Annexes : biographies résumées des membres de la Haute Autorité de la CECA
p. 199-236
Texte intégral
Franz Etzel (1902-1970)
1Franz Etzel est né le 12 août 1902, à Wesel (Rhénanie du Nord-Westphalie, Allemagne), dans une famille modeste, de confession évangélique. Son père, né en 1875, travaille comme artisan dans le bâtiment et possède une petite ferme avec sa femme Helene Etzel, née Röpling. Franz Etzel est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants. Pour financer ses études, il travaille comme apprenti mineur dans la mine de Sterkrade de 1920 à 1922, ce qui lui permet d’obtenir son baccalauréat avec mention en 1922. Il étudie ensuite le droit et l’économie à l’université (Francfort, Münster puis Munich). En janvier 1930, il est diplômé en droit et peut s’installer comme avocat, à Duisburg. Après s’être engagé dans un mouvement de jeunesse patriotique dans les années vingt, il se tourne vers le DNVP. Cependant, l’arrivée au pouvoir de Hitler annihile chez Franz Etzel toute velléité politique. Pendant la durée de vie du Troisième Reich, il semble s’être concentré quasi-exclusivement sur le développement de son activité professionnelle de juriste, d’avocat et de notaire (il le devient à partir de 1939). Ses qualités d’avocat sont très vite reconnues. Spécialisé dans le droit des sociétés, il trouve un poste dans un cabinet travaillant essentiellement pour de grandes entreprises (Thyssen par exemple).
2En 1939, il est mobilisé. Il participe à différentes campagnes et se retrouve sur plusieurs fronts au cours des années de guerre. Au début, il est officier d’infanterie ; c’est en Norvège qu’il combat pour la première fois. Il part ensuite sur le front russe et finit la guerre dans les Ardennes. En mai 1945, il est fait prisonnier et passe quatre mois dans les camps américains avant d’être libéré. De retour de captivité, l’expérience de la guerre le conduit à une réflexion politique nouvelle. Séduit par les idées de la démocratie chrétienne, alors émergentes partout en Europe, il participe à la création de la section locale de la CDU du Rheinland. Franz Etzel joue ensuite un rôle important dans la définition du programme du nouveau parti dirigé par Konrad Adenauer. Après de nombreux tâtonnements idéologiques, les directives de Düsseldorf en 1949 orientent de façon solide la ligne du parti en adoptant les principes de l’économie sociale de marché. Franz Etzel est l’un des co-auteurs de ces directives (Fritz Hellwig fait également partie du groupe de travail à l’origine du programme économique). Lors des élections législatives de 1949, Franz Etzel est élu député. Il sera régulièrement élu en 1957 et 1961 après son passage à la Haute Autorité. Rapporteur du traité CECA au Bundestag, Franz Etzel est nommé à Luxembourg en 1952. Il reste vice-président de l’institution jusqu’en 1957. Les perspectives politiques allemandes lui sont alors favorables : le chancelier lui confie le ministère des Finances. Franz Etzel semble avoir, dans les années qu’il passe au ministère des Finances, une certaine influence politique. Il est même pressenti pour succéder à Konrad Adenauer en 1959.
3En 1961, Franz Etzel démissionne du ministère des Finances. La raison principale qu’il donne est médicale mais les résultats des élections législatives ne sont certainement pas étrangers à ce départ. La CDU perd des sièges au profit du FDP qui réclame plusieurs portefeuilles ministériels. Il en obtient cinq, dont celui des Finances. Franz Etzel retourne dans le privé, après quatre ans de participation au gouvernement et cinq ans à la Haute Autorité de la CECA. Il occupe tout d’abord pour une fonction d’administrateur dans une banque. La politique ne semble plus être au cœur de ses préoccupations, même s’il reste député. Ce sont les affaires qui l’appellent. Fort de son expérience européenne et gouvernementale, il est appelé par plusieurs sociétés. En plus de son poste à la banque Friedrich Simon, il représente le Bureau de recherche de pétrole de Paris entre 1964 et 1965 en Allemagne. Franz Etzel meurt le 9 mai 1970, à Wittlaer.
Heinz Potthoff (1904-1974)
4Heinz Potthoff est né le 30 mars 1904, à Bielefeld (Rhénanie-du-Nord- Westphalie, Allemagne). Son père, Peter Heinrich Potthoff, de confession luthérienne, est peintre en bâtiment. Sa mère, Charlotte Louise Auguste, née Schröder, est employée de maison. En 1914, son père est mobilisé et Heinz Potthoff, qui a alors 13 ans, passe l’été 1917 dans une ferme de Prusse Orientale. Comme beaucoup d’enfants survivant difficilement à l’Ouest, il est envoyé dans une des grandes fermes de l’Est. En 1918, il quitte l’école et entre à l’usine Droop & Rhein de Bielefeld, en tant qu’apprenti ajusteur-mécanicien. Les débuts de son apprentissage sont durs, les travaux les plus difficiles lui sont confiés ; il est le plus jeune apprenti de l’usine. 1918 est aussi l’année de l’effondrement du régime du Kaiser. La République de Weimar est instaurée. Heinz Potthoff adhère alors à l’Arbeiter-Jugendbewegung1 ; il s’agit là d’une étape importante dans le développement de sa conscience syndicale et politique. Du mouvement de jeunesse au syndicat et au parti politique il n’y a qu’un pas, qu’il franchit en 1921. Il adhère au syndicat de la métallurgie, le Deutscher Metallarbeiter-Verband, et au SPD. Il change plusieurs fois d’emploi au cours de la décennie suivante et entre à la rédaction du quotidien socialdémocrate Volkswacht. En 1932, il s’inscrit à l’université de Cologne en tant qu’étudiant en sciences économiques et sociales après avoir passé le Begabtenprüfung2. Avec l’arrivée de Hitler au pouvoir en 1933, la situation devient délicate pour un militant social-démocrate comme lui. Il se rend alors en Suisse et s’inscrit à l’université de Zurich où il reste trois ans, jusqu’à la fin de son doctorat en économie. À son retour en Allemagne, après quelques difficultés, il est recruté par une entreprise de constructions mécaniques, à Chemnitz, en Saxe. Il devient responsable des problèmes juridiques liés aux matières premières (fer, charbon, bois…). Il change une nouvelle fois d’emploi. Il en trouve un, à Nuremberg, qui l’exempte d’armée. À l’écart de toute activité politique depuis 1933, la fin de la guerre et du régime nazi lui ouvre de nouveaux horizons.
5Heinz Potthoff est élu député au Landtag de Rhénanie-du-Nord- Westphalie en 1947. Il est appelé par le ministère de l’Économie du Land et occupe le poste de directeur de ministère. Tout en conservant une activité syndicale (notamment au Deutsche Gewerkschaftsbund – DGB), il est de plus en plus impliqué dans la vie politique locale jusqu’à être nommé au Conseil de l’Autorité internationale de la Ruhr. Avant la guerre, Heinz Potthoff est un inconnu, hormis peut-être à l’intérieur du groupe des militants socialistes de Bielefeld. Après la guerre, il occupe plusieurs fonctions politiques d’importance. Ne s’étant pas compromis avec le régime nazi, il saisit l’opportunité de conquérir une place dans la vie politique de sa région. En 1952, après avoir nommé Franz Etzel à la Haute Autorité, Konrad Adenauer décide d’envoyer à Luxembourg un homme n’appartenant pas à la CDU. Il s’adresse au DGB, qui propose Heinz Potthoff. Cette nomination est plutôt une surprise pour la presse et pour les milieux industriels, mais elle contente les syndicats et le SPD. Peu influent à Luxembourg, il « apparaît souvent comme le porte-parole des syndicats3 ». Des problèmes de santé lui font quitter la Haute Autorité en 1963. Après quelques mois de repos et de vacances, Heinz Potthoff reprend le fil de son engagement politique local. Professionnellement, il reçoit un certain nombre de propositions émanant d’entreprises de la région. Il accepte le poste de directeur financier des aciéries Stahlwerke Südwestfalen AG. En 1965, il est à nouveau élu député au Landtag de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il écrit par ailleurs ses mémoires qu’il publie en 1973. Heinz Potthoff décède un an plus tard, en 1974.
Franz Blücher (1896-1959)
6Franz Blücher est né le 24 mars 1896, à Essen (Rhénanie du Nord-Westphalie, Allemagne). Issu d’une famille modeste – son père est employé dans une exploitation minière – il obtient son baccalauréat et commence des études d’histoire et de sciences politiques. Il est âgé de 18 ans lorsque la guerre éclate. Il se porte volontaire, interrompt ses études et entre dans l’armée avec l’idée d’offrir son sang pour la patrie, porté par la vague nationale de la première guerre. Il est fait prisonnier en France en 1918. Il ne rentre en Allemagne qu’au début de l’année 1920. Entre-temps, son père est décédé et Franz Blücher ne peut poursuivre ses études : il doit travailler et s’occuper de sa famille. Dès 1921, la direction de l’entreprise, qui l’avait embauché comme simple employé, lui confie la responsabilité de son service commercial. Il vit toujours à Essen et se marie en février 1925 avec Paula Grosse-Frie. Il poursuit dans les années trente sa carrière au sein de la Gagfah AG, grande entreprise régionale de construction, puis au sein de la société Hochtief AG. Il est en même temps directeur d’une filiale de la Hochtief pour la construction de logements ouvriers. En 1938, il change de secteur et entre dans la banque Bankhaus J. H. Vogeler, implantée à Düsseldorf. Il est beaucoup mieux payé : son salaire double en quelques années. En 1943, il trouve un poste plus intéressant encore à la Nationalbank AG de Essen. Il est nommé directeur de la banque, fonction qu’il conserve jusqu’à la fin de la guerre. Pendant l’entre-deux-guerres, Franz Blücher ne participe pas à la vie politique allemande, ni sous la République de Weimar, ni – et encore moins – sous le Troisième Reich, bien qu’il fut proche, dans les années vingt, du parti de droite dirigé par Gustav Stresemann, le DVP. Franz Blücher se consacre exclusivement à sa carrière professionnelle. Sous le nazisme, il n’adhère pas au NSDAP mais devient membre de l’une des nombreuses organisations nazies comme le Front du travail allemand (DAF). Il passe la période 1939-1945 à Essen et n’a aucune activité militaire.
7En 1945, Franz Blücher retrouve d’anciens membres du DVP qu’il fréquentait avant 1933. Avec eux notamment, et sous le parrainage de Victor Niemeyer, il fonde le parti libéral de Essen. Il s’impose ensuite à la tête du parti libéral de la zone britannique, dont le premier congrès se tient en mai 1946. Franz Blücher passe presque tout son temps à organiser le parti, à lui conférer une idéologie et à dessiner les contours d’un programme politique et économique. L’unité des différents partis libéraux fondés en Allemagne intervient en 1948 et donne naissance au FDP. Franz Blücher est par ailleurs député au Landtag de Rhénanie-du- Nord-Westphalie et ministre des Finances du gouvernement régional. En 1949, il est élu député au Bundestag et fait son entrée dans le premier gouvernement fédéral comme vice-chancelier et ministre pour le plan Marshall. Le FDP est la troisième force politique du pays avec près de 12 % des voix et 52 députés au Bundestag. Parallèlement, Franz Blücher accède à la présidence du parti libéral. Les élections de 1953 lui permettent de conserver ses fonctions gouvernementales mais la crise éclate brusquement au sein du FDP. Des conflits de personnes opposant Franz Blücher à d’autres leaders libéraux lui font commettre des erreurs. Lors du congrès de 1954, il n’est pas réélu à la présidence du FDP. Il quitte le parti trois ans plus tard et fonde un parti libéral dissident qui disparaît dès l’année suivante. Les élections de 1957 sont en effet un échec retentissant pour Blücher et ses compagnons. Franz Blücher perd son siège de député et ses portefeuilles ministériels. Soudainement, après huit ans au gouvernement, il perd tout poids politique. Konrad Adenauer, dont il est proche, lui offre l’opportunité de rebondir. Sans perspective d’avenir politique, ayant accumulé les échecs depuis quelques années, Franz Blücher accepte en janvier 1958 d’être nommé à la Haute Autorité de la CECA. Mais il tombe malade, après quelques mois seulement d’activité à Luxembourg. Il décède le 26 mars 1959, à l’âge de 63 ans.
Fritz Hellwig (1912-)
8Fritz Hellwig est né le 3 août 1912 à Sarrebruck (Sarre, Allemagne). Son père, Friedrich Hellwig, est inspecteur d’école pour l’enseignement primaire. Fritz Hellwig étudie la philosophie et l’économie à l’université de Marburg, en Hesse, puis à Vienne. Il s’intéresse plus particulièrement aux problèmes des régions frontalières. Il consacre sa thèse de doctorat à l’histoire de la Sarre entre 1860 et 1870. En 1933, et après sept semestres d’études, il est le plus jeune docteur en philosophie de son époque. Dès l’obtention de son diplôme, Fritz Hellwig entre à la direction de la chambre de commerce et d’industrie de Sarrebruck. Il a 21 ans. Deux ans plus tard, en 1935, il est nommé directeur des archives économiques de la Sarre, déposées à la chambre de commerce. Ses activités professionnelles sont multiples. Il est ainsi nommé responsable des transports au sein de la chambre de commerce. Pendant ces années, il poursuit ses études à Heidelberg et termine en 1936 l’habilitation lui permettant d’enseigner à l’Université. Il enseigne peu de temps avant d’être mobilisé en 1939. Avant de partir, il épouse Margarete Werners. Pendant la guerre, il opère tout d’abord à l’arrière, dans l’administration militaire du front Est (1940). Il est ensuite envoyé auprès du délégué pour l’industrie sidérurgique du secteur Ouest, Hermann Röchling. Il s’occupe plus particulièrement des questions sidérurgiques régionales concernant la Sarre, la Lorraine et l’Alsace. En 1943, il combat comme simple fantassin, sur le front italien, où il est fait prisonnier par les Alliés en octobre de la même année. Tout d’abord incarcéré dans un camp de transit en Algérie, il est ensuite envoyé aux États-Unis. Il passe par plusieurs camps. Fritz Hellwig ne rentre en Allemagne que quatre ans après son arrestation, lors de l’été 1947.
9De retour en Allemagne, il lui est dans un premier temps interdit de se rendre en Sarre où il est persona non grata. Il est engagé en 1948 par le Bureau allemand pour la paix de Stuttgart, en tant que spécialiste de la Sarre, pour s’occuper des problèmes engendrés par le rattachement économique à la France. Dans les années qui suivent, Fritz Hellwig se bat pour le retour de la Sarre dans l’Allemagne fédérale. C’est à Düsseldorf, en 1947, que Fritz Hellwig entre en contact avec Franz Etzel et le noyau local de la CDU. Franz Etzel s’entoure des spécialistes et fait entrer Hellwig à la commission économique du parti. À cette époque, Fritz Hellwig fonde une société de conseil économique, la Volkswirtschaft Hellwig GmbH (1948). Lors des élections législatives de 1953, Hellwig est élu député de la circonscription de Remscheid-Solingen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Depuis son élection au Bundestag, Hellwig est membre de l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe. En 1959, il est nommé à la Haute Autorité par Konrad Adenauer, sur la suggestion de Franz Etzel. Il y reste huit ans. Lors de la fusion des exécutifs des trois communautés, en 1967, Fritz Hellwig se voit confier la vice-présidence de la Commission unique. En 1970, comme il a été prévu par le traité de fusion, la Commission doit se séparer de cinq de ses membres. Hellwig doit quitter Bruxelles et rentre en Allemagne. Il est alors âgé de 58 ans. À son retour, la vie politique ne lui offre aucune opportunité concrète d’autant plus que le contexte a changé. La CDU a perdu les élections de 1969 et le parti socialiste (SPD) l’a emporté avec plus de 42 %. Fritz Hellwig entre en 1971, et c’est là sa dernière responsabilité effective, à la direction de la Fédération des armateurs allemands (Verband Deutscher Reeder) à Hambourg. Il y reste jusqu’en 1973, date à laquelle il prend sa retraite, à l’âge de 61 ans. Sa vie intellectuelle ne s’arrête pas pour autant. Il reste très actif et écrit un grand nombre d’ouvrages sur des sujets variés. Il écrit plusieurs biographies et s’intéresse à la cartographie allemande. Fritz Hellwig vit actuellement à Bad-Godesberg, près de Bonn. Il est âgé de 95 ans4.
Karl-Maria Hettlage (1902-1995)
10Karl-Maria Hettlage est né le 28 novembre 1902, à Essen (Rhénanie du Nord- Westphalie, Allemagne). Son père, Karl Hettlage, est marié à Klara Brandenburg et exerce la profession d’avocat ; il occupe dans sa carrière différents postes d’importance politique et administrative (maire de plusieurs villes et préfet de Münster). Issu d’une famille bourgeoise, Karl-Maria Hettlage, à la fin de ses études secondaires, part étudier le droit à l’université de Cologne, puis à l’université de Münster. Il commence en 1925 sa carrière universitaire à l’Institut de droit international de Kiel comme assistant du professeur Theodor Niemeyer. Pendant ses années de jeunesse, il est membre des corps francs « Freikorps Westfalen », entre 1922 et 1925. En 1928, il devient assistant à la faculté de droit de l’université de Cologne, en droit public. À cette époque il termine également sa thèse de doctorat. En 1929, il épouse Margarete Brenken. En 1930, il est recruté comme ‘juge gouvernemental’ dans l’administration de Cologne. Cette même année, il obtient son habilitation à enseigner et devient maître de conférences en droit public à l’université de Cologne, à l’âge de 28 ans. Il le reste jusqu’en 1935. À ses diplômes universitaires rapidement obtenus, ses différents postes dans l’administration régionale, ses nombreuses publications dans le domaine fiscal et financier, s’ajoute un mandat de député du Zentrum au parlement régional (preussischer Landtag). Il est élu en 1932 dans la circonscription de Cologne-Aix-la-Chapelle. À 29 ans, il est le plus jeune député de son époque. En 1935, il quitte Cologne pour Berlin, la capitale du Reich. Il est nommé receveur municipal (Stadtkämmerer) et entre au conseil municipal de Berlin ; il devient dans le même temps SS-Untersturmführer mais il s’agit là seulement d’un rang d’honneur. Il n’a aucune fonction effective dans la SS. Dès le printemps 1939, Hettlage entre au service d’Albert Speer à l’Inspection générale de la Construction pour la capitale du Reich (GBI). En 1942, il suit Speer au ministère de l’Armement et des munitions du Reich. Hettlage entre par ailleurs à cette époque au comité directeur de la Commerzbank. Il conserve cette fonction pendant toute la durée de la guerre et jusqu’en 1951.
11Que ce soit au sein du GBI ou au ministère de l’Armement, Hettlage est le représentant de Speer et le responsable des services financiers. Rouage important de la machine administrative nazie, il participe aux actions menées par les services de Speer, à qui il restera toujours fidèle. Il organise, aux côtés de son chef, l’expropriation de Juifs de Berlin au sein du GBI, et participe au programme d’armement du Reich. À partir de 1942, il est à la tête du Bureau de l’armement qui dirige la société Mittelwerk, responsable de la production de V2 et de V1, dont l’assemblage est effectué par les détenus du camp de concentration de Dora. Après la guerre, il est arrêté et interrogé en tant que témoin. Il passe entre les mailles du filet de la justice fédérale malgré plusieurs procédures. Le fait de ne pas être connu et reconnu comme acteur du régime lui permet de réintégrer progressivement la vie publique après guerre. Pendant les années qui suivent la fin de la guerre, Hettlage cantonne ses activités au secteur privé et à la Commerzbank. Il reprend le fil de sa carrière universitaire et grâce à ses relations, il obtient une chaire de professeur à l’université de Mayence. Expert financier reconnu pour ses compétences, il intéresse les dirigeants politiques allemands. Il se rapproche de la CDU et rencontre Franz Etzel. Lorsque ce dernier est nommé ministre des Finances en 1957, il fait appel à Hettlage et lui confie tout d’abord le poste de directeur du budget (1958) ; Hettlage est ensuite nommé secrétaire d’État aux Finances (1959). Etzel démissionne en 1961. Son successeur est le libéral Heinz Starke du FDP. Les relations entre le nouveau ministre et son secrétaire d’État sont conflictuelles. Konrad Adenauer décide alors de placer Hettlage à la Haute Autorité de la CECA. Karl-Maria Hettlage vit cela comme une mesure d’ostracisme. En 1967, date de la fusion des exécutifs des trois Communautés, il a 65 ans. Rappelé par Bonn, il retrouve le poste de secrétaire d’État aux Finances. Il y reste jusqu’en 1969. Il prend sa retraite et reste actif, principalement auprès de l’Institut pour la recherche économique de Munich. Il en est le président de 1965 à 1976. Karl-Maria Hettlage meurt le 3 septembre 1995 à l’âge de 92 ans.
Léon Daum (1887-1966)
12Léon Daum est né le 21 mars 1887, à Nancy (France). D’origine alsacienne, catholique, sa famille a rejoint Nancy après l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne en 1871. Son père, Auguste Daum, dirige la verrerie familiale (la verrerie Daum), laquelle acquiert une renommée internationale dès la fin du XIXe siècle. Léon Daum fait ses études au lycée de Nancy. Reçu premier à l’École polytechnique en 1905, il en sort également premier deux ans plus tard. Il entre alors dans le corps des Mines de Douai. À la même époque, il fait la rencontre de la famille Poincaré. En juin 1913, il épouse Jeanne Poincaré, fille d’Henri Poincaré5, lui-même cousin du président Raymond Poincaré. À la fin de ses études, en 1913, il est envoyé à Rabat pour diriger le service des Mines nouvellement créé par la France. Au Maroc, il s’agit de défendre les intérêts économiques français. Quand la guerre éclate en 1914, Léon Daum est mobilisé. Il passe les premières années de la guerre à l’arrière du front, autour de Paris, dans une batterie d’artillerie censée couvrir la capitale. Il ne participe pas aux combats et s’ennuie. Il est très affecté par le décès de son frère Jean, à Verdun, le 2 avril 1916. En 1917, il est rappelé par Lyautey et les Mines de Rabat. L’objectif du service des Mines est de trouver du pétrole. Daum suit les explorations en terre marocaine. Dès la signature de l’armistice, il est appelé à l’organisation du service des mines de la Sarre ; mines nouvellement attribuées à la France. Le ministre de l’Armement le réclame à Sarrebruck où il est nommé chef de service des Mines. Il reste deux ans dans la Sarre.
13C’est en 1921 qu’il entre dans la société au sein de laquelle il fera la plus grande partie de sa carrière d’entrepreneur : la Compagnie des forges et aciéries de la Marine et d’Homécourt, dont Théodore Laurent est le directeur général. Léon Daum quitte le service de l’État et devient l’assistant du directeur général. En 1923, au moment où Raymond Poincaré envoie des troupes dans la Ruhr, Léon Daum est rappelé par le gouvernement français pour participer à la mission interalliée de contrôle des usines et des mines de la Ruhr. Il est chargé de la remise en marche de l’industrie lourde. En 1927, il succède à Théodore Laurent, qui, lui, accède aux fonctions de président de la compagnie. Après les crises économiques et politiques des années trente, survient la guerre. Pendant toute la durée de la guerre et du régime de Vichy, Léon Daum doit faire face aux changements, aux bouleversements engendrés par ce contexte économique et politique nouveau : contraintes de production, usines occupées. Industriel éminent et reconnu, Léon Daum est appelé par le régime de Vichy pour prendre la présidence du groupement Centre-Midi du CORSID (comité d’organisation de la sidérurgie). Il conserve cette fonction jusqu’à la disparition des comités d’organisation. Il siège également, à partir de 1941, au Conseil national. Daum retrouve la Compagnie des forges et aciéries de la Marine et d’Homécourt après la dissolution du CORSID et n’est jamais questionné sur son rôle dans l’organisation économique de Vichy.
14En 1948, il participe à la création de la Sollac6, société sidérurgique créée pour entreprendre l’étude d’un train à bandes commun. Les techniques sidérurgiques ont considérablement évolué et il faut moderniser l’industrie sidérurgique française. En 1952, lorsque les gouvernements européens forment la Haute Autorité de la CECA, Léon Daum a 65 ans. Les milieux industriels français sont consternés par la création de la CECA et inquiets du dirigisme supposé de la communauté. Le gouvernement français imagine une solution pour les apaiser : prendre l’un des leurs au sein de la Haute Autorité. Léon Daum est choisi pour le poste. Sept ans plus tard, en 1959, il prend sa retraite. Il quitte toute fonction officielle et n’envisage pas une dernière reconversion. Il ne reprend aucune des affaires qu’il avait quittées en 1952. Il rentre à Paris et cumule les fonctions honorifiques, les présidences d’associations comme celle du cercle franco-allemand. Léon Daum décède le 28 mai 1966, à l’âge de 79 ans.
René Mayer (1895-1972)
15René Mayer est né le 4 mai 1895, à Paris. De confession juive, il est le fils de Justin Mayer, décédé deux ans après sa naissance, en 1897. Après un parcours classique au lycée Carnot, il entreprend des études de droit et de philosophie. Il termine en 1913 sa licence dans chacune des deux disciplines. Il est mobilisé en décembre 1914. Il fait toute la guerre au front, comme sous-lieutenant d’artillerie. Il est blessé au début de l’année 1918 et finit la guerre comme officier instructeur. Il réussit en décembre 1919 le concours d’entrée au Conseil d’État ; il est affecté à la section du contentieux. Il gravit rapidement les échelons au sein de cette administration. D’autres fonctions l’appellent également : les cabinets ministériels. Entre 1924 et 1926, il entre dans la composition de plusieurs cabinets, dont celui de Pierre Laval, ministre des Travaux publics. Pour occuper ces fonctions, il est obligé de quitter – temporairement – le Conseil d’État. Quand il le réintègre en 1926, il est nommé secrétaire général du conseil supérieur des chemins de fer. En 1928, Edouard de Rothschild lui propose d’entrer à la Compagnie des chemins de fer du Nord, en tant qu’administrateur. Il accepte et donne sa démission du Conseil d’État. Il a 33 ans. En 1937, le gouvernement du Front Populaire décide de nationaliser les chemins de fer. René Mayer est le négociateur en titre pour la compagnie du Nord et participe ainsi à la création de la SNCF.
16En 1939, il est mobilisé. Il est tout d’abord affecté au service des chemins de fer de la région du Nord, avant d’être envoyé en mission à Londres où il prend la direction de la Mission française du ministère de l’Armement, qui dépend du Comité de coordination franco-britannique présidé par Jean Monnet. La Mission est dissoute le 9 juillet 1940. René Mayer rentre en France en septembre. Le premier statut des Juifs est promulgué. Il exclut les Juifs des postes et fonctions à responsabilité (dans l’administration, la presse, le cinéma, l’enseignement). René Mayer est directement concerné par ces mesures. Il est exclu de nombreux postes qu’il occupait jusque-là. La situation se dégrade et après avoir mis sa famille à l’abri en Suisse, il parvient à franchir la frontière espagnole, fin janvier 1943, avec son fils Antoine. Il arrive à Alger le 7 mars 1943. Au sein du Comité français de libération nationale, René Mayer est commissaire aux Communications et à la Marine marchande. Il s’occupe plus particulièrement de réaliser l’unité de la flotte marchande et des marins de la France Libre.
17À la fin du mois d’août 1944, René Mayer et les membres du CFLN rentrent en France. Au sein du gouvernement provisoire, il prend la tête du ministère des Travaux publics, des Transports et de la Marine marchande. René Mayer décide de se lancer dans la campagne électorale d’octobre 1945 mais, parachuté à La Rochelle, il est battu. Le général de Gaulle lui confie cependant le commissariat général aux Affaires allemandes et autrichiennes. Il prend sa revanche l’année suivante, lors des élections générales de 1946. Il est élu député radical de Constantine. Partisan de l’Algérie française, il est souvent considéré comme le défenseur des colons d’Algérie. Entre 1946 et 1955, René Mayer occupe différents ministères, de plus ou moins longue durée. Ministère après ministère, il grandit sur la scène politique nationale, jusqu’à la présidence du Conseil en 1953. Son action en tant que chef du gouvernement est limitée, principalement dans le temps puisque son gouvernement survit moins de six mois. Moins en vue par la suite, sans fauteuil de député à cause de la guerre d’Algérie et exclu de son parti, sa nomination à la présidence de la Haute Autorité de la CECA en 1955 tombe à point nommé. Il reste deux ans à Luxembourg et démissionne en octobre 1957. Dans l’impossibilité de retrouver la place qui était la sienne dans la vie politique française avant sa nomination à la Haute Autorité, il se tourne vers les affaires. Il retrouve des fonctions importantes et prend ainsi, en 1958, la présidence de la société Le Nickel, contrôlée par la banque Rothschild. Il occupe ce poste jusqu’en 1965. En 1958 toujours, il est appelé à la présidence d’une société de recherche pétrolière, Eurafrep. Il occupe également des fonctions d’administrateur dans un certain nombre de sociétés (comme la Sofina, Bruxelles). À la fin des années soixante, René Mayer tombe malade. Il décède en 1972.
Pierre-Olivier Lapie (1901-1994)
18Pierre-Olivier Lapie est né le 2 avril 1901, à Rennes (France). Paul Lapie, son père, est professeur de philosophie et co-fondateur de L’année sociologique (1898) avec Émile Durkheim. Pierre-Olivier Lapie fait ses études à Paris et termine son doctorat en droit en 1925. Sa thèse porte sur les entreprises d’économie mixte. Avocat, il s’inscrit au barreau de Paris. Politiquement, il se rapproche tout d’abord de l’Ordre Nouveau, fondé notamment par Alexandre Marc. Lapie rencontre ensuite Joseph Paul-Boncour auprès de qui il commence sa carrière politique. Il est son attaché au Sénat en février 1936. La même année, il se présente aux élections législatives et se fait élire en Lorraine sous l’étiquette de socialiste indépendant. À l’Assemblée nationale, député de Meurthe-et-Moselle, il est rattaché au groupe parlementaire de L’USR, l’Union socialiste républicaine. La guerre éclate en Europe et Pierre-Olivier Lapie est mobilisé le 2 septembre 1939. Il est envoyé à la frontière belge. Au moment de la campagne de Norvège, Pierre-Olivier Lapie se porte volontaire pour l’expédition et s’engage dans la Légion étrangère. Il est attiré par l’action, l’envie de combattre. À son retour en France, il s’enfuit à Londres où il entre en contact avec le général de Gaulle. Lapie fait partie des premiers parlementaires à rejoindre Londres. De Gaulle le place à la direction des Affaires extérieures, alors dirigée par René Pleven. En juillet 1940, Pierre-Olivier Lapie est condamné à mort par contumace par un tribunal de Vichy. Près de six mois après son arrivée à Londres, en décembre, de Gaulle le nomme gouverneur du Tchad. À la fin de l’année 1942, il quitte son poste de gouverneur et part en Égypte rejoindre le général Kœnig et son armée. Dans les rangs de la première division française libre, il gagne Tunis puis Alger, en 1943. Il devient membre de l’Assemblée consultative et provisoire qui vient d’être convoquée. Il rentre à Paris en 1944. Entre-temps, il s’est marié avec Yolande Friedmann.
19Pierre-Olivier Lapie est député SFIO de l’Assemblée constituante en 1945. L’année suivante, il est réélu dans sa circonscription de Lorraine aux élections législatives. Dans la décennie qui suit, il occupe plusieurs fonctions ministérielles : sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères puis ministre de l’Éducation nationale dans le gouvernement Pleven, en 1950. Son action est surtout marquée par la constitution de la commission dite Paul-Boncour, chargée des problèmes et des rapports entre enseignement privé et public. Il est également délégué de la France aux Nations unies. Par ailleurs, l’Europe, dont il se rapproche au fil des années, prend une grande place dans son activité politique et parlementaire. Il se rend souvent à Strasbourg où siège l’Assemblée du Conseil de l’Europe dont il est l’un des membres. Militant contre le projet de CED, il est sur tous les fronts au milieu des années cinquante pour empêcher la ratification du traité par l’Assemblée nationale. Trois ans plus tard, en 1957, il se positionne en faveur des traités CEE et Euratom. Après une nouvelle victoire aux élections législatives de 1956, Pierre-Olivier Lapie occupe à l’Assemblée nationale la fonction de vice-président. La crise de mai 1958 va conduire le général de Gaulle au pouvoir. Lors d’une réunion du groupe parlementaire socialiste, le 29 mai 1958, soit deux jours avant l’investiture du général de Gaulle, Pierre-Olivier Lapie intervient et prend parti pour le général de Gaulle. Lapie est battu en Lorraine lors des élections de 1958 et quitte la SFIO. Les perspectives politiques, sans l’appui d’un parti, sont alors restreintes. Il fait campagne auprès du gouvernement pour sa propre nomination à la Haute Autorité et cela réussit : à la fin de l’année 1959, le général de Gaulle le nomme à Luxembourg pour remplacer Léon Daum. Pierre-Olivier Lapie reste huit ans à la Haute Autorité. À l’aise dans ce milieu européen, il désire continuer au sein de la Commission unique en 1967. Mais ses démarches, cette fois, n’aboutissent pas. Sur le plan national, sans parti et sans implantation électorale, il n’a pas d’autres choix que de se retirer de la vie politique. Dans les années qui suivent, il consacre une partie de son temps à l’écriture et publie plusieurs ouvrages, dont ses mémoires politiques. Il décède en 1994.
Enzo Giacchero (1912-2000)
20Enzo Giacchero est né le 25 février 1912, à Turin (Italie). Son père est ingénieur et sa mère, qui ne travaille pas, est issue d’une famille de bijoutiers du Piémont. Diplômé de l’école polytechnique de Turin en 1934, Enzo Giacchero travaille pendant les années qui suivent en tant qu’assistant du professeur Gustavo Colonnetti, détenteur de la chaire des sciences de la construction à l’école polytechnique. En 1940, Giacchero est âgé de 28 ans et il est mobilisé. S’il part se battre, c’est plus pour le roi qu’il vénère que pour la défense de l’Italie fasciste. Il est envoyé tout d’abord en Albanie et en Yougoslavie avec le 1er détachement du génie ferroviaire dont il est le commandant. Son travail consiste principalement en la construction de ponts dans ces deux pays. Grand sportif et athlète accompli, il suit fin 1941 des cours à l’école militaire de parachutisme de Tarquinia (Latium). En 1942, il est incorporé à la division « Folgore » qui part combattre en Afrique du Nord. Il est gravement blessé lors de la bataille d’El Alamein la même année. Il est amputé de la jambe gauche jusqu’au genou et rapatrié en Italie. Pendant son séjour à l’hôpital, il se retourne contre le régime fasciste et ses alliés nazis, alors que la guerre prend une tournure nouvelle, que les Allemands reculent et que l’armée italienne est, elle aussi, battue. Dans le contexte de guerre civile au Nord en 1943-1944, Enzo Giacchero prend le maquis. Il combat au sein de la 6e division alpine « Asti » qui libère la ville du même nom, début 1945. Les Alliés nomment Giacchero préfet d’Asti le 29 avril. Dès 1945, il s’investit aux côtés du nouveau parti d’inspiration catholique, la Democrazia Cristiana, qui correspond en de nombreux points à ses aspirations religieuses et politiques.
21Son activité de préfet pendant plus d’un an le fait connaître et reconnaître dans la région et contribue à son élection à l’Assemblée constituante dans la circonscription Asti-Alessandria-Cuneo, le 13 juin 1946. C’est en entrant dans la vie politique qu’il adhère aux idées européennes, notamment celles de Richard Coudenhove-Kalergi et du mouvement paneuropéen. Il devient l’un des vice-présidents de l’Union parlementaire européenne. En 1948, il est réélu aux élections législatives. L’activité européenne de Giacchero le fait connaître au sein de la Democrazia Cristiana. À la Chambre, il est élu vice-président de son groupe parlementaire. Après le vote de ratification du Plan Schuman en 1952, le gouvernement italien cherche qui envoyer à la Haute Autorité de la CECA. Quand la proposition parvient à Enzo Giacchero, il accepte aussitôt. Il reste à Luxembourg jusqu’en 1959. Pendant ces années à la Haute Autorité, il se rapproche de l’Union européenne des fédéralistes, dont il devient président du Comité central à partir de 1957. En 1959, lors du renouvellement de la Haute Autorité, le gouvernement italien décide de ne pas reconduire le mandat d’Enzo Giacchero qui, lui, le souhaite pourtant ardemment. Très déçu de ne pas rester à Luxembourg, il rentre en Italie dans une situation professionnelle délicate. Loin de la scène politique nationale pendant sept ans, en rupture avec son parti qui le déçoit, personnellement et politiquement, Enzo Giacchero rentre à Turin sans perspectives et sans travail.
22En 1962, après deux années passées à s’occuper de l’organisation du centenaire de l’unité de l’Italie (Italia 61), il ouvre un bureau d’études à Turin, où il reprend son activité d’ingénieur. Il dirige à partir de 1963 la Satap, société chargée de construire l’autoroute Turin- Piacenza. Dans les années soixante-dix, il tente une nouvelle aventure politique en créant la Costituente di destra, dont il est le président, avec Mario Tedeschi et Armando Plebe, entre 1975 et 1978. Ce mouvement politique monarchiste et ultraconservateur ne dure guère. Politiquement, les années soixante-dix marquent pour lui un changement d’orientation. Il se rapproche de mouvements monarchistes et néofascistes. Il est ainsi président d’honneur du Movimento Sociale Italiano – Destra Nazionale entre 1977 et 1979, parti créé, en 1946, sur les restes du parti fasciste républicain. Dans un fauteuil roulant les dernières années de sa vie, Enzo Giacchero meurt le 26 mars 2000.
Piero Malvestiti (1899-1964)
23Piero Malvestiti est né le 26 juin 1899, à Apiro (Marches, Italie), mais il grandit en Lombardie. Son père, Giovanni Malvestiti, est carabinier. Sa famille est catholique fervente et il reçoit une éducation très religieuse. Il obtient le diplôme d’expert comptable à l’Institut technique Vittorio Emanuele II. En 1917, il est mobilisé. Jeune officier, il participe au sein d’un régiment de Sardes à l’offensive italienne victorieuse contre les troupes austro-hongroises, lors de la bataille de Vittorio Veneto d’octobre 1918. Après la guerre, il entre comme employé à la Banca Populare de Milan, où il reste douze ans. Il fréquente alors des groupes de la Jeunesse catholique, dont il devient l’un des propagandistes. En octobre 1922, Mussolini arrive au pouvoir. Piero Malvestiti s’oppose au pouvoir fasciste au sein de l’Action catholique dès le début des années vingt. En 1928, il fonde clandestinement, avec Gioacchino Malavasi, le mouvement guelfe d’action. Leur propagande antifasciste est particulièrement vive au début des années trente et le 20 mars 1933, Piero Malvestiti est arrêté. Le 30 janvier 1934 a lieu son procès à Rome. Il est condamné à cinq ans de réclusion pour activités antifascistes par le tribunal spécial pour la défense de l’État. En raison de son mauvais état de santé, il est libéré peu de temps après contre l’engagement de ne pas développer d’activité politique pendant la durée de sa condamnation. Il rentre à Milan où il a perdu sa place à la banque. Dans l’impossibilité de retrouver un travail stable, ses amis lui procurent de temps à autre de petits emplois. En 1940, il est embauché par la banque provinciale des dépôts et escomptes, où il reste jusqu’en 1943. Malvestiti fréquente toujours, à Milan, ses amis des cercles catholiques et leurs réunions aboutissent à la création d’un parti démocrate-chrétien, la Democrazia Cristiana. En 1943, Piero Malvestiti s’installe en Suisse. Il participe à la lutte partisane des deux dernières années de la guerre, principalement par la plume. En septembre 1944, il est appelé par le gouvernement de la République partisane d’Ossola pour diriger les services financiers. Cette petite République créée par la Résistance survit jusqu’à la fin du mois d’octobre avant qu’une contre-attaque allemande ne mette fin à l’expérience.
24L’Italie du Nord libérée, Piero Malvestiti sort de la clandestinité. Il est projeté sur le devant de la scène au sein d’un parti uni et puissant, ayant déjà démontré ses capacités de gestion dans le Sud du pays. Personnage influent de la DC, il se fait élire député de Milan. Il sera à nouveau élu lors des élections législatives suivantes (1948, 1953, 1958, 1963). S’en suit pour lui une décennie de responsabilités gouvernementales. Il est successivement sous-secrétaire d’État au Trésor et ministre des Transports dans les gouvernements d’Alcide De Gasperi, puis ministre de l’Industrie dans le gouvernement de Giuseppe Pella. Cependant, à partir 1954, la carrière politique de Piero Malvestiti entame un réel déclin, après le décès d’Alcide De Gasperi et le départ de Giuseppe Pella à l’Assemblée de la CECA, ses deux appuis essentiels au sein de la DC. À la fin des années cinquante, sa carrière se tourne vers l’Europe. Malvestiti est nommé en 1958 vice-président de la CEE, fonction qu’il conserve jusqu’en 1959. Il est chargé des questions économiques et financières, du transport, de l’administration. Très tôt, l’Italie envisage de le « transférer » de Bruxelles à Luxembourg. Bien que le nom de Piero Malvestiti provoque de franches hostilités, notamment de la part des industriels allemands, il est nommé président de la Haute Autorité. Il arrive à Luxembourg au moment où la CECA commence à connaître de sérieux problèmes. Sa présidence se passe difficilement. Il semble défendre mollement les intérêts européens. Ni la Commission ni la Haute Autorité ne sont pour lui des réussites. Par tous les moyens, il cherche à revenir sur la scène politique nationale, ce qu’il parvient à faire en 1963 en se faisant réélire, difficilement, à Milan. Il est victime la même année d’une grave crise cardiaque. Il meurt le 5 novembre 1964.
Dino Del Bo (1916-1991)
25Dino Del Bo est né le 19 novembre 1916, à Milan (Italie). Il grandit dans un milieu et dans une famille très catholique. Son père, Carlo Del Bo, est professeur en sciences agraires et agronome libéral. Au début des années trente, Dino Del Bo entre à l’université de Milan où il étudie le droit et les sciences politiques. La foi chrétienne qui occupe par la suite une place prépondérante dans la pensée et dans les idées de Dino Del Bo est déjà présente à cette époque-là. En juin 1940, quand la guerre éclate, il est réformé par l’administration militaire pour raisons de santé. À 24 ans, il termine ses études brillamment et accède à un poste d’enseignant en philosophie du droit à l’université de Milan. Lui qui acceptait, jeune homme, le régime fasciste, se rapproche des réseaux de la Democrazia Cristiana vers la fin de la guerre, comme de nombreux étudiants et enseignants de l’université catholique de Milan. Des réunions clandestines se tiennent chez lui pendant les deux dernières années de la guerre. Il adhère à la DC. Si la lutte armée ne lui convient pas, il participe à la Résistance par l’écriture. Il écrit depuis sa création dans L’Uomo – Giornale degli uomini d’Italia, journal fondé par un groupe de philosophes et d’écrivains. C’est vers la fin de la guerre également que Dino Del Bo développe une pensée européenne. Mais pour Dino Del Bo, il ne s’agit pas encore d’un engagement concret, l’Europe reste une idée, un idéal intellectuel et philosophique. Même si, au cours des années qui suivent, il se positionne en faveur de l’union de l’Europe en suivant son parti, il ne s’investit réellement dans la construction européenne qu’à son arrivée à la Haute Autorité de la CECA en 1963.
26Membre du Conseil national de la DC, il est élu pour la première fois à la Chambre des députés en 1948. Il est réélu par la suite à trois reprises, en 1953, 1958 et 1963, toujours dans la même circonscription, celle de Milan-Pavie. Penseur catholique, Dino Del Bo mène après guerre une réflexion politique approfondie. Il entre au gouvernement en tant que sous-secrétaire d’État au Travail et à la prévoyance sociale en 1951, première étape d’une carrière ministérielle qui durera près de dix ans. Lors des changements de gouvernements, il n’est pas appelé par Fanfani et Scelba, présidents du Conseil entre 1954 et 1955. Quand le gouvernement Segni est formé en juillet 1955, Del Bo retrouve une fonction ministérielle, il est nommé sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Il le reste pendant près de deux ans, jusqu’au remaniement ministériel suivant. En 1958, les élections législatives voient la Democrazia Cristiana l’emporter une nouvelle fois et Fanfani forme un gouvernement au sein duquel Dino Del Bo est ministre sans portefeuille. Puis, de 1959 à 1960, il occupe le ministère du Commerce extérieur. En 1963, Piero Malvestiti décide de quitter la Haute Autorité pour se présenter aux élections législatives. Le gouvernement propose alors à Dino Del Bo la présidence de la CECA, qui, pour des raisons d’équilibres nationaux entre les présidences des trois communautés revient une nouvelle fois à l’Italie. À ce moment-là, l’aventure CECA, qui arrive à sa fin, n’enthousiasme pas vraiment les autres hommes politiques du parti. Dino Del Bo accepte, bien qu’il connaisse très peu la CECA. Son arrivée à Luxembourg en 1963 est saluée par tous comme un renouveau. La Haute Autorité connaît pourtant ses dernières heures. La fusion des exécutifs des trois communautés n’aura lieu qu’en 1967 et Dino Del Bo reste à la tête du collège jusqu’à cette date. Il était pressenti par beaucoup pour devenir le premier président de la Commission unique lors de la fusion des trois exécutifs. Mais le gouvernement italien s’y oppose. La déception est immense ; il tourne le dos à la politique et à son parti dès son retour en Italie. C’est dans le secteur bancaire que Dino Del Bo commence une nouvelle carrière (Banche e Banchieri, Banca Steinhausling de Florence), bien qu’il ne soit, là encore, pas spécialiste de ce domaine. En dehors de ses activités bancaires, Dino Del Bo poursuit son évolution intellectuelle. C’est dans les années soixante-dix qu’il publie le plus grand nombre d’ouvrages. La plupart sont consacrés à la religion (histoire de Jésus, biographie de Catherine de Gênes), à la spiritualité ou à la poésie. Il meurt le 16 janvier 1991 à Rome, à l’âge de 74 ans.
Albert Coppé (1911-1999)
27Albert Coppé est né le 26 novembre 1911 à Bruges, en Belgique. Son père, qui s’appelle également Albert Coppé, dirige une entreprise prospère d’exportation de charbon. Albert Coppé grandit dans une famille nombreuse, bourgeoise et catholique. Il entre à l’université de Louvain en 1929. Il s’inscrit en sciences économiques et obtient sa licence en 1932. Il poursuit ses études en commençant un doctorat en économie. Parallèlement à ses études, Albert Coppé travaille dans l’entreprise d’importation de charbon de son père. Il termine son doctorat en 1940. La guerre éclate. Il est dispensé de service militaire en tant que fils de famille nombreuse. Il est malgré cela mobilisé en mai 1940. Il est immédiatement envoyé dans le Sud-Ouest de la France, où il se marie. Au mois d’août 1940, il rentre à Bruges. Il est nommé professeur à l’université catholique de Louvain début septembre. Pendant toute la durée de la guerre, il partage son temps entre les cours qu’il donne à l’université et le poste d’expert qu’il occupe au ministère des Affaires économiques. Vers la fin de la guerre se pose la question de la réorganisation politique du pays pour l’après-guerre. Les groupes catholiques de réflexion et les initiatives clandestines sont nombreux. Albert Coppé a quelques contacts épisodiques avec ceux qui fonderont au lendemain de la guerre le parti social-chretien. Mais ce n’est qu’après la libération du territoire qu’il s’investit de façon concrète dans le renouveau politique belge. En février 1945, après la disparition de l’ancien parti catholique, un comité d’organisation chargé de préparer le nouveau parti chrétien est créé. Appelé par Paul-Willem Segers – membre important de l’aile flamande de ce comité – Albert Coppé participe à l’élaboration du programme de ce qui devient le CVP-PSC (Christelijke Volkspartij – Parti Social-Chrétien). Il est délégué auprès des syndicats chrétiens pour participer à la rédaction du programme du syndicat chrétien international. Lors des élections législatives de février 1946, il est élu député de Bruxelles à la Chambre des représentants. Il entre au gouvernement quatre ans plus tard comme ministre des Travaux publics, dans le gouvernement homogène social-chrétien dirigé par Jean Duvieusart. Dès août 1950, le cabinet démissionne. Un nouveau gouvernement se forme, dirigé par Joseph Pholien (social-chrétien). Albert Coppé prend le ministère des Affaires économiques. Lourd portefeuille que celui des Affaires économiques à ce moment-là : le redémarrage économique de l’immédiat après-guerre se tasse dès 1950. Ministre, il s’occupe également des négociations du traité CECA avec pour tâche principale la négociation des dispositions spéciales concernant le charbon, l’acier et la période transitoire accordée à la Belgique. Personnellement favorable à la CECA, il estime que la Belgique ne peut pas passer à côté d’un marché commun franco-allemand. Il intervient par ailleurs dans les négociations pour demander (et obtenir) que le néerlandais soit reconnu langue officielle de la Communauté. L’Europe est présente dès la fin de la guerre dans les conceptions politiques d’Albert Coppé. Il participe au congrès de La Haye en 1948 avec quelque huit cents autres délégués de tous les pays d’Europe. Au début de l’année 1952, après un nouveau changement de gouvernement, il est nommé ministre de la Reconstruction, sept ans après la fin de la guerre ; il sera le dernier à ce poste. En 1952, Albert Coppé est nommé à la Haute Autorité de la CECA. Pendant la durée de son mandat, il s’occupe particulièrement des questions liées à la crise du secteur charbonnier belge. Il est l’un des membres emblématiques de la Haute Autorité. Entré en fonction jeune, à 41 ans, il reste à Luxembourg jusqu’à la disparition de la Haute Autorité. Vice-président de l’institution pendant quinze ans, il connaît parfaitement les mécanismes européens. À la Haute Autorité, puis à la Commission à partir de 1967, il est l’un des commissaires restés le plus longtemps en poste (21 ans). Âgé de 62 ans quand il quitte ses responsabilités européennes en 1973, il continue d’enseigner à l’université de Louvain tout en travaillant avec profit pour le secteur privé. Il intègre l’administration de grandes entreprises comme Phillip’s et la Générale de Banque. Toujours actif intellectuellement, proeuropéen, il intervient sur des sujets de politique européenne et économique jusqu’à la fin de sa vie à travers la presse, lors de conférences, de voyages, etc. Albert Coppé meurt le 11 octobre 1999, à l’âge de 87 ans.
Paul Finet (1897-1965)
28Paul Finet est né le 4 novembre 1897 à Montigny-sur-Sambre, dans la province du Hainaut en Belgique, dans une famille ouvrière. Paul Finet quitte l’école à l’âge de quatorze ans, en 1911, pour devenir apprenti traceur en chaudronnerie. Les conditions de travail sont très dures. Très vite, il s’intéresse à l’action syndicale. Il adhère d’abord à la section locale du syndicat des métallurgistes de Marcinelle, dont il devient secrétaire adjoint. En 1928, il est secrétaire permanent de sa section. Ayant reçu peu de formation scolaire, il entreprend seul son apprentissage intellectuel. Grand lecteur, il se construit une culture syndicale et socialiste. Ses qualités d’orateur le font remarquer lors d’assemblées fédérales : il est appelé à la fonction de propagandiste par la Fédération des métallurgistes de Charleroi en 1929. Pendant les grèves des années trente, en pleine crise économique, il parcourt le Pays Noir et le Hainaut, se mêle aux grévistes et diffuse les idées des syndicats socialistes. Son syndicat, la Fédération des métallurgistes de Charleroi, est devenu l’un des plus puissants de la région. Fin 1933, le Parti ouvrier belge (POB), auquel sont affiliés les syndicats socialistes, adopte un programme nouveau : le « Plan du travail », conçu par le jeune dirigeant socialiste Henri De Man. À partir de 1934, le POB mobilise les différentes fédérations régionales pour diffuser le Plan. Paul Finet devient l’un des principaux propagandistes du Plan dans la région de Charleroi. Il exerce ses talents d’orateur lors de réunions de masse. Il collabore par ailleurs à différents journaux socialistes et syndicaux, dont le Journal de Charleroi, l’Action syndicale et Le Travail. Au milieu des années trente, Finet prend de l’importance dans le mouvement syndical. Ses interventions sont de plus en plus écoutées. Il gravit encore un échelon de la hiérarchie syndicale en devenant, en 1936, secrétaire de la Commission syndicale socialiste (CSC), qui un an plus tard devient la Confédération générale du travail de Belgique (CGTB). En 1940, il fuit la Belgique pour la France et parvient à gagner l’Angleterre en 1942. Dès son arrivée, Paul Finet se met au service du gouvernement belge de Londres. Il est attaché au cabinet du ministre des Communications, chargé des questions sociales. Il s’adresse à plusieurs reprises au continent par la voix de la radio. Il rejoint également Joseph Bondas, figure emblématique de la vie syndicale belge avant guerre. Pendant la guerre, Paul Finet est aussi le délégué belge au Bureau international du travail.
29En 1944, de retour en Belgique après la libération du territoire, il reprend immédiatement son activité syndicale. En 1945, les syndicalistes belges sont occupés par le congrès de fusion, qui donne naissance à un syndicat unique, la Fédération générale des travailleurs de Belgique (FGTB). Paul Finet est élu secrétaire général de la FGTB un an plus tard, en 1946. En 1945, il est par ailleurs nommé membre du conseil d’administration du BIT, le secrétariat permanent de l’Organisation internationale du travail (OIT). Son activité syndicale est multiple, nationale et internationale. En 1949, il se rend à Londres où se tient une conférence aboutissant à la création de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL). Il est l’un des principaux créateurs de la CISL et devient le premier président de cette organisation en 1949. Il reste président de la CISL jusqu’en 1952, date à laquelle il part pour la Haute Autorité de la CECA. Comme les autres syndicalistes nommés à Luxembourg, il s’intéresse surtout aux questions sociales liées à la CECA. Les buts sociaux du traité CECA (développement de l’emploi et relèvement du niveau de vie) avaient permis le ralliement des organisations syndicales au projet européen. Pour lui, l’action sociale de la CECA est fondamentale. Membre coopté jusqu’à son décès, Paul Finet prendra même brièvement la présidence de la Haute Autorité (janvier 1958-septembre 1959). Il décède le 18 mai 1965, à l’âge de 67 ans.
Dirk Spierenburg (1909-2001)
30Dirk (Peter) Spierenburg est né le 4 février 1909, à Rotterdam (Pays-Bas). Son père, Dirk Peter Spierenburg, est agent d’assurance. Dirk Spierenburg étudie l’économie et les sciences politiques à l’école supérieure néerlandaise des sciences économiques, à Rotterdam. Il obtient son diplôme en 1930, à la suite de quoi il travaille quelques années dans le privé, pour la société commerciale « Amsterdam ». En 1935, il entre au ministère des Affaires économiques, à la direction de la politique commerciale. Il travaille jusqu’à la veille de la guerre à la section des accords commerciaux. Il est notamment envoyé en mission en Yougoslavie où il rencontre sa future femme, Milja Ilic. À partir de 1940, il prend de l’importance dans le ministère et dirige plusieurs sections, notamment celle des affaires économiques et commerciales de l’Europe du Sud-Est. En 1941, il dirige, et ce pendant toute la durée de la guerre, le bureau de répartition des métaux.
31Après la fin de la guerre, il travaille toujours à la tête du ministère. Il devient directeur des relations économiques extérieures (BEB). En 1948, il est envoyé dans plusieurs grandes négociations internationales. Il est notamment nommé chef de la délégation néerlandaise à Paris pour le plan Marshall en 1948 et 1949. Au sein de son ministère, il franchit une étape supplémentaire en devenant directeur général des BEB, fonction qu’il conserve jusqu’en 1952. L’épreuve de la guerre marque pour lui, comme pour beaucoup, un changement dans ses conceptions politiques et économiques. Avant la guerre, les pays se concentraient sur des accords économiques bilatéraux. Dirk Spierenburg participe à un grand nombre de négociations internationales après 1945 et l’Europe devient pour lui une réalité envisageable. Il préside les délégations néerlandaises au Conseil de l’OECE et pour le plan Schuman. Pendant les négociations CECA, Spierenburg défend vigoureusement les intérêts de son pays et cherche dans un premier temps à limiter les pouvoirs de la nouvelle institution. Le traité signé et ratifié, Spierenburg est tout désigné pour être nommé à la Haute Autorité. Il reste dix ans à Luxembourg. Il éprouve quelques difficultés relationnelles avec certains de ses collègues et ces difficultés, liées notamment à son tempérament, ajoutées à de nombreuses critiques, le poussent à démissionner en 1962. Il retrouve facilement un poste dans l’administration. Diplomate averti, fort de son expérience européenne, le gouvernement néerlandais le nomme représentant des Pays-Bas auprès des Communautés européennes en lieu et place de son successeur à la Haute Autorité, Johannes Linthorst Homan. Dirk Spierenburg conserve ce poste jusqu’en 1971. Il poursuit sa carrière diplomatique comme représentant permanent des Pays-Bas à l’OTAN, toujours à Bruxelles. Il y reste jusqu’en 1974, date à laquelle il prend sa retraite, à l’âge de 63 ans. Dans les années 1970, expert européen reconnu, il est régulièrement consulté par le gouvernement néerlandais sur les questions européennes ou économiques. En 1979, le président de la Commission européenne, Roy Jenkins, fait également appel à lui pour présider un groupe de réflexion indépendant sur le fonctionnement de la Commission européenne. Il en résulte le « rapport Spierenburg », qui plaide notamment en faveur de la réduction du nombre de commissaires et de directions générales.
32En 1993, il publie avec l’historien Raymond Poidevin un ouvrage sur l’histoire de la Haute Autorité de la CECA7. Dirk Spierenburg décède le 27 août 2001, aux Pays-Bas.
Johannes Linthorst Homan (1903-1986)
33Johannes Linthorst Homan est né le 17 février 1903 à Assen, dans la province de Drenthe aux Pays-Bas, dans une famille protestante. Son père, Jan Tijmen Linthorst Homan, avocat, succède à son propre père au poste de commissaire de la Reine de Drenthe, en 1917. Il est politiquement lié aux libéraux. La famille Homan fournit plusieurs commissaires de la Reine tout au long du XXe siècle, ainsi qu’un nombre important de hauts fonctionnaires. Pendant la première guerre, Johannes Linthorst Homan entre au lycée. Il y reste jusqu’en 1921, date à laquelle il s’inscrit dans la prestigieuse université de Leyde. Il étudie le droit. En 1926, il passe l’équivalent de sa maîtrise de droit et entre dans le monde du travail. Il retourne à Assen, où il exerce comme avocat, associé à son frère Henri Pieter Linthorst Homan. Dans les années qui suivent, il entreprend une thèse de doctorat, qu’il termine en 1934. Sa famille est depuis longtemps l’une des grandes familles de Assen, ancrée politiquement et socialement dans la province de Drenthe : Johannes Linthorst Homan s’aventure aisément, les années passant, dans la sphère politique locale. Il se fait nommer maire de la commune de Vledder en 1932. Il poursuit ensuite sa carrière politique au niveau régional. En 1934, il est élu membre de l’Administration de la province de Drenthe. Il est membre du parti libéral De Vrijheidsbond, le parti des élites intellectuelles et économiques. En 1937, à la fin de son mandat de maire, le pouvoir central le sollicite pour devenir commissaire de la Reine de Groningue, ce qu’il accepte. Après l’invasion allemande, en juillet 1940, il fonde avec Louis Einthoven et Jan Eduard De Quay un nouveau mouvement politique : l’Union néerlandaise (UN). Ce mouvement fondé par des personnalités politiques de second plan prend de l’importance dès les premiers temps de l’Occupation. La victoire de l’Allemagne en Europe lui paraissant acquise, l’UN voit dans la domination allemande l’ouverture d’une ère nouvelle dont les Pays-Bas doivent profiter. Après le succès et la relative liberté de l’Union néerlandaise pendant les premiers mois de l’Occupation, la situation se dégrade au fur et à mesure que le pouvoir de mouvements tels que le parti nazi néerlandais (NSB) augmente. L’un est interdit courant 1941 et Homan est arrêté en juillet 1942. Il est transféré dans le camp de Beekvliet. Il n’est libéré qu’en avril 1944.
34La Libération et l’épuration qui suit ne lui sont guère plus favorables. Sa tentative de collaboration avec les autorités allemandes lui est reprochée et Homan met plusieurs années avant de retrouver des fonctions importantes dans l’administration néerlandaise. Il est dans un premier temps engagé par le ministre de l’Agriculture (1948). En 1952, le ministère des Affaires économiques le prend dans ses services où il devient directeur de l’intégration européenne. Depuis 1948, son intérêt pour l’idée européenne et fédéraliste grandit. Pendant les années cinquante, il fait partie de plusieurs délégations néerlandaises lors de conférences européennes, lors de négociations européennes et internationales : membre de la délégation néerlandaise à la commission économique pour l’Europe à Genève (1953-1954), à l’ECOSOC (Comité économique et social) des Nations unies (1953-1954), président de la délégation néerlandaise lors des négociations du traité de Rome (1956-1957). Devenu en dix ans spécialiste des questions européennes, il est nommé en 1958 représentant des Pays-Bas auprès de la CEE et d’Euratom à Bruxelles. Homan reste cinq ans à Luxembourg, jusqu’à la fusion des exécutifs des trois communautés. La diplomatie européenne lui offre cependant une possibilité de reclassement. Il est en effet nommé en 1968 représentant des Communautés européennes à Londres. Il s’occupe plus particulièrement d’encourager l’adhésion britannique à la CEE auprès de l’Europe continentale. Il reste trois ans en Angleterre avant de s’installer à Rome avec sa femme. Il est alors âgé de 68 ans et sa carrière se termine. Il écrit dans les années soixante-dix ses mémoires, qu’il publie en 1974 et qui engendrent une véritable controverse aux Pays-Bas sur le rôle complexe du mouvement qu’il avait fondé en 1940. Johannes Linthorst Homan décède en 1986.
Albert Wehrer (1895-1967)
35Albert Wehrer est né le 30 janvier 1895 à Luxembourg. Son père, Martin Wehrer, tient une épicerie dans le quartier de la gare. Albert Wehrer effectue toute sa scolarité à Luxembourg. Il a dix-neuf ans et termine ses études secondaires quand la première guerre mondiale éclate. Il part alors en Suisse, à Genève, pour étudier le droit. Il poursuit ses études à Luxembourg après la guerre. Il est reçu docteur en 1921. Il entre au barreau la même année, à la cour de Luxembourg. Dès 1926, il commence à collaborer avec les services gouvernementaux, en tant que conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères. Il fait l’apprentissage de la diplomatie internationale. Le gouvernement le nomme en effet délégué du Grand- Duché à la Société des Nations à Genève. Après son entrée au ministère des Affaires étrangères, il gravit rapidement les échelons de la carrière diplomatique. Il travaille aux côtés de Joseph Bech, figure emblématique de la vie politique luxembourgeoise des années vingt aux années cinquante. En 1926, Bech préside le gouvernement tout en gérant le portefeuille du ministère des Affaires étrangères. Albert Wehrer devient son homme de confiance. Bech le nomme conseiller de gouvernement chargé de l’assister dans la direction de la diplomatie luxembourgeoise en 1929. Wehrer prend de l’importance au sein du ministère. En 1936, il est nommé secrétaire général du gouvernement grand-ducal. Deux ans plus tard, Bech le nomme chargé d’affaires du Luxembourg à Berlin. En tant que délégué luxembourgeois à la SDN pendant plus de dix ans (jusqu’en 1939), il effectue la navette entre Luxembourg et Genève pour défendre les positions de son gouvernement. Il assiste et participe ainsi à toutes les grandes négociations internationales de l’époque et défend la politique de neutralité du pays. À Luxembourg, autour du gouvernement, il occupe une place privilégiée en tant que principal conseiller. Il œuvre et négocie aux quatre coins de l’Europe pour l’obtention de garanties de la neutralité luxembourgeoise. Mais cela n’empêche pas l’Allemagne d’envahir le Luxembourg le 10 mai 1940.
36La Grande-Duchesse et les membres du gouvernement quittent le pays le jour même. Albert Wehrer, quant à lui, reste à Luxembourg. Il est chargé par le gouvernement en fuite de gérer les affaires courantes, de faire fonctionner le pays comme il le peut. La Chambre des députés vote, le 16 mai 1940, une résolution créant la Commission administrative, chargée d’assurer le fonctionnement des services de l’État en l’absence du gouvernement. Albert Wehrer est choisi pour en être le président. Il essaye de faire fonctionner ce qui reste de l’administration luxembourgeoise, mais la situation se dégrade de plus en plus, en particulier avec le Gauleiter et l’administration civile allemande. La Commission administrative est finalement destituée fin octobre 1940 ; Albert Wehrer est démis de ses fonctions et arrêté quelques mois plus tard. Après la prison de Trèves où la Gestapo l’a placé en détention le 10 février 1941, Wehrer est envoyé en Saxe où il reste jusqu’à la fin de la guerre. Grâce à ses contacts avec les milieux sidérurgistes, il trouve à Leipzig une place dans une filiale de Felten & Guilleaume. Il rentre à Luxembourg en 1945 et reprend rapidement du service dans la diplomatie luxembourgeoise. En 1949, et dans la suite de ses activités diplomatiques, Wehrer est envoyé à Bonn en tant que chef de la mission luxembourgeoise auprès des hauts commissaires alliés dans la République Fédérale d’Allemagne. Excellent connaisseur de l’Allemagne, il est nommé l’année suivante ministre de Luxembourg en RFA. Il ne reste pas longtemps en Allemagne. En 1951, il est à Paris pour deux raisons : il est l’ambassadeur du Luxembourg en France et le chef de la délégation luxembourgeoise aux négociations sur le Plan Schuman en 1950-1951. En tant que négociateur du traité, Albert Wehrer est choisi pour devenir le membre luxembourgeois de la Haute Autorité de la CECA. Il arrive à la fin de sa carrière et ce poste d’importance lui permet également de rester à Luxembourg. À la Haute Autorité, son expérience diplomatique le conduit à s’occuper plus particulièrement du groupe de travail « relations extérieures ». Il reste à Luxembourg jusqu’à la disparition de la Haute Autorité, en 1967. Malade la dernière année de son mandat, il meurt le 31 octobre 1967 à Luxembourg, à l’âge de 72 ans.
Jean Fohrmann (1904-1973)
37Jean Fohrmann naît à Dudelange, au Luxembourg, le 5 juin 1904. Son père, Jacques Fohrmann, est ouvrier dans les chemins de fer et sa mère garde-barrière. Jean Fohrmann effectue sa scolarité à l’école primaire de Dudelange. Il quitte l’école à l’âge de quinze ans juste après la fin de la guerre, en 1919, pour faire son apprentissage de serrurier. Il est apprenti serrurier jusqu’en 1924 à l’aciérie de Dudelange. Très tôt, il s’engage dans les organisations ouvrières. Il adhère tout d’abord au syndicat de la métallurgie, avant d’entrer dans la section de Dudelange du Parti ouvrier luxembourgeois (POL) nouvellement créé (1924). La direction du syndicat de la sidérurgie, le BMIAV, s’intéresse à lui et décide de l’envoyer à l’école supérieure du travail de Bruxelles en finançant son séjour. Il y reste un an, entre 1925 et 1926. Cette école, gérée par les syndicats libres belges, le parti ouvrier et les mutualités belges, offre une formation générale aux jeunes espoirs du syndicalisme. À son retour, il est chargé de la propagande au sein du POL, plus particulièrement de la propagande auprès des jeunes. Il écrit aussi pour le journal socialiste de Esch-sur-Alzette, le Escher Tagesblatt. En 1928, il est élu secrétaire de la section de Rumelange de son syndicat. En 1932, il prend la direction de la coopérative « Le Syndicaliste » de Dudelange et doit faire face aux nombreuses difficultés financières engendrées par la crise économique générale qui sévit en Europe. Il prend de l’importance au niveau local : membre influent du syndicat et du parti, directeur de la coopérative. Lors des élections législatives de 1934, il sort suppléant et entre à la Chambre l’année suivante après le décès d’un parlementaire. En 1937, il accède à de nouvelles et importantes fonctions syndicales : il devient secrétaire de la Confédération générale du travail du Luxembourg (CGTL). Lors de l’invasion allemande, Jean Fohrmann et sa famille sont évacués vers la France. Il rentre trois mois plus tard et reprend son action syndicale. Cependant, le climat a fortement changé. Les autorités civiles allemandes imposent de plus en plus de contraintes : Fohrmann est démis de ses fonctions au début de l’année 1941. Il avait refusé d’adhérer au Volksdeutsche Bewegung, mouvement pronazi luxembourgeois. Le 17 septembre 1942, Jean Fohrmann est transféré avec sa famille en Silésie, à Leubus, puis à Boberstein. Il est incarcéré dans un premier temps à la prison de Liegnitz avant d’être déporté dans un camp de concentration. Il passe la fin de la guerre dans le camp de Gross-Rosen puis dans celui de Hersbruck, près de Nuremberg. Dans le chaos des dernières semaines de la guerre, il parvient à s’échapper et rentre à Luxembourg le 14 mai 1945.
38Peu de temps après la Libération, Jean Fohrmann reprend son poste de secrétaire de la CGTL et retrouve son fauteuil de député. Le 7 octobre 1945, il se présente aux élections communales de Dudelange où il est élu triomphalement en sortant premier de la liste socialiste. Il sera réélu bourgmestre de Dudelange pendant 20 ans. Malgré son importance politique, Jean Fohrmann ne participe à aucun gouvernement. Particulièrement investi dans les questions sociales, Fohrmann reste pendant plus de quinze ans membre de la commission parlementaire des affaires sociales, puis de la commission du travail. Dans les années cinquante, il préside le groupe parlementaire socialiste. Il siège également à l’Assemblée commune de la CECA. Il reste député européen pendant plus de dix ans, jusqu’en 1965. Il est aussi vice-président de l’Assemblée commune puis du Parlement européen à partir de 1958. En 1955, il adhère dès sa création au Comité d’action pour les États-Unis d’Europe de Jean Monnet. Par ailleurs, Jean Fohrmann prend, en 1953, la direction du journal luxembourgeois d’obédience socialiste, le Tageblatt. Après le décès de Paul Finet le 18 mai 1965, la Haute Autorité de la CECA décide de coopter à nouveau un syndicaliste. Jean Fohrmann ne reste que deux ans à la Haute Autorité. De retour à la vie publique nationale en 1967, il est une nouvelle fois élu député en 1968. Il décède le 17 septembre 1973.
Roger Reynaud (1916-)
39Par manque de sources, le parcours de Roger Reynaud n’a pas pu être reconstitué dans sa totalité. Sont données ci-dessous les informations disponibles au moment de la publication de ce livre.
40Roger Reynaud est né le 19 mai 1916 à Marseille (France). Il entre avant la seconde guerre mondiale au ministère des Finances comme fonctionnaire. Il se marie le 23 décembre 1941 avec Jacqueline Dumesny, à Digne. Après la guerre, en 1947, il est nommé receveur des finances. Dès 1945, il entre au syndicat chrétien de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) et commence une carrière syndicale. Il est tout d’abord secrétaire général du syndicat chrétien des enquêtes économiques. Il gravit progressivement les échelons syndicaux : secrétaire général de la fédération des ministères à caractère économique (1946) ; secrétaire général, entre 1948 et 1951, puis vice-président de la Fédération générale des fonctionnaires jusqu’en 1957.
41Dans les années cinquante, il occupe une place importante dans les instances fédérales de la CFTC. Il est ainsi élu membre du Bureau confédéral, qui devient Conseil confédéral au congrès de 1951. Il est réélu à ce poste jusqu’en 1957. Profondément anticommuniste, Roger Reynaud n’a de cesse de lutter contre la menace que représentent les communistes. Avant d’être nommé à la Haute Autorité en 1958, il s’intéresse à la CECA et à l’Europe. En 1955, la Haute Autorité met en place une commission sur ses objectifs généraux et demande aux syndicats d’envoyer des représentants. À la lecture de la lettre de la Haute Autorité, Roger Reynaud pose sa candidature. Quelques années plus tard, lors du renouvellement de la Haute Autorité en 1958, le gouvernement français demande à la CFTC de proposer un nom ; elle avance celui de Roger Reynaud. Il est finalement choisi. Il arrive à Luxembourg en 1958. Il est nommé en même temps que Franz Blücher : tous deux semblent n’exercer que très peu de poids sur les décisions du collège, pendant toute la durée de leur mandat. Selon Dirk Spierenburg : « […] très bon connaisseur des problèmes sociaux et administratifs, Reynaud, qui n’a rien d’un homme politique, paraît sensible aux avis des autorités françaises sans pour autant exercer une forte influence au sein du collège.8 » Roger Reynaud quitte la Haute Autorité au moment de la fusion des exécutifs des trois communautés, en 1967.
Notes de bas de page
1 Mouvement de jeunesse des travailleurs.
2 Examen donnant l’opportunité aux personnes sorties jeunes du système scolaire d’intégrer l’Université.
3 Raymond Poidevin et Dirk Spierenburg, op. cit., p. 69.
4 En 2007.
5 Mathématicien, membre de l’Institut.
6 Société lorraine de laminage continu.
7 Raymond Poidevin et Dirk Spierenburg, op. cit.
8 Raymond Poidevin et Dirk Spierenburg, op. cit., p. 503.
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