La statuette de l’Enfant-Jésus d’Apt et son culte au XVIIe siècle
p. 143-156
Texte intégral
1Dans L’art religieux de la fin du XVIe siècle, du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle1, Émile Mâle consacre au chapitre des « dévotions nouvelles » quelques lignes à l’ouvrage d’un Cordelier d’Apt, le père Elzéar Borély, La dévotion du Saint Enfant-Jésus au berceau pratiquée par saint Elzear et sainte Dauphine, publié à Paris chez Hélie Josset en 1664. Le père Irénée Noye mentionne également ce livre dans la notice « Enfance de Jésus » du Dictionnaire de spiritualité2. L’œuvre du religieux aptésien s’avère en revanche inconnue des auteurs régionaux3. Après l’avoir vainement cherchée dans les bibliothèques du sud-est, je l’ai consultée à la Bibliothèque nationale de France, où les auteurs que je viens de citer l’avaient sans doute lue avant moi. Cet in-12° de 276 pages, dédié au dauphin, y figure sous la reliure de maroquin rouge frappé des armes du roi qui indique qu’il provient de l’ancienne bibliothèque royale4. Cet exemplaire est à ce jour le seul que j’ai pu repérer. Tel constat laisse présumer que sa diffusion pourrait avoir été assez confidentielle. Le livre du père Borély n’en présente pas moins un double intérêt : celui d’attirer l’attention sur une statuette peu connue qui aurait appartenu à Elzéar et Delphine de Sabran et celui de montrer comment une effigie préexistante peut faire l’objet d’un culte renouvelé au temps des hautes eaux de la réforme catholique.
2La statuette de l’Enfant Jésus a été transférée en 1790 à la cathédrale d’Apt lors de la fermeture du couvent des Cordeliers ; elle y est conservée dans une annexe de la sacristie, où elle n’est montrée que sur demande. Le père Elzéar Borely la décrit ainsi, de façon fort précise :
« Elle est de bois de noyer, d’un pied et demy de hauteur et représente le petit Jésus à demy emmailloté. Les draps le couvrent depuis les aisselles jusques aux pieds qui se trouvent couverts par la draperie qui est si bien représentée que beaucoup d’étrangers s’y sont trompez en le prenant pour du drap d’or, enrichy d’un passement de broderie. L’Enfant Jésus a les bras en liberté, ils sont nuds et sortant du maillot, ils demeurent croisés sur son petit estomach avec tant d’agrément qu’on ne le scaurait voir sans admiration et sans joye. Il a le reste du corps découvert jusques à la teste, son teint est fort délicat, ses petites mains sont blanches et potelées et son visage a encore de plus grands charmes que le reste du corps. Comme cette partie là contribue le plus à sa beauté, elle est aussi en cette belle image la plus animée et la plus accomplie, de sorte qu’il semble que la nature y ait plutost travaillé que l’art et que c’est là plutost l’ouvrage d’un père que d’un sculpteur (sic). Enfin son petit visage est rond, sa bouche peu fendue et fort incarnate, il a de l’embonpoint sur ses joues, son nez est parfaitement bien fait, ses yeux sont brillans et semblent regarder ceux qui l’abordent et son front comme tout le reste du visage paraît avoir de la majesté au delà de l’Enfance »5.
3L’auteur signale ensuite que la statue était couronnée de son temps par une œuvre d’orfèvrerie qui n’a pas survécu à la Révolution :
« Sa teste est couronnée d’un diadème riche et curieux puisqu’il est enrichy de pierres précieuses dont la plupart sont fort rares. Ce diadème est bordé d’un filet d’or en relief qui sert de couronne à cet ouvrage et qui est si bien travaillé que plusieurs maistres ont dit qu’il estait un chef d’œuvre de leur art »6.
4Le coffre à décor intérieur historié dans lequel la statuette était alors conservée semble également avoir disparu. Je crois utile de citer intégralement la description que le p. Borély en donne car il ne me paraît pas attesté par ailleurs :
« Ce petit Jésus est conservé dans une layette aussi ancienne que l’image puisque c’est là que le roy Robert l’enfermait. Cette cassete n’est peinte que de rouge et enrichie de quelques filets d’or au dehors, mais le dedans est orné de belles peintures qui représentent le mystère de la naissance de Jésus Christ. On voit au milieu de la couverture la Sainte Vierge et saint Joseph qui adorent le petit Jésus couché dans le coffre. Du haut le ciel paraît ouvert, plusieurs anges en descendent en foulle, chacun d’eux portant un instrument de musique et chantant, ce semble, le verset Gloria in excelsis Deo. Il ya a aussi au costé de saint Joseph et de la Vierge deux ou trois anges à genoux qui adorent leur créateur humanisé et au bas de la couverture paroissent plusieurs bergers qui portant la main sur les yeux, témoignent qu’ils sont éblouys et qu’ils ne peuvent souffrir le grand esclat qui dissipe les ombres de la nuit. On en voit d’autres en éloignement qui gardent leurs troupeaux et prestent l’oreille à la musique que les anges font en descendant sur la terre. Toute cette agréable peinture est relevée d’or que la longueur des années n’empêche pas de passer pour un effait des plus beaux arts et qu’on ne voye bien qu’on avoit employé les plus excellens ouvriers de ce siècle-là pour representer une Nativité qui devait être l’objet de la dévotion d’un roy fort pieux. Le dedans est embelly d’une peinture aussi belle que celle qui paraît en la couverture, il y a un bœuf et un âne peints à genoux comme adorants leur créateur, et tous les autres endroits sont ornez de beaux païsages où les vents impétueux secouant les arbres dépouillez de verdure représentent assez naïvement la rigueur de la saison en laquelle le fils de Dieu voulut naistre »7.
5E. Borély assure que cette statuette provient de l’oratoire personnel du roi Robert de Naples qui l’aurait offerte à Elzéar de Sabran sur le conseil de la reine Sanche, son épouse8. Cette origine avait déjà été affirmée quelques années auparavant par l’Oratorien Joseph Parisot dans son Explication de la dévotion à la sainte Enfance de Jésus Christ, dont le tome second renferme un calendrier historial des « dévots du saint Enfant-Jésus » où l’on trouve à la date du 27 septembre un développement sur la dévotion christique des deux saints aptésiens. Le père Parisot cite à l’appui « les vieux documents que ces bons religieux [les Cordeliers d’Apt] gardent avec grand soin »9. Le père Borély laisse entendre que « ceux qui déposèrent dans le procès de leur canonisation disent des choses merveilleuses sur ce sujet et surtout du long temps qu’ils employaient à cette dévotion »10.
6La statuette n’est guère documentée. L’on en trouve une mention dans un inventaire de la sacristie du couvent des Cordeliers, qui n’est pas daté mais dont l’écriture est du XVIe siècle11. Son intérêt principal, outre une allusion au coffret qui sans doute le renfermait, est d’indiquer qu’il s’agissait, du moins à cette époque, d’une « effigie parée », revêtue lors des fêtes de quelques vêtements et ornements, comme la plupart des statuettes de l’Enfant-Jésus :
« Item, petit Jésus avec que son petit quofre et son petit meinage, savoir est de patres auqual ( ?)12 avec que une branche de quoral et de qualates, une blanche avec que davangiles, dus de velous, dus mantelet de tafatas et autre petit menage » (une autre écriture a ajouté : « chamise, bequins »).
7Parmi les voyageurs, seuls les Mauristes Doms Martène et Durand semblent l’avoir vue lors de leur passage à Apt en 1710. Ils reproduisent une tradition différente de celle dont Borély se faisait l’écho :
« au grand autel est le tombeau de marbre de saint Elzéar que le cardinal Anglicus, neveu d’Urbain V, fit construire. Toute la vie du saint y est représentée. Ses reliques avec ses heures et le petit Jésus de sainte Delphine son épouse sont dans la sacristie »13.
8L’abbé Arnaud d’Agnel a cru naguère pouvoir l’identifier comme « un Santo bambino italien du XIVe siècle donné par la reine Sanche de Sicile à Delphine de Signe à l’occasion de son mariage avec Elzéar de Sabran »14. Hypothèse intéressante par le rapprochement qu’elle suggère mais impossible pour la circonstance avancée, le mariage d’Elzéar et Delphine ayant eu lieu en 1299 et Sanchie d’Aragon n’ayant épousé Robert qu’en 1306. La statuette d’Apt peut être mise en rapport avec ces « jouets de dévotion » (Ch. Klapisch-Zuber) qui figuraient dans le trousseau de jeunes mariées ou de novices dans l’Italie de la fin du Moyen Âge15. L’on peut aussi la rapprocher d’une autre statuette franciscaine plus célèbre mais mal datée, le Gesù bambino d’Aracoeli de Rome. L’on soulignera du moins l’usage pieux qu’Elzéar et Delphine en auraient fait. Selon Borély (et Parisot),
« ils emmaillotaient trois fois le jour l’image de l’Enfant Jésus avec autant de soin que si elle eust esté leur enfant propre et avec la même exactitude que si elle eust esté en vie et qu’elle en eust eu véritablement besoin » et « ils prenaient l’Enfant Jésus, le relevaient du berceau et le portaient entre leurs bras (...) à la façon d’un père et d’une mère qui caressent leur fils unique »16.
9Telles manipulations d’une effigie se retrouvent dans les vies des mystiques conventuelles des siècles suivants.
10L’on ne peut cependant qu’observer l’absence d’allusion à cette « relique » dans les biographies des « saints époux » publiées au XVIIe siècle, qui semblent conférer un nouvel élan à leur culte17, celle du Jésuite Etienne Binet, parue à Paris en 162218 et celle que le père E. Borély a fait éditer à Lyon en 165419. D’autant que le p. Binet a aussi publié Les saintes faveurs du Petit Jésus au cœur qu’il aime et qui l’aime (Paris 1626, traduction flamande la même année), ouvrage inspiré de la dévotion à l’Enfant-Jésus de nos deux saints20. Le Cordelier semble expliquer pour sa part son silence dix ans plus tard, dans l’avis au lecteur de son Berceau du saint Enfant-Jésus21, lorsqu’il écrit : « J’avoue en cet avertissement que nous devons un renouvellement si louable [de cette dévotion] à la piété exemplaire des Prestres de l’Oratoire ». Cet éloge des Oratoriens est repris de façon plus appuyée encore dans le dernier chapitre où le père Borély écrit que la dévotion à l’Enfant-Jésus a été rétablie « à leur imitation »22.
11Entre temps en effet, le père Joseph Parisot a établi dans les maisons de l’Oratoire d’Aix et Marseille la dévotion à l’Enfant Jésus initiée par la Carmélite de Beaune, Marguerite du Saint-Sacrement23. Son Explication de la dévotion à la sainte Enfance de Jésus Christ parue à Aix en 1657, où il a attiré l’attention sur la statuette d’Apt, ainsi que la biographie de Marguerite du Saint-Sacrement rédigée par son confrère Amelote et publiée l’année précédente, proposent aux clercs et aux fidèles un ensemble riche et cohérent de prières et d’exercices spirituels qui vont contribuer au rayonnement que cette dévotion connaît en Provence dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
12Le père Parisot atteste en 1657 que la statuette d’Apt est déjà l’objet d’un culte qui a pu jusqu’alors être assez peu apprécié des religieux parce qu’il relève de ce que les historiens appelaient naguère « la religion populaire ». Or les pratiques décrites vont s’avérer assez proches de celles qui entourent la statuette réalisée pour le carmel de Beaune où ces dernières sont le fait de membres des catégories supérieures24 :
« Cette sacrée image est signalée de miracles, plusieurs personnes après avoir passé en stérilité beaucoup d’années de leur mariage, offrant leurs prières et leurs vœux aux pieds de cette image, ont obtenu des enfans ; plusieurs autres voyant leur enfans malades à mort, leur ont obtenu la guérison et la vie, en les affeublant des petis habits dont on a auparavant revêtu cette sacrée image ».
13Le père Borély confirme ces propos et renchérit même :
« Les voeux qu’on vient adresser de toute part à cette belle image, les présens qu’on luy offre et les actions de grâces qu’on luy vient rendre sont des témoignages assez convainquants des miracles que Dieu opère en la personne de ceux qui honorent son Image. Il ne se passe pas d’années qu’on ne voye des femmes qui ne pouvant conserver leurs enfans viennent à cette sainte chapelle pour demander de petites hardes qu’on a autrefois offertes à cette divine image et en ayant habillé leur enfans, elles reconnaissent par un miracle visible que le mal les quitte d’abord et qu’ils reprennent les forces de la vie (...) La stérilité même des femmes devient féconde par les miracles que cette sainte image fait en faveur de celles qui la réclament. On en voyt souvent dans la chapelle de saint Elzéar qui après douze, quinze et même vingt années de stérilité y viennent faire des voeux et à la fin de l’année rendent grâces avec leurs petits enfans à l’image de Jésus »25.
14Marguerite du Saint-Sacrement pensait avoir obtenu en 1637 par sa médiation auprès de l’Enfant-Jésus la naissance du futur Louis XIV. E. Borély écrit :
« J’ai veu deux religieux venus exprès de Paris dans la chapelle de saint Elzéar dire la messe pour le grand besoin que la France avait d’un dauphin, nous ayant assuré que la reyne les avait envoyés ».
15Il dit avoir lui-même montré à Anne d’Autriche la statuette lors du passage du roi et de sa cour en Provence en 166026. L’essentiel de son propos revient à démontrer l’antériorité des Cordeliers, de ceux d’Apt en particulier, à l’égard d’un culte qui vient de recevoir un nouvel élan. Ses premiers chapitres évoquent la dévotion à l’Enfant-Jésus de Saint François d’Assise et des religieux de l’ordre séraphique, les Clarisses ou Saint Antoine de Padoue, afin de marquer la filiation franciscaine et royale de la statuette, offerte par des Capétiens, les Angevins, qui étaient tertiaires de Saint-François à d’autres tertiaires franciscains, Elzéar et Delphine27.
16Le père Borély veut, en cette conjoncture favorable, procurer un renouveau au culte de la statuette d’Apt. Il convient, pour reprendre les termes désormais classiques de M. Venard, d’enrichir et réinterpréter les gestes d’une « religion sacrale » qui l’entourent déjà au moyen des pratiques spirituelles d’une « religion dévote ». Le Cordelier propose deux types d’exercices pieux complémentaires. Ceux qu’aurait pratiqués en son veuvage Delphine – laquelle « associa à la famille du saint Enfant Jésus environ seize personnes des plus dévotes qu’elle trouva dans la ville d’Apt » –, ont lieu pendant la quarantaine de Noël, dont chacune des semaines est dédiée à un thème de méditation devant la statuette (l’Annonciation, la Visitation, la Nativité, la Circoncision, la Purification), ce qui implique autant de stations quotidiennes dans l’église des Cordeliers. La « dévotion du saint enfant jésus restablie dans l’église des Cordeliers de la ville d’Apt » emprunte le principe de la célébration des « 25e de chaque mois » à la « famille de l’Enfant-Jésus » créée par les Carmélites de Beaune et les Oratoriens. Le p. Borély fait allusion à « ceux qui sont associés à la Sainte famille » ; de fait, une confrérie du Saint Enfant-Jésus a été établie par délibération conventuelle du 8 juillet 166228. Elle semble jouer un rôle très discret, au point de n’avoir pas laissé de trace d’archives. Les Cordeliers ont en effet bénéficié par acte notarié en date du 14 octobre 1662 d’une fondation de messes, due à Anne Eymon, veuve d’un marchand d’Apt, qui permet de financer le renouvellement public de la dévotion29. L’acte confirme le texte d’E. Borely et en précise quelques aspects ; il prouve combien la dévotion est démarquée de celle du Carmel de Beaune : les exercices se feront le 25e de chaque mois et un Cordelier devra à la fin de la dernière messe réciter le chapelet du Saint Enfant-Jésus. Ce « petit chapelet qu’ils (les associés) doivent dire » selon E. Borély est très vraisemblablement la couronne de quinze grains de Beaune, toujours en vente au Carmel de la ville. Un religieux devra aussi réciter les litanies du Saint Enfant-Jésus qui sont celles que propagent les Oratoriens30.
17Les Cordeliers simplifient cependant fortement les pratiques de la « famille de l’Enfant-Jésus », qui étaient réservées à une élite très dévote, sachant pratiquer la méditation et l’oraison mentale, réunie en une association semi-fermée, alors que celle des franciscains d’Apt semble relever du type de la confrérie-luminaire, librement ouverte à tous ceux qui souhaitent y adhérer (le p. Borély précise qu’« on publie [la fête] tous les 24e au soir au son de la cloche »). Il n’est point question que la confrérie d’Apt se réunisse pour la célébration des 25e à minuit dans sa chapelle pour un long office nocturne imité des ordres contemplatifs comme le font les associations oratoriennes d’Aix et Marseille qui suivent ainsi de mois en mois un riche et complexe parcours spirituel. Les membres de la confrérie des Cordeliers font célébrer chaque 25e du mois « trois messes de suitte » puis :
« Un des sacristains de la chapelle du Saint Enfant Jésus qui est établi directeur de cette dévotion fait la lecture devant tout le monde de trois points de méditation et de leur pratique sur la Nativité et l’Enfance de Jésus. Il leur fait ensuite une petite récapitulation des devoirs qu’ils sont obligés de rendre tous les jours à ce Divin Enfant par ce petit chapelet qu’ils doivent dire et pour l’instruction de ceux qui sont nouvellement agrégés à cette sainte famille ; ils récitent à genoux les Pater et les Ave selon l’ordre de l’institution ».
18Le tout s’achève par le chant par un religieux des « hystoires du Saint Enfant-Jésus » (les litanies oratoriennes) et la bénédiction du Saint Sacrement. Cette célébration est marquée par l’exposition, douze fois par an, de la statuette :
« Les sacristains de la chapelle de saint Elzéar et sainte Dauphine ornent leur autel le plus magnifiquement qu’il leur est possible et pour mieux représenter la famille du saint Enfant Jésus, ils mettent l’image de ce divin Enfant entre les deux chasses de nos deux vierges mariés au lieu le plus éminent de la niche et au milieu des reliques on y fait un petit throsne le plus éclatant qu’on le peut rendre, sur lequel on met le Saint Sacrement pour dominer sur tout cet appareil de dévotion »31.
19Ces emprunts avoués à une autre famille spirituelle étaient satisfaisants pour les deux parties. Le père Parisot s’efforce dans son second volume de montrer que la dévotion à l’Enfant-Jésus de Beaune s’inscrit dans la continuité d’une tradition multiséculaire cautionnée en particulier par saint François et sa postérité religieuse. L’antiquité de la statuette aptienne en peut servir de preuve archéologique. Les Cordeliers ont pour leur part intérêt à adopter les pratiques issues du Carmel de Beaune au prix de leur adaptation à des références franciscaines, puisées dans la vie de saint François et saint Antoine de Padoue et dans celle des deux saints locaux. La densité de l’implantation oratorienne en Provence procure alors à la dévotion à l’Enfance née des visions de la Carmélite de Beaune une diffusion dont on citera un seul exemple : parmi les trente-deux miracles attribués à l’intercession de Marguerite du Saint-Sacrement dont les dossiers sont conservés au Carmel de Beaune figure la guérison en juillet 1654 de Jeanne Vernette, fille d’un écuyer de Pertuis, qui s’était fait prêter une croix renfermant un morceau de la robe de la Carmélite que détenait « une personne de ses amis »32. Les efforts du p. Borély pour faire reconnaître la précocité franciscaine du culte de l’Enfant-Jésus semblent d’ailleurs trouver un écho dans les pages que l’ancien Oratorien François Marchetti consacre à la Noël dans son Explication des usages et coutumes des Marseillais, paru en 168333. Le prêtre marseillais prend grand soin de distinguer ce qui revient à l’Oratoire et ce qui est hérité de François d’Assise. E. Borély commet une erreur lorsqu’il écrit que saint François « fit donc bastir un autel, sur lequel il fit faire une crèche qu’il remplit de foin, ensuite de quoy il y mit l’image de l’Enfant-Jésus entre celles de la sainte Vierge et de saint Joseph. Il y posa mesme un âne et un bœuf et y fit représenter l’estable de Bethléem »34. L’on retrouve semblable affirmation, promise à une longue postérité, sous la plume de F. Marchetti, qui présente saint François comme « l’inventeur » des crèches de Noël.
20Les « familles » oratoriennes du Saint Enfant-Jésus ont décliné en Provence dès la fin du XVIIe siècle, ce qui semble moins indiquer l’affaiblissement de la dévotion que la poursuite de sa diffusion par d’autres supports, du livret de cantiques à la crèche de Noël35. Dans le cas de celle d’Apt, la documentation est infime et ne permet pas de suivre son devenir. Un livre du couvent atteste par une notule que la pension a été acquittée par sa fondatrice ; une autre mention signale ses héritiers, André et Dominique Chastan (sans doute les enfants de sa fille) qui se partagèrent l’héritage de leur père en 1713 ; une autre note non datée précise que Joseph Chastan « demeurant proche des dames de la Visitation » (le fils de l’un d’eux ?) est le représentant des héritiers d’Anne Eymon et qu’il verse chaque année le 25 octobre la pension de 18 livres ; les héritiers ajoutent « gratuitement » six livres36. Il est donc vraisemblable que les messes et récitations de chapelets des 25e de chaque mois se sont poursuivies au couvent pendant deux sinon trois générations.
21L’Enfant-Jésus d’Apt, malaisément accessible pour le visiteur, n’est signalé par aucun guide et semble être resté quasiment ignoré à l’époque contemporaine des auteurs qui n’étaient pas spécialistes de la ville. En revanche, les historiens locaux attestent d’une permanence de très longue durée des fonctions thaumaturgiques qui lui sont attribuées. Selon A. Roux, « cette statue, placée ensuite dans un petit berceau, a donné naissance à une tradition populaire. Les époux qui ne veulent pas demeurer stériles vont remuer le berceau de Sainte-Anne, bouléga lou brès de Santa Anna d’at, dit-on en provençal »37. Rite né d’une nouvelle présentation de la statuette couchée dans un berceau à patins, accompli en présence du clergé qui semble l’avoir admis jusque vers 196538, très proche de celui qu’auraient pratiqué Elzéar et Delphine, mais dans un but bien différent.
22Le faible rayonnement du culte de l’Enfant Jésus d’Apt peut paraître a priori surprenant. Il s’agit sans doute de la plus ancienne statue d’Enfant-Jésus de mouvance franciscaine signalée en France, elle est liée au souvenir de deux saints et est conservée dans une des principales villes de pèlerinages du sud-est. L’on objectera que les reliques de sainte Anne dans la cathédrale devaient attirer davantage les pèlerins que celles des « saints époux » dans la petite église des religieux – ce que l’exemple d’Anne d’Autriche ne confirme guère. L’on ajoutera plus vraisemblablement un certain manque d’initiatives de la part des Cordeliers d’Apt, qui ont suivi l’exemple par des Jésuites dans l’illustration des vertus d’Elzéar et Delphine et celui des Oratoriens pour promouvoir la statuette de l’Enfant-Jésus. L’on notera aussi l’ambiguïté d’une exposition de la statue entre les reliquaires de ses deux possesseurs, qui tend à lui conférer un statut de simple « relique représentative » (objet ayant appartenu à un saint) en comparaison des « reliques réelles » (ossements) renfermées dans les deux chasses.
23Si l’on compare l’Enfant-Jésus d’Apt aux autres statuettes « miraculeuses », en général plus récentes mais dont le culte a pris au XVIIe siècle une toute autre ampleur, le handicap majeur de la figurine provençale semble se dessiner : son origine est historiquement datée mais son histoire ne renferme aucun indice d’une intervention divine : il s’agit d’un cadeau royal sanctifié par les mains d’Elzéar et Delphine conservé parmi les vêtements et objets leur ayant appartenu. En comparaison, les pouvoirs des statuettes de l’Aracoeli de Rome et de l’Enfant-Jésus de Prague se manifestent d’emblée par des événements d’exception qui suivent l’arrivée du premier à Rome depuis la Palestine et accompagnent la sculpture puis la redécouverte du second39. Le « Roi de gloire » du Carmel de Beaune a été réalisé par Monsieur de Renty d’après les visions de Marguerite du Saint-Sacrement. L’Enfant-Jésus d’Apt ne bénéficie d’aucun de ces faits « de nature surnaturelle », qui assurent également au XVIIe siècle le succès des « sanctuaires paniques » naguère définis par A. Dupront, dont Notre-Dame-de-Lumières est l’exemple dans l’immédiate proximité d’Apt40.
24Le modeste et discret succès « populaire » de la statuette d’Apt s’avère néanmoins avoir été de très longue durée si l’on en juge par les rares mentions qui trahissent la persistance de ses fonctions thaumaturgiques, fondées sur une efficacité analogique qui s’inscrit d’ailleurs en contradiction totale avec la vie des « chastes époux ». Ces vœux signalés à plus de trois siècles de distance attestent sans doute d’une longue et obscure faveur locale, de mille gestes dont presque rien ne transparaît dans la documentation historique.
Annexe
Annexe
« Fondation faicte par Mlle Ane Eimon
Au nom de Dieu soit faict. Lan 1662 et le 14 jour du mois doctobre avant midy en la ville dApt par devant moy notaire et témoins a été pers. Establie Dlle Anne Eymon, veufve de Jehan brun, marchand en son vivant dudit Apt, laquelle de peur gré et libre volonté, esmue de dévotion envers la Ste Enfance de Jésus, pour la plus grande gloire de Dieu, lexpiation de ses péchés, de sondit mary et enfans, désirant de tout son coeur que la confrerie et devotion dud. St Enfant Jésus saumante de plus en plus et pour y obliger dautant mieux les Rds. Pères Cordeliers dans leglise desquels aud. Apt ladite confrerie a deja commancé sans fondation, de continuer dhors en avant lexercice de lad. Devotion par eux commancée à lhonneur de la Ste Enfance de Jésus ; elle a fondé et fonde dans lad. Eglise, veult et telle est sa vollonté que par led. Rds peres religieux dud. Couvent dApt soit perpetuellement exposé (f° 1042 r°) le tres auguste et adorable sacrement de lautel avec douze cierges de cire blanche, le vingt cinquième de chaque mois de lannée à la chapelle de St Elzear le matin dud. jour vingt cinq de chacuns mois, pendant les messes qui seront celebrées dans lad. Chapelle comme ils font deja, auxquelles on priera Dieu pour elle, sond. Mary et enffens et à la fin de la derniere messe un desd. Religieux recitera à genous devant lesd. St Sacrement à haulte voix le chapelet du St Enfant Jésus comme on a desja commancé pour obliger les adcistans den faire le mesme et cest à lintention de lad. Eymon, sond. Mary et famille ; et le soir du mesme jour, led. Adorable St Sacrement sera exposé au Maistre autel de lad. eglise sur lequel sera mis lefigie du St Enfant Jésus quon honore dans lad. Chapelle de St Elzear et auparavant la benediction devant le St Sacrement les litanies du St Enfant Jesus seront chantées par un desd. Religieux, et au cas que le vingt cinq du mois dans lavant ou le caresme se rencontra un jour de vendredi auquel on fait la devotion de ladoration de la Croix (f° 1042 v), lesd. Rds peres donneront la benediction le soir du jour auparavant qui sera le vingt quatre et le matin du vingt cinq exposeront le St Sacrement et feront les prieres suivant la coutume. Pour la dotation et entretenement de laquelle fondation, lad. Eymon veult, entend et soblige payer et sera payé perpetuellement par elle et ses heritiers ausd. Rds peres Cordeliers absants pour lesquels moy not[ai]re est[im]ant quils lauront agréable ay stipulé une pension de dix huit livres tous les ans et son fonds et capital de trois cents livres, laquelle pension veut estre payée à chacund. jour vingt cinq doctobre tous les ans perpetuellement, promettant elle de commancer le premier payement au vingt cinq du pnt mois et ainsi continuera durant sa vie et après elle par ses heritiers qui sen trouveront chargés. Le tout à peyne de tous depens, domaiges et interests imposant, assignant et assurant icelle Eymon lad. pension et sond. capital trois cents livres sur tous et chacuns ses biens et droits pts et futeurs et ce autre et par dessus la somme de vingt quatre escus que sond. feu mary donna et paya aud. (f° 1043 r°) couvent des Cordelliers de son vivant et ou nauraient esté employés à quelques reparations ou ornemens pour lad. eglise, veut quils servent pour augment à cette fondation par dessus lesd. trois cents livres à cette condition quen cas qua ladvenir lad. fondation et devotion cessa ou le matin ou le soir par trois fois de suite et quelle ne se continue, lad Eymon fondatrice veult et telle est sa volonté, que ladte pension cesse et quelle soit employée par ses heritiers ou ceux qui se trouveront chargés du payement dicelle pour habiller de pauvres necessiteux de lad. Ville ou faire dire de messes a son intention, de sond. mary et ses enffans ; et pour le observer, icelle Eymon a soubmis et obligé tous et chascuns es biens et droits présents et futurs aux cours des sub[missions] de Provence et à toutes autres où sera besoin avoir recour et à l’une d’elles en forme et la juré avec deube renon[ciations] et requis.
Acte fait aud. Apt et publié à la maison de lad. Eymon, présents mre Antoine Prouvanse, prêtre bénéficier prébandé en l’église cath[édra]lle dud. Apt et me Elzéar desmichel, greffier royal ord[inai]re dud. Apt, témoins requis et signés aveq moy n[otai]re et lad. Eymon ne la seu faire, enquise.
Provance p[rê]tre ben[éficier]. Desmichel et moy Esmieu n[otai]re.
AD de Vaucluse, minute : 3 E 2 art. 819, f° 1041 v-1043 r°. Transcriptions dans H Cordeliers d’Apt 1 reg. 5 f° 1-3 et reg. 3, f° 167-168.
Notes de bas de page
1 E. MÂLE, L’art religieux de la fin du XVIe siècle, du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle. Étude sur l’iconographie après le Concile de Trente, Paris, 1932 et 2e éd., A. Colin, 1951, p. 325-326.
2 Dictionnaire de spiritualité, t. IV, 1ère partie, 1960, col. 674.
3 En particulier de C.-F.-H. BARJAVEL, Dictionnaire (...) du département de Vaucluse, Carpentras, 1841, t. I, p. 262, notice « Borély » et C. THOMAS et R.BRUNI, Bibliographie des pays du Luberon, Isle-sur-la-Sorgue, 1982.
4 BNF, cote D. 18412.
5 E. BORÉLY, La dévotion…, op. cit., p. 74-75. La statue a 0,45 m de hauteur.
6 Ibidem, p. 75-76.
7 Ibidem, p. 76-78. Madame Claude-Marie Pion m’a confirmé qu’aucun des coffrets italiens dits « de mariage » conservés actuellement dans le trésor de la cathédrale d’Apt ne correspond à cette description. Les dimensions de ces coffrets sont d’ailleurs insuffisantes pour qu’ils aient pu renfermer la statuette.
8 Ibidem, p. 63-67. Sur les « saints époux », Marquise de FORBIN D’OPPÈDE, La bienheureuse Delphine de Sabran et les saints de Provence au XIVe siècle, Paris, 1883, J. CAMBELL, La bienheureuse Dauphine de Puymichel d’après le procès de canonisation, Apt, cathédrale, 1962, A. VAUCHEZ, Les laïcs au Moyen Âge. Pratiques et expériences religieuses, Paris, Cerf, 1987.
9 J. PARISOT, Explication de la dévotion à la sainte Enfance de Jésus Christ nostre Seigneur…, Aix, 1657, 2 vol. , t. II, p. 915-917.
10 E. Borély aurait-il consulté le manuscrit de l’enquête du procès de saint Elzéar, qui n’est plus localisé depuis 1838 ? Rien du moins dans J. CAMBELL, Enquête pour le procès de canonisation de Dauphine de Puimichel (...), Turin, Bottega d’Erasmo, 1978.
11 AD de Vaucluse H Cordeliers d’Apt, art. 1 reg. 4 f° 387. Selon un article anonyme, « La statue de l’Enfant-Jésus », Bulletin de la basilique Sainte-Anne d’Apt, n° 79, janvier 1959, p. 8-9, cet inventaire daterait de mai 1523. Rien ne permet de l’affirmer et son second feuillet porte : « 1587, mensis julii ».
12 Sens très conjonctural. Peut-être s’agit-il de « patenôtres » (texte du Pater ou chapelet ?) et d’un hoqueton, petite casaque d’enfant ?
13 E. MARTÈNE et U. DURAND, Voyage littéraire de deux religieux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, Paris, 1717, p. 285-286.
14 G. ARNAUD D’AGNEL, « Le trésor de l’église d’Apt », Bulletin archéologique, 1904, p. 329-335.
15 C. KLAPISCH-ZUBER, « Les saintes poupées. Jeu et dévotion dans la Florence du Quattrocento », dans Ph. ARIÈS et J.-Cl. MARGOLIN éd., Les jeux à la Renaissance, Paris, 1982, p. 65-79, repris dans La maison et le nom. Stratégies et rituels dans l’Italie de la Renaissance, Paris, 1990, p. 291-307.
16 E. BORELY, La dévotion…, op. cit., p. 68 et encore p. 107 et p. 131.
17 L’ouvrage du p. Binet est cité dans une supplique des Cordeliers à l’évêque d’Apt du 12 mars 1641 demandant l’autorisation de « garnir des reliques » de Delphine une chasse qui vient d’être réalisée pour la placer à côté de celle d’Elzéar. AD Vaucluse H Cordeliers d’Apt, art. 1 reg. 4 f° 120-121 (installation des reliques, reg. 3 f° 126-1323).
18 R. P. E. BINET, La vie et les éminentes vertus de s. Elzéar de Sabran et de la bien-heureuse comtesse Dauphine, vierges et mariez. Deux phénix de la France, Paris, 1629 (5e éd., l’originale a paru à Paris en 1622 sous le pseudonyme de Benoît Coronné).
19 E. BORELY, Les miracles de la grâce victorieuse de la nature en la vie de sainte Dauphine, vierge, mariée à saint Elzéar d’Arian, Lyon, 1654.
20 Selon I. NOYE, Dictionnaire de spiritualité, art. cit., col. 674.
21 L’ouvrage de 1664 est ainsi désigné par son faux-titre.
22 E. BORÉLY, La dévotion…, op. cit., page initiale n.p. et p. 248.
23 J. ROLAND-GOSSELIN, Le Carmel de Beaune (1619-1660), l’auteur, Rabat, 1969. M.-F. GRIVOT éd., Marguerite du Saint-Sacrement. Correspondance, Saint-Appollinaire, Forelle, 3 vol. parus, 1997-1999. B. HOURS, « Reconnaissances sur les chemins d’une dévotion : l’Enfant Jésus et Marguerite du Saint-Sacrement », Chrétiens et sociétés XVIe-XXe siècles (Lyon), n° 4, 1997, p. 65-98. J. LE BRUN, « La dévotion à l’Enfant Jésus au XVIIe siècle » dans E. BECCHI et D. JULIA, dir., Histoire de l’enfance en Occident de l’Antiquité au XVIIe siècle, Paris, Seuil, 1998, p. 402-431.
24 Cf. les remarques de B. HOURS, préface à GRIVOT, op. cit., t. I, p. 23-43.
25 J. PARISOT, op. cit., t. II, p. 917. BORELY, La dévotion…, op. cit., p. 79-82.
26 Voir aussi J. LE BRUN, art. cit., p. 415. Sur le vœu d’Anne d’Autriche à sainte Anne d’Apt en 1623 puis son passage à Apt le 27 mars 1660, A. ROUX, La cathédrale d’Apt d’après des documents inédits, Apt, Reboulin, 1949, p. 38-39, qui précise que la reine visita le couvent des Cordeliers pour y prier devant les reliques d’Elzéar et Delphine.
27 Parmi les arguments avancés, l’un d’eux fait référence à une œuvre d’art disparue on voyait « la bien-heureuse Alphante (...) peinte en la chapelle de saint Elzéar avec l’Enfant Jésus comme on peint ordinairement saint Anthoine de Padoue », E. BORELY, La dévotion…, op. cit., p. 234.
28 Bulletin de la basilique Sainte-Anne d’Apt, n° 79, janvier 1959, p. 8-9 (Selon le « livre des délibérations » du couvent, que je n’ai pu retrouver).
29 . AD de Vaucluse, 3 E 2 art. 819, f° 1041 v-1043 r°. L’on trouvera le texte de cet acte ci-après.
30 Il est aisé de le vérifier : E. BORELY, La dévotion…, op. cit., p. 264-270 en fournit le texte complet, que l’on comparera à Le petit office du Saint Enfant Jésus et l’institution de sa famille par Sœur Marguerite du Saint Sacrement religieuse carmélite à Beaune (...), Paris, S. Huré, 1664, p. 35-38
31 E. BORELY, La dévotion…, op. cit., p. 255 et 252-253.
32 M.-F. GRIVOT, op. cit., t. II, p. 967-968, lettre 580 (du père Parisot, Aix, 2 janvier 1655). Je remercie sœur M.-F. Grivot de m’avoir communiqué le dossier conservé au Carmel.
33 F. MARCHETTI, Explication des usages et coutumes des Marseillais, Marseille, 1683, p. 117-121.
34 E. BORELY, La dévotion…, op. cit., p. 15.
35 R. BERTRAND, Crèches et santons de Provence, Avignon, Barthélémy, 1992, chap. I.
36 AD Vaucluse H Cordeliers d’Apt, art. 2 reg. 2 n. p. et reg. 1 f° 150.
37 A. ROUX, La cathédrale d’Apt, op. cit., p. 67. Même remarque dans R. BRUNI, Apt, ville d’art et d’histoire, Apt, office du tourisme, 1986 (2e éd.), p. 35.
38 . D’après le p. Bréhier, qui a recueilli le témoignage du p. Bremond, ancien curé d’Apt ; ce rite était également pratiqué selon lui en cas de grossesse difficile. Le p. Bréhier a noté cette expression plus précise : « Anen boulega lou Pichot Jésus ».
39 Sur le Gesù Bambino de l’Ara Coeli, A. MARCOVECCHIO, « Il culta delle statue vestite a Roma in età pontificia », La Ricerca Folklorica, 1991, n° 24, p. 63-71. S. GIORDANO, « L’Enfant-Jésus de Prague » dans R. BERTRAND, G. BOYER, J.-P. DORIVAL éd, La Nativité et le temps de Noël, à paraître
40 A. DUPRONT, Du sacré, Paris, Gallimard, 1987. B. COUSIN, Notre-Dame de Lumières, trois siècles de dévotion populaire en Luberon, Paris, Desclée de Brouwer, 1981.
Auteur
Université de Provence, UMR Telemme
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