Préludes latins à la poésie romane : les matrices hagiographiques du genre épique (VIIIe-XIe siècle)
p. 51-70
Texte intégral
Remise en chantier de recherches anciennes
1Le titre proposé pour ce séminaire s’inscrit sous un double intitulé qui indique à la fois le caractère classique de la recherche entreprise et les moyens innovants mis au service de cette dernière. Parler en effet de préludes latins à la poésie romane revient à retourner une nouvelle fois à un thème d’enquête débattu depuis plus d’un siècle, les origines lointaines et proches des formes neuves de littérature qui émergent du Xe au XIIe siècle en Occident Latin [Boyer, Bushinger…, 1987 ; Boutet, 1993 ; Louis, 1946-1947]. Si le terme préludes implique une genèse pluriséculaire, opinion communément partagée, celui latins affirme une prise de position particulière sur la présence à l’œuvre dans cette genèse d’une continuité latine [Delbouille, 1972 ; Pidal, 1960], la poésie en langue romane constituant pour qui adopte ce point de vue à la fois l’accomplissement des préludes et la rupture avec ces derniers.
2Le second volet du sous-titre, les matrices hagiographiques du genre épique, renforce l’idée d’un fort élément de continuité dans l’histoire longue qui conduit des débuts de la littérature hagiographique aux débuts de la poésie épique. Le terme, sans doute surprenant et obscur de matrice, trouve sa place pour faciliter l’évitement d’un écueil dû surtout à d’éventuelles erreurs d’interprétation. Il est emprunté métaphoriquement au vocabulaire de la métallurgie pour désigner un ensemble de structures et de procès dont l’action en diachronie longue inscrit dans le langage, dans les mentalités, et dans les rituels un ensemble, flou ou précis, lâche ou serré, contigu ou dispersé, de signes primordiaux dont le précipité en synchronie trace clairement le prototype des nouveaux genres littéraires. Cette définition, nullement spécifique à l’Occident Latin, pourrait très bien s’appliquer à la genèse des littératures germaniques [Lentner, 1963 ; Haug, 1997]. Elle sera aujourd’hui retenue comme opératoire dans le cas de cette recherche menée sur la genèse du genre épique.
3Comme on peut le constater, le mot sources a été soigneusement évité. Si, en effet, la recherche des sources intertextuelles (en synchronie ou en diachronie) constitue une des branches solides de la recherche en philologie et en histoire, elle s’avère peu efficace dans le cas d’enquêtes larges où sont mises en question des époques, des genres, des lieux, des classes, des langues différentes ou au moins différenciées. La spécificité d’une question, au fond non seulement transtemporelle, mais aussi transdisciplinaire, requiert le recours à des instruments d’enquête innovants, comme d’ailleurs à un renouvellement global de l’appareil disciplinaire avec lequel ils sont manipulés.
Nouvelles frontières langagières et culturelles
Voies d’approche neuves
4En effet, depuis une trentaine d’années, les travaux importants qui ont été menés au niveau européen sur la période transitionnelle qui conduit de l’Antiquité Tardive au Moyen Âge dans les domaines liés de l’histoire langagière et de l’histoire culturelle, ont apporté un renouvellement suffisamment important des connaissances pour qu’il soit possible de parler de nouvelles frontières. Les deux distinctions cardinales dont s’inspiraient (et s’inspirent souvent encore) les chercheurs, l’une, linguistique, traçant une séparation étanche entre la langue savante et la langue populaire, l’autre culturelle divisant de même la culture cléricale et la culture folklorique [Graus, 1965], ont été, au terme de multiples enquêtes menées in situ selon les méthodes propres à une nouvelle discipline, la sociolinguistique diachronique (ou rétrospective), sinon abolies, du moins très fortement remaniées [Banniard, 1989, 1992, 1993, 1994, 1998b, 1998c ; Richter, 1994a, 1994b ; Uytfanghe, 1987, 1994 ; Wright, 1982, 1991, 1993, 1995, 1997].À la frontière, commode mais réductrice [langue savante (latin des litterati, normé, figé)/ langue populaire (latin vulgaire, hors norme, évolutif)] a été substituée la notion de continuum ; à la frontière, elle aussi confortable, mais partiale [culture savante-cléricale/culture folklorique-populaire] a été substitué le concept de champ interactif [Banniard, 1997, 200F]. Les chercheurs ont été ainsi invités à quitter les voies tracées « à la romaine » d’outils qui, si prestigieux aient-ils été, ne pouvaient que trahir la complexité des réalités humaines, pour pénétrer dans des sentiers d’autant plus tortueux qu’ils s’efforcent de débusquer le passé mental et langagier dans sa réalité fonctionnelle. De nouvelles frontières tendent ainsi à être actuellement dessinées, avec des conséquences importantes pour la recherche sur les origines des littératures romanes. Celles-ci, en effet, cessent à ce compte de surgir d’un monde insaisissable (purement oral-folklorique-laïque) pour se condenser désormais à partir de nébuleuses langagières et culturelles dont les traces nous sont accessibles.
Chronologies langagières
5Du côté des nouvelles frontières langagières, des principes méthodologiques se sont peu à peu dégagés [Banniard, 200C] :
- Ne pas s’enfermer dans une opposition bon latin/mauvais latin : ni le français ni aucune langue romane ne sont le produit d’un désastre langagier. Toute évolution ne signifie pas obligatoirement décadence, ni prédominance de la « barbarie ». Ce principe relève à la fois de la probité scientifique (il n’y a pas de raison de faire une exception romane – défavorable – face aux règles de la linguistique générale) et de l’information historique (l’Antiquité Tardive et le Haut Moyen Âge ne sont pas des « âges sombres » où se décompose la « bonne » civilisation de l’Antiquité classique).
- Privilégier la notion de parole, de locuteur, de création (le latin est une langue variée et évolutive dès le moment même où il affleure à l’histoire grâce aux premiers monuments vers 300 av. J.-C.).
- Refuser la distinction arbitraire complexe/simple pour rendre compte des modifications, comme l’affirmation éculée que le système prépositionnel serait plus simple que le système casuel. Cette distinction ressortit en fait en définitive à un préjugé culturel : une langue purement orale, donc « populaire », ne saurait qu’être élémentaire. Mais toutes les enquêtes linguistiques et ethnologiques conduites auprès des « peuples sans écriture » contredisent une telle conception.
- Considérer que les lieux d’évolution les plus actifs se trouvent là où se déploient les échanges les plus intenses, les centres urbains alors que la campagne est conservatrice par nature.
- Admettre que les six niveaux (phonologie, morphologie, syntaxe, lexique, phrasé) correspondant à une frontière diachronique n’évoluent pas de manière bloquée : ils sont corrélés, mais peuvent être assez distants les uns des autres sur l’axe du temps. Ceci vient à l’encontre des principes souvent implicites que suivent les diachroniciens romanistes ou latinistes qui ont tendance à fonder leurs chronologies globales sur le niveau articulatoire, voire orthographique.
6Ces considérations et ces remaniements ont conduit à l’élaboration et à l’adoption du terme innovant latinophonie [Banniard, 1999a, b]. Ce mot désigne l’ensemble des phénomènes langagiers du latin considéré comme une langue vivante avec toutes les variations, diastratiques, diatopiques, diachroniques, qu’implique une telle réalité. Il fait d’emblée sortir le latin d’une histoire particulière, voire particulariste, pour le faire entrer dans l’histoire générale des langues vivantes. Soit donc à présent le schéma neuf d’évolution de cette latinophonie jusqu’aux langues romanes.
Nouvelles frontières langagières
1) IIe av. J.-C. au IIe siècle : Latinophonie 1
7Conquête de la Romania et latinisation complète à partir du Latin Parlé d’époque Classique (LPC) sous forme diversifiée et dialectalisée : effet de la diversité sociale et chronologique des canaux d’irrigation latinophone, des réactions de substrats, des interréactions locales/régionales/politiques, militaires, etc... Ces particularités ne sont pas figées en particularismes (flottements de type probabiliste). On place ici la ZT1.
2) IIIe au Ve siècle : Latinophonie 2
8Unification de la latinophonie sous l’effet de la diffusion du christianisme dans le cadre de l’Empire. Existence d’un monolinguisme complexe latinophone, le Latin Parlé Tardif de phase 1 (LPT1) dans lequel s’accomplit une première série de transformations qui modifient le diasystème du LPC. On place ici la ZT2.
3) VIe au VIIe siècle : Latinophonie 3
9La situation de monolinguisme complexe demeure aux époques mérovingienne, wisigothique et lombarde (voire byzantine en Afrique). Mais le diasystème du Latin Parlé se modifie de nouveau ; la langue parvient à un nouveau stade, le Latin Parlé Tardif de phase 2. À la fin de la période (seconde moitié du VIIe siècle/première, moitié du VIIIe), l’évolution s’accélère. C’est alors la ZT3.
4) VIIIe siècle : Protoroman (Romanophonie 1)
10La parole collective sort du diasystème latin et s’organise en un diasystème différent, le roman archaïque ou protoroman. La communication verticale latin tardif/auditeurs illettrés se brouille. À la fin du VIIIe siècle, le monolinguisme complexe mérovingien (latin écrit/latin oral) a cédé la place à la diglossie carolingienne (latin, HL/protofrançais, LL). L’évolution, éventuellement quelque peu décalée, est identique dans les autres pays de la Romania : Roumanie et Espagne mozarabe (VIIIe/IXe siècle) ; Italie lombarde puis carolingienne (IXe/Xe).
Chronologies culturelles
11Du côté des nouvelles frontières culturelles, l’établissement de chronologies et de descriptions qui tiennent compte de l’important changement induit par le domaine linguistique ne saurait être que suggéré ici, en prenant pour centre la perspective de l’évolution des formes littéraires. Prise d’un point de vue global, cette dernière pourrait être représentée d’après les grandes lignes tracées ci-après.
Nouvelles frontières littéraires
1) VIIIe siècle (ZT3)
12Fin du monolinguisme complexe latinophone et passage à la diglossie (évolution pan-occidentale). L’ancien système, latin, et le nouveau système, roman, commencent à faire l’objet de représentations distinctes chez les intellectuels.
2) IXe/Xe siècle
13Apparition des premières scripta romanes selon un processus régionalisé : langue d’oïl (mi-IXe) ; italien (mi-Xe) ; castillan (fin Xe) ; langue d’oc, catalan (fin Xe). Ces premières tentatives de représenter par écrit la parole commune en renonçant à la norme latine accélèrent la divergence latin/roman au niveau des images mentales et ouvrent la voie à une littérature romane. Préludes de cette dernière.
3) XIe/XIIIe siècle
14Émergence d’un bilinguisme réel avec les débuts de la littérature romane : langue d’oc et langue d’oïl (Xe/XIe) ; castillan, italien (XIIe/XIIIe). La parole romane, notée, stylisée, construite, accède au statut de littérature savante (romanitas maior).
4) XIVe/XVe siècle
15Affirmation des orthographes nationales ; conquête de l’égalité littéraire latin/roman ; mise en place de normes grammaticales romanes. Préludes et débuts des Renaissances.
16C’est donc dans le cadre d’une remise en question globale que doivent se situer les premières tentatives pour détecter les préludes à la poésie romane. Dans un vaste ensemble où cohabitent et se développent des traits en constante interférence [{langue parlée/langue écrite} + {traditions savantes/traditions populaires} + {culture cléricale/culture laïque} + {forces conservatrices/forces évolutives}], il est nécessaire de dégager les signes qui annoncent, modèlent et construisent les nouveautés, en particulier les nouveaux genres littéraires. Cet exposé ne peut évidemment être efficace que par le recours à un échantillonnage limité.
La Vita comme genre littéraire et comme prototype mental
17Considérons en effet comment à la fin de la période de transition qui conduit de la latinophonie à la romanophonie s’est constitué un genre littéraire neuf, à la fois innovant dans le domaine strict de la création lettrée, mais aussi dans la zone profonde, et donc moins évidente, mais non moins efficace, de la création de prototypes mentaux. Sont ici repris, résumés et interprétés d’autres travaux, personnels ou non, qui renvoient eux-mêmes aux bibliographies – vastes – requises [Banniard, 200D ; Brown, 1981 ; Carozzi, 1993 ; Philippart, 1977 ; Picard, 1988 ; Tilliette, 1991 ; Uytfanghe, 1999].
Typologie génétique (IIIe-VIe siècle)
18Le type de la Vie de saint se fixe en Occident Latin du IIIe au VIe siècle autour d’un faisceau d’une dizaine de traits caractéristiques (ni exhaustifs, ni exclusifs).
- Textes en prose. Ceci est l’état initial de la création du genre. Les mises en vers interviendront, mais dans des conditions différentes et surtout à des époques décalées.
- La langue de rédaction est la langue naturelle des rédacteurs et des destinataires. En d’autres termes la langue de départ est à la fois savante et vernaculaire.
- La longueur est variable, mais n’est en moyenne pas très ample [disons de 5 000 à 20 000 mots].
- Le style varie moins en fonction du sujet traité qu’en fonction du public visé.
- Le récit se fait dans un ordre chronologique.
- Il offre une démonstration paradigmatique des Vertus de l’homme saint.
- Il comporte un mélange dosé de piété humaine et de dons surnaturels.
- Il requiert un dialogue saint/Dieu et des interventions signifiantes de celui-ci.
- Le rayonnement de la Vie n’est pas borné chronologiquement, l’histoire continuant après la naissance du saint [c’est naturellement la date de sa mort]
- Le récit est ancré au moins à un lieu de culte.
Prototype (Ve siècle)
19La perfection du genre, atteinte dès le début du Ve siècle avec la Vita Martini [Fontaine, 1967-1969], permet de saisir une première cristallisation de cette genèse. On y discerne des composantes précises (parfois reprises, évidemment, de créations plus anciennes, païennes ou chrétiennes). En voici les plus marquantes :
- Ordre chronologique : naissance, éducation, carrière, conversion à l’ascétisme.
- Certitudes : la conviction du protagoniste ignore les défaillances. –Affrontements : vs. démons/ariens/païens.
- Violences : vs. paysans [destruction de temples].
- Miracles : les virtutes [« vertus »] du saint provoquent des signa [« signes »] qui se condensent en miracula [« miracles »].
- Tempi forti : des concentrations dramatiques émaillent le récit en véritables exempla [« exemples »].
- Maximes : des phrases clefs musclent le récit.
- Clarté : quoique soigneusement travaillé, le style respecte la transparence langagière.
20Ces traits seront constamment à l’œuvre dans l’ensemble des multiples Vitae de la période du LPT2, indépendamment de leurs qualités langagières (leur latin est parfois très évolutif) ou littéraires (elles peuvent être allègrement menées ou pauvrement construites).
Typologie synchronique (VIIIe siècle)
21Un siècle avant l’apparition des premières scripta romanes, les Vitae sont structurées selon une matrice littéraire à la fois résultat et origine de catégories désormais disponibles comme autant de moules formels.
Topoï/Clichés
22Des thèmes associés à des clichés reviennent récurremment dans tous les textes, impulsant le repérage formel de leur catégorie :
- Nobili genere natus/ortus [« Né/issu d’une noble origine »].
- Pauper rebus, diues uirtute [« Pauvre matériellement, riche moralement »].
- Anima senex ab infantia [« Il avait dès son enfance une âme de vieillard »].
- Largus pauperibus, altus potentibus [« Généreux pour les dépendants, cassant pour les puissants »].
Stylus
23L’écriture respecte une série de règles majeures, issues directement des préceptes stylistiques augustiniens [Banniard, 1989, 1992, 1995].
- Sermo rusticus [« Style d’illettré »], avec de nombreuses variantes : sermo humilis/tenuis/simplex. C’est la catégorie requise pour l’établissement de la communication orale latinophone.
- Exempla [« Exemples »] : des épisodes concentrés donnent autant de leçons exemplaires (avec certainement une ascendance formelle du côté des paraboles évangéliques).
- Propos au style direct : nombreuses interventions à la première personne du saint ; dialogues ; affrontements oraux immédiats.
- Adjectifs-clichés : outre les topoï requis, il existe une constellation qualificative pertinente en fonction des individus et des situations, largement tributaire du vocabulaire biblique.
- Redondance : les mots sont répétés avec une légère variation synonymique par souci de précision et d’impact.
- Boucles : les répétitions, revenant en boucle verrouillent les leçons.
Realia
24L’insertion dans la réalité est constante et diversifiée, même si elle est le résultat d’un effort d’authentification pour une Vie aux sources douteuses ou inexistantes. Cet arrimage au réel se fait par des références récurrentes.
- Loca [« lieux »] : les paysages et surtout les sites sont régulièrement évoqués, parfois avec précision jusqu’à permettre de repérer un site.
- Ruralia [« le milieu rural »] : blé, vigne, bœufs, labour, récoltes.
- Familia [« La famille »] : parents, enfants, mariages, amours, grossesses, naissances, éducation, maladies.
- Folklore : toutes les interférences homme/nature/surnaturel dans le cadre des événements d’une vie, pluie, vent, gel, maladie, accidents divers.
25Le système des Vitae est installé au VIIIe siècle d’une manière qui permet de lui conférer le statut d’un genre littéraire particulier, mais bien reconnaissable. Ce genre s’est constitué avec une série de traits pertinents desquels trois paraissent tracés de manière épaisse :
- Langue popularisante (la lecture à haute voix à l’intention des illettrés le requiert).
- Édification localiste (la division de l’espace altimédiéval laisse la place à de nombreux « saints patrons »).
- Médiation « humanoïde » (le saint patron sert d’interface entre la Terre et le Ciel).
26À l’orée de l’époque carolingienne, il existe un genre littéraire neuf que l’on pourra dénommer, pour condenser en une formule, l’effacement des anciennes distinctions méthodologique, un genre clérico-populaire de plein droit. Entre les producteurs de ces Vies (évidemment lettrés et hommes d’Église) et les destinataires de celles-ci (majoritairement illettrés et très souvent laïcs), il s’est installé un protocole permanent au sein duquel agissent et réagissent les modes d’expression orale, les types de représentation du monde, bref toute une partie des habitus mentaux.
Connexions Vita/Gesta/Epos (VIIIe - XIe siècle)
Caractères du matriçage (amont typologique)
27Ces habitus mentaux, à l’œuvre dans une pratique qui est elle-même génératrice d’habitus sociaux, contribuent puissamment à la mise en place des structures (formelles, mentales, sociales) d’où émergeront les Chansons de Geste, cela selon trois angles de vue différents.
Côté émission
28Un certain nombre de caractères propres à la production hagiographique considérée à son point de départ (production/émission/diffusion) se retrouveront dans la production épique.
29Pendant la période des préludes (siècle carolingien), a été créé un ensemble commun (en circulation aléatoire) comportant à la fois un fond et des figures légendaires, même si tous les éléments de cet ensemble n’émergent pas alors à la surface de l’écrit (du moins de celui qui nous est parvenu). La part qui s’en laisse discerner induit de toutes manières une matrice commune pour faire place à d’autres éléments (contradictoires, complémentaires ou additionnels). Le saint, figure majeure du carrefour divin/humain, contribue à la genèse de figures majeures non religieuses, soit en rouvrant la voie à d’anciennes figures païennes, soit en invitant les laïcs à engendrer leurs propres figures.
30L’hagiographie tardoantique et altimédiévale est née dans le cadre d’une production sinon commune (la totalité de la société n’y est pas partie prenante), du moins collective : ce sont des institutions à identité collective transgénérationnelle qui en sont les mandataires. Les œuvres qui naissent de ce procès résultent donc de commandes à manifestations individuelles sans qu’il y ait vraiment d’auteur (le rédacteur, quand il est nommé, n’est que la pointe – « l’imprimante » – de l’institution).
31Les Vies délivrent des leçons éternelles et universelles greffées sur des circonstances particulières. Elles inscrivent ainsi en un temps et un lieu des modèles qui, tout compte fait, refusent le particularisme. Cette manière de transcender le singulier tout en l’exaltant au nom du général contribue également à la création d’habitus épiques.
32Enfin, l’étendue des œuvres est, sinon fixe, du moins fixée, les récits qui se succèdent dans la bâti narratif étant en général de taille limitée. La règle de contraintes formelles externes s’intériorise ainsi dans les esprits.
Côté réception
33Le caractère matriciel du genre hagiographique est encore plus net pour qui prend en considération les règles qui jouent du côté du public, à la réception des œuvres.
34Les Vies font l’objet de lectures et/ou de récitations publiques (c’est même leur fonction principale). Il s’en est suivi au cours des générations l’habitude de créer une parole élargie, le mot écrit trouvant prestige et vie dans le passage à une oralité collective.
35Cet élargissement à et par l’oralité entraîne un mélange des publics, les contrastes culturels et langagiers requérant alors la délivrance d’une parole variable, adaptée et adaptative.
36La délivrance de cette parole se fait dans un cadre et dans des circonstances ritualisées (anniversaire du saint, fêtes…), cette formalisation sociale ayant pour effet de valoriser le message tout en créant le besoin d’une telle présence communicationnelle.
37Les Vies tissent leurs leçons autour de localismes régionaux et sociaux, amplifiant l’effet d’ancrage de l’œuvre (le saint localise la grâce ; la grâce sanctifie le lieu). L’ubiquité augustinienne disparaît ainsi au profit d’une proximité féodale.
38La matière est donnée d’avance (les sujets sont essentiellement bibliques), la Vie n’étant que l’occasion accidentelle d’un sujet inscrit depuis toujours.
39Ainsi se met en place dans les mentalités occidentales l’habitus d’un déploiement oral, collectif, adapté, ritualisé et localisé. Cet habitus contribue à induire dans l’horizon d’attente féodal un certain nombre des traits qui présideront à la naissance du genre épique.
Côté communication
40Troisième face de ce matriçage, complémentaire des deux autres, le rôle communicationnel des Vitae, tel que l’ont dégagé les travaux de sociolinguistique diachronique. Du point de vue des effets induits dans la genèse du genre épique, on relèvera les facteurs suivants.
41La communication orale est intense : au-delà de l’aspect didactique (« informatif ») de la lecture à haute voix, il se joue entre l’œuvre et ses destinataires une mise en affects violents, les fidèles pouvant être littéralement pris à parti par cette parole (et eux-mêmes pouvant y réagir directement).
42Les Vies, justement pour être efficace, mettent en place un véritable balisage narratif, des temps forts assurant le passage d’une étape à l’autre.
43Dans la trame du récit apparaissent aux places attendues des clichés. Outre leur statut littéraire (ils sont requis), ceux-ci contribuent également à la réception du message, puisqu’ils constituent une sorte de langage convenu commun. Les auditeurs identifient les personnages et les situations d’autant mieux que ces topoï leur sont devenus familiers. Les balises narratives sont complétées par des signaux identificatoires.
44Les récits comportent des redondances, voire des répétitions (d’une Vie à l’autre, mais aussi dans la même), mettant le public en situation de confort réceptif, soit qu’il goûte la répétition d’un épisode sensible, soit que la répétition lui permette de mieux le comprendre.
45Ces épisodes sont souvent condensés et exaltés sous la forme d’exempla, conçus non seulement pour leur valeur exemplaire, mais aussi pour leur efficacité communicationnelle, ces exempla occupant dans la trame hagiographique une place équivalente aux épreuves obligées des chansons de geste.
46Le public est justement invité à s’accrocher à des figures majeures qui s’offrent à lui comme autant de centres de gravité, non seulement paradigmatiques, mais aussi affectifs (le « héros » de la Cité).
47Les enjeux moraux, les leçons sont le but final de toute Vie, impulsant la mise en place d’une communication qui ne soit pas gratuite : la parénèse hagiographique ouvre la voie aux leçons épiques (que le roman détournera en ajoutant une part de plus en plus grande de gratuité narrative).
48Il s’accomplit ainsi un travail par action et par réaction entre la connivence narrative et la hiératisation solennelle [ex, BANNIARD, 200D] : cette proximité/distanciation dans la communication collective se retrouvera dans la mise en scène des Chansons de Geste.
Signes formels (aval in situ)
49Il faudrait évidemment procéder à une inspection détaillée des résultats d’un tel matriçage en se plaçant au plus près de l’aval littéraire de cette genèse. Le cadre de cet exposé l’exclut. Mais il est possible de le clore en montrant quelques-uns des signes formels de cette continuité langagière, sociale, mentale, en recourant aux méthodes de l’archéologie linguistique. Comme, en effet, le remploi d’éléments antiques dans des bâtiments du Haut Moyen Âge permet de tracer la ligne (parfois discontinue) du devenir de ces matériaux depuis l’Empire, on peut déceler dans la chair même des textes épiques médiévaux la mémoire longue de la parole latine finissante. D’une certaine façon, le très ancien français est la mémoire du latin tardif : dans ses parties archaïsantes, il porte en lui la présence de stades très anciens de l’oralité, au moment transitionnel entre le LPT2 et le PF [ZT3]. Pour le détail, il conviendra de se reporter à d’autres études [Banniard, 1995, 1998a, 1999b]. Voici quelques exemples pour terminer directement sur des textes, puisés dans une des plus anciennes chansons de geste, Raoul de Cambrai [Kibler, 1996].
Drois empereres, malement sons bailli.
Por q’a ostages cest malfés nos rendis,
au plus felon qui ait hauberc vesti ?... [v. 712-714].
50« Juste empereur, nous sommes dans une situation horrible. Pourquoi nous as-tu mis comme otages entre les mains de ce hors-la-loi, d’un des plus criminels qui aient jamais porté les armes ? » Cette construction est la mise en scripta romane d’un type d’énoncé, qui, charrié par la mémoire collective, et ravivé par la recherche du dire épique, était répandu en LPT2, et se transcrit ainsi en orthographe latine : [<ecce> ist<u>i male facto nos rendisti]. Ce latin « virtuel » du VIIe/VIIIe siècle, reconstitué d’après une masse d’exemples puisés dans le latin écrit mérovingien se superpose sans difficulté au vers réel du Raoul. L’énoncé français, s’il surgit comme un bloc énonciatif archaïque, forme marquée, mémoire du latin parlé mérovingien n’est pas un latinisme, au sens définitoire de ce mot. Il fait partie intégrante du diasystème roman d’alors, dont il occupe la zone conservatrice.
Drois empereres, trop feïs grand folaige
quant ton neveu donnas tel eritaige,
et d’autrui terre l’onnor et le fieage [v. 718-720].
51« Juste empereur, tu t’es laissé aller à n’importe quoi en faisant cadeau à ton neveu d’un pareil héritage, la garde et la maîtrise d’une terre qui appartient à quelqu’un d’autre. » Soit en rétroversion en LPT2 [quando tuo nepoti donauisti talem heretaticum]. Ces blocs archaïques ne sont pas non plus des latinismes : le rédacteur/compositeur de l’œuvre ne puise pas dans un formulaire savant, écrit ou oral. Il se contente de faire jouer la mémoire longue de sa langue naturelle, en y sélectionnant des marqueurs de style épique.
Dame Aalais a la clere façon
son filg baisa la bouche et le menton [v. 788-789].
52« La Dame Aalais au visage délicat et lumineux embrassa la bouche et le menton de son fils. » Soit en LPT2 [sui filii basiauit bocca<m>], ou plutôt conformément au statut du cas oblique du LPT2 [suo filio basiauit bocca<m>], le génitif et le datif ayant fusionné en un cas oblique intermédiaire.
n’encontrerai ne sergant ne pucele
qe je ne die : « Veiz ci la Bernier celle ! » [v. 1598-1599].
53« Tout serviteur, toute jeune femme que je rencontrerai s’entendra dire : “Voyez cette selle, c’est Bernier son propriétaire !”. » L’écho de la parole ancienne se laisse là aussi reconnaître : VIIIe siècle, [LPT2, Videtis <ecce> hic Bernarii sellam], qu’on pourrait lire sous une graphie mérovingienne [Viditis <ecce> ic Bernario sella] [Banniard, 200A]. À geste intense, syntaxe tendue.
Oïl, voir, frere - ja si grant ne verez :
Rois Loeys nos vieut deseriter,
Raoul le conte a nos païs donez [v. 1822-1824].
54« Ah oui ! mon frère, jamais vous ne verrez une situation si critique : le roi Louis veut nous déshériter. C’est au comte Raoul qu’il a fait don de notre territoire. » [LPT2, Illi comiti habet nostrum pagum donatum], ainsi que l’on pourrait le lire dans un capitulaire carolingien, reproduisant la parole commune, tout en respectant l’orthographe latine.
si m’aït Diex qi en la crois fu mis,
ainc tes enfans ne mal ne bien ne fis [v. 2671-2672].
55« Au nom de Jésus qui fut crucifié, jamais je n’ai eu affaire à tes enfants ni en mal, ni en bien. » On retrouve les facteurs de tension énonciative dans le vers qui formule le serment :
- SN1 au CRI synthétique à valeur de datif ;
- Antépositionnement de ce SN1 et disjonction par rapport au SV (il en est séparé par deux SN) ;
- Antépositionnement des deux SN2 au CRD (ordre qui appartient au diasystème de l’AFC).
- Morphème synthétique de personne pour SV.
56Ce bloc énonciatif solennel et dramatique se laisse aisément reconvertir en formule du VIIIe siècle : soit, en graphie carolingienne corrigée : [Nunquam tuis infantibus nec malum nec bonum feci], et en graphie de chartes mérovingiennes proches du LPT2 : [Nonqua tuis infantes nec malo nec bono fici].
57Ce type de tournure, récurrent dans les plus anciens textes épiques apporte une triple confirmation. D’abord, elle prouve que la parole romane à son stade initial possède dans son diasystème tout un pan de tournures archaïques, conservées en mémoire depuis plusieurs siècles (en fait, toute langue en pleine évolution se structure de cette façon, ne serait-ce qu’en vertu du principe de la communication transgénérationnelle). Ensuite, comme ces énoncés archaïques se superposent très bien aux énoncés, eux innovants, du latin parlé tardif, il devient obligatoire qu’ait existé une zone chronologique d’oralité commune latine jusqu’à l’époque carolingienne. Et, par ricochet, dernière confirmation, l’interférence supposée entre la culture et la parole hagiographiques et la culture et la parole communes se trouve matériellement établie.
Matrices et champs interférentiels
58La démarche suivie dans le cadre de cet exposé a pu paraître complexe ; elle l’est effectivement dans la mesure où les phénomènes étudiés appartenant à des domaines mouvants et intriqués, l’effort requis pour en rendre un compte qui ne soit pas trop réducteur est par nécessité important. L’apparition depuis une trentaine d’années de nouvelles méthodes d’enquête sur le fonctionnement du langage, sur l’exercice de la parole, sur la genèse des mentalités [Martin, 1996] a à la fois enrichi les possibilités de questionnement et obligé les chercheurs à remettre en chantier des questions anciennes sous des points de vues neufs. En fait, le moment est venu d’ouvrir des recherches innovantes en linguistique diachronique latine et romane et, par effet secondaire, en histoire littéraire et culturelle. Les résultats de ces travaux ne sont évidemment pas prédictibles.
59L’exposé proposé ici n’étant qu’une esquisse de ce genre d’enquête, ses résultats ne sauraient être définitifs. Un de ses principaux objectifs serait atteint s’il convainquait ses destinataires que les modes de raisonnement volontairement mis en œuvre sont pertinents et méritent d’être généralisés. La notion de matrice en particulier paraîtra féconde dans la mesure où elle permet d’échapper au positivisme réducteur de la preuve directe, établie de préférence sous forme de sources. Elle pourrait être avantageusement associée au concept apparenté de champs interférentiels, qui rendrait bien compte de la complexité des échanges entre des zones culturelles et langagières différentes, mais non distinctes, même en fin de période ZT3 [Banniard, 200B].
60À court terme, on soulignera ici que le rituel largement socialisé de la lecture à haute voix des Vies de saints pendant la période mérovingienne a mis en place les matrices langagières, sociales, et mentales qui concourront à l’apparition de cette forme si particulière de littérature que furent les Chansons de geste. Si l’émergence de ce genre doit certainement beaucoup à l’apparition d’une nouvelle classe sociale, les féodaux, il reste à se demander pourquoi ces derniers ont été demandeurs d’œuvres qui ont pris la forme que nous savons. Un des facteurs déterminants de leurs choix a été le matriçage pluriséculaire exercé par l’hagiographie.
61Affirmer cela revient, si surprenant que cela puisse sembler, à faire passer cette genèse dans la catégorie des phénomènes normaux, c’est-à-dire à passer sous la bannière de la règle la plus générale : rien ne s’engendre dans des tours d’ivoires distinctes en matière d’esprit humain. Au nom de ce principe, il convient d’admettre que pas un mot n’a été dit sur les matrices germaniques du genre épique, à l’œuvre à la même époque. On conviendra que c’est une autre histoire dont il faudra traiter ailleurs.
Bibliographie
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Annexe
Abréviations
CRD : Cas Régime Direct
CRI : Cas Régime Indirect
HL : High Level (niveau éduqué)
LL : Low Level (niveau spontané)
LPC : Latin Parlé d’époque Classique [-200/+200]
LPT : Latin Parlé Tardif [IIIe-VIIe siècle]
LPT1 : LPT de phase 1 [IIIe-Ve siècle] (LPT « impérial »)
LPT2 : LPT de phase 2 [VIe-VIIe siècle] (LPT « mérovingien » en Gaule ; « gothique » en Espagne ; « lombard » en Italie).
PR : Protoroman (VIIIe siècle)
PF : Protofrançais
PRI : Protoitalien
SN : Syntagme Nominal
SV : Syntagme Verbal
ZT1 : Zone Transitionnelle 1 [150-250] (du LPC au LPT1)
ZT2 : Zone Transitionnelle 2 [450-550] (du LPT1 au LPT2)
ZT3 : Zone Transitionnelle 3 [650-750] (du LPT2 au PR)
Auteur
Université de Toulouse II
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