L’Europe parfaite ?
p. 15-34
Texte intégral
La « mère » CECA
1Le 9 mai 1950, le ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, propose la mise en commun des ressources de charbon et d’acier de la France et de l’Allemagne dans une organisation ouverte aux autres pays européens. Élaborée dans le secret par Jean Monnet et son équipe les mois précédents, la déclaration du 9 mai ouvre une nouvelle ère. La République fédérale d’Allemagne et quatre autres pays d’Europe répondent avec enthousiasme – et pragmatisme – à cette proposition concrète d’unification européenne. L’Allemagne, qui est le premier destinataire du projet, inspire à l’époque toujours la crainte. Les dirigeants français ont peur de voir le voisin germain dominer à nouveau le continent grâce à son économie, à la Ruhr et ses formidables ressources industrielles. Pour nombre de responsables politiques européens, il est encore impossible de redonner à l’Allemagne son entière souveraineté. À la question allemande, la France propose une solution susceptible d’être acceptée par tous. Les paroles, célèbres, du ministre français sont aujourd’hui indissociables de la Communauté européenne du charbon et de l’acier elle-même :
Le gouvernement français propose de placer l’ensemble de la production franco-allemande de charbon et d’acier, sous une Haute Autorité commune […]. La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l’Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible. […] cette proposition réalisera les premières assises concrètes d’une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix1.
2La première image de la CECA, la plus durable peut-être, est la déclaration qui appela à sa création. La CECA ne devient réalité que deux ans plus tard, mais les idéaux qui lui sont associés sont déjà présents : paix, démocratie, solidarité. De plus, la communauté a un premier visage, un premier père – on y reviendra – celui de Robert Schuman. Il ne faut pas négliger l’importance de la déclaration Schuman, de sa médiatisation et de sa mise en valeur, dans la perception de la communauté elle-même. La force émotionnelle de la déclaration est devenue, parce qu’il en a été décidé ainsi, le symbole de la réconciliation du continent à travers le projet de construction européenne. L’Europe est née, et les Européens fêtent son anniversaire chaque année, le 9 mai, depuis 1986. Cette date est bien sûr importante au regard de l’histoire, mais ce sont les institutions européennes elles-mêmes qui ont choisi cette date de naissance (décision du Conseil européen de Milan des 28 et 29 juin 1985). La création de symboles forts, identifiables et porteurs supposés de valeurs communes, est essentielle dans le processus de création d’une identité, à laquelle les citoyens européens adhèrent. La politique identitaire des institutions européennes, s’inspirant des pratiques de longue date des États nationaux, utilise les moments forts de l’histoire. Si l’Europe doit rivaliser avec l’État, le 9 mai, présenté partout comme une « révolution », doit pouvoir rivaliser avec le 14 juillet, par exemple… L’Europe communautaire, dans sa quête de légitimité et de consolidation, emprunte aux rituels nationaux pour construire et renforcer son identité. Il en est ainsi de la déclaration Schuman, qui, pour certains cependant,
pourrait être interprétée comme n’étant pas seulement de nature collective et européenne mais comme étant une action unilatérale française, un calcul politique et non le résultat de la volonté ou des actions des peuples européens. La célébration de cet évènement pourrait donc être interprétée comme une subordination à la primauté de la diplomatie française2.
3La CECA se concrétise après plusieurs de mois de négociations entre les délégations des six pays engagés (Allemagne, France, Italie, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg). Les négociations sont longues et parfois éloignées de l’idéalisme de la déclaration Schuman. La dose de supranationalité qui fait l’originalité du projet par rapport aux organisations économiques européennes déjà existantes est accueillie avec une certaine méfiance par les gouvernements. Le gouvernement britannique a refusé le projet et ne participe pas aux négociations. Le traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier est cependant signé le 18 avril 1951, à Paris. Son fonctionnement et ses missions sont définis par le traité. Plusieurs institutions sont mises en place, dont la Haute Autorité siégeant à Luxembourg. Cette dernière exerce son pouvoir directement sur les entreprises des secteurs dont elle a la charge. Elle est entourée d’autres organes – et c’est là l’expression de la crainte de la supranationalité : un Conseil spécial des ministres chargé de donner son « avis conforme », c’est-à-dire son accord, sur certaines questions jugées importantes, de faire le lien entre les décisions de la Haute Autorité et les gouvernements ; une Assemblée commune composée de parlementaires nationaux déjà élus ayant peu de pouvoir mais pouvant renverser la Haute Autorité ; une Cour de justice pour veiller au respect du traité. Les grandes missions de la CECA, comme le traité les définit, sont de :
veiller à l’approvisionnement régulier du marché commun […] ; assurer à tous les utilisateurs du marché commun placés dans des conditions comparables un égal accès aux sources de production ; veiller à l’établissement des prix les plus bas […] ; veiller au maintien de conditions incitant les entreprises à développer et à améliorer leur potentiel de production et à promouvoir une politique d´exploitation rationnelle des ressources naturelles évitant leur épuisement inconsidéré ; promouvoir l´amélioration des conditions de vie et de travail de la main-d’œuvre […] ; promouvoir le développement des échanges internationaux […] ; promouvoir l’expansion régulière et la modernisation de la production […]3.
4Le traité est ratifié dans les six pays ayant participé à son élaboration ; la première communauté européenne est créée.
5La CECA est perçue comme l’œuvre fondatrice par excellence. Dans le discours européen, cinquante ans plus tard, l’éloge est la règle envers une institution qui a par ailleurs disparu. Le traité a expiré en 2002 et les années de gloire de la CECA, quand elle était encore seule et sans rivale, sont suffisamment loin dans les esprits pour ne garder d’elle que son importance et sa valeur européennes. La CECA est un symbole : celui de l’Europe originelle, de la volonté de tous de s’unir, de la paix retrouvée, de la solidarité affichée…
6La CECA bénéficie d’une image particulièrement positive dans la plupart des ouvrages qui lui sont consacrés, qu’ils émanent des Communautés européennes elles-mêmes ou non. Les publications officielles de l’Union européenne sur son aïeule sont un bel exemple de la perception de l’Europe idéalisée. À l’occasion du cinquantenaire de la CECA, une importante production a vu le jour, rendant hommage à l’institution « pionnière ». En 2002, au moment de l’expiration du traité CECA, diverses brochures ont été publiées par l’office des publications officielles des Communautés européennes4. L’une d’elles regroupe trente-quatre témoignages sur la CECA, témoignages de personnalités européennes de premier plan, dont celui l’ancien président de la Commission européenne Romano Prodi – alors en fonction – qui donnent leur point de vue sur la CECA. Certes, ces propos n’engagent que leurs auteurs, mais ils montrent la teneur du discours admis et véhiculé par l’Europe actuelle sur sa propre histoire. L’ancien président de la Commission européenne s’exprime le premier dans cet ouvrage commémoratif :
C’est surtout sur le plan politique qu’il faut mesurer la formidable portée novatrice de ce projet. Il suffit de relire le préambule du traité CECA pour se rendre compte que se trouvaient là déjà formulés tous les projets d’une Europe politique en devenir. […] En fait, la CECA apparaît comme un processus original basé sur la conviction de partager un destin commun et porteur d’une vision à long terme, qui identifie des objectifs supérieurs communs et des méthodes pacifiques et efficaces pour les atteindre. Elle met ainsi un terme à une époque millénaire caractérisée par de durs échanges, voire des conflits sanglants, entre États voisins pour la préservation d’intérêts égoïstes. La collaboration sereine et structurée entre partenaires, qui amène à la composition des différents intérêts en vue du bien commun, l’emporte sur la confrontation rancunière et parfois violente entre ennemis. Il en résulte la mise en commun de l’exercice des souverainetés nationales, qui permet à la communauté ainsi créée de reprendre un rôle majeur dans le concert mondial5.
7L’importance de la CECA comme première communauté pacifique fonde aussi la légitimité de l’Union européenne aujourd’hui. Pour Edmund Wellenstein, secrétaire puis secrétaire général de la Haute Autorité entre 1953 et 1967, « la Commission européenne [est] gardienne de l’héritage de la CECA.6 » L’Union européenne est dépositaire et héritière de la première communauté européenne. Plus loin, il ajoute « que la CECA ait bien mérité de l’Europe, voilà qui est sûr et certain.7 »
8Toujours dans le même ouvrage regroupant trente-quatre témoignages sur la CECA, le terme « révolutionnaire » pour désigner le traité de Paris et la première communauté est utilisé de nombreuses fois, dans des textes d’auteurs différents. La CECA est souvent perçue ainsi, comme une révolution pacifique qui marque la fin d’une période belliqueuse de l’histoire de l’Europe. La déclaration Schuman, l’action des pères fondateurs, la signature du traité de Paris sont les premières étapes de la construction du mythe européen. L’impact de la CECA et de la construction européenne sur le continent est de grande ampleur ; il est vrai aussi que les Communautés européennes ont considérablement modifié les contours politiques et économiques du continent. L’éloge est à ce titre compréhensible. Cependant, l’hommage a souvent tendance à tout englober, des principes aux hommes. Dans cette quête de légitimité historique, le rôle des hommes, et surtout de quelques figures emblématiques, est mis en avant.
Les pères et les autres
9Une typologie bien particulière s’est petit à petit imposée dans le langage courant aussi bien que dans l’historiographie de la construction européenne, celle des pères de l’Europe, ceux qui ont contribué de façon importante et visible au processus d’unification de l’Europe occidentale. Les ouvrages biographiques sur « les pères de l’Europe » sont nombreux. On compte en premier lieu les trois chefs d’État que la postérité a élevés au rang d’icônes européennes : Robert Schuman, Konrad Adenauer et Alcide De Gasperi. C’est à peu de choses près le titre d’un ouvrage : Schuman, Adenauer, De Gasperi – Fondateurs de l’Europe unie selon le projet de Jean Monnet8. Cet ouvrage n’est pas le résultat d’un travail d’historien. Un prêtre et un journaliste sont les auteurs de ce texte en forme d’éloge ; ils orientent et accentuent leur écrit sur le côté chrétien des trois hommes. Les trois pères fondateurs suscitent une littérature importante, qu’elle soit scientifique ou non.
10Le concept de « pères de l’Europe » revient régulièrement dans les ouvrages des historiens. Un colloque s’est tenu sur ce thème : Les pères de l’Europe, 50 ans après9. Chaque pays fondateur de la communauté européenne a son créateur : Alcide De Gasperi pour l’Italie, Robert Schuman pour la France, Konrad Adenauer pour l’Allemagne, Paul-Henri Spaak pour la Belgique, Joseph Bech pour le Luxembourg et Jan Willem Beyen pour les Pays-Bas. À cette liste est ajouté Jean Monnet, « père associé » pourrait-on dire. Tous ont été les porte-parole et les porteurs du projet européen à un moment donné. La plupart sont les bras armés politiques de ce projet et, par leur engagement, ont permis sa réalisation. Tous les pays de la première Europe ont ainsi leur propre symbole, incarné par un « grand homme », identifiable au sein de la communauté nationale. Ils sont les « faiseurs » d’Europe et véhiculent une image européenne, car « ils incarnent symboliquement auprès de leurs compatriotes l’idée d’Europe et même la réalisation d’Europe […]10 »
11Pour les institutions européennes, l’avantage de mettre en avant une telle filiation est évident. L’Europe est un peu une enfant fragile et ses parents doivent avoir l’aura suffisante pour la soutenir. L’histoire de la communauté européenne est jeune, la communauté elle-même est souvent soumise à la critique – parfois à des critiques virulentes – des médias, des classes politiques et des sociétés nationales. Elle suscite même parfois le rejet. Pour la légitimer, il apparaît nécessaire de la faire naître de figures historiques, de piliers de l’histoire, qui eux ne sont pas remis en question. Personne ne remet en question l’importance et la légitimité de Schuman, Adenauer, De Gasperi. L’Europe, avec des « géniteurs » de cette envergure ne peut que renforcer son image en contrecarrant la critique des antieuropéens qui présentent l’Union européenne et ses ancêtres uniquement comme un produit de techniciens de ministères, de « technocrates ». Le parallèle peut être fait avec le mythe des pères des États-Unis et de la fondation de la nation américaine. Ici aussi, de nouvelles institutions sont créées, portant des valeurs universelles de paix et de démocratie, par des hommes devenus des héros.
12À côté des pères incontournables, l’historiographie de la construction européenne fait émerger régulièrement de nouveaux Européens, jusque-là relégués à un rang secondaire et qui vont être replacés à un niveau supérieur dans la hiérarchie des grands hommes. Il en est ainsi par exemple de Walter Hallstein (1901-1982), premier président de la Commission de la CEE entre 1958 et 1967. En 2001, s’est tenu un colloque à l’occasion du centenaire de sa naissance sur le thème de l’apport de Walter Hallstein à l’Europe11. Un ouvrage a été publié quelques années plus tôt dont le titre est significatif : Walter Hallstein, l’Européen oublié12 ? Cette typologie crée une séparation entre les pères et les autres. L’historiographie de la construction européenne s’est surtout concentrée sur les grands hommes. Leurs vies sont connues, leurs parcours et leur engagement européen ont été analysés. Les autres acteurs de l’histoire de la construction européenne sont nombreux et sont souvent méconnus. Si les pères sont la face visible du lancement de l’Europe, les autres acteurs que sont notamment les membres de la Haute Autorité sont l’Europe elle-même. Ils sont le résultat concret de l’idée des autres.
13La première communauté européenne profite du poids et de l’aura historique des grands hommes (Schuman, Adenauer, De Gasperi). Le lien entre les pères et la CECA est immédiat. Les gouvernements des six pays nomment Jean Monnet, le concepteur technique de la communauté, à la tête de la Haute Autorité de la CECA. Jean Monnet incarne la communauté qu’il dirige dans les premières années de son existence (1952-1955). Les membres de la Haute Autorité bénéficient directement de l’aura des fondateurs. L’historiographie plus générale de la construction européenne fait une place de choix aux grands hommes et conforte cette vision dualiste : les pères et les autres. Les ouvrages traitant de l’histoire générale de la construction européenne sont nombreux, que ce soient ceux de Marie-Thérèse Bitsch, Gérard Bossuat ou Pierre Gerbet, pour ne citer que quelques exemples d’historiens français. Ils reprennent de fait cette typologie. Par exemple, dans l’historiographie française de la construction européenne, Robert Schuman et Jean Monnet occupent une place importante. Pour évoquer la création de la CECA, c’est le duo Schuman- Monnet qui est le plus analysé. Lors de l’installation de la Haute Autorité à Luxembourg en 1952, le nom de ses membres est, au mieux, cité. Si Marie- Thérèse Bitsch énumère les premiers membres de la Haute Autorité et les présidents successifs de l’institution13, Pierre Gerbet ne cite quant à lui que brièvement les présidents14.
14Cet état de fait devient gênant à partir du moment où l’image véhiculée est faussée par les silences du texte. Pierre Gerbet, par exemple, n’évoque aucun des membres de la Haute Autorité dans le détail et ne mentionne, dans son ouvrage référence, que les noms des présidents de l’institution – ce qui en soi n’est pas problématique, s’agissant d’un ouvrage général sur l’Europe : les membres de la Haute Autorité ne sont pas des éléments essentiels de cette histoire globale. Cependant, il écrit que la Haute Autorité allait être confiée « à des ‘Européens’, à des personnalités qui ne représenteraient pas leurs gouvernements, mais qui agiraient par elles-mêmes, au nom de leur idéal européen, et en vertu du traité qu’elles seraient chargées d’appliquer.15 » L’évocation s’arrête là.
15Le mythe des grands hommes et de la création de la CECA entraîne avec lui tous les hommes et les institutions de la CECA. Les membres de la Haute Autorité, dont les parcours sont pour la plupart totalement inconnus des historiens et des Européens, deviennent, uniquement par leur passage à Luxembourg à un moment de leur vie, des champions de l’Europe. C’est ainsi que le nom de Jean Monnet, comme président de la Haute Autorité et créateur de la CECA, aspire avec lui le collège de la Haute Autorité. Une phrase d’Henri Rieben résume bien cette vision, cette collusion des mythes qui, à la manière des poupées russes, relie le plus petit au plus grand des éléments de la chaîne européenne.
L’action visionnaire et volontariste de l’inspirateur, de ses compagnons bâtisseurs et des artisans d’une entreprise, qui lie dans un même souffle la première des Communautés européennes, celle du charbon et de l’acier, à l’Union européenne, nous a valu de connaître un demi-siècle de cette paix qui a été l’objectif essentiel des fondateurs et de leurs successeurs16.
La Haute Autorité au cœur du mythe
16Le fonctionnement de l’institution appartient également au mythe des débuts de la construction européenne. Le fonctionnement de la Haute Autorité à Luxembourg, notamment les premières années, avant la création de deux autres exécutifs, est matière à nostalgie pour ceux qui l’ont vécu. Ils véhiculent l’image d’un début d’administration quelque peu anarchique, mais enthousiaste. L’image est celle d’une petite administration où tout le monde se connaît, dans un cadre reposant, loin de l’agitation des autres capitales européennes. Jacques-René Rabier, ancien collaborateur de Jean Monnet, décrit la première administration européenne :
J’étais moi-même emporté par l’extraordinaire dynamisme qui animait l’ensemble – d’ailleurs peu nombreux – de fonctionnaires d’origines diverses, recrutés suivant des procédures assez arbitraires. La hiérarchie était souple, c’est le moins qu’on puisse dire17.
17Le travail s’y fait dans la sérénité, dans l’excitation aussi, celle de devoir « créer » quelque chose. « L’environnement était beau et calme, et nous n’étions dans notre travail l’objet d’aucune pression du milieu local.18 » Plus loin, Jean Monnet s’exprime ainsi dans ses mémoires : « Nos visiteurs d’un jour repartaient avec le sentiment d’avoir vu un chantier de pionniers et ils en faisaient en rentrant le récit autour d’eux.19 » Cet aspect « laboratoire20 » des débuts est fort éloigné de la machine administrative qui s’est développée par la suite. Ainsi, tous ceux qui ont participé à cette expérience portent sur eux la marque de l’originalité que constituait le fait d’être responsable européen à ce moment-là. La Haute Autorité est composée de « pionniers ». Ce terme est souvent utilisé et montre bien la valeur attribuée à l’institution et à ses membres. Jean Monnet en parle en ces termes, l’ancien chef de cabinet d’Albert Coppé aussi : « Ils [les membres de la Haute Autorité] avaient le courage, parfois peut-être à la limite de l’inconscience, des pionniers.21 » La valeur symbolique du pionnier est forte ; il n’est pas anodin que ce terme revienne régulièrement pour parler de la Haute Autorité. Les membres de la Haute Autorité sont considérés et se considèrent bien souvent eux-mêmes comme des bâtisseurs. L’ancien chef de cabinet d’Albert Coppé poursuit :
Jean Monnet était très conscient de l’importance de créer une véritable équipe, c’est pourquoi il leur avait demandé de se réunir dès les premiers mois à Luxembourg au château de Beggen et certains membres du collège et de leur famille vivaient ensemble dans un hôtel grand-ducal pendant cette période de démarrage. De plus, le cadre de Luxembourg allait être favorable à la cohésion du collège. À cette époque, la capitale grand-ducale était très isolée, sans autoroutes, sans aéroport avec vols réguliers et les hivers longs n’incitaient pas à des expéditions trop régulières dans les capitales des cinq autres pays membres22.
18Cette description est celle d’une véritable communauté humaine, reflet d’une communauté européenne en construction.
19Le point de vue des membres de la Haute Autorité ne diffère pas des autres. Albert Coppé s’exprime ainsi dans un entretien réalisé en 1987 : « La première Haute Autorité fut pour moi un laboratoire extraordinaire.23 » S’il considère lui aussi les membres de la Haute Autorité, dont il fait partie, comme des pionniers, il va même plus loin : « Nous-mêmes étions animés par l’esprit des pionniers : nous étions un peu comme les croisés de l’Europe…24 » Les membres de la Haute Autorité, sans repères historiques équivalents, sont à l’époque les seuls à porter la flamme concrète de l’idéal européen. Du moins, ils se perçoivent a posteriori ainsi. La « croisade » européenne de la CECA est hasardeuse à son début : aucun d’eux ne sait quelle sera la portée réelle de la première communauté. Dans leurs discours et leurs écrits ultérieurs, les membres de la Haute Autorité se considèrent souvent comme les héros de cette histoire incertaine. La CECA sortant gagnante de l’« aventure » – puisque deux nouvelles communautés prennent la suite – ils sont eux-mêmes vainqueurs. Ce discours est particulièrement vrai pour les premiers en poste à Luxembourg. L’aventure s’est, dès la fin des années cinquante, quelque peu essoufflée en raison de la concurrence de la CEE, de la disparition programmée de la Haute Autorité et de la crise des deux secteurs dont l’institution avait la charge. L’Europe communautaire n’est plus le désert à coloniser des pionniers, mais un espace dorénavant conquis et en consolidation, malgré sa fragilité. Et la CECA, « mère » de toutes les Europes, est à l’origine de la conquête, comme l’écrit François Fontaine :
Croit-on que l’esprit européen qui anime aujourd’hui des milliers d’hommes, à Bruxelles, à Strasbourg, dans nos parlements, dans nos administrations, nos syndicats, s’est formé spontanément et simultanément à tous les points cardinaux de la Communauté ? En fait, il est issu de l’extraordinaire rayonnement d’une petite équipe animée par la foi puissante de quelques pionniers25.
20Tous unis autour d’un but commun ? Dirk Spierenburg, en détaillant de près le fonctionnement de la Haute Autorité, est plus nuancé. Dans l’ouvrage écrit avec Raymond Poidevin, on peut lire que tous, à la Haute Autorité,
sont soumis à un régime très dur. Monnet ne connaît pas les horaires de travail réguliers. Les séances de la Haute Autorité s’éternisent, s’achèvent tard après d’interminables discussions. […] Bien des problèmes d’organisation du travail, de structure administrative restent à résoudre au moment du départ de Monnet en 1955. […] À l’évidence, Monnet n’a pas les qualités d’un administrateur. Il rêvait d’une équipe réduite ; c’est une machine déjà lourde et qui n’a pas encore terminé son rodage qu’il lègue à son successeur26.
21L’ouvrage conclut cependant que « dans l’ensemble, la machine de Luxembourg a bien fonctionné grâce à un esprit d’équipe qui s’est vite imposé […]27 » Le discours sur l’esprit d’équipe, l’esprit de famille, se retrouve tout au long de l’histoire de la Haute Autorité, de la CECA et de la construction européenne. L’affirmation de l’esprit européen appartient au mythe de la construction européenne en ses débuts, tout comme le discours autour des pionniers, du laboratoire de Luxembourg, des pères fondateurs… L’image de l’Europe parfaite est ainsi dessinée. Et les membres de la Haute Autorité sont perçus le plus souvent à travers cet unique prisme.
Stéréotypes
22Les membres de la Haute Autorité bénéficient individuellement et collectivement de l’image positive de la CECA et de ses institutions. Tous ont en commun d’avoir appartenu à l’institution « pionnière », évoquée dans les paragraphes précédents. La littérature manquante sur les membres de la Haute Autorité inspire, chez les historiens de la construction européenne, une évocation le plus souvent superficielle et très générale des biographies des hommes de la CECA. Les informations que l’on trouve par ailleurs, dans des ouvrages sur les institutions européennes, s’en tiennent pour la plupart à un résumé rapide du curriculum vitae officiel. Les mêmes paragraphes biographiques sont repris dans : l’ouvrage de Raymond Poidevin et Dirk Spierenburg28 ou celui de Hans Dichgans sur les hommes et les institutions de la CECA29 ; les brochures des Communautés européennes ; les articles de presse parus au moment de leur nomination à la Haute Autorité ou au moment de leur décès ; les dictionnaires biographiques de type Who’s who. Nicole Condorelli-Braun est plus précise dans son ouvrage sur les juges et commissaires européens30. Cependant, son travail s’articule autour de leurs fonctions européennes : nominations, démissions, reconversions. Son corpus est vaste et son étude n’a pas vocation à une quelconque exhaustivité biographique. Sont connus, pour chacun, les grandes lignes de leurs carrières, surtout si elles sont politiques, quelques fonctions phares (ministre, professeur d’Université, avocat, administrateur de sociétés). Ces paragraphes sont identiques d’un document à un autre. Ils se fondent sur des informations publiques (fonctions politiques importantes) ou sur celles que les hommes eux-mêmes donnent à travers les curriculum vitae officiels diffusés lors de leur prise de fonction à la Haute Autorité.
23Les paragraphes biographiques officiels ne sont pas que partiels, ce qui après tout est normal au regard d’un curriculum vitae par exemple. Le problème réside dans le fait que les informations relatées déforment parfois la réalité. Le curriculum vitae de Karl-Maria Hettlage est reproduit dans son intégralité ci-après. Il est pour le moins « léger ». Il semble être destiné à mettre en valeur le parcours de l’intéressé. Il est mentionné qu’il est « licencié en 1939 pour des motifs politiques » et que son unique activité entre 1939 et 1951 est d’être membre du comité directeur d’une banque. Même si ce document est établi d’après les renseignements fournis par Karl-Maria Hettlage lui-même ou par l’administration allemande, les informations y figurant sont déformées, voire erronées. Quand il quitte ses fonctions de receveur municipal de Berlin en 1939, il est trompeur de faire passer ce départ pour l’acte d’un opposant au régime. En effet, il intègre après cette date l’administration d’Albert Speer en tant que chef des services financiers à l’Inspection générale de la Construction pour la capitale du Reich dès 1939 puis au ministère de l’Armement à partir de 1942 jusqu’en 1945.
24L’exemple de Karl-Maria Hettlage est le plus frappant et sera détaillé dans les chapitres suivants, mais les textes biographiques concernant les autres membres de la Haute Autorité sont, eux aussi, assez partiels et déséquilibrés. La méconnaissance biographique des membres de la Haute Autorité participe à la construction de l’image idéalisée de la Haute Autorité. Le discours véhiculé sur les hommes conforte cette image en faisant d’eux des Européens parfaits, d’une grande indépendance et poussés avant tout par l’idéal. Bien sûr, la part d’idéal n’est pas inexistante chez les membres de la Haute Autorité. Cependant, beaucoup d’entre eux découvrent l’Europe à la Haute Autorité, et bien qu’ils la défendent par la suite, cela n’en fait pas des Européens de la première heure. Certains ne font même pas preuve d’un engagement proeuropéen particulier et la Haute Autorité représente surtout une voie de garage, faute d’avenir politique sur le plan national. Le discours dominant parmi les acteurs et les témoins de cette histoire diffuse de nombreux clichés, comme ceux concernant l’« indépendance » et la « foi européenne » des membres de la Haute Autorité.
25L’ancien chef de cabinet d’Albert Coppé donne, dans l’ouvrage commémoratif sur les cinquante ans de la CECA, cette vision assez répandue :
Il faut tout d’abord rappeler que le collège de la Haute Autorité nommé en 1952 était un groupe de neuf personnalités éminentes présidé par Jean Monnet lui-même. Seuls trois d’entre eux, Albert Coppé, Etzel et Giacchero, avaient un passé politique, mais tous avaient une grande indépendance, tel Dirk Spierenburg, négociateur international réputé, et certains avaient une expérience adaptée aux secteurs du charbon et de l’acier comme l’industriel Daum, Albert Wehrer et les syndicalistes Finet et Potthoff. Leurs successeurs Pierre-Olivier Lapie, Roger Reynaud, Piero Malvestiti, Dino Del Bo et Hans Linthorst Homan auront également une grande indépendance d’esprit31.
26Il poursuit ainsi :
Les neuf membres de la Haute Autorité avaient une foi européenne réelle, se sentaient investis d’une mission et avaient un caractère et un comportement profondément indépendants32.
27Chaque membre de la Haute Autorité, dans la plupart des ouvrages sur le sujet, est affublé, en plus du paragraphe officiel, d’une ou deux caractéristiques qui le différencient des autres. Par exemple, Dirk Spierenburg est souvent reconnu pour ses « qualités de négociateur33 » et ses difficultés relationnelles au sein du collège ; Paul Finet pour ses qualités d’orateur ; Enzo Giacchero est « tranquille, tolérant, sympathique, bienveillant à tous, plein d’humour34 » et son indépendance vis-à-vis du gouvernement italien est valorisée. En résumé, cela pourrait donner ceci pour le premier collège : Franz Etzel, le démocrate-chrétien proche d’Adenauer ; Paul Finet l’orateur doué ; Heinz Potthoff le syndicaliste effacé ; Léon Daum le doyen sage ; Enzo Giacchero le blessé de guerre plaisant et indépendant ; Albert Wehrer, le diplomate expérimenté ; Albert Coppé le libéral actif ; Dirk Spierenburg le négociateur entêté et rusé ; et Jean Monnet, au-dessus de tous par son pouvoir et son charisme.
28Ces considérations, qui peuvent passer pour anecdotiques, sont néanmoins importantes dans la construction de l’archétype de l’Européen de Luxembourg. Ces « qualités » sont reprises dans de nombreux ouvrages et résument bien souvent les personnalités des membres de la Haute Autorité. Leur CV et leur caractère sont simplifiés, donnant d’eux une image tellement superficielle qu’elle en est faussée. Il en est de même, en général, des opinions émises par les membres de la Haute Autorité sur leurs collègues. Fritz Hellwig, lors d’un entretien réalisé en novembre 200235, passe en revue une partie de ses collègues. Si Pierre‑Olivier Lapie est pour lui l’un des membre les plus intéressants de la Haute Autorité, il n’apprécie guère Piero Malvestiti. Albert Coppé est l’« Européen » par excellence, parfaitement à l’aise dans son univers, celui des institutions européennes. Fritz Hellwig le définit comme « juste, loyal, correct ». Il parle avec amusement d’Albert Wehrer, toujours diplomate, dont les histoires et les anecdotes faisaient le tour de la place de Metz à Luxembourg36. Dans les publications officielles, les commentaires sont encore plus consensuels. Heinz Potthoff retrace brièvement dans ses mémoires le parcours de ceux qu’il a connus37. Jean Monnet évoque quant à lui le caractère des premiers membres de la Haute Autorité dans le cadre de leurs relations de travail : Léon Daum était « un homme d’honneur » dont le « rayonnement moral contribua à la cohésion interne de la Haute Autorité et à son image en dehors.38 » Heinz Potthoff et Enzo Giacchero sont les deux discrets du premier collège, le premier d’une manière « presque effacée », le second « par goût et comme par dédain de l’action.39 » Jean Monnet loue cependant les talents d’orateur de ce dernier ainsi que ceux de Paul Finet. Albert Coppé est qualifié de « bon élève40 ». Enfin, Franz Etzel, « homme de bonne volonté41 », est au cœur du binôme franco-allemand de la Haute Autorité par les relations qu’il entretient avec Jean Monnet.
29Seules quelques sources, rares, permettent de dépasser les discours convenus sur chacun. Un exemple amusant a été retrouvé dans les archives d’Enzo Giacchero. Ce dernier a rédigé une courte note sur ses collègues et choisit l’ironie pour décrire leur caractère…
30Stéréotypes, modèles, images, mythes… sont les écueils que l’historien tente d’éviter lors d’un travail biographique tel que celui entrepris. Comme l’écrit Philippe Mioche, « on ne naît pas européen, on le devient42 ». Cette formule résume l’analyse que l’on peut faire des parcours des membres de la Haute Autorité. Pour eux, il existe un avant Haute Autorité souvent loin des « chemins directs » conduisant à l’Europe. L’analyse de leurs parcours permet de mettre en lumière des vies éloignées de l’archétype de l’Européen parfait.
Notes de bas de page
1 Déclaration de Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, lors de la conférence de presse du 9 mai 1950.
2 Armin Von Bogdandy, “The European Constitution and European Identity: A Critical Analysis of the Convention’s Draft Preamble”, in Weiler and Eisgruber (eds), Altneuland: The EU Constitution in a Contextual Perspective, Jean Monnet Working Paper 5/04, 2004.
3 Traité CECA, article 3.
4 CECA 1952-2002. Cinquante ans de Communauté européenne du charbon et de l’acier, trente-quatre témoignages, Luxembourg, Office des publications officielles des Communautés européennes, 2002.
CECA 1952-2002, 27 juin 2002 Actes, Luxembourg, Office des publications officielles des Communautés européennes, 2002.
5 CECA 1952-2002. Cinquante ans de Communauté européenne du charbon et de l’acier, trente-quatre témoignages, op. cit., p. 7-8.
6 Ibid., p. 271.
7 Ibid., p. 276.
8 Giuseppe Audisio et Alberto Chiara, Schuman, Adenauer, De Gasperi – Fondateurs de l’Europe unie selon le projet de Jean Monnet, Paris, Éditions Salvator, 2004.
9 Paul-F. Smets et Mathieu Ryckewaert (dir.), Les pères de l’Europe, 50 ans après – perspectives sur l’engagement européen, Actes du colloque international des 19 et 20 mai 2000, Bruxelles, Bruylant, 2001.
10 Robert Franck, « Les pères de l’Europe, une typologie difficile », in Paul-F. Smets et Mathieu Ryckewaert (dir.), Les pères de l’Europe, 50 ans après – perspectives sur l’engagement européen, op. cit., p. 24.
11 Manfred Zuleeg (Hrsg.), Der Beitrag Walter Hallsteins zur Zukunft Europas : Referate zu Ehren von Walter Hallstein, Baden-Baden, Nomos-Verl., 2003.
12 Wilfried Loth, William Wallace und Wolfgang Wessels (Hrsg.), Walter Hallstein, der vergessene Europäer ?, Bonn, Europa-Union-Verlag, 1995.
13 Marie-Thérèse Bitsch, Histoire de la construction européenne, Paris, Complexe, 1999, p. 76.
14 Pierre Gerbet, La construction de l’Europe, Paris, Imprimerie Nationale, 1999, p. 194.
15 Ibid., p. 105.
16 CECA 1952-2002. Cinquante ans de Communauté européenne du charbon et de l’acier, trente-quatre témoignages, op. cit., p. 220.
17 Archives privées famille Coppé, interview de Jacques-René Rabier, non daté.
18 Jean Monnet, Mémoires, Paris, Fayard, 1976, p. 435.
19 Ibid., p. 440.
20 Ibid., p. 441.
21 Témoignage de Daniel Cardon de Lichtbuer, ancien chef de cabinet d’Albert Coppé, in CECA 1952-2002. Cinquante ans de Communauté européenne du charbon et de l’acier, trente-quatre témoignages, op. cit., p. 82.
22 Ibid., p. 79.
23 Jean-Claude Ricquier, « Où Albert Coppé donne libre audience à ses souvenirs – III . De la politique belge aux débuts de la CECA », Revue Générale, avril 1987, no 4, p. 29.
24 Jean-Claude Ricquier, « Où Albert Coppé donne libre audience à ses souvenirs – IV. Vingt-et-un ans de Commission européenne », Revue Générale, juin-juillet 1987, no 6-7, p. 57.
25 Article de François Fontaine paru dans Communauté européenne, juillet-août 1966.
26 Raymond Poidevin et Dirk Spierenburg, Histoire de la Haute Autorité de la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Une expérience supranationale, Bruxelles, Bruylant, 1993, p. 101.
27 Ibid., p. 860.
28 Raymond Poidevin et Dirk Spierenburg, op. cit.
29 Hans Dichgans, Montanunion – Menschen und Institutionen, Düsseldorf, Econ-Verlag, 1980.
30 Nicole Condorelli-Braun, op. cit.
31 Témoignage de Daniel Cardon de Lichtbuer, ancien chef de cabinet d’Albert Coppé, in CECA 1952-2002. Cinquante ans de Communauté européenne du charbon et de l’acier, trente-quatre témoignages, op. cit., p. 79.
32 Ibid., p. 82.
33 Pierre Gerbet, « La Haute Autorité de la Communauté européenne du charbon et de l’acier », in Heyen Erk-Volkmar, Die Anfänge der Verwaltung der europäischen Gemeinschaft – Jahrbuch für europäische Verwaltungsgeschichte No 4, Baden- Baden, Nomos Verl.-Ges., 1992, p. 11-29, p. 24.
34 Nicole Condorelli-Braun, op. cit., p. 172.
35 Entretien avec Fritz Hellwig, 27 novembre 2002, Bonn.
36 Il s’agit de l’adresse de la Haute Autorité à Luxembourg.
37 Heinz Potthoff, Zwischen Schlosserlehre und Europapolitik, Bielefeld, Ludwig Bechauf Verlag, 1973, p. 131 et suivantes.
38 Jean Monnet, Mémoires, op. cit., p. 437.
39 Ibid., p. 438.
40 Ibid.
41 Ibid., p. 437.
42 Philippe Mioche, « Jean Monnet et les sidérurgistes européens 1945-1955. On ne naît pas européen, on le devient… », in Bossuat Gérard et Wilkens André (dir.), Jean Monnet et les chemins de la paix, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, p. 297.
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