La femme dans la famille
p. 77-132
Texte intégral
La naissance
1Les ricordanze, qui ont longtemps joué le rôle de registres d’état civil, apportent de multiples informations sur le moment de la naissance. Elles précisent le jour, parfois l’heure de la naissance, le prénom, les parrains et parfois les marraines choisis. Ainsi, le Memoriale di Francesco ed Alessio di Borghino Baldovinetti enregistre la naissance d’un fils d’Alessio prénommé Niccolò le mercredi vingt-huit février 1335 après la neuvième heure (quinze heures) et son baptême, le lundi suivant, quatre mars1. Son père lui choisit une marraine, Cionella, veuve de Monte Aquerelli, et quatre parrains : Francesco, fils de Matteo Rustichelli, Tommaso, fils de Niccolò, Iacopo Pucci da Empoli et un représentant de Giovanni di Cante Sezi. La cérémonie est célébrée par Berto, prêtre de la paroisse de Santa Maria Ughi. Un an plus tard, le deux février 1336, toujours au foyer d’Alessio, naît une petite fille à laquelle on donne le nom de Sismonda. Trois femmes la tiennent sur les fonts baptismaux : monna Ampera, monna Labe di Monte Buondelmonti, monna Bartolomea di Matteo di Totto. Le jeudi 29 octobre 1338, un troisième enfant voit le jour. Il s’agit d’une petite fille nommée Taddea. Le Memoriale cite le nom de ses deux parrains : Giungnino d’Apo Donini et Niccola di Guidalotto Bernotti mais il ne mentionne pas la présence de femmes faisant office de marraines2.
2Cette pratique, pourtant familière aux chroniqueurs, ne les a pas conduits à indiquer dans leurs œuvres des données biographiques similaires, même partielles, concernant les personnages qu’ils citent. Ils se trouvent en réalité dans l’impossibilité de le faire car il est d’usage, parmi les historiens antérieurs et contemporains, de considérer seulement, pour les empereurs, les rois ou les princes, la durée de leur règne et, pour les papes, celle de leur pontificat. Pour les femmes qui ont régné, les indications sont les mêmes.
3De plus, ils rencontrent déjà beaucoup de difficultés à établir de façon précise quand ont commencé et se sont terminés ces pontificats et ces règnes car l’indication des années de l’Incarnation qui est devenue, au cours du XIe siècle, la commune mesure du temps, n’est jamais portée sur les documents qu’ils peuvent consulter.
4Les sources orales, quant à elles, ne couvrent pas de façon identique le passé. Elles donnent des noms exacts, des lieux précis, l’enchaînement des faits, mais ne donnent pas, sauf exception, l’année de l’Incarnation qui n’est pas la donnée première que se rappelle une mémoire médiévale. Il faut ajouter à ceci qu’elle ne sont crédibles que pendant une durée d’une trentaine d’années, parfois cinquante.
5Les Florentins rencontrent également ces problèmes lorsqu’ils veulent reconstruire leur passé familial. Aucune des généalogies qu’ils sont en mesure de reconstituer ne s’étend au delà de la quatrième ou de la cinquième génération. Donato Velluti ne sait rien de son quadriaïeul Berto ni de son trisaïeul Piero di Berto. Curieusement, il connaît la date de naissance de son bisaïeul mais pas celle de son grand-père.
6Pour les femmes, les Florentins retiennent la date à laquelle elles sont entrées dans leur famille lorsqu’il s’agit de femmes qui leur sont très proches. Voici par exemple les précisions chronologiques que donne Donato Velluti au moment du décès de sa mère Giovanna : « Elle se maria en janvier 1297, et elle vécut jusqu’en novembre 132… […] Quand monna Giovanna mourut, elle avait entre quarante et quarante-trois ans. »3 et celles fournies par Guido Monaldi à propos de la sienne : « Le lundi 20 décembre 1350, la veille de St-Thomas, mourut monna Maria, mère de Guido et épouse de son père, Francesco Rinucci, qui resta dans notre maison quarante-six ans et vingt-quatre jours, c’est-à-dire du 26 novembre 1304 jusqu’au 20 décembre 1350 »4. L’un comme l’autre ignore l’âge exact de sa mère.
7Les seules indications que nous ayons trouvées dans les chroniques concernent le nombre de naissances à Florence en 1338 et le rapport entre les garçons et les filles (taux de masculinité). Ce sont les chiffres avancés par Giovanni Villani :
Nous avons trouvé auprès du curé qui baptisait les enfants (pour compter ceux qu’il baptisait à San Giovanni, il mettait une fève noire pour chaque garçon et pour chaque fille une fève blanche) qu’il y en avait, à cette époque, entre cinq mille cinq cents et six mille par an, le sexe masculin l’emportant sur le sexe féminin de trois cents à cinq cents par an.5
8Ces chiffres ont été longuement commentés par les historiens. Leur comparaison avec d’autres, que cite précédemment le chroniqueur – vingt cinq mille hommes capables de porter les armes de quinze à soixante-dix ans, quatre-vingt-dix mille bocche, mille cinq cents étrangers voyageurs ou troupes soldées sans compter les religieux, les Frères et les moniales cloîtrées qu’il dénombre plus loin (quatre-vingts moines, cinq cents moniales, sept cents Frères de dix ordres différents6) et une consommation de froment de cent quarante muids par jour –, permet de considérer qu’en 1338, le nombre d’habitants de Florence (étrangers et clergé régulier compris) se situait entre quatre-vingt-dix mille et cent dix mille habitants7. Ce chiffre ne comprend pas les enfants de moins de quatre ans car bocca a un sens technique précis : il ne désigne en principe que les véritables consommateurs de la denrée imposable, blé ou sel8.
9En plus de cette donnée démographique, qui nous indique aussi qu’en 1338 il naissait plus de garçons que de filles à Florence, les chroniques nous apprennent la naissance de deux petites filles. La première est la fille de Charles de Valois. Pour annoncer sa naissance, les chroniqueurs retrouvent les mots qu’ils utilisent dans leurs propres livres de famille :
Et le dix-huit novembre [1301], à Sienne, une fille naquit à messire Charles et il l’appela Catherine.9
10La seconde est la petite-fille du chroniqueur Guido Monaldi, la neuvième fille de son fils Francesco. Elle naît le samedi 4 octobre 1376 à quatre heures et, comme la majorité des enfants florentins nés après 135010, elle reçoit deux noms de baptême, Francesca et Lisabetta. Guido Monaldi précise que son premier prénom lui a été donné parce qu’elle est née la nuit de la Saint-François11. Sa position dans la fratrie (elle est la neuvième enfant) a sans doute influencé ce choix car le stock familial de prénoms a déjà été fortement entamé pour ses sœurs. Le diario n’enregistre pas de décès dans la famille, il n’y a donc pas obligation de recréer une personne défunte, de « rifarla » comme disent les Florentins, en attribuant son nom à un nouveau-né12, et le saint sous la protection duquel son jour de naissance la place fait partie de ceux que préfèrent les Florentins car il s’agit d’un saint « de proximité »13.
L’enfance
11Les informations sur le contenu de l’éducation des petites filles sont rares car il est communément admis que, destinées à être des épouses, elles doivent seulement apprendre à tenir une maison. Mais à Florence, et dans les autres Communes en plein essor économique, cela ne suffit pas. Avoir une épouse qui sait lire et écrire est particulièrement apprécié car, absorbé par ses affaires et souvent absent, le marchand doit trouver en son épouse une solide collaboratrice, capable de diriger sa maison et de s’occuper de la gestion des affaires courantes en son absence.
12À partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, ces Communes entament donc un long processus d’alphabétisation destiné aux garçons mais aussi aux filles. Parmi les spécificités florentines dont il s’enorgueillit, Giovanni Villani14 signale que huit mille à dix mille enfants, garçons et filles, fréquentent les écoles élémentaires où ils apprennent à lire, mille à mille deux cents garçons vont dans les six écoles « d’abbaco e logaritmo » qui sont destinées à ceux qui désirent devenir marchands et cinq cent cinquante à six cents suivent l’enseignement des quatre grandes écoles de grammaire, logique et ars dictamini où ils peuvent perfectionner leur latin auprès de Giovanni Mazzuoli da Strada, comme Boccace, ou de Filippo di Naddo, connu dans la ville comme « Maestro Filippo della grammatica » et auteur d’un célèbre manuel de syntaxe. Ces écoles sont parfois en rapport avec des établissements plus spécialisés d’ars notariae où sont formés les cadres administratifs, techniques et professionnels.
13En général, les filles cessent d’étudier après l’école élémentaire où, à partir de six ans, elles font partie des pueri de tabula, qui s’exercent sur une feuille de papier ou de parchemin collée sur une planche et apprennent à lire et à écrire. Ensuite, jusqu’à onze ou douze ans, elles deviennent « donastisti » et doivent lire les Disticha Catonis et apprendre par cœur un manuel de morphologie latine appelé du nom de son auteur Donatus, un grammairien du IVe siècle après J.-C. Parmi leurs enseignants figurent des femmes appelées doctrines puerorumqui s’occupent non seulement des petites filles mais aussi des garçons. Franco Cardini15 signale la présence, à Florence, en 1304, d’une certaine Clemenza, qui habitait avec son mari dans la paroisse de Santa Maria Maggiore et était capable d’enseigner des rudiments de latin16.
14Les petites filles apprennent à lire mais aussi à écrire et même à bien écrire et l’une des premières qualités que relève un chroniqueur à propos d’Élisabeth de Hongrie, c’est qu’elle était « des plus expertes en écriture »17. Ceci est confirmé par des études18 qui ont réussi à rassembler, en s’appuyant sur des reçus de paiements ou des contrats, les noms de plusieurs femmes miniaturistes et calligraphes qui travaillaient avec leur mari ou avec leur père à Bologne, où le marché du livre était particulièrement florissant aux XIIIe et XIVe siècles. Donella miniatrix, femme d’un enlumineur est mentionnée en 1271 pour la vente d’une maison. En 1271-1272, la calligraphe Montanaria, femme d’Onesto, reçoit un travail du libraire florentin Bencivenne. En 1275, c’est son propre père Rodolfo qui s’engage à donner à sa fille Antonia des travaux de copie. En 1279, Allegra, femme d’Ivano, promet à un carmélite de copier une bible complète. À Bologne toujours exercent aussi la profession de calligraphe Flandina di Tebaldino en 1268 et Uliana di Benvenuto da Faenza en 132919.
15Le peu d’informations que contiennent les chroniques sur l’enfance des femmes ne dénote pas une absence d’intérêt, et ce pour plusieurs raisons. La première est que l’enfance des hommes n’y est pas davantage évoquée car, en soi, l’écriture de l’histoire laisse peu de place à cette période de la vie. La seconde est que, dans les ricordanze, les Florentins ne s’attardent pas sur les souvenirs d’enfance, les chroniqueurs ne peuvent donc suivre une coutume établie. Sur ce point, ils ne se distinguent pas de leurs contemporains car le Moyen Âge est presque totalement muet sur l’enfance bien que l’enfant médiéval fût un être humain auquel on attachait assez d’importance20. La société médiévale étant composée de catégories sociales très différentes comme les marchands, les hommes de loi, les notaires, les clercs, les artisans, professions dont la pratique réclamait un enseignement spécialisé, donner à ses enfants un bon métier était une priorité et les chiffres que livre Giovanni Villani sur la fréquentation des établissements scolaires florentins le prouvent.
16En conséquence, l’intérêt porté aux enfants ne cesse de s’accroître au fil des siècles mais les témoignages écrits sur l’enfance demeurent exceptionnels. Les chroniques ne nous apportent guère d’informations complémentaires à ce sujet, si ce n’est un élément de réponse à une question concernant les liens affectifs qui unissent un père à une fille. Les chroniques familiales ont parfois créé un doute à cet égard. Il résulte de leur étude que les filles, dès leur petite enfance, sont l’objet de moins de soins que les garçons. Placées en nourrice loin de leur famille par leur père, le temps d’allaitement leur est mesuré, et elles regagnent immédiatement le toit familial tandis qu’un garçon est sevré en douceur. Ensuite, l’univers familial est partagé en deux mondes : la mère s’occupe à la maison de l’éducation des filles et le père « a fondaco o a bottega » de celle des garçons.
17Le seul point de rencontre entre une fille et son père est la dot souvent excessive que celui-ci doit lui constituer pour la marier ou la placer dans un couvent.
Non faceva nascendo,s ancor paura la figlia al padre ;21
18fait dire Dante à son ancêtre Cacciaguida qui évoque le temps où les dots étaient encore raisonnables. Dans ces conditions, quels sentiments peut éprouver un père florentin pour sa fille ? Le comportement donné en modèle par les chroniqueurs est celui d’un père aimant.
19Lorsqu’Apollon s’engage à construire une ville pour Dardanus, il lui demande, en échange, de lui accorder non seulement le gouvernement de la sixième partie de la ville, tout en restant son vassal, mais aussi la main de sa fille. Dardanus accepte sans hésitation de lui céder une partie de son pouvoir mais il avoue qu’il lui est douloureux de se séparer de sa fille22. Une fois la ville terminée, il donne beaucoup d’or à Apollon et le fait comte, comme il l’avait promis, mais lui refuse sa fille23. L’amour filial l’a emporté sur le sens de l’honneur, Dardanus n’a pas respecté la parole donnée.
20Par amour pour une fille, un père peut aussi favoriser l’ascension sociale d’un gendre. C’est la raison pour laquelle le pape Clément VI aide le comte de Romagne qui est l’époux de sa nièce (plus vraisemblablement sa fille, ajoute le chroniqueur)24. Cet amour est parfois si fort qu’il peut être aveugle. Matteo Villani cite en exemple un roi de Tunisie qui, heureux de voir revenir auprès de lui l’une de ses filles, et abusé par l’amour qu’elle lui témoigne, la garde auprès de lui. Profitant de cette familiarité, celle-ci l’empoisonne sur ordre de son frère25.
La jeune fille et le mariage
L’âge de la jeune fille
21Les chroniques ne mentionnent la jeune fille qu’à partir du moment où elle se marie, comme les ricordanze dont elles sont étroitement tributaires sur ce point.
22Quel est alors son âge ? Giovanni Villani et Ricordano Malispini souhaitent un mariage à partir de vingt ans, comme cela se pratiquait en 1259, ce qui laisse entendre qu’à leur époque les jeunes filles se marient beaucoup plus tôt. L’Église autorise parfois, et appelle même de ses vœux, pour des raisons politiques, des mariages précoces comme celui de Jeanne d’Anjou et d’André de Hongrie, âgés respectivement de cinq et sept ans, mais cette pratique ne reçoit pas l’approbation des chroniqueurs qui dénoncent fermement la co-responsabilité du pape et des cardinaux26.
23Guido Monaldi note que, le mercredi 15 juillet 1377, Leonardo Bartolini s’est marié avec une petite fille de sept ans. Il ne fait aucun commentaire mais il mentionne l’âge de la mariée, confirmant ainsi l’incongruité de la chose27. Donato Velluti remarque qu’en 1346 sa cousine Tessa, alors âgée de dix-huit ans, a difficilement trouvé un époux28, ce qui situe en deçà de ce seuil l’âge idéal que doit avoir une jeune fille pour être aisément mariée.
24À partir des informations lacunaires recueillies dans le Catasto de 1427 (l’âge de la femme à son mariage n’est connu que dans environ la moitié des couples dont on suit toute l’histoire et la descendance), on estime que l’âge moyen au mariage d’une Florentine du XIVe siècle est proche de seize ans (15,57)29.
Le choix de l’époux
25Le mariage, comme le choix d’une nourrice, est une affaire d’hommes à Florence. Les ricordanze en témoignent et les chroniqueurs justifient cette pratique en démontrant que, chaque fois qu’une femme s’occupe de conclure un mariage, elle fait peser des dangers sur l’ordre social.
26Selon Giovanni Villani, Lavinie a été promise à Turnus par sa mère30 mais pour les autres chroniqueurs le mariage a été organisé par son père31. La version qu’il présente diffère également de celle des vulgarisations de l’Énéide qui expliquent que la mère de Lavinie et tous les seigneurs d’Italie sont favorables à Turnus car c’est un roi autochtone tandis qu’Énée est un étranger32. En passant sous silence le caractère politique de la position prise par la mère de Lavinie, Giovanni Villani réduit la promesse de mariage qu’elle a faite à Turnus à un simple souhait :
Ce roi Latinus avait seulement une fille très belle appelée Lavinie, qui était promise, par sa mère, à un roi de Toscane appelé Turnus de la ville d’Ardée, aujourd’hui appelée Cortone.33
27L’incise montre bien qu’aux yeux du chroniqueur cette promesse n’est pas recevable.
28Ainsi présenté, le mariage de Lavinie offre quelques similitudes avec l’histoire de Bondelmonte de’ Bondelmonti telle que la racontent Giovanni Villani34, Dino Compagni35 et Ricordano Malispini36. Pour ces trois chroniqueurs, c’est une femme qui est à l’origine des guerres civiles qui ensanglantent Florence. Cette femme, membre de la famille Donati, invite Bondelmonte, qui s’est déjà engagé à épouser une fille de la famille Amidei, à épouser l’une de ses filles. Dino Compagni accroît même la responsabilité de cette femme qu’il identifie comme étant madonna Aldruda, épouse de messer Forteguerra Donati, en lui prêtant l’intention de payer l’amende infligée pour rupture de promesse de mariage à la place de Bondelmonte37.
29Bondelmonte accepte et rompt la promesse d’alliance avec les Amidei. Pour laver leur honneur, ceux-ci assassinent Bondelmonte ce qui provoque la division de la ville en deux partis : celui des Bondelmonti, le parti guelfe, et celui des Amidei et des Uberti qui étaient liés, le parti gibelin. Ce crime est considéré par la majorité des chroniqueurs comme le point de départ de la lutte entre les Guelfes et les Gibelins mais seules les trois chroniques citées en font porter la responsabilité à une femme38.
30Quant à la version du chroniqueur du II. IV. 32339, madonna Gualdrada, épouse de messer Forese Donati, y tient un rôle quelque peu différent. Elle rappelle à Bondelmonte ses devoirs de chevalier et lui reproche d’avoir perdu tout honneur en acceptant pour épouse une jeune fille indigne de lui par peur des Uberti et des Fifanti :
[…] et madonna Gualdrada, épouse de messire Forese di Donati, envoya secrètement chercher messire Bondelmonte et lui dit : « chevalier déshonoré, tu as pris femme par peur des Uberti et des Fifanti ; quitte celle que tu as prise et prends celle-ci et tu seras encore un digne chevalier ».40
31Dino Compagni attribue également à une femme les luttes qui opposent les Cerchi et les Donati41. Lorsque l’épouse de Corso Donati meurt, explique-t-il, celui-ci veut se remarier et épouser la fille d’Accierito da Gaville. Les parents de la jeune fille ne veulent pas de ce mariage car ils espèrent s’emparer de l’héritage que lui a laissé son père. La mère de la jeune fille, voyant que Corso Donati est un « très bel homme », lui accorde la main de son enfant contre la volonté des autres parents et les Cerchi tenteront en vain d’empêcher Corso Donati de disposer de l’héritage à son gré. Encore une fois, une femme qui a marié l’une de ses filles selon sa volonté engendre « beaucoup de scandale et de danger pour la ville et pour les individus »42.
32Le mariage relève d’un accord entre les membres masculins des deux familles qui concluent l’alliance. Notre étude des chroniques confirme en grande partie ce que Diane Owen Hugues43 a déjà observé par ailleurs. La transformation du rapt en mariage a accru la force civilisatrice du parcours vers une union conjugale mais n’a pas changé la façon de considérer les épouses comme des éléments d’un plan masculin, des pions à déplacer dans un processus contrôlé presque exclusivement par des hommes : leurs pères et leurs frères les « donnent », leurs maris les « prennent ». Elle cite à ce propos les mots de E. Benveniste : « la femme ne se marie pas, mais elle est épousée. Elle n’accomplit pas un acte, elle change seulement de condition »44. À Florence comme ailleurs, l’initiative est due le plus souvent soit au père de la jeune fille45 soit au futur époux46. Parfois la décision revient au père de l’époux47 ou même à son grand-père48, voire au frère49 ou au grand-père de la jeune fille50.
33Selon le modèle florentin, les chroniques décrivent celui qui choisit, entouré et conseillé par des amis ou des parents51. Elles montrent aussi que l’initiative échappe quelquefois aux familles concernées parce que le choix final dépend d’une autorité supérieure d’ordre féodal52 ou spirituel. Ainsi, Giovanni Villani expose comment le comte de Flandre, vassal du roi de France, est sommé de paraître à son conseil pour expliquer pourquoi il a uni sa fille au roi d’Angleterre sans le consentement de son suzerain53 et comment, pour rattacher la Bretagne au royaume de France, le roi de France marie l’héritière du duché de Bretagne à Charles de Blois son neveu54.
34Le popolo de Florence joue quelquefois le rôle de « marieur » et impose des mariages entre les grandes familles guelfes et gibelines à Florence55 et dans d’autres villes comme Pistoia56, mais c’est la papauté qui représente la plus importante ordonnatrice de mariages de ce temps. Les chroniques florentines examinées révèlent que leurs auteurs sont parfaitement conscients du contrôle que veut exercer l’Église sur les mariages : elle intervient dans les mariages princiers57, mais scelle aussi des unions, lorsqu’elle conclut des « paix », nommées à juste titre par les Florentins du nom du légat mandé par le pape pour leur exécution « paix du cardinal Latino »58, « paix du cardinal d’Acquasparta »59 …
35L’Église édicte également des règles prohibitives relatives au cercle des parents proches – et donc au cadre des relations d’alliance incestueuses – qui frappent tous les chrétiens60.
36Entre le Ve et le VIe siècle, le mode de comput des degrés de parenté est passé du comput romain, par degrés, au comput germanique, par genicula. Cette modification bien connue a eu pour effet de diviser par deux le nombre de degrés qui définissait l’écart généalogique entre deux individus : le cousin germain, parent au quatrième degré suivant le décompte romain devenait parent au deuxième degré seulement dans le comput germanique. Fixé dans un premier temps à quatre, le nombre de genicula susceptibles d’interdire une union passa à sept au VIIIe siècle et fut ramené à quatre en 1215.
37Les Florentins sont depuis longtemps sensibles à cela pour de multiples raisons économiques et politiques. C’est déjà à leur demande qu’en 1063, Pierre Damien a rédigé le traité intitulé De parentelae gradibus qui explicite les règles de comput61.
38Dans les livres de famille florentins, la recherche des liens de filiation et de parenté acquise occupe une place importante notamment parce que, pour obtenir une charge publique quelconque, tout Florentin a besoin de démontrer qu’il appartient à une famille installée à Florence depuis plusieurs générations et prouver que ses ancêtres ont exercé des fonctions importantes qui attestent de la fidélité du lignage au parti guelfe62.
39Fidèles à cette tradition, les chroniqueurs relèvent très scrupuleusement les liens de parenté entre les personnages qu’ils citent. Lorqu’une alliance ne peut se nouer sans dispense63, ils mentionnent souvent la nature de l’empêchement, c’est-à-dire le degré de consanguinité des époux64. Si la dispense n’est pas demandée avant le mariage, ils laissent entendre que cela peut avoir de graves conséquences. Giovanni Villani explique, par exemple, que les barons d’Arménie n’ont pas défendu le royaume contre les Sarrasins parce que leur reine, Jeanne de Tarente, a épousé en seconde noces l’oncle de son premier mari sans demander de dispense au pape et parce que, priée de s’expliquer et de demander la dispense nécessaire, elle aurait répondu : « On pèche, puis on demande pardon »65.
40Le cas le plus fréquent de pratiques matrimoniales interdites en principe par l’Église que nous ayons relevé dans les chroniques concerne le mariage entre un individu et l’une de ses cousines66. D’après Georges Duby, il s’agit en effet du type d’union le plus pratiqué dans les groupes dominants de la société médiévale67. C’est également celui qui choque le plus les chroniqueurs. Giovanni Villani parle de iscellerato matrimonio68 et dénonce chaque fois le lien de parenté incriminé69.
41La position des chroniqueurs à l’égard des mariages entre consanguins est claire : ils les réprouvent totalement et ne cessent de démontrer qu’ils engendrent de nombreux désordres. Giovanni Villani estime par exemple que l’habitude de choisir leurs épouses au sein de leur parenté est l’une des causes probables du châtiment infligé par Dieu aux rois de France : les épouses des trois fils de Philippe le Bel ont été surprises en flagrant délit d’adultère70.
42Bien que les chroniqueurs contestent à l’Église le droit d’autoriser les mariages entre consanguins71, ils reconnaissent qu’elle est parfois obligée de le concéder pour faire cesser le scandale provoqué au sein d’une famille royale par une union illicite72. Toutefois Giovanni Villani continue à considérer Blanche de Bourgogne comme la première femme de Charles IV bien que le Pape ait prononcé l’annulation de leur mariage puisque la mère de Blanche, Mahaut d’Artois, est la marraine de Charles73. En chroniqueur scrupuleux, il donne la vraie raison de l’annulation (Blanche est convaincue d’adultère), et signale les doutes émis à propos de l’existence de cette parenté. Il explique également les motivations de la comtesse d’Artois, qui sauve sa fille d’une mort certaine en reconnaissant qu’elle est la marraine du roi car celui-ci désire se remarier à tout prix, mais il voit toutefois dans cette bigamie la raison de la mort de Marie de Luxembourg, seconde épouse de Charles, et de l’enfant qu’elle vient de mettre au monde74.
43En règle générale, les Florentins refusent d’ailleurs à l’Église le monopole du système d’alliance et, jusqu’en 1356, date à laquelle la Commune florentine émet un décret – qu’elle renouvellera en 1384 – ordonnant que les épousailles aient lieu dans une église75, les mariages florentins ne comportent aucune consécration religieuse. Cela ne signifie pas qu’ils refusent le mariage prôné par l’Église car nous avons pu constater qu’ils en acceptent les spécificités (monogamie, exogamie et publicité) et, lorsque celui-ci est attaqué par les hérétiques76 qui refusent de reconnaître une partie des règles définissant le mariage légitime, en particulier la publicité obligatoire de l’union marquée à Florence par le giuramento public et ailleurs par la bénédiction d’un prêtre, les chroniques montrent qu’ils se rangent du côté de l’Église et les chroniqueurs accusent les hérétiques de sombrer dans le désordre, la débauche et l’inceste.
44Voici, par exemple, comment Giovanni Villani rend compte du mouvement dirigé par Fra Dolcino :
En 1305, dans le comté de Novare en Lombardie, un frère Dolcino, qui n’était pas frère d’un ordre soumis à une règle mais un fraticelle sans ordre, tomba dans l’erreur et réunit une grande troupe d’hérétiques, des hommes et des femmes de la campagne et des montagnes, de petites gens. Et frère Dolcino affirmait et prêchait qu’il était un vrai apôtre du Christ, et que tout devait être mis en commun, dans l’amour de Dieu, et que les femmes aussi devaient être partagées, et que ce n’était pas pécher que d’avoir des relations charnelles avec elles […] Et il demeurait dans les montagnes avec plus de trois mille hommes et femmes à sa suite, et ils vivaient en communauté comme des bêtes.77
45Cependant, de nombreux chroniqueurs réprouvent le comportement du Pape et des hommes d’église en général et opposent leur attitude complaisante à l’égard des unions illicites entre familles régnantes à celle de l’ensemble des chrétiens78. Ils ne se privent pas de dénoncer leurs agissements qu’ils jugent souvent indignes de leurs fonctions. Giovanni Villani dresse du pape Clément V le portrait suivant :
Ce fut un homme très cupide, et simoniaque, et à sa cour toutes les charges s’obtenaient par de l’argent, et il fut débauché ; car on disait ouvertement qu’il avait comme amie la comtesse de Périgord, une très belle femme, fille du comte de Foix.79
46À propos du pape Jean XXII, Ricordano Malispini dit : « ce fut un homme de mauvaise vie qui, notoirement, avait des maîtresses »80.
47Quant aux jeunes cardinaux nommés par le pape Clément VI, selon Matteo Villani,
[…] ils ont mené et mènent une vie si dissolue qu’aucun jeune tyran dissolu ne les dépasse et, entre autres choses (je le dis avec honte), ils faisaient enlever en ville, ouvertement, par leurs écuyers, de jeunes épouses à leurs maris, et sans aucune honte ils les gardaient sous leur livrée à la vue de tous.81
48Une vie à l’image de celle de leur souverain pontife qui,
[…] lorsqu’il était archevêque, ne se défendit pas des femmes, mais surpassa les agissements des jeunes barons laïcs. Et lorsqu’il fut pape, il ne sut ni s’en priver ni le cacher. Comme les prélats, les grandes dames entraient dans sa chambre et, parmi elles, une comtesse de Turenne qui fut tellement à son goût que, pour elle, il accordait beaucoup de faveurs. Quand il était malade, les dames le servaient et commandaient comme le font des parents proches pour les laïcs.82
49Matteo Villani, encore, faisant preuve d’un humour dont il n’est pas coutumier, nomme la comtesse de Turenne « gouverneur du pape dans ses besognes temporelles », ce qui explique, dit-il, que le pape « s’occupait beaucoup des grandes besognes »83.
La dot
50Avant même qu’une petite fille ne soit en âge d’être mariée, son père doit lui constituer une dot en rapport avec son rang. Dans toute l’Europe occidentale entre le XIe et le XIVe siècle, la dot a remplacé tous les systèmes de tractations matrimoniales préexistants, fondés sur le prix de l’épouse ou sur la dot indirecte84. Bien que les juristes aient soutenu que la dot n’est pas une condition nécessaire au mariage, dans la mentalité populaire, elle constitue alors une légitimation de l’union parce qu’elle représente un signe de l’autonomie et de la vertu de l’épouse. Une femme qui apporte une dot ne peut pas être confondue avec une concubine. Aussi la dotation des filles pauvres représente-t-elle une importante œuvre de charité, à laquelle les Florentins participent activement, par l’intermédiaire de nombreuses confréries parmi lesquelles se trouve celle d’Orsan-michele, mentionnée par Matteo Villani85. Comme la dot offerte par saint Nicolas, l’un des saints les plus honorés de l’Europe médiévale, a sauvé trois sœurs de la prostitution86, l’argent des Florentins contribuera, pensent-ils, à conserver l’honneur des filles pauvres de Florence. Ces œuvres de charité n’ont aucun point commun avec les institutions financières du type du Monte delle doti mis en place par l’État florentin après 1433, qui touchent surtout les familles fortunées et reposent sur des placements spéculatifs effectués par les parents des filles à marier87.
51Doter une fille constitue un lourd fardeau et Dante88, Giovanni Villani89 et Ricordano Malispini90 expriment bien des regrets à propos de ce buon tempo antico, le bon vieux temps, lorsque les dots étaient de cent livres et que celles de deux cents et trois cents livres étaient considérées comme insensées.
52La brusque augmentation des dots ne peut s’expliquer totalement par un déséquilibre numérique entre les sexes91 ni par la fonction qu’elles assument : servir aux dépenses quotidiennes du ménage et aux besoins de la femme en cas de veuvage. Si la dot permet en général de transmettre aux enfants des biens provenant de leur famille maternelle92, cela s’applique peu aux régions comme Florence qui ont favorisé la transmission en ligne masculine des biens et ont lutté pour que les filles soient exclues de l’héritage paternel93. Donato Velluti mentionne dans sa chronique une parente nommée Cionella qui reçoit en dot des maisons dont elle assume, comme il se doit, la pleine propriété à la mort de son époux94, mais il ne précise pas si ces demeures font partie du patrimoine familial. Certains pères préfèrent en effet acheter des biens pour les donner en dot à leur filles, ce qui leur permet de ne pas morceler leur propre domaine. Ainsi, le livre de commerce des Peruzzi garde la trace de l’achat d’un domaine d’une valeur de cinq cent trente florins qui constitue une partie de la dot de la fille de l’auteur. Ce bien, acheté en septembre, est remis au mari de Filippa le jour de leur mariage, en novembre 131295.
53L’inflation des dots pourrait refléter leur rôle de mécanisme de mobilité sociale parce que les nouveaux riches les utilisent pour acheter à leurs filles un accès au patriciat urbain96, cependant il a été constaté que « les groupes supérieurs de la société – aristocratie au premier chef, mais aussi patriciat urbain et bourgeoisie marchande en Italie et en Catalogne […] divisés eux-mêmes en plusieurs niveaux, réalisaient à la fois des unions homogamiques (alliances de groupes de rang égal) et des mariages par lesquels une ‘famille’ de rang supérieur s’alliait, par l’intermédiaire d’une femme donnée en mariage, à une ‘famille’ de rang inférieur, et dans lesquels se trouvaient exprimés l’établissement ou la consolidation d’un rapport hiérarchique de pouvoirs (vassalité). »97 Ceci expliquerait pourquoi, dans les généalogies florentines, un certain nombre de femmes entrées par mariage dans un groupe de parenté sont connues et citées avec complaisance : à travers elles, une alliance matrimoniale importante s’est réalisée. La meilleure illustration de ce fait est la Cronica domestica de Donato Velluti qui met en évidence que la politique matrimoniale avisée des Velluti leur a permis de s’allier aux plus grandes familles de l’aristocratie et de la bourgeoisie marchande florentines98.
54Les quatre frères Villani réalisent également des alliances avec des familles illustres : Giovanni Villani épouse en secondes noces99 Monna di Francesco di Pazzino de’ Pazzi, Filippo s’unit à Pera di Geri Scalori dei Donati, Francesco à Cinga di messer Tedice degli Adimari et Matteo à Lisa di Monte Buondelmonti100. Les rapports de parenté avec les Pazzi inaugurés par Giovanni sont renforcés par le mariage de la fille de Matteo, Lena, avec Giovanni, membre de cette illustre famille101. Enfin, Giovanni marie l’un de ses fils, Matteo, à Giovanna di Domenico Ciampoli Cavalcanti. Après la faillite de la compagnie des Buonaccorsi, Giovanni et Matteo Villani trouvent refuge auprès des familles de leurs épouses. Entre 1344 et 1345, tous deux quittent la paroisse où se trouve leur maison de famille (San Procolo), pour s’installer dans celle de San Piero Maggiore. Matteo regagnera San Procolo en 1350, Giovanni n’y reviendra jamais102. Lapa, sœur de Giovanni et de Matteo, épouse Vanni Buonaccorsi, un associé de la famille103. Elle réalise une union homogamique qui renforce les accords commerciaux existant entre les Villani et les Buonaccorsi.
55Cependant, seule une minutieuse analyse de tous les échanges entre les familles des époux permettrait de mieux situer la dot par rapport aux autres présents, notamment ceux effectués par le mari qui constituent en quelque sorte une contre-dot dont la valeur doit égaler celle de la dot, l’augmentation du montant des dots entraînant, bien sûr, celle de celui des contre-dots, et provoquant la ruine de nombreuses familles104. Les documents sont souvent muets à ce sujet mais nous avons relevé, dans la chronique de Dino Compagni, un exemple qui montre leur importance. Pour que Charles II d’Anjou accepte de lui donner en mariage sa fille Béatrice, Azzo VIII d’Este a dû acheter la jeune fille, plus cher que coutume, dit le chroniqueur, et donner Modène et Reggio105. Il a en outre offert vingt mille florins et n’a reçu en échange que le titre de comte d’Andria.
56Même si le montant des dots n’a cessé d’augmenter et si certains Florentins n’osent pas dénoncer les malversations des capitaines de la Confrérie d’Orsanmichele car ils sont tributaires de la Confrérie pour la constitution de la dot de leurs filles106, celui-ci était déjà important à la fin du XIIIe siècle. Le Memoriale des Baldovinetti en témoigne : monna Maria apporte le dix-huit juillet 1293 une dot de cinq cents florins107. Le 16 juillet 1295, Lapo Riccomanni donne en dot à sa fille Calizia cinq cent deux florins d’argent108. Au début du XIVe siècle, il est moins onéreux pour un père de placer sa fille dans un couvent que de la marier : les fils de Stefano Soderini déboursent cinq cent cinquante florins d’or pour l’entrée au couvent de Bilia109 quand Alberto del Giudice en dépense mille pour marier sa fille Verna à Albizello di messer Neri Pesta de’ Bondelmonti110. Mais, peut-être, le souvenir de la somme considérable (cinq cent cinquante florins d’or) dont son père, Villano, a dû amputer le patrimoine familial pour marier l’une de ses deux filles, Bartola, à Arrighino di Gentile Bagnesi111 a-t-il laissé à Giovanni un souvenir amer ?
57Jusqu’au début du XVe siècle, une dot entre six cents et neuf cents florins représente un effort financier courant pour les classes supérieures. Voici quelques exemples puisés dans les archives des familles de nos chroniqueurs : le 31 janvier 1324, Guido Filippi dell’Antella épouse la fille de Simone da Quarata qui se prénomme Guerriera. Elle lui apporte une dot de sept cent trente florins d’or constituée d’argent liquide et de cadeaux112. Deux ans plus tard, au mois de mai, Guido marie sa fille Isabetta à messer Andrea Gherardini avec une dot de six cent quatre-vingt-dix florins d’or113. Deux des trois fils de Giovanni Villani épousent des jeunes filles qui leur apportent cinq cents114 et sept cents florins115 d’or. L’aîné, Francesco, qui s’est installé dans le quartier de San Giovanni à partir de 1348, est mentionné comme clericus dans un acte découvert parmi les documents de la Mercanzia116, mais nous ne possédons que peu d’informations à son sujet. En 1362, Matteo di Niccolò Corsini épouse Lorenza, la fille de Lodovico di Marco degli Strozzi. Lodovico étant décédé, c’est Marco degli Strozzi qui offre à sa petite-fille une dot de cinq cent douze florins d’or et quatre-vingt-huit florins d’or de présents, soit en tout six cents florins d’or117.
58Toutes les dots n’atteignent pas des sommes aussi importantes. Les deux frères Baldovinetti s’unissent à des jeunes filles bien moins dotées. En 1324, Francesco épouse Lisa et reçoit trois cent cinquante florins d’or et cent lires de cadeaux118. Alessio se marie en 1330 : son épouse apporte une dot de quatre cent soixante-quinze florins d’or, présents inclus119. La perspective de s’allier aux Donati pousse Filippo Villani à épouser Pera di Geri Scalori dei Donati qui lui apporte une dot ne s’élevant qu’à deux cent quatre-vingt-dix florins120, et pour s’unir à l’une des filles de Giovanni Villani, Tommaso di Berto Ruggeri doit se contenter de trois cents florins121.
59La majeure partie de la dot d’une Florentine est constituée d’argent liquide dont elle reste propriétaire mais dont elle perd la gestion, son bien étant confondu dans les biens du ménage122. À la fin du XIVe siècle, la dot consiste de plus en plus, dans les milieux marchands en un jeu d’écriture sur des fonds bancaires. Dans les classes populaires, lorsqu’elle ne se confond pas tout simplement avec le trousseau, quelques lires ou écus en font office.
60Les présents que lui offre sa famille, désignés par le terme de donora, représentent au XIVe siècle, en moyenne, dix-huit pour cent du total de la dot, mais il n’y a pas de rapport fixe entre les différentes composantes des apports dotaux féminins puisque dans un tiers des cas, la valeur des présents représente seulement cinq à huit pour cent de la somme et, dans un autre tiers, elle dépasse la valeur moyenne123. Ces apports dotaux sont le signe tangible que la famille de la jeune fille a scrupuleusement rempli ses devoirs et qu’elle a offert une dot convenable. Ce que l’épouse apporte le jour de ses noces concerne surtout son usage personnel : des chemises, des vêtements de fête, des parures, des objets de toilette et un nécessaire de couture, une quenouille et des fuseaux124. Ces cadeaux constituent une richesse bien réelle pour la femme qui les reçoit et sont le signe de la position sociale et de la richesse de sa famille d’origine. Cette pratique est à la base du récit que Giovanni Villani fait des péripéties de la translation du bras de saint Philippe. Selon le chroniqueur, la relique se trouve, à l’origine, parmi les cadeaux et les bijoux qui constituent une partie de la dot offerte par l’empereur de Constantinople, Manuel Ier Comnène, à sa nièce Isabelle à l’occasion du mariage de celle-ci avec le roi de Jérusalem et de Chypre125.
61Les problèmes qu’engendre le paiement des dots dans la vie quotidienne des Florentins ont par conséquent particulièrement sensibilisé les chroniqueurs aux conditions financières et territoriales liées aux mariages contractés entre les grandes familles régnantes. C’est pourquoi Giovanni Villani rappelle qu’Henri VI tient la Sicile et les Pouilles de son épouse Constance126 et qu’une partie de la seigneurie de Perpignan et de Montpellier passe sous domination française à l’occasion des noces d’Isabelle d’Aragon et de Philippe III le Hardi127. L’un des enfants du couple royal ainsi formé, Charles comte de Valois, épouse Marguerite d’Anjou-Sicile en 1290 et reçoit le titre de comte apanagiste d’Anjou, du Maine et du Perche en échange d’une aide contre Pierre III roi d’Aragon qui menace Charles Ier d’Anjou, grand-père de Marguerite, de le déposséder de son royaume128. Il précise par ailleurs que Philippe de Flandre abandonne toutes les possessions qui lui ont été données en fief par le roi Charles ou qui constituent la dot de son épouse, c’est-à-dire le comté de Tieti, de Lanciano et de La Guardia dans les Abruzzes, pour secourir son père, ses frères et son pays. Il préfère, souligne Giovanni Villani, être un pauvre chevalier sans terres et garder son honneur plutôt que demeurer un riche seigneur dans les Pouilles129.
62Lorsque Philippe de Valois accède au trône de France, explique encore Giovanni Villani, il restitue à son cousin, Philippe comte d’Evreux, le royaume de Navarre qui représente la dot de son épouse, Jeanne de Navarre, fille de Louis X130.
63Mettre ainsi en lumière les tractations matrimoniales et territoriales permet à Giovanni Villani de préciser à ses concitoyens les différends qui opposent la France à l’Angleterre. Ainsi, il montre qu’Édouard III envisage de marier sa sœur avec le fils du roi de France et de lui donner la Guyenne en dot, parce que ce fief lui a été confisqué par Philippe VI et qu’il ne peut le récupérer131. Malheureusement, le stratagème échoue, car Philippe VI préfère que son fils épouse la fille de Jean de Bohème132. Il montre également qu’Édouard n’a aucun mal à convaincre les barons anglais de la légitimité de ses droits sur le comté de Ponthieu en leur rappelant qu’il fait partie de la dot de sa mère, Isabelle133.
64Si la vision « florentine » du mariage apporte un éclairage particulier aux alliances princières, il arrive aussi qu’elle justifie une digression. Ainsi l’histoire de Raymond-Bérenger IV, comte de Provence, dont la présence dans la chronique ne s’explique que par son caractère exemplaire134. Giovanni Villani raconte en effet que Raymond-Bérenger, sur les conseils d’un sage pèlerin qui a fait halte à sa cour en revenant de Saint-Jacques-de-Compostelle, a marié sa fille aînée au roi de France en la dotant très richement. Le roi d’Angleterre, pour devenir le beau-frère du roi de France, a alors épousé la seconde fille du comte en se contentant d’une dot moins importante et son frère, Richard de Cornouailles, devenu roi des Romains, a épousé la troisième dans les mêmes conditions135. Quant à la dernière, sur les conseils du pèlerin, il l’a mariée à un homme valeureux, Charles, comte d’Anjou et frère du roi de France, « le meilleur homme au monde »136.
65La vérité historique est ici quelque peu malmenée137 afin d’être plus édifiante et proposer aux Florentins qui ont plusieurs filles à marier de suivre l’exemple du comte de Provence : bien marier l’aînée pour mieux marier les autres – c’est-à-dire à moindre coût – grâce à la parenté acquise par le mariage de la première.
66En conséquence, au sujet des dots, les chroniques se présentent comme un livre de conseils et de mises en garde. Aux pères, elles enseignent que les dots ne doivent pas être trop importantes, qu’elles ne doivent pas contenir d’objets sacrés et qu’il convient de réaliser une alliance prestigieuse lors du mariage de la fille aînée, et pour cela, ne pas hésiter à bien la doter, afin de pouvoir dépenser moins au moment du mariage des autres filles. Aux futurs maris, elles montrent comment ils doivent disposer des biens de leur épouse.
Promesses d’héritage
67Lorsqu’on examine les mariages des classes aisées de Florence, l’importance de l’aspect financier d’une alliance que matérialise le montant de la dot est une évidence. Certains chroniqueurs en révèlent un autre aspect en soulignant systématiquement la condition d’héritière d’une future épouse. Ils montrent en outre que la riche bourgeoisie florentine à laquelle ils appartiennent reprend à son compte ce trait plus mental que social de l’aristocratie qu’est la recherche d’héritières à marier138 et illustrent tous les avantages mais aussi les inconvénients qui peuvent en découler.
68Prendre femme et en hériter leur semble intimement liés depuis les origines. Giovanni Villani indique qu’Apollon promet à Énée qu’après beaucoup de tempêtes et de batailles, il aura, en Italie, une femme et un grand royaume et il en est ainsi139. Deux chapitres plus tard, il répète que Turnus et Énée combattent pour accomplir l’oracle c’est-à-dire épouser Lavinie et entrer en possession de l’héritage du roi Latinus140. À la fin du combat, le vainqueur, dit-il, « eut Lavinie pour épouse […] et il eut la moitié du royaume du roi Latino »141. L’amour réciproque d’Énée et de Lavinie, glissé entre les deux résultats tangibles du conflit, n’est qu’une concession faite aux versions romancées contemporaines de l’Énéide. À la mort du roi Latinus, comme l’indique le titre du chapitre de la Nuova Cronica relatif à ces faits142, Énée obtient tout son royaume143.
69Il explique aussi que, pour des raisons similaires, Jean Ier de Brienne a épousé Marie de Montferrat, héritière du royaume de Jérusalem144, et que Frédéric II, à l’instigation de Grégoire IX, se remarie avec Isabelle de Jérusalem145.
70Par ailleurs, il présente surtout Charles d’Anjou, avant son accession au trône de Naples et de Sicile, avec le titre de comte de Provence et il rappelle qu’il doit ce titre à son mariage, célébré en 1246, avec Béatrice, fille et héritière de Raymond-Bérenger IV146. Il signale aussi que ses deux fils épousent également des héritières : l’aîné, Charles, (le futur Charles II) épouse Marie de Hongrie147 et le second, Philippe prince d’Achaïe, obtient le titre de prince de la Morée par son mariage avec Isabelle de Villehardouin148. De même, il souligne que les visées de Pierre d’Aragon sur la Sicile sont justifiées par le fait que l’île constitue l’héritage légitime de son épouse, Constance, fille de Manfred149. Il s’agit selon lui d’une pratique usuelle, si ce n’est légitime, puisque c’est aussi au nom de son épouse, Jeanne de Penthièvre, dit-il, que Charles de Blois revendique la Bretagne150.
71L’héritage de l’épouse est précieux car, si elle n’a pas de frères et en l’absence de parents par agnation de son père, c’est-à-dire de descendants d’une même souche masculine que lui, ses enfants en seront les bénéficiaires, aussi peut-il compenser une position sociale ou une dot médiocre voire les deux. L’histoire de Florence en offre aux chroniqueurs un excellent exemple car les comtes Guidi sont entrés en possession des maisons qui appartenaient à la famille des Ravignani grâce au mariage conclu entre Guido Vecchio et Gualdrada. Au-delà des motifs invoqués par Giovanni Villani, c’est-à-dire la réputation sans faille et la beauté de la jeune fille, la promesse d’un héritage important a certainement contribué à faire oublier quelque peu la différence de rang et le montant de la dot151.
72Inversement, lorsqu’elle n’est pas compensée par une promesse d’héritage, une différence de naissance peut empêcher une union. Giovanni Villani en donne pour preuve que le roi Charles Ier d’Anjou aurait repoussé la requête du pape Nicolas III qui souhaitait marier l’une de ses nièces à l’un des neveux du roi par ces mots :
Bien qu’il ait des chausses rouges, son lignage n’est pas digne de se mêler au nôtre, et son fief ne constitue pas un héritage.152
73En puisant dans l’histoire florentine, Villani montre également qu’un héritage peut provoquer un changement d’identité et il évoque l’origine du nom de la famille della Tosa : une branche des Bisdomini a changé son patronyme en « della Tosa », pour se distinguer de ses parents, en conservant la mémoire du prénom de la femme qui était à la base de leurs richesses153. En agissant de la sorte, ils se sont comportés comme beaucoup de leurs concitoyens dont le nom a longtemps oscillé avant de se fixer et de devenir une partie intégrante du patrimoine familial. Reconnus comme les héritiers de la Tosa par la société florentine qui les entoure, ils se doivent d’en tenir compte en choisissant « della Tosa » comme nom collectif et héréditaire154.
74Il enseigne aussi que l’espoir d’un héritage mène parfois aux pires extrémités. Il choisit pour cela un exemple géographiquement et temporellement proche, celui de Benuccio Salimbeni de Sienne qui alla jusqu’à commanditer l’assassinat de l’oncle de son épouse, parce qu’il pensait ainsi obtenir la pleine propriété du château de la Vernia, dont elle demeurerait alors la seule héritière155.
75Matteo Villani, quant à lui, raconte l’histoire édifiante d’un juge florentin qui a marié son fils à une jeune fille qui possède une dot élevée (mille cinq cents florins d’or) et un héritage de trois mille cinq cents florins d’or et qui utilise ses compétences en matière financière et juridique pour spolier la mère de la jeune fille. Le fils est condamné à dix mois d’exil à Pérouse et à payer quatre mille florins d’amende. Revenu à Florence avant la fin de la peine, il est à nouveau condamné à verser mille deux cents livres. À sa mort, huit ans plus tard, sa veuve reprend sa dot et son héritage, laissant la famille de son époux dans la gêne156. L’anecdote a pour seul but avoué de mettre en garde les lecteurs : l’instruction peut être utilisée à des fins malhonnêtes, les dots démesurées enrichissent les hommes et améliorent leur statut social mais elles sont souvent la cause de grandes faillites157.
Des alliances utiles
76En plus de la dot et d’une promesse d’héritage, les chroniques enseignent qu’un mariage peut apporter une alliance utile. C’est ce que traduit l’expression fare lega e parentado, souvent retrouvée sous la plume de leurs auteurs158 qui privilégient parfois l’aspect familial des faits au détriment d’une interprétation plus politique. Giovanni Villani explique par exemple que Louis IV d’Outremer, capturé en 947 par Hugues le Grand, est libéré et replacé sur le trône et par Otton, frère de son épouse Gerberge et par son gendre Conrad : le lien politique disparaît au profit du lien de parenté, ce ne sont plus les rois de Germanie et de Bourgogne Transjurane (Otton Ier et Conrad III) qui viennent rétablir sur son trône le souverain carolingien légitime, prisonnier de l’un de ses vassaux, mais deux hommes qui viennent au secours d’un membre de leur parentèle par alliance159.
77Et pour renforcer la validité de son illustration par des exemples plus récents et plus proches, il allègue que Charles d’Anjou a donné sa petite-fille Marguerite en mariage à Charles de Valois, afin que celui-ci l’aidât à défendre son royaume contre le roi d’Aragon160 et que, plus modestement, en 1335, Piero Saccone, seigneur d’Arezzo, a obtenu des parents de son épouse, la famille Spinoli de Gênes, une compagnie d’environ cent cinquante arbalétriers afin de riposter à une attaque conjuguée des Pérugins et de leurs alliés161. Enfin, parce que Giovanni Villani est un chroniqueur qui examine toujours les situations dans leur intégralité, il concède aussi qu’une alliance matrimoniale est parfois la seule solution pour conserver son bien. Il choisit encore un cas contemporain, et donc plus marquant, en citant l’exemple de la famille da Carrara qui, en 1328, ne pouvant plus gouverner Padoue à cause de la guerre que lui livre Cangrande Ier della Scala, est contrainte de lui proposer de s’allier avec elle162.
Des alliances suspectes
78Toutefois, les chroniqueurs mettent en garde leurs lecteurs contre les différents dangers que font courir les stratégies matrimoniales trop ambitieuses et, par le choix des exemples, montrent qu’ils existent aussi bien dans la société féodale que communale.
79Un seigneur qui contracte un mariage avec la fille d’un souverain plus puissant peut être soupçonné de vouloir augmenter son pouvoir et agrandir ses domaines grâce au concours de la famille de son épouse. Pour rendre plus convaincante sa démonstration, Giovanni Villani choisit à nouveau un exemple qui devrait être connu de ses concitoyens163. En 1306, rappelle-t-il, Azzo VIII d’Este, seigneur de Ferrare, qui avait épousé une des filles du roi Charles, dut faire face à une guerre que lui déclara une ligue composée de Vérone, Brescia et Mantoue qui le soupçonnaient de vouloir devenir seigneur de Lombardie. La ligue, dans un premier temps, fut victorieuse, mais même si l’année suivante, avec l’aide de son beau-père, Azzo se rendit maître de ses ennemis, il ne profita pas de sa victoire car il mourut bientôt sans descendance légitime et ses parents se disputèrent son fief.
80Parfois, une alliance matrimoniale, à cause de ce qu’elle implique, peut être ressentie comme un signe de trahison. Il s’agit d’un phénomène que les Florentins connaissent bien car il menace souvent les « paix ». Villani y est donc particulièrement sensible et il suffit pour s’en convaincre de noter qu’il l’illustre par des exemples qui le touchent de près, ceux des luttes entre factions à Florence et de la guerre des Flandres. Pour chacun d’entre eux, il rapporte deux faits. Le premier événement florentin se déroule en janvier 1266, les grandes familles guelfes et gibelines, sur ordre du popolo, s’allient entre elles : les Adimari et les Ubaldini avec les comtes Guidi, et les Cavalcanti et les Donati avec les Uberti. Immédiatement, à cause de ces parentés, explique-t-il, les autres familles guelfes de Florence les suspectent de trahison et complotent pour chasser définitivement les Gibelins de Florence164. Le second concerne les causes du procès expéditif puis de l’exécution de Corso Donati qui sont aussi à rechercher, dit-il, dans les soupçons qui pèsent sur lui depuis qu’il s’est apparenté avec Uguccione della Faggiuola, « Gibelin et ennemi des Florentins »165. En moins d’une heure, Corso est déclaré coupable de trahison, puis le gonfalonier, le podestat, leurs soldats et les troupes à cheval se dirigent vers San Piero Maggiore pour exécuter la sentence. Corso fait dresser des barricades au pied des tours du Cicino, à Torcicoda, au carrefour qui va vers la prison des Stinche et dans la rue San Brocolo, en attendant Uguccione della Faggiuola qui se porte à son secours mais qui, face à un ennemi très nombreux, fait demi-tour et abandonne son gendre aux mains des Florentins.
81Le premier fait relatif aux Flandres concerne l’origine même de la guerre : Villani rapporte que le roi de France a pris ombrage de l’engagement du comte de Flandre, son vassal, auprès du roi d’Angleterre de lui donner sa fille en mariage pour son fils alors que la Flandre faisait l’objet d’une rivalité économique entre les deux pays166.
82Le second se situe à un moment essentiel de l’affrontement. En 1302, à Courtrai, juste avant la bataille des Éperons d’or, le connétable de France, sur les conseils des capitaines des fantassins et des arbalétriers, demande au roi de ne pas engager la cavalerie mais de laisser combattre les troupes à pied. Le comte d’Artois l’accuse alors de ne pas être loyal envers son souverain. Pour animer son récit, Villani met en scène le dialogue entre les deux hommes :
Le comte d’Artois répondit sur un ton de réprimande : « Pru diable, ce sont des guiglie di Lombars, e vos conostable avés ancore du pol del lu. » c’est-à-dire qu’il voulut dire que celui-ci n’était pas loyal envers le roi, parce que sa fille était l’épouse de Guillaume de Flandre. Alors, le Connétable courroucé par le reproche qu’il avait entendu, dit au comte : « Sire, se vos verrés u gie irai vos irés bene avant ».167
83Matteo Villani saisit à son tour l’occasion de la guerre qui oppose la ligue dirigée par les Visconti à Florence pour illustrer ce type de situation.
84En effet, les Tarlati, les Ubertini et les Pazzi, bien qu’étant en paix avec la Commune, décident de profiter de la présence des troupes de Giovanni Visconti pour entrer dans le Valdarno. Les Florentins retirent de leurs frontières cinq cents cavaliers et donnent l’ordre aux cent cinquante cavaliers qui se trouvent à Arezzo de les rejoindre. Ils confient le commandement de cette armée et des troupes qu’ils ont levées dans le Valdarno à Albertaccio di Bindaccio da Ricasoli. Celui-ci, qui est apparenté avec les ennemis, est accusé de ne pas avoir servi la Commune loyalement car il n’a pas engagé ses troupes suffisamment et a laissé les ennemis s’échapper. Matteo Villani n’est pas certain du bien-fondé de l’accusation et il exprime ses doutes à plusieurs reprises sans vouloir toutefois aller à l’encontre de l’opinion communément admise, ce qui se traduit par des formules où se succèdent compliments et réserves :
La Commune de Florence dans cette chevauchée plaça toute sa confiance en Albertaccio di messer Bindaccio da Ricasoli, homme courageux et avisé et un bon et hardi capitaine, s’il eût été loyalement au service de la Commune[…] il montrait qu’il voulait battre ses ennemis sans mettre en danger ses troupes, aussi, ce soir-là, il installa le camp dans un lieu sûr pour les siens, et utile à l’ennemi…
85et par l’expression de quelques hésitations :
Cet Albertaccio […] fut accusé de ne pas avoir servi la Commune loyalement […] que cela fût vrai ou que ce fût un mensonge, il fut accusé d’avoir donné le temps et fait avertir les ennemis qu’ils devaient partir cette nuit-là.168
Liens du sang et liens de parenté acquise
86Toutefois, malgré les avantages que présentent les alliances, dans la pratique, les liens du sang sont plus forts que les liens de parenté acquise. Ainsi, lorsque le roi Pierre d’Aragon feint de lever une flotte pour combattre les Sarrasins alors qu’il veut s’emparer de la Sicile, Giovanni Villani explique :
[…] le roi Philippe de France, qui avait eu pour épouse la sœur de ce roi d’Aragon, lui envoya ses ambassadeurs pour savoir dans quel pays et contre quels Sarrasins il allait, lui promettant une aide en hommes et en argent ; lequel roi Pierre ne voulut pas lui révéler son entreprise […] mais il lui demanda une aide de quarante mille bonnes livres tournois, et le roi de France les lui envoya tout de suite. Et, sachant que Pierre d’Aragon était hardi et téméraire, mais, parce que catalan, de nature félonne, et à cause de sa réponse vague, le roi de France en fit tout suite informer son oncle, le roi Charles, dans les Pouilles et il lui fit recommander par ses ambassadeurs, de bien veiller sur ses terres.169
87Philippe III accorde bien à Pierre d’Aragon l’aide qu’il lui doit en qualité de beau-frère – même si Isabelle d’Aragon, qui est à l’origine de cette parenté, est morte – mais il protège sa famille en prévenant son oncle paternel, le roi Charles.
Parenté trahie
88Parfois, liens du sang et de parenté acquise s’effacent devant la raison d’état. Le fait que le roi d’Aragon pactise avec les habitants de Majorque afin de s’emparer de l’île aux dépens du souverain légitime qui est à la fois son cousin et son beau-frère est considéré par Matteo Villani comme une trahison aggravée par le fait que le roi de Majorque a des enfants qui doivent hériter de son état : en dépossédant leur père, le roi d’Aragon prive ses neveux de leur héritage170.
89Mais Giovanni Villani illustre ce phénomène de façon encore plus frappante par la version qu’il propose des faits advenus en 1298, pendant les luttes qui ont opposé les Guelfes de Pise entre eux171. Plusieurs partis se disputent le pouvoir que détient le juge Nino di Gallura di Visconti. Parmi eux se trouve celui du comte Ugolino de’ Gherardeschi, qui s’allie avec l’archevêque Ruggieri degli Ubaldini pour chasser le juge. Or, Nino di Gallura di Visconti est le fils de la fille d’Ugolino. Une fois acclamé seigneur de Pise, Ugolino, dit-on, fait empoisonner Anselmo da Capraia, le fils de sa sœur, par jalousie, parce qu’il est aimé des Pisans et qu’il croit qu’il pourrait lui enlever le pouvoir. Ces assassinats ne l’empêchent pas d’organiser une grande fête pour son anniversaire et d’y convier tout son lignage. C’est au cours de cette fête que, selon Giovanni Villani, Marco Lombardo, invité par Ugolino à lui communiquer ses impressions sur cette démonstration de puissance, lui aurait répondu : « Vous êtes mieux préparé à recevoir le malheur qu’un baron d’Italie […] car il ne vous manque que la colère de Dieu »172. Et, bien sûr, conclut le chroniqueur, « la colère de Dieu arriva sur lui rapidement, comme il plut à Dieu, à cause de ses trahisons et de ses péchés […] et le traître fut trahi par le traître »173. Ugolino est en effet trahi par l’archevêque et emprisonné avec deux de ses fils et trois de ses petits-fils, enfants de ses fils. La famille d’Ugolino apparaît divisée en deux camps : d’un côté Ugolino, ses fils et leurs familles, et de l’autre les familles des femmes qui sont sorties de la famille, c’est-à-dire de la fille et de la sœur d’Ugolino. Le personnage du comte Ugolino présenté par Giovanni Villani est donc bien différent de celui du chant xxxiii de l’Enfer de Dante. Ce n’est plus la victime que l’archevêque Ruggieri a enfermée avec des enfants innocents dans une tour et qu’il a laissée mourir de faim mais un ambitieux qui, pour obtenir le pouvoir, n’hésite pas à spolier et à assassiner des membres de sa famille, puis est à son tour trahi, ce qui représente, selon le chroniqueur, une juste punition.
90L’importance accordée aux explications familiales des faits politiques semble indiquer que les chroniqueurs, ou du moins certains d’entre eux, se rendent compte qu’ils sont en train d’assister, impuissants, à la remise en question d’un ordre ancien basé sur la fidélité au lignage et à la parenté acquise.
91En novembre 1301, lorsque les Guelfes blancs et noirs de Florence s’affrontent, Dino Compagni déplore qu’aucun lien de parenté ni d’amitié ne puisse plus servir à diminuer ou commuer les peines de ceux qui sont condamnés. Même les nouveaux mariages entre Guelfes blancs et Guelfes noirs ne sont plus utiles. Les amis deviennent ennemis, les frères ne se soutiennent plus, les fils trahissent les pères, « tout amour, toute humanité s’éteignit », conclut-il174.
92Ce phénomène n’est limité ni dans le temps ni dans l’espace puisque Matteo Villani raconte qu’à Orvieto, en 1350, la famille Monaldeschi se déchire175, qu’à Gubbio, au même moment, la famille Gabrielli fait de même176, et que dans le contado, l’année suivante, c’est la famille Ricasoli qui se dispute pour la paroisse de San Paolo in Chianti177. À chaque fois, dans ces « italiane tempeste », comme il les nomme178, l’effet de surprise est total car ceux qui subissent l’attaque ne se gardent pas de leurs parents : « les deux Monaldi de’ Monaldeschi, sans aucun soupçon, car ils côtoyaient sans cesse Benedetto, de jour comme de nuit, marchèrent en devisant avec lui […] »179 ; sans éveiller les soupçons, Giovanni di Cantuccio de’ Gabrielli aidé d’une centaine de mercenaires pénètre de force chez tous ses parents, les emprisonnent, pillent leurs maisons et les brûlent ; les fils d’Arrigo da Ricasoli et leurs cent cinquante soldats s’emparent sans peine du château de Ventino qui « ne se tenait pas sur ses gardes »180.
93En conséquence, les chroniques enseignent que si les alliances matrimoniales constituent un moyen sûr de s’élever, elles présentent aussi certains dangers car elles peuvent être considérées comme un signe de trahison et peuvent être à leur tour trahies. Toutefois, les liens du sang ne sont pas à l’abri de ces éventualités, ce qui place à égalité lignage agnatique et parenté acquise.
La place des femmes dans les lignages
94Les chroniques examinées attribuent une part importante à la femme dans les lignages, ce qui va à l’encontre de l’opinion communément admise.
95L’examen des livres de famille révèle en effet une société où l’idéologie et les normes du lignage concourent à marginaliser radicalement les filles, les épouses et les mères et à favoriser la lignée masculine. Le privilège accordé à la lignée masculine a été regardé par les historiens du droit comme le principe capital des rapports de succession dans les lois des villes italiennes181. Le groupe de parenté que l’on peut généralement reconnaître à partir des généalogies inclut rarement les femmes nées à l’intérieur du lignage et exclut les personnes des deux sexes qui ont comme mère une femme née dans ce lignage. Les auteurs de ces livres de famille justifient les exceptions par le fait que les femmes citées sont les seules héritières de leur lignage, ou qu’elles ont spolié ou privé les parents de leur père en recevant, à leur place, son héritage. Elles ont donc perturbé l’ordre normal de succession. Quand elles héritent, les femmes suscitent l’indignation des hommes de leur famille de naissance parce qu’elles font sortir de la famille ce qui devrait y rester182. En conséquence, les femmes sont exclues des généalogies et les hommes ne se réfèrent donc qu’à leurs ancêtres masculins.
96Les chroniqueurs semblent d’un tout autre avis. L’exemple qui nous paraît être le plus probant est celui de Ricordano Malispini qui détermine lui-même son lignage aux chapitres xli et ciii de sa chronique :
Mais moi, Ricordano, j’appartins par les femmes, c’est-à-dire par ma grand-mère, à cette maison des Capocci de Rome […]183
Mon aïeule fit partie des Capocci de Rome, vieux patriciens de Rome, ma mère des Ormanni, appelés Foraboschi, qui furent une ancienne lignée de gentilhommes […] Moi Ricordano j’eus pour épouse une fille de messer Bonaguisa de’ Bonaguisi de Florence, née par sa mère des Bisdomini, et sa sœur fut l’épouse de l’un des Galli qui eut pour nom messer Bruno : et j’eus une fille qui fut l’épouse d’Arrigo degli Ormanni.184
97Dans son lignage, il ne fait pas figurer un seul homme. Il parle de sa grand-mère, de sa mère, de son épouse, de la sœur de celle-ci, de sa propre fille et des parentés acquises grâce à ces femmes, mais il ne parle pas de son père ni de ses agnats. Son choix éclaire la stratégie matrimoniale des Malispini qui consiste, au moins depuis quatre générations, à s’apparenter à des lignées anciennes et toujours prestigieuses.
98Cette politique familiale est semblable à celle de la famille Velluti dont C. M. de La Roncière a mis en évidence les mécanismes : depuis cinq générations, les Velluti ont eux aussi sélectionné les partis les plus avantageux afin d’entrer dans l’aristocratie de l’argent et du pouvoir et, par ce moyen, ils ont étendu à toute la ville leur notoriété qui était circonscrite à l’origine à l’Oltrarno185. Mais, alors que Donato Velluti ne cherche pas à retrouver dans les lignages féminins l’antiquité ou la noblesse qui manque à ses ascendants et ne concrétise jamais dans une généalogie sa fierté d’appartenir (par des femmes) à des familles aussi notoires, Ricordano Malispini insiste sur ces aspects et en oublie même son lignage paternel.
99C’est cette même attitude qu’adoptent les chroniqueurs lorsque la notoriété du lignage paternel auquel appartient l’un de leurs personnages est insuffisante. C’est un problème qu’ils rencontrent fréquemment car, pour la France des XIe et XIIe siècles, il y a toujours inégalité dans l’échange matrimonial et dans un sens qui est toujours le même, c’est-à-dire que les garçons épousent de façon très générale des filles d’un rang supérieur au leur. C’est le cas de la chevalerie française du XIIe siècle où les filles sont abandonnées à des maris de rang nettement inférieur, alors qu’on cherche toujours à marier le garçon avec une fille de rang supérieur186. Robert Fossier fait remarquer qu’” il n’y a guère lieu de s’étonner qu’en dressant une généalogie un chroniqueur, soucieux de valoriser ses héros, insiste sur la branche féminine qui apporta la dignité et la richesse ; même un esprit médiocre et prévenu comme Lambert de Wattrelos, au milieu du XIIe siècle, cite près de vingt femmes sur les soixante-dix ancêtres qu’il connaît, chiffre fort pour un homme d’Église que sa formation, ses préoccupations, sa mentalité inclinaient à la mysoginie. »187
100La part des femmes dans les lignages se retrouve à toutes les époques. Ainsi, à l’origine de Fiésole se trouvent deux personnages Atlas et Électre. D’Atlas, les chroniqueurs ne disent presque rien, d’Électre en revanche, certains précisent qu’elle est la fille d’un roi qui s’appelle également Atlas188. Hercule est désigné comme « le fils de la reine Alcmène », fille du roi de Crête189.
101Parmi les sept rois de Rome, Giovanni Villani cite Numa Pompilius. Souverain avisé par son savoir et ses mœurs, dit-il, il amenda les lois et le gouvernement de Rome, fit ériger des temples, agrandit le pouvoir de Rome sur les autres cités et instaura les douze mois de l’année. Sous son règne, Rome connut une période de paix qui dura quarante et un ans. Après lui régna Tullus Hostilius qui fut cruel et belliqueux. Puis vint « Marcus Marcius, le fils de la fille du bon roi Numa Pompilius » (qui se nomme en réalité Ancus Martius). Le chroniqueur montre qu’il hérite des qualités de son grand-père maternel et, bien que la situation politique laissée par son prédécesseur, c’est-à-dire, la guerre contre les peuples latins, l’oblige d’abord à les soumettre, il rétablit la paix et fait construire à son tour un temple, celui de Janus190.
102Cependant, c’est dans la présentation des mutations dynastiques advenues à la tête du royaume de France que se dévoile le mieux cette position.
103Charles Martel est présenté une première fois par Giovanni Villani comme le fils de Pépin et « de son amica, sœur de Dodon, duc d’Aquitaine ». En fait, la mère de Charles Martel, Alpaïde, est désignée comme « uxor » par Grégoire de Tours191 mais Villani semble utiliser l’hagiographie tardive de saint Lambert qui fait de l’assassin du saint – un certain Doon ou Dodon de Saxe – le frère d’Alpaïde et de l’union controversée la cause du meurtre, et il confond ce personnage avec Eudes d’Aquitaine. Plus tard, dans la présentation de toute la dynastie des Carolingiens, il présente toujours Charles Martel comme le fils de la sœur de Dodon non plus duc mais « roi » d’Aquitaine, lui attribuant ainsi une ascendance royale et sans préciser le statut matrimonial de sa mère192.
104De même, l’ascendance des Capétiens lui paraît incertaine car quelques sources affirment que les ancêtres d’Hugues Capet étaient ducs ou, du moins, de haut lignage, et que son père était Hugues le Grand et sa mère une sœur d’Otton 1er. D’autres, plus nombreuses, dit-il, soutiennent que son père était un grand et riche bourgeois de Paris qui aurait épousé l’héritière du duché d’Orléans. Cette obscurité sur le lignage d’Hugues Capet193 est réelle et probablement volontaire de la part des partisans du souverain, qui diminuèrent l’importance des origines comme fondement de la légitimité, et insistèrent au contraire sur l’absence présumée d’héritier carolingien ou sur la volonté de Dieu, car l’ascendance des Capétiens supportait difficilement la comparaison avec celle des Carolingiens. Tributaire de ses sources, le chroniqueur transmet cette mémoire, qui est teintée de propagande politique, sans oublier toutefois de restructurer le passé en fonction de ses priorités et c’est ainsi qu’Hugues Capet devient le fils d’un riche bourgeois194 – information qu’il n’a pas puisée auprès des sources qu’il a consultées – mais sa mère, dans tous les cas, est d’un rang supérieur à son père :
Hugues Capet, comme nous l’avons mentionné précédemment, après que le lignage de Charlemagne se fut éteint, fut roi de France dans les années 997. Cet Hugues fut duc d’orléans (et certains écrivent que ses ancêtres furent toujours ducs et de haut lignage), fils de Hugues le Grand et né par sa mère de la sœur d’Otton Ier ; mais la plupart disent que son père fut un grand et riche bourgeois de Paris issu d’une famille de chevillards c’est-à-dire de négociants en bestiaux ; mais, grâce à sa richesse et à sa puissance, quand le duché d’Orléans fut vacant et qu’il en resta une femme, il l’épousa, ainsi naquit Hugues Capet qui fut très avisé et très puissant, et il gouvernait tout le royaume de France ; et, après que le lignage de Charlemagne se fut éteint, comme il en est fait mention, il se fit proclamer roi, et il régna vingt ans.195
105L’effort que Giovanni Villani fait pour rapprocher les Capétiens des Carolingiens a également abouti à ce qu’il se fasse l’écho d’une ascendance carolingienne faussement attribuée à Adèle de Champagne, troisième épouse de Louis VII et petite-fille de Guillaume le Conquérant. Philippe-Auguste, qui naît de cette union, devient ainsi le descendant légitime de Charlemagne. La rébellion du premier des Capétiens, Hugues le Grand, envers son seigneur, descendant légitime des Carolingiens, est effacée :
Celui-ci [Louis VII] eut pour épouse la comtesse de Chartres qui fut une descendante du lignage de Charlemagne, parce qu’elle était née dans la maison de Normandie. De cette femme, il eut un fils qui s’appella Charles le Borgne.196
106En conséquence, il apparaît bien que lorsqu’un personnage appartient à une dynastie encore mal assurée, les chroniqueurs, et en particulier Giovanni Villani, font appel à son ascendance maternelle afin de justifier la promotion sociale de sa famille.
107Représentants d’une société marchande en pleine expansion, les chroniqueurs florentins sont en outre particulièrement sensibles aux détails financiers des alliances matrimoniales conclues entre les grandes puissances. Habitués à peser les avantages et les inconvénients d’un contrat commercial, ils appliquent leur savoir-faire à dévoiler les méandres de la politique européenne. Peu soucieux d’en transmettre une image conforme à la tradition de la noblesse et de la chevalerie, ils en font une analyse sans concessions, étonnamment moderne, qui indique à leurs concitoyens la voie à suivre.
La cérémonie
108Les cérémonies nuptiales florentines197 se déroulent en plusieurs étapes mais, contrairement aux livres de famille, rares sont les chroniques qui en donnent le détail. Le diario de Guido Monaldi nous a été particulièrement précieux car il se situe à mi-chemin entre le livre de famille et la chronique et apporte un témoignage sur les temps forts des cérémonies.
109Le diario ne parle pas des premières négociations menées par un sensale ou un ami de la famille mais mentionne une fois la première rencontre qui permet de « fermare il parentado »198. Après cet accord, le fiancé rend une visite de courtoisie à la famille de sa promise mais tout ceci est officieux et secret.
110Ensuite, les membres masculins des deux familles se rencontrent, solennellement et publiquement, et le fiancé « giura » la jeune fille199, il s’engage à la prendre pour épouse. La fiancée n’est pas conviée, c’est la personne qui a autorité sur elle qui promet de la donner en mariage et d’obtenir d’elle qu’elle y consente, puisque, en principe, le mariage chrétien se fonde sur le consentement mutuel des conjoints.
111Nous trouvons une trace de cette obligation de consentement de la part de la future épouse dans le récit du mariage de Casan et de la fille du roi d’Arménie. Lorsque Casan devient empereur, il décide de se marier. Il fait rechercher la plus belle fille du monde, qui se trouve être celle du roi d’Arménie. Il demande sa main à son père qui accepte, à condition que cela plaise à la jeune fille. Sa réponse et le commentaire de Giovanni Villani montrent bien que les pères florentins attendent de leurs filles une totale soumission : « celle-ci, très sage, répondit qu’elle était contente du moment que cela plaisait à son père »200.
112À partir de ce moment, le jeune homme peut rencontrer la femme qui lui est destinée et lui offrir des cadeaux, presque toujours des bijoux201. L’épousée a la possibilité de s’en parer dans les mois précédant les noces, parfois dans l’année qui les suit, mais ensuite le mari peut en disposer à sa guise : les restituer ou les prêter, les vendre, les louer ou les donner. Le futur mari a également l’obligation de « vêtir » son épouse. Tout se passe, « comme si ces ‘dons’ devaient imprimer la marque du mari sur sa femme dans la période nuptiale, comme s’ils devaient être arborés avant, pendant et peu de temps après les noces, mais s’évanouir leur tâche remplie. »202
113L’engagement est alors définitif et les deux familles peuvent considérer que leur alliance est scellée : en tête des qualités du fils aîné de Niccola Acciaiuoli, Matteo Villani fait figurer sa fiancée, qui est issue d’une illustre famille :
[…] chevalier et grand baron, une promise qui appartient à la maison Sansoverino, jeune homme habile au maniement des armes, doté de belles manières, courtois et d’allure noble.203
114Très contraignante, la promesse ne peut être rompue sans conséquences, la plus légère étant le paiement de l’arrha, la plus grave étant la certitude d’avoir acquis le mépris et provoqué l’hostilité de la famille de la jeune fille. Lorsque Bondelmonte de’ Bondelmonti repousse sa fiancée pour épouser une autre femme, l’arrha versée ne compense pas le déshonneur. Il faut que la vengeance soit éclatante. Après en avoir délibéré entre eux, les Amidei suivent le funeste conseil de Mosca de’ Lamberti et assassinent Bondelmonte le jour où il se rend chez celle qu’il a choisie, tout de blanc vêtu et monté sur un palefroi blanc204.
115Lorsque, à la demande de son suzerain, le comte de Bourgogne rompt l’engagement qu’il a pris envers le roi de France et donne sa fille au duc de Bourgogne, un chroniqueur florentin anonyme est donc fondé à conclure : « de là naquirent beaucoup de guerres »205.
116L’étape suivante, qui consiste dans l’échange des anneaux et des consentements, a toujours lieu dans la maison des parents de la jeune fille206. Des témoins, un notaire et de nombreux invités y assistent. Après la cérémonie, la mariée quitte la maison familiale pour rejoindre celle de son époux207.
117Dans le cortège nuptial, la trajectoire de l’alliance matrimoniale se dessine clairement208. Le voyage effectué en 1281 par la fille de Rodolphe Ier de Habsbourg209 et celui de la fille de son fils Albert Ier en 1316210, dont les haltes symbolisent à la fois l’autorité de l’Empire sur le pays et son alliance avec les souverains de Naples211, évoquent sans doute pour les Florentins le cortège nuptial local qui exprime à la fois l’exogamie conjugale que l’Église médiévale encourage fortement212 et la richesse de la famille qui donne une de ses filles par l’étalage public du trousseau dans des coffres décorés dont le couvercle est ouvert213.
118La venue du vicaire impérial suit de peu celle de la fille de Rodolphe et les Florentins ne se trompent pas sur la signification de ces voyages. Paolino Pieri explique :
[…] à la fille de l’Empereur les Florentins firent grand honneur par amour de son mari mais au vicaire les Florentins ne voulurent pas répondre […] mais le roi Charles envoya des messagers pour leur signifier qu’ils devaient l’honorer et répondre favorablement à ses requêtes et ensuite ils le firent.214
119L’expression « menare donna »215, « amener sa femme son son toit », qui qualifie l’ensemble de ces rituels est fréquemment utilisée comme synonyme d’épouser. Elle sous-entend souvent que la consommation du mariage a lieu le soir même de l’arrivée de la jeune fille au domicile conjugal sauf si l’épouse est d’une grande jeunesse et qu’il faut attendre qu’elle soit devenue pubère.
120Les Florentins des classes aisées se montrent fort respectueux de l’interdiction de célébrer les noces en temps de Carême et de la recommandation de chasteté en ces temps de pénitence, aussi le mouvement des conceptions établi à partir des livres de famille comporte-t-il un creux au mois de mars216.
121Ceci explique la désapprobation de Matteo Villani qui observe que Charles de Durazzo a « menato » Marie d’Anjou durant le Carême217, qui est l’un des temps forts de la vie liturgique durant lesquels les rapports sexuels sont interdits218, comme l’indique le Décret de Gratien qui, après avoir énuméré les jours de jeûne obligatoire, ajoute : « Diebus jejuniorum a propriis uxoribus abstinere opportet. »219
122Au matin, l’épouse reçoit la mancia, une somme d’argent symbolique que son montant peu élevé distingue de la morghengabe lombarde, somme très importante qui correspondait à un quart du patrimoine du mari. Quelques jours plus tard, elle revient dans la maison paternelle, accompagnée par un cortège de femmes220.
123À partir des trois cycles presque complets de noces que le Diario de Guido Monaldi permet de reconstituer, nous constatons qu’une seule cérémonie nuptiale s’étire sur plusieurs années. L’accord officieux pour le mariage de Checca est passé le 19 juin 1381, le 25 Antonio s’engage officiellement. Le mois suivant, il lui apporte des bijoux dans un coffret (forzierino) et le mercredi 24 octobre il l’amène sous son toit. Quatre mois se sont écoulés entre les premières accordailles et le dernier acte du mariage221.
124Le 14 avril 1376, Agnesa est « giurata » par Tommaso di M. Castellano Frescobaldi. Le 30 du même mois, il lui « donne l’anneau ». Le 19 octobre 1376, Agnesa quitte la maison familiale pour rejoindre son époux qui l’emmène à Monte Castelli, le 21 octobre, elle revient chez ses parents222.
125Bice au contraire attend trois ans et demi avant de voir réaliser son union avec Lionardo di Francesco di Spinello. Le 21 décembre 1371, il lui fait apporter uncoffret de bijoux mais il lui « donne l’anneau » seulement le 20 mai 1375. Elle arrive sous le toit conjugal le dimanche 27 mai 1375 et rend visite à ses parents le 29223. Peut-être est-elle très jeune au moment des fiançailles comme la future épouse de Leonardo Bartolini224 ou bien la famille a-t-elle réuni la dot à grand-peine.
126Dans les livres de famille écrits entre 1300 et 1550, le dimanche, le mercredi et le jeudi sont le plus fréquemment retenus pour les trois principales cérémonies du rituel225. Guido Monaldi signale que deux « giuramenti » ont lieu le lundi et un le jeudi. Le forzierino contenant les bijoux offerts par le promis est apporté à deux reprises un dimanche. Le mercredi est le jour de prédilection, dans la famille Monaldi, pour procéder au dernier acte du rituel matrimonial : trois fois l’épouse est « menata » ce jour-là, deux fois le dimanche et une fois le lundi. Le seul « jour de l’anneau » précisé se situe également un mercredi.
127Quel que soit le jour choisi, ceux qui l’ont vécu en gardent un souvenir ému comme en témoignent ces mots que nous avons relevés dans le diario de Guido Monaldi :
[…] et ce jour, cela fait cinquante et un ans, que Guido « amena » Nanna et qu’en Avignon on fit les noces, c’est-à-dire le 25 juin 1330.226
128En définitive, les informations que nous avons pu recueillir dans les chroniques sur les mariages sont du même ordre que celles fournies par les livres de famille. Elles indiquent les noms des deux familles concernées, citent le nom des membres masculins de chaque famille qui ont conclu le mariage, examinent le degré de parenté entre les futurs époux, dénoncent les empêchements, détaillent les clauses financières et, enfin, précisent le jour de la cérémonie. Il en résulte une impression d’unité fondamentale du système du mariage dans toute l’Europe médiévale227. Pourtant, deux unions se détachent nettement de ce paysage uniforme, deux mariages dont le récit a retenu notre attention.
Les mariages hors du commun
129Le chapitre xxi du livre v de la Nuova Cronica est consacré à la comtesse Mathilde. Avant de raconter quelques épisodes de sa vie, Giovanni Villani résume celle de sa mère qui est, dit-il, la fille d’un empereur de Constantinople. À la cour, se trouve « un Italien de nobles manières, de grand lignage, généreux et maniant bien les armes, adroit et doté de toutes les qualités ». La fille de l’empereur l’épouse secrètement et, s’emparant de tous les bijoux et de l’argent qu’ils peuvent trouver, elle s’enfuit avec lui. Ils s’installent en Italie, tout d’abord dans l’évêché de Reggio, en Lombardie.
130L’empereur, dont elle est le seul enfant, la fait rechercher et, lorsque ses envoyés l’ont retrouvée, ils lui transmettent le message de son père : si elle retourne auprès de lui, elle pourra se remarier selon son désir. La jeune femme répond qu’elle a trouvé celui qu’elle veut et qu’elle n’en épousera jamais un autre. L’empereur lui envoie alors les lettres de confirmation du mariage et de l’argent afin qu’elle puisse acheter, sans compter, des châteaux fortifiés et des demeures et qu’elle en fasse construire d’autres. Après avoir cité tous les châteaux, ponts et monastères qu’elle fait construire grâce à cet argent, Giovanni Villani aborde l’histoire de Mathilde. À la mort de ses parents, dont elle hérite, elle décide de se marier. Ayant entendu vanter les mérites d’un jeune homme né en Souabe et appelé Guelf, elle lui envoie des messagers et des représentants légaux afin qu’en leur absence les clauses du mariage soient ratifiées et le lieu du mariage décidé. Le mariage est célébré (selon la coutume florentine, Giovanni Villani dit « l’anneau est donné ») au château des comtes Cinensi. Lorsque Guelf se rend au château, la comtesse Mathilde se porte à sa rencontre avec ses chevaliers et les fêtes se déroulent dans la joie.
131Ce chapitre ne trouve pas d’écho auprès des autres chroniqueurs228, même auprès de Ricordano Malispini229, dont la chronique entretient pourtant des relations très étroites avec celle de Giovanni Villani. Les deux femmes dont il est question, la comtesse Mathilde et sa mère, la comtesse Béatrice, sont deux personnalités familières aux Florentins. Pourtant, Giovanni Villani ignore sciemment des faits connus de tous230 : Mathilde est la fille du marquis Boniface de Toscane et de Béatrice qui est la fille du duc Frédéric de Lotharingie supérieure. Le fief de son père s’étendait des Préalpes de Brescia au Latium septentrional et a été construit depuis trois générations par la famille Canossa231.
132À la mort du marquis Boniface, assassiné en 1052 au cours d’une chasse, pour conjurer la menace que font peser l’empereur Henri III et les Communes italiennes sur sa famille et sur les territoires dont elle est l’héritière ou la régente, Béatrice se remarie avec Geoffroi le Barbu, originaire comme elle de Lotharingie. Mathilde épouse en premières noces le fils de Geoffroi, surnommé Geoffroi le Bossu, qui meurt assassiné le 26 février 1076. Le second mariage de Mathilde, organisé par le pape, est conclu en 1098.
133Giovanni Villani imagine une autre famille et une autre vie à Béatrice et à Mathilde, peut-être dans le but d’apporter sa contribution à l’hagiographie naissante de la comtesse232, mais surtout afin de minimiser les liens qui unissent Florence à l’Empire233. En chroniqueur conscient de ses devoirs et de son pouvoir, il crée un passé « utile », conforme aux aspirations de ses concitoyens234 et, en même temps, une non-mémoire officielle235 qui limite et empêche l’accès des générations futures à des passés différents : Béatrice et Boniface ne sont pas nommés, ils sont représentés comme un couple mythique. Elle, fille d’un empereur d’un Orient lointain et merveilleux, lui, un preux chevalier italien. Le fief des Canossa est transformé en biens achetés grâce à la générosité du père de la jeune femme ; l’union avec Geoffroi, prince de sang allemand, vassal de l’Empereur, est oubliée. Béatrice fait un mariage d’amour, Mathilde un mariage de raison mais elles choisissent librement leur époux, aucun homme n’intervient dans leur décision. Ce dernier élément, peut-être destiné à montrer au lecteur que le chroniqueur se place dans la perspective narrative d’une œuvre de fiction, car il s’oppose nettement à tout ce que nous avons pu remarquer précédemment au sujet de la conclusion d’un mariage, nous a conduite à nous interroger sur les autres raisons qui peuvent avoir amené le chroniqueur à raconter une histoire aussi éloignée de la réalité.
134Au cours de nos recherches sur les personnages féminins qui ont marqué l’histoire de l’Italie, un fait, contemporain de la rédaction de la Nuova Cronica, nous a frappée car il semble avoir un lien direct avec ces deux mariages conclus librement par des femmes.
135En 1308, dans la chapelle nord de la cathédrale de Monza, les dépouilles de la reine des Lombards, Théodolinde, et de son second époux, Agilulphe, sont placées solennellement dans un nouveau sarcophage. Lors de la campagne de fouilles de 1889, il a été démontré que le sarcophage était posé, bien en évidence, sur de petites colonnes, derrière l’autel de la chapelle. L’ensemble de la tombe et de l’autel, normalement réservé aux seuls saints, montre la grande considération dont jouissait la reine des Lombards qui, sept siècles plus tôt, en 595, avait fondé la cathédrale.
136Or la légende de Théodolinde, rédigée par Paul Diacre dans l’Historia Langobardorum, présente une étrange ressemblance avec l’histoire de Béatrice et de Mathilde, telle que Giovanni Villani la raconte. Fille du duc de Bavière Garibald, Théodolinde épouse en 590 le roi des Lombards, Autharis. Après la mort de celui-ci, en 590, les Lombards lui permettent de conserver la dignité royale et de choisir elle-même son second mari. Théodolinde épouse alors le comte Agilulphe qu’elle convertit à la religion catholique. Alliée du pape Grégoire le Grand, elle participa activement à la conversion des Lombards, adeptes de l’arianisme236. Théodolinde et Mathilde ont en commun leur foi qui les a conduites à aider la Papauté. Giovanni Villani y ajoute une ressemblance : le fait d’avoir choisi elles-mêmes leur époux, même si, pour Mathilde le choix ne fut pas heureux. Théodolinde n’est pas mentionnée dans la Nuova Cronica237 et cet oubli n’est peut-être pas innocent. En rapprochant Théodolinde de Mathilde, celle-ci bénéficie du prestige de la reine des Lombards qui rejaillit sur Florence.
La femme mariée
L’amour conjugal
137Depuis le XIIIe siècle, la littérature théologique et pastorale a abondamment parlé de l’amour conjugal, qu’elle a voulu imposer comme le fondement du mariage chrétien. C’est un amour partagé qui garantit au couple la sérénité, l’honnêteté et la paix et se traduit par une fidélité mutuelle et une aide réciproque en vue du salut. Il s’oppose à l’amour charnel, suscité par la luxure et caractérisé par l’excès, qui est assimilable à l’adultère et produit les mêmes effets néfastes : lascivité, jalousie, folie238. Le mari et la femme doivent se porter un amour réciproque mais, à l’amour absolu de son épouse (si elle ne répond pas à l’amour de son époux, un maléfice ne peut qu’en être la cause239), l’époux doit répondre par un amour modéré. Celui qui éprouverait un amour excessif serait considéré comme adultère par les clercs240.
138L’amour conjugal est rarement évoqué par les chroniqueurs : Énée pleure Créüse, disparue dans l’attaque des Grecs241, Belisea pleure et prie pour Fiorino, son époux, tué par les Fésulans242. Ce sont les seules marques d’affection conjugale que nous ayons notées dans les chroniques examinées. Elles ne parlent pas des façons dont se manifeste l’amour conjugal parce que sa caractéristique principale est justement d’être discret, sinon il est qualifié d’adultère.
139Giovanni Villani représente Énée éploré par la perte de son épouse pour deux raisons. La première est qu’il veut imposer une image de lui différente de celle que lui a forgée la tradition qui le présente comme un mari qui abandonne sa femme. La seconde est qu’il ne veut pas, qu’à cause de cette tradition, son mariage avec Lavinie puisse être entaché d’un soupçon de polygamie car, ainsi que nous l’avons déjà noté, les chroniqueurs ont attribué à tous les mariages qu’ils ont décrits les caractéristiques des mariages chrétiens. Ils doivent être, en l’occurrence, obligatoirement monogames. À propos de la mort « inévitable » de Créüse, Boccace écrit malicieusement :
[…] il prit les vingt navires avec lesquels Pâris était allé auparavant en Grèce, et après y avoir mis les Troyens qui voulaient venir avec lui ainsi que son père et son fils et, comme il plaît à certains, après la mort de Créüse, abandonnant le rivage de Troie, il passa d’abord en Thrace et là il construisit une ville qu’il appela de son nom, Énée, dans laquelle, par la suite, il fut longtemps adoré et honoré par des sacrifices comme un dieu, ainsi que Tite-Live l’écrit au livre xxx.243
140Dans les chroniques, l’amour, dans un couple marié ou entre amants, n’est décrit que lorsqu’il est « disordinato », immodéré, parce que les chroniqueurs veulent en dénoncer les méfaits. Didon se passe une épée au travers du corps à cause de l’amour violent qu’elle éprouve pour Énée244. Le centurion qui a enlevé Teverina est dévoré par ce même sentiment envers sa captive et cela le pousse à désobéïr245.
141Outre le suicide et la rébellion, un amour « disordinato » peut aussi entraîner la mort involontaire de celui qui l’éprouve comme de celui qui en est l’objet. Le roi de France Philippe VI de Valois, ébloui par la beauté de la jeune fille, épouse la sœur du roi de Navarre qui était destinée à son fils Jean, rapporte Matteo Villani246. En plus du différend que ce mariage provoque entre le père et le fils, il engendre des troubles en Bourgogne parce que Philippe VI marie son fils à la veuve du duc. Celle-ci a déjà un enfant qui doit hériter du duché mais, cédant à la force, elle livre le gouvernement de la Bourgogne au roi de France et soulève le mécontentement des Bourguignons247.
142L’épouse du roi de Bohème, le futur Charles IV, afin de détourner son mari des autres femmes et conquérir son amour, lui sert, au cours d’un repas, une mixture qu’elle croit être un philtre d’amour mais qui en réalité contient un poison mortel. Seuls des soins énergiques, qui provoquent la chute de tous ses poils, permettent au roi d’échapper à la mort248. Matteo Villani n’est pas complètement convaincu de ces faits et il donne une autre explication à l’empoisonnement du roi : certains disent qu’il a été commandité par Luchino Visconti qui avait peur de perdre son État. Cette seconde hypothèse est mentionnée en fin de chapitre et n’occupe que quelques lignes alors que la première est longuement développée. Le chroniqueur ne manifeste aucune préférence pour la première, puisqu’il conclut : « il avait promis qu’il n’en tirerait pas vengeance et, quelle qu’en soit la raison, il n’y eut pas de vengeance ». Mais elle met en scène des comportements féminins particulièrement significatifs qu’il veut à tout prix dénoncer.
143En définitive, les chroniqueurs jouent encore une fois le rôle qu’ils estiment être le leur. Forts de l’autorité que leur confère leur connaissance du passé, ils dénoncent les excès afin de contribuer à leur manière à l’enracinement de valeurs auxquelles ils croient. Comme les clercs, ils pensent qu’un amour démesuré est néfaste car il engendre des troubles, mais ils en soulignent les méfaits chez les femmes comme chez les hommes et ceci constitue l’originalité de leur position.
L’infidélité de l’époux
144Les relations à l’intérieur du couple ne sont pas toujours excellentes et les chroniques le montrent. L’épouse de Frédéric II se plaint auprès de son père, roi de Jérusalem, de l’infidélité de son époux qui entretient une relation adultère avec une jeune fille qui fait partie de sa suite et qui est l’une de ses cousines. Furieux des reproches et des menaces que lui adresse son beau-père, Frédéric bat sa femme, la jette en prison et même, dit-on, la fait rapidement assassiner249.
145Dans le portrait de Louis de Tarente, second époux de la reine Jeanne Ire, dressé par Matteo Villani, figure parmi ses défauts le fait qu’il battait sa femme mais, en dernière position, après le manque d’autorité, de culture, de prouesses guerrières, de générosité envers sa famille, de loyauté et de courage250. De plus, ce qui choque profondément le chroniqueur, ce n’est pas qu’il batte une femme mais une reine.
146Plus que les mauvais traitements, une femme mariée doit craindre l’inconstance de son époux car elle peut avoir des conséquences funestes. Priam, Louis II le Bègue, Édouard II d’Angleterre, Frédéric II, Pierre IV d’Aragon, Alphonse XI de Castille…, les exemples de maris infidèles ne manquent pas dans les chroniques. Nous avons déjà pu observer que les chroniqueurs réprouvent les mariages entre consanguins, il n’est guère étonnant de constater qu’ils blâment aussi les adultères entre consanguins et condamnent fermement ceux commis avec une parente proche : Frédéric II a pour favorite la cousine de son épouse251, Édouard II sa nièce252, le roi de Majorque253 également.
147Toutefois, si l’adultère ne provoque pas de scandale, ils ne portent pas de jugement moral. Voici ce que dit Matteo Villani au sujet d’Alphonse de Castille :
[…] le roi Alphonse de Castille mourut en laissant Pierre son fils légitime âgé de quinze ans, né de la reine, sœur du roi du Portugal, et sept de ses frères nés de dame Dienora grande et noble dame de Castille que le roi aima plus que la reine, et qu’il garda auprès de lui vingt-quatre ans.254
148En revanche, il utilise des paroles très dures à l’encontre de Pierre Ier de Castille et de sa favorite Maria de Padilla. Il dit que le jeune roi d’Espagne s’est laissé guider par un appétit « désordonné », qu’il a « corrompu le digne sacrement du mariage », qu’il a « suivi la coutume des Sarrasins bestiaux qu’il fréquentait » en épousant la femme qu’il aimait et avec qui « il s’accoupla avec tant de concupiscence charnelle désordonnée qu’il faisait avec elle des choses très dissolues et indécentes »255. Le chroniqueur accumule les qualificatifs pour montrer la profondeur de son indignation qui n’est pas provoquée par l’adultère mais par la bigamie, condamnée par tous les chroniqueurs256.
149En délaissant son épouse Blanche de Bourbon, le roi de Castille a également outragé la maison de France à laquelle elle appartient et mécontenté ses barons et son peuple257 qui craignent que les Français ne viennent, comme ils l’ont promis, châtier le roi de sa folie258. Les conséquences politiques sont graves : cela implique que ses actes soient doublement condamnés au nom de la morale chrétienne et au nom de l’ordre social.
150Sous la pression de la France et de son peuple, le roi renvoie sa favorite et reprend sa femme. Pour une nuit seulement car le lendemain matin, il retourne auprès de Maria de Padilla. Pour que son épouse ne s’enfuie pas, il la fait enfermer, sous bonne garde, dans l’un de ses châteaux-forts où elle meurt prématurément « de grande indignation, ou de douleur, ou de mélancolie, ou à la suite des manœuvres du roi, on l’en soupçonna, ou de maladie naturelle »259.
151Ces soupçons se fondent sur une pratique courante qui consiste, puisque le divorce n’est pas autorisé, à se libérer d’une épouse devenue encombrante, en la faisant assassiner ou en l’enfermant dans un couvent. Les chroniques nous offrent des exemples de chacune de ces pratiques : Louis X le Hutin fait étrangler son épouse Marguerite de Bourgogne à Château-Gaillard en 1315 pour épouser Clémence de Hongrie260 ; le pape Nicolas III, afin d’élever Piero della Colonna à la dignité de cardinal, « autorise » l’épouse de ce dernier à se retirer dans un couvent261 ; le roi de Hongrie demande au pape, en échange de son appui militaire, « d’autoriser » son épouse stérile à prendre le voile – Matteo Villani consacre précédemment un chapitre tout entier262 à démontrer que la reine, par amour pour son époux, est prête à ce sacrifice – afin qu’il puisse se remarier et assurer sa descendance263.
152Selon les lois de l’Église, une femme peut se séparer de son mari si celui-ci n’est pas en mesure de remplir ses devoirs conjugaux, mais il faut qu’elle vive auparavant trois ans avec lui. Dans la pratique, une épouse a beaucoup de difficultés à faire entendre sa voix. Giovanni Villani montre Mathilde de Toscane chassant son époux, mais il est important de bien examiner le texte car il ne décrit pas une épouse se séparant de son mari mais une suzeraine chassant un vassal qui l’a offensée. En effet, pour excuser son manque d’ardeur, Guelf, qui est impuissant, explique tout d’abord à Mathilde qu’il est victime d’un mauvais sort que lui ont jeté ceux qui envient son bonheur. Mathilde fait alors vider leur chambre de tous ses meubles, objets et vêtements et fait préparer une table nue. Puis elle appelle son mari, se déshabille et défait ses cheveux (afin qu’ils recouvrent sa nudité). Elle lui dit qu’aucun maléfice ne peut plus opérer et lui enjoint de consommer le mariage. Guelf ne pouvant pas, la comtesse lui dit :
Tu pensais tromper notre grandeur ; pour notre honneur nous t’accordons notre pardon mais nous te commandons de partir sans délai, et de retourner dans tes propres logis ; si tu tardes à faire cela, tu ne te sauveras point sans risquer la mort.264
153« Notre grandeur », « notre honneur », « notre pardon », les termes sont sans équivoque, Guelf n’est pas un époux mais un vassal à qui sa suzeraine daigne accorder la vie sauve à condition qu’il lui obéisse immédiatement, qu’il quitte ses terres et retourne chez lui (l’emploi du double possessif « le tue pro-prie » est utilisé de façon à bien faire sentir à Guelf qu’il n’est pas chez lui).
La femme adultère
154Même si la doctrine de l’Église indique que le mariage est l’unique cadre où peut s’exercer une sexualité légitime, l’éthique laïque accorde à la vie sexuelle de l’époux une bien plus grande liberté qu’à celle de l’épouse. Puisque le mariage doit servir à la procréation d’héritiers légitimes, le devoir de fidélité conjugale s’applique plus aux femmes qu’aux hommes. Un manquement est aussi davantage puni : l’infidélité conjugale de la femme peut être sanctionnée par la mort de la coupable et de son amant, tandis qu’une épouse n’a aucun moyen d’agir contre son mari. Malgré ces conditions défavorables, toutes les femmes ne renoncent pas à chercher une liaison hors du lit conjugal, s’il faut en croire la littérature contemporaine qui met en scène des clercs et des prêtres auxquels leur rôle de confesseur permet de poursuivre des projets érotiques en les rapprochant de leurs pénitentes.
155La femme que présentent les chroniques n’est pas cette femme adultère. L’adultère commis par l’épouse est condamné et puni sévèrement mais les chroniqueurs ne multiplient pas les exemples de femmes adultères. Ils ne présentent que ceux qui sont connus de tous : celui des trois brus de Philippe le Bel265, et ceux, présumés, d’Isabelle d’Angleterre266 et de Jeanne d’Anjou267.
156Les épouses fidèles sont mieux représentées. Parmi toutes celles que nous avons rencontrées, nous en citerons trois. La première est le modèle traditionnel de la vertu féminine, il s’agit de Lucrèce qui, après avoir été prise de force par Tarquin, se tue devant son père, son mari et ses parents pour servir d’exemple aux autres femmes268. La seconde est florentine. Son histoire, racontée dans une chronique familiale dont il ne reste qu’un fragment269, a été intégrée par un chroniqueur dans son propre texte. Il s’agit de la fille de Rinieri Zingani di Bondelmonti, mariée à Neri Piccolino degli Uberti en 1239, afin de sceller la paix entre les deux familles. À la suite d’une nouvelle trahison des Bondelmonti, son mari la renvoie chez son père qui s’empresse de la remarier contre son gré. Le soir de ses noces, désespérée, elle dit à son nouveau mari qu’elle est l’épouse de Neri Piccolino degli Uberti et le supplie de respecter cette première union. Ému, il accepte, la réconforte, la conseille et lui offre des biens et une domesticité dignes de son rang. Elle décide de faire vœu de clôture au couvent de Monticelli Vecchio270.
157La dernière est la comtesse de Lando. En se rendant à Rome pour le Jubilé de 1350, elle passe par Ravenne. Bien décidé à obtenir ses faveurs de gré ou de force, le seigneur de la ville la retient prisonnière. Comprenant qu’elle n’a aucun autre moyen de préserver sa vertu, la comtesse se donne la mort271. Dans les trois cas, le choix de la femme représente une solution extrême.
158Mais ne pas multiplier les exemples de femmes adultères ne signifie pas que les chroniqueurs sont tolérants envers l’adultère commis par une femme. Le diario d’anonimo fiorentino rapporte que, le 14 septembre 1382, Filippo di Riccardo de’ Figliuolipetri tranche la gorge à l’une de ses sœurs coupable d’adultère. La malheureuse est enterrée le lendemain à San Piero Scheraggio272. Marchionne di Coppo Stefani donne une autre version de ces faits. La jeune fille, dont le père est exilé, est enlevée sur ordre du capitaine du peuple Obizo degli Alidugi qui la viole et la remet ensuite à la tenancière d’un lupanar. Son frère, à son retour de voyage, apprend la chose, la tue et la fait enterrer secrètement273. Aucun des deux chroniqueurs ne condamne la dureté du châtiment infligé à la jeune fille.
159Comme pour les hommes, les chroniqueurs dénoncent fermement l’adultère féminin lorsqu’il provoque des violences. L’exemple le plus probant est celui de Jeanne d’Anjou : ils condamnent unanimement son infidélité parce qu’elle a certainement été la cause de sa participation à l’assassinat de son époux André de Hongrie :
[…] Envie et avarice de ses cousins et de la famille royale […] luxure débridée de sa femme qui entretenait une liaison adultère avec Louis prince de Tarente, son cousin, et avec le fils de Carlo Artus, et avec Iacopo Capano. Sur les conseils et avec l’assentiment de sa tante, sœur de sa mère et fille de Charles de Valois de France qui se faisait appeler impératrice de Constantinople et qui, également, de son corps, n’avait pas bonne réputation, et de son fils Louis de Tarente, cousin germain de la reine par sa mère, et son cousin au deuxième degré, qui, disait-on, était son amant et menait des négociations pour l’épouser avec la dispense de l’Église afin d’être roi après André ; et on dit aussi que le duc de Durazzo, son frère, y consentit parce qu’il avait pour épouse la sœur de sa femme, afin que si la première [la sœur aînée] mourrait sans héritier, le royaume lui revienne.274
160telles sont les raisons qui ont provoqué l’assassinat d’André de Hongrie d’après Giovanni Villani. Nous pouvons constater qu’elles sont variées. En plus de l’adultère, l’ambition politique y figure en bonne place. Il en sera de même au moment du mariage de Jeanne et de Louis de Tarente :
[…] tous ceux qui le surent en furent horrifiés et dirent qu’un péché si abominable finirait mal car il était manifeste que Louis était son amant du vivant du roi André, son mari, et qu’elle et lui manigancèrent la honteuse et abominable mort du roi André.275
161et dans les accusations portées par Louis de Hongrie où le régicide occupe la première place :
[…] messire Louis de Tarente, ton cousin [il s’adresse au duc de Durazzo] et notre rebelle et ennemi, qui a fait comme toi : par duperie et sacrilège, il a épousé cette femme criminelle et adultère et traître à son seigneur et mari, Jeanne, qui fut l’épouse de notre frère André.276
162Au moment de conclure, après avoir décrit l’assassinat du duc de Durazzo, la capture des autres membres masculins de la famille royale et l’expulsion de leurs épouses, Giovanni Villani prend position dans le débat qui agite alors l’opinion : le roi de Hongrie a-t-il eu raison de répondre au meurtre par le meurtre ? Certains lui reprochent d’avoir tué les membres de la famille royale après les avoir conviés à déjeuner et leur avoir donné le baiser de la paix. D’autres, « les sages », dit-il, estiment que c’est la juste punition de Dieu aux péchés commis contre le roi André « qui était jeune et innocent », et il cite comme cause première de l’assassinat « l’envie et la convoitise de son royaume » qui les ont poussés « par orgueil à la trahison et au parricide contre leur seigneur » et seulement après (presque en annexe car annoncé par « et il y eut encore… »), l’adultère qui, précise-t-il, « fut cause de la mort de cet innocent.277 » C’est ce même ordre qu’il reprend lorsqu’il rapproche les événements que nous avons évoqués des troubles advenus en 1346 lors de la succession du roi de Tunisie. Il interpelle alors le lecteur pour attirer son attention sur la similitude qui existe entre les deux situations (les deux fils du roi se disputent son héritage, le cadet tue l’aîné, puis il est assassiné à l’instigation de ses barons, et le royaume passe dans des mains étrangères) :
Maintenant note, lecteur, et rassemble ce que nous avons dit dans ce chapitre, et tu découvriras qu’en peu de temps, à cause des péchés d’orgueil et d’avarice et de luxure principalement advenus entre frères et parents, l’un voulant ôter à l’autre son état et son autorité, de nombreux meurtres et autres malheurs frappèrent les fils et les descendants de la famille royale du roi Abû Bekr de Tunis ; ce qui détruisit leur lignage. Et pareillement, ces derniers temps, ils apparurent parmi nous chrétiens, dans la famille royale de Pouille. Ceci avait déjà commencé avec la mort du roi André et ceci continua après comme nous le mentionnerons très bientôt.278
163Quant aux conséquences tangibles de l’adultère féminin (la naissance d’un enfant peut-être illégitime), les chroniqueurs préfèrent ne pas prendre de position en livrant les opinions contradictoires ou en feignant d’ignorer le problème :
Et la reine, à ce moment-là, avait eu un enfant mâle le 26 décembre 1346, et elle lui donna comme nom de baptême Charles Martel à cause de son aïeul ; et la plupart des gens dirent que c’était le fils d’André, et il lui ressemblait par certains traits ; certains disaient que non à cause de la mauvaise réputation de la reine.279 Arrivé à Aversa, le roi Louis de Hongrie établit sa demeure à l’endroit où son frère avait été tué. Et là, tous les barons du royaume vinrent lui rendre visite et s’incliner devant lui en qualité d’oncle et de tuteur de l’enfant Charles Martel, fils du duc André et de la reine Jeanne, à qui revenait le royaume.280
La mère
La fécondité de l’épouse
164Le premier devoir d’une épouse est d’assurer une nombreuse progéniture à son époux. Une Florentine mariée à dix-sept ans révolus peut estimer qu’elle va consacrer autant d’années à mettre au monde des enfants qu’elle en a vécues jusque là. En ce laps de temps, si rien ne vient rompre son mariage, elle peut espérer mettre au monde onze enfants, soit un enfant tous les dix-neuf mois. Quant aux femmes mariées entre vingt et vingt-neuf ans, le nombre d’enfants mis au monde tombe à moins de cinq si on y inclut les veuves281.
L’ambition des hommes de ces milieux était bien trop orientée par le souci de maintenir la grandeur de leur lignage, la fortune et l’‘état’ de leur propre lignée, pour ne pas priser la fécondité de leurs épouses et le nombre de leur progéniture.282
165Les chroniqueurs se chargent de démontrer que la finalité du mariage est la procréation283, que la sauvegarde du pouvoir dépend du nombre de descendants284 et surtout, qu’il en a toujours été ainsi. L’enjeu est si important, qu’ils font preuve d’une grande indulgence envers l’adultère masculin à condition qu’il ne provoque ni scandale ni désordre.
166Certains trouvent presque une justification à la polygamie dans la nécessité d’avoir beaucoup d’enfants. Giovanni Villani, à propos de Babylone, dit : « Et remarque qu’au cours de leur longue vie, ayant plusieurs épouses, ils avaient beaucoup d’enfants et de descendants de sorte qu’ils se multiplièrent jusqu’à former un grand peuple » et, pour nuancer son propos, il ajoute immédiatement : « bien que cela se fît de façon désordonnée et sans loi »285.
167Hécube a donné de nombreux enfants à Priam, jusqu’à trente selon certaines chroniques286. D’autres lui en attribuent cinq, les autres ayant été conçus avec d’autres femmes287. Uberto Cesare a treize fils (et quatre filles ajoute Ricordano Malispini288) « qui se multiplièrent tant, par la grâce de Dieu, que toute la contrée était gouvernée par lui et sa famille »289.
168Frédéric II eut aussi plusieurs fils, de ses deux épouses et d’autres femmes, qui ont contribué à étendre sa puissance sur mer et sur terre290. Si l’on ajoute à cela les alliances conclues grâce au mariage des filles, il est naturel que les chroniqueurs partagent291 la croyance populaire selon laquelle Dieu ne donne pas d’héritiers à ceux qu’il veut punir de leurs péchés292. En revanche, il promet une descendance nombreuse et glorieuse à ceux qui suivent ses commandements, comme Robert Guiscard293 qui partage sa monture avec un lépreux, le recueille sous son toit, le nourrit et le couche dans son propre lit294.
169De ce fait, les chroniqueurs montrent la chasteté pratiquée dans le mariage comme un phénomène marginal, réservé à quelques figures exemplaires comme l’empereur Henri II295 et le marquis Hugues de Toscane296. Il n’est pas sans intérêt de noter également que le seul chroniqueur florentin297 qui s’intéresse à Élisabeth de Hongrie ne la présente pas comme un exemple pour les femmes mariées de femme chaste qui tend, par la persuasion ou même par le subterfuge, à imposer l’abstinence à son époux298, mais il insiste davantage sur son attitude avant son mariage et sur son amour pour les pauvres299 :
Anni domini 1226. Il [Grégoire IX] canonisa la bienheureuse sainte Élisabeth. Celle-ci […] était l’un des plus belles jeunes filles du monde et des plus expertes en écriture. Elle était si bonne et si charitable qu’elle donnait tout par amour de Dieu ; et elle dépensait, et donnait par amour de Lui, tous ses vêtements et ses bijoux, et elle ôtait tout le pain des tables et le donnait aux pauvres, et elle en recevait beaucoup de reproches de son père, de sa mère et de ses servantes. Il advint un jour que le roi de Hongrie, son père, fit une grande fête, à laquelle il convia de nombreux barons et chevaliers afin de marier sa fille Élisabeth au fils de l’empereur d’Allemagne. Alors qu’elle se tenait aux fenêtres de sa chambre, elle vit une grande quantité de pauvres qui attendaient une aumône. En secret, elle fit prendre sur son ordre tout le pain qui se trouvait dans la maison et le fit donner aux pauvres au nom de Dieu. À la fin, il resta cinq pauvres qui n’eurent pas d’aumône. Elisabeth se leva et ôta le pain avec lequel elle devait déjeuner avec ses servantes et elle le portait dans ses bras pour le donner aux pauvres. Mais, alors qu’elle sortait de sa chambre, le roi accompagné de nombreux barons s’approcha d’elle pour lui faire honte et il se fit montrer ce qu’elle avait sur elle. Son visage commença à rougir et à se couvrir de honte et de peur et elle lui montra ce qu’elle tenait dans les bras ; et ce pain était devenu des roses blanches et rouges ; et c’était pour la fête de la Nativité du Christ, à la fin décembre. Puis, toute la cour et le royaume en furent couverts et ce fut la plus belle fête du monde ; et toutes les tables se trouvèrent pleines de roses et de fleurs, et de pain blanc, et cela ne cessait de croître300.
L’enfantement
170Le moment de l’enfantement est dangereux pour la femme. Les chroniqueurs offrent quelques échos301 de la mortalité féminine due aux risques et aux séquelles de l’accouchement302, mais aussi de la compassion que suscitent les femmes enceintes et les parturientes. Ils se préoccupent du sort des nobles dames guelfes, chassées de Florence après Montaperti et contraintes d’accoucher dans les montagnes303, et respectent le courage de Constance de Sicile qui accouche dans une tente dressée en plein cœur de Palerme afin que toutes les femmes puissent constater que l’enfant qui va naître est bien son fils et donc l’héritier de son royaume304. Grossesse et accouchement requièrent pour Francesco da Barberino une vigilance particulière et des attentions plus médicales que morales : la femme devra au début de sa grossesse éviter de courir, de sauter et de faire tout mouvement trop brusque. Quand le bébé bougera, elle devra « manger et boire modérément, vivre en amie de Dieu et dans la joie, puisqu’ainsi l’âme prend un bon pli » ; enfin, elle devra allaiter son nourrisson si elle veut « plaire à Dieu et à son fils »305.
171Cette sollicitude est une caractéristique florentine si l’on en croit Domenico Lenzi, qui note qu’en mai 1328, au plus fort de la famine, la Commune de Florence distribue à tous, hommes, femmes et enfants un pain de quatorze onces et aux femmes enceintes deux pains306, tandis que les sbires de Sienne chassent à coups de pierres et de bâtons les enfants, les hommes et les femmes, celles qui sont enceintes comme les autres307. L’étude que C. M. de La Roncière a consacrée aux pauvres et à la pauvreté à Florence confirme que, parmi les pauvres dont la confrérie Orsanmichele s’occupe régulièrement et attentivement, figurent les accouchées qui reçoivent les aumônes les plus fortes. En octobre 1324, elles obtiennent dix sous alors que le secours habituel est de cinq sous (l’aumône standard de cinq sous représente environ un jour et demi de travail de manœuvre ou encore six à sept kilos de froment)308. Dans les vingt premières années du XIVe siècle, l’ordre des pénitents de Borgo San Paolo pratiquait déjà une assistance de cette nature309.
L’amour maternel
172Lorsque l’enfant est né, dans ses deux premières semaines de vie, il est confié à une nourrice car l’allaitement rétribué permet aux parents de reprendre des rapports sexuels interdits par l’Église pendant l’allaitement et de maintenir un niveau élevé de fécondité310. S’il s’agit d’une petite fille, elle quittera Florence car les Florentins gardent plus souvent leurs garçons que leurs filles à la maison. Pour toute la période examinée par Christiane Klapisch-Zuber (1300-1530), 68,5 % des filles et 55 % des garçons sont expédiés à la campagne311.
173Sevré à environ vingt-trois mois, si c’est un garçon, et vingt-et-un, si c’est une fille, plus tôt si une nouvelle naissance se produit, l’enfant revient sous le toit familial quelques semaines plus tard (la durée moyenne est de un à deux mois mais peut aller jusqu’à six mois). Christiane Klapisch-Zuber justifie ce comportement – qui est en contradiction flagrante avec les connaissances du temps et avec les admonestations des directeurs de conscience, qui tous prêchent l’allaitement maternel – par la volonté des Florentins de privilégier le lignage masculin en minimisant l’apport et le rôle féminin. La mère qui allaite continue à façonner l’enfant à son image et l’intimité de l’allaitement crée des liens indestructibles entre la mère et l’enfant. Interdire à la mère une connivence avec ses enfants et donner à une autre femme son enfant à nourrir permet un développement harmonieux des vertus héritées du père. Cette « idéologie » explique, dit-elle, que la responsabilité matérielle et morale du choix de la nourrice soit assumée par le père qui proclame ainsi la supériorité de son sang312.
174Nous n’avons pas observé chez les chroniqueurs une réticence quelconque à l’égard de l’expression de l’affection entre une mère et ses enfants ni d’ailleurs une volonté de minimiser le lignage matriarcal, ainsi que nous l’avons déjà dit. Dans les chroniques, la mère partage avec son époux la responsabilité des enfants et leur amour. Matteo Villani, par exemple, lorsqu’il énumère les conséquences tragiques de la peste, dénonce comme une barbarie cruelle l’abandon des enfants par les mères et les pères et celui des pères et des mères par les enfants313.
175Lorsque Catilina et les Fésulans attaquent le camp des Romains, ils tuent Fiorino, son épouse et ses enfants. Les chapitres xvi et xvii de l’Istoria fiorentina de Ricordano Malispini offrent une autre version de l’issue du combat dont nous avons déjà parlé. Sans nous attarder à nouveau sur les différents moments de cette histoire, nous remarquerons que Belisea est l’image même de la mère aimante et protectrice. Elle pleure et prie pour Teverina314, mais elle agit également et n’hésite pas à utiliser l’amour de Catilina pour arracher sa fille des mains du centurion315. Teverina répond à l’amour de sa mère par un sentiment tout aussi fort316, un amour filial qu’elle éprouve aussi à l’égard de son père disparu317. Ainsi Ricordano Malispini présente-t-il à ses lecteurs l’image d’une famille unie, dont chaque membre aime les autres et est aimé d’eux.
176Une femme en pleurs, échevelée, qui se jette à genoux dans la rue, les bras en croix et supplie que l’on épargne ses enfants au nom de Dieu318, voilà l’image de l’amour maternel que transmet Dino Compagni. Mais la majorité des mères que nous avons croisées dans les chroniques ne lui ressemblent pas, elles ne se contentent pas de donner la vie puis d’aimer leurs enfants d’un amour passionnel, intense et viscéral qu’elles sont incapables de contrôler, comme le disent les clercs, elles luttent pour protéger leurs enfants.
177Les exemples de mères qui s’enfuient pour protéger leur enfant menacé que les chroniqueurs ont choisi de montrer sont nombreux : Lavinie, à la mort d’Énée, se réfugie dans les bois ; Edwige, l’épouse de Charles le Simple, s’enfuit en Angleterre auprès du roi, son frère, pour sauver le futur Louis IV de France ; l’impératrice de Constantinople arrache son fils à une mort certaine, préparée par Jean VI Paléologue qui veut l’empoisonner après lui avoir fait épouser sa fille afin d’hériter de son royaume319.
178Certaines affrontent le danger comme cette mère florentine qui se précipite pour arracher son unique enfant à la gueule d’un lion320. D’autres enfin font preuve d’astuce afin de déjouer les ruses de ceux qui menacent leurs enfants. La mère de Conradin, qui soupçonne Manfred de vouloir assassiner son neveu pour s’emparer du royaume de Sicile, entoure en permanence son fils d’enfants habillés de ses vêtements afin qu’il ne soit pas reconnaissable. Cette précaution s’avère salutaire car des ambassadeurs de Manfred offrent des friandises à un enfant en qui ils croient reconnaître le futur Conrad V et le petit garçon meurt empoisonné. Lorsqu’en 1261 Bonaccorso Bellincioni degli Adimari et Simone Donati, représentants des Guelfes florentins exilés, et les ambassadeurs de Lucques se rendent en Allemagne pour trouver un appui contre Manfred, c’est encore la mère de Conradin qui, invoquant son jeune âge (il a neuf ans), refuse catégoriquement qu’il la quitte pour se rendre en Italie. Quelques années plus tard, en 1267, alors que Charles d’Anjou règne sur la Sicile, les Gibelins toscans font parvenir cent mille florins d’or à Conradin321 afin qu’il intervienne contre le roi Charles. Conradin a maintenant quinze ans ; même si elle le considère encore trop jeune pour aller combattre, sa mère ne peut plus l’en empêcher. Les chroniqueurs offrent là un bel exemple d’amour maternel. Jusqu’au bout, cette femme aura cherché à sauver son fils de la mort. Conradin, battu par Charles à Tagliacozzo dans les Abruzzes en août 1268, est décapité à Naples en octobre de la même année.
179Belisea et Teverina sont, certes, des personnages de fiction et toutes les chroniques ne parlent pas de la mère de Conradin322, mais ce qui importe, c’est que les chroniqueurs ont voulu transmettre une certaine image maternelle. Ceci est encore plus sensible dans le récit de la conception de Guillaume le Conquérant. Dans un passage de l’Histoire des ducs de Normandie, Benoît de Sainte-Maure raconte que le duc Robert, encore jeune, non marié, en allant à la chasse, rencontre un groupe de lavandières. Arlette, la future mère de Guillaume, se trouve parmi elles. Robert est séduit et obtient par ses envoyés que le père la lui donne. L’accord n’est pas honteux, elle se rend au palais vêtue de ses plus beaux atours, en cortège, sur un palefroi, en plein jour. Il s’agit de la version, en quelque sorte « officielle », de la rencontre des parents de Guillaume le Conquérant. Giovanni Villani transforme complètement la tradition légendaire et l’adapte à la société dans laquelle et pour laquelle il écrit. Le duc Robert n’est plus amoureux d’une lavandière mais de la fille de l’un de ses riches bourgeois, le personnage du père disparaît, un nouveau personnage entre en scène : la mère de la jeune fille. Elle trouve une jeune fille de la noblesse, très belle mais pauvre, qui ressemble à sa fille ; elle l’introduit dans la chambre du duc et sauve son enfant du déshonneur323. L’histoire ainsi récrite valorise l’image maternelle et toutes les valeurs de la société florentine, où vivent en symbiose noblesse féodale et riches marchands, sont sauves : la vertu d’une jeune et riche bourgeoise est intacte, la petite lavandière disparaît et Guillaume le Conquérant est le fils d’un duc et d’une jeune fille pauvre mais noble.
180Les armes qu’utilisent les mères que nous avons rencontrées jusqu’à présent sont des armes traditionnellement féminines. La ruse n’est pas l’apanage des hommes mais les pleurs, la séduction et la fuite leur sont prohibés. Pour sauver leurs enfants, les femmes sont aussi capables d’employer des armes masculines, et en particulier celle qui est considérée par la société florentine comme l’arme absolue : l’argent. Ainsi Giovanni Villani explique-t-il qu’à la mort de Castruccio, afin que Ludovic de Bavière n’enlève pas la seigneurie de Lucques à ses fils, sa veuve, de sa propre initiative, se rend à Pise où se trouve l’empereur, lui donne l’équivalent de dix mille florins d’or en argent, bijoux et riches destriers et, faisant preuve de beaucoup de diplomatie, lui confie le sort de ses enfants et le sien324.
181Or, il a été établi que, dans la Toscane des XIVe-XVe siècles, « les richesses des femmes ne peuvent guère être montrées sans choquer : soumises et discrètes, les Florentines n’ont pas à afficher leur qualité de propriétaires et de femmes d’affaires »325. Cependant, le comportement de l’épouse de Castruccio, qui n’est pas unique dans les chroniques, semble correspondre tout à fait à celui d’une femme d’affaires. Le chroniqueur n’en paraît pas choqué et, soucieux d’assurer un avenir à son œuvre, il ne prendrait peut-être pas le risque de déplaire à ses lecteurs en leur dépeignant un comportement féminin jugé répréhensible par l’ensemble de la société.
182En somme, l’image maternelle que transmettent les chroniques est une image relativement positive, très différente de celle que véhicule la littérature pastorale contemporaine326 : une mère est capable de régir rationnellement son affectivité et d’agir au mieux pour la sauvegarde de la vie et des intérêts de ses enfants.
L’amour des enfants envers la mère
183À l’amour maternel correspond celui des enfants pour leur mère ou pour celle qui assume cette tâche. Nous avons déjà parlé de Teverina qui aime et pleure la disparition de ses parents, nous voudrions évoquer maintenant un sujet qui paraît préoccuper particulièrement les chroniqueurs. Il s’agit de l’attitude des enfants d’un premier mariage vis-à-vis de la seconde épouse de leur père. Certains d’entre eux ont vécu personnellement cette situation (Giovanni Villani a eu de sa première épouse Bilia une fille nommée Giovanna et de sa seconde épouse Monna, qui était veuve et avait un fils, deux filles, Iacopa et Ghetta et trois garçons Francesco, Matteo et Villano327). Tous ont connu des cas similaires dans leur entourage. Cette expérience ne devait pas être toujours très heureuse, car elle les amènent à plaider unanimement en faveur d’une entente entre enfants nés de mères différentes et entre nouvelle épouse et enfants d’un autre lit.
184Ascagne, fils d’Énée et de Créüse, est le modèle de comportement que les chroniqueurs proposent aux enfants nés d’un premier mariage, à l’égard de leur belle-mère. Ils racontent en effet qu’à la mort d’Énée, Ascagne devient roi des Latins et Lavinie qui est enceinte, par peur qu’il ne la tue ainsi que son enfant, s’enfuit dans la forêt auprès de bergers. Quand Ascagne sait où Lavinie se trouve et qu’elle a mis au monde un enfant nommé Silvius Postumus qui est son frère, il lui demande de revenir auprès de lui sans crainte, lui abandonne la ville de Laurente et édifie pour lui-même la cité d’Albe-la-Longue328. Ce message est d’autant plus clair qu’il est à l’opposé de l’image d’Ascagne que connaissent les Florentins. Ascagne est un être cruel qui hait Lavinie et son demi-frère Silvius Postumus. Voici en quels termes l’auteur anonyme de l’Ottimo Commento della Commedia le présente :
Celui-ci fut un homme très mauvais et il n’eut pas de fils mais une fille qui se nommait Roma. Après la mort d’Ascagne, Silvius Postumus, fils d’Énée et de Lavinie, qui fut beaucoup haï par Ascagne, hérita du royaume et Latinus son fils lui succéda.329
La veuve
185Résultat de mariages avec des jeunes filles de plus en plus jeunes, une grande différence d’âge séparait les époux florentins et dépassait la dizaine d’années dans les milieux aisés. Les chroniques ne parlent pas beaucoup du veuvage des femmes mais elles le font de façon éloquente. Le seul comportement décent pour une femme qui perd son époux est de ne pas se remarier et de s’occuper de ses enfants et de leur patrimoine comme l’a fait la comtesse Marguerite de Flandre qui, selon Giovanni Villani,
[…] dirigeait très habilement sa cité et son pays et, lorsque ce fut nécessaire, elle prit les armes, comme un chevalier, et ce fut une suzeraine très sage et très redoutée qui fit en Flandre maintes bonnes lois et coutumes qui sont encore observées.330
186Elle ne doit surtout pas se remarier et déposséder ses enfants de leur héritage, explique Matteo Villani, comme cette noble dame de la maison de Boulogne-sur-Mer qui, après avoir été l’épouse du duc de Bourgogne, dont elle a eu un petit garçon qui doit succéder à son père, livre le duché à la couronne de France en se remariant avec le fils du roi de France au grand mécontentement de son peuple et de ses barons331.
187Matteo Villani, qui est le seul chroniqueur à adopter souvent une attitude misogyne, consacre également un chapitre entier au récit de l’incroyable cruauté dont fait preuve une mère pérugine à l’égard de son fils. À la mort de son premier mari, cette femme, qui a un fils de dix ans, se remarie avec un homme respectable qui aime l’enfant comme s’il était son propre fils. La mère s’éprend d’un jeune homme : dans l’espoir de se remarier avec lui et de jouir de sa dot et de l’héritage que son premier mari a laissé à son fils, elle lui demande de tuer celui-ci, pendant qu’elle-même tuera son mari. Le jeune homme, au moment d’exécuter son forfait, se rend compte de l’horreur du crime et y renonce. Il renvoie par deux fois le garçon à sa mère qui finit par le tuer de ses propres mains, puis elle accuse son second mari du meurtre. Son jeune amant, pour éviter qu’un innocent ne soit exécuté, la dénonce et elle est suppliciée332. Matteo Villani, nous l’avons signalé, affectionne particulièrement les faits divers sensationnels. Toutefois, cette affaire, pour horrible qu’elle soit, ne modifie pas l’impression générale qui se dégage des chroniques au sujet de l’amour maternel.
188Marguerite de Flandre a eu la possibilité de ne pas se remarier, mais souvent cette décision ne dépend pas de la veuve. Théoriquement, la veuve dispose d’un certain choix. Elle peut rester dans la famille de son mari, auprès de ses enfants, vivre indépendante sans se remarier ou se remarier.
189Si elle a atteint la quarantaine, sa famille d’origine ne voudra pas la recueillir car il sera difficile de la marier à nouveau et les héritiers de son mari tenteront de la garder auprès d’eux afin de conserver sa dot. S’ils ne veulent pas la garder sous leur toit, elle dispose d’un droit de refuge, la « tornata », dans sa famille d’origine qui doit, bon gré mal gré, lui assurer le gîte et le couvert. Si elle possède quelques biens, elle peut les léguer à un couvent ou à un monastère et s’en constituer « commessa » à condition que l’établissement subvienne à ses besoins jusqu’à sa mort. Santa Maria Nuova possédait alentour des maisons consacrées à l’entretien de celles et de ceux qui s’étaient ainsi engagés. Outre le logis, l’institution leur assurait la nourriture, les soins médicaux et la sépulture ; mais il arrivait assez souvent que des donations par testament de ce type soient rejetées pour leur peu de valeur économique, c’est-à-dire si l’espérance de vie de la testatrice était trop élevée333.
190Si elle est jeune, elle subira des pressions de la part de sa famille d’origine pour qu’elle se remarie et de la part de la famille de son époux pour qu’elle reste auprès de ses enfants. Sa famille de naissance veut la faire entrer à nouveau dans son jeu de stratégies matrimoniales et utiliser sa dot, pour conclure au plus tôt une nouvelle alliance, dont le prestige social de la famille sortira grandi. Rinieri Zingani di Bondelmonti s’empresse de remarier sa fille que son époux, Neri Piccolino degli Uberti, a renvoyée. En fait, il considère qu’elle est veuve, et saisit cette occasion pour permettre à sa famille d’entrer dans un nouveau cercle d’alliés.
191Dès que la cérémonie funèbre est terminée, l’épouse peut « sortir » de la famille de son époux et retourner chez ses parents. À la lecture de son diario, on ressent encore toute l’indignation que Guido Monaldi a éprouvée en voyant l’épouse de messer Palla di messer Francesco di Palla degli Strozzi « sortir » de la famille Strozzi alors qu’elle est mère de quatre enfants et enceinte334. La famille du mari va tenter de la retenir car, si elle part, il faut lui restituer sa dot qui est confondue dans la richesse du ménage, et cela risque de compromettre définitivement l’avenir financier des enfants. Ceci explique également les plaidoyers en faveur de dots raisonnables que nous avons relevés dans les chroniques.
192Quelles que soient les circonstances de son veuvage, le sort d’une femme qui perd son époux n’est guère enviable, comme le montrent les épreuves qu’a dû subir Marie d’Anjou.
193Marie, ainsi que l’a voulu le roi Robert, doit hériter du royaume de Sicile si Jeanne, sa sœur aînée, meurt sans héritier335 et ceci va déterminer son destin. Charles de Durazzo épouse Marie en avril 1343 « pour hériter du royaume si l’autre sœur mourait sans héritier »336 et, pour cette même raison, selon Giovanni Villani (son frère Matteo n’est pas de cet avis337), il participe à l’assassinat d’André de Hongrie, époux de Jeanne338. Capturé par le roi Louis de Hongrie qui l’accuse d’avoir obtenu du pape une dispense pour épouser sa cousine et d’avoir trahi et assassiné André afin d’hériter du royaume339, Charles est assassiné. Marie, qui se trouve à Naples, « s’enfuit de nuit, mal vêtue et mal équipée avec ses deux petites filles dans les bras et se réfugie au monastère de Santa Croce »340. Telle est l’image que Giovanni Villani offre d’une pauvre veuve pourchassée.
194Plus tard, alors qu’elle se trouve à Naples à Castel dell’Ovo, le comte d’Avellino, en compagnie de ses deux fils, vient lui rendre visite. Marie lui ouvre les portes sans méfiance car ils sont parents. Il s’empare du château et la marie de force avec l’un de ses fils, Robert des Baux. Ensuite, il l’emmène sur l’une de ses galères et il lève l’ancre en direction de la Provence. Louis de Tarente, second époux de la reine Jeanne, intercepte la flotte à Gaète, tue le comte, jette ses deux fils en prison et installe la duchesse à Gaète.
195Cet enlèvement est présenté par Matteo Villani de telle façon qu’il rend sensible le peu de cas que l’on fait de la pauvre duchesse. Marie est totalement réifiée : elle est sortie du château avec tous ses bagages et mise dans une galère pour être emmenée en Provence, puis sortie de la galère et placée avec gens et bagages dans une auberge de Gaète :
Et il la sortit immédiatement du château avec tous ses bagages et il la mit dans sa galère, pour l’emmener en Provence […] La duchesse fut immédiatement sortie de la galère et placée avec ses gens et ses bagages dans une auberge de Gaète.341
196Le choix des termes, l’utilisation de la même formule, le fait que dans les deux structures verbales elle apparaisse comme celle qui subit l’action, renforcent encore cette impression : « e di presente la trasse […] di presente fu tratta ».
197Marie, qui pense pouvoir ainsi se remarier, fait assassiner Robert des Baux. Elle assiste au meurtre dont elle organise elle-même le déroulement : elle le fait tuer, puis lui fait couper la tête à demi et fait jeter le corps par dessus les murailles du château sur la grève. Matteo intercède toutefois en sa faveur en la présentant comme la « malheureuse femme du duc de Durazzo » (le second mariage est donc nul), sœur de « la reine Jeanne de Jérusalem et de Sicile » (cette parenté royale, longuement déclinée, augmente la gravité de la faute de Robert des Baux), « avilie par le violent mariage »342. Il lui trouve aussi des circonstances atténuantes : le roi et la reine semblaient d’accord car ils ont fait sortir Robert de sa prison, l’ont fait installer dans la résidence royale où se trouve Marie et, chose inhabituelle dans la famille royale, ils sont partis déjeuner et dîner au bord de la mer, ce qui permet à Marie de faire assassiner Robert343.
198Marie est « veuve de deux maris passés au fil de l’épée dans un petit laps de temps » conclut Matteo Villani. En rapprochant dans la mort le premier mari de la duchesse (qui a été assassiné) du second mari (qu’elle a fait assassiner), il efface sa responsabilité dans le second meurtre et en fait une victime.
199Cent quarante chapitres plus tard, parachevant l’image qu’il a créée, il reprend : « Dame Marie, sœur de la reine Jeanne fille du duc de Calabre, étant restée veuve de deux maris passés au fil de l’épée… »344, épouse Philippe de Tarente. Ce mariage lui est imposé, comme le montre l’expression utilisée par le chroniqueur : « par la volonté et sur les conseils » du roi Louis et de la reine Jeanne345. Il se fait sans la dispense nécessaire mais seul Philippe, qui se rend à Avignon pour la demander, suscite la réprobation du pape et du collège des cardinaux346. À la demande du roi et de la reine, le pape finit par l’accorder afin que cesse le scandale. Marie n’assume aucune responsabilité dans ce troisième mariage. D’autres décident pour elle de son avenir : le roi et la reine ont choisi son futur mari et celui-ci est allé demander au pape la dispense.
200Tous les remariages ne sont cependant pas aussi dramatiques que ceux de Marie d’Anjou, mais ils montrent à chaque fois que ce n’est pas la veuve qui choisit. L’aînée des trois filles de Tancrède de Lecce qui se prénomme Elvire (et que Giovanni Villani appelle tantôt Alberia tantôt Aceria), est mariée à trois reprises : la première fois à Gauthier de Brienne, la seconde à Iacopo di Tricario et la troisième au comte palatin de Toscane Tigrimo. Son deuxième mariage, explique Giovanni Villani, a été décidé par son futur époux, et le troisième par le pape Honorius III qui lui donne en dot le comté de Letia et de Montescaglioso dans le royaume de Pouille347.
201Si son avenir ne dépend pas d’elle, du moins la veuve est-elle responsable de l’attitude qu’elle adopte dans son veuvage. Giovanni Villani lui enseigne qu’elle doit montrer le chagrin qu’elle éprouve comme Isabelle reine d’Angleterre qui, voyant que son époux ne voulait pas lui pardonner de l’avoir fait détrôner et jeter en prison, « ne fut jamais plus contente mais, comme une veuve demeura dans la douleur »348. Elle ne doit surtout pas imiter la fille de Charles de Valois, épouse du prince de Tarente, que le veuvage a fait tomber dans la débauche349, ce qui montre que, même lorqu’il prend beaucoup de précautions verbales pour rapporter les médisances de ses concitoyens, son opinion diffère peu de celle des laïcs en général : il ne croit guère à la capacité d’une veuve à rester chaste après avoir goûté aux plaisirs de la chair. Mais une fois encore, l’étude comparative des différents passages qui concernent cette femme montre que ce n’est pas tant sa vie privée que Giovanni Villani lui reproche que le rôle qu’elle a joué dans l’assassinat d’André de Hongrie350, qu’il associe chaque fois à sa vie tumultueuse, alors qu’il pourrait plus justement accuser l’amour maternel qui la conduisit à faire en sorte que son fils, Louis de Tarente, puisse épouser Jeanne et entrer en possession du royaume.
202S’il ne le fait pas, c’est parce qu’il ne veut peut-être pas montrer que l’amour maternel peut amener au meurtre.
Les derniers instants
La longévité des femmes
203Les chroniques apportent un témoignage précis sur les incendies, inondations, épidémies, famines et guerres qui frappent sans distinction hommes et femmes. Parfois, elles touchent davantage les femmes et les enfants que les hommes351, mais la surmortalité féminine est essentiellement due aux risques et aux séquelles des accouchements car le nombre des décès féminins est important dans les dix premières années de vie conjugale puis vers la fin de leur vie féconde352. Guido Monaldi note dans son diario en date du vendredi 15 juillet 1381 : « à dix-sept heures mourut Antonia, fille de Gherardo Ughi et de monna Teresa, qui fut l’épouse d’Uberto di Strozza degli Strozzi et qui avait soixante-neuf ans et demi ». Antonia a eu une vie exceptionnellement longue, elle a traversé toutes les épidémies du siècle et elle a certainement vu mourir beaucoup de ses proches. La peste a emporté treize membres de la famille de Donato Velluti en 1340, cinquante-trois en 1348 et vingt-cinq en 1363.
Les funérailles
204Les chroniques annoncent le décès de quelques femmes. Il s’agit pour la plupart de femmes illustres. La formulation que les chroniqueurs utilisent est différente de celle qu’ils emploient pour annoncer la disparition d’une femme de leur entourage. Elle s’apparente davantage à celle utilisée pour les hommes de même rang. En effet, en plus des qualités de la défunte qui sont rappelées dans tous les cas353, ils font allusion, lorsque cela leur est possible, aux obsèques.
205Voici trois exemples de notices rédigées à propos du décès de Marguerite de Brabant, épouse de Henri VII de Luxembourg, décédée à Gênes en novembre 1311 :
Cette année-là, au mois de novembre, mourut à Gênes l’impératrice, épouse de l’empereur, qui était considérée comme une sainte et bonne dame et qui était la fille du duc de Brabant. On l’enterra dans l’église des Frères mineurs avec beaucoup d’honneurs.354
[…] par la volonté de Dieu, la noble impératrice quitta ce monde, avec une très noble réputation de grande sainteté, de vie honnête et de protectrice des pauvres du Christ. Elle fut ensevelie avec beaucoup d’honneurs, le 12 novembre, dans la cathédrale de Gênes.355
Alors que l’Empereur se trouvait à Gênes, son épouse mourut, et il la fit ensevelir là-bas avec de grands honneurs.356
206Voici, par comparaison, la notice rédigée par Guido Monaldi à l’occasion de la mort de l’épouse de Franco Sacchetti :
Vendredi 11 octobre (1377) mourut Maria Felice, épouse de Franco Sacchetti et fille de Niccolò degli Strozzi, qui fut une jeune femme réfléchie et respectable, plus que tout autre à Florence.357
207et celle rédigée pour le décès du fils de Niccola Acciaiuoli :
Le 7 avril 1353, on célébra à Florence les obsèques de messire Lorenzo, fils de messire Niccola Acciaiuoli, qui mourut à Barlette, et puis le corps vint ici, et on le porta à Certosa avec six chevaux, c’est-à-dire quatre couverts de drapeaux et deux découverts avec des cimiers, il y eut beaucoup d’hommes et de cierges pour l’honorer à Florence, et puis là-haut à Montalto di Certosa.358
208À la lecture de ces notices, il semblerait que seules les obsèques des reines et impératrices soient aussi fastueuses que celles des hommes. Pourtant, les chroniques nous apportent plusieurs témoignages concordants du même événement qui prouvent que, lorsqu’il s’agit de membres de familles importantes, comme pour les hommes, beaucoup de notables s’y rendent, même s’ils doivent y rencontrer des familles auxquelles de graves différends les opposent. Le 16 décembre 1296 (certains chroniqueurs situent cet épisode en 1295, d’autres en 1297, Giovanni Villani en 1300) une femme de la famille Frescobaldi meurt. Beaucoup de personnes, et non des moindres, sont invitées à ses funérailles. Les hommes attendent dehors, disposés les uns en face des autres, sur la place. Les moins importants, ceux qui ne sont pas chevaliers, sont assis sur des nattes en jonc, les autres, les chevaliers et les docteurs, sur des bancs ; il y a là, d’un côté, Corso Donati, son fils Simone et les fils de Manieri Bellicozzi, et, de l’autre les Gherardi qui sont en guerre avec les Donati. Un homme se lève pour un motif quelconque, les autres, soupçonneux, mettent la main à l’épée, une bataille s’engage et elle se répand dans toute la ville359.
209Ainsi s’écoule la vie des femmes. Les chroniques en apportent une vision assez complète, si on tient compte des limites fixées par les connaissances et les traditions. Elles ne peuvent nous informer plus qu’elles ne le font sur les données biographiques des personnages féminins cités et ne s’arrêtent pas sur leur enfance. En revanche, elles apportent des éclaircissements sur la manière dont les Florentins conçoivent le rôle et la place de la femme au sein de la famille, ou du moins, sur l’image qu’ils en veulent transmettre. Cette image est très différente de celle que veulent imposer les clercs mais aussi les moralistes laïcs et elle est globalement positive.
Notes de bas de page
1 En réalité 1336, année bissextile, puisque les Florentins utilisent le mode de comput qui fait débuter les années le 25 mars, jour de l’Incarnation du Christ.
2 « Memoriale di Francesco ed Alessio di Borghino Baldovinetti », in G. Corti, Le ricordanze trecentesche di Francesco ed Alessio Baldovinetti, Archivio Storico Italiano, CXII, 1954, p. 123-124.
3 D. Velluti, op. cit., p. 119 et 121.
4 G. Monaldi, op. cit., p. 427.
5 G. Villani, op. cit., XII, XCIV, vol. III, p. 198.
6 Ibidem, XII, XCIV, vol. III, p. 199.
7 Voir à ce propos C. M. de La Roncière, Prix et salaires à Florence au XIVe siècle (1280-1380), Rome, École française de Rome, 1982, p. 625-641.
8 Ibidem, p. 632-633.
9 Magl. XXV-19 et Marc. VI-270, p. 11.
10 Cf. C. Klapisch-Zuber, « La trasmissione dei nomi propri », in Le donne nel Rinascimento a Firenze, Roma-Bari, Laterza, 1988, p. 63.
11 G. Monaldi, op. cit., p. 442.
12 Voir à propos de la transmission des prénoms : C. Klapisch-Zuber, « Le nom ‘refait’. La transmission des prénoms à Florence (XIVe-XVIe siècles) », in L’Homme, 20, 1980, n° 4, p. 7-104 également in Le donne nel Rinascimento a Firenze sous le titre « La trasmissione dei nomi propri », Roma-Bari, Laterza, 1988, p. 59-90. D. Herlihy, Tuscan Names, 1200-1530, in Renaissance Quarterly, n° 41, 1988, p. 561-582 et in Women, family and society in Medieval Europe, Providence-Oxford, Berghahn books, 1995, p. 330-352. C. Gros, « La transmission des prénoms féminins dans une famille florentine du XIVe siècle : les Velluti », in Italies, n° 3, 1999, p. 323-350.
13 D. Herlihy, Women, family and society in Medieval Europe, cit., p. 343.
14 G. Villani, op. cit., XII, XCIV, vol. III, p. 198.
15 F. Cardini, « I nuovi orizzonti della cultura », cit., p. 63-64.
16 Sur les écoles florentines au XIVe siècle, voir R. Davidsohn, Storia di Firenze, Firenze, Sansoni, 1973, vol. VII, p. 211-215. Sur le programme des écoles élémentaires et de grammaire, voir S. Rizzo, « Il latino nell’Umanesimo », in A. Asor Rosa, Storia della Letteratura Italiana, Torino, Einaudi, 1986, vol. VI, p. 394-401 et R. Witt, « What did Giovannino read and write? Literacy in early Renaissance Florence », in I Tatti Studies, n° 6: Essays in the Renaissance, ed. W. Kaiser, Florence, Harvard University Center for Italian and Renaissance Studies, 1995, p. 83-114.
17 II. IV. 323, p. 553.
18 F. Filippini, G. Zucchini, Miniatori e pittori a Bologna : documenti dei secoli XIII e XIV, Firenze, Sansoni, 1947.
19 C. Frugoni, « La femme imaginée », in Histoire des femmes en Occident, cit., p. 116-117.
20 Cf. D. Alexandre-Bidon, « Grandeur et renaissance du sentiment de l’enfance au Moyen Âge », in Histoire de l’éducation, 50, 1991, p. 39-63.
21 Paradiso, XV, 103-104.
22 Vaticanus 5381, p. 266.
23 Ibidem, p. 267.
24 M. Villani, op. cit., I, LV, vol. I, p. 101.
25 Ibidem, I, LIV, vol. I, p. 100.
26 G. Villani, op. cit., XI, CCXXIII, vol. II, p. 791.
27 G. Monaldi, op. cit., p. 443.
28 D. Velluti, op. cit., p. 109.
29 C. Klapisch-Zuber, « La fécondité des Florentines (XIVe-XVIe siècles) », cit., p. 41-57.
30 G. Villani, op. cit., I, XXIII, vol. I, p. 35.
31 Gaddianus reliqui 18, p. 23. II. II. 67, Orsucci 40, Marucellianus C. 300, p. 46. Vaticanus 5381, p. 269. R. Malispini, op. cit., IX, p. 25.
32 Anonimo, Ottimo Commento della Commedia (L’), t. III Paradiso, cit., p. 123. A. Pucci, Libro di varie storie, cit., p. 132. G. Boccaccio, Esposizioni sopra la Comedia di Dante, cit., p. 51. Anonimo, Chiose dette del falso-Boccaccio (Inferno), cit., p. 222. A. Pucci, Il Contrasto delle donne, a cura di A. Pace, Menasha, Banta, 1944, p. 66.
33 G. Villani, op. cit., I, XXIII, vol. I, p. 35.
34 Ibidem, VI, XXXVIII, p. 267-269.
35 D. Compagni, op. cit., I, II, p. 49-52.
36 R. Malispini, op. cit., XCIX, p. 97-98.
37 D. Compagni, op. cit., I, II, p. 50.
38 Cf. par opposition II. II. 39, p. 100. Magl. XXV-505, p. 100. Neap. XIII. F. 16, p. 273. S. della Tosa, op. cit., p. 131.
39 II. IV. 323, p. 549.
40 Ibidem.
41 D. Compagni, op. cit., I, XX, p. 89-90.
42 Ibidem, p. 90.
43 D. Owen-Hugues, « Il matrimonio nell’Italia medievale », in Storia del matrimonio, Roma-Bari, Laterza, 1996, p. 15.
44 E. Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, I : Économie, parenté, société, Paris, Les Éditions de Minuit, 1969, p. 241.
45 Magl. XXV-505, p. 95-96. Neap. XIII. F. 16, p. 282 et p. 291-292. G. Villani, op. cit., vol. I :VIII, LV, p. 497 ; VIII, LXXVI, p. 530 ; vol. II : X, CXXIII, p. 326 ; vol. III : XIII, LXVIII, p. 462. R. Malispini, op. cit., XXX, p. 43-44 ; XXXI, p. 44-45.
46 Magl. XXV-505, p. 95-96. Neap. XIII. F. 16, p. 295. G. Villani, op. cit.,vol. I : III, V, p. 105 ; III, XIX, p. 139 ; V, IV, p. 161 ; V, XIX, p. 194 ; VI, XXXVII, p. 265 ; vol. II : IX, XC, p. 177 ; X, LXVI, p. 269 ; X, CLXXII, p. 365 ; X, CCLXII, p. 437. R. Malispini, op. cit., XXVIII, p. 42-43 ; XXXII, p. 46 ; XLVII, p. 59. II. IV. 323, p. 541.
47 Neap. XIII. F. 16, p. 292. G. Villani, op. cit., IX, XXXIII, vol. II, p. 52 ; vol. III : XIII, XLVII, p. 406 ; XIII, LXVIII, p. 460.
48 G. Villani, op. cit., VIII, LV, vol. I, p. 497.
49 P. Pieri, op. cit., p. 63 ; Neap. XIII. F. 16, p. 291.
50 G. Villani, op. cit., VIII, LXXXVII, vol. I, p. 546.
51 Ibidem, VIII, CXXXIII, vol. I, p. 608 ; XIII, X, vol. III, p. 320.
52 II. IV. 323, p. 582.
53 G. Villani, op. cit., IX, XIX, vol. II, p. 37.
54 Ibidem, XII, CXLIII, vol. III, p. 287-288.
55 Ibidem, VIII, XV, vol. I, p. 437. R. Malispini, op. cit., CXCII, p. 177.
56 M. Villani, op. cit., I, XCIX, vol. I, p. 190.
57 G. Villani, op. cit., VII, XV, vol. I, p. 289. P. Pieri, op. cit., p. 60. R. Malispini, op. cit., LXXXI, p. 89.
58 Magl. XXV-505, p. 113. Neap. XIII. F. 16, p. 283. S. della Tosa, op. cit., p. 147. P. Pieri, op. cit., p. 43. G. Villani, op. cit., VIII, LVI, vol. I, p. 500.
59 Magl. XXV-19 et Marc. VI-270, p. 11-12. Magl. XXV-505, p. 123. Neap. XIII. F. 16, p. 292. P. Pieri, op. cit., p. 71. G. Villani, op. cit., IX, XLIX, vol. II, p. 79.
60 Voir à ce propos: D. Herlihy, « Making sense of incest: Women and the marriage rules of early Middle Ages », in Law, Custum, and the social Fabric in Medieval Europe. Essays in honor of Brice Lyon, éd. B. Bachrach et D. Nicholas, Kalamazoo, Western Michigan Univ., 1990, p. 1-16 et in D. Herlihy, Women family and society in Medieval Europe, Providence-Oxford, Berghahn, 1995, p. 96-109.
61 De parentelae gradibus, ad loannem episcopum caesenatensem et d. d. archidiaconum ravennatem, in J. P. Migne, Patrologia Latina, Paris, 1853, 145, cols. 191-208.
62 Voir à ce propos C. Klapisch-Zuber, « Les généalogies florentines du XIVe et du XVe siècle », cit., p. 101-131.
63 Neap. XIII. F. 16, p. 291. P. Pieri, op. cit., p. 63. R. Malispini, op. cit., CCXXXVI, p. 213.
64 M. Villani, op. cit., I, XI, p. 28.
65 G. Villani, op. cit., vol. II, X, CXLIX, p. 348.
66 Ibidem, vol. II, X, CCLXII, p. 437.
67 Cf. G. Duby, Le mariage dans la France féodale, Paris, Hachette, 1981.
68 G. Villani, op. cit., XIII, XCIX, vol. III, p. 511.
69 Ibidem, vol. II : X, CCLXII, p. 437 ; XI, LXI, p. 595 ; vol. III : XIII, XCIX, p. 511 ; XIII, CXII, p. 544.
70 Ibidem, X, LXVI, vol. II, p. 269.
71 Ibidem, X, CCLXII, vol. II, p. 437.
72 M. Villani, op. cit., V, VII, vol. I, p. 615.
73 G. Villani, op. cit., X, CLXXII, vol. II, p. 365. Le parrainage, instauré par l’Église vers le VIe siècle, représente une forme de parenté spirituelle. Entre parrain (ou marraine) et filleul, puis entre compères, est établi un lien parallèle à celui de la consanguinité qui comporte donc les mêmes interdits de mariage.
74 Ibidem, X, CCXLVIII, vol. II, p. 424.
75 C. Klapisch-Zuber, « Zacharie ou le père évincé », cit., p. 1225.
76 Sur la place centrale du mariage dans les controverses religieuses, voir A. Guerreau-Jalabert, « Sur les structures de parenté dans l’Europe Médiévale », in Annales E. S. C., n° 6, novembre-décembre 1981, p. 1034.
77 G. Villani, op. cit., IX, LXXXIV, vol. II, p. 169-170.
78 Ibidem, XIII, XCIX, vol. III, p. 511.
79 Ibidem, X, LIX, vol. II, p. 262.
80 R. Malispini, op. cit., XLVI, p. 56-57.
81 M. Villani, op. cit., IV, LXXXVI, vol. I, p. 599.
82 Ibidem, III, XLIII, vol. I, p. 377.
83 Ibidem, vol. I, III, II, p. 328.
84 Voir à ce sujet D. Owen Hugues, « From Brideprice to Dowry in Mediterranean Europe », in Journal of Family History, 3, 1978, p. 263-296. D. Herlihy, « The Medieval Marriage Market », in Medieval and Renaissance Studies, 6, 1976, p. 1-27. C. Klapisch-Zuber, « Le complexe de Griselda », cit., p. 153-191 et « La bourse ou les boules de saint Nicolas », cit., p. 73-90.
85 M. Villani, op. cit., vol. I : I, VI, p. 15-17 et I, IX, p. 19-23.
86 Voir à ce propos : C. Klapisch-Zuber, « La bourse ou les boules de saint Nicolas » cité.
87 Voir à ce propos, J. Kirshner, « Pursuing honor while avoiding sin: the Monte delle doti of Florence », in Studi senesi, LXXXIX, p. 177-258.
88 Paradiso, XV, 103-105.
89 G. Villani, op. cit., VII, LXIX, vol. I, p. 364.
90 R. Malispini, op. cit., CLXIV, p. 163.
91 C. Klapisch-Zuber, « Il complesso di Griselda », cit., p. 156.
92 J. Goody, « Inheritance Property and Women; some comparative Considerations », in Family and Inheritance. Rural Society in Western Europe, 1200-1800, Cambridge, Cambridge University Press, 1976, p. 10-36.
93 C. Klapisch-Zuber, « Il complesso di Griselda », cit., p. 157.
94 D. Velluti, op. cit., p. 59.
95 Libri di commercio dei Peruzzi (I), 1335-46 a cura di A. Sapori, Milano, Treves, 1934, p. 426-427.
96 D. Owen-Hugues, « Il matrimonio nell’Italia medievale », in Storia del matrimonio, Roma-Bari, Laterza, 1996, p. 39.
97 A. Guerreau-Jalabert, « Sur les structures de parenté dans l’Europe Médiévale », in Annales E. S. C., n° 6, novembre-décembre 1981, p. 1040.
98 C. M. de La Roncière, « Une famille florentine au XIVe siècle : les Velluti », cit., p. 227-248. C. Gros, « La transmission des prénoms féminins dans une famille florentine du XIVe siècle : les Velluti » cité.
99 Il avait contracté un premier mariage avec une certaine « domina Bilia » mal identifiée. Cf. F. Ragone, op. cit., p. 222.
100 Ibidem.
101 M. Luzzati, « Giovanni Villani e la compagnia dei Buonaccorsi », in Biblioteca biografica, V, Roma, 1971, p. 22.
102 F. Ragone, op. cit., p. 224-225.
103 Ibidem, p. 222.
104 Cf. C. Klapisch-Zuber, « Le complexe de Griselda », cit., p. 160-167.
105 D. Compagni, op. cit., XVI, p. 212-213.
106 M. Villani, op. cit., I, IX, vol. I, p. 19-20.
107 « Memoriale di Francesco ed Alessio di Borghino Baldovinetti », cit., p. 114.
108 « Libro del dare e dell’ avere, e di varie ricordanze, di Lapo Riccomanni (1281-97) », in A. Castellani, Nuovi testi fiorentini del Dugento, Firenze, Sansoni, 1952, p. 548.
109 « Il Libro del dare e dell’avere dei figli di Stefano Soderini (1306-25) » a cura di P. Manni, in Studi di Filologia Italiana, XXXVI, 1978, p. 90.
110 « Libro piccolo dell’asse d’Alberto del Giudice e compagni (1304-29) », in A. Sapori, I libri degli Alberti del Giudice, Milano, Garzanti, 1952, p. 7.
111 La confessio dotis de Gentile di Donato Bagnesi et de ses fils, Arrigo et Guido, se trouve dans l’Archivio di Stato de Florence, Diplomatico Certosa, 22 janvier 1307. Cf. F. Ragone, op. cit., p. 222, note 36.
112 « Ricordanze di Guido Filippi dell’Antella », in A. Castellani, Nuovi testi fiorentini del Dugento, cit., p. 806.
113 Ibidem.
114 Giovanni, qui épouse Sandra en 1369.
115 Matteo, qui épouse Giovanna di Domenico Ciampoli Cavalcanti.
116 A. S. F., Mercanzia, 4167, f. 67r/v. Cf. F. Ragone, op. cit., p. 223-224.
117 « Ricordanze di Matteo di Niccolò Corsini », in A. Petrucci, Libro di ricordanze dei Corsini, Roma, Istituto Storico Italiano per il Medio Evo, 1965, p. 5.
118 « Memoriale di Francesco ed Alessio di Borghino Baldovinetti (1338) », cit., p. 116.
119 Ibidem, p. 117.
120 « Il libro segreto di Giotto Peruzzi », in I libri di commercio dei Peruzzi, cit., p. 459.
121 F. Ragone, op. cit., p. 223.
122 C. Klapisch-Zuber, « La bourse ou les boules de saint Nicolas », cit., p. 77.
123 Id., « Le ‘zane’ della sposa. La donna e il suo corredo », cit., p. 195.
124 Ibidem, p. 201-202.
125 G. Villani, op. cit., VI, XIV, vol. I, p. 242-243. R. Malispini, op. cit., LXXIX, p. 87-88.
126 II. IV. 323, p. 541-542. G. Villani, op. cit., vol. I : VI, XVII, p. 247 ; VII, I, p. 276. R.Malispini, op. cit., LXXXII, p. 89-90.
127 G. Villani, op. cit., VIII, LXXVI, vol. I, p. 530.
128 Ibidem, VIII, LXXXVII, vol. I, p. 446. Cf. également R. Malispini, op. cit., CCXXXVI, p. 213.
129 G. Villani, op. cit., IX, LXXVI, vol. II, p. 144.
130 Ibidem, XI, LXXXVIII, vol. II, p. 629-630.
131 Ibidem, XII, LV, vol. III, p. 123-124.
132 Ibidem.
133 Ibidem, XIII, LXIII, vol. III, p. 443.
134 Ibidem, VII, XC, vol. I, p. 400-401.
135 Ibidem.
136 Ibidem.
137 En 1234, Raymond-Bérenger marie non pas sa fille aînée mais sa deuxième fille, Marguerite de Provence, âgée de treize ans, à Louis IX et, le 14 janvier 1236, sa fille aînée Éléonore, âgée alors de dix-neuf ans, épouse Henri III d’Angleterre. À partir de ce mariage, il lui faudra attendre sept ans avant d’unir sa troisième fille, Sanchia, âgée de huit ans, à Richard de Cornouailles.
138 Cf. R. Fossier, « La femme dans les sociétés occidentales », in La femme dans les civilisations des Xe-XIIIe siècles, Actes du colloque de Poitiers (23-25 septembre 1976), Cahiers de Civilisation médiévale, nos 2-3, avril-septembre 1977, p. 99.
139 G. Villani, op. cit., I, XXI, vol. I, p. 29-30.
140 Ibidem, I, XXIII, vol. I, p. 34-36.
141 Ibidem, p. 35-36.
142 Ibidem.
143 Ibidem.
144 Ibidem, VII, XV, vol. I, p. 289. R. Malispini, op. cit., CXIX, p. 113-114. Il s’agit de Marie de Montferrat, fille de Conrad de Monferrat et d’Isabelle, reine de Jérusalem, et non pas de la fille d’Amaury II de Lusignan, troisième époux de la reine Isabelle, comme l’indiquent les deux chroniqueurs.
145 G. Villani, op. cit., VII, XV, vol. I, p. 289. R. Malispini, op. cit., CXIX, p. 113-114.
146 G. Villani, op. cit., vol. I : VII, LXXXIX, p. 398 ; VIII, I, p. 405. R. Malispini, op. cit., CLXXXI, p. 164.
147 G. Villani, op. cit., VIII, XCVI, vol. I, p. 558.
148 Ibidem, VIII, I, vol. I, p. 406.
149 Ibidem, vol. I : VIII, LVII, p. 503 ; VIII, LIX, p. 507 ; VIII, LXX, p. 523. R. Malispini, op. cit., CCXX, p. 199.
150 G. Villani, op. cit., XIII, XCIII, vol. III, p. 500.
151 Ibidem, VI, XXXVII, vol. I, p. 265.
152 Ibidem, VIII, LIV, vol. I, p. 495.
153 Ibidem, V, X, vol. I, p. 179-180.
154 À ce propos, voir C. Klapisch-Zuber, « Ruptures de parenté et changements d’identité chez les magnats florentins du XIVe siècle », in Annales E. S. C., n° 5, septembre-octobre 1988, p. 1205-1240.
155 G. Villani, op. cit., X, CCCXIII, vol. II, p. 482.
156 M. Villani, op. cit., II, LXXI, vol. I, p. 312.
157 Ibidem, vol. I, II, LXXI, p. 314.
158 G. Villani, op. cit., vol. III : XII, LXXXIV, p. 175-176 ; XIII, LXIX, p. 462-463 ; XIII, LXXXVII, p. 491. D. Compagni, op. cit., III, XXXI, p. 251.
159 G. Villani, op. cit., III, XII, vol. I, p. 131.
160 Ibidem, VIII, LXXXVII, vol. I, p. 546.
161 Ibidem, XII, XXVIII, vol. III, p. 74-75.
162 Ibidem, XI, CII, vol. II, p. 649.
163 Ibidem, IX, LXXXVIII, vol. II, p. 174.
164 Ibidem, VIII, XV, vol. I, p. 437-438.
165 Ibidem, IX, XCVI, vol. II, p. 187-191.
166 Ibidem, IX, XIX, vol. II, p. 37. Cf. supra.
167 Ibidem, IX, LVI, vol. II, p. 98-99. Villani interprète l’expression « vous avez encore du poil de loup » en fonction de ses informations qui sont de bonne qualité puisque, entre 1302 et 1307, il séjourne fréquemment à Bruges où il s’occupe des intérêts de la compagnie des Peruzzi. Il bénéficie donc d’un poste d’observateur particulièrement privilégié pour décrire la situation politique flamande. À propos des colonies marchandes italiennes fixées à Bruges et des effets qu’ont eu les méthodes économiques des Italiens sur les pratiques des Flamands, voir W. Blockmans, « Financiers italiens et Flamands aux XIII-XIVe siècles », in Aspetti della vita economica medievale, Atti del Convegno di Studi nel X° anniversario della morte di Federigo Melis, Firenze-Prato, 10-14 mars 1984, Firenze, Università degli Studi, 1985, p. 192-214.
168 M. Villani, op. cit., II, XVIII, vol. I, p. 222-223.
169 G. Villani, op. cit., VIII, LX, vol. I, p. 508.
170 M. Villani, op. cit., I, XXIX, vol. I, p. 55.
171 G. Villani, op. cit., VIII, CXXI, vol. I, p. 587-589.
172 Ibidem.
173 Ibidem.
174 D. Compagni, op. cit., II, XXIII, p. 152.
175 M. Villani, op. cit., vol. I : I, LXXXII, p. 155-156 ; II, LXIII, p. 304 ; II, LXXIII, p. 316.
176 Ibidem, I, LXXXIII, vol. I, p. 157.
177 Ibidem, II, LVIII, vol. I, p. 292.
178 Ibidem, II, LXXIII, vol. I, p. 316.
179 Ibidem, I, LXXXII, vol. I, p. 156.
180 Ibidem, II, LVIII, vol. I, p. 292.
181 Cf. P. Cammarosano, « Les structures familiales dans les villes de l’Italie communale, XII-XIVe siècles », in Famille et parenté dans l’Occident médiéval, Actes du colloque de Paris (6-8 juin 1974), École française de Rome, 1977, n° 30, p. 181-182.
182 Cf. C. Klapisch-Zuber, « Le genealogie fiorentine », in La famiglia e le donne nel Rinascimento a Firenze, cit., p. 51-52.
183 R. Malispini, op. cit., XLI, p. 51.
184 Ibidem, CIII, p. 102-104.
185 C. M. de La Roncière, « Une famille florentine au XIVe siècle : les Velluti », cit, p. 227-248.
186 G. Duby, Discussion faisant suite à l’intervention de C. M. de La Roncière citée.
187 R. Fossier, La femme dans les sociétés occidentales, cit., p. 100.
188 G. Villani, op. cit., I, VII, vol. I, p. 11.
189 Ibidem, I, XII, vol. I, p. 18.
190 Ibidem, I, XXVII-XXVIII, vol. I, p. 42-44.
191 Cf. Liber historiae Francorum, éd. B. Krusch, in M. G. H., SS Rer. Merov., 1, 2, p. 324 : « […] habensque Pippinus prefatus princeps filium ex alia uxore nomine Carlo, virum elegantem, egregium atque utilem ».
192 G. Villani, op. cit., III, X, vol. I, p. 122.
193 M. Schmidt-Chazan, « Les origines germaniques d’Hugues Capet », in D. Iogna-Prat, J.-C. Picard, Religion et culture autour de l’an Mil : Royaume capétien et Lotharingie, actes du colloque Hugues Capet 987-1987, la France de l’an Mil, Auxerre 26-27 juin 1987-Metz 11-12 septembre 1987, Paris, Picard, 1990, p. 231-244, en particulier p. 233.
194 Nous sommes bien loin du mépris de Dante pour le fils de « boucher » (Purg. XX, 52).
195 G. Villani, op. cit., V, IV, vol. I, p. 166-167.
196 Ibidem, V, IV, vol. I, p. 167.
197 Voir à ce propos G. Pampaloni, Le nozze in Vita privata a Firenze nei secoli XIV e XV, Firenze, Olschki, 1966, p. 31-52. C. Klapisch-Zuber, « Zacharie ou le père évincé. Les rites nuptiaux toscans entre Giotto et le concile de Trente », in Annales de démographie historique, n° 6, 1979, p. 1216-1243. D. Owen-Hugues, « Il matrimonio nell’Italia medievale », in Storia del matrimonio, Roma-Bari, Laterza, 1996, p. 5-61.
198 G. Monaldi, op. cit., p. 463.
199 Ibidem, p. 428, p. 441, p. 443 et p. 463.
200 G. Villani, op. cit., IX, XXXV, vol. II, p. 55.
201 G. Monaldi, op. cit., p. 437 et p. 463.
202 C. Klapisch-Zuber, « La bourse ou les boules de saint Nicolas », cit., p. 78.
203 M. Villani, op. cit., III, LXIII, vol. I, p. 401.
204 G. Villani, op. cit., VI, XXXVIII, vol. I, p. 268.
205 II. IV. 323, p. 582.
206 G. Monaldi, op. cit., p. 440-441.
207 Ibidem, p. 440 et p. 443.
208 D. Owen-Hugues, « Il matrimonio nell’Italia medievale », in Storia del matrimonio, cit., p. 32.
209 S. della Tosa, op. cit., p. 147.
210 Magl. XXV-505, p. 141 ; G. Villani, op. cit., X, LXXIX, vol. II, p. 283.
211 G. Villani, op. cit., vol. II, X, LXXIX, p. 283.
212 D. Owen-Hugues, op. cit., p. 32.
213 Ibidem.
214 P. Pieri, op. cit., p. 43-44.
215 G. Monaldi, op. cit., p. 436, p. 440, p. 441 et p. 463-464.
216 C. Klapisch-Zuber, « La fécondité des Florentines », cit., p. 54.
217 M. Villani, op. cit., I, XIII, vol. I, p. 30-31.
218 En plus de l’Avent et du Carême, il convenait de pratiquer l’abstinence tous les vendredis et les jours des Quatre-temps, les vigiles et les fêtes des principaux saints, en particulier de la Vierge Marie, et tous les dimanches. Voir à ce propos J.-L. Flandrin, Un temps pour embrasser. Aux origines de la morale sexuelle occidentale (VIe-Xe siècle), Paris, Seuil, 1983, 253 p.
219 Gratien, Décret, III, d. 33 (De poenitentia), quaestio 4-5, in Corpus juris canonici, éd. E. Friedberg, Leipzig, B. Tauchnitz, 1879, t. I, p. 1247-1250.
220 G. Monaldi, op. cit., p. 443.
221 Ibidem, p. 463.
222 Ibidem, p. 441 et p. 443.
223 Ibidem, p. 437, p. 440 et p. 441.
224 Ibidem, p. 443.
225 C. Klapisch-Zuber, « Zacharie ou le père évincé », cit., p. 1222.
226 G. Monaldi, op. cit., p. 463.
227 Voir à ce propos A. Guerreau-Jalabert, « Sur les structures de parenté dans l’Europe médiévale », cit.
228 II. IV. 323, p. 516. II. II. 39, p. 97. Magl. XXV-505, p. 96. Neap. XIII. F. 16, p. 272. Magl. XXV-19 et Marc. VI-270, p. 246. P. Pieri, op. cit., p. 3.
229 R. Malispini, op. cit., LXIII, p. 78 ; LXVIII, p. 81 ; LXX, p. 81-82.
230 R. Davidsohn, Storia di Firenze, Firenze, Sansoni, 1956, vol. I, p. 189-410.
231 Voici comment la présente l’une des Notae Mutinenses publiées par A. Muratori (Rerum Italicarum Scriptores, ss. VI, Mediol., 1725, p. 91-94) et, sous le titre de Notae de Mathilda comitissa, par P. E. Schramm (M. G. H. SS., Leipzig, Hiersemann, 1929, t. XXX/2, p. 974) : « Filia fuit cuiusdam Bonifacii marchionis et comitis in Longobardia et Beatricis nobilissime comitisse de terra Theotonica et regia stirpe ; quae defunctis parentibus, quadraginta annos regnavit in Italia. Erat enim dux Tuscie et Longobardie et marchie Spoleti et marchie Camerine et totius terre, que est a mari Adriatico, ubi sunt civitates Ravenna et Venetia site, usque ad alius mare, ubi est civitas, que vocatur Pisa, usque ad civitatem, que dicitur Sutrium, prope Romam ».
232 Cf. Donizonis vita Mathildis, in M. G. H. SS., Hannovre, Hiersemann, 1846, t. XII, p. 349-409 et Dante, Purgatoire, XXVIII-XXXIII.
233 Cf. C. Gros, « Mathilde de Canossa dans l’historiographie florentine. Des origines à la Nuova Cronica de Giovanni Villani », in Figure, figures. Portraits de femmes et d’hommes célèbres, ou moins, dans la littérature italienne, CERCLI, Presses universitaires de Saint-Étienne, 2002, p. 147-168.
234 B. Guenée, Histoire et culture historique, cit., p. 332-354. P. J. Geary, La mémoire et l’oubli à la fin du premier millénaire, cit.
235 Voir à ce propos, l’ouvrage de N. Loraux, La cité divisée, l’oubli dans la mémoire d’Athènes, cit.
236 La vie et les hauts faits de Théodolinde sont retracés par une série de fresques qui orne la chapelle. Elles ont exécutées entre 1430 et 1448 par Franceschino, Gregorio et Giovanni Zavattari à la demande de Filippo Maria Visconti. Le fait que la légende de la fondatrice Théodolinde avait été choisie pour programme d’une chapelle du nouveau chœur a conduit la critique à supposer que la commande d’un décor aussi onéreux pouvait avoir un lien avec la situation dynastique des Visconti. Le duc Filippo Maria Visconti n’ayant pas de fils, mais une seule fille dont dépendait l’ordre de succession, il se peut en effet qu’une scène telle que celle des Lombards permettant à Théodolinde de conserver la dignité royale et de choisir elle-même son second époux ait été conçue comme une métaphore de la situation politique contemporaine. À propos de ce cycle voir : S. Roettgen, Fresques italiennes de la Renaissance (1400-1470), Paris, Citadelles & Mazenod, 1996, p. 166-185 ; G. Algeri, « Riflessioni sugli affreschi della cappella di Teodolinda », in Arte Lombarda, 80-82, 1987, p. 95-104 ; A. Hirschel, « Problems of patronage at Monza. The Legend of Queen Theodolinda », in Arte Lombarda, 80-82, 1987, p. 105-113.
237 G. Villani, op. cit., III, IX, vol. I, p. 121.
238 S. Vecchio, « La bonne épouse », in Histoire des femmes en Occident, cit., vol. II, p. 122.
239 M. Villani, op. cit., I, XI, vol. I, p. 27.
240 J. Rossiaud, La prostitution médiévale, Paris, Flammarion, 1988, p. 85.
241 G. Villani, op. cit., I, XXI, vol. I, p. 30.
242 R. Malispini, op. cit., XVII, p. 30.
243 G. Boccaccio, Esposizioni sopra la Comedia di Dante, cit., p. 215.
244 G. Villani, op. cit., I, XXI, vol. I, p. 32.
245 R. Malispini, op. cit., XVII, p. 31.
246 M. Villani, op. cit., I, XXXIV, vol. I, p. 63-65.
247 Ibidem.
248 Ibidem, I, XXXVI, vol. I, p. 68-71.
249 G. Villani, op. cit., VII, XV, vol. I, p. 290. R. Malispini op. cit., CXIX, p. 113-114.
250 M. Villani, op. cit., X, C, vol. II, p. 579-580.
251 G. Villani, op. cit., VII, XV, vol. I, p. 290.
252 Ibidem, XI, VII, vol. II, p. 529.
253 Ibidem, XIII, XV, vol. III, p. 325.
254 M. Villani, op. cit., I, XLIII, vol. I, p. 80.
255 Ibidem, IV, XVIII, vol. I, p. 498-499.
256 Cf., G. Villani, op. cit., vol. II : X, CLXXII, p. 365-366 ; X, CCXLVIII p. 423-424 et X, CCLXII, p. 437-438.
257 M. Villani, op. cit., IV, XVIII, vol. I, p. 498-499.
258 Ibidem.
259 Ibidem, IV, XVIII, vol. I, p. 499.
260 G. Villani, op. cit., X, LXVI, vol. II, p. 269.
261 Ibidem, VIII, CXIX, vol. I, p. 583-584.
262 M. Villani, op. cit., X, XII, vol. II, p. 470.
263 Ibidem, X, XLV, vol. II, p. 512-513.
264 G. Villani, op. cit., V, XXI, vol. I, p. 202.
265 Ibidem, X, LXVI, vol. II, p. 268-269.
266 Ibidem, XI, CL, vol. II, p. 707-708.
267 Ibidem, XIII, LI, vol. III, p. 416-419 ; XIII, CXII, vol. III, p. 542-547.
268 Ibidem, I, XXVIII, vol. I, p. 45.
269 R. Renier, Liriche edite ed inedite di Fazio degli Uberti, Florence, Renier, 1883, p. XXXV.
270 II. IV. 323, p. 549.
271 M. Villani, op. cit., IV, XL, vol. I, p. 533.
272 Magl. XXV-19, Marc. VI- 270, p. 445.
273 Marchionne Di Coppo Stefani, Cronaca fiorentina, a cura di N. Rodolico, Rerum Italicarum Scriptores, Città di Castello, 1903, vol. XXX-1, p. 419, rubrica 938.
274 G. Villani, op. cit., XIII, LI, vol. III, p. 417.
275 Ibidem, XIII, XCIX, vol. III, p. 511.
276 Ibidem, XIII, CXII, vol. III, p. 544.
277 Ibidem, p. 545.
278 Ibidem, XIII, CII, vol. III, p. 518.
279 Ibidem, XIII, LII, vol. III, p. 421.
280 M. Villani, op. cit., I, XII, vol. I, p. 28-29.
281 C. Klapisch-Zuber, « La fécondité des Florentines », cit., p. 48-49.
282 Ibidem, p. 54.
283 G. Villani, op. cit., V, XXI, vol. I, p. 201.
284 Ibidem, III, XVI, vol. I, p. 135.
285 Ibidem, I, II, vol. I, p. 6.
286 Marucellianus C. 300, p. 42.
287 II. II. 67 et Orsucci 40, p. 42. Vaticanus 5381, p. 268. G. Villani, op. cit., vol. I, p. 19, I, XIII. R. Malispini, op. cit., V, p. 22.
288 R. Malispini, op. cit., XXVIII, p. 42-43.
289 Magl. XXV-505, p. 95-96.
290 R. Malispini, op. cit., CVII, p. 106 ; CXVIII, p. 112.
291 Ibidem, LXVIII, p. 81 ; CVII, p. 106.
292 G. Villani, op. cit., V, XXVIII, vol. I, p. 212-213.
293 À propos des rapports entre Dieu et les Normands dans les chroniques voir : P. Bouet, « Les Normands : le nouveau peuple élu », in P. Bouet, F. Neveux, Les Normands en Méditerranée dans le sillage des Tancrède, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle 24-27 septembre 1992, Caen, Presses Universitaires de Caen, 1994, p. 239-252.
294 G. Villani, op. cit., V, XIX, vol. I, p. 194-195.
295 Ibidem, V, V, vol. I, p. 170. R. Malispini, op. cit., XLIX, p. 62.
296 G. Villani, op. cit., V, II, vol. I, p. 164.
297 II. IV. 323, p. 553.
298 Sur la vision positive du mariage qui se dégage de la vie de la sainte à travers les dépositions de ses servantes, voir R. Manselli, « Santità principesca e vita quotidiana in Elisabetta d’Ungheria : la testimonianza delle ancelle », in Analectas Tertii Ordinis Regularis, XVIII, 1985, p. 24-25.
299 La légende écrite par un auteur anonyme toscan contemporain, se situe entre ces deux positions. Elle explique qu’Elisabeth signifie, entre autres, « septième de Dieu », qu’elle a pratiqué les sept œuvres de miséricorde et connu les sept états qui sont l’état de virginité, l’état de femme mariée, l’état de veuve, l’état actif, l’état contemplatif et l’état religieux mais elle ne parle pas de l’abstinence qu’elle a imposé à son époux qui est décrit comme un « prince glorieux, fidèle et pieux ». Anonyme, « Leggenda di santa Elisabetta d’Ungheria », in M. A. Parenti, Volgarizzamento della vita di Santa Elisabetta d’Ungheria langravia di Turingia, Modena, Soliani, 1848, p. 5-58.
300 II. IV. 323, p. 553.
301 G. Villani, op. cit., X, CCXLVIII, vol. II, p. 424. M. Villani, op. cit., IV, XVIII, vol. I, p. 497-498.
302 Voir à ce sujet C. Klapisch-Zuber, « La fécondité des Florentines », cit., p. 41-57.
303 R. Malispini, op. cit., CLXXVII, p. 162.
304 Ibidem, LXXXI, p. 89.
305 F. da Barberino, Reggimento e costumi di donna, éd. Giuseppe Edoardo Sansone, Torino, Loescher-Chiantore, 1957, p. 225, p. 227 et p. 230.
306 D. Lenzi, Il libro del biadaiolo, cit., p. 318.
307 Ibidem, p. 322.
308 C. M. de La Roncière, « Pauvres et pauvreté à Florence au XIVe siècle », cit., p. 717-719.
309 A. Benvenuti Papi, « Pubblica assistenza e marginalità femminile », in In castro poenitentiae, cit., p. 647-648.
310 C. Klapisch-Zuber, « La fécondité des Florentines », cit., p. 52-53.
311 Idem, « Parents de sang, parents de lait : la mise en nourrice à Florence (1300-1530) », in Annales de démographie historique, 1983, p. 33-64.
312 Ibidem, p. 60-61.
313 M. Villani, op. cit., I, II, vol. I, p. 12.
314 R. Malispini, op. cit., XVII, p. 31.
315 Ibidem, p. 32.
316 Ibidem, p. 31-32.
317 Ibidem, p. 31.
318 D. Compagni, op. cit., III, XXIX, p. 165.
319 M. Villani, op. cit., II, XXVIII, vol. I, p. 241.
320 R. Malispini, op. cit., CLXIV, p. 153.
321 G. Villani, op. cit., VIII, XXIII, vol. I, p. 447. R. Malispini, op. cit., CXCVII, p. 181.
322 Magl. XXV-505, p. 110. S. della Tosa, op. cit., p. 141. P. Pieri, op. cit., p. 34.
323 G. Villani, op. cit., VI, IV, vol. I, p. 233.
324 G. Villani, op. cit., XI, CV, vol. II, p. 652-653.
325 C. Klapisch-Zuber, « La bourse ou les boules de saint Nicolas », cit., p. 73-89.
326 Voir à ce propos S. Vecchio, « La bonne épouse », in Histoire des femmes en Occident, cit., vol. II, p. 117-145.
327 F. Ragone, op. cit., p. 223.
328 G. Villani, op. cit., I, XXIV, vol. I, p. 36-37.
329 Anonimo, L’ottimo Commento della Commedia, t. III, Paradiso, a cura di A. Torri, Pisa, Capurro, 1829, p. 123-124.
330 G. Villani, op. cit., IX, LVII, vol. II, p. 103.
331 M. Villani, op. cit., I, XXXIV, vol. I, p. 65.
332 Ibidem, X, XXXIII, vol. II, p. 499-501.
333 Voir à ce propos R. C. Trexler, « Une table florentine d’espérance de vie », in Annales E. S. C., n° 1, janvier-février 1971, p. 137-139.
334 G. Monaldi, op. cit., p. 445.
335 M. Villani, op. cit., I, XI, vol. I, p. 24-28.
336 G. Villani, op. cit., XIII, X, vol. III, p. 320. M. Villani, op. cit., I, XIII, vol. I, p. 30-31.
337 M. Villani, op. cit., I, XIII, vol. I, p. 30.
338 G. Villani, op. cit., XIII, LI, vol. III, p. 417.
339 Ibidem, XIII, CXII, vol. III, p. 544-545.
340 Ibidem.
341 M. Villani, op. cit., I, XCVII, vol. I, p. 181-182.
342 Ibidem, III, LXX, vol. I, p. 408.
343 Ibidem, p. 408-409.
344 Ibidem, V, VII, vol. I, p. 614-615.
345 Ibidem, p. 615.
346 Ibidem.
347 G. Villani, op. cit., V, XX, vol. I, p. 198-199.
348 Ibidem, XI, VIII, vol. II, p. 534.
349 Ibidem, XIII, LXXV, vol. III, p. 474-475.
350 Ibidem, vol. III : XIII, LI, p. 417 ; XIII, LXXV, p. 474.
351 Ibidem, XIII, LXXXIV, vol. III, p. 485.
352 C. Klapisch-Zuber, « La fécondité des Florentines XIVe-XVIe siècles », cit., p. 48.
353 II. IV. 323, p. 522. II. II. 39, p. 97. Magl. XXV-505, p. 96. Neap. XIII. F. 16, p. 272. Magl. XXV-19 et Marc. VI-270, p. 246. G. Villani, op. cit., XI, XIV, vol. II, p. 652. P. Pieri, op. cit., p. 3. R. Malispini, op. cit., LXX, p. 81-82.
354 G. Villani, op. cit., X, XXVIII, vol. II, p. 233.
355 D. Compagni, op. cit., XXX, p. 249.
356 Magl. XXV-505, p. 129.
357 G. Monaldi, op. cit., p. 445.
358 Ibidem, p. 427.
359 II. IV. 323, p. 581. D. Compagni, op. cit., XX, p. 91-92. Magl. XXV-505, p. 121. P. Pieri, op. cit., p. 61.
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