La presse de guerre à Séville. Le combat politique pour la conquête de l’opinion publique
p. 207-220
Texte intégral
1Entre 1808 et 1810, Séville devint la capitale de l’Espagne libre. La ville acquit un rôle extrêmement important après le soulèvement populaire du 27mai 1808 qui entraîna la création de la Junte Suprême de Séville présidée par un personnage de la plus haute importance, l’ancien premier ministre don Francisco Saavedra1. L’établissement de l’alliance avec l’Angleterre, la déclaration de guerre à la France, la capitulation de la flotte de l’amiral Rossilly et la bataille de Bailén sont à mettre au crédit de la Junte et cela conféra à la ville et à la Junte Suprême une importante toute particulière2.
2Le rôle de Séville fut renforcé au niveau national après que Madrid fut tombé entre les mains de Napoléon en décembre 1808. Dès lors, elle devint le centre de la nation en guerre. C’est là que s’installa la Junte Centrale qui, jusqu’à sa dissolution en janvier 1810, constitua le gouvernement patriote de l’Espagne. C’est de Séville que fut menée la lutte à mort contre Napoléon, à commencer par une « presse de guerre » extrêmement combative. Pour « conquérir l’opinion publique », le gouvernement de la nation entreprit une formidable offensive éditoriale contre l’envahisseur3.
3La Junte Suprême de Séville commença cette guerre par la publication de la Gazeta Ministerial de Sevilla, dont le premier numéro fut publié le mercredi 1er juin 1808, et qui parut les mercredis et samedis de chaque semaine jusqu’au numéro 19 et, du vingtième jusqu’à la fin, les vendredis et mardis. Il sortait des presses de l’imprimerie de la Veuve Hidalgo et neveu. Il y eut aussi quelques Gazettes extraordinaires et suppléments, comme celle du 19 juin où l’on donna des nouvelles préliminaires à la bataille de Bailén, ou celle du 23 avec les proclamations Aux Andalous. Après la capitulation de l’armée française sur les pentes de la Sierra Morena ou la gazette extraordinaire du 3 octobre avec des citations du Moniteur et de l’Argos, deux journaux de Paris qui avouaient à mi-mots la défaite de l’armée de Napoléon en Andalousie.
4La Gazeta Ministerial de Sevilla fut l’organe officiel de la Junte Suprême qui en confia la publication à l’un de ses membres, le P. Gil, l’un de ceux qui avaient le plus d’influence sur ses collègues. Alberto Lista en fut le rédacteur. Par la suite, à la demande de la Junte Centrale, il se chargea de l’Espectador Sevillano et finit par devenir le rédacteur de l’édition afrancesada de la Gazeta del Gobierno. Il fut aidé dans sa tâche par son ami Justino Matute qui, après l’occupation de la ville par les Français embrassa également le parti de Joseph4.
5En 1809, la Junte Centrale étant installée à Séville, on publia le Correo Político y Literario de Sevilla, dont le premier numéro sortit le lundi 13 février et le dernier (qui portait le numéro 37) le jeudi 20 juin 1809. Il paraissait les lundis et jeudis de chaque semaine et était imprimé à l’Imprimerie de la calle del Mar. Dans le numéro 9, il fit le bilan général des pertes des envahisseurs, pertes qui, selon lui, s’élevaient à 163 000 hommes. Dans le numéro 11, on trouve une poésie anacréontique intitulée À la fuite de Pepe de Madrid5. Dans le numéro 19, on put lire l’Édit, extrêmement sévère, du tribunal de Sûreté Publique contre les traîtres et les afrancesados.
6En octobre 1809 sortit le premier numéro de El Espectador Sevillano, qui parut jusqu’au lundi 29 janvier 1810 (numéro 119). À visée essentiellement politique, il entendait éclairer l’opinion publique en misant sur une nouvelle forme de gouvernement. On y trouve exposée la nouvelle doctrine constitutionnelle que l’on présentait au public pour le préparer à la convocation de Cortès.
7Le projet du gouvernement de publier El Voto de la Nación Española, ne fut pas mené jusqu’à son terme. Sorti des presses de l’Imprimerie Royale, il contenait des articles de politique et d’économie dans lesquels on défendait les principes libéraux, la liberté de la presse et la convocation des Cortès. « Les Lumières et la vertu rendent les Nations libres et indépendantes » disait le premier numéro. De même, dans le climat de patriotisme exalté qui régnait dans la ville applaudissait-on « les braves qui meurent en lutant pour la patrie ! »
8De tous les périodiques de Séville, le plus connu fut le Semanario Patriótico, le célèbre journal de Quintana dont le premier numéro parut à Madrid le 1er septembre 1808. Il fut ensuite publié à Séville où il fut imprimé chez la Veuve Vázquez et Compagnie. Le premier numéro de sa seconde époque vit le jour le jeudi 1er décembre 1808 et le dernier (le 32e), le jeudi 31 août 1809. Ce journal, l’un des plus importants de toute la guerre, fut rédigé par José María Blanco et Isidoro Antillón sous la direction de Quintana.
9« L’opinion publique [écrivit-il] est beaucoup plus forte qu’une autorité mal acceptée et que les forces armées. C’est elle qui a créé les circonstances extraordinaires dans lesquelles nous nous trouvons, nous les Espagnols ». C’est avec cet appel à la lutte et à la guerre pour former « l’opinion publique » que commença, en septembre 1808, le Semanario Patriótico, journal qui, dès le prospectus, a toujours eu un programme politique de grande envergure. Dès le début, l’objectif que se fixèrent les responsables de cette nouvelle publication, si différente des précédentes (El Correo de Madrid o la Gazeta)6 fut de « stimuler, soutenir et guider l’opinion publique », trois aspects d’une même tâche que la nouvelle publication considérait « absolument nécessaire ». À cela s’ajoute le fait qu’il s’agissait d’un journal « patriotique » qui déclarait que sa « première partie », consacrée à la « politique » était la plus importante. Dès le début, le Semanario se présenta comme un nouvel organe d’opinion qui avait vocation à parler « des réformes que l’on tente de faire dans notre façon de nous gouverner ».
10Avec des journaux bien dirigés – qui « doivent être des flambeaux destinés à éclairer les voyageurs et non pas des brûlots pour allumer le désordre ou la discorde, ni des encensoirs destinés à duper le peuple et à aduler ceux que favorise la fortune », le nouveau périodique soutient qu’« ainsi la nation sera beaucoup plus grande ». « il n’y a aucun doute [dira-t-il dans les premières pages de sa rubrique « politique »] : la nation sera véritablement heureuse quand elle verra que ses représentants se réunissent pour débattre du bien commun, pour établir une autorité suprême qui la gouverne en son absence, au nom de son souverain bien-aimé et, enfin, pour jeter les bases d’un bonheur solide et durable. Tel est le vœu des bons et véritables patriciens et puisse-t-il se réaliser le plus tôt possible afin que, libéré de ce souci, nous puissions nous consacrer exclusivement et avec la plus grande vigueur à la défense et à la totale libération de la patrie »7.
11Dans son désir d’orienter « politiquement » ses lecteurs et dans le but de défendre la véritable cause de la liberté, le périodique commença sa section « Littérature » en faisant une critique des lettres « fanées et tombées en pâmoison » qui existaient jusqu’au moment où fut brandi « l’étendard de la liberté ». Conscient de ce que les écrits publiés étaient « dictés par les circonstances » et n’étaient pas « des chefs-d’œuvre », il soutient cependant que « aussi bien par une ironie fine et piquante que par une dialectique ferme et convaincante, on enflamme le patriotisme, on vient à bout des erreurs et on établit des principes qu’il convient de répandre ». Ainsi, grâce à eux et malgré leurs défauts – pour lesquels le Semanario montre la plus grande indulgence, le public « a découvert plus de vérités politiques, plus d’idées conformes à son indépendance et à la défense de ses justes droits que dans tout ce qui a été publié en Espagne depuis un siècle »8.
12Ses rédacteurs insistent particulièrement sur le fait « qu’ils se rendent compte de la situation dans laquelle elle [la nation] se trouve et qu’ils proposent les moyens de donner à son gouvernement des bases solides et justes, unique moyen de remédier aux maux dont nous avons souffert et meilleure défense possible contre ceux qui veulent notre ruine ». En mentionnant particulièrement toute une série d’écrits, le Semanario, tout en s’appuyant sur un certain nombre d’idées, exhorte ses lecteurs à poursuivre la lutte aussi bien contre « toute domination étrangère » que contre « tout régime arbitraire »9.
13Dans sa lutte résolue pour la conquête de l’opinion publique, le Semanario Patriótico qui, selon l’expression d’Alcalá Galiano, « se mit à s’exprimer comme un journal français de 1790 »10, fut, toujours selon l’opinion de ce dernier, « le périodique le plus apprécié, le plus respecté et celui qui eut le plus d’influence »11. L’appréciation politique des deux bords, tout en divergeant, rend compte de l’importance d’un tel journal à l’heure de forger l’opinion publique de la nation. Un hebdomadaire politique ou, plus exactement d’information, avec des éditoriaux qui analysaient en profondeur les événements d’un point de vue politique constituait véritablement une nouveauté sans précédent dans l’Espagne de 1808. C’est ainsi que la question, qui passionna l’« élite éclairée », de savoir, toujours selon l’expression d’Alcalá Galiano, « quel type de gouvernement il convenait d’instaurer »12 trouva dans le Semanario la place qu’il lui fallait. Cela, au moment où, bien que « pour peu de temps » la liberté de la presse fut établie de fait. C’est pourquoi le Semanario devint l’Évangile de tous ceux qui optèrent dès lors pour la cause libérale13.
14Les affaires politiques qui faisaient songer à un « journal français de 1790 » furent publiées par le Semanario qui voulait conquérir l’opinion publique en pleine révolution. Évidemment, parce que les rédacteurs surent mesurer leurs propos car il n’existait pas alors d’autre censure que celle qu’imposait le « patriotisme ». Et assurément aussi, parce que, à l’intérieur même de celui-ci, on n’avait pas pris garde aux différentes politiques d’opinions qu’entraînaient les « doctrines de liberté politique » qu’impliquait, presque poussée à bout, toujours selon Alcalá Galiano, l’existence même du périodique.
15Obsédé par la volonté de diriger l’opinion publique en des domaines peu populaires, le nouveau périodique n’hésitera pas à faire fi de ceux qui criaient « patriotiquement » à l’irresponsabilité et à défendre les vieilles institutions de l’État dans la mesure où elles pouvaient canaliser les réformes et éviter la révolution. Cela, parce que « l’exaltation insupportable des uns, l’ambition cachée des autres, la légèreté et mauvaise intelligence de la plupart altèrent la vérité et la corrompent sans la laisser s’établir sur une base saine et solide ». C’est ainsi que, courageusement, et même au risque de s’attirer l’animosité des Juntes et de nombre d’exaltés, le Semanario n’hésitera pas à défendre par des arguments logiques l’attitude du Conseil alors même qu’il était critiqué par tout le monde. Surtout quand, fort imprudemment, on condamnait une institution qui n’était pas représentée et « dont on ne connaissait les agissements que par ouï-dire et par des propos mensongers ».
16Dans sa première édition de Madrid14, le Semanario Patriótico manifesta clairement dès le tout début ses idées et ses objectifs politiques. Et bien entendu, il ne tarda guère à aborder la question de ce « patriotisme » dont on parlait tant. Car pour lui, être un bon « patriote » consistait à servir la Patrie et à combattre pour « le bien de la Nation ».
17La lutte pour la conquête de l’opinion acquit une dimension extraordinaire. Immédiatement la censure et la nouvelle politique qui surgit du jour au lendemain s’imposèrent. Les vieilles autorités furent aussi paralysées que les vieux rédacteurs de périodiques. Devant les hésitations du directeur de la Gazeta de Madrid sur la façon de la composer « dans les circonstances actuelles », ce fut le Conseil lui-même qui décida que « pour l’instant et jusqu’à ce qu’il en soit autrement décidé, il fallait continuer de publier la gazette tous les jours ». C’est tout ce qu’imagina le vieux Tribunal dans la lutte pour la conquête de l’opinion publique qui, à partir de ce moment-là, allait devenir le cheval de bataille de la lutte aussi bien pour l’indépendance que pour la réforme politique15.
18La bataille pour la presse fut si importante que les imprimeries de Séville furent débordées. On chercha en vain à avoir recours à celles de Cadix. Si on trouvait une presse dans cette ville, son prix, une fois rendue à Séville, serait d’environ 10 000 réaux. C’est pourquoi Garay étudia la possibilité d’en faire venir une d’Angleterre16. Peu après fut envoyé à Londres Manuel Abella, qui, en accord avec José Mendoza, devait chercher à en acheter en calculant tout ce qui était nécessaire « en matière de fonte des caractères, presse et autres articles nécessaires, le tout au plus juste prix ». Elle fut finalement envoyée de Londres à la Junte par le bateau Algeciras17.
19En mai 1809, en raison du manque de caisses dans les imprimeries de Séville qui ne suffisaient pas à couvrir les besoins de la Secrétairerie d’État et du Ministère de la Guerre, il fallut chercher des presses dans d’autres villes libres afin de les faire venir à Séville18. Mi-août, la Gazeta del Gobierno informait que « pour satisfaire le souhait des bons patriotes de connaître rapidement les nouvelles », le Gouvernement n’avait rien négligé pour obtenir l’établissement d’une Imprimerie Royale à Séville. Ainsi, l’on pouvait désormais publier trois gazettes chaque semaine, les mardis, jeudis et samedis19.
20Le Gouvernement se préoccupa aussi de contrecarrer les publications de propagande française selon lesquelles « nos armées étaient éparpillées et dispersées et quelques insurgés seulement troublaient la tranquillité des villages ». Car, selon l’expression d’un journal de Séville, « si quelques lâches ou personnes crédules, ne croient pas à toutes leurs vantardises et exagérations, ils se persuadent toutefois que leurs forces sont supérieures aux nôtres »20.
21Après Bailén, la presse patriote attaqua durement la propagande napoléonienne diffusée par les journaux français. On ne pouvait pas faire crédit aux informations diffusées par le Moniteur ! Le Semanario Patriótico affirmait que la fatale guillotine de 1793 avait éteint les « Lumières » en France. On ne pouvait donc faire confiance aux journaux de Napoléon. On savait d’avance ce qu’ils offraient. Il suffisait d’y jeter un coup d’œil pour se rendre compte des merveilles du système : « Quelle abondance de dispositions, décrets, plans, règlements destinés à améliorer l’enseignement, développer les arts, protéger les lettres, développer les sciences ! ». Sans parler, bien sûr, des nouvelles sur le cours de la guerre en Europe, qui lui était toujours favorable. Tout s’en était allé avec l’écroulement des Lumières, après l’arrivée au pouvoir de Napoléon21.
22D’aucuns, à titre personnel, prétendirent également dissiper les idées que les Français propageaient sur l’alliée de l’Espagne, l’Angleterre. Ainsi on publia à Séville le Fanal de la opinión pública. Papel que, con el fin de acabar de borrar las falsas impresiones dadas por los franceses contra la Inglaterra, escribe un amante del bien de la Patria [Fanal de l’opinion publique. Journal écrit dans le but d’effacer les fausses impressions répandues par les Français sur l’Angleterre par un amant du bien de sa Patrie]. Cet écrit anonyme, publié à Séville en 1809, était dû à la plume du poète Juan Bautista Arriaza22.
23Pour soutenir l’opinion publique, le Semanario Patriótico fera savoir que les gazettes de Madrid elles-mêmes publiaient que les Anglais menaçaient les côtes de Biscaye et qu’ils avaient même tenté de débarquer à Bermeo. Et ajoutait-il : « l’esprit patriotique continue de régner dans les provinces septentrionales, sans être entamé par les armes des barbares »23. Pour sa part, en pleine canicule sévillane, Jovellanos dira que « tout le monde réclame des nouvelles et aucune n’arrive sans retard »24. Le dernier bateau qui arriva à Cadix en provenance de Plymouth apportait des nouvelles des déroutes subies par Napoléon, mais jusqu’au 26 juin, les gazettes de Londres ne dirent rien à ce sujet25.
24Pendant les années antérieures à 1808, on commença à utiliser l’expression opinion publique au sens politique du terme, en faisant référence à l’appui que tout gouvernement devait rechercher de la part de ses sujets26. Mais ce ne sera qu’à partir de la chute de la Monarchie que le terme devint pratiquement la clé de ce qui devait à la fois guider et légitimer le pouvoir. Ce sera la « voix impérieuse » qu’invoque une foule de manifestes, feuillets et périodiques que produisit dès ses origines la révolution d’Espagne27. De sorte que dès lors, l’expression opinion publique devint réellement un principe fondamental de légitimité. Certains en arrivèrent même à établir une complète synonymie entre « opinion publique » et « opinion majoritaire », comme l’exposa à Séville en septembre 1809, Calvo de Rozas dans sa Proposición a la Junta Central sobre la libertad de la imprenta [Proposition à la Junte Centrale sur la liberté de la presse].
25Dans un « essai sur l’opinion publique » paru à la même époque dans El Espectador Sevillano, Alberto Lista en arriva à situer l’opinion à mi-chemin entre l’enseignement politique dispensé par « les savants qui écrivent pour instruire la nation » et le pouvoir exécutif lui-même : « la Nation doit examiner ; les savants proposer et discuter, le gouvernement prendre acte de l’opinion publique ou faire connaître les corrections qu’il convient d’apporter au résultat des discussions »28. Ainsi l’opinion, avant même d’en arriver à l’obsession de la liberté de la presse, devint un des fondements du pouvoir légitime.
26D’un seul coup, du début à la fin de la guerre qui se déclencha au milieu de la révolution entre traîtres et patriotes, il devint indispensable de bénéficier de l’appui de l’opinion publique, si volatile à cette époque où le moindre soupçon pouvait donner lieu à l’intervention du Tribunal de Sécurité Publique29. D’où l’intérêt de bon nombre de bons patriotes - Antonio Valdés, Antonio Cano Manuel, Lorenzo Calvo, Manuel José Quintana - d’apparaître comme victimes de l’Intrus pour que « cela leur soit compté et les place parmi les bons »30. Car ce n’est qu’en jouissant d’une réputation sans tâche, exempte de toute suspicion que l’on pouvait être considéré comme un « bon patriote »31. « Rien ne serait plus important pour la Nation [continuera-t-on de dire jusqu’à une date fort tardive] que de définir exactement l’opinion publique sans donner de motif à la méfiance et à la désunion »32.
27Dans sa volonté de contrôler la presse, le Conseil Royal, au début du mois de novembre 1808, consulta la Junte Centrale en lui adressant le Règlement qu’avait rédigé sur cette question don Benito Hermida, responsable de la Direction de la Librairie (Judicatura de Imprentas). Mais ce qui est curieux, c’est que ce Règlement fut égaré et qu’on ne le retrouva ni parmi les documents du Conseil, ni au Secrétariat de don Martín de Garay. Pendant plusieurs mois, le Conseil plénier insista auprès de Garay sur la nécessité d’approuver le « Règlement sur la presse » afin de le publier dans la gazette33.
28Partisans ou adversaires des idées nouvelles pour sauver la patrie, tous furent parfaitement conscients de l’importance du soutien de l’opinion publique. On peut se faire une idée de l’intérêt que le nouveau Gouvernement porta à la conquête de l’opinion publique rien qu’à partir du nombre de rames de papier utilisées pour imprimer les textes qu’il fit publier34. Certains en arrivèrent même à défendre, malheureusement, que « l’on craint davantage la licence que l’asservissement de la presse »35.
29Le nouveau gouvernement fut tout de suite sensibilisé à l’importance de la presse. D’Aranjuez, avant de prendre le chemin de Séville, le ministre Cevallos demandait à l’ambassadeur en Angleterre de lui envoyer « les principaux journaux publiés à Londres » en précisant : deux exemplaires du Morning Chronicle, du Sun et du Courrier de l’Europe, publié en français, laissant à l’appréciation du diplomate l’envoi d’autres journaux qui lui paraîtraient « dignes d’attention »36.
30Après, dès son arrivée à Séville, le nouveau Gouvernement chargea Jovellanos de rédiger un règlement pour la publication d’une Gaceta de la Corte. Finalement, la nouvelle publication devait s’intituler Gazeta del Gobierno Central, et serait publiée tous les vendredis à partir du mois de janvier 1809. La rédaction de la gazette devait être confiée à Diego Clemencín, qui en serait le rédacteur, Antonio Capmany se chargeant de la direction du périodique en cas d’absence du titulaire37. Les frais d’impression, de distribution et de vente devaient être à charge de la Secrétairerie d’État dirigée par Martín de Garay qui devait confier cette responsabilité à son ami Quintana38. Un bureau fut installé à cet effet chez Juan José Calero ; Martín de Garay en personne et Antonio Capmany étaient au courant de tous les détails39.
31La principale mission du nouveau journal officiel fut, conformément au décret du 9 mars 1809 de « contribuer, dans toute la mesure du possible à soutenir le moral du peuple espagnol ». Ainsi, en application d’une directive publiée dans la Gazeta Ministerial de Sevilla, organisa-t-il deux prix pour favoriser la rédaction de compositions poétiques sur Saragosse en raison de « l’influence importante que la poésie a sur les esprits ». Le concours fut fort bien accueilli. Au total, 26 œuvres furent présentées dont certaines furent signées par des personnalités connues comme le marquis de Villapanés ou, entre autres ecclésiastiques, Frère Jaime Villanueva40. Même le grand poète Meléndez Valdés, alors suspect de sentiments peu patriotiques, envoya au secrétaire de la Junte sa poésie qu’il accompagna d’une lettre dans laquelle il lui disait : « je remets à cette respectable secrétairerie ma modeste œuvre, tout en étant convaincu de son peu de mérite »41.
32Au début du mois de mars 1809, le Gouvernement approuva l’idée d’un certain Agustín Muñoz Álvarez de publier un nouveau journal compte tenu de « l’utilité des périodiques bien faits pour soutenir et encourager l’opinion publique ». Cette nouvelle publication s’intitulerait Correo Político y Literario de Sevilla, et serait dirigée par le comte de Contamina, l’un des membres de la Junte Centrale. Mais sa vie fut de courte durée. En effet, dans l’un de ses numéros, le journal publia une information sur certains abus commis par les troupes en commentant qu’il ne croyait pas « nécessaire de faire connaître de tels faits qui pourraient bien nous être préjudiciables dans un journal diffusé partout ». Suite à quoi, le 25mai 1808, le Gouvernement décida l’interdiction du Correo42. Cette mesure déplut à Lord Holland, l’ami des libéraux espagnols même si, selon lui, « il est nécessaire de sanctionner quand on publie quelque chose d’injurieux envers quelqu’un »43. Ce même jour, le périodique signalait que l’armée ennemie disposait d’« une légion de journalistes et publicistes méprisables » qui avaient pour mission de diffuser une « multitude de proclamations » en sa faveur44.
33Avant même l’incident qui entraîna l’interdiction de paraître du Correo Político y Literario, le Tribunal de Sécurité Publique formulait déjà des réserves à son égard. Cela n’avait rien d’étonnant de la part d’un Tribunal qui considérait que la Gazeta del Gobierno elle-même manquait de la nécessaire exaltation patriotique. Car à son avis, ces deux publications « outre le fait de manquer de cette dignité qui doit être propre à de tels journaux, ne sont pas aptes à former l’opinion publique ou à maintenir l’enthousiasme de la nation »45.
34Cependant, comme le souligna Lord Holland à Jovellanos, tant qu’existeraient la censure et la possibilité d’interdire et de censurer des ouvrages ou des gazettes avant qu’ils ne soient publiés, il serait impossible « d’obtenir qu’ils exercent leur influence légitime sur l’opinion publique et c’en serait fait de l’enthousiasme du peuple comme dans d’autres pays, faute de moyens et de possibilité de s’exprimer »46. Pour l’aristocrate anglais, le « grand mal » provenait, ni plus ni moins, du manque « de liberté de la presse et de procès public ». C’est pourquoi il s’étonnait de ce qu’« un peuple qui s’est soulevé de façon aussi héroïque contre les Français supporte un tel silence et un tel manque de confiance en lui en matière de politique »47. Mais l’explication de tout cela fut fort bien fournie par un futur partisan de Joseph, le chanoine de Séville, José Isidoro Morales, dans son Mémoire sur la liberté de la presse [Memoria de la libertad de la imprenta] (1809), qui en attribua la cause aux effets lamentables du despotisme qui avait entraîné une évidente résistance à s’opposer à une totale liberté d’expression48.
35C’est ce que pensait le procureur général de la Principauté des Asturies Álvaro Flórez Estrada, qui se trouvait alors à Séville. Ce fut en effet dans la ville du Guadalquivir qu’il rédigea à la même époque ses fameuses réflexions sur la liberté de la presse (Reflexiones sobre la Libertad de la Imprenta)49, à un moment où celle-ci fut considérée comme l’instrument capable de former une nouvelle nation. « Vous obtiendrez la plus grande postérité et le plus grand pouvoir de la nation », dira l’Asturien. Mais pour cela, il fallait la « liberté absolue de la presse »50. Les membres de la Junte de Législation de la Junte Centrale étaient d’accord avec cette idée, comme Ranz Romanillos et Argüelles, qui étaient partisans d’assujettir la liberté de la presse « aux justes limitations prévues par les lois libérales »51.
Notes de bas de page
1 Manuel Moreno Alonso, La Junta Suprema de Sevilla. Sevilla, Alfar, 2002, 300 p.
2 Manuel Moreno Alonso, La batalla de Bailén. El surgimiento de una nación, Madrid, Ed. Sílex, 2008, 451 p.
3 Cf. Manuel Gómez Imaz, Los periódicos durante la Guerra de la Independencia (1808-1814). Nueva edición. Prólogo Manuel Moreno Alonso, Sevilla, Ed. Renacimiento, 2008, 420 p.
4 Manuel Moreno Alonso, Sevilla Napoleónica. Sevilla, Ed. Alfar, 1995, p. 300.
5 Ce poème était copié du Mensajero político, périodique de La Havane, de janvier 1809 (Echa vino, muchacho,/de aquella antigua bota,/y a la fuga brindemos/de Pepe rey de copas).
6 Cf. Manuel Moreno Alonso, « El Semanario Patriótico y los orígenes del liberalismo en España », Anuario del Departamento de Historia, III, 1991, p. 167-182, ed. de Universidad Complutense de Madrid. Publié postérieurement in Manuel Moreno Alonso, Divina Libertad. La aventura liberal de don José María Blanco White (1808-1824), Sevilla, Alfar, 2002, p. 27-45.
7 Semanario Patriótico, I, 17.
8 Semanario Patriótico, I, 18.
9 Ces publications non périodiques, précisément citées, sont : 1) la « magnifique » proclamation de la Junte de Séville aux Espagnols du 29mai ; 2) un écrit d’un membre du peuple intitulé Lo que importa más a España ; 3) le manifeste de la Junte de Valence sur la concentration de l’autorité du 16 juillet ; 4) le Plan d’un gouvernement provisoire que propose au public un Espagnol zélé ; 5) la réfutation faite à Madrid du Manifeste de la Junte de Séville du 3 août ; et 6) la Lettre d’un religieux à un autre sur notre ancienne constitution.
10 Antonio Alcalá Galiano, Memorias, in Obras Escogidas, Madrid, ed. BAE, 1959, I, p. 349.
11 Antonio Alcalá Galiano, Recuerdos de un Anciano, in Obras Escogidas, I, p. 43.
12 Ibid., p. 42.
13 Benito Pérez Galdós, bien des années plus tard, louera le Semanario en faisant dire à don Roque que c’était « el mejor papel que hasta ahora se ha escrito » et que « no parece sino que habla por boca de Aristóteles y Platón » ; « yo me quito el garbanzo de la boca para ahorrar los veinte reales que me cuesta cada trimestre ; y ¿cómo no hacerlo si este manjar del espíritu es tan necesario a la vida como el alimento al cuerpo? » « Lo que este dice es el Evangelio » (Napoleón en Chamartín, in Obras Completas, Episodios Nacionales, Madrid, Aguilar, 1968, I, p. 556).
14 La « première époque » du Semanario Patriótico compte 13 numéros. Le dernier parut le jeudi 24 septembre 1808, et sa publication fut interrompue par la perspective de la seconde invasion de la capitale. Il fut imprimé par Gómez Fuentenebro.
15 Archivo Histórico Nacional (AHN), Consejos, leg. 5.523. Madrid, août 1808. Expediente formado con motivo de un oficio del redactor de la Gazeta sobre el modo y términos de componerla en las presentes circunstancias. Juan Andújar au doyen du Conseil (Madrid, 3 août 1808). Le 1er août le Conseil décida que « por ahora y mientras otra cosa no se determina, deberá seguir publicándose la Gazeta todos los días ». D’après le rédacteur Andújar, elle était élaborée « traduciendo los periódicos extranjeros e insertando los documentos y providencias que se remiten a las Secretarías del Despacho, sujeto todo a para establecer la censura del Gobierno ». Et il ajoutait « para mañana no hay materiales ninguno, ni de gazetas extraordinarias ni de noticias del reino ». Le 6 août, le Conseil répondit en demandant le rétablissement de « l’ancienne pratique », à savoir la publication de deux gazettes les mardis et vendredis et le maintien en l’état du Diario de Madrid « con arreglo a su principio, desde el lunes ocho de este mes ». D’après le Conseil, dans la Gazette extraordinaire du lendemain (un dimanche) serait insérée sa proclamation annonçant au public les prières de la veille et la décision de faire chanter un Te Deum le lendemain. On y publierait également les nouvelles « particulières » de Madrid qui figuraient habituellement dans le Diario, « … todo en la forma que parezca más oportuno al redactor de la Gazeta ».
16 AHN, Estado, leg.141 (A-49). Cadix, 19 janvier 1809. Du marquis de Villel à Martín de Garay.
17 Archivo General de Simancas (AGS), Estado, leg. 8172. Londres 31 juillet 1809. De Ruiz de Apodaca à Garay.
18 AHN, Estado, leg. 442 (344). Séville, 19mai 1809. A. Cornel à Garay. Ce dernier chargea la Junte Supérieure de Valence de faire effectuer un tirage de 8 000 exemplaires de l’Ordenanza General del Ejército, et de les mettre immédiatement en vente « tanto allí como en las demás ciudades libres y próximas a nuestros ejércitos ». Le ministre pensait pouvoir faire réaliser ce travail à l’insu de l’Imprimerie Royale de Madrid « por medio de los arrieros que salen y entran con víveres en aquella villa, y de los carros que extraen la basura de las caballerizas y cuadras los ejemplares de la misma ordenanza que se mandó reimprimir antes de la entrada de los enemigos, y los ocho mil que había en la propia imprenta del tratado de la Nueva Táctica de la Infantería ».
19 Gazeta del Gobierno, n° 6. Mardi 15 août 1809. Les gazettes étaient vendues au Bureau de l’Imprimerie Royale, rue San Isidoro, le double de leur prix la nuit qui précédait leur publication et le lendemain, au même endroit et dans les points de vente habituels. Les souscripteurs de Séville devaient payer 48 réaux par semestre, à charge pour eux d’aller faire chercher le périodique à l’imprimerie le jour de sa parution, ou de s’entendre avec les distributeurs pour qu’ils le leur apportent chez eux. En dehors de Séville, il était expédié franc de port, moyennant 96 réaux par semestre.
20 Correo Político y Literario de Sevilla, núm. 4, jueves, 23 febrero 1809. Carta de D. R. J. E. a un amigo suyo, que actualmente se halla en Sevilla » (p. 28-32).
21 Semanario Patriótico, n° 6, lundi 6 octobre 1808, I, p. 97 et sq. « De la Ilustración francesa bajo el imperio de Bonaparte ».
22 Archivo Cartuja Granada. Fondo Saavedra (ACGFS), Caja 73(8). Lettre d’Arriaza à Francisco Saavedra, s’attribuant la paternité du Fanal de la opinión pública.
23 Semanario Patriótico, n°XXII, jeudi 22 juin 1809, p. 130.
24 Cartas sobre la Guerra de la Independencia. Ed. Julio Somoza, Madrid, 1912, II, p. 307. Jovellanos à Holland, Séville, 8 juillet 1809 : « todo el mundo clama por noticias, y ninguna se da sin atraso ».
25 Ibid., II, p. 310. « Los confidentes de Cataluña hablan en los mismos términos. ¿Creerémoslos? Mejor es esperar ».
26 Nigel Glendinning, « Cambios en el concepto de la opinión pública a fines del siglo XVIII », Nueva Revista de Filología Hispánica, XXXVIII/I, 157-164. De la réputation que quelqu’un avait parmi ses voisins, le terme en vint à signifier l’appui que tout gouvernement devait rechercher. Aux alentours de 1780, dans Reflexiones sobre la opinión pública, il la définit comme une sorte de tribunal invisible et anonyme qui « juzga todos los actos del gobierno ».
27 Biblioteca Nacional Madrid (BNM), R-60005. Junta de Vich, Bandos, comunicaciones, órdenes y reales decretos, manifiestos etc. Vich, 1808-1814.
28 El Espectador Sevillano, n°38 y sq. octobre, 1809 : « La Nación está obligada a examinar ; los sabios a proponer y discurrir ; el gobierno a sancionar la opinión pública, o a manifestar las correcciones que deben hacerse a los resultados de las discusiones ».
29 AHN, Estado, leg.322 (432). Séville, 26 novembre 1809. À cette époque, le P. Ignacio Vázquez, de l’Ordre de Saint-Augustin prenait la défense du P. Antolín Merino, provincial d’Ordre en Castille dont les journaux de Madrid avaient annoncé la nomination par le gouvernement intrus comme chanoine de Palencia. Comme il y avait à Séville des personnes « dignes de foi » qui pouvaient témoigner « que el rey Intruso le nombró bibliotecario mayor y no lo admitió ; que también se sabe renunció a la canongía de Palencia »- le P. Ignacio Vázquez suppliait que « para calificar la fidelidad y patriotismo del referido P. Merino y evitar su descrédito » on prenne au pus tôt leurs déclarations.
30 Gazeta del Gobierno, n°60, mardi 19 décembre 1809, p. 587-590. Moment crucial, à la fin de la Junte Centrale, où il fut capital pour les intéressés de prouver à l’opinion leur qualité de bons patriotes. Pour cela, il n’y avait rien de tel que de publier la liste des maisons et des propriétés confisquées. On y trouve les noms de Vicente Alcalá Galiano, du comte d’Orgaz, de la comtesse de Benavente, du comte de Noblejas, du comte de Montijo, d’Antonio Valdés, Francisco et Manuel del Valle, Antonio Cano Manuel, Ignacio Gardoqui, Antonio Alcalá Galiano, de l’archevêque de Tolède, du marquis d’Ariza, du duc del Parque, de Lorenzo Calvo, de Manuel de La Peña, du duc de Villahermosa, de Manuel Quintana, et de Luis de Onís.
31 « Nada sería más importante para la Nación que el que se fijase exactamente la opinión general, y no hubiese motivo a la desconfianza y a la desunión BNM, R-60167(13). [Eugenio de Tapia], Chismografía literaria. Parte de un confidente al editor de la carta de un buen patriota que reside disimulado en Sevilla en el cual se detallan menuda y circunstancialmente algunos de los saludables efectos que la lectura de dicha carta ha producido en el público sensato. Cádiz, Imp. del Estado Mayor General 1814, 14 p. » […] Una pluma docta no se ocupa en dudar… de los pequeños descuidos o ligeras faltas que pueda haber en un escrito, sino por el contrario en desentrañar y exponer a la vista del público sus bellezas… » (p. 4).
32 Redactor General de España, n°2, mardi 2 novembre 1813. À une date aussi tardive, on soulignait encore que « el entusiasmo por la invencibilidad de Napoleón y la errada creencia de que un déspota pudiere mejorar nuestra fortuna y desterrar abuso inveterado, han sido poderosos motivos de caer muchísimos en el lazo », p. 5.
33 AHN, Consejos, leg. 11.991(19). Le Reglamento de Imprentas fut établi pat le Conseil Suprême d’Espagne et des Indes (Conseil Royal) au début du mois de novembre 1808. Il fut communiqué pour approbation à Martín de Garay, avec la nomination Manuel de Lardizábal, en septembre 1809.
34 AHN, Estado, leg. 101, n°1. « Cuenta de las impresiones hechas para la Secretaría General de la S. J. C. G. del R. » (Séville, 2 janvier 1809). Impression et massicotage de trois rames de papier pour des proclamations en provenance de Trujillo (12 réaux) ; 1 000 exemplaires demi-folio d’une Lettre aux évêques afin qu’ils invitent les curés d’employer dans leurs sermons « todo su celo, unción y patriotismo para que se reanime el de los pueblos y se asegure la salvación de la patria » (180 r) ; 1 000 autres exemplaires avec l’obligation pour les prélats des ordres religieux (180 réaux.) ; 1 000 autres exemplaires d’une affiche demi-folio destinée à informer le public de l’installation à Séville de la Junte Centrale (160 réaux.) ; 2 000 exemplaires du même format sur papier de qualité supérieure à 70 réaux la rame de la relation que celle-ci fit publier de son voyage d’Aranjuez à Séville (4 600 réaux.) ; sa reliure en papier en couleur (300 réaux.) ; 100 exemplaires demi-folio d’une lettre accompagnant l’envoi de ces exemplaires aux Juntes du Royaume et 2 000 exemplaires in 4° d’une proclamation de la Junte Centrale aux Juntes d’Andalousie (160 réaux).
35 F. Martínez de la Rosa, La Revolución actual de España. Granada, Imp. del Ejército, 1813, p. 39 : « se temió más a la licencia que a la esclavitud de la imprenta ».
36 AGS, Estado, leg.8172. De Cevallos à Ruiz de Apodaca, Aranjuez, 9 novembre 1808.
37 Selon Jovellanos, il n’aimait pas la rédaction de cette gazette qu’il lui remettait parfois au cours de leurs promenades en raison de ses désaccords avec « les responsables de ce secteur ». Cf. Cartas durante la Guerra de la Independencia, cit. I, 274.
38 AHN, Estado, leg.141 (A-5). Séville, 10 janvier 1809. Sous la direction de Capmany, José Rebollo et Ignacio Corcuera furent chargés de la rédaction. Selon le règlement de Jovellanos, la Junte de Séville pouvait continuer à publier sa gazette le mardi à condition toutefois qu’une fois rédigée, elle soit transmise à la Secrétairerie d’État pour être examinée « a fin de que no se publique en ella cosa que sea contraria a las intenciones del Gobierno Supremo ».
39 AHN, Estado, leg. 30821. Séville, 8 mars 1809. Joaquín Leandro de Solís à Martín de Garay.
40 AHN, Estado, leg. 18.
41 AHN, Estado, leg. 19(A-13). S.l., 20mai 1809.
42 AHN, Estado, leg.222 (E-6). Séville, 6 mars 1809. La suspension fut due à la publication dans le n°3, du jeudi 25mai, d’un article intitulé « La contestación a las reflexiones del oficial mayor ». Selon le rédacteur de ce périodique, cette réflexion ainsi que d’autres semblables furent publiées sur ordre de l’autorité supérieure transmis par la Secrétairerie comme cela avait déjà été le cas à plusieurs reprises. En effet, une dizaine de jours au préalable, D. Lorenzo Calvo était entré dans la Secrétairerie, un journal à la main, en disant que « contenía verdades que eran útiles a los militares, y por lo mismo convenía publicarlas en el Correo Político », pensant ne pas rencontrer de difficultés s’il le publiait sous les auspices du comte de Contamina.
43 Cartas sobre la Guerra..., op. cit., I, p. 266. Holland à Jovellanos, Cadix, 12 juin 1809 : « si se publica alguna cosa que hace ultraje a cualquiera, es menester castigo ».
44 Correo Político y Literario de Sevilla, n°30, jeudi, 25mai 1809, p. 286. Le journal ajoutait en note : « Ya se ve, estos Gazetistas y libelistas no serán de la ralea de Marchena, ni sus escritos del calibre de los Diarios de Madrid. Serán ciudadanos dignos y patriotas ilustrados que tendrán a su cargo ele formar la opinión, sustraer los pueblos a la tiranía y separarlos de la gentuza que afrenta la dignidad soberana ».
45 AHN, Estado, leg.291 (F-149). Séville, 29 avril 1809 : « […] además de carecer de aquella dignidad que corresponde a semejantes periódicos, no son a propósito para formar la opinión pública ni para mantener el entusiasmo de la nación ».
46 Cartas sobre la Guerra..., op. cit., I, p. 266. : « pueda lograr su legítimo influjo la opinión pública, y se acabará el entusiasmo del pueblo como en otros países, falta de proporción y de canal para desahogarse ».
47 Ibid., II, p. 317. Holland à Jovellanos, Badajoz, 5 juillet 1809. « un pueblo que se ha levantado tan heroicamente contra los franceses, aguanten tanto silencio y tan poca confianza en él, en cosas políticas ».
48 Ibid., II, p. 525. Jovellanos à Holland, Muros, 5 décembre 1810. La Memoria de José Isidoro Morales fut lue à la Junte de Commission des Cortès à l’Alcázar. Jovellanos en parlera à lord Holland après l’approbation de la liberté de la presse par les Cortès. Il faisait part à Holland de son désaccord « no porque repruebe esta libertad (que teníamos ya acordada en la Comisión de Cortes, como Vm. vería en la Memoria impresa de Morales, que le envié de Sevilla) sino porque la resolución me parece muy anticipada ». Selon Jovellanos, cette liberté serait bonne en tant que partie d’une constitution « déjà faite », mais pas avant.
49 Cf. Luis A. Martínez Cachero, Álvaro Flórez Estrada. Su vida, su obra política y sus ideas económicas. Oviedo, 1961, p. 125. Ces Reflexiones à la suite de la Constitución para la Nación Española presentada a S.M. la Junta Suprema de España e Indias en 1 noviembre 1809 (Birmingham, 1810).
50 Álvaro Flórez Estrada, « Reflexiones sobre la libertad de la imprenta », Obras, Madrid, BAE, 1958, II, p. 350.
51 ACE, leg. 3, n°.8. Le 14 décembre la Commission des Cortès remit à la Junte de Législation les Memorias de Flórez Estrada. Ranz, Dolarea et Argüelles l’appuyèrent dans leur avis, en signalant au préalable : « es cierto que la ignorancia y mala fe han procurado, tal vez, pervertir el sentido de esta palabra dándole una extensión que repugna al mismo objeto a que se dirige ».
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