, le commanditaire, selon toute probabilité.

10Dans ces témoignages littéraires et visuels, on retrouve des topoi propres à toute campagne militaire. Dieu choisit le camp des justes, qui sont en même temps les plus faibles, et leur apporte son soutien. En outre, procession laïque et/ou religieuse, création d’une confrérie signifient toujours, par-delà la volonté de commémoration, que la Cité s’approprie l’événement et assure ainsi la cohésion des différents groupes sociaux32.

11L’intervention de la Vierge n’a jamais reçu une quelconque attention hors du milieu dijonnais et bourguignon. Les « historiens » du règne de Louis XII mettent l’accent sur les réactions du roi à la lecture du traité. Ils ont retenu sa fureur contre le gouverneur qui a signé un traité aussi humiliant (en particulier la clause de l’abandon de toutes les possessions italiennes qui sont au cœur de la politique de Louis XII) puis le retour en grâce de La Trémoille parce que la frontière a été préservée à un moment crucial pour le royaume et parce que Louis XII avait l’argument juridique pour dénoncer le traité. L’habileté du gouverneur a toujours été soulignée. Face à un ennemi supérieur en force et en nombre, il aurait employé les seules tactiques possibles : la ruse et la persuasion, ce qui impliquait aussi de bien connaître les intentions et l’état d’esprit des adversaires afin d’utiliser au mieux leurs faiblesses. Les Français possédaient pour ce faire plusieurs atouts en particulier celui d’avoir des relations personnelles avec les Suisses, puisqu’ils avaient combattu ensemble en Italie. En outre, La Trémoille avait pris connaissance du fait qu’ils étaient sans solde et désemparés à la suite du retrait des Impériaux et des Anglais, et que des dissensions survenaient entre les chefs militaires. Proposer une forte indemnité était un moyen, si ce n’est le meilleur, de les voir se retirer sans pour autant perdre la face.

12Abstraction faite des louanges obligatoires vis-à-vis des actions du gouverneur, de son courage face à l’adversité et de ses talents de négociateur, on remarque qu’est également mise en avant l’attitude peu courageuse des Dijonnais. Dans sa lettre du 23 septembre 1513 adressée au roi, La Trémoille, se justifiant de la teneur du traité, explique que la situation était désespérée et il souligne « l’effarement » des habitants qui « se cachaient dans les caves »33. Jean Bouchet rapporte longuement le discours que le gouverneur aurait tenu aux habitants pour leur donner confiance, ce qui n’a guère eu d’effet puisqu’il ajoute « que la pluspart des aultres demourerent en leurs moulz vouloyrs, desquelz ledict seigneur de La Tremoille ne peult avoir bonne response qui luy donna maulvays espoir de bonne exécution »34. Floranges va jusqu’à douter de la fidélité au roi des Dijonnais puisqu’il écrit que le gouverneur devait se garder de ceux « de dehors et de dedans »35. Cet auteur reprend là une idée chère à la littérature militaire qui est que le plus grand danger vient toujours de l’intérieur, c’est-à-dire de la trahison des siens, et par voie de conséquence que toute fortification est inutile36.

13Le manque d’assurance des Dijonnais est compréhensible. Pierre Tabourot et Thomas Berbisey mettent tous deux l’accent sur la violence de l’attaque, cela est incontestable. À la lecture de la relation de Pierre Tabourot, on sent qu’il a été marqué par l’incendie des faubourgs qui abritaient, il est vrai, une population nombreuse. On a même l’impression qu’il condamne cet acte en rapportant l’histoire de la statue qui verse des larmes37. Enfin, il faut aussi garder en mémoire que Dijon n’avait jamais eu à subir de siège et qu’en 1477, elle avait ouvert ses portes à Louis XI. L’attaque des Suisses, précédée de la destruction totale des faubourgs, a dû provoquer un profond désarroi parmi les habitants, en particulier parmi ceux qui perdaient tous leurs biens. Quelques mois après le siège, le connétable de Bourbon inspecte l’ensemble de la défense et une garnison est installée dans la cité au grand mécontentement des échevins38. Doit-on interpréter ces faits simplement comme le résultat d’une prise de conscience de la fragilité de la place et de l’incapacité des habitants à se défendre39 ? Comme des signes d’une méfiance certaine du roi et du gouverneur envers les Dijonnais ? Peut-on y voir des indices permettant de conclure à l’existence d’un parti « bourguignon » pro-impérial ? Il reste un dernier point qui n’a que peu été relevé par les historiens. Les Suisses ont renoncé à la Bourgogne, qui était pourtant un des objectifs de cette campagne militaire, puisqu’il n’est fait aucune mention de son sort dans le traité40. Le rattachement de la Bourgogne au domaine royal ne soulèverait-il donc plus de controverses ? En réalité, les Suisses ont cédé sur ce point lors des négociations. Louis II de La Trémoille aurait argué du fait que les Suisses avaient vaincu Charles le Téméraire et qu’ils ne pouvaient pas se retourner contre le roi de France à qui ils avaient « donné » le duché. Jean Bouchet fait même dire à Louis II de La Trémoille que ceux-ci avaient reconnu que le duché de Bourgogne faisait partie de « la monarchie des Gaules » et qu’il ne pouvait pas tomber en « succession féminine »41. Il n’en demeure pas moins que le recul des Suisses sur ce point ne peut s’expliquer que parce que la question de Bourgogne n’est pas d’actualité sur la scène européenne.

14Force est aussi de constater que le siège n’a pas eu une grande postérité « historique ». La municipalité semble rapidement négliger cet épisode de son histoire car on ne retrouve plus mention des processions après les années 152042. Quant à celle organisée par Notre-Dame, son sort semble se confondre avec celle de la paroisse et la confrérie semble péricliter. C’est au XVIIIe siècle que la légende ressort43 pour prendre véritablement forme au XIXe siècle. Les historiens bourguignons des XVIe et XVIIe siècles comme Barthélemy de Chasseneuz44, Pierre Saint-Julien de Balleure45, Guillaume Paradin, Nicolas Vignier ou Philibert de La Mare, ne parlent pas du siège de façon explicite. Pourtant, toutes les informations étaient à leur disposition. Barthélemy de Chasseneuz connaissait le président au parlement de Dijon Humbert de Villeneuve qui avait fait partie de la délégation chargée de négocier le traité puis le retour des otages46. Philibert de La Mare détenait la relation de Pierre Tabourot47 mais aussi un manuscrit renfermant un grand nombre de textes du XVIe siècle favorables à l’intégration de la Bourgogne au domaine des Habsbourgs. Compilé et rédigé par Pierre Turrel (que connaissait également Chasseneuz) au moment de la défaite de Pavie, ce manuscrit comporte de nombreux poèmes en l’honneur de Maximilien et de Charles Quint ainsi qu’un résumé du traité48. On sait par ailleurs qu’il existait un parti « pro-impérial » en Bourgogne49. Mais le retrait rapide de l’empereur Maximilien pouvait s’interpréter comme un signe de son désintérêt vis-à-vis de la cause bourguignonne. Aucun « pro-impérial » ne pouvait donc s’y référer. Il est vrai aussi que l’attaque suisse, compte tenu de sa violence et de la terreur qu’elle a provoquée, ne pouvait pas être perçue comme un fait positif. Du côté « français », bien d’autres épisodes contemporains étaient susceptibles d’entrer dans la mémoire collective. En réalité, le siège de Dijon en 1513 ne servait aucune cause idéologique politique (et/ou religieuse) comme ce fut le cas pour Cabrières, Marseille, Toulouse et Florence50 notamment, et n’appelait donc que peu de constructions ou reconstructions historiographiques, si ce n’est faire du gouverneur un héros et peut-être de gommer l’attitude peu courageuse des Dijonnais. C’est sans doute pour toutes ces raisons que cet événement n’a, somme toute, été que peu exploité. Seuls les Dijonnais qui l’avaient vécu l’ont gardé dans leur mémoire, mais pour un temps seulement.

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Figure 1 : Dijon assiégé par les Suisses en 1513, musée des Beaux-Arts, Dijon, tapisserie, v. 1515. © musée des Beaux-Arts de Dijon

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Figure 2 : Dijon assiégé par les Suisses en 1513 : partie gauche. © musée des Beaux-Arts de Dijon

Notes de bas de page

1 La bibliographie concernant le siège de Dijon est surtout le fait d’érudits bourguignons du XIXe siècle : Louis Mallard, Le vœu de la ville de Dijon fait le 6e septembre 1514 au sujet du siège des Suisses en 1513, Dijon, 1886 ; Gabriel Peignot, Nouveaux détails historiques sur le siège de Dijon en 1513, sur le traité qui l’a terminé et sur la tapisserie qui le représente, Dijon, 1837 ; Jules Thomas, La délivrance de Dijon en 1513 d’après les documents contemporains, Dijon, 1898 (ouvrage de référence) ; idem, La confrérie Notre-Dame du Bon-Espoir, Dijon, 1899.

2 Le siège de Dijon est mentionné souvent par incidence dans les monographies consacrées à Louis XII : Bernard Quilliet, Louis XII, père du peuple, Paris, 1986, p. 424-426 ; Frederic J. Baumgartner, Louis XII, Londres, 1996, p. 233-234 ; Didier Le Fur, Louis XII. Un autre César, Paris, 2001, p. 97. Il en est de même dans les ouvrages relatifs à l’armée et à la guerre : Thomas F. Arnold, Atlas des guerres de la Renaissance, Paris, 2002, p. 150 ; Philippe Contamine, Histoire militaire de la France, t. I, Des origines à 1715, Paris, 1992, p. 236 ; Christofer Duffy, Siege Warfare. The Fortress in the Early Modern World 1460-1660, London and New York, 1996, p. 43 ; Ferdinand Lot, Recherches sur les effectifs des armées françaises des guerres d’Italie aux guerres de religion, Paris, 1962, p. 39. Seuls les actes du gouverneur Louis II de La Trémoille sont passés à la postérité : Laurent Vissière, « Louis II de La Trémoille ou la découverte de l’Italie (1480-1525). Étude historique et édition de correspondance », Positions de thèses de l’École des chartes, 2000, p. 281-289, et du même auteur, Louis II de La Trémoille (1460-1525) ou le dernier Moyen Âge, thèse pour le doctorat de l’université Paris IV-Sorbonne, 2001.

3 Voir les contributions de Gabriel Audisio, Jean-Michel Laspéras et Théa Picquet contenues dans ce présent volume.

4 Les sources suisses n’ont pas été étudiées ; on renvoie à l’ouvrage de Jules Thomas (cité note 1) pour la liste ainsi qu’à celui d’Ernst Gagliardi, Novare und Dijon. Höhepunkt und Verfall der schweizerischen Großmacht im 16 Jahrundert, Zurich, 1907.

5 Les archives de la ville de Dijon (AMD) sont particulièrement riches. Outre les registres des délibérations (B 168, B 169), sont conservées deux liasses de pièces issues de ces délibérations uniquement relatives au siège (AMD B 10 et B 10 bis). Pour les travaux de fortification, voir la série H (affaires militaires), en particulier H 132, H 133 et H 141 ; sur l’artillerie : H 111 et H 112.

6 L’original de cette relation n’a pas été retrouvé mais il existe plusieurs copies du XVIIIe siècle très proches les unes des autres, ce qui suggère l’existence d’un original unique. La relation a été publiée d’après une copie par Louis Mallard : Pierre Tabourot, Relation du siège des Suisses en l’année 1513, Dijon, 1886.

7 Jean Bouchet, Panegyric du chevalier sans reproche, Paris, 1527, dans « Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France depuis le règne de Philippe Auguste jusqu’au commencement du XVIIe siècle », publiée par Petitot (Claude Bernard), t. XIV, Paris, 1820 ; Floranges (Robert de La Mark, sire de), Histoire des choses mémorables advenues du reigne de Louis XII et François Ier en France, Italie, Allemagne et ès Pays-Bas depuis l’an 1499 jusques en l’an 1521, dans « Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France depuis le XIIIe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe siècle » par MM. Michaud et Poujoulat, Paris, 1838. Le siège est mentionné mais de façon succincte dans plusieurs histoires italiennes : Francesco Guicciardini, Histoire de l’Italie 1492-1534, traduction sous la direction de Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini, Paris, 1996, vol. II, p. 8-9 ; Paolo Giovio, Histoires de Paolo Iovio comois, evesque de Nocera sur les choses faictes et avenues de son temps sur toutes les parties du monde traduites de latin en français et receues pour le deuxième édition par Denis Sauvage, Paris, Olivier de Harsy, 1570, p. 202-206.

8 Conservée au musée des Beaux-Arts de Dijon ; n° CA 1445 ; H. 273 cm ; L. 693 cm. Achetée en 1803 par le maire de Dijon à un fripier dijonnais. Elle provient de l’église Notre-Dame de Dijon. Elle aurait été commandée par Philibert Godran, échevin de Dijon, emmené comme otage en Suisse, à son retour de captivité en 1515 car son chiffre figurerait sur la tapisserie (il s’agit d’un G surmonté du chiffre 4 stylisé). Aucun document relatif à cette tapisserie n’a pu être retrouvé dans les archives de l’église Notre-Dame. La seule mention relevée concerne des réparations effectuées en 1733 pour la somme de 150 livres : Archives départementales de la Côte d’Or (ADCO) Gs 24120 (inventaire général des titres et papiers de la fabrique dressé par J.B. Lemort le 15 octobre 1759). La tapisserie aurait été réalisée par un atelier brugeois : Adolfo Salvatore Cavallo, Medieval Tapestries in the Metropolitan Museum, New York, 1993, p. 525-533 ; Guy Delmarcel, Erik Duverger, Bruges et la tapisserie, Bruges-Mouscron, 1987, p. 177-179 ; Pierre Quarré, « La tapisserie du siège de Dijon en 1513 », Plaisir de France, Juillet-Août 1975, p. 44-47 ; Laurent Vissière, op. cit., vol. I, p. 43-44.

9 Le récit du déroulement du siège s’appuie sur les témoignages de Pierre Tabourot, de Jean Bouchet et de Robert de La Mark (voir notes 6 et 7). Le registre des délibérations de la ville dit simplement : « Et le neufviesme jour dud. mois fust assiegee par lesd. Suisses en nombre de plus de cinquante mille avec trante pieces de grosse artillerie et icelle ville baptue depuis led. jour jusques au mardi XIIIe dud. mois que accord et appoinctement fut faict avec eulx par le Sieur de La Trémoille, gouverneur de Bourgogne, et soubz promesse de grans deniers et aucuns ostagiers a eulx donné puis aprés leverent leurd. siege et s’en alerent et sans avoir tué personne de la ville ne d’aultres dont l’on doige tant parler » (AMD B 168, f° 267).

10 Il convient d’ajouter que les fortes pluies rendaient la traversée du fossé impossible. Le système de défense employé ici prend le nom de « double Pisan rampart » ou de « retirata » : Christopher Duffy, op. cit., p. 15 car il fut utilisé avec succès par les Pisans lors du siège de 1503. Il sera perfectionné dans les années suivantes notamment par les Vénitiens à Padoue en 1509 : Nicolas Machiavel, L’art de la guerre, livre VII, chap. X ; Francesco Guicciardini, op. cit., vol. I, p. 612. Il aura un très grand succès pendant tout le siècle car il est considéré comme l’un des meilleurs systèmes de défense en cas de brèche d’une enceinte.

11 Cette statue date du XIIe siècle. Les Dijonnais lui vouaient une dévotion particulière, ce qui conduisit à construire une chapelle renfermant un grand nombre d’ex-voto. La chapelle fut détruite à la fin du XVIIe siècle, mais la statue existe toujours, bien que mutilée puisque l’Enfant a été détruit lors de la Révolution française : Joseph Gaudrillet, Histoire de Notre-Dame du Bon-Espoir dont l’image miraculeuse, qui est dans l’église paroissiale de Notre-Dame en grande vénération dans la ville de Dijon depuis plus de huit siècles, Dijon, 1733, p. 42-43 ; Jules Thomas, op. cit., 1898, p. 168.

12 Louis XII et François Ier accorderont des dédommagements tant pour les préjudices consécutifs à l’incendie des faubourgs et à l’emprunt que pour les saccages de l’armée suisse au moins jusqu’en 1535 : AMD B 10 et B 10 bis.

13 Jules Thomas, op. cit., p. 80-83.

14 Pierre Tabourot, op. cit., p. 10, mentionne le jet de boulets de pierre, ce qui peut paraître archaïque mais est encore fréquent dans les attaques de ville, tout comme le tir d’arbalètes.

15 Le déroulement du siège de Cabrières en 1545 montre bien le rôle joué par l’artillerie dans l’attaque d’une ville fortifiée ainsi que le prix et l’attention accordés aux canons et boulets dont le coût de revient demeure élevé : voir la contribution de Gabriel Audisio dans le même volume.

16 Sur les fortifications de la ville : Brigitte Fromaget, L’enceinte et les fortifications de Dijon, maîtrise, Université de Bourgogne, 1973 (inédit) ; Nicolas Faucherre, Murailles de Dijon, cat. exp., musée archéologique de Dijon, 1989 ; Jean Richard, « Les conséquences de la définition d’une frontière : les travaux de fortification en Bourgogne et en Franche-Comté de 1493 à 1559 », Publications du Centre européen d’études burgondo-médianes, n° 22, 1982, p. 39-46.

17 Sur les instructions du gouverneur en 1512 : AMD B 168, f° 221-222 ; f° 235-236.

18 Tous ces faits sont consignés dans six délibérations : AMD B 168, f°260-267.

19 Voir notamment L’art de la guerre de Nicolas Machiavel.

20 ADCO Gs 2479. À cela il convient d’ajouter la bulle du 11 octobre 1514 qui accorde des indulgences à ceux qui se rendent à Notre-Dame compte tenu des graves dommages subis lors des « guerres », sans plus de précision toutefois.

21 la délibération de la ville du 4 septembre 1514, il est expressément dit que le départ des Suisses « fut chose miraculeuse ». On emploie aussi l’expression de « perpetuelle memoire » : AMD B 169, f° 13v°. Le vœu sera même consigné dans le livre des privilèges de la commune.

22 Joseph Gaudrillet, op. cit., p. 84.

23 Pierre Tabourot, op. cit., p. 7.

24 Toutefois l’église semble avoir été détruite car en novembre 1513, des maçons sont payés pour avoir travaillé plusieurs jours à la démolition de Saint-Nicolas : AMD D 41.

25 Sur le harnachement d’un des chevaux, sont tissées plusieurs lettres entrelacées. On devine R, L, A et T entrelacés, M, E. On ignore à quel personnage elles se réfèrent.

26 Il est accompagné par un abbé. Il n’a pas été possible d’identifier le personnage. Il s’agit soit de l’abbé de Saint-Étienne soit de l’abbé de Saint-Bénigne.

27 Ni le gouverneur, ni les autres chefs militaires ne sont représentés.

28 Laurent Vissière, op. cit., vol. I, p. 44 y voit le donateur et non pas le gouverneur, arguant de la non-ressemblance avec les portraits connus de La Trémoille, en particulier celui présent dans le groupe des négociateurs.

29 La tapisserie La Levée du siège de Dole en 1477, conservée au Louvre (inv. GoB 81), réalisée sans doute par le même atelier, montre une répartition différente des épisodes puisque, d’un côté, sont figurés le siège puis le départ des assiégeants et, de l’autre, les différentes étapes de la procession dans la ville : voir note 8.

30 Sur l’iconographie des sièges et des batailles aux XVe et XVIe siècles, on renvoie à l’ouvrage fort complet de John Rigby Hale, Artists and Warfare in the Renaissance, Yale University Press, New Haven & London, 1990.

31 On renvoie à l’article de Pierre Quarré cité note 8.

32 Voir les articles de Pascal Julien et de Wolfgang Kaiser dans ce volume.

33 Jules Thomas, op. cit., p. 134.

34 Jean Bouchet, op. cit., p. 477-478.

35 Floranges, op. cit., p. 38 repris par Bernard Quilliet, op. cit., p. 424. Dans son Histoire de Louis XII, Varillas, op. cit., vol. III, p. 460-461 ne remet pas en cause la loyauté des Dijonnais. Il est suivi dans cette interprétation au XVIIIe siècle par Dom Urbain Plancher, Histoire générale et particulière du duché de Bourgogne, Dijon, 1739-1748, vol. III, p. 535.

36 Nicolas Machiavel développe longuement cette argumentation : John Rigby Hale, « To fortify or not fortify ? Machiavelli’s contribution to a Renaissance debate », Renaissance War Studies, London, 1983, p. 189-209. Sur la trahison et la ruse, voir aussi la contribution de Wolfgang Kayser dans ce volume.

37 Pierre Tabourot, op. cit., p. 7 : « le 4 septembre le feu fut mis au faubourg Saint Nicolas et à la Porte au Fermerot ce qui estoit chose piteuse à voir ».

38 Le roi, craignant une nouvelle incursion des Suisses au printemps car le traité n’est pas respecté, ordonne immédiatement la construction d’ouvrages et des réparations aux murailles. On creuse de nouveaux fossés et on ouvre une nouvelle porte. On construit de nouvelles tours (tour de la porte d’Ouche) et celle en fer à cheval de la porte Saint-Pierre.

39 C’est le cas en 1522-1523 : Henri Hauser, Le Traité de Madrid et la cession de la Bourgogne à Charles Quint. Étude sur le sentiment national bourguignon en 1525-1526, Paris, 1912, p. 35-36.

40 Seule la restitution de seigneuries appartenant à des Comtois est envisagée.

41 Jean Bouchet, op. cit., p. 482-486.

42 Les archives municipales ne contiennent plus aucun document comptable concernant la procession après 1521 : AMD D 2.

43 En particulier par la publication de l’ouvrage de Joseph Gaudrillet en 1733. Toutefois la thèse ne fait pas l’unanimité puisque Claude Courtépée et Edme Béguillet, Description générale et particulière du duché de Bourgogne, Dijon, 1775-1785, t. I, p. 226 restent sceptique.

44 Ce dernier loue la solidité des fortifications dijonnaises et parle en particulier du renforcement de la porte d’Ouche par une grosse tour ronde en 1514 ou encore de l’édification du bastion Saint-Pierre au début du règne de François Ier : Patrick Arabeyre, André Castan, « L’éloge de Dijon par Pierre Turrel rapporté par Barthélemy de Chasseneuz (1529) », Annales de Bourgogne, tome 74, 2002, p. 247.

45 Pierre Saint-Julien de Balleure, De l’origine des Bourgongnons et des Antiquités des estats de Bourgongne, Paris, N. Chesneau, 1581, p. 393-394 mentionne que l’hôpital de Chalon a été détruit lors des travaux de fortification de la ville pendant la descente des Suisses en Bourgogne et il précise un peu plus haut que depuis Louis XII « [la ville] si tracassee par treize ou quatorze fortificateurs, tous differents en desseings et la pluspart ignorant le mestier duquel ils se mesloyent, que nul ne pourroit lever les yeux sans comtempler les desolations et ruines impertinemment y faictes ».

46 Patrick Arabeyre, André Castan, op. cit., p. 249.

47 Historicorum Burgundiæ conspectus, Dijon, Jean Ressayre, 1689, p. 28.

48 BNF ms. fr. 2200, f° 104v° : « Glorieulx appoinctement faict avec les Suysses quant ilz estoyent devant Dijon ». Ce manuscrit renferme également de nombreux écrits du rhétoriqueur Jean Molinet (1435-1507). Sur Pierre Turrel et son engagement « politique » : André Castan, « Pierre Turrel, recteur des écoles de Dijon et astrologue : un procès politique en 1528 ? », Annales de Bourgogne, tome 74, 2002, p. 189-214.

49 C’est en particulier la thèse que défend Henri Hauser (voir note 39) et qui est reprise et développée par André Castan (voir note précédente).

50 Voir les contributions de Gabriel Audisio, Jean-Raymond Fanlo, Wolfgang Kaiser et Olivier Rouchon.

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