Le clergé espagnol face au projet napoléonien1
p. 55-89
Texte intégral
1Au printemps 1808, alors que l’armée française s’était déjà déployée sur une grande partie de la péninsule, les groupes sociaux les plus influents, comme les membres du haut clergé, doutent encore de la conduite à suivre : s’opposer à l’armée française ou accepter les plans de Napoléon. Ainsi, comme le soutient don Félix Amat, archevêque de Palmyre et abbé de la Résidence Royale de Saint Ildefonse de la Granja, les Espagnols avaient été humiliés et offensés par le comportement des soldats français, mais ne devaient-ils pas s’attendre à essuyer de nombreux autres outrages s’ils prenaient une décision inopportune ou hâtive ? Comment prendre la décision la plus judicieuse en ces temps de crise ? « Les autorités qui commandaient au nom du souverain légitime ne savaient pas non plus quelle direction prendre, craignant de se tromper, de causer de plus grands malheurs si elles cessaient de coopérer à la tranquillité et la quiétude du peuple »2.
2N’oublions pas que le 12 mai, quelques jours après les abdications en faveur de Napoléon, le prince Ferdinand et les infants Antoine et Charles adressent une proclamation au peuple espagnol dans le but de l’affranchir de ses obligations envers la famille royale espagnole et d’expliquer les motifs qui ont poussé celle-ci à s’incliner face à Napoléon. Aussi, défendent-ils aux Espagnols de lutter pour leurs droits. Une quelconque tentative serait inutile et contre-indiquée car elle entraînerait de funestes conséquences : le sang serait répandu à flots, l’Espagne perdrait une bonne partie de son territoire et la totalité de ses colonies. Dès lors, ils demandent aux Espagnols de maintenir la paix et d’accepter les sages décisions de l’empereur Napoléon qui n’aspire qu’à une chose : faire que le bonheur du peuple soit une réalité3.
3Après les abdications de Bayonne, Napoléon pense avoir concrétisé l’essentiel de son projet. Murat, informé par Napoléon que la couronne d’Espagne est destinée à Joseph Bonaparte, assume le 7 mai le contrôle de l’administration espagnole, après avoir été promu par Charles IV au grade de lieutenant général du royaume. Le Conseil de Castille et la Junte, en l’absence de Ferdinand, demandent de concert la collaboration des « prélats, des curés, de la noblesse et de la justice » afin d’éviter les perturbations de l’ordre public, les attaques subies par les soldats français et « la rupture de l’alliance des deux grandes nations »4. Pour sa part, le Tribunal de l’Inquisition condamne le soulèvement du bas peuple de Madrid contre les troupes françaises et recommande aux autorités de veiller à ce que ces excès ne se reproduisent pas et que le peuple maintienne « la tranquillité et le calme qu’exige son propre intérêt »5.
4Cependant, alors que les autorités et le nouvel ambassadeur français prient Napoléon de ne pas douter de la tranquillité qui règne dans les provinces espagnoles, les soulèvements et la rébellion contre le projet napoléonien éclatent un peu partout. Ce sera le début d’une longue guerre où s’affronteront les Espagnols entre eux et contre les Français. Les membres du clergé sont alors obligés de prendre parti et leur attitude n’est ni homogène ni constante. Comme l’affirme le comte de Toreno, le clergé espagnol ne s’est jamais opposé globalement à l’insurrection. Il n’en a pas été l’auteur non plus : « Il y est entré comme la nation tout entière, porté par un honorable sentiment patriotique et non pas poussé par la crainte d’être dépossédé de ses biens »6 car, jusqu’aux événements de Bayonne le clergé était plutôt partisan de Napoléon : en effet, n’avait-il pas rétabli la religion en France et signé un concordat avec Rome7 ?
5Je ne peux qu’exprimer mon accord avec Toreno, le soulèvement contre les projets de Napoléon ne peut aucunement être attribué au fanatisme et aux manigances du clergé, car bien qu’appuyé par quelques prélats, le plus grand nombre s’oppose à lui ou se montre réticent. Leur mentalité éclairée ou réactionnaire a sans doute eu une influence mais il faut également prendre en compte la situation précise de leur diocèse, ce que j’essayerai de dégager dans les pages suivantes. En premier lieu, j’offrirai une vision générale de l’attitude du haut clergé face au changement de dynastie. Je proposerai ensuite une analyse plus détaillée de l’attitude de quatre prélats : deux réactionnaires, qui s’y opposent, et deux éclairés, qui l’acceptent.
Le haut clergé face au changement dynastique et à la guerre
6L’attitude du haut clergé face aux abdications de Bayonne et aux soulèvements qui se produisent dans nombre de villes espagnoles n’est pas homogène et l’on ne peut affirmer ni que le haut clergé ait défendu de manière exemplaire la cause nationale aux côtés du peuple, en luttant pour la religion, pour la patrie et pour le roi, ni que « les évêques aient, dès le début, poussé à l’insurrection populaire par leurs pastorales et leurs édits »8. De fait, la réalité est beaucoup plus complexe. Les évêques, tout comme le restant des groupes sociaux les plus influents, hésitent sur le parti à prendre car « les malheurs pouvant résulter d’une décision fâcheuse ou prématurée étaient extrêmement graves ». Ils doivent choisir entre la collaboration avec les Français et l’affrontement. Leur attitude n’est ni homogène ni constante et, dans de nombreuses occasions, se laisse porter par les circonstances.
7Dans les premiers mois, et jusqu’à la bataille de Bailén (19-VII-1808), la majorité du haut clergé accepte les faits comme une réalité inévitable. S’il est impossible de résister aux Français, il ne reste d’autre choix que celui de collaborer. Il ne faut pas oublier que la peur de l’anarchie est ce qui inquiète le plus les autorités et la plus grande partie des privilégiés, « car il n’y a rien de plus affreux aux yeux de notre religion que le tumulte, la sédition et le désordre qui naissent du peuple aveugle et stupide »9. L’archevêque de Tolède, Louis-Marie de Bourbon, primat de l’église espagnole et seul membre masculin de la famille royale résidant en Espagne, accepte la nouvelle légitimité et prouve son obéissance à Napoléon dans la lettre qu’il écrit le 22 mai.
« Monsieur, la cession de la cession de la couronne d’Espagne que le roi Charles, mon auguste souverain, a accordé à Votre Majesté Impériale et Royale, et qui a été ratifiée par leurs Altesses, le Prince des Asturies et les Infants Charles et Antoine, m’impose selon Dieu la douce obligation de mettre aux pieds de V. M. I. et R. les témoignages de mon amour, de ma fidélité et de mon respect. Veuillez V. M. avoir l’obligeance de me reconnaître comme le plus fidèle de vos sujets et de me communiquer vos ordres souverains afin de mettre à l’épreuve ma soumission cordiale et efficace »10.
8Le cardinal fait non seulement une déclaration de soumission verbale mais il corrobore par des faits ses paroles. Il nomme rapidement deux curés pour qu’ils représentent le diocèse de Tolède à l’assemblée de Bayonne, car « la cause de Dieu et de l’Église ne permet ni excuse ni retard », et qu’ils présentent à sa Majesté Impériale le juste hommage de soumission, de fidélité et de respect au nom de son Éminence, de l’ensemble des curés et autres ecclésiastiques de l’archevêché11. En outre, le cardinal met l’ensemble de ses biens à la disposition des troupes françaises12. Il n’est pas aisé de comprendre les raisons qui poussent le cardinal Bourbon à franchir ce pas. Son animosité envers Godoy, en raison des humiliations qu’il infligea à sa famille, a pu jouer, mais il semble que son attitude réponde en dernier lieu à l’interprétation providentialiste de l’histoire. Interprétation défendue par son ami Félix Amat et par la majeure partie des afrancesados.
9En revanche, l’archevêque de Palmyre, abbé de Saint Ildefonse de la Granja ne voit pas d’un bon œil le projet de Napoléon qui se propose de placer sur le trône espagnol un membre de sa famille. Cependant il ne peut l’éviter13. Face à la détermination de l’Empereur, il choisit ce qu’il considère comme un moindre mal pour éviter la guerre civile qui menace le pays : il dit à l’Empereur qu’il serait bon qu’il gouverne l’Espagne durant trois ou quatre ans de manière à la régénérer sans révolution, et qu’il lui laisse ensuite son indépendance14.
10Peu de temps après, à l’occasion du soulèvement qui se produit à la Résidence Royale de Saint Ildefonse de la Granja, le 3 juin, il adresse une circulaire aux prêtres de l’abbaye pour qu’ils exhortent leurs paroissiens à la tranquillité et qu’ils obéissent à la nouvelle dynastie, « car Dieu est celui qui offre et retire les royaumes et les transfère d’une personne à une autre »15. Et il conclut son argumentation en utilisant des mots très proches de ceux utilisés par l’évêque de Salamanque en 1801 : on ne peut utiliser le faux zèle de la religion pour « bouleverser l’ordre public, émouvoir les gens simples et imposer sa loi à ceux qui nous gouvernent en utilisant cet instrument violent que sont les commotions populaires »16.
11L’archevêque de Burgos se rend à l’Assemblée de Bayonne et oint Joseph I comme roi d’Espagne. L’évêque de Ségovie adresse une pastorale à ses diocésains, en les exhortant au calme et à la paix civile17. D’autres évêques, comme ceux de Salamanque, Palencia ou de Valladolid, n’hésitent pas à intervenir en faveur des leurs auprès des autorités françaises. Celui de Valladolid tente d’apaiser le général Merle et de l’inciter à la pitié : il présente le soulèvement survenu le 31 mai dans sa ville « plutôt comme le produit d’imaginations exaltées que comme un plan de résistance réfléchi ». Il lui demande enfin de pardonner au peuple et de ne pas livrer la ville au pillage18. L’archevêque de Saragosse se met au service des Français, il élabore à l’intention de l’ambassadeur français une liste d’ecclésiastiques et de personnes influentes du royaume d’Aragon et adresse à ses diocésains une pastorale où il requiert la soumission à l’égard du nouveau gouvernement19. Pour sa part l’évêque auxiliaire de Saragosse, dont l’esprit éclairé et la volonté moralisatrice lui permettent d’apprécier les aspects positifs du nouveau système politique français et de censurer les graves abus du gouvernement espagnol, interprète le remplacement des Bourbons par Joseph Bonaparte comme le dénouement logique de la tragédie dont l’Espagne souffre depuis trop d’années. Il le justifie ainsi : « Il y avait 20 ans que notre pauvre Espagne supportait les désordres inhérents à un gouvernement inapte et arbitraire », mais enfin, « en passant d’une main à une autre, elle reçoit une constitution et Joseph Napoléon pour monarque, celui-ci fonde une nouvelle dynastie et reçoit à Bayonne le serment d’obéissance et de fidélité des grands du royaume »20.
12En revanche, dans les villes où triomphent les soulèvements populaires et où s’organisent des Juntes provinciales, les évêques se prononcent en faveur de la rébellion et de la lutte contre les Français. Cette prise de position est parfaitement illustrée par les pastorales que les évêques de Cadix, Barbastro, Carthagène et Coria publient durant les derniers jours du mois de mai et tout au long du mois de juin. Ils y incitent à l’enrôlement et invitent le clergé à collaborer avec les autorités pour maintenir l’ordre et la sécurité publique. Certaines de ces Juntes provinciales nouvellement établies sont présidées par l’évêque, comme c’est le cas à Cuenca, Santander et Zamora. L’évêque peut également en être membre comme il advient à Cadix, Valence, Murcie, Huesca et en Galice21.
13Deux cas attirent fortement l’attention : ceux des évêques d’Orense et de Santander, que nous analyserons plus longuement par la suite. Le premier refuse sa mission lorsqu’il reçoit la notification de la Junte Suprême du Gouvernement de Madrid d’assister à l’Assemblée de Bayonne. Ce prélat, après avoir critiqué les moyens mis en œuvre par Napoléon pour soigner une Espagne malade, met en doute le libre consentement des rois et des infants lors des abdications, et demande à ce que ces dernières soient ratifiées lorsqu’ils ne seront plus sous l’emprise de la contrainte et de la peur22. Le second s’oppose dès le début au projet napoléonien et justifie la résistance contre l’envahisseur.23
14Tout aussi frappant est l’édit, sous forme de harangue militaire, que signe l’évêque de Barbastro le 30 mai 1808. En effet, il s’imagine à la tête de ses diocésains et fait des promesses qu’il ne tiendra jamais : « Dans ma main gauche, je brandirai, pour vous encourager, le symbole sacro-saint de la victoire sur le péché, et j’empoignerai le glaive dans ma main droite, pour la sanctifier par une sorte de nouvelle onction, en la trempant dans le sang de nos ennemis »24. Mais ce surprenant courage ne l’empêchera pas d’abandonner son diocèse peu de temps après.
15C’est pourquoi, lorsque le décret impérial du 4 juin 1808 proclame Joseph Napoléon I roi d’Espagne et des Indes, les divergences d’une grande partie du haut clergé étaient déjà manifestes : certains acceptent la nouvelle dynastie comme un moyen de régénérer une Espagne malade et d’autres s’opposent à tout ce qui est français et à la moindre réforme.
16La défaite de l’armée française à Bailén, le 19 juin 1808, prouve que les armes impériales ne sont pas invincibles, ce qui provoque l’enthousiasme patriotique des masses et incite bon nombre d’Espagnols réticents à épouser la cause nationale. Cependant, Napoléon a tôt fait de tirer les leçons de sa défaite et prend une série de dispositions pour mener à bien la contre-offensive. Au début du mois de décembre 1808, les troupes françaises commandées par l’Empereur en personne entrent de nouveau à Madrid et Joseph Bonaparte rétablit son règne sur une Espagne conquise et exige de tous ceux qui exercent des charges et des emplois publics qu’ils prêtent serment de fidélité au roi, à la constitution et aux lois.
17Au fur et à mesure que les troupes françaises s’approchent, de nombreux évêques résidents abandonnent leur diocèse pour ne pas être contraints à prêter serment au roi. Certains se déplacent vers le sud, d’autres se réfugient au Portugal et à Majorque, et quelques-uns errent dans les villages les plus reculés de leur évêché.
18Parmi les premiers figure le cardinal Bourbon qui, s’il accepte la nouvelle dynastie dans un premier temps, soutient la cause nationale après Bailén et devient un fervent patriote pour des raisons de subsistance. Il abandonne Napoléon et proclame Ferdinand, car la volonté divine lui avait été favorable. Début août il qualifie les Français d’« ennemis de Dieu et des hommes » et dans les deux pastorales qu’il publie entre septembre et octobre il insiste sur la même idée, transformant ainsi ce qui au début avait été un conflit dynastique en une guerre de religion contre les Français impies. Peu importe que la Constitution de Bayonne sanctionne l’officialité de la religion catholique ou que les Français soient respectueux de l’Église, il faut défendre la cause de Dieu, de la patrie et du roi, en luttant contre les envahisseurs français qui pouvaient revenir à tout moment.
« Vous ne devez pas perdre un instant [dit le cardinal] pour vous soulever en masse comme le peuple d’Israël, et toutes les provinces d’Espagne, il vous faut prendre les armes et en vous perfectionner dans leur maniement, […] en effet si la première tentative de Napoléon avait triomphé nous aurions été conduits, tel un troupeau, vers le centre de la France : les menottes auraient entravé nos poignets et, après avoir traversé l’Europe dans un triomphe honteux, on nous aurait destinés à la Sibérie ou à la Laponie »25.
19Cependant, le cardinal, se souvenant de son afrancesamiento de la première heure, admet que tous ne soient pas disposés à lutter pour la religion, pour la patrie et le roi, ce qui n’en fait pas pour autant des traîtres à la cause de Dieu. Ces paroles s’accordent bien avec son caractère, mais plutôt mal avec le ton belliciste de la plupart des pastorales publiées à cette époque. Ses appels à la miséricorde et à la charité, ainsi que la simplicité de son langage sont aux antipodes du langage incendiaire utilisé par les réactionnaires.
20Soucieux de se défaire des stigmates de son afrancesamiento, le cardinal contribue à la justification idéologique de la guerre et contribue aux frais de guerre : il offre sur ses propres rentes soixante mille réaux mensuels à la Junte de Tolède et trente mille à celle de Séville. Son adhésion à la cause nationale devient tellement publique qu’un retour en arrière lui est impossible. C’est ainsi qu’il fuit vers Séville en compagnie des membres de la Junte Centrale lorsque les troupes françaises refont leur apparition26.
21L’attitude du cardinal Bourbon semble avoir une influence sur son ami Amat, tout comme les critiques qu’il reçoit en raison de sa pastorale du 3 juin où il a justifié l’acceptation du nouvel ordre politique imposé par Napoléon. Le 14 août il publie une pastorale où il confie son « amour pour l’auguste dynastie des Bourbons » et affirme que son édit n’avait d’autre but que celui de maintenir la paix au sein du peuple, sans prétendre justifier le droit de l’empereur sur le destin de l’Espagne, et encore moins de condamner le soulèvement contre les Français comme une guerre injuste27. Peu de temps après, la Junte d’armement de Ségovie lui demande de l’aide dans le but de recruter les jeunes de son abbaye dans les rangs de l’armée du roi Ferdinand. L’abbé publie une nouvelle pastorale le premier septembre où il dit que les circonstances politiques ont changé et que l’heure est venue de s’unir pour défendre la juste cause de Ferdinand VII que les Espagnols, libres du pouvoir des Français, avaient proclamé roi légitime28. Cependant, à la différence du cardinal et de nombreux autres prélats qui fuient leur évêché lorsqu’à la fin du mois d’octobre les Français réapparaissent brusquement, l’abbé de Saint Ildefonse demeure dans son abbaye ce qui lui vaut le titre d’afrancesado.
22Après avoir fait face aux troupes françaises et avoir été vaincu, l’évêque de Santander part en novembre pour les Asturies et de là pour l’Angleterre d’où il embarque pour Cadix dans l’intention d’offrir ses services à la Junte Centrale. L’archevêque de Santiago passe au Portugal en février 1809, déguisé en patron de bateau. Il rentre ensuite dans son diocèse. Le vieil évêque de Ségovie choisit également le chemin de l’exil pour ne pas collaborer avec les Français, « croyant qu’ainsi il servait davantage Dieu et l’Église plutôt qu’en restant parmi les ennemis, qui chercheraient, par les moyens les plus violents, à abuser de son autorité ecclésiastique pour séduire tous ses paroissiens. Il est vrai que je pouvais et que je me devais de résister à toutes leurs manœuvres mais il est vrai aussi que ma mort ou mon exil en France les aurait libérés de cette difficulté sans apporter de fruit ni de profit spirituel au Diocèse »29. Il en va de même pour l’évêque de Calahorra qui, le 14 octobre, présente aux Cortès un mémoire où il critique durement tout ce qui est français30.
23L’évêque d’Orense abandonne également la capitale de son évêché et refuse l’invitation du maréchal Soult qui lui demande de revenir en ville. En récompense de ses services, la Junte lui offre le poste d’Inquisiteur Général, qu’il décline, et le 29 janvier 1810 il est nommé membre du Conseil de la Régence31.
24L’archevêque de Tarragone et les évêques de Lérida, Barcelone, Tortosa, Urgell, Teruel, Carthagène et de Pampelune se réfugient à Majorque. Accusés d’indifférence envers le mouvement national et de s’être soustraits aux rigueurs de la guerre32, ils font savoir aux Cortès, en mars 1812, qu’ils se sont absentés de leurs diocèses « pour préserver notre dignité et pour empêcher que l’on n’abuse de notre ministère, ce que cherche le tyran avant toute chose, pour le plus grand préjudice de la patrie et de la religion »33.
25D’autres prélats, comme ceux d’Astorga, Barbastro, Cuenca, Tarazona ou Tudela, errent dans les villages les plus reculés de leurs diocèses. Celui d’Astorga se voit dans l’obligation d’aller à Madrid pour prêter serment au roi Joseph. Mais à son retour, il se réfugie dans les villages contrôlés par les patriotes34. Celui de Cuenca se cache dans les villages qui ne sont pas contrôlés par les Français. Le gouvernement le considère comme un traître35. Celui de Tarazona va de paroisse en paroisse sous couvert de visite pastorale jusqu’à ce qu’il soit arrêté. Enfin celui de Tudela est effrayé par les mauvais traitements que lui avaient infligés les troupes36.
26La junte Centrale approuve expressément la conduite des prélats qui abandonnent leurs diocèses face à l’invasion française, mais elle regarde avec une certaine suspicion ceux qui restent sur place. C’est ce que l’on peut déduire du décret du 12 avril 1809 signé par le vice-président de la Junte Centrale qui dénonce l’audace et la dépravation affichées par quelques évêques,
« qui en quittant le chemin que beaucoup de leurs frères ont suivi et en se montrant plus attachés aux honneurs et aux biens terrestres desquels, au pied de l’autel, ils ont juré de se détacher…, ont démontré à l’envi être les instruments du tyran pour extirper du cœur des loyaux Espagnols l’amour et la fidélité qu’ils portent à leur souverain légitime, pour prolonger les maux de leur patrie, et même pour avilir la religion et la laisser fouler aux pieds par des bandits des plus sacrilèges »37.
27Certains évêques, cependant, ne se montrent pas aussi scrupuleux au moment d’offrir leur collaboration aux autorités françaises. Au moins treize prélats résidentiels, quatre auxiliaires et deux titulaires sont accusés de collaborer avec l’envahisseur. Parmi eux, nonobstant, il faut distinguer deux groupes : ceux qui collaborent avec une certaine passivité et ceux qui font montre d’une adhésion explicite au roi Joseph.
28Parmi les premiers se trouvent les archevêques de Burgos et de Valence, ainsi que les évêques de Palencia, Valladolid, Zamora, Salamanque, Avila, Lugo, Jaca, Gérone et León. Celui de Palencia accueille chaleureusement les troupes françaises et reçoit en récompense le grade de commandeur de l’Ordre d’Espagne38. En novembre 1808 celui de Valladolid s’éloigne au moment où les Français s’approchent. Il revient en février 1809 et accepte la nouvelle situation en se soumettant aux exigences gouvernementales. Il participe également aux cérémonies du culte organisées pour célébrer les batailles de l’empereur ou la fête du roi, et s’entretient longuement avec le monarque lors de sa visite à Valladolid en juin 181139. Celui de Zamora prêche la soumission au souverain et la fraternisation avec les troupes françaises40, et celui de Salamanque exhorte ses diocésains à accepter le nouveau roi41.
29L’évêque d’Avila maintient une position ambiguë. Il aide économiquement la Junte Centrale, mais ne quitte pas sa ville et collabore avec le nouveau gouvernement. L’avant-garde de l’armée du général Lefebvre arrive à Avila dès les premiers jours de janvier 1809. La ville donne alors l’ordre de sonner l’alarme et les habitants les font fuir sans savoir que, aux alentours, se trouvait une armée de quatorze mille hommes disposés à venger l’offense et à appliquer les décrets de Napoléon, en livrant la ville au pillage et à la destruction. Le prélat « s’offre, avec la satisfaction d’exposer sa vie pour la liberté du peuple » et, accompagné par l’archidiacre, il se présente devant le général français pour demander clémence. Bien qu’il ne puisse éviter quelques pillages, il obtient la suspension des décrets et un pardon général de la ville42. Peu après, il accueille les troupes françaises par un sermon dans lequel il présente le roi Joseph, comme le « plus juste, le plus éclairé et plus pieux de tous les princes », et demande à ses diocésains de lui jurer fidélité et amour car son règne fera le bonheur de l’Espagne43. Un mois après, il préside la délégation d’Avila qui s’incline à Madrid devant le roi. L’année suivante il est nommé chevalier de l’Ordre d’Espagne. Ce comportement provoque l’animosité de certaines personnes contre le prélat et l’oblige à adresser à la Junte Suprême de Gouvernent du Royaume un long discours pour se disculper, justifier sa conduite et renouveler sa constante adhésion à Ferdinand VII44.
30L’évêque de Lugo, face à la difficile conjoncture qu’impose l’occupation française, préfère rester dans son église pour consoler et aider ses diocésains durant ces temps de tribulations. Il dédaigne les conseils de ceux qui lui demandent de se mettre à l’abri et répond de la sorte : « Voulez-vous, si je quitte la ville, qu’il ne reste plus un seul prêtre pour aider un moribond ? Voulez-vous ainsi rendre vos ennemis furieux ; qu’ils dévastent à feu et à sang jusqu’aux murs du sanctuaire ? Voulez-vous que les malheureux demeurent sans les consolations de la religion ? Qui alors serait responsable des incendies et des désastres, des profanations et des turpitudes causés par ma fuite ? Non, je ne puis abandonner une église à laquelle je me trouve lié depuis tant d’années ; j’irai au-devant des maréchaux, je me jetterai à leurs pieds s’il le faut, je les supplierai pour mes fidèles, pour mes ouailles, pour cet auguste tabernacle où réside notre Seigneur, et je parviendrai peut-être ainsi à empêcher les dévastations dont nous sommes menacés. Je mourrai peut-être dans cette requête mais je mourrai alors en exerçant mon ministère »45. Son attitude bénéfique pour le peuple a néanmoins été critiquée et nombreux sont ceux qui l’ont accusé de collaborer avec les Français46. L’évêque de Jaca adopte un comportement similaire : il demeure dans son diocèse et collabore avec le gouvernement français pour éviter les représailles47.
31Il en va de même pour l’archevêque de Valence, qui, lors de la première expédition française contre Valence en 1808, invite les soldats et le peuple à défendre la religion et le roi. Cependant, lorsque le maréchal Suchet s’empare de la ville, il y demeure et collabore avec les nouvelles autorités, en adressant plusieurs exhortations à ses diocésains pour qu’ils obéissent et que la paix soit maintenue48. Ses bonnes relations avec Suchet et l’obtention de l’Ordre d’Espagne lui valent d’être tenu pour afrancesado, « ce qui était le résultat de l’extraordinaire talent et de l’exceptionnelle prudence de l’archevêque étant perçu comme de la condescendance envers l’ennemi »49. Sa mort en février 1813 lui évita d’éventuels problèmes.
32La même bonne foi guide l’évêque de Gérone qui, après avoir participé activement à la résistance durant les sièges subis par la ville, décide de collaborer avec ses nouveaux maîtres pour éviter de plus grands malheurs et publie deux pastorales, le 1er janvier et le 25 juin, où il invite à la paix et exhorte le clergé à encourager l’obéissance au nouveau roi. Les Français lui en sont reconnaissants et lui rendent un sincère hommage lors de son décès en 181050.
33Enfin, l’évêque de León, bien qu’accusé de manifester publiquement une franche adhésion aux Français et bien que sa conduite politique soit considérée comme « abominable »51, maintient en fait une position ambiguë, dépendant de la situation de la ville qui change à plusieurs reprises de maître. Il collabore avec les Français lorsque ceux-ci la contrôlent et fait montre de patriotisme lorsque les nationaux la dirigent. L’intendant afrancesado en vient ainsi à déclarer au ministre des Affaires Ecclésiastiques que ce prélat, dont la prise de position fluctue, n’a aucune opinion personnelle, et c’est pourquoi le clergé « qui ne respecte ni ne craint aucun chef, ne peut faire montre de discernement et se trouve dans l’incapacité de prendre des décisions fermes. Il se laisse ainsi porter par les rumeurs populaires et croit ce que lui dit un simple muletier »52.
34Face à ces évêques collaborationnistes, il convient de mentionner un groupe plus réduit (les évêques résidents des diocèses de Cordoue, Grenade et Saragosse, les évêques auxiliaires de Saragosse, Tolède et Séville, l’archevêque titulaire de Palmyre, l’évêque démissionnaire de Puerto Rico et l’abbé d’Alcalá la Real), qui, de par leurs manifestations publiques ou les honneurs qu’ils reçoivent en récompense de leurs services, doivent être considérés comme de véritables partisans de Joseph Bonaparte.
35L’un des premiers à se déclarer en faveur de la nouvelle dynastie a été Félix Amat, abbé de Saint Ildefonse et archevêque de Palmyre, comme nous l’avons indiqué antérieurement53. Jusqu’au mois de mars 1810, Amat demeure dans son abbaye de Saint Ildefonse et se plie aux dispositions du gouvernement napoléonien. À la demande du ministre des Affaires Ecclésiastiques, il ordonne aux prêtres de consacrer pendant la messe la prière de la collecte et famulos à la famille royale, au peuple et à l’armée et pousse les fidèles à prier pour que ceux qui ne reconnaissent pas encore l’autorité de Joseph Bonaparte se soumettent rapidement au monarque54. Le 6 mars 1810 il se rend à Madrid sur ordre du Roi. Il y remplit les obligations qui correspondent à sa dignité : il assiste aux réceptions du palais, préside la messe et la procession de la Fête-Dieu de 1811. Cette présence publique à la cour incite la presse à le présenter comme membre du parti afrancesado et à le considérer comme le conseiller de Joseph I pour ce qui est des affaires ecclésiastiques55. Il reçoit également des distinctions et des charges, comme l’Ordre d’Espagne en 1809, l’évêché d’Osma où il ne réside pas et où il n’exerce aucun acte de juridiction56. Il devient visiteur apostolique et surintendant des couvents de religieuses de Madrid et fait à cette occasion montre de son talent de réformateur éclairé. En effet il essaye de résoudre le problème humain des religieuses : il en fait des êtres utiles à la société et à l’État en leur confiant l’éducation des filles et d’autres activités sociales57.
36Une autre figure intéressante est celle d’Alfonso Aguado Jaraba, évêque auxiliaire de Tolède et gouverneur ecclésiastique du diocèse depuis la fuite du cardinal Bourbon en 1808. Afrancesado convaincu, il est récompensé par l’Ordre d’Espagne et promu à l’évêché de Calahorra en 1808. Comme il n’est pas accepté par le chapitre de Calahorra, il fixe sa résidence à Vitoria et continue à percevoir les rentes inhérentes à sa qualité de chanoine de Tolède. À la fin de la guerre, il est fait prisonnier par Espoz y Mina et confiné à Burgos. Il se rend ensuite à Guetaria (Guipúzcoa) où il meurt en janvier 1815, privé de ses prébendes58.
37Lorsque Joseph I s’empare de la majeure partie de l’Andalousie en 181059, les prélats de Cordoue et de Grenade font montre d’une fervente adhésion envers le monarque. Celui de Cordoue écrit une pastorale où il exhorte ses diocésains à déposer les armes contre les Français, à obéir et honorer le roi Joseph, car Dieu l’a choisi pour châtier la dynastie régnante, en la bannissant de son trône. Il y accuse aussi de fanatisme tous ceux qui refusent le roi Joseph et sont fidèles à Ferdinand.
« Et il est également juste [dit l’évêque] alors que, d’une part, la raison et la politique vous engagent à obéir et à être fidèles au roi et à la constitution de l’État, que, d’autre part, votre prélat vous signale que c’est là un devoir de conscience dicté par la religion... Enfin, que nous devons louer Dieu de nous avoir donné un roi tel que don Joseph Napoléon, dont la vie et la prospérité doivent, à l’avenir, être l’un de nos vœux les plus ardents, et nous y avons le plus grand intérêt... C’est ainsi que le Tout-Puissant, dont le pouvoir seul est éternel, ce qui lui vaut d’être appelé le Roi des Siècles, dispose des trônes et des monarchies, et les dissipe comme des nuées quand il le veut »60.
38Le prélat de Cordoue, tout comme l’avait fait Amat deux années auparavant, appuie son raisonnement sur le providentialisme de Bossuet car Dieu est celui qui crée et détruit les royaumes, en les offrant à qui il veut pour qu’ils les servent le temps qu’il aura décidé et comme il l’entend. Et le prélat conclut : « Comment ne pas reconnaître qu’il faut attribuer à la main de Dieu le changement de la maison régnante en Espagne, et le transfert du trône à la famille de ce héros que le monde admire ? Moi, mes enfants, en ma qualité de ministre du Christ... je me limiterai à vous faire voir que... vous devez tous de bon gré vous soumettre au Roi que la providence de Dieu vous destine, et vivre tranquillement sous sa domination et sous l’empire de ses lois »61.
39Le vieil archevêque de Grenade publie lui aussi une pastorale de loyauté à Joseph I ; raison pour laquelle, dans la zone nationale, on l’accuse d’être afrancesado62. En 1815, son successeur justifie ainsi sa collaboration avec le gouvernement afrancesado : « Il était sous la pression de la violence de la domination et intimidé par les vexations avec lesquelles ils l’humiliaient fréquemment, brisant son moral, déjà bien bas, sous le poids de ses plus de plus de quatre-vingts ans »63.
40Un autre prélat, Manuel Cayetano Muñoz, évêque auxiliaire de Séville, collabore avec le nouveau régime. Bien qu’il fuie devant l’avancée des Français, il revient dans sa ville en janvier 1810 « afin d’être, si besoin est, le premier à obéir aux autorités légitimes, et pouvoir ainsi, avec l’aide de Dieu, être le premier médiateur auprès de notre monarque catholique et messieurs ses ministres, ceci dans votre intérêt qui est celui de tous les fidèles du diocèse »64. Son attitude lui vaut de recevoir en récompense l’Ordre d’Espagne et l’évêché de Malaga en avril 1810. Malgré sa conduite, il continue à exercer ses fonctions épiscopales après la guerre.
41Enfin, les prélats accusés unanimement d’afrancesamiento sont l’archevêque de Saragosse, Ramon José de Arce, et son évêque auxiliaire, le frère capucin Miguel de Santander. Absents durant les deux sièges subis par la ville, ils collaborent étroitement avec les autorités françaises. Après Bailén, Arce se retire à Iruz de Toranzo pour recouvrer la santé grâce « à l’air du pays » et le 20 mars 1809 il envoie son serment de fidélité au roi Joseph65. en mai 1809 il est arrêté par une bande de guérilleros et conduit à la Chartreuse de Jerez de la Frontera où il demeure prisonnier jusqu’en février de l’année suivante où il est libéré par l’armée française. Non seulement Arce recouvre la liberté mais il récupère, par un décret royal du 18 mars, les dignités de Patriarche des Indes et de Grand Aumônier, et c’est à ce titre qu’il accompagne le roi dans sa visite à la cathédrale de Grenade. Durant les trois années suivantes il vit à la cour en exerçant ses fonctions et, pour se justifier, il assure que durant tout ce temps sa seule préoccupation a été d’intercéder en faveur des malheureux, d’aider les indigents et de veiller au bon respect du culte66. Après la défaite des Français à Vitoria, Arce n’a d’autre choix que de suivre les troupes impériales dans leur retraite en France où il vivra jusqu’à sa mort.
42L’évêque auxiliaire, Fr. Miguel de Santander, collabore lui aussi avec les autorités françaises. En juillet 1809 le roi Joseph lui confie le gouvernement des églises d’Aragon, « de manière à ce que les affaires ecclésiastiques soient administrées correctement et promptement »67. Dans les premiers jours de 1810, il est nommé évêque de Huesca et prend possession de son siège. Quelques mois plus tard il est promu archevêque de Séville et reçoit l’Ordre d’Espagne68.
43Le gouvernement napoléonien cherche aussi à gagner l’appui d’autres prélats, tels que l’évêque démissionnaire de Puerto Rico et l’évêque-abbé d’Alcalá la Real. Le premier vit une partie de la guerre à l’écart, dans son village de la province de Tolède. Le gouvernement utilise cette circonstance pour le nommer, dans l’intention de le compromettre avec le régime, chevalier de l’Ordre d’Espagne et évêque de Malaga dont il gouverne le diocèse en qualité de vicaire capitulaire sur vacance de siège. Il est ensuite promu archevêque de Tolède mais refuse sa nomination. Quant au second, évêque d’Albarracín de 1792 à 1800, date à laquelle il démissionne et est nommé abbé d’Alcalá la Real, il recevra en 1810 du gouvernement de Joseph Bonaparte l’évêché de Huesca69.
44Face à la situation que nous venons de décrire, il serait absurde de soutenir la thèse d’un patriotisme monolithique concernant les évêques espagnols. En effet, bien que cette idée ait été débattue au sein des Cortès de Cadix, les apologistes postérieurs, comme le père Vélez, n’ont cessé d’affirmer que « l’Espagne peut être fière de ne compter parmi ses pasteurs que quelques rares afrancesados »70. Il conviendrait plutôt de parler de deux attitudes différentes : celle de ceux qui font face aux sanctions de la fuite « pour ne pas trahir leur patrie et ne pas assister à l’outrage fait à la religion », et celle de ceux qui, pour accomplir leurs devoirs pastoraux, font le choix, tout aussi difficile, de rester auprès du peuple, au milieu des ennemis, afin de servir de médiateurs et de tempérer la fureur des Français. En tout état de cause, nous pouvons affirmer que la collaboration de la hiérarchie ecclésiastique avec le nouveau régime n’a pas été quantité négligeable car bon nombre d’évêques non seulement ont reconnu la nouvelle dynastie mais ont prié instamment le peuple de suivre le même chemin.
45Pour ce qui est des membres des chapitres et leur attitude face au projet napoléonien nous pouvons affirmer que ce sont eux qui fournissent le plus grand nombre de collaborateurs71. Le fait qu’ils habitent en milieu urbain, leur meilleure formation intellectuelle et les bénéfices économiques inhérents à la possession d’une prébende capitulaire sont autant de facteurs qui expliquent le pourcentage élevé de membres de chapitres qui se montrent favorables aux nouvelles autorités, qu’ils possèdent déjà leur prébende ou qu’ils l’obtiennent alors. Il n’est pas fortuit que les cathédrales les plus riches soient celles qui comptent le plus grand pourcentage d’afrancesados, ce qui est le cas à Séville et à Tolède. Outre les nouvelles nominations qui couvrent progressivement les vacances dues au décès ou à la destitution des titulaires, il se produit un important mouvement de promotions internes car le gouvernement récompense les adhésions et les services rendus par des avancements. Ainsi, nombreux sont les prébendiers qui deviennent chanoines et ceux qui bénéficient d’une demi-prébende qui deviennent prébendiers. Le chanoine doctoral de Cordoue, López de Gordoa, est même nommé évêque de Zamora le 13 juin 181072.
46En tout état de cause, nous pouvons distinguer deux groupes parmi les membres des chapitres qui appuient le projet napoléonien : ceux qui se limitent à collaborer et ceux qui appuient de manière active la nouvelle dynastie. Le premier est le plus important et est constitué de ceux qui n’ont aucun scrupule à collaborer avec les autorités, même s’ils le font avec une certaine passivité. Ils prêtent serment de fidélité au roi Joseph et de par leurs fonctions, font en sorte que les prêtres contribuent à assurer la paix et l’obéissance aux autorités. Dans ce groupe, nous pouvons inclure plus de la moitié des membres des chapitres des cathédrales, bien que la plus grande partie soit des figures anonymes qui acceptent de collaborer avec le gouvernement de Joseph I pour ne pas perdre leur prébende. Les plus connus sont ceux qui exercent des fonctions de gouvernement, comme les vicaires ou les gouverneurs généraux de l’évêché. Les cas de Ségovie, Lérida, Teruel ou Tolède en sont de bons exemples. Dans les circulaires que celui de Ségovie, González Vallejo, adresse aux curés, et de manière plus précise dans celle du premier mars 1810, il emprunte quelques idées de Félix Amat, avec qui il est en contact du fait de la proximité de Saint Ildefonse, et il les exhorte à montrer à leurs paroissiens la voie de l’obéissance aux autorités et à leurs lois, afin que règnent la paix et l’ordre public73.
47Celui de Lérida, José Vidal, après avoir loué Napoléon, « envoyé par le Dieu de toutes les consolations, comme un génie tutélaire, pour rétablir et assurer à la France les bénéfices d’un bon gouvernement », défend avec ferveur la providence divine qui, par une série d’événements, a provoqué le changement dynastique ; il accuse les insurgés de s’opposer aux desseins divins et les rend coupables de tous les maux dont souffre l’Espagne.
« Ces mots sacrés, religion et patrie [dit José Vidal] n’ont jamais été autant prostitués et profanés... Quelques hommes, agités par la fureur barbare du fanatisme, excitent et enflamment les populations innocentes et simples d’Espagne, afin qu’elles s’opposent de toutes leurs forces aux décrets de l’Éternel, qui, par une série d’événements orchestrés et dictés par la divine providence elle-même, a changé la dynastie de nos souverains... Si les Espagnols avaient accepté le nouveau souverain que leur destinait le Seigneur, ils auraient évité cette désastreuse guerre qui a répandu sur notre patrie un torrent de malheurs et de maux qu’à présent ils attribuent, eux, de manière inconsidérée, au gouvernement français »74.
48Conformément à ces principes, il collabore avec le gouvernement français, demande aux prêtres d’obéir aux nouvelles autorités et leur ordonne de prêcher auprès de leurs fidèles qu’ils ont l’obligation de « Vouer un profond respect, fidélité et obéissance à notre roi Joseph I et aux autorités qui nous gouvernent »75. Ces actes publics et les démarches qu’il fait auprès des autorités pour rétablir le libre exercice de la vie religieuse lui valent d’être tenu pour renégat et afrancesado. Aussi, lorsque les troupes françaises abandonnent la ville en février 1813 et que l’évêque prend en charge le gouvernement diocésain, il ouvre un procès contre le gouverneur pour vérifier ces accusations76.
49Bon nombre d’autres vicaires généraux ou gouverneurs de diocèses ayant abandonné leurs pasteurs se trouvent face à des problèmes du même ordre, même si dans bien des cas ils ne trouvent pas de motifs suffisants pour mettre en accusation ceux qui ont dû prendre la barre du navire diocésain, abandonné, afin de se mettre à l’abri, par ses capitaines.
50Le second groupe est constitué par ceux qui montrent, au grand jour, leur adhésion explicite au roi Joseph et de par leurs actes publics, les honneurs et les charges reçus en récompense de leurs services doivent être considérés comme de véritables afrancesados. Parmi eux, il convient de compter tous ceux qui se rangent publiquement du côté des nouvelles autorités et collaborent avec elles activement, comme par exemple Juan Antonio Llorente, José Salcedo, Manuel Vicente Ibarrola ou Francisco Terán, etc. À partir de 1810, après la conquête de l’Andalousie, ce groupe reçoit une impulsion importante grâce à l’incorporation de nombreux prébendés andalous, comme Sebastián de Miñano, Alberto Lista, Félix Reinoso, Sánchez Arjona ou Sempere Guarinos. C’est dans ce groupe qu’il faut placer les plus de trois cents prébendés nommés par le gouvernement de Joseph I pour couvrir les vacances produites par le décès ou la destitution des titulaires77. Bon nombre d’entre eux, à la fin de la guerre, préfèrent s’exiler en France par crainte de possibles représailles78.
51C’est ce groupe qui reçoit le plus grand nombre de critiques après le conflit. Ils sont taxés de profiteurs, d’arrivistes et de temporisateurs car, se trouvant en position favorable, ils ont cru qu’ils obtiendraient facilement de l’avancement en appuyant le vainqueur. À l’inverse, il semble plus aisé de trouver des excuses à ceux du premier groupe, considérés comme des collaborateurs de bonne foi puisqu’ils pensaient que leur adhésion au nouveau souverain éviterait de plus grands malheurs. Ce sont là les nombreux vicaires et gouverneurs, responsables des différentes parcelles du pouvoir diocésain, qui doivent nager entre deux eaux pour faire fonctionner l’administration diocésaine et contenir la colère des représentants gouvernementaux.
Attitudes opposées de quatre prélats
52Il s’agit de quatre vies quasiment parallèles avant 1808 et opposées à partir de cette date. À savoir, d’une part, Rafael Menéndez de Luarca (1773-1819), évêque de Santander79 et Pedro Quevedo (1736-1818), évêque d’Orense80 ; et d’autre part Félix Amat (1750-1824), archevêque de Palmyre et abbé de la Résidence Royale de Saint Ildefonse de la Granja81, et Fr. Miguel de Santander (1774-1831), évêque auxiliaire de Saragosse82. Ces quatre personnages étaient déjà fort connus avant l’occupation française. Les deux premiers avaient acquis une réputation d’évêques zélés et réactionnaires alors que les seconds étaient réputés pour leur caractère éclairé et réformateur. Dès l’occupation française et les abdications de Bayonne, la vie de ces prélats prend des chemins différents, non seulement du fait de la guerre mais de par la manière dont ils réagissent : Menéndez de Luarca et Quevedo se rebellent contre le projet napoléonien alors qu’Amat et Santander l’acceptent. L’on pourra trouver la marque des différences idéologiques de ces prélats dans leur position vis-à-vis de la révolution française et du réformisme éclairé ainsi que dans le jugement qu’ils portent sur la guerre et les circonstances qui l’entourent.
Deux évêques réactionnaires
53L’attitude des évêques de Santander et d’Orense face à la Révolution française est parfaitement définie dès la fin du XVIIIe siècle. Le premier, Menéndez de Luarca, l’affiche dans la pastorale qu’il publie en 1794 afin de lancer un appel à la résistance contre les Français pendant la guerre contre la Convention (1793-1795). Ses idées sont en conformité avec la pensée réactionnaire de l’époque et il assume parfaitement les topiques répandus dans les écrits contre-révolutionnaires : le plan diabolique de la fausse philosophie pour renverser les trônes et la religion ; la diffusion des innovations politiques et religieuses de la France aux autres pays ; la nécessité de trouver des remèdes adaptés pour freiner la contagion grâce à une véritable philosophie, à l’exaltation de l’Église et à l’étroite union entre le trône et l’autel. C’est pourquoi il faut s’opposer à la révolution en profitant des armes militaires et spirituelles caractéristiques de la guerre Sainte83.
54L’idéologie réactionnaire de l’évêque de Santander est complétée en 1806 par la représentation qu’il adresse au ministre Caballero. En effet elle constitue une énergique plaidoirie contre les innovations et les tentatives de réforme des ilustrados en matière ecclésiastique. L’évêque affirme que les remèdes aux maux dont souffre l’Espagne doivent être cherchés dans la restauration de la religion dans toute sa pureté, dans le respect scrupuleux par les pouvoirs publics des biens ecclésiastiques et dans la consultation des évêques au regard des affaires temporelles d’importance. Somme toute, dans le refus de tout ce que représentent la Révolution et les Lumières84.
55Bien que l’évêque de Santander ne va pas jusqu’à écrire un traité sur la guerre d’Indépendance, ses proclamations et quelques-uns de ses opuscules permettent de tracer une théorie de l’insurrection assimilée à la guerre Sainte, dans la même ligne que ce que font les patriotes à ce même moment. Il qualifie Napoléon de « Voleur de royaumes et de rois », voit l’invasion de 1808 comme une iniquité et défend la légitimité de la lutte, par tous les moyens, contre l’envahisseur. Dans sa proclamation du 22 mai il explique aux habitants de Santander qu’il ne faut surtout pas faiblir dans la lutte car la ruine de Napoléon est proche et il leur adresse ces paroles brutales : « Vous ne serez jamais aussi heureux qu’aujourd’hui, vous ne pourrez jamais comme aujourd’hui étancher votre soif de sang français. Battez-vous pour la religion, pour Dieu, pour Jésus-Christ, pour le Roi, pour la Patrie, pour le peuple, pour la justice, pour votre sécurité, car dans le cas contraire vous courrez à votre perte »85.
56Le prélat de Santander pousse sa position idéologique jusqu’aux dernières conséquences. Au mois de mai il préside la junte provinciale et le 11 juin il est nommé régent. Avec ce titre et avec de celui de président de Cantabrie il part en campagne contre les troupes françaises, ce qui lui vaut d’être critiqué par l’afrancesado Suárez de Santander qui l’accuse d’être le responsable des calamités endurées par la province : « loin d’être ministre de la paix, de la concorde et de l’union, il n’a fait que prêcher le soulèvement et la désobéissance, ne respirant que la guerre, et ce contre l’esprit de l’Évangile »86. La défaite de son armée l’oblige à fuir de son diocèse. Il se réfugie d’abord aux Asturies et plus tard, en mai 1809, lorsque la Principauté est envahie, il s’embarque pour l’Angleterre. En juin il part à Cadix et en 1813 il s’établit en Galice où il critique l’œuvre des Cortès de Cadix et les libéraux qui lui apparaissent comme une prolongation des afrancesados.
57L’idéologie réactionnaire de l’évêque d’Orense, bien qu’elle ne se manifeste pas de manière aussi radicale, semble influencée par les prêtres français qui s’étaient réfugiés en nombre dans son diocèse pour fuir la Révolution87. Parmi eux, se distingue l’évêque de Blois qui arrive à Orense en 1793 et séjourne jusqu’en 1806, durant de longues périodes, dans le palais épiscopal. Mais ses écrits réactionnaires inquiètent les autorités qui l’enferment dans le couvent du Bon Jésus de Limia. Il y demeure jusqu’à l’été 1808, date à laquelle, grâce à la conjoncture de guerre, l’évêque obtient de la Junte du Royaume de Galice que lui soit rendue sa liberté de mouvements ainsi que l’autorisation de partir pour Londres. Lors de leurs longues conversations, l’évêque de Blois fait part à celui d’Orense des effets pernicieux de la Révolution et, à son départ, lui cède une bonne partie de sa riche bibliothèque. Il n’est donc pas étonnant de voir l’évêque d’Orense adopter une attitude de prévention et de méfiance face aux mesures de Napoléon et à l’invasion française.
58À la différence de l’évêque de Santander, celui d’Orense ne fait pas l’apologie de la guerre contre les Français, mais en analyse les implications politiques et met en question les abdications de Bayonne. En remettant en cause la validité des abdications des rois, du prince et des infants, le prélat met en doute la légitimité de l’autorité de Napoléon pour intervenir dans les affaires espagnoles. Invité à assister à l’Assemblée de Bayonne par la Junte du Gouvernement de Madrid, il lui répond le 29 mai et pour justifier son absence, il argue de son âge avancé et met en doute l’autorité de Napoléon pour améliorer le sort de la nation et de la monarchie. Car, de son point de vue, les abdications des membres de la famille royale, dont dépend l’autorité de l’Empereur, sont devenues suspectes aux yeux de la nation. Pour être valides, ou du moins pour satisfaire la nation, elles doivent être ratifiées par les rois et les infants en dehors de toute contrainte. Aussi demande-t-il à l’Empereur de leur permettre d’exprimer librement leur volonté sur le territoire espagnol et devant les Cortès générales du royaume. En agissant ainsi, l’Espagne tout entière se prosternera devant le plus grand empereur ; mais en attendant il est considéré comme l’oppresseur des princes et de l’Espagne. L’évêque conclut en disant que l’Espagne ne peut recouvrer sa santé sous le joug de l’esclavage, et qu’on ne peut la guérir en l’enchaînant, « car elle n’est ni folle ni furieuse »88.
59L’évêque d’Orense appuie dès le début la résistance contre les Français et contribue à la création d’une Junte de défense d’Orense, à laquelle il remet 120 000 réaux, bien que jusqu’au début de l’année 1809 sa ville se trouve épargnée par la guerre. Le 20 janvier les Français entrent dans la ville que l’évêque abandonne, sourd à l’invitation du maréchal Soult qui le prie de réintégrer son église. En effet, Napoléon avait demandé au maréchal de se montrer respectueux vis-à-vis de ce prélat, « en mémoire de ses vertus et plus particulièrement en reconnaissance de la dette contractée à son égard, lorsque, œuvrant charitablement en faveur de la nation française, il avait recueilli à ses frais plus de trois cents émigrés du pays »89. Peu de temps après, l’évêque organise et préside la Junte des Volontaires de Lobeira, constituée d’ecclésiastiques, pour lutter contre les Français. Le 29 janvier 1810 il est nommé membre du Conseil de Régence en raison du patriotisme dont il avait fait preuve en refusant l’invitation française pour se rendre Bayonne. Tous appuient sa nomination, qu’ils soient absolutistes ou libéraux, patriotes ou neutres, clercs ou laïques, chacun pensant pouvoir l’utiliser à son profit. L’évêque arrive à Cadix vers la fin du mois de mai, et prend peu de temps après possession de ses fonctions. Le 11 juin il dévoile sa pensée politique en formulant « de graves objections à la réunion des Cortès et en exprimant sa crainte de voir s’immiscer dans l’assemblée un esprit révolutionnaire qui produirait tous les maux qui avaient dévasté la France »90.
60Don Pedro Quevedo représente le maintien de l’ancien régime, le traditionalisme et l’absolutisme agressif, l’opposition à toute ouverture et l’opposition au dialogue avec l’ennemi. De ce fait, il s’oppose aux Cortès. Lorsque dans la nuit du 24 septembre 1810 les autres membres de la Régence prêtent serment aux Cortès, l’évêque s’excuse en raison de l’heure tardive et de son âge avancé. Il renonce à ses fonctions de membre de la Régence et de député d’Extrémadure et demande l’autorisation de rejoindre son diocèse. Cependant avant de partir, le 3 octobre, il envoie une lettre aux Cortès où il manifeste son opposition à l’idée de souveraineté nationale que les Cortès s’attribuent, car en l’acceptant elles peuvent changer la forme de gouvernement ou la dynastie. C’est-à-dire, « si la nation n’est pas assujettie à son monarque, ni ne lui doit allégeance, si la volonté collective est au-dessus de tout, rien ne peut alors l’empêcher de changer à son gré de rois et de gouvernements, et de former autant si ce n’est plus de constitutions que celles avortées par la Révolution française, ouvrant ainsi le chemin à Joseph Napoléon pour consommer l’usurpation de la couronne d’Espagne91 ». L’exemple français permet à l’évêque de comparer les libéraux espagnols aux jacobins français et d’indiquer que toutes les réformes proposées par les Cortès sembleront révolutionnaires et susciteront le rejet des conservateurs. Autrement dit, les conséquences générées par la souveraineté nationale peuvent aller jusqu’à égaler voire dépasser les délires et les attentats des révolutionnaires français. Cette identification de résultats entre le labeur des Cortès et les excès révolutionnaires s’explique par l’existence en Espagne d’un groupe imprégné des idées destructrices de la révolution, « dont les maximes et les principes semblent avoir pénétré et prévalu chez quelques Espagnols, ignorants, qui se prennent pour des sages et des politiques, au seul motif qu’ils ont lu de petits livres français, des gazettes et des feuilles publiques prodigués en accord avec les faux philosophes et les publicistes du siècle en cours et du précédent, en règle générale anticatholiques »92. L’argumentation de l’évêque est une parfaite anthologie des topiques réactionnaires. Les libéraux apparaissent comme les représentants directs de la révolution française et deviennent ainsi une menace pour la société. Donc le bonheur de l’Espagne ne peut être trouvé en « créant de nouvelles formes de gouvernement mais en rétablissant l’ancienne, en donnant de la vigueur aux lois surannées qu’il conviendra de rénover »93. De ce fait, la fonction des Cortès doit se limiter à nommer une régence stable et à s’autodissoudre, en laissant les changements pour des temps plus tranquilles.
61Lorsqu’elles reçoivent cette lettre, les Cortès lui interdisent de quitter la ville et de faire d’autres déclarations. Elles lui demandent aussi, « au nom de son amour pour la nation et pour le bien public », de prêter serment devant les Cortès auprès du cardinal de Tolède. L’évêque s’y refuse sous réserve d’une série d’objections et d’allégations qui altèrent substantiellement le contenu du serment. Enfin, après une détention de quatre mois à Cadix, il prête serment selon la formule prescrite le 4 février 1811 et les Cortès l’autorisent à regagner son diocèse94.
Deux évêques éclairés et afrancesados
62Telle l’autre face d’une même monnaie, l’archevêque de Palmyre, Félix Amat et l’évêque auxiliaire de Saragosse, frère Miguel de Santander, sont deux prélats éclairés, ouverts aux nouveautés et partisans des réformes. Ils acceptent le projet napoléonien et espèrent qu’il contribuera à la régénération de la malheureuse Espagne.
63Félix Amat possède une excellente formation culturelle dans tous les domaines du savoir et un esprit critique qui le pousse à rechercher la vérité du passé pour mieux comprendre le présent. Il se maintient en marge des partis qui causaient tant de maux et dans le rapport qu’il émet en 1803 sur les Causas de la Revolución francesa de Lorenzo Hervás y Panduro, il affirme qu’il ne convient pas de publier l’ouvrage afin d’éviter que n’éclate une nouvelle lutte entre les partisans des jésuites et ceux des jansénistes.
« Une œuvre [dit Amat] qui ferait renaître parmi les Espagnols la virulence des oppositions entre molinistes et anti-molinistes, jésuites et anti-jésuites, et qui introduirait dans notre péninsule les sanglantes batailles des jansénistes et anti-jansénistes qui ont causé tant de ravages en France. Une œuvre qui, loin d’être utile à l’Église et à l’État, ne manquerait pas de provoquer des troubles préjudiciables à l’une comme à l’autre, et qui, au lieu d’en finir avec les ennemis de l’Église, donnerait aux incrédules et aux infidèles mille armes pour lutter contre elle, pour introduire et fomenter des divisions entre les sages catholiques, et pour les discréditer auprès du peuple »95.
64Il fait montre de ses penchants régaliens et jansénistes dans le rapport qu’il émet en 1806 sur la Historia eclesiástico-profana-política de l’ex-jésuite Tomás Borrego. Il s’oppose à la publication de l’ouvrage car l’auteur y parle des jésuites en des termes susceptibles d’engendrer des troubles contre la tranquillité publique et y décrit les jansénistes comme « un monstre encore bien plus nuisible à la Religion et à l’État que n’importe quelle autre hérésie et voire que l’athéisme », sans compter qu’il défend, en outre, le pouvoir des papes in temporalibus et présente des défauts de fond et de forme96.
65A ses penchants régaliens et jansénistes vient s’ajouter un caractère pacifiste qui le pousse à fuir les attitudes excessives et à accepter les insondables desseins de la providence dans les affaires politiques. Ainsi, lorsqu’en 1795 le curé de Saint-Sulpice à Paris lui demande quelle attitude doivent adopter les prêtres face aux mesures ecclésiastiques du Directoire, il répond en ajustant ses mots à sa façon de penser et d’agir. En premier lieu, il lui dit qu’aucun ministre de la religion ne doit demander au gouvernement des comptes sur sa légitimité, ni prendre part à des débats politiques sur la nature du régime ou du gouvernement que le peuple peut être amené à choisir. Ensuite, qu’il ne doit pas oublier que le christianisme est la religion de tous les peuples et de tous les gouvernements. Enfin, qu’en temps de révolution le prêtre doit se soumettre au gouvernement qui existe de fait, sans s’interroger sur sa légitimité, pas plus qu’il ne doit utiliser la religion pour détruire le gouvernement existant97.
66Lorsqu’il est nommé confesseur royal en 1806, il s’efforce de ne pas intervenir dans les affaires politiques mais bien souvent il doit s’y résoudre, soit à la demande du gouvernement, soit parce que sa fonction l’y oblige. À l’occasion du procès de l’Escurial il intervient auprès du roi en faveur du prince des Asturies afin qu’il revoie le dossier et qu’il affranchisse le prince de tout soupçon de trahison, car « Il me semble que V. M. doit en son âme et conscience examiner à nouveau certains décrets émis dans cette affaire, dans la mesure où ils concluent à l’infamie du prince des Asturies »98. Il accuse Godoy d’être le responsable du décret du 30 octobre 1807 qui discrédite le prince face à ses parents et face au peuple, et alerte le monarque quant au risque d’une émeute de la ville de Madrid contre les auteurs du décret99. Pour conjurer la menace, il suggère à Charles IV de faire partager le pouvoir entre le prince des Asturies et Godoy, afin d’en finir avec le gouvernement despotique de ce dernier, de dégager Ferdinand de tout soupçon et de rétablir l’harmonie au sein de la famille royale, car, « beaucoup craignent qu’on ne fomente des discordes au sein de sa famille et de la nation dans l’affreux but de faire passer le trône à une autre dynastie ». Et il accuse à nouveau Godoy d’être « l’instrument dont se servent d’astucieuses et puissantes mains étrangères pour s’emparer du trône espagnol »100.
67Il considère les événements de l’Escurial comme le premier acte de la tragédie à laquelle est condamnée la malheureuse Espagne, qui se poursuit avec l’émeute d’Aranjuez et culmine avec le changement de dynastie et la guerre. Les mauvais augures se confirment avec les abdications de Bayonne dès les premiers jours de mai et l’imposition du projet napoléonien. Don Félix Amat, retiré dans son abbaye de Saint Ildefonse, ne considère pas opportun le projet de Napoléon de placer sur le trône un membre de sa famille en reléguant Ferdinand VII et il cherche à l’en dissuader. Les raisons alléguées par le prélat dans la lettre qu’il adresse à l’Empereur sont diverses. Il invoque l’opposition des Espagnols à ce projet, la faillite des finances de l’État et l’impossibilité de maintenir l’union entre les colonies américaines et la métropole si la couronne espagnole n’échoit pas à un successeur de Charles IV101. Mais l’Empereur demeure sourd à ces considérations et poursuit son plan. Au regard de cela, l’abbé de Saint Ildefonse, à l’instar de Cabarrús102, opte pour ce qu’il considère être un moindre mal afin d’éviter les terribles maux qui menacent le pays : il dit à l’Empereur qu’il serait bon qu’il gouverne l’Espagne durant trois ou quatre ans de manière à la régénérer sans révolution et à réorganiser son administration, pour lui rendre ensuite son indépendance.
« L’État de l’Espagne [dit Amat à Napoléon] exige impérieusement que Votre Majesté la prenne aussitôt sous sa tutelle, en l’unissant à votre Empire, et la conquête vous en donne droit. C’est une vérité qu’il y a deux ans que connaissons beaucoup d’Espagne, et qu’en moins d’un moins d’un l’expérience démontrera à tous [sic]. Sire, pardonnez l’audace que l’amour de ma patrie a inspiré à votre très humble sujet »103.
68Quelques jours après, le 3 juin, à l’occasion de l’émeute qui se produit à la Résidence Royale de la Granja, Amat adresse une circulaire ou lettre pastorale aux prêtres de l’abbaye pour qu’ils exhortent à la tranquillité leurs paroissiens, en proie à l’agitation suite à l’annonce des abdications de Bayonne104. Mais le prélat ne se contente pas de lancer un appel au calme, il demande aussi que l’on accepte la nouvelle dynastie et qu’on lui obéisse, car « dans l’Écriture sainte il nous est souvent dit que notre bon Dieu est celui qui donne et retire les royaumes et les empires, celui qui les transfère d’une personne à une autre, d’une famille à une autre, d’une nation à une autre nation ou peuple »105. Outre cette raison à caractère providentialiste, Amat insiste aussi sur la crainte de l’anarchie et sur l’obéissance due à l’autorité civile,
« car il n’y a rien de plus horrible aux yeux de notre Religion que la confusion et le désordre qui naît dans un peuple, lorsque certaines personnes, s’abrogeant le droit réservé à Dieu de juger les puissances suprêmes et prétendant confier ou retirer les empires, échauffent et ébranlent la multitude crédule, et lui font oublier l’obéissance et le respect dus à ses supérieurs immédiats »106.
69L’abbé exige non seulement la soumission au gouvernement napoléonien mais présente l’Empereur comme l’instrument providentiel appelé à diriger le destin de l’Espagne, car « Dieu est celui qui a attribué au grand Napoléon le singulier talent et la force qui en font l’arbitre de l’Europe. Dieu est celui qui a mis entre ses mains le destin de l’Espagne. Adorons donc, avec le plus profond respect, ces dispositions de la Providence infiniment sage et puissante de ce Dieu qui, comme le dit le prophète, est celui qui transfère les couronnes et donne constitution ou fondement ferme aux royaumes ». Il conclut en disant que, pour éviter la guerre civile, il n’y a d’autre solution que d’obéir à un empereur tel que Napoléon. La crainte de la guerre conduit Amat à accepter l’intervention de l’Empereur dans les affaires de l’Espagne et, par conséquent, à admettre la future constitution de Bayonne, dans l’espoir qu’elle permettra enfin l’instauration d’un bon gouvernement107.
70« Alors qu’il s’agit de donner à l’Espagne une nouvelle constitution, c’est-à-dire, d’asseoir les bases sur lesquelles sera dressé l’édifice de son bon gouvernement et de sa prospérité, alors que, dans un si important but, tant de personnes de toutes classes et si bien choisies, cheminent ensemble pour se réunir face au puissant empereur des Français, demandons sans cesse au Seigneur qu’il veuille bien répandre sur elles les lumières nécessaires pour que, suite aux dispositions qu’elles prendront, la religion et la justice règnent dorénavant en Espagne »108.
71Alors que le prélat indique aux prêtres de l’abbaye que la pastorale ne doit pas être lue en public mais qu’ils doivent expliquer aux paroissiens la délicate situation du moment afin de maintenir l’ordre et la tranquillité, le prêtre de Revenga en envoie une copie au général Tilly, gouverneur de Ségovie, qui la remet au gouvernement. S’ensuit sa publication dans la Gaceta de Madrid. Le texte, qui suscite de nombreuses réfutations, est ainsi diffusé dans toute l’Espagne, ce qui vaudra à l’abbé d’être considéré comme un afrancesado convaincu109.
72Après la bataille de Bailén il dit son amour pour la dynastie des Bourbons et écrit une pastorale pour éclaircir le sens de son édit du 3 juin, affirmant qu’il n’avait cherché qu’à donner aux prêtres de son abbaye des règles de conduite afin d’éviter la confusion et l’anarchie dans des circonstances si délicates, sans jamais prétendre justifier le droit de l’Empereur sur le destin de l’Espagne et encore moins condamner le soulèvement contre les Français comme guerre injuste110. Toutefois, à la différence d’autres prélats qui fuient leur évêché lorsque les Français reviennent, l’abbé demeure dans son abbaye jusqu’en mars 1810, date à laquelle il s’établit à la cour sur ordre royal et devient en quelque sorte le conseiller du roi en matière ecclésiastique ce qui lui vaut d’être accusé comme afrancesado111. Il n’abandonne pas plus Madrid lorsque le gouvernement et l’armée française s’en vont en mai 1813. Il doit alors subir un procès de purification en raison de sa conduite politique et renoncer à ses charges112.
73Fr. Miguel de Santander est un moine capucin, éclairé et réformateur, tenu pour un esprit ouvert et empreint de jansénisme. Il représente le modèle du missionnaire miséricordieux et éclairé qui sait donner un air d’actualité à la prédication populaire et concilier morale et l’attention portée aux affaires temporelles. Nommé évêque auxiliaire de Saragosse en 1803, il ne change en rien son style de vie113.
74C’est un homme éclairé qui s’intéresse au progrès et accepte les nouveautés, même si elles émanent des révolutionnaires français, dès lors qu’elles vont de pair avec la raison et qu’elles apparaissent, expliquées correctement, comme des vérités éclatantes. Par conséquent, son esprit éclairé et sa volonté moralisatrice lui permettent d’apprécier tout ce qu’offre de positif le nouveau système politique français et l’amènent à censurer, par comparaison, les graves défauts du gouvernement espagnol. C’est pourquoi, lorsque se produit en 1808 le remplacement des Bourbons d’Espagne par Joseph Bonaparte, il y voit le dénouement logique d’une tragédie, conséquence du gouvernement inepte et arbitraire que l’Espagne avait dû supporter durant tant d’années avec Godoy. Les événements de l’Escurial, l’émeute d’Aranjuez et les abdications de Bayonne lui apparaissent comme les dernières et inévitables convulsions de cette tragédie. Mais enfin, son épilogue est heureux, car l’Espagne « en passant d’une main à une autre, reçoit une constitution et un roi, Joseph Bonaparte, qui fonde une nouvelle dynastie et reçoit le serment d’obéissance et de fidélité des grands du royaume à Bayonne »114.
75Son opinion sur le changement de dynastie et la guerre coïncide dans les grandes lignes avec celle des autres ecclésiastiques afrancesados et s’appuie sur le principe providentialiste selon lequel Dieu, en tant que Seigneur de l’Histoire, érige et abat les empires et les trônes. Autrement dit, les victoires viennent de la main de Dieu qui les offre à ceux qu’il a choisis comme instruments de sa volonté. C’est pourquoi il est téméraire de s’opposer à sa volonté. Bien qu’il considère comme juste la résistance dans un premier moment et qu’il vante le courage des habitants de Saragosse, en homme éclairé qu’il est, il considère que l’héroïsme ne doit jamais dépasser les limites du raisonnable, car la raison dit qu’il ne faut pas résister au plus fort jusqu’à l’extermination mais rechercher une capitulation honorable qui procure le bien suprême de l’ordre et de la paix115.
76Le moment venu d’appliquer sa théorie, il voit en Napoléon et en son armée l’instrument utilisé par Dieu pour imposer ses desseins et l’Empereur apparaît comme l’élu du Seigneur pour élever et abattre les trônes, comme l’artifice d’une paix mondiale et durable. Par conséquent, il exhorte à l’obéissance et au respect des nouvelles autorités et critique durement ceux qui incitent à la résistance et luttent par fidélité à Ferdinand VII.
77Pour l’évêque auxiliaire de Saragosse, et tout comme pour l’archevêque de Palmyre, la guerre est le pire de tous les maux, un châtiment de Dieu pour expier nos fautes et par contraste, la paix est le plus grand cadeau qu’il puisse faire. C’est pourquoi préférer les horreurs de la guerre aux délices de la paix est pour lui une folie. Fort logiquement, il nie le caractère religieux de la guerre, invoqué par les patriotes, et la réduit à un simple problème politique.
78Enfin ce prélat conseille aux prêtres de ne pas s’immiscer dans les affaires politiques mais de se limiter à leur ministère pastoral. Dans son premier sermon, après la chute de Saragosse, il exhorte à nouveau les prêtres à rester en marge des turbulences politiques et à se limiter à prêcher la paix, l’ordre et la soumission aux autorités. Il critique durement les clercs qui abandonnent leur paroisse et fait l’éloge de ceux qui demeurent près de leurs paroissiens, leur apportant réconfort et consolation.
79Lorsque la guerre éclate, il est en train d’effectuer une visite pastorale dans les terres du bas Aragon et, en accord avec l’archevêque Arce, il poursuit son activité pastorale jusqu’au second siège de Saragosse. Appelé par la ville, par le chapitre et par le général Lannes, il revient dans la ville et s’engage à prêcher le sermon de serment de fidélité au roi Joseph en échange d’une attitude bienveillante à l’égard de la ville. Il maintient cette attitude-là durant tout le conflit, tout comme Amat. En récompense, les Français le couvrent d’honneurs et de charges : l’Ordre d’Espagne, gouverneur ecclésiastique d’Aragon, évêque de Huesca et enfin archevêque de Séville. Loué par les Français et dénigré par les patriotes, il se maintient dans cette situation jusqu’en août 1813, date à laquelle il se retire avec l’armée française et se réfugie en France avec bien d’autres afrancesados116.
Notes de bas de page
1 Les abréviations utilisées sont les suivantes : AGS = Archivo Général de Simancas ; AHN = Archivo Histórico Nacional de Madrid ; ASV = Archivio Secreto Vaticano ; ACE = Archivo de las Cortes Españolas ; ADSg = Archivo Diocesano de Segovia ; y BRAH = Biblioteca de la Real Academia de la Historia.
2 F. Torres Amat, Vida del Ilmo. Señor Don Félix Amat, arzobispo de Palmira, abad de San Ildefonso..., Madrid, Imprenta Fuentenebro, 1835, p. 170. [« Las autoridades que mandaban en nombre del legítimo soberano estaban también inciertas del rumbo que debían tomar, temerosas de errar y de causar mayores males si dejaban de cooperar a la tranquilidad y quietud del pueblo »].
3 Escoiquiz, « Memorias », Memorias en tiempo de Fernando VII, Madrid, BAE XCVII, 1956, p. 118.
4 M. Artola, Los orígenes de la España contemporánea, Madrid, CSIC, 1975, vol. I, p. 128-137, rend compte de l’attitude du Conseil de Castille durant l’occupation.
5 G. Dufour, La Guerra de la Independencia, Madrid, Historia 16, 1989, p. 35.
6 « Entró en ella como toda la nación, arrastrado de un honroso sentimiento patriótico y no impelido por el temor de que les despojasen de sus bienes ».
7 Toreno, Conde de, Historia del levantamiento, guerra y revolución de España, Madrid, B.A.E. LXIV, 1953, p. 27 y 78.
8 I. Villapadierna, « El episcopado español y las Cortes de Cádiz », Hispania Sacra, 8 (1955), p. 276-277.
9 « … pues no hay cosa más horrenda a las luces de nuestra religión que el tumulto, la sedición y el alboroto que nacen del ciego y necio vulgo ».
Le 12 mai 1808 l’évêque de Guadix publie une pastorale dirigée au clergé et aux fidèles de son diocèse. Il y condamne les événements du 2 mai « l’Espagne doit s’appliquer à ne plus répéter cet exemple et à l’inhumer dans l’oubli ». Publié dans Gaceta de Madrid, 29 mai 1808.
10 J. A. Llorente, Memorias para la historia de la revolución española, Paris, Imprimerie M. Plassan, 1814, vol. II, p. 201-202. La lettre fut publiée en France dans le Moniteur du 18 juin 1808. [« Señor. La cesión de la cesión de la corona de España que ha hecho a Vuestra Majestad Imperial y Real el rey Carlos, mi augusto soberano, y que han ratificado sus Altezas el Príncipe de Asturias y los infantes don Carlos y don Antonio, me impone según Dios la dulce obligación de poner a los pies de V. M. I. y R. los homenajes de mi amor, fidelidad y respeto. Dígnese V. M. de reconocerme por su más fiel súbdito y comunicarme sus órdenes soberanas para experimentar mi sumisión cordial y eficaz »].
11 Le congrès de Bayonne réunit cent cinquante personnes par État. Le clergé y était représenté par deux archevêques, six évêques, seize chanoines ou dignitaires, deux pour chacune des huit églises métropolitaines « qui devront être élus par les chapitres canoniquement » et vingt curés dont deux de l’archevêché de Tolède. Cf. ACE, Papeles reservados de Fernando VII, t. 3, ff. 152-153.
12 C. M. Rodríguez Lopez-Brea, Don Luis de Borbón. El Cardenal de los liberales (1777-1823), Toledo, Junta de Comunidades de Castilla-La Mancha, 2002, p. 145-151, offre des informations sur sa conduite.
13 Une copie dans F. Torres Amat, Vida del Ilmo. Sr. D. Félix Amat…, op. cit., p. 177-180. Un exemplaire autographe est conservé à la BRAH, ms. 9-31-8/7164/22.
14 Publié par J. Gomez Arteche, « Autógrafos de D. Félix Amat, abad de la Granja », in Boletín de la Real Academia de la Historia, 18 (1891), p. 123-142.
15 Une copie dans F. Torres Amat, Vida del Ilmo. Señor Don Felix Amat..., op. cit. , p. 172-176. [« pues Dios es quien da y quita los reinos y los trasfiere de una persona a otra ».]
16 Pour aider les forces espagnoles dans les opérations contre le Portugal, la France envoie des troupes auxiliaires qui lors de leur passage à Salamanque provoquent divers incidents. Afin d’éviter des affrontements, l’évêque Tavira adresse une lettre pastorale à ses diocésains dans laquelle il justifie la présence des Français et demande qu’on les traite bien, car ainsi l’ordonne le roi et l’exige la religion. Aussi, leur faut-il éviter de se laisser séduire par ceux qui tentent d’abuser de leur bonne foi en les excitant contre les Français sous prétexte de veiller à la religion et de la venger. Il leur fait savoir que cela ne relève nullement de leurs compétences et qu’il leur incombe seulement d’édifier tout un chacun par l’exemple d’une conduite chrétienne. Et il conclut en disant qu’ils ne doivent réparer par eux-mêmes les offenses qu’elles soient réelles ou supposées mais en référer aux commandants français pour qu’ils châtient les excès commis par leurs soldats. Cf. ASV, Arch. Nunz. Madrid, vol. 199, f. 204. Pastoral de D. Antonio Tavira y Almazán, obispo de Salamanca, a todos los fieles de su diócesis, y señaladamente a los naturales y vecinos de aquella ciudad y demás pueblos por donde transitan las tropas auxiliares francesas, Salamanque, 4 juin 1801 (imprimé). [« …trastornar el orden público, conmover a la gente sencilla y por el turbulento medio de conmociones populares imponer la ley a los que mandan ».]
17 AHN, Estado, leg. 27 B, doc. 187-189.
18 M. Sangrador, Historia de Valladolid, Valladolid, Grupo Pinciano, 1979, p. 532.
19 G. Dufour, « Don Ramón José de Arce, arzobispo de Zaragoza, Patriarca de las Indias e Inquisidor Général », in Tres figuras del clero afrancesado, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 1987, p. 158-161. Pour plus d’informations, voir J. M. Calvo Fernandez, Don Ramón José de Arce, arzobispo afrancesado de Zaragoza. Thèse doctorale. Universidad Nacional de Educación a Distancia, Madrid, 2006, p. 377-379.
20 Apuntaciones..., op. cit., p. 138-188. [« Veinte años había que aguantaba la pobre España todos los desordenes que son consiguientes a un gobierno inepto y arbitrario » ; « pasando de mano en mano, recibe una constitución y a José Napoleón por monarca, que da principio a otra dinastía nueva y recibe el juramento de obediencia y fidelidad de los magnates del reino en Bayona ».]
21 I. Villapadierna, « El episcopado español y las Cortes de Cádiz... », p. 277-288.
22 A. Martínez Coello, El Obispo de Orense Don Pedro de Quevedo y Quintano. Regente de España (1810). Aspectos y contrastes, Orense, Ayuntamiento de Orense, 1987, p. 87-89.
23 R. Maruri Villanueva, Ideología y comportamiento del obispo Menéndez de Luarca (1784-1819), Santander, Ayuntamiento de Santander, 1984, fait une étude exhaustive de l’idéologie qui explique son attitude.
24 A. Baso Andreu, « Los altoaragonés en la guerra de la Independencia », in Guerra de la Independencia. Estudios, Zaragoza, Institución Fernando el Católico, 1967, vol. III, p. 76-78. [« Levantaré con la mano siniestra, para animaros, la señal sacrosanta de la victoria del pecado, y empuñaré el acero con la derecha, para santificarla con una especie de nueva unción, empapándola en la sangre de los enemigos ».]
25 Exhortación pastoral del Emmo. Sr. Arzobispo de Toledo, de 30 de septiembre de 1808 et Exhortación pastoral del Emmo. Sr. Arzobispo de Toledo, 27 de octubre de 1808, Toledo, Imprenta Tomás Anguiano, 1808. [« No debéis desperdiciar un momento para levantaros en cuerpo como el pueblo de Israel, y todas las provincias de España, tomando las armas y adiestrándoos en el manejo de ellas, (…) pues si hubiera triunfado la primera tentativa de Napoleón habríamos sido conducidos en tropa a lo interior de Francia : las esposas hubieran oprimido nuestras manos y, después de atravesar la Europa en triunfo vergonzante, se nos habría destinado a habitar la Siberia o Laponia ».]
26 C. M. Rodríguez Lopez-Brea, Don Luis de Borbón..., op. cit., p. 145-169.
27 F. Torres Amat, Apéndice a la vida del Ilmo. Sr. Félix Amat, arzobispo de Palmira..., que contiene notas, opúsculos inéditos que en ella se citan, y algunos otros documentos relativos a la dicha vida, Madrid, Imprenta Fuentenebro, 1838, p. 253-260. La pastorale fut publiée à Ségovie sans mention de l’imprimeur.
28 F. Torres Amat, Vida del Ilmo. Sr. D. Félix Amat…, op. cit., p. 189-196.
29 ASV, Arch. Nunz. Madrid, vol. 231. Representación que el Ilmo. Sr. Obispo de Segovia ha hecho al Augusto Congreso de las Cortes, pidiendo el restablecimiento del Santo Oficio de la Inquisición, Cadix 16 juin 1812. Imprimé. [« ….creyendo que con esto servía más a Dios y a la Iglesia, que permaneciendo entre los enemigos, quienes intentarían con los medios más violentos abusar de su autoridad eclesiástica para seducir a todos sus feligreses. Es verdad que podía y debía resistirme a todas sus tentativas, pero también lo es que la muerte o la conducción a Francia les hubiera liberado de este estorbo sin ningún fruto ni provecho espiritual de su Diócesis ».]
30 J. M. Sánchez Diana, « El obispado de Calahorra y La Calzada durante la guerra de la Independencia », in Guerra de la Independencia. Estudios, Zaragoza, Institución Fernando el Católico, 1964, vol. I, p. 272.
31 AHN, Estado, leg. 27 B.
32 R. Altamira, Temas de Historia de España, Madrid, Compañía Iberoamericana de Publicaciones, 1929, vol. I, p. 110-114, il ne se contente pas de lancer cette seule accusation, il affirme aussi que « presque tout le haut clergé » fut contraire au mouvement populaire.
33 Representación de los Ilmos. Srs. arzobispo de Tarragona y obispos de Lérida, Tortosa, Barcelona, Urgel, Teruel, Pamplona y Cartagena, dirigida a las Cortes generales y extraordinarias, en que piden el restablecimiento del Santo Tribunal de la Inquisición al ejercicio de sus funciones, Cádiz, 1812. [« …por no exponer el honor de nuestro carácter, y para impedir el abuso de nuestro ministerio, que es lo primero que intenta el tirano, con tanto perjuicio de la patria y de la religión ».]
34 P. Rodríguez Lopez, Episcopologio Asturicense, Astorga, Porfirio López, 1908, vol. IV, p. 97.
35 AGS, Gracia y Justicia, leg. 1226. Rapport du ministre des Affaires Ecclésiastiques à Joseph I. Madrid 4 novembre 1811.
36 A. de Legarda, « Diócesis huérfanas en torno a Zaragoza de 1808 a 1813 », in Scritorium Victoriense, 25 (1978), p. 74-75.
37 AHN, Estado, leg. 10 C, doc. 5. [« …que separándose del camino que han seguido muchos de sus hermanos y más adheridos a los honores y bienes terrenos de que juraron desprenderse al pie de los altares..., se han señalado a porfía en ser instrumentos del tiranos para arrancar del corazón de los leales españoles el amor y fidelidad a su legítimo soberano, para prolongar los males de la patria, y aun para envilecer la religión misma y dejarla hollar por los más sacrílegos bandidos ».]
38 Gaceta de Madrid, 13 décembre 1808 et 28 décembre 1809.
39 M. Alvarez García, El Clero de la Diócesis de Valladolid durante la Guerra de la Independencia, Diputación Provincial de Valladolid. Institución Cultural Simancas, Valladolid 1981, p. 55-74.
40 Gaceta de Madrid, 5 avril 1809, p. 468.
41 Une copie de cette pastorale dans la Gaceta de Madrid, 3 février 1809, p. 191.
42 D. de San José, Oración fúnebre en las honras del Ilmo. Sr. D. Manuel Gómez de Salazar, obispo de la ciudad de Ávila, Madrid, Imprenta de la Compañía, 1816, p. 10-13.
43 C. Sánchez Albornoz, « Ávila desde 1808 hasta 1814 », in Miscelánea de estudios históricos, León, Centro de Estudios de San Isidro, 1970, p. 530-531.
44 AHN, Estado, leg. 27 B, docs. 106-107. Extrait de la représentation de l’évêque d’Avila à la Junte Centrale. Ávila 24 juillet 1809.
45 « ¿Quieren que marchándome yo del pueblo no quede un solo sacerdote para auxiliar un moribundo ? ¿Quieren que con esto se enfurezca a los enemigos y que talen a fuego y sangre hasta las paredes del santuario ? ¿Quieren que los infelices queden sin ningún consuelo de los que ofrece la religión ? ¿Quién sería responsable de los incendios y destrozos, de las profanaciones y torpezas que pudiese ocasionar mi fuga ? No, yo no puedo abandonar una iglesia con quien me hallo desposado tantos años hace ; saldré al encuentro de los mariscales, me echaré a sus píes si fuese preciso, les pediré por mi pueblo, por mis ovejas, por este augusto tabernáculo donde reside nuestro Dios, y lograré tal vez de este modo impedir las devastaciones a que nos hallamos amenazados. Quizás moriré en la demanda, pero moriré entonces en mi ministerio ».
46 M. Fernandez Varela, Oración fúnebre por el Ilmo. Sr. Obispo de Lugo, Coruña, A. Rodríguez, 1811, p. 18-26.
47 A. de Legarda, « Diócesis huérfanas... », p. 83-84.
48 M. Ardit Lucas, Revolución liberal y revuelta campesina, Barcelona, Ariel, 1977, p. 198.
49 E. Olmos Canalda, Los prelados valentinos, Valencia, CSIC, 1949, p. 269-270.
50 E. Riera i Fortiana, Els afrancesats a Catalunya, Barcelona, Curial, 1994, p. 185.
Les pastorales ont été publiées par T. Noguer Musqueras, « El Ilmo. Dr. D. Juan Agapito Ramírez de Arellano, Obispo de Gerona (1798-1810) », Anales del Instituto de Estudios Gerundenses, 13 (1959), p. 35-39.
51 AHN, Estado, leg. 27 B, docs. 105 y 140.
52 AGS, Gracia y Justicia, leg. 1199. L’intendant de Léon au ministre des Affaires Ecclésiastiques, Léon 30 septembre 1810. Pour plus d’informations sur l’action déployée par l’évêque, voir P. García Gutiérrez, La ciudad de León durante la guerra de la Independencia, Valladolid, Junta de Castilla y León, 1991, p. 303-307. [« …que no tiene jefe a quien respete ni a quien tema, no sepa discernir ni tomar juicio seguro y sea, por consiguiente, arrastrado por rumores populares y crea lo que dice cualquier arriero ».]
53 R. Corts i Blay, L’arquebisbe Fèlix Amat (1750-1824) i l’última Il.lustració espanyola, Barcelona, Herder-Facultat de Teologia de Catalunya, 1992, p. 232-249, offre une bonne synthèse sur l’intervention d’Amat et l’appréciation de ses écrits durant l’occupation française.
54 Archives Paroissiales de Revenga (Ségovie), Libro de circulares. Édit de l’archevêque abbé de Saint Ildefonse aux curés des paroisses..., Saint Ildefonse 17 septembre 1809.
55 C’est ce que l’on peut lire dans le Diario del gobierno de Cataluña y de Barcelona du 23 septembre 1811.
56 Le décret de nomination fut publié dans la Gaceta de Madrid le 16 juin 1810. Il en est fait état dans F. Torres Amat, Vida del Ilmo. Sr. D. Félix Amat..., op. cit., p. 215-216 et p. 243-244.
57 AGS, Gracia y Justicia, leg. 1208. Représentation de Félix Amat au roi Joseph I, Madrid, 7 octobre 1810.
58 L. Sierra Navas, « Un obispo intruso en Calahorra durante la guerra de la Independencia », in Estudios de Deusto, Bilbao, 1964, p. 93-108.
59 Les Archives Historiques du Chapitre de la Cathédrale de Malaga, legs. 230, 234. 252, 314, 553 et 630, conservent une documentation à la fois riche et intéressante sur l’invasion française en Andalousie, en particulier sur l’occupation et la situation de Malaga durant celle-ci.
60 Carta Pastoral del Ilmo. Sr. D. Pedro Antonio Trevilla, Obispo de Córdoba, a todos los fieles de su diócesis sobre la fidelidad y obediencia que se debe al Rey, in Gaceta de Madrid, 30 avril 1810, p. 502. [« Y justo es también que mientras la razón y la política os persuaden por una parte que debéis obedecer y ser fieles al rey y a la constitución del estado, vuestro prelado os advierte por otra parte que éste es un deber de conciencia a que os obliga la religión... En fin, que debemos alabar a Dios por habernos dado un rey cual es el señor don Josef Napoleón, cuya vida y prosperidad debe ser en adelante uno de nuestros más ardientes votos, como es uno de nuestro mayores intereses... Así es como el Todopoderoso, cuyo solo imperio es eterno, y que por eso se llama Rey de los Siglos, dispone de los tronos y de las monarquías, y los disipa como un soplo cuando quiere »].
61 Ibid., p. 506 et 515-516. [« ¿Cómo podréis menos de reconocer que debe atribuirse a la mano de Dios la mudanza que se ha hecho en España de la casa reinante, y la traslación del trono a la familia del héroe que el mundo admira ? Yo, hijos míos, como ministro de Cristo... me limitaré a haceros ver que... debéis todos de buena fe someteros al Rey que la providencia de dios os destina, y vivid tranquilos bajo su dominación y bajo el imperio de sus leyes ».]
62 Un extrait de sa pastorale fut publié dans la Gaceta de la Regencia de España e Indias, 14 septembre 1810, p. 668-674.
63 ASV, Segr. Stato, Esteri, 249 (1814-21) 426. L’archevêque de Grenade au Nonce, Grenade, 5 avril 1815. [« …al verse presionado por la violencia de la dominación e intimidado por las vejaciones con que frecuentemente le humillaban, abatiendo su ánimo, ya bastante caído. con el peso de más de ochenta años de edad ».]
64 AHN, Estado, leg. 3116. Carta del Obispo de Licopolis, auxiliar y gobernador de este arzobispado de Sevilla a los vicarios, curas y clero de toda la diócesis, en ausencia de su prelado. Sevilla 1810. [« …con el fin de constituirme en caso necesario en el primer obediente a las legítimas autoridades, y de poder por este medio, con el auxilio de Dios, ser también el primer mediador con nuestro católico monarca y sus señores ministros, en vuestro beneficio, que es el mismo de todos los fieles diocesanos ».]
65 G. Dufour, « Don Ramón José de Arce... », Tres figuras del clero afrancesado..., op. cit. , p. 160-162.
66 ASV, Segr. Stato, Esteri, 249 (1814-21) 426. L’archevêque de Saragosse à sa Sainteté, Paris, 16 août 1814.
67 C’est ce qu’affirme Santander lui-même, M. de Santander, Apuntaciones para la apología...,op. cit., p. 92.
68 A. de Legarda, « Diócesis huérfanas... », op. cit., p. 67-208.
69 AGS, Gracia y Justicia, leg. 1253. Décret du 13 juin 1810.
70 R. Vélez, Preservativo contra la irreligión, o los planes de la filosofía contra la religión…, Cádiz, Imp. de la Junta de Provincia, 1812, p. 156.
71 J. López Tabar, Los famosos traidores. Los afrancesados durante la crisis del Antiguo Régimen (1808-1833), Madrid, Biblioteca Nueva, 2001, p. 87, indique que la moitié des 252 ecclésiastiques considérés comme afrancesados sont membres d’un chapitre.
72 AGS, Gracia y Justicia, leg. 1253.
73 ADSg, Est. 4, leg. 12. Circulaire de Pedro González Vallejo, Gouverneur de l’évêché aux curés du diocèse, Ségovie, 1er mars 1810.
74 AHN, Inquisición, leg. 4489, n. 13. Escrito que dirige a los eclesiásticos de Cataluña D. Josef Vidal, canónigo de Lérida, en respuesta a la carta del Dr. D. Juan Prim, cura de Fondarella y Sidamunt a los mismos eclesiásticos, y al Diálogo de un cura con Arcadio, por un anónimo, sobre el juramento de fidelidad y obediencia prestado a Napoleón I, emperador de los franceses, Lérida 1813, p. III, VIII y XI.[« …que el Dios de toda consolación ha enviado como un genio tutelar para restablecer y asegurar a la Francia los beneficios de un buen gobierno » ; « Jamás estos sagrados nombres, religión y patria han sido tan sacrílegamente prostituidos... Unos hombres agitados del bárbaro furor del fanatismo excitan e inflaman a los inocentes y sencillos pueblos de España a que se opongan con todas sus fuerzas a los decretos del Eterno, quien por una continuada serie de acontecimientos dispuestos y ordenados por su misma divina providencia ha mudado la dinastía de nuestros soberanos... Si lo españoles hubiesen abrazado al nuevo soberano que el Señor los destinaba, habrían evitado la desastrosa guerra que ha acarreado sobre su patria todo este torrente de desgracias y de males que ahora inconsideradamente atribuyen ellos al gobierno francés ».]
75 E. Riera i Fortiana, Els afrancesats a Catalunya..., op. cit., p. 179.
76 R. Viola, « El gobierno diocesano de Lérida en tiempos de la dominación francesa », Anthologica Annua, 28-29 (1981-82), p. 403-413.
77 AGS, Gracia y Justicia, libro 387. Registro de las provisiones de beneficios eclesiásticos (1809-1812). Pendant la seule période du triennat 1809-1811 et pendant le premier semestre de 1812 furent nommés 57 dignités, 126 chanoines, 106 prébendés et demi-prébendés et 36 chapelains des Nouveaux Rois de Tolède ou titulaires d’autres cathédrales.
78 G. Dufour, « La emigración a Francia del clero afrancesado », El clero afrancesado, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 1986, p. 167-206.
79 Sur ce prélat, l’étude la plus complète est celle déjà citée de R. Maruri Villanueva, Ideología y comportamiento del obispo..., Santander, 1984, qui dépasse largement les apports de M. Revuelta, « Actitudes opuestas de dos obispos Santanderinos ante la guerra de la Independencia », in La Guerra de la Independencia (1808-1814 y su momento histórico, Santander, Centro de Estudios Montañeses, 1982, p. 665-678.
80 Sur l’évêque d’Orense on peut citer les études de E. López-Aydillo, El obispo de Orense en la Regencia del año 1810, Madrid, Imp. de Fortanet, 1918 et de A. Martínez Coello, El obispo de Orense D. Pedro de Quevedo..., Orense, 1987.
81 R. Corts i Blay, L’arquebisbe Fèlix Amat..., op. cit., p. 232-249, offre une bonne synthèse sur l’intervention d’Amat et l’appréciation de ses écrits pendant l’occupation française.
82 M. Revuelta, « Actitudes opuestas... », op. cit., p. 665-658, offre une synthèse sur l’idéologie de ce prélat que l’on peut compléter avec les articles de A. de Legarda, « Diócesis huérfanas... », op. cit., p. 67-88 ; et de A. Elorza, « Cristianismo ilustrado y reforma política en Fray Miguel de Santander », in Cuadernos hispano-americanos, 214 (1967), p. 73-107.
83 R. Menéndez de Luarca, « Pastoral de 27 de noviembre de 1794 », in Opúsculos christiano-patrios, Coruña y Santiago, 1812, vol. I, p. 16-67 et 150-166.
84 Ibid., vol. II : « Representación a Caballero, 18 de diciembre de 1806 », p. 207-228.
85 R. Menéndez de Luarca, Biografía del Excmo. e Ilmo. Señor D. Rafael Tomás Menéndez de Luarca y Queipo de Llano, tercer obispo de Santander, Oviedo 1897, p. 310. Le récit le plus long de Menéndez de Luarca sur l’invasion française se trouve dans ses Opúsculos..., op. cit., vol. IV, p. 155-204. [« Nunca mejor que ahora podéis ser felices, nunca podéis apagar la sed que tenéis de sangre francesa sino ahora. À pelear por la religión, por Dios, por Jesucristo, por el Rey, por la Patria, por el pueblo, por la justicia y por vuestra seguridad, pues de lo contrario se llega se llega vuestra perdición ».]
86 Gaceta de Madrid, 4 avril 1809, p. 463. [« pues lejos de ser ministro de paz, concordia y unión, sólo ha predicado la sublevación y desobediencia, no respirando más que guerra, contra el espíritu del Evangelio ».]
87 J. de Juana López, « La influencia de los clérigos refractarios franceses en el nacimiento del pensamiento reaccionario español. El caso de Galicia y del obispo Quevedo », in Boletín Auriense, XXIV (Ourense, 1994), p. 253-275.
88 P. de Quevedo Y Quintano, Respuesta dada a la Junta de Gobierno por el Ilmo. Sr. Obispo de Orense, D. -, con motivo de haber sido nombrado diputado para la Junta de Bayona. Orense, 29 de mayo de 1808. Une copie dans A. Martínez Coello, El obispo de Orense..., op. cit., p. 87-89.
89 B. Fernández Alonso, « La guerra de la Independencia en Orense », Boletín de la Comisión de Monumentos de Orense, 61 (mars-avril 1908), p. 210-211. [« en memoria de sus virtudes y especialmente como deuda de gratitud por la obra de caridad rendida en aras de la nación francesa, al cobijar a sus expensas a más de trescientos emigrados del país ».]
90 Diario de Sesiones de las Cortes, 11 de julio de 1810. Cité par M. Artola, M., Los orígenes de la España Contemporánea,…, op. cit., vol. I, p. 434. [« graves objeciones a la reunión de las Cortes y expresar su temor de que pudiese introducirse en la asamblea un espíritu revolucionario, que produciría todos los males que desolaron a Francia ».]
91 Memoria del obispo de Orense a las Cortes, in A. Martínez Coello, El obispo de Orense..., op. cit., p. 97-108. [« si la nación no está sujeta a su monarca ni le debe vasallaje, y su voluntad general es la suprema, nada puede impedirle que mude reyes y gobiernos según le agrade, y forme tantas o más constituciones que las que abortó la revolución francesa, abriendo el camino a José Napoleón para consumar la usurpación de la corona de España ».]
92 Ibid., p. 103-104. [« cuyas máximas y principios parecen haber penetrado y prevalecido en algunos españoles ignorantes, vanos y preciados de sabios y políticos por la lectura sola de libretes franceses y gacetas y papeles públicos prodigados en consonancia con los falsos filósofos y publicistas de este siglo y el anterior, por lo general anticatólicos ».]
93 Ibid., p. 107. [« crear nuevas formas de gobierno, sino en restablecer la antigua, dando vigor a las leyes anticuadas que convenga renovar ».]
94 Ibid., p. 109-136. Du 4 octobre 1810 au 12 février 1811, les rapports, lettres et réponses sont échangés entre les Cortès et l’évêque.
95 F. Amat, « Dictamen sobre las Causas de la Revolución de Francia de Lorenzo Hervás y Panduro. Madrid 27 septiembre 1803 », in F. Torres Amat, Apéndice a la vida del Ilmo. Sr. D. Félix Amat..., p. 172-188. [« Una obra que renovaría en el pueblo español los acalorados partidos de molinistas y anti-molinistas, jesuitas y anti-jesuitas, e introduciría en nuestra península las sangrientas batallas de los jansenistas y anti-jansenistas que tantos estragos causaron en la Francia. Una obra que lejos de ser útil a la Iglesia y al Estado había de excitar disturbios muy perjudiciales a éste y a aquella, y que en vez de acabar con los enemigos de la Iglesia, daría a los incrédulos e irreligiosos mil armas para luchar contra ella, para introducir y fomentar la división entre los sabios católicos, y para desacreditarlos con el pueblo ».]
96 F. Amat, « Informe Sobre la Historia sacro-profana de D. Tomás Borrego. Saint Ildefonso 1 de agosto de 1806 », in F. Torres Amat, Apéndice a la vida del Ilmo. Sr. D. Félix Amat..., op. cit., p. 232-235. [« ... un monstruo más perjudicial a la Religión y al Estado que cualquier otra herejía, y aun que el ateismo ».]
97 F. Torres Amat, Vida del Ilmo. Sr. D. Félix Amat..., op. cit., p. 76.
98 Ibid., p. 160. [« me parece que V. M. está en conciencia obligado a examinar de nuevo algunos decretos dados en este asunto, en cuanto de ellos resulta infamia al príncipe de Asturias ».]
99 F. Torres Amat, Apéndice a la vida del Ilmo. Sr. D. Félix Amat..., op. cit., p. 243-244.
100 Ibid., p. 244-245. [« ..muchos los temores de que se están fomentando discordias en su familia y en la nación con el horrendo fin de que pase el trono a otra dinastía » ; « el instrumento de que se valen astutas y poderosas manos extranjeras para apoderarse del trono español ».]
101 Une copie dans F. Torres Amat, Vida del Ilmo. Sr. D. Félix Amat…, p. 177-180. Exemplaire autographe conservé à la BRHH, ms. 9-31-8/7164/22.
102 Dans la lettre que le comte de Cabarrús écrit à l’évêque d’Orense le 8 septembre 1808, il dit au prélat que dans sa réponse à la Junte de Gouvernement « ponía todo su conato en empeñar la magnanimidad de Napoleón a que desistiese de su empresa, y yo con mucha anticipación había hecho llegar a manos del emperador los motivos más capaces para disuadirle de ella, pero ya no estamos en este caso. El emperador se ha mostrado sordo a todas estas consideraciones ; por otra parte, mucho más aún por su pusilánime deserción, que por los documentos materiales que han firmado los Borbones, han rasgado el pacto solemne que los unía con nosotros, y nos han remitido nuestros juramentos. En fin, el Consejo débil, pero único órgano nacional, ha revalidado todos estos actos y administrado durante tres meses la justicia a nombre de las nuevas autoridades, que él mismo había reconocido y hecho reconocer ». On en trouvera une copie dans A. Martínez Coello, El obispo de Orense..., op. cit., p. 81-85 (citation p. 81).
103 Publié par J. Gómez Arteche, « Autógrafos de D. Félix Amat, abad de la Granja », Boletín de la Real Academia de la Historia, 18 (1891), p. 123-142.
104 Une copie dans F. Torres Amat, Vida del Ilmo. Señor Don Félix..., op. cit., p. 172-176.
105 Ibid., p. 173. [« en la Sagrada Escritura se nos advierte muchísimas veces que nuestro buen Dios es quien da y quita los reinos y los imperios, y quien los transfiere de una persona a otra persona, de una familia a otra familia, y de una nación a otra nación o pueblo ».]
106 Ibid., p.173-174. [« …pues no hay cosa más horrenda a las luces de nuestra Religión que la confusión y desorden que nace en algún pueblo, cuando abrogándose algunos particulares el derecho reservado a Dios de juzgar a las supremas potestades, y pretendiendo dar o quitar imperios, acaloran y conmueven la sencilla muchedumbre, y le hacen perder el respeto y subordinación a sus inmediatos superiores ».]
107 Ibid., p. 175. [« Dios es quien ha dado el grande Napoleón el singular talento y fuerza que le constituyen el arbitro de Europa. Dios es quien ha puesto en sus manos los destinos de España. Adoremos con el más profundo rendimiento estas disposiciones de la providencia infinitamente sabia y poderosa de aquel Dios que, como dice el profeta, es el que trasfiere las coronas y da constitución o fundamento firme a los reinos ».]
108 Ibid. [« Cuando se trata de dar a España un nueva constitución, esto es, de sentar las bases sobre que se levante el edificio de su buen gobierno y prosperidad ; cuando para un fin tan importante van caminando tantas y tan bien escogidas personas de todas clases para juntarse ante el poderoso emperador de los franceses, no cesemos de pedir al Señor que se digne derramar sobre ellas las luces necesarias para que en consecuencia de sus disposiciones reinen en España en adelante la religión y la justicia »].
109 R. Corts I Blay, L’arquebisbe Fèlix Amat…, op. cit., p. 234-237.
110 F. Torres Amat, Apéndice a la vida del Ilmo. Sr. Félix Amat…, op. cit., p. 253-260. La pastorale fut publiée à Ségovie, sans mention de l’imprimeur.
111 R. Corts I Blay, L’arquebisbe Fèlix Amat…, op. cit., p. 232-249, offre une synthèse sur l’intervention d’Amat et l’appréciation de ses écrits pendant l’occupation française.
112 Ibid., p. 250-254.
113 Dans ces lignes, je m’appuie essentiellement sur les pages écrites par M. Revuelta, « Actitudes opuestas », op. cit., p. 678-684, sur l’attitude de l’évêque auxiliaire de Saragosse face à la guerre.
114 Apuntaciones..., op. cit., p. 138-188. [« …pasando de mano en mano, recibe una constitución y a José Napoleón por monarca, que da principio a una dinastía nueva y recibe el juramento de obediencia y fidelidad de los magnates del reino en Bayona ».]
115 Ibid., p. 193, 197 et 216.
116 A. de Legarda, « Diócesis huérfanas... », p. 68-72.
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