Résumé
p. 15-16
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Mots-clés : Provence, Alpes-de-Haute-Provence, Le Lauzet-Ubaye, Le Villard, Néolithique final, Campaniforme, Bronze ancien, moyen et final, sépulture collective, pratiques funéraires, anthropologie, faune, architecture, mobilier
Texte intégral
1Le dolmen du Villard a été signalé pour la première fois en 1894 et classé au titre des Monuments Historiques en 1900. Il se situe au confluent de la Durance et de l’Ubaye à 25 km au sud-est de Gap. Établi à 1 267 mètres d’altitude au-dessus de la retenue de Serre-Ponçon sur le bord d’un petit plateau en pente vers la vallée de l’Ubaye. Il est dominé au nord-est par le massif du Morgon. Ce monument funéraire comporte une chambre prolongée à l’ouest par un couloir et la partie restante d’un tumulus de blocs et de pierres. La partie centrale du monument se compose principalement d’éléments mégalithiques. La chambre comporte six orthostates et une dalle de couverture. Six dalles alignées et disposées trois par trois en vis-à-vis forment le couloir. Le Villard faisait partie à l’origine d’un petit groupe de 7 à 8 dolmens, aujourd’hui détruits, situés dans la région de Gap. Sa situation élevée et isolée a contribué à le préserver des destructions qu’ont subi les quelques autres monuments similaires au XIXe siècle. Plusieurs caractéristiques le distinguent des autres dolmens provençaux avec lesquels il partage cependant la même orientation à l’ouest. En effet, à l’inverse de ces derniers dont le couloir est étroit, celui du Villard est de même largeur que celle des parois de la chambre qui se composent chacune de deux dalles. De plus, ses orthostates n’ont pas la même organisation consistant à un débordement du chevet et des piédroits sur les parois latérales comme c’est le cas pour les dolmens provençaux et, plus généralement, pour les architectures bas-rhodaniennes (Chevalier 1984).
2Le contenu archéologique de la tombe, protégé par la paroi nord affaissée à l’intérieur et les sédiments, est remarquablement bien conservé. Cette bonne conservation a favorisé l’étude détaillée du fonctionnement de la sépulture et du traitement des dépouilles déposées en espace vide et hermétiquement clos à l’origine. L’analyse des 2 690 restes osseux et dentaires a permis d’établir un nombre minimum de 25 individus soit 16 adultes et 9 immatures.
3L’étude de la répartition spatiale des ossements a pu mettre en évidence dix ensembles composés de sujets presque complets et de connexions partielles. Les collages et les appariements ont montré que les déplacements d’os étaient globalement horizontaux et parfois de grande amplitude. Les déplacements verticaux concernent plus particulièrement les petits éléments osseux. Contre la dalle de chevet, un important groupement d’os, appartenant parfois aux mêmes individus, s’étageait sur la quasi-totalité de la hauteur du remplissage. Sur ce groupement d’os, a été observé un dépôt constitué de pierres, servant de support, au-dessus desquelles avaient été disposées deux vertèbres de bœuf en connexion. Enfin, la présence des fragments d’un crâne brûlé, répartis sur toute la surface de la chambre, démontre qu’il a été brûlé à l’extérieur, aucune trace de feu n’y ayant été observée. Les questions qui se posent à propos de ce crâne mais aussi en ce qui concerne le déficit de certaines petites pièces osseuses des mains et des pieds susceptibles de provenir d’apports de corps en partie disloqués font ressortir les scénarios complexes inhérents à la gestion des sépultures collectives.
4Le mobilier spécifique de la culture campaniforme de la chambre et du tumulus comprend notamment quelques fragments de vases campaniformes, un brassard d’archer, un poignard en cuivre à languette et plusieurs segments de cercle en silex. Ce mobilier, le mode de fonctionnement de la tombe et les quelques exemples similaires de sépultures mégalithiques exposées dans la deuxième partie de cette étude autorisent à envisager une construction du dolmen du Villard par les Campaniformes au cours de la deuxième moitié du troisième millénaire avant notre ère. D’autres facteurs, cependant, tel que celui attaché à la date radiocarbone obtenue à partir d’un charbon de la couche brûlée sous-jacente au tertre, laissent entrevoir la possibilité d’une construction du monument réalisée antérieurement au Campaniforme. L’analyse des pâtes de quatre fragments de vases campaniformes et d’un fragment de vase du Bronze moyen a montré que leurs éléments constitutifs ont vraisemblablement été prélevés dans l’environnement proche du dolmen. L’analyse des traces relevées sur des pièces lithiques de la chambre et du tumulus a mis en évidence l’utilisation d’une partie de ces outils à des fins de découpes de matière animale et végétale. Quelques fragments d’un même vase et des anneaux en bronze datant du Bronze moyen déposés dans la chambre ou provenant, plus vraisemblablement, d’un dépôt effectué dans le tumulus révélé par les collages entre les fragments d’un vase situés dans la chambre et ceux provenant du tumulus ont été découverts à la partie supérieure du remplissage. Dans le tumulus, à l’ouest et au sud, des vestiges osseux humains très fragmentés et altérés, du mobilier campaniforme et du Bronze moyen et final ont également été découverts. Ils témoignent de l’utilisation du tertre à au moins trois périodes sans pour autant que l’on puisse préciser la destination de ces dépôts.
5Le bref exposé de la recherche, encore assez peu développée à l’heure actuelle, sur les contextes funéraires au Néolithique dans les Alpes méridionales fait ressortir l’importance des résultats obtenus grâce aux travaux effectués sur le dolmen du Villard.
6Quelques réflexions sur les modes collectifs et individuels d’inhumation à la fin du Néolithique final en Provence complète cette monographie. À travers l’étude du mobilier sépulcral spécifique du Campaniforme ou de celui utilisé aux époques contemporaines ou proches, de la gestion des architectures traditionnelles réutilisées ou des nouvelles constructions funéraires, se dessine une évolution progressive vers un plus grand nombre de sépultures individuelles. Cette étude fait également apparaître l’abandon, vraisemblablement à la fin du Bronze ancien vers 1700-1600 ans avant J.-C., de la sépulture collective pour le mode individuel d’inhumation.
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Le dolmen du Villard, Lauzet-Ubaye (04) et le contexte funéraire au Néolithique dans les Alpes méridionales
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