Garsabal Voyages, carrière et fortune d’un officier pontifical
p. 7-28
Texte intégral
1Les corps de garde et d’honneur des papes du XIVe siècle restent méconnus. Portiers, huissiers, sergents d’armes et écuyers jouèrent néanmoins un rôle fondamental dans l’épanouissement d’une solennité curiale, qui marque la puissance d’un modèle monarchique. L’extrême variabilité des effectifs que chaque pape développait ou restreignait à sa guise, la gestion en apparence confuse des promotions, le large éventail géographique et social du recrutement, les compétences incertaines des officiers – qui envenimaient des questions de préséance et de hiérarchie – ont sans doute rebuté. Mises à part quelques esquisses corrosives de neveux chéris par un généreux pontife, peu représentatives du milieu sur lequel s’est appuyée la papauté pour gouverner, aucune étude biographique ne permet à ce jour d’éclairer les carrières complexes de ces officiers1.
2Ni sage, ni preux, notre héros est un obscur. Et pour cause : les scribes de la Chambre apostolique semblent l’avoir confondu au début de sa carrière avec Perceval de Bergame2 ; quant à l’historien de la curie avignonnaise, il n’a pu l’identifier parmi les quelque 4253 curialistes qu’il a relevés3. Les Introitus et Exitus ne donnent en effet, ni son rang social, ni son diocèse d’origine. Sa personne est souvent réduite à une mention brève, qui suscite presque l’effroi : Garsabaldus ! C’est dire le défaut perfide d’une comptabilité, dont l’apparente richesse informative conduit parfois à écarter d’autres fonds d’archives, et à soumettre de ce fait les existences à des schémas explicatifs établis.
3Afin de nourrir quelques réflexions futures, on retracera ici les différentes étapes de son parcours, en mettant l’accent sur les motifs de la longévité politique en curie et en s’interrogeant sur les connexions évolutives entre office et rang social.
Origines et premiers offices
4Les Garceval apparaissent entre 1130 et 1160 parmi les familiers de l’abbaye cistercienne de Sylvanès4. Ils se seraient installés au début du XIIIe siècle près de Sévérac-le-château, à Recoules, dont ils devinrent les seigneurs. Dès le début du siècle suivant, ils avaient atteint une certaine aisance matérielle5. C’est en effet, à cette époque, qu’ils firent édifier leur maison forte6, dont les tours dominent toujours une église paroissiale, elle-même reconstruite en 1313 sur un terrain leur appartenant. La clef de voûte d’une des chapelles, fondée en 1417 par le chef du lignage, porte encore les armes des Garceval, d’azur à quatre rochers d’or.
5Raymond était le deuxième fils du seigneur de Recoules, Amalric Garceval7. À patrimoine modeste, avenir tracé : il se devait de servir, au mieux pour acquérir un nom, au pire pour améliorer son existence. A-t-il accompagné le sénéchal de Rouergue, Guillaume Rolland, qui conduisait régulièrement des troupes au service du roi de France, en Flandre, dans le Sévéragais, en Périgord et Gascogne8 ? S’est-il, bien au contraire, contenté de jouir d’un appui que pouvait lui offrir sa belle-famille ? Son frère aîné, Amalric, avait en effet épousé, vers 1345, une nièce du défunt cardinal Raymond de Mostuéjouls9. Il est d’autant plus malaisé d’identifier les soutiens qui donnèrent un élan décisif à son existence, que Raymond Garceval apparaît presque simultanément dans le corps des sergents d’armes du pape Innocent VI et à la tête des services de police du maréchal de la curie, Guillaume Rolland, ancien sénéchal de Rouergue et de Beaucaire10.
6Il se fit cependant connaître en exerçant la charge de capitaine des 35 sergents du maréchal. S’il participait à double titre aux cérémonies et déplacements d’Innocent VI, l’essentiel de son activité consistait à poursuivre, incarcérer et déferrer devant le juge, les courtisans laïcs suspects de divers crimes et délits11. Ses hommes, astreints aux patrouilles de guet, devaient également faire respecter l’ordre public. Nul doute qu’il eut ses détracteurs, à une époque où l’Alperuche effarouchait les consciences. Gageons qu’avec l’aide du viguier, il réussit à briser cette organisation de brigands masqués qui commettait viols, crimes et larcins nocturnes12 !
7À ces fonctions statutaires, s’ajoutaient des missions ponctuelles. En 1358, il participa à la défense du Comtat Venaissin contre les routiers de l’archiprêtre, acheminant des renforts à Carpentras, à Noves et à Châteauneuf-du-pape13. Lorsqu’Innocent VI décida de contribuer au paiement de la rançon de Jean le Bon, retenu prisonnier à Londres, ce fut lui que l’on choisit pour remettre quelque 8 000 florins, aux officiers du roi, voyage qui, du 21 août au 4 septembre 1360, le conduisit jusqu’à Chalon avec 5 chevaux, dont un chargé d’une précieuse malle14. La confiance qu’on lui témoignait signalait une carrière, sinon brillante du moins solide.
8C’est probablement vers cette époque qu’il épousa Sibille, damoiselle du diocèse du Puy. Ce mariage avec une fille ou une nièce du chevalier Foulques d’Espaly, familier du maréchal et viguier au temporel de l’évêché vacant d’Avignon15, consolidait son intégration dans la clientèle des Rolland et dans le service de l’Église, à laquelle les d’Espaly, vassaux des évêques du Puy, étaient particulièrement dévoués16. La mort de son protecteur, en septembre 1360, obscurcit son horizon.
9Mais un expédient se présenta. Les relations que sa famille avait établies avec l’administration royale, l’appui efficace et discret de la papauté, lui ouvrirent les portes du service du roi : le 9 novembre 1361, il était nommé bailli de Vivarais et de Valentinois17. En ces temps de faiblesse monarchique, disposer d’un fidèle serviteur à la tête d’une circonscription contrôlant un des principaux accès à la curie était précieux. Dans la nuit du 28 au 29 décembre de l’année passée, les routiers s’étaient emparés du Pont-Saint-Esprit. On s’en était débarrassé à grand peine, à grands frais18 ; et tout danger n’était pas écarté. Le 6 avril 1362, l’armée royale subissait une nouvelle et grave défaite à Brignais, près de Lyon.
10Le cahier des entrées et sorties de curie des officiers pontificaux montre que le bailli n’exerça son office qu’à contre-cœur, tout au moins, en résidant en Avignon : entre le 1er novembre 1361 et le 1er novembre 1362, il passa près de neuf mois à la cour pontificale19 ! La seule action militaire qu’il entreprit assurément, en août 1362, contre le seigneur d’Annonay, Aymar de Roussillon, engageait les intérêts de feu le cardinal Pierre Bertrand20. On peut avancer sans risque que le bailliage de Vivarais fut une position de repli pour l’officier pontifical que Raymond Garceval entendait demeurer. Son court gouvernement conduit néanmoins à revoir les rapports entre la curie et l’administration royale dans le sud de la France, plus souvent considérée comme un vivier dans lequel la papauté puisait ses officiers, que comme espace d’affectation de ses propres serviteurs.
La double carrière d’un familier
11L’élection d’Urbain V, le 28 septembre 1362, n’allait pas l’engager à servir assidûment le roi. La mère de Guillaume Grimoard était une Montferrand21, auxquels les Garceval prêtaient hommage pour leurs terres de Prévinquières22. En outre, le nouveau pape avait peu de fidèles, initiés aux mécanismes de la curie. Raymond fut presque immédiatement admis dans le groupe de ses familiers. Le 30 octobre, il était promu huissier-maître, le 10 novembre, viguier au temporel de l’évêché d’Avignon23. L’association entre fonction domestique et charge publique signalait d’emblée la faveur du souverain, attentif à ce que le service du pape n’abaissa pas la condition qu’il avait auparavant24.
12Le viguier au temporel de l’évêché avait de larges attributions, notamment le gouvernement d’une série de biens, droits et châteaux, disséminés en Avignon, dans le sud et l’ouest du Venaissin, mais également en terres française et provençale, où les châteaux de Saint-Laurent-des-Arbres, Barbentane, Noves, constituaient autant de postes avancés permettant de donner un peu de profondeur à la défense de la curie. La nomination presqu’immédiate d’Anglic, frère d’Urbain V à cet épiscopat, limita ses responsabilités. Raymond Garceval publiait sans doute, le 25 juin 1365, la concession par l’empereur Charles IV de foires à Noves25 ; il joua un rôle, non négligeable peut-être, dans l’affaire du château de l’Hers, dont le roi de France avait si maladroitement tenté de s’emparer aux dépens de l’évêque26. Néanmoins, sa charge avait une valeur plus honorifique qu’administrative.
13Parallèlement, ses fonctions curiales retenaient une bonne part de son activité. Disposant de l’écoute et de la faveur du pontife, Raymond Garceval acquit rapidement une certaine influence. Le roué Pierre Ameilh, archevêque de Naples, ne demandait-il pas, en juin 1363, à l’abbé de Psalmody, de le saluer de sa part ? Le 21 septembre, à un autre correspondant, de l’excuser auprès de Garcheval27 ? L’homme recevait d’Urbain V de nombreuses missions. Il veillait au bien être du pape et de ses familiers lors de leurs déplacements, s’occupait de transmettre ses dons à des personnes aussi diverses qu’une mendiante ou l’empereur Charles IV28, se voyait confier des missions diplomatiques, parfois élémentaires, parfois ardues, voire des négociations qui devaient rester secrètes29. Il dut recourir aux services d’un clerc30. Sa position s’affirmait.
14Lorsqu’Urbain V ramena le Saint-Siège en Italie, Raymond Garceval obtint un office de gouvernement dans l’État pontifical. Pour établir un lien immédiat entre les terres de l’Église et la curie, le pape attribua les principales charges temporelles à ses familiers : le 26 août 1367, à Viterbe, il prêtait serment devant le camérier pour le vicariat de Forli’31. Ainsi se trouvait confirmé l’association entre charge curiale et charge temporelle, cumul qui indiquait ostensiblement la faveur inaltérée du souverain.
15Toutefois, il n’est pas certain qu’il ait exercé longtemps ses nouveaux pouvoirs, ni personnellement, ni par l’intermédiaire d’un lieutenant. Nommé légat et vicaire général en Italie après le décès d’Albornoz, Anglic Grimoard lui substitua, à une date inconnue, un de ses neveux, Pons Villate32. Refus de servir en Italie ? Incompétence ? Notons simplement, que diverses affaires réclamaient la présence de Raymond en Languedoc33.
La construction d’une domination seigneuriale
16Sans que l’on en connaisse les motifs, Raymond avait hérité des biens de l’évêque du Mont-Cassin, Guigon de Saint-Germain34, de son neveu Guigue, d’Armand de Séjallières, de Pierre Arnaud et Astorge de Glavenas, tous anciens coseigneurs de Saint-Germain, au diocèse du Puy35. Il réclamait également, les héritages de Bérenger et Jean Sigald, de La Romiguière, au diocèse de Vabres, ainsi que, au nom de sa femme Sibille, ceux des damoiseaux Bertrand de Chandorat et Jean Prohet36. L’appui qu’Urbain V lui procura en écrivant à l’official du Puy, le 21 septembre 136737, étaya ses prétentions. Il se fit reconnaître comme seigneur de Saint-Germain : le 6 avril 1368, son procureur, Pierre de Chambarlac, chanoine du Puy, recevait l’hommage d’un de ses vassaux, le damoiseau Flocard de Montagu38. Le soutien pontifical ne fut peut-être pas étranger non plus, à son installation dans la vallée du Tarn, en aval de Millau : en 1372, Raymond est mentionné comme seigneur de Saint-Victor39, un petit château voisin de La Romiguière.
17En outre, la mort de son frère aîné, Amalric, vers 136540, avait fait de lui le véritable chef du lignage. Par sa naissance, son influence, sa fortune, nul n’était mieux placé que Raymond pour défendre les intérêts des Garceval. Avait-il hérité de quelques droits sur Recoules ? Monnaya-t-il les services rendus à sa famille ? On constate simplement qu’en 1370 son neveu ne revêtait plus le titre porté par son père. Il se contentait du titre de coseigneur de Recoules. Quant à Raymond Garceval, il se présentait, dans un acte de 1374, comme seigneur de Saint-Germain, Saint-Victor et Recoules41.
18Cet ensemble de possessions dispersées en Velay, Rouergue et Vabrais, signale d’abord la réussite matérielle d’un petit damoiseau rouergat. Pour médiocres que fussent le salaire et les indemnités perçues par un huissier-maître42, cette charge permettait néanmoins, par des voies que l’on aimerait mieux connaître, l’ascension sociale d’un cadet de famille. Les acquisitions de Raymond s’inscrivent dans le développement régional de deux lignages, l’un biologique, l’autre d’adoption. Son implantation à Saint-Victor était presque naturelle. Elle dérivait de la stratégie de développement des Garceval, orientée vers la vallée du Tarn et la région de Millau : sa nièce, Delphine, avait été mariée à Jean de Gozon, fils du seigneur de Mélac, en 136443 ; et deux ans plus tard, son neveu, Amalric, s’était uni avec Jausionne de Caylus, qui avait des droits sur les seigneuries de Saint-Rome de Cernon et Luzençon44. Il assurait ainsi son installation, tout en renforçant la présence du lignage dans la contrée. De la même manière, lorsqu’il fit valoir ses droits sur la seigneurie de Saint-Germain, il pouvait compter sur quelques soutiens en Velay, notamment sur celui de son beau-frère, Guillaume d’Espaly45. Avisé, Raymond Garceval n’a pas usé de sa fonction pour se lancer dans une politique impérieuse et brouillonne d’acquisitions lointaines. Il s’est introduit dans des régions, des pratiques et des stratégies éprouvées.
Couronnement et fin d’une carrière curiale
19L’élection de Grégoire XI au souverain pontificat ne modifia guère ses perspectives. Dès le 3 janvier 1371, Garsaballus était confirmé dans ses fonctions d’huissier-maître46. Le rang supérieur qu’il avait atteint, contribuait à maintenir une position en curie, qui ne semble pas avoir été menacée par l’élection du nouveau pape. Certes, il ne jouissait plus de la faveur du chef de l’Église : aucune charge honorable ne lui fut attribuée. Mais, il conservait ses fonctions, ce qui lui permettait de veiller sur ses intérêts et ceux de sa famille. Le 14 août 1371, il prêtait encore 400 florins au chevalier Pierre de Puyservier, seigneur de Bertholène et de La Romiguière, et à son frère. En janvier 1373, il versait au nom de son neveu, le premier terme de la dot de sa nièce, Gaillarde, soit 550 florins, à son mari, Jean, seigneur d’Avène47.
20La rupture entre Grégoire XI et le cardinal Anglic Grimoard, rappelé d’Italie dès l’automne 1371, eut des conséquences sur ses relations avec le chef de l’Église. À partir de 1372, Raymond Garceval est écuyer du pape48. C’était à la fois une promotion et une disgrâce : il perdait la fréquentation régulière du pontife, mais intégrait un corps prestigieux, peuplé de neveux, frères, parents, de Grégoire XI, des cardinaux et de barons français et romains. Il reçut diverses missions, qui le tinrent éloigné de la curie, parfois plusieurs mois. En avril-mai 1374, il était de ceux qui assuraient le transport de 9 766 francs à Verceil, dont la citadelle résistait encore aux assauts des forces pontificales, que l’on venait de renforcer et qu’il fallait solder49. En décembre, il fut envoyé auprès de la reine de Naples, pour favoriser le mariage entre la fille du comte de Fondi et un des fils du marquis de Montferrat50. Au printemps 1375, il demeura quelques temps à Pont-Saint-Esprit, probablement pour négocier l’engagement des routiers au service d’Enguerrand de Coucy, voire leur compter les 5 000 francs promis par le pape51. L’année suivante, il fut renvoyé en Italie pour remettre 50 000 florins au cardinal-légat, Robert de Genève, chargé de mâter les révoltes en Romagne52. Le 9 août 1376, Grégoire XI le recommandait aux Anciens de Lucques53. L’écuyer du pape recevait des missions que l’on ne pouvait confier qu’à un serviteur dévoué et rompu aux affaires de l’Église, mais qui manifestait un éloignement significatif de la faveur pontificale.
21Il en tira les leçons. Lorsque Grégoire XI partit pour Rome, Raymond demeura en Provence. Plus que son patrimoine languedocien, ses liens avec les milieux au pouvoir lors du précédent pontificat justifiaient sa résolution. Le pape laissait derrière lui une partie des services de la curie. 6 cardinaux sur 25, dont Anglic Grimoard, demeuraient54. Une certaine activité subsistait.
22Il retrouva d’ailleurs un office peu après l’arrivée de l’antipape, en juin 1379. La réduction drastique du nombre des écuyers ne lui permit pas de conserver ses fonctions. On lui attribua néanmoins le commandement des sergents du maréchal55, Louis de Montjoie, neveu de Clément VII ! Ce retour à une charge par laquelle il avait débuté sa carrière il y a plus de vingt ans, ne dut guère être exaltant. Mais, il avait au moins un office, avignonnais de surcroît, à une époque où la division de la chrétienté, qui réduisait considérablement le champ des provisions, exacerbait les rivalités.
23Parallèlement, il reçut quelques missions de confiance. Raymond mourut en effet à Ferrare, dans des circonstances non élucidées56. Anglic Grimoard, ancien légat et vicaire général en Romagne, lui avait-il confié des négociations auprès du marquis d’Este, pour le compte de Clément VII ? C’est fort probable. Il fut enterré au couvent des mineurs de la ville. C’est du moins ce qu’assura son serviteur à sa veuve.
Épilogue
24En l’absence de descendant direct, les droits de Raymond sur la seigneurie de Recoules allèrent à son neveu, Amalric. Son château de Saint-Victor échut à Jean de Gozon, seigneur de Mélac57. Quant au peu de crédit qu’il put avoir à la cour de l’antipape, il le dépensa en faveur d’un neveu, Raymond de Montjaux, qui lui succéda comme capitaine des sergents du maréchal58. Ce qu’il avait acquis durant sa carrière, seigneuries, pouvoirs, faveurs, fut redistribué aux siens.
25La succession de Raymond n’était pas close, lorsque Sibille mourut, en juin 138359. Le 19, Bertrand de Cases, notaire et secrétaire d’Anglic Grimoard, prenait ses dernières volontés, en présence de nombreux familiers du cardinal, principal exécuteur testamentaire60. Elle voulait être enterrée en l’église des mineurs d’Avignon, dans la chapelle Saint-Martin. Raymond de Montjaux devait faire exhumer le corps de son mari, afin qu’il soit placé à ses côtés61. Le 22 juin, on dressait l’inventaire des biens qui se trouvaient dans sa maison. Le mobilier, d’une grande simplicité, ne retint guère l’attention des experts. Ils se penchèrent sur le contenu de six coffres et de sept coffrets. En dehors du linge, des ustensiles de cuisine, d’une vaisselle d’étain et d’instruments de la dévotion (un livre d’heures, des rosaires, un reliquaire, des croix d’argent, deux agnus-dei, une image de la Véronique), ils remarquèrent divers ornements soulignant le rang social et le corps féminin : plusieurs manteaux et 13 anneaux d’or, surmontés ou non de camée, de perles, de nacre, d’émeraude, de saphir ou de diamants ; un ensemble de bijoux estimés 66 florins. Sibille avait peu de livres, mais beaucoup d’archives, de papiers, auxquels elle prêtait sans doute peu d’attention, vu leur dispersion dans divers coffres et coffrets. L’ensemble s’élevait à 215 florins environ ; c’était peu, en regard des quelque 3 000 florins qu’elle souhaitait voir distribués62.
26Huit jours plus tard, des juifs procédaient à l’estimation des biens situés dans la chambre qu’elle occupait au monastère des Fours, un des couvents avignonnais les plus favorisés par les Grimoard63. Elle y tenait salon : une armoire, un lit, un grand tapis, deux bancs ; les tissus de couleurs vives, rouge, blanc, brun-jaune, vert, qui décoraient le mobilier, contrastaient avec les teintes sombres et l’austérité régnant dans sa maison. Cinq coussins aux armes des Garceval, marques allégoriques d’une belle carrière, illustraient la pièce64.
27Capitaine de la cour du maréchal, sergent d’arme, bailli du roi de France, huissier-maître, viguier de l’évêque d’Avignon, capitaine de Forli’, écuyer du pape, la variété des attributions et la longueur de la carrière de Raymond Garceval soulignent autant ses qualités personnelles, que la puissance durable de certains réseaux de patronage. Entre titres honorifiques et fonctions effectives, son parcours peut paraître difficile à cerner. Il n’hésita guère pourtant, préféra toujours au service administratif du pape ou du roi de France, le service immédiat du pontife, moins brillant, mais sans doute de meilleur rapport. Dans un milieu caractérisé par la fréquence des alternances politiques, les origines de la longévité résident en apparence dans une savante combinaison entre dévouement, patronage, compétences, progression sociale et abnégation.
28La curie avignonnaise, foyer des noblesses méridionales au XIVe siècle, a construit Raymond Garceval. Grâce à elle, il se maria, réunit des seigneuries, fit fructifier ses revenus, selon des modes probablement comparables à ceux utilisés par tous les officiers de cour. Il a valorisé les opportunités offertes par une carrière presqu’exclusivement curiale pour progresser socialement. La gestion de son patrimoine, éclaté et lointain, n’était pas pénalisée par l’exercice d’un office curial, puisque la centralisation administrative de l’Église rendait possible, grâce à ces nombreux clercs qui venaient périodiquement en curie, une gestion déconcentrée. Ces phénomènes sont en général perceptibles pour la bonne noblesse, plus rarement en ce qui concerne la petite noblesse. La position acquise dans la structure d’État permet également à Raymond de planifier la transmission de sa charge, selon des méthodes qui restent à préciser. Elle signale la puissance de cet officier secondaire et de son patron dans la structure d’État. Elle révèle également le poids de nébuleuses familiales – ou plus exactement, d’un milieu d’officiers, au sein duquel se développent des alliances matrimoniales géographiquement étendues – qui restent nichées, par delà les générations, dans l’appareil de gouvernement65.
29Une prosopographie des officiers laïcs – ardue il est vrai, puisque sa fiabilité repose sur le croisement de sources variées – préciserait l’activité des cercles nobiliaires en curie. Le développement progressif d’une capitale méridionale, dans laquelle s’élaborent de vastes stratégies foncières, matrimoniales et professionnelles, suffit à expliquer les réticences des officiers pontificaux au retour de la papauté en Italie.
Inventarium de bonis nobilis Garsavalle66
30Anno a nativitate domini M° CCC° LXXXIII° et die XXII junii, fuit factum inventarum de bonis nobilis Sibilie de Spali quondam, que inventa fuerit in domo in qua decessit.
Et primo, I cofrum ferratum ext., cum VII franchissis, quasi niger, in quo fuerunt inventa que sequntur | IX gr. |
Primo, una parva caxa de cipresso, ext. | IIII gr. |
in qua fuerunt inventa que sequntur videlicet: | |
quedam ymagines veronice in quodam corro | |
Item, unum tobalium sive manutergium, operatum in utroque capite de cerico, ext. | IIII gr. |
Item, certe scripture papiree | |
Item, fuit inventum in dicto cofro extra dictam parvam caxam, unum tobalium sive manutergium, operatum in capitibus de cerico rubeo, ext. | VI gr. |
Item, unum rebaucium capucii auro textum, ext. | II gr. |
Item, una bursa de corio ubi erat : | |
quedam pecia moneti argenti, ext. | V gr. |
Item, in eadem bursa, unius lapis ad modum occuli, ext. | |
Item, I obolus auri et unius parvus denarius, ext. | V gr. |
Item, II cultelli cum gavineta veraci de argento deaurato cum vagina, ext. | IX gr. |
Item, quedam instrumenta et certe scripture papiree | |
Item, I buxia plumbi, | I gr. |
Item, unus alius cofrus ferratus niger, cum VII francissis, | I fl. |
in quo fuerunt inventa que sequntur: | |
Primo, octo linteamina trium telarum, ext. | IIII fl. |
Item, due mappe, ext. | I fl. |
Item, unus alius cofrus ferratus coopertus de tela, ext. | XVIII gr. |
in quo fuerunt que sequntur inventa: | |
Primo, una bauca rubea folrata de albo, ext. | XII fl. |
Item, tria bancalia, ext. | V fl. |
Item, II coperture rubee cum figuris angelorum67, ext. | IIII fl. |
Item, unum magnum copertorium lecti de pano rosato, ext. | VI fl. |
Item, unus alius coffrus ferratus quasi albus, cum duabus franchissis, in quo fuerunt inventa que sequntur: | |
Primo, sex scutelle stagni, ext. | IX gr. |
Item, sex scutelloni stagni, ext. | VI gr. |
Item, duo plati stagni, ext. | VI gr. |
Item, tres pinte stagni, ext. | XVI gr. |
Item, due pintole stagni, ext.ext. (sic) | VI gr. |
Item, due gavinete cum vagine, ext. | III gr. |
Item, quedam matutine illuminate de auro, cum sarratoriis argenti, ubi est kalendarium in principio et continetur in eis officium beate marie, officium mortuorum, officium sancti spiritus et certe alie orationes, ext. | |
Item, liber doctrinalis parvi valoris, ext. | |
Item, quidam alius liber parvi valoris, ext. | XV gr. |
Item, quedam instrumenta et certe scripture papiree | |
Item, quidam alius parvus cofrus, ext. | |
in quo erant certe scripture papiree | I fr.68 |
Item, quidam alius parvus cofrus in quo erant instrumenta et certe scripture papiree | |
Item, quidam alius parvus cofrus longus ferratus, ext. | II gr. |
in quo fuerunt inventa que sequntur : | |
Primo, quidam patresnostres de corallo, ext. | II fr. |
Item, quidam alii patresnostres de nigro cum corallo mixtim, ext. | VI gr. |
Item, unum curatorium aurium argenti, ext. | IX gr. |
Item, quedam scripture papiree | |
Item, in quodam alio cofro parvo : | |
unius parvus cofretus, ext. | IIII gr. |
ubi fuerunt que sequntur inventa : | |
Primo, unus anulus auri cum maragda69, ext. | V fl. |
Item, unus anulus auri cum duabus perlis grossis70, ext. | VI fl. |
Item, unus anulus auri cum nacla, ext. | II fl. |
Item, unus anulus auri cum una perla grossa, ext. | IIII fl. |
Item, unus anulus auri cum camayeu, ext. | III fl. |
Item, unus anulus planus auri cum dyamate, ext. | X fl. |
Item, unus anulus auri cum parvo camayeu, ext. | II fl. |
Item, unus anulus auri cum saphiro, ext. | III fl. |
Item, unus anulus auri cum lapide ad formam scuti, ext. | II fl. |
Item, unus anulus auri planus sine lapide, ext. | II fl. |
Item, unus anulus auri cum balays71, ext. | XX fl. |
Item, unus anulus litteratus cum parvo dyamate, | VI fl. |
Item, unus lapis anuli vocatus Mea | I fl. |
Item, unus parvus cofretus, ext., cum duobus parvis cofretis, | IX gr. |
in quo furerunt inventa quedam papiree scripture | |
Item, quedam tabule ad scribandum cum stugeco de corro, ext. | II gr. |
Item, I franc. auri | |
Item, una bursa de cerico, ext. | III s. |
Item, una parva crux argenti deaurata, ext. | I fl. |
Item, una bursa de cerico, ext. | III s. |
Item, unus parvus anulus auri, ext. | II gr. |
Item, unum pecten eburneum, ext. | I gr. |
Item, I parvus gavinetus cum manubrio albo, ext. | III s. |
Item, quedam scripture papiree | |
Item, unus parvus cofretus ferratus stagnatus, | I fl. |
pro borreco in quo fuerunt inventa que sequntur: | |
Primo, quidam patresnostres dambre, ext. | VIII gr. |
Item, unus agnus dei de argento deaurato, ext. | I fr. |
Item, una parva crux argenti cum pede argenti deaurata, ext. | III fl. |
Item, una parva pecia metalli sancti eustachii | |
Item, unus gavinetus cum manubrio iaspidis veraco de argento, ext. | III gr. |
Item, unum parvum reliquarium pulcrum de argento, ext. | |
cum cedula designante reliquias et stugeco de corro | |
Item, alius parvus agnus dei, ext. | VI gr. |
Item, unus alius parvus coffrus fratus niger quadratus in quo fuerunt | |
inventa que sequntur: | I gr. |
Primo, unum velum de cotono, ext. | |
Item, certe scripture papiree | |
Item, unus magnus cofrus ferratus coopertus de tela, ext. | II fl. |
in quo fuerunt inventa que sequntur: | |
Primo, due longerie nove, | VIII gr. |
Item, una mappa ausselada fracta, | XVIII gr. |
Item, una alia mappa longa quasi antiqua, | IX gr. |
Item, una alia mappa nova curta, | VIII gr. |
Item, mapa longa III can. II palm., | II fl. |
Item, manutergium novum operatum, | I fl. |
Item, II longeria nova II can. cum dimidia, | I fl. |
Item, VII longerias antiquas, | XV gr. |
Item, II mapas antiquas, | IX gr. |
Item, I mappa antiqua, | IX gr. |
Item, II linteamina operata in capitibus, | XX gr. |
Item, II linteamina subtilia, | II fl. |
Item, II linteamina IIII telarum cum redata, | III fl. |
Item, II linteamina debilia et fracta, | I fl. |
Item, scutella deaurata, | III gr. |
Item, una magna culcitra cum pulvinari, ext. | XII fl. |
Item, unum magnum macalatium de bort, ext. | XVIII gr. |
Item, una parva culcitra cum pulvinari, ext. | IIII fl. |
Item, unum parvum macalatium cum pulvinari, ext. | XVIII gr. |
Item, una magna banoa alba, ext. | V fl. |
Item, una parva banoa alba, ext. | II fl. |
Item, unus magnus lodex albus coronatus, ext. | II fr. |
Item, una magna copertura lecti de perso, ext. | II fr. |
Item, una parva copertura lecti de perso, ext. | VI gr. |
Item, II lodices albi cum barris rubeis, ext. | II fr. |
Item, XII linteamina magna, ext. | IIII fl. et med. |
Item, II mappe, ext. | |
Item, IIII longerie, ext. | II fr.72 |
Item, unum manutergium operatum de cerico in capitibus, ext. | |
Item, II longerie debiles, ext. | |
Item, unus mantellus de perso folratus pellibus griseo73, ext. | VII fl. |
Item, unus mantellus simplex de nigro, ext. | V fl. |
Item, unus mantellus de nigro duplex pro equitando, ext. | IX gr. |
Item, una hoppellanda de bruneta simplex74, ext. | IIII fl. |
Item, II capucia cum tribus parvis velis, ext. | IX gr. |
Item, I cotardia de nigro simplex75, ext. | I fr. |
Item, I gannachia de nigro simplex, ext. | IIII gr. |
Item, I pellisonus de agnis, ext. | I fr. |
Item, I fustain (sic), ext. | IX gr. |
Item, una birreta nigra folrata pellibus grisie, ext. | II gr. |
Item, unum parvum tapetum debile, ext. | I gr. |
Item, I bota de corio, ext. | III gr. |
Item, I scugeto de corio, ext. | I gr. |
cum dictis scripturis papireis | |
Item, IIIIor bassine, ext. | II fr. |
Item, una cassa, ext. | IIII gr. |
Item, una farcago cum giradoyta, ext. | IIII gr. |
Item, I craticula, ext. | III gr. |
Item, II eudes (sic), ext. | III gr. |
Item, I pes ferri de aste, ext. | III gr. |
Item, I coclear de ferro perforatum, ext. | XII d. |
Item, quedam ferres de gaufres, ext. | IIII gr. |
Item, III candelabra de ferro, ext. | IIII s. |
Item, una tabula cum duobus scandellis, | VI gr. |
Item, II bancos, ext. | VI gr. |
Item, VIII peccunes ferri, ext. | VI gr. |
Item, II paria de cardas, ext. | III gr. |
Item, medius porcus salsus cum duabus linguis salsis, ext. | I fl. |
Item, una parva quantitas fili, ext. | III gr. |
Item, I lecteria postium cum tribus bancis, ext. | IX gr. |
Item, I olla de cupro, | IIII gr. |
Item, I morterium cum trissono, | III gr. |
31Presentibus testibus, Guirando Deymerii, apothecario, Michaele de Montillio, servienti armorum domini nostri pape, domino Bernardo Bonifilii, prebistero diocesis Carcassonensis, et Guillelmo Auricule, diocesis Ruthenensis, testibus, etc.
32Die ultima junii anno quo supra, fuit factum inventarium de bonis dicte Sibilie, que fuerunt inventa in monasterio de Furnis, civitatis Avinionensis, que fuerunt per judeos extimata, instante domino Poncio Loberie, executore etc., ut sequitur :
Et primo, unum copertorium lecti folratum de pellibus cuniculorum, | IX gr. |
Item, I sargia rubea et I bancale, | XVIII gr. |
Item, II cortinas sargie tanate, | IX gr. |
Item, I lodex virgatus diversis coloribus, | IIII gr. |
Item, I copertorium lecti de panno rubeo, | VIII gr. |
Item, III lodices albi quorum duo habebant vetas rubeas, | II fl. |
Item, duo bancalia viridia quorum unum erat operatum, | IIII gr. |
Item, quinque carellos cum armis dicti Garsavalli, | XV gr. |
Item, unum auriculare, | III gr. |
Item, unum scabellum | III s. |
Item, I parva culcitra cum duobus pulvinaribus, | III fl. |
Item, I culcitra fracta, | IIII fl. |
Item, I pulvinar magnum , | II fl. |
Item, I tapetum magnum, | I fr. |
Item, I taxia de amarina, | II fr. |
Item, I taxia longa et stricta cum duobos mediis, | VI gr. |
Item, I taxia magna fracta, | I fl. |
Item, I armarium magnum, | XVIII gr. |
33Presentibus testibus, Guirando Deymerii, apothecario, [Michaele de Montillio] servienti armorum domini nostri pape, et domino Bernardo Bonifilii, diocesis Carcassonensis presbitero76.
Notes de bas de page
1 On se contentera par manque de place de renvoyer aux ouvrages suivants : Y. RENOUARD, Les relations des papes d’Avignon et des compagnies commerciales et bancaires de 1316 à 1378, BEFAR 151, Paris, 1951 ; B.GUILLEMAIN, La cour pontificale d’Avignon (1309-1376), Étude d’une société, BEFAR 201, Paris, 1962 ; G. MOLLAT, « Règlement d’Urbain V sur les insignes des sergents d’armes, des portiers et des courriers de la cour pontificale », Mélanges Eugène Tisserant 5, Studi et Testi 235, Rome, 1964, p. 165-169 ; J. FAVIER, Les finances pontificales à l’époque du Grand Schisme d’Occident (1378-1409), BEFAR 211, Paris, 1966 ; R. DELORT, Le commerce des fourrures en Occident à la fin du Moyen Âge, BEFAR 236, 1978 ; A.-M. FRUTAZ, « La famiglia pontificia in un documento dell’inizio del secolo XIV », Paleographica, Diplomatica et Archivistica. Studi in onore di Giulio Battelli, II, Rome, 1979, p. 277-323 ; M.DYKMANS, Le cérémonial papal de la fin du Moyen Âge à la Renaissance. III, Les textes avignonnais jusqu’à la fin du Grand Schisme d’Occident, Bruxelles-Rome, 1983 ; A.-M. HAYEZ, « Les fonctionnaires de la cour pontificale d’Urbain V (1362-1370) », Crises et réformes dans l’Église. De la réforme grégorienne à la préréforme, Actes du 155e congrés national des Sociétés Savantes, Paris, 1991, p. 229-248.
2 À moins qu’il ne s’agisse d’une erreur de transcription. Ces comptes font en effet se succéder, vers 1356, le sergent d’armes Galsavallus au sergent d’armes Parsavallus (K.-H. SCHÄFER, Die Ausgaben der Apostolichen Kammer unter Benedikt XII, Klemens VI. und Innocenz VI. (1335-1362), Vatikanische Quellen zur Geschichte der päpstlichen hof-und finanzverwaltung (1316-1378) 3, Paderborn, 1914, p. 599, 615, 655).
3 Voir le tableau des origines géographiques dressé par B. GUILLEMAIN ; sur 1343 sergents d’armes relevés, il n’a pu proposer une origine que pour 515 d’entre eux (op. cit., p. 428-430).
4 Sylvanès, Aveyron, c. Camarès. En 1156, un Raymond Garceval était chanoine de Beziers (P.-A. VERLAGUET, Cartulaire de l’abbaye de Silvanès, Archives historiques du Rouergue, I, Rodez, 1910, pp. 20, 30, 282, 310, 357).
5 Recoules-Prévinquières, Aveyron, c. Séverac. Les archives des Garceval sont connues par trois inventaires conservés dans les archives des comtes de Vezins. Une importante série de transactions de la première moitié du XIVe siècle, dont le bilan est en apparence très positif, montre qu’ils poursuivaient alors la construction de leur domination autour de Recoules (H. BOUSQUET, Inventaire des Archives du château de Vezins, I-III, Archives historiques du Rouergue XII, XIII, XV, Rodez, 1934-1942, I, p. 339-344).
6 R. NOËL, Dictionnaire des châtaux de l’Aveyron, 2 vol. , Rodez, 1971-1972, II, p. 398-399.
7 H. de BARRAU, Documents historiques et généalogiques du Rouergue, 4 vol. , Rodez, 1853-1860, Paris, 1972, III, p. 311-320. Raymond Garceval apparaît en 1346, en compagnie de son père, dans un acte d’achat de terres à Vimenet (H.BOUSQUET, op. cit., II, n° 410).
8 Sénéchal de Rouergue de janvier 1338 à octobre 1343 (G. DUPONT-FERRIER, Gallia regia ou état des officiers royaux des bailliages et des sénéchaussées de 1328 à 1515, 7 vol. , Paris, 1942-1965, n° 19763). En avril 1340, en Flandre, il commandait 2 bacheliers, 15 écuyers et 1 menestrel (BNF, ms. fçs. 7878, f° 200 etv). Le 25 juin 1341, il demandait au bailli de l’évêque de Rodez 25 hommes d’armes et 200 piétons pour reprendre Belcayre pris par les Anglais au seigneur de Séverac (AD Aveyron, G 473). Puis, il servit à Bergerac. L’année suivante, il se trouvait en Gascogne. Les indemnités de retour qu’il perçut pour son trajet de Marmande à Villefranche, concernaient 8 bacheliers, 122 écuyers et 278 sergents (BNF, ms. fçs. 7877, f° 207 et 240 v).
9 L. GARRIGUET, Un cardinal rouergat, Raymond de Mostuéjouls (1275-1335), Rodez, 1924. Le neveu de Raymond prétend dans un acte du 11 mars 1370 avoir plus de 18 ans et moins de 25 (AD Aveyron, 3 E 7757, f° 26 v). D’autre part, sa grand-mère, Marquèse, avait fait de lui par disposition testamentaire du 2 octobre 1348, son principal héritier (H. BOUSQUET, op. cit., I, n° 1892).
10 Nommé en 1354 par Innocent VI ; sur sa carrière au service du roi, voir G. DUPONT-FERRIER, op. cit., n° 2432, 2939, 2942, 2945, 15838, et de manière discutable, B. GUILLEMAIN, op. cit., p. 437-438. Raymond Garceval apparaît comme capitaine des sergents du maréchal en avril 1355 (Archivio Segreto Vaticano, Instrumenta Miscellanea 2022). On rappelle que le versement de la solde des officiers de la cour du maréchal par le trésorier ne donne pas lieu, dans la plupart des registres d’Introitus et Exitus, à enregistrement du nom des titulaires.
11 K.-H. SCHÄFER, op. cit., III, p. 695 ; G. MOLLAT, « Les conflits de juridiction entre le maréchal de la cour pontificale et le viguier d’Avignon au XIVe siècle », Provence historique, 4, 1954, p. 11-18.
12 J. CHIFFOLEAU, Les justices du pape. Délinquance et criminalité dans la région d’Avignon au quatorzième siècle, Paris, 1984, p. 66 et 123.
13 57 florins et 9 sous lui furent versés le 18 avril (ASV, Collectoriae 262, f° 245).
14 K.-H. SCHÄFER, op. cit., p. 745. Il reçut 16 florins du trésorier du maréchal, 20 florins du collecteur de Lyon et réclamait au trésorier de la Chambre, le 30 septembre, après la mort du maréchal, 9 florins, 1 sou (ASV, Coll. 377, f° 201-202).
15 L’évêché était vacant depuis 1349 ; Foulques exerça cet office, au moins de décembre 1357 à août 1360 (K.-H. SCHÄFER, op. cit., p. 606, 648, 682, 741, 758, 761).
16 Espaly-Saint-Marcel, Haute-Loire, c. du Puy. G. de JOURDA DE VAUX, Les châteaux historiques de la Haute-Loire, I, Le Puy, 1911, p. 131 ; Id., Nobiliaire du Velay et de l’ancien diocèse du Puy, 7 vol. , Le Puy-Lyon, 1924-1933, II, p. 156-158. La date du mariage reste inconnue. Son épouse apparaît à ses côtés le 6 février 1365 (AD Vaucluse, G 9, f° 52 v).
17 G. DUPONT-FERRIER, op. cit., n° 23676. Amalric Garceval, peut-être son frère, avait été nommé bailli de la cour commune de Gévaudan (BNF, Coll. de Languedoc-Bénédictins, n° 71, f° 337 v ; lecture fautive dans G. DUPONT-FERRIER, n° 12906).
18 L.-H. LABANDE, « L’occupation du Pont-Saint-Esprit par les grandes compagnies (1360-1361) », Revue historique de Provence, 1901, p. 79-95, 146-164.
19 Ce cahier n’est pas exempt d’erreurs. Raymond Garceval est noté absent du 27 février au 18 mars, du 29 mars au 20 avril ; son départ, le 16 mai, a été biffé, mais son retour, le 23, demeure ; sans être sorti, il serait à nouveau entré, le 17 juin ; il fut enfin absent, du 1er août au 3 septembre (ASV, Coll. 456, f° 214, 216 et v, 217 v, 219-221 v). Raymond a pu rejoindre les troupes royales avant le 6 avril. En revanche, il n’a joué aucun rôle dans le départ des compagnies fin juin (G. GUIGUE, Récits de la guerre de Cent ans. Les Tard-Venus en Lyonnais, Forez et Beaujolais (1356-1369), Lyon, 1886, p. 56, 87).
20 Le corps du cardinal avait été transféré au Colombier, un château dont s’était emparé le bâtard d’Aymar de Roussillon. Des lettres de rémission de mars 1363 précisent que Raymond Garceval procéda par la force à la prise d’Annonay (M. HUILLARD-BRÉHOLLES, M. LECOY DE LA MARCHE, Titres de la maison ducale de Bourbon, 3 vol., Paris, 1867-1882, I, p. 500-501, 505-507 ; A. MAZON, Essai historique sur le Vivarais pendant la guerre de Cent ans (1337-1453), Tournon, 1890, réed. Valence, 1992, p. 113-119).
21 L. VONES, Urban V. (1362-1370) : Kirchenreform zwischen Kardinalkollegium, Kurie und Klientel, Päpste und Papsttum 28, Stuttgart, 1998, p. 84-88.
22 En vertu d’une convention de 1279, les Garceval, père et fils, avaient fait hommage aux seigneurs de Prévinquières, Hugues de Montferrand et Brenguier de Luzençon, le 8 mars 1353 (H. BOUSQUET, op. cit., I, n° 1896).
23 K.-H. SCHÄFER, Die Ausgaben der Apostolichen Kammer unter der Päpsten Urban V und Gregor XI (1362-1378), Vatikanische Quellen zur Geschichte der päpstlichen hof-und finanzverwaltung (1316-1378) 6, Paderborn, 1937, p. 23, 25.
24 Le 15 novembre, Urbain V laissait entendre au roi de France qu’il résignait sa charge vivaroise (Lettres secrètes et curiales du pape Urbain V (1362-1370) se rapportant à la France, éd. P. LECACHEUX, G. MOLLAT, Paris, s.d.-1955, n° 107). Raymond n’était plus bailli en 1363 (ut G. DUPONT-FERRIER, op. cit., n° 23676) : le 3 mai 1363, le roi de France, alors à Villeneuve, ordonnait au bailli de Vivarais de contraindre Humbert de Villars et sa femme à payer 100 moutons d’or, en remboursement des dépenses faites pour la garde d’Annonay par l’ancien bailli (A. MAZON, op. cit., p. 118).
25 AD Vaucluse, G 9, f° 230 et v.
26 Le château sur lequel le régent avait jeté son dévolu relevait de la mense. Anglic Grimoard se montra inflexible devant les manœuvres du roi pour s’en emparer (Gallia Christiana Novissima, VII, n° 1357 ; M. PROU, Étude sur les relations politiques du pape Urbain V avec les rois de France Jean II et Charles V (1362-1370), Paris, 1888, p. 19-22. Le 17 mai 1367, on remboursait à Raymond Garceval, les dépenses quas nuper fecit pro facto de Lertio, soit 50 florins (J.-P. KIRSCH, Die Rückehr der Papste Urban V und Gregor XI von Avignon nach Rom, Auszüge aus den Kameral registern des Vatikanischen Archivs, Paderborn, 1898, p. 18).
27 H. BRESC, La correspondance de Pierre Ameilh, archevêque de Naples, puis d’Embrun (1363-1369), Sources d’histoire médiévale 6, Paris, 1972, n° 11, 43, 54.
28 K.-H. SCHÄFER, op. cit., p. 64, 98, 148, 334.
29 Il fut chargé, par exemple, de persuader le duc d’Anjou de s’employer à la paix entre les rois de France et de Navarre (Ibid., p. 16, 104 ; Lettres secrètes et curiales…, n° 1587, 2438).
30 Bernard de Borno, du diocèse de Rodez, mentionné en juillet 1364, décembre 1365 etmai 1366 (K.-H. SCHÄFER, op. cit., p. 108, 148, 334), fut peut-être remplacé par Jean Arnaldi, clerc du diocèse de Cologne, avant mai 1367 (J.-P. KIRSCH, op. cit., p. 18).
31 ASV, Reg. Av. 198, f° 492 v. La hiérarchie administrative reproduisait au demeurant l’ordre féodal, puisqu’il était placé sous l’autorité d’Hugues de Montferrand, recteur de Romagne.
32 La lettre de nomination de Raymond n’a pas été enregistrée dans les séries conservées. En mars 1368, Pons Villate, damoiseau du diocèse de Viviers, était encore capitaine de Castel san Pietro, au contado de Bologne. Il fut confirmé dans ses fonctions de capitaine de Forli, le 8 mai 1371 (ASV, Reg. Av. 174, f° 311 v).
33 A.-M. Hayez a noté la forte réductions des effectifs de la curie urbaniste en Italie (op. cit., p. 241).
34 Notaire apostolique et chapelain pontifical, recteur du Patrimoine de Saint-Pierre en 1339, nommé évêque de Montecassino, le 6 novembre 1340, mort avant le 28 août 1341.
35 Saint-Germain-Laprade, Haute-Loire, c. du Puy. La liste établie dans la lettre pontificale obéit semble-t-il à un ordre chronologique. Elle reprend, avec des variantes onomastiques troublantes, celle contenue dans un registre de l’évêché du Puy, qui mentionne les hommages de Pons de Saint-Germain, en 1309, de Guigue de Saint-Germain, damoiseau, en 1328, d’Armand de Saint-Germain, dit de Villaret, en 1341, de Pierre Arnaud et Aigline de Saint-Germain en 1344. On note que dans la lettre pontificale, Guillaume Roger, vicomte de Turenne, qui pourtant prêta hommage à l’évêque en 1362 pour cette seigneurie, est absent (A. LASCOMBE, Répertoire général des hommages de l’évêché du Puy (1154-1741), Le Puy, 1882, p. 391-2).
36 Les Chandorat avaient accédé à l’évêché du Puy en 1342, avec Jean, ancien abbé de la Chaise-Dieu ; Jean Prohet, originaire du Puy (G. de JOURDA DE VAUX, Nobiliaire…, V, p. 154), bailli du Velay, à partir de 1341, fut assassiné le 25 août 1353, dans l’église des carmes (G. DUPONT-FERRIER, op. cit., n° 22743).
37 Urbain V (1362-1370). Lettres communes, éd. M.-H. LAURENT, P. GASNAULT, M. et A.-M. HAYEZ, J. MATHIEU, M.-F. YVAN, 12 vol. , Paris-Rome, 1954-1989, n° 20093.
38 G. de JOURDA DE VAUX, Nobiliaire…, III, 1925, p. 74-75.
39 Saint-Victor-et-Melvieu, Aveyron, c. Saint-Rome-de-Tarn ; H. de BARRAU, op. cit., p. 312. Notons toutefois, qu’entre 1340 et 1342, un certain Pierre de La Romiguière possédait quelques biens à Prévinquières (H. BOUSQUET, op. cit., I, n° 1885, 1887).
40 Amalric de Garceval apparaît pour la dernière fois dans un acte de la fin juin 1364 ; Hélène de Mostuéjouls se déclarait veuve et tutrice de son fils, le 21 mars 1366 (Ibid., I, n° 1907 et II, n° 431). La mort de Guillaume de Mostuéjouls, le 25 août1364 en Avignon (K.-H. SCHÄFER, op. cit., p. 332) renforçait le rôle de Raymond.
41 AD Aveyron, 3 E 7757, f° 26 v et H. BOUSQUET, op. cit., I, n° 176.
42 A.-M. HAYEZ, « Les fonctionnaires… », p. 242-244.
43 H. de BARRAU, op. cit., II, p. 674. Sur les Gozon, J. LARTIGAUT, « Une famille du Rouergue : les Gozon, aux XIVe et XVe siècles », Revue du Rouergue, 1969.
44 Hélène de Mostuéjouls était la tutrice de Jausionne, Jean de Gozon, son cousin (H. BOUSQUET, op. cit., I, n° 1910).
45 Guillaume, vassal de l’évêque du Puy et du baron de Solignac, avait épousé Savyne doux Baulz (G. de JOURDA DE VAUX, Nobiliaire…, II, p. 156-7).
46 K.-H. SCHÄFER, op. cit., p. 367. Le 15 octobre 1370, Urbain V avait décidé de réintégrer tous ceux qui avaient été au moins passagèrement en Italie (A.-M.HAYEZ, op. cit., p. 242). En théorie, on le sait, tous les offices deviennent caducs à la mort du pape.
47 Avène, Hérault, c. Lunas. Le 24 décembre 1374, il donnait quittance de 300 florins à valoir sur les 400 florins dus par Pierre de Puyservier (H. BOUSQUET, op. cit., I, n° 176, 1915).
48 ASV Coll. 466, f° 244. Il n’est pas mentionné dans le cahier d’entrées et de sorties de curie des officiers pontificaux, entre octobre 1372 et décembre 1374 : soit il n’était plus en curie, soit il exerçait assidûment son office. Le voyage qu’il effectua en Piémont en avril 1374 n’a laissé aucune trace dans ce cahier (ASV, Coll. 457, f°3-15 v).
49 K.-H. SCHÄFER, op. cit., p. 510, 528.
50 Ibid., p. 517 ; Lettres secrètes et curiales du pape Grégoire XI relatives à la France, éd. L. MIROT, H. JASSEMIN, J. VIELLIARD, G. MOLLAT, E.-R. LABANDE, Paris, 1935-1957, n° 3043-3045).
51 L. MIROT, « Sylvestre Budes et les Bretons en Italie », Bibliothèque de l’École des chartes, 58, 1897, p. 590. Le 21 avril, il était envoyé ad certas partes avec maître Guillaume de Cannaco. Le 26 mai, on remboursait à Bartolomeo di Piacenza les dépenses faites pro certis nunciis missis ad diversas partes guerram tangentiam de mandato domini thesaurarii : notamment pro II nunciis qui iverunt cum Garceballo apud Sanctum Spiritum bis, et pro loquerio roncini quem duxit monachus qui ivit cum Garceballo (ASV, I.E. 344, f° 123 et 124 v).
52 Portandi Pisis et assignandi ibi vel alibi ad voluntatem d. cardinalis Gebennensis in partibus Italie legati (ASV, I.E. 344, f° 129 v-130).
53 Archivio di Stato de Lucques, Diplomatico – Tarpea, à la date.
54 M. HAYEZ, « Avignon sans les papes (1367-1370, 1376-1379) », Genèse et débuts du Grand Schisme d’Occident, Paris, 1980, p. 144. Son absence dans l’I.E. 345 semble indiquer qu’il demeura en Avignon.
55 En Italie, Pierre Bermond, damoiseau du diocèse de Valence, avait exercé cet office (I.E. 351, f° 43 v). Raymond est mentionné le 1er août 1379 seulement (I.E. 353, f° 24). Le nom du capitaine des sergents n’apparaît plus, dans les I.E., jusqu’au 7 mai 1382.
56 Les I.E. 353 à 355 qui signalent de nombreuses dépenses relatives à des négociations menées par Clément VII avec divers pouvoirs italiens, ne citent jamais Raymond.
57 H. BOUSQUET, op. cit., II, n° 434. Jean de Gozon apparaît en 1383 avec ce titre (H. de BARRAU, op. cit., III, p. 674).
58 Mentionné comme sergent d’armes de Clément VII en décembre 1378 (ASV, Sup. 48, f° 293). Le 7 mai 1382, il percevait en tant que capitaine les gages des sergents du maréchal (I.E. 355, f° 91, 112 v). Une nièce de Raymond Garceval avait épousé Ymbert de Montjaux avant 1348 (H. BOUSQUET, op. cit., I, n° 1892).
59 Dans son testament, elle ordonnait le paiement de 23 florins d’or à maître Robin Le Breton, sergent du petit sceau de Montpellier habitant Avignon, dans le cas où l’exécuteur testamentaire de son mari ne pourrait le faire (BM d’Avignon – Médiathèque Ceccano, Ms. 1594, f° 223).
60 Étaient présents : Pons Loberie, prévôt de Toulon et cubiculaire du cardinal, Bernard Bonfilii, prêtre du diocèse de Carcassonne, Dalmas de Sinzellis, damoiseau du diocèse de Mende, Pierre Raymond, Michel de Montélimar, sergent d’armes de Clément VII, Jean Lene, barbier du cardinal, tous habitants d’Avignon, ainsi que Jean Ferrabonis de Viviers, Pierre Saunier de Paris, Astorge de Dun de Saint-Flour et Guillaume Auricule du diocèse du Puy (sic, pour Rodez) ; ses exécuteurs, outre Anglic Grimoard, étaient Astorg de Gaillac, protonotaire apostolique, Eudes Monetier, prévôt d’Avignon, Pierre Olivier de Falgar, chapelain de Clément VII et camérier d’Anglic, Pons Loberie, Pierre de Chambarlac, chanoine du Puy, Jean et André de Bonas, bourgeois du Puy, ainsi que Michel de Montélimar et Raymond de Montjaux (Ibid., f° 225 et v).
61 Au couvent des mineurs de Ferraria, ubi corpus dicti Raymundi mariti mei sepultum est… pro anima ipsius Raymundi, dummodo ossa sua exhumari et portari permittant ut superius ordinavi, elle léguait 20 florins. Raymond de Montjaux devait se faire aider de Garimont Auricule, qui savait où se trouvait le corps de son mari. Les exécuteurs devaient prendre en charge toutes les dépenses nécessaires. Le capitaine des sergents du maréchal devait recevoir en outre 60 florins, 2 couvertures et 2 coffrets (Ibid., f° 222 v).
62 Sibille avait peu de dettes : 41 florins seulement. Elle ordonna plusieurs milliers de messes pour le repos des âmes de ses parents, de son mari, d’anciennes servantes, partie dans le diocèse d’Avignon, partie dans celui du Puy. Elle eut également une pensée pour les âmes de Jean Prohet, le bailli du Velay assassiné en 1353, et de son fils. Sibille décida la fondation dans l’église Saint-Marcel, d’une chapellenie qu’elle conféra à Pierre Delmas, d’Espaly, auquel elle attribua 4 saumées de seigle et 40 sous tournois de rente annuelle. Ses legs concernaient toutes les abbesses et moniales avignonnaises (dont une certaine Delphine Grimoard, sœur bâtarde d’Urbain V, d’après L. VONES, op. cit., p. 98) et certains couvents du Puy. Les ordres mendiants ne furent pas oubliés, ni en Avignon, ni au Puy. Legs pieux et donations aux pauvres atteignaient 1 700 florins. Elle institua son frère, Guillaume, héritier universel dans ses possessions du Velay. Sur ces dernières, elle assigna 500 florins à chacune de ses nièces, Sibille et Catherine, à leur mariage, 150 florins à son neveu, Pierre, et 50 florins à un autre neveu, Raymond, chanoine du Puy ; à sa servante et ses connaissances en Velay, elle conféra des rentes en nature. À son entourage avignonnais, elle fit de nombreux dons. Certaines sommes à usage dotal devaient être déposées chez le changeur Pierre de Méjanes dès son décès. On relève les noms de deux servantes, de Sibille, fille de Pierre Lejeune, jardinier, pour la marier, de maître Guillaume Pellicier du Puy, habitant d’Avignon, Michel de Montelimar et sa femme, de Petronille de Cussac, Raymond, fils de Jean Montarsini, Brunissende de Chassa, femme de Raymond de Saint-Michel, Jean Fournier de Berre et son fils Raymond, Jacques Bovet, prêtre de Rognes, qui avait instruit son neveu, Ponset Galbin, Sanche et Sibille, filles de Jean Fayne, de Bourg-Saint-Andéol pour leurs dots, Alamande, épouse de Guigues de Polino, de Soyons, Marguerite Fayne, de Largentière.
63 A.-M. HAYEZ, « Les religieuses avignonnaises au temps de la papauté d’Avignon », Annuaire de la Société des amis du palais des papes, 1992-1993, p. 29-56.
64 Certains biens ne sont pas estimés dans l’inventaire, dont on donne la teneur en annexe, en raison de son intérêt philologique et parce qu’il révèle les objets de la vie quotidienne d’une veuve de la petite noblesse, document rare dans l’Avignon du XIVe siècle.
65 Raymond Garceval succéda à son présumé beau-père, Foulques d’Espaly, comme viguier au temporel de l’évêque d’Avignon et transmit à Raymond de Montjaux la capitainerie de sergents du maréchal.
66 Ms. 1594, f° 217-220. Certains termes récurrents ont été abrégés indépendamment des formes sous lesquelles ils apparaissent dans le texte : extimatum, francos, florenos, grossos, etc. On donne en note les objets légués par Sibille à ses parents et connaissances.
67 Données à Raymond de Montjaux : duas coperturas rubeas operatas cum figuris angelorum quarum una est pro cooperiendo lectum et alia pro tenendo ad capud lecti (Ms. 1594, f° 222 v).
68 Avec une accolade pour désigner les deux coffrets, probablement donnés au même Raymond de Montjaux : duos parvos coffres ferratos coopertos de corio nigro (Ibid.).
69 Ce bijou ne doit pas être confondu avec celui conservé en son nom chez le changeur Pierre de Méjanes : elle donnait en effet à Sibille, filie Petri Juvenis, ortolani, habitatoris Avinionis, unum anulum auri cum maragda quadrata cum virga auri quadrata vel XXti fl. auri… ad electionem dicti sui patris… in augmentum dotis vel sustentatione vite sue ; Elle dut penser que celui-ci opterait pour les 20 florins, puisqu’elle léguait également à Cremone, femme du sergent d’armes Michel de Montélimar, unum anulum auri cum lapide vocato maragda cum croquetis sive harpionibus quem habet Petrus de Meianesio (Ibid., f° 222).
70 Donné à sa belle-sœur, Sabine des Baux, unum anulum auri cum duabus perlis sive margaritis (f° 223 v).
71 Donné à sa nièce, Catherine d’Espaly, unum anulum auri cum lapide vocato balais ad formam codoli cum virga quadrata, mais également délivré à Pierre de Chambarlac, chanoine du Puy (unum anulum auri cum lapide vocato Robino balais), qui devait le vendre pour acheter ornements et autres objets, nécessaires au service de la chapellenie fondée par la testatrice à Saint-Marcel (f° 223 v, 224).
72 Avec accolade relative aux quatre articles.
73 Donné à Marguerite Fayne de Largentière, unum mantellum folratum pellibus grisis (f° 223 v).
74 Donné à Sibille, donate dicti hospitali [pauperum] Aniciensi, unam hoppellandam de perso obscuro sine folratura (f° 223 et v).
75 Donnée à Augerie Burlava, ancille mee moderne, ainsi que 6 florins (f° 222 v).
76 Soit un total de 23 florins environ ; devaient être donnés à Hermessende de Rupeacuta, moniale des Fours, unam de melioribus culcitris quas habeo in dicto monasterio de Furnis et unum unam coperturam persam et à Petronille sive Peronne de Cussaco, 3 florins, unam parvam culcitram… cum uno pulvinari, duobus linteaminibus et uno lodice (f° 221 v, 223).
Auteur
Université de Lyon, UMR 56-48 (CNRS)
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