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Introduction

p. 19-20


Texte intégral

1Les circonstances exceptionnelles qui entourent le dolmen du Villard donnent à ce monument funéraire un intérêt incontestable. Sa situation isolée en altitude en milieu montagnard et l’affaissement de la paroi nord de la chambre sur le remplissage ont sans doute contribué à le préserver des destructions qui ont affecté toutes les tombes mégalithiques situées en plaine autour de Gap à partir de la deuxième moitié du xixe siècle à l’exception toutefois du tumulus de Saint-Pancrace à La Bâtie-Neuve. Il est demeuré l’unique témoin d’une architecture alpine composée à l’origine d’un petit groupe de 7 à 8 monuments. Signalé dès 1894 et classé au titre des Monuments Historiques en 1900, il est resté curieusement à l’écart des investigations archéologiques jusqu’à notre intervention en 1980.

2L’opération archéologique, initialement prévue pour dresser le plan de son architecture, s’est déroulée finalement pendant quatre ans à raison d’un mois de fouille par an, de 1980 à 1983, tant les intérêts multiples que présentaient l’intérieur de la sépulture collective et son environnement immédiat se sont révélés porteurs d’informations. Dans la chambre funéraire, la remarquable conservation des vestiges osseux humains auquel était associé un mobilier quasi exclusivement campaniforme ou compatible avec cette période a motivé une fouille méthodique par niveau nécessitant le relevé sur plans et l’enregistrement des pièces osseuses et mobilières qu’elle renfermait. De ce fait, il s’est avéré essentiel de se donner les moyens de mener à bien les études sur le dénombrement des individus, la répartition spatiale de leurs restes et l’ordre de succession de leurs dépôts. La restitution du fonctionnement de la tombe et l’interprétation de la gestion des cadavres ou de leurs restes ont été un des principaux objectifs qui nous ont guidés dans ces recherches. Les enjeux qui se sont présentés dès le début des opérations menées à l’extérieur, au sud de la chambre, et les premières observations concernant la présence d’ossements humains et d’un sol brûlé nous ont incité à étendre les investigations dans d’autres secteurs afin de comprendre les raisons de la disparition de la moitié est et sud du tumulus. Dans ce but, ont été relevés sur plan les dépôts tant osseux humains que fauniques et le mobilier appartenant à au moins trois périodes distinctes, présents dans la partie conservée du tumulus. Les tranchées manuelles effectuées pour compléter ces recherches sont à l’origine des principales découvertes : confirmation du caractère étendu du sol brûlé, explication des causes de la disparition de la partie est du tumulus et mise au jour du couloir et du dispositif de fermeture de la chambre masqués sous la masse de blocs et de pierres du tertre.

3Les données acquises sur le terrain et les études menées en laboratoire sur la typologie du mobilier, l’analyse des pâtes céramiques et les traces sur le mobilier lithique ainsi que les études des vestiges osseux d’animaux et humains ont constitué un ensemble d’éléments suffisamment représentatifs et conséquents pour proposer une monographie sur cette sépulture. Alors que les datations radiocarbone et l’examen du mobilier font remonter la grande majorité des dolmens provençaux au début du Néolithique final, l’établissement possible d’un petit nombre d’entre eux dont celui du Villard au Campaniforme, est une des principales questions qui s’est posée à nous dans cette étude. Quoique rares, ces constructions tardives de sépultures collectives en métropole semblent cependant avoir été reconnues, notamment dans le Bassin parisien. Il s’agit d’allées sépulcrales en bois renfermant peu de sujets, malheureusement dépourvues de mobilier caractéristique (Chambon & Salanova 1996).

4Il nous a paru utile, également, de proposer, dans un deuxième chapitre, un exposé du contexte funéraire néolithique de cette partie des Alpes méridionales. La plupart des recherches y ont été conduites anciennement et les fouilles récentes sont peu nombreuses (Col des Tourrettes et grotte des Aiguilles à Montmorin par Alain Muret). Ce court bilan des recherches est aussi l’occasion de faire ressortir l’importance de la fouille de ce dolmen dans cette région.

5Dans une deuxième partie complétant la monographie nous proposons de revoir, à travers l’examen du mobilier et des architectures provençales, les contextes de la période au cours de laquelle s’effectuent des changements profonds dans les pratiques funéraires : l’abandon du mode sépulcral collectif pour la pratique individuelle d’inhumation.

6Les premiers résultats de nos opérations sur ce dolmen ont été consignés dans le catalogue du Musée de Gap en 1991 (Sauzade 1991). Philippe Chambon, ensuite, a intégré l’étude des vestiges osseux et le mode de fonctionnement du Villard dans sa thèse (1999 : 302‑315, fig. 133‑137) et sa publication (2003 : 252‑263).

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