Les justifications impériales de l’intervention en Espagne
p. 9-23
Texte intégral
1Les colloques tenus dans la rigueur scientifique, comme celui-ci, loin des battages médiatiques d’un bicentenaire napoléonien qui ne cherche même pas à exister réellement, permettent une salutaire relecture des années 1799-1815. De la réflexion sur la guerre ou sur les lycées à des études sur les conflits ou sur la signification des tournants majeurs de la période, de l’histoire de la Légion d’honneur à celle du Code civil, les historiens avancent dans la compréhension de l’œuvre napoléonienne. Mais il y a encore beaucoup à faire pour progresser, sources à l’appui, par exemple dans la connaissance des mécanismes décisionnels de l’empereur. Le champ de recherche offert par la guerre d’Espagne peut en ce sens se révéler fort fructueux.
2L’intervention des armées napoléoniennes en Espagne a longtemps été négligée en France, tant cette guerre a été peu glorieuse1. Si aujourd’hui l’historiographie porte ses regards sur le combat mené par les Espagnols2, c’est avant tout dans le but d’examiner un moment clef de l’affirmation d’une identité nationale, si bien que ces renouvellements laissent dans l’ombre le processus des décisions napoléoniennes. Il est donc essentiel de revenir sur la part des vues de l’empereur dans le déroulement de ces événements. Certes, les auteurs sont presque unanimes à dénoncer la lourde responsabilité de Napoléon, établissant généralement une distinction entre la politique menée jusqu’à Tilsit et celle qui la suivit. Des condamnations sans retenue apparaissent dans l’historiographie dès les débuts de la Restauration, où la guerre d’Espagne est jugée comme la plus criante des injustices commises par Napoléon mais aussi comme sa plus grande faute : l’empereur des Français est d’ailleurs accusé d’avoir lui-même provoqué, au sein de la famille régnante espagnole, la discorde qui l’aurait conduit à faire appel à une intervention française3. Si bien que l’on souligne déjà que le basculement de l’histoire de l’Empire se fait après 1807 : « s’il avait pu se tenir tranquille après Tilsit, il aurait été le plus puissant monarque de la terre »4. Même pour le baron Bignon, par ailleurs fort soucieux de défendre l’œuvre de Napoléon, plus souvent apologiste qu’historien objectif, l’affaire d’Espagne est condamnable parce qu’elle est le fruit du « mélange fatal d’une ambition de famille à une ambition d’intérêts français »5. Plus radical encore sur ce sujet, Charles de Lacretelle voit résolument dans l’invasion de l’Espagne une énorme faute6. En 1849, Thiers, pourtant prompt à admirer l’empereur, n’hésite pas davantage à dénoncer la guerre qui éclate dans la péninsule ibérique comme une grave faute. Par son action au delà des Pyrénées, Napoléon s’engage, dénonce Thiers, dans une guerre dynastique7. La guerre d’Espagne est une tache indélébile sur sa gloire : en attirant à Bayonne les Bourbons d’Espagne dans le but de mettre à profit leurs divisions de famille pour confisquer leur couronne et la remettre à son frère, Napoléon a commis « une perfidie indigne de son caractère »8.
3Les travaux des débuts du XXe siècle dénoncent les mêmes erreurs. Cela est tout particulièrement le cas dans l’ouvrage de Geoffroy de Grandmaison qui voit dans ce conflit « l’écueil du Premier Empire »9. Tournant dans la politique extérieure, la guerre d’Espagne aurait de plus joué un rôle déterminant dans le processus de désaffection à l’égard de Napoléon10. Les événements de la péninsule ibérique sont donc bien ce « nœud fatal » dont Napoléon lui-même a parlé, et sur ce sujet-là, l’historiographie française, contrairement à l’historiographie espagnole11, ne présente guère de périodicité significative.
4Les analyses s’affinent dans le même sens avec l’essor d’une histoire napoléonienne universitaire : Georges Pariset note que, face au conflit dynastique espagnol, Napoléon n’a pas eu la sagesse d’être attentif au sentiment du peuple de ce pays et n’a vu que la couronne à ramasser, « il avait perdu le sens du réel », se considérant dans la péninsule ibérique comme l’héritier de Louis XIV qui a combattu pour que la même famille occupe les deux trônes12. Et c’est également comme l’avènement d’une politique dynastique qu’André Fugier analyse la politique espagnole de Napoléon13.
5L’historiographie actuelle souligne elle aussi que c’est la volonté napoléonienne de faire triompher la politique de blocus qui permet de comprendre l’engagement de la France dans la péninsule. Jean Tulard rappelle que c’est dans le but de fermer les côtes du Midi aux marchandises britanniques que les troupes françaises envahissent le Portugal en 180714, tandis que l’invasion de l’Espagne, « guêpier » dans lequel Napoléon s’engage imprudemment, doit permettre d’intégrer entièrement la péninsule au système continental. Pour la première fois, Napoléon mène une guerre qui ne relève pas de l’héritage révolutionnaire mais qui doit servir l’intérêt de sa dynastie. 1807 est donc bien le tournant majeur, le « dérapage » même, de la politique extérieure napoléonienne15. Notons toutefois que Jacques-Olivier Boudon, dans une très récente synthèse, rappelle que « les événements intérieurs au royaume d’Espagne accélèrent sa décision »16. Mais tout tient bien, in fine, à une décision de Napoléon. La guerre d’Espagne, « guêpier » dans lequel Napoléon s’engage imprudemment pour permettre d’intégrer entièrement la péninsule au système continental17, est aussi une guerre dynastique qui a constitué le tournant majeur, le « dérapage » même, de la politique extérieure napoléonienne18. Or ces événements tiennent-ils bien à la volonté d’un seul homme et à une puissance qu’il a pu exercer sans bornes pendant plusieurs années ? L’historiographie de la guerre d’Espagne vient-elle finalement conforter un pan de la mythologie qui faisait de Napoléon un souverain omnipotent, un grand homme capable d’agir sur tous les fils des destinées européennes ?
6Si réellement le conflit espagnol tient à ce point à la volonté d’un seul homme, il est essentiel de s’interroger sur ce qui a nourri cette volonté. À Sainte-Hélène, Napoléon s’est employé à souligner que toutes les guerres qu’il a menées ont été « dans la nature et dans la force des choses, toujours dans cette lutte du et de l’avenir, dans cette coalition constante et permanente de nos ennemis, qui nous plaçaient dans l’obligation d’abattre, sous peine d’être abattus »19. En intervenant en Espagne, Napoléon n’aurait donc fait que poursuivre la lutte engagée entre la France révolutionnaire et la France de l’Ancien Régime. Mais en soumettant à nouvel examen la correspondance de Napoléon au moment de la genèse du conflit, en analysant par ailleurs la propagande orchestrée par le biais de la presse, il est possible d’apporter quelques éclairages nouveaux sur l’exact sens des volontés et décisions napoléoniennes dans cette guerre. L’historien ne peut se contenter des relectures a posteriori.
Un conflit né au Portugal
7À Sainte-Hélène, Napoléon a reconnu lui-même que la guerre engagée dans la péninsule ibérique a été fatale au destin de son Empire. Il est vrai qu’il a beaucoup agi par empirisme, sans dessein arrêté au moment où il s’installe au pouvoir. Ses décisions ne sont pas forcément le fruit de projets longuement mûris, mais elles sont bien au contraire souvent réponse à la conjoncture d’un moment spécifique, étape non préméditée dans un engrenage dont l’aboutissement doit forcément, selon l’empereur, être la paix générale du continent, sous réserve (mais cela n’est jamais qu’implicite dans les propos de Napoléon) que cette paix laisse à la France une position hégémonique. Dans cette hégémonie, l’Espagne est vouée à alimenter l’économie française par ses productions de laine et de coton, à la demande pressante des industriels français20. Il n’y a donc là point de dessein spécifique au souverain mais bien au contraire données qui tendent à confirmer que le conflit espagnol prend sens dans la lutte entre la France et l’Angleterre qui est la clef de toute la période 1800-1815.
8Dès son projet d’imposer au Portugal de faire respecter les règles du blocus continental, en le menaçant donc de la guerre s’il ne ferme pas ses ports aux navires anglais, Napoléon implique l’Espagne d’entrée de jeu21 : si le Portugal ne se plie pas à ses volontés, l’Espagne lui déclarera la guerre aux côtés de la France. Or il annonce cela à la mi-juillet 1807, sans même l’avoir encore réellement négocié avec l’Espagne22. Le 8 septembre enfin, il écrit à Charles IV en soulignant que l’urgence du moment est d’arracher le Portugal à l’influence de l’Angleterre, afin de mieux forcer celle-ci à demander la paix23. La guerre contre le Portugal commence le 12 octobre : le langage employé par l’empereur est révélateur de la représentation qu’il a et qu’il veut donner de sa propre action : « je me regarde en guerre avec le Portugal », fait-il écrire à Eugène de Beauharnais dès le 12 octobre, le jour même où Junot reçoit l’ordre de traverser l’Espagne pour intervenir dans le royaume lusitanien24. Et tout en promettant à Charles IV la suzeraineté de l’État à conquérir, il souligne qu’il « compte sur son énergie » pour parvenir à vaincre l’Angleterre : dès le début de la guerre contre le Portugal, l’Espagne est conçue comme un support logistique essentiel à la réussite des opérations. Mais rien ne semble avoir été réellement négocié, tout est imposé, le souverain espagnol est placé devant le fait accompli25. Le 16 octobre, Napoléon demande au général Clarke, ministre de la Guerre, d’indiquer au roi d’Espagne qu’il lui faut participer à l’invasion du Portugal en ajoutant 30 000 hommes aux troupes de Junot26. Toutefois, la convention relative à l’annexion du Portugal, ajoutée à la convention secrète signée le 27 octobre entre l’empereur et le roi d’Espagne « pour le règlement des affaires du Portugal », stipule clairement que les troupes françaises doivent être nourries par l’Espagne. Dans sa gestion du conflit qui se développe dans la péninsule, Napoléon se comporte plus que jamais comme un souverain qui se pense le suzerain de ses alliés, dont il a donc le droit d’exiger un soutien militaire sans faille. Il rappelle donc à Charles IV, le 13 novembre, que « l’intérêt des peuples de Votre Majesté et des miens veut que nous poussions vivement la guerre contre le Portugal », non sans lui reprocher, de surcroît, d’avoir été autrefois trop prompt à conclure de lui-même la paix avec son voisin27. Quant aux intrigues de palais qui semblent se développer à Madrid, elles ne doivent pas, souligne Napoléon, susciter l’intérêt du roi d’Espagne, qui doit ne se soucier que de la paix à établir : l’empereur n’est pas loin de traiter ainsi Charles IV comme l’un de ses lieutenants.
Un conflit alimenté par une crise dynastique
9Par essence, les Bourbons n’ont pas la sympathie de Napoléon, et son antipathie se porte particulièrement contre Charles IV. Or, dès la mi-novembre 1807, un conflit se dessine entre celui-ci et son fils Ferdinand, prince des Asturies, prétendant au trône. Dès lors, Napoléon s’engage peu à peu dans le rôle d’arbitre de la monarchie espagnole28, il demande alors à ses envoyés auprès de la cour de Madrid de lui rendre compte « si l’opinion est en faveur du prince des Asturies ou du prince de la Paix »29. Il demande également à être informé de la situation des places fortes espagnoles, à être alerté en cas d’armement de celles-ci. Or, dès le début de mars 1808, il apparaît que le soutien militaire attendu de l’Espagne n’est pas sans faille et Napoléon invite alors son ambassadeur en Espagne à exprimer l’indignation de la France, tandis qu’il prévoit déjà de s’appuyer sur une force de 50 000 hommes pour régler ce qu’il appelle « les affaires d’Espagne », « de manière qu’il n’y ait point de doute sur la succession de ce royaume »30. Se pensant décidément comme le naturel suzerain de l’Espagne, Napoléon estime qu’il est de son plein droit d’intervenir dans la crise de succession qui se dessine alors.
10Une semaine plus tard, il en est déjà à l’organisation minutieuse de l’entrée de ses troupes sur le territoire espagnol, au prétexte officiel d’envoyer une armée à Cadix afin d’assiéger Gibraltar, toujours dans le cadre de la lutte contre l’Angleterre31. Reste que les instructions données à Murat disent bien que, s’il convient de prendre toutes les précautions nécessaires pour respecter au mieux les populations (les soldes doivent être versées par avance afin d’éviter tout pillage)32, c’est bien de la préparation d’une guerre éventuelle dont il s’agit :
« Je veux rester ami avec l’Espagne et remplir mon but politique sans hostilités ; mais j’ai dû me mettre en mesure pour que, s’il le fallait, je puisse surmonter la résistance par la force »33.
11Napoléon semble pourtant sincèrement soucieux d’éviter tout conflit lorsqu’il demande à Murat, le 16 mars :
« Surtout ne commettez aucune hostilité, à moins d’y être obligé. J’espère que tout peut s’arranger, et il serait dangereux de trop effaroucher ces gens-là »34.
12Si Napoléon est bien décidé à voir l’Espagne régie comme il l’entend, il ne souhaite nullement que cela se fasse au prix d’un nouveau conflit. Une dizaine de jours plus tard, alors qu’il suppose Murat arrivé à Madrid, il le prie de nouveau de ne se mêler en rien aux luttes de factions35. Mais sitôt connue l’insurrection madrilène du 20 mars, il donne les ordres nécessaires à l’organisation de sa propre venue dans la péninsule36. Mieux que Murat, pourtant sur place, il est conscient que l’insurrection du 20 mars est lourde de signification. D’emblée, il prend la mesure de l’énergie dont les Espagnols sont capables, car ils forment un peuple neuf qui a « tout l’enthousiasme que l’on rencontre chez des hommes que n’ont point usés les passions politiques »37. Il est parfaitement lucide sur la mobilisation que le clergé et l’aristocratie peuvent obtenir de la population et il comprend déjà que s’il se met à dos ces catégories en menaçant leurs privilèges, il risque fort de ne jamais plus pouvoir quitter ce front38. Napoléon n’est donc pas entré dans la guerre d’Espagne sans savoir qu’il risquait de s’enfoncer dans un bourbier.
13Pourtant il n’hésite pas à affirmer à Murat que Ferdinand n’a nullement, à ses yeux, l’étoffe d’un souverain : ce qui signifie qu’il ne souhaite nullement régler le conflit naissant en reconnaissant le prince des Asturies comme le nouveau maître de l’Espagne, car il est de toute façon à la tête du parti espagnol hostile à la France. Mais il juge également impossible de soutenir plus longtemps Charles IV et Godoy, tant leur popularité est mauvaise. La suite des événements montre une fois encore combien l’engrenage du conflit a parfois échappé à l’empereur : le soulèvement d’Aranjuez, le 18 mars, et l’émeute dirigée contre Godoy, précipitent la fuite de Charles IV puis son abdication en faveur de Ferdinand. Or la situation est rendue d’autant plus complexe que Murat a commis une grave maladresse : en positionnant ses troupes dans Madrid dès le 23 mars, il a augmenté l’inquiétude des Espagnols, laquelle a joué en faveur de la cause de Ferdinand, qu’il lui faudra donc reconnaître, pense-t-il finalement, pour le cas où la situation intérieure de l’Espagne, et donc l’opinion, rendrait toute autre solution impossible. Mais au 29 mars, il reconnaît qu’il ne sait rien encore de la position qu’il adoptera39. On est là bien loin de l’image mythique d’un Napoléon visant d’emblée la confiscation de la couronne espagnole.
14Mais tandis que la situation dans la péninsule dégénère de la sorte, la presse, en France40, s’emploie à souligner le très bon accueil réservé à l’armée par les populations41, on les dit même fascinées par la gloire dont ces hommes sont porteurs42. Et l’on souligne plus encore le parfait accord qui semble régner « entre les deux nations », par exemple lors de fêtes se déroulant à Barcelone, pour l’accueil des troupes de Moncey, en février 180843. La presse prépare en quelque sorte l’opinion à l’idée que la réunion des deux couronnes serait naturelle, tant elle soulignerait l’accord parfait qui existe, selon elle, entre Français et Espagnols, « malgré la différence des mœurs et des usages », précise-t-on tout de même. On publie même la lettre d’un officier qui fait état des vivats de la foule espagnole avec lesquels l’armée de Murat est accueillie à Madrid à la fin du mois de mars 180844.
15Les journaux insistent par ailleurs sur la portée des divisions qui minent la cour et qui aboutissent à dresser deux partis l’un contre l’autre45, mais ils publient ensuite in extenso les proclamations et décrets royaux d’Aranjuez pour bien montrer que Charles IV, au moment où il abdique, présente Napoléon comme « mon cher allié l’empereur des Français »46. Elle revient ensuite sur tous les gestes et proclamations de Charles IV en vue de souligner que si les troupes françaises sont sur le territoire espagnol, ce n’est qu’en raison de l’alliance qui existe entre les deux couronnes47. Or, alors que la couronne est revenue à Ferdinand VII, en avril, l’alliance est tout autant mise en exergue : les troupes françaises sont sans aucun projet hostile48.
16À la fin du mois d’avril, le Journal de l’Empire entame une réhabilitation de Godoy, plaçant en regard l’attitude excédée du peuple espagnol à son égard et les réalités de la position de l’Espagne sur la scène européenne. On soutient qu’il n’a en rien trahi l’honneur de sa nation et que les calomnies qui se portent contre lui sont sans fondement, le but de ce plaidoyer étant d’amener l’opinion française à considérer que l’abdication de Charles IV est sans légitimité49. Dès le 25 avril, les nouvelles venant de Cadix affichent clairement la désapprobation à l’égard de la prise du pouvoir par Ferdinand VII, tandis que l’on souligne que « la présence d’une armée française en Espagne rassure tous les vrais amis de la paix et du repos public »50. Finalement, le 4 mai, est publiée la lettre par laquelle Charles IV proclame avoir été forcé d’abdiquer et demande l’arbitrage de l’empereur51, tandis que l’on continue de souligner que « l’empereur des Français n’a en vue que le bien de l’Espagne, la punition des séditieux de toute espèce et le bonheur de toutes les classes de la société »52. Finalement, au nom des bienfaits des principes du gouvernement monarchique, les scènes révolutionnaires qui se sont produites à Aranjuez en vue de la proclamation de Ferdinand VII sont dénoncées : on fait le parallèle entre les tumultes de la Révolution en France et ceux que l’Espagne vient de traverser53, puis l’on souligne que tous les partisans de la paix et de l’ordre comptent sur l’empereur des Français pour « arracher ce pays au fléau d’une révolution »54.
17L’attitude de la France est plus clairement dévoilée à la suite des événements madrilènes du 2 mai. Elle ne peut accepter l’abdication de Charles IV à la suite des émeutes d’Aranjuez puisque l’Espagne étant alors en partie couverte par des troupes françaises, c’est la France qui risque de porter la responsabilité de ce qui apparaît comme un coup de force contre celui que l’empereur se plaît à appeler son ami. L’empereur se dit prêt à reconnaître Ferdinand si la preuve est faite que l’abdication a réellement été faite par Charles IV de son plein gré, mais suit dans le Journal de l’Empire la publication d’une lettre, datée du 2 mai, par laquelle Charles IV affirme qu’il a abdiqué sous la contrainte55. En livrant ainsi à la connaissance du public les démêlés au sein de la famille royale d’Espagne, le gouvernement français donne les justifications de son intervention dans ce conflit. Certes, il est discrètement reconnu que la présence des troupes sur le sol espagnol a joué le rôle d’un détonateur, mais on met également en évidence les impuissances des Bourbons d’Espagne à assumer les devoirs de leur dignité. Implicitement, l’empereur est désigné comme le seul arbitre possible : c’est bien au nom de la régénération de l’Espagne que doit se faire l’intervention française.
Un conflit renforcé par une volonté réformatrice
18Napoléon, incapable de se faire une opinion personnelle sur l’Espagne, a fait siens les préjugés de ses compatriotes sur la dégénérescence et l’inertie des Espagnols. De nombreux ouvrages paraissent alors en France pour dépeindre les Espagnols comme ayant connu un long déclin au cours des dernières générations : ils soulignent que « les vertus essentielles de la race ibérique se sont émoussées », que leur fierté s’est abâtardie et a tourné à la vantardise, que leur courage s’est assoupi au point de ne plus s’éveiller que sous l’aiguillon de la haine, de la jalousie ou du fanatisme, et de générer non plus de l’héroïsme mais de la férocité. Tous déplorent la passivité et la décadence nationale qui résultent des défauts congénitaux des Espagnols. De cette mythologie, Napoléon a été dupe, car les nombreux rapports qui lui étaient remis au sujet de la situation en Espagne confirmaient ces publications. Enfin le Moniteur, au printemps de 1808, dépeint une Espagne en perdition : ses finances sont un chaos, sa dette publique est un gouffre, son administration est hors d’état d’agir. Il s’agit ainsi de montrer que seul l’empereur peut la sauver en lui apportant l’ordre, la loi et la justice56.
19Bien que minutieusement informé sur la situation espagnole, Napoléon peine à choisir le parti à soutenir pour parvenir à ses fins, et commet finalement une grave erreur en choisissant de soutenir Godoy contre Ferdinand, en mars 1808. Il a en revanche déjà formé des projets de réorganisation de l’Espagne : il entend que les privilèges de la noblesse et du clergé soient respectés, mais il prévoit d’ores et déjà de perfectionner les institutions politiques de l’Espagne afin de la soustraire au régime des favoris et de lui donner des cadres semblables à ceux des nations modernes de l’Europe57. Cette fois, l’histoire confirme la mythologie d’un Napoléon réorganisateur de chacun des États tombés sous sa coupe. Et cette réorganisation, il entend la mener à son gré : une dizaine de jours après avoir écrit qu’il lui faudrait peut-être reconnaître Ferdinand si la pression de l’opinion était trop forte, il apparaît plus déterminé : alors qu’il est sur le chemin de Bayonne où il s’apprête à rencontrer Charles IV, Godoy et Ferdinand, il reproche à Murat d’attacher trop d’importance à l’opinion de Madrid : « Je n’ai pas réuni de si grandes armées en Espagne pour suivre les fantaisies de la populace de Madrid », ajoute-t-il58. Le 10 avril, il s’exprime à propos de l’Espagne comme s’il en était déjà le maître : « j’ai le désir de voir l’Espagne heureuse et dans un système tel que je ne puisse jamais la voir redoutable pour la France »59. Cette fois, il apparaît mû par l’ambition certes de contribuer à un essor apaisé de l’Espagne – que dire d’autre quand on est officiellement héritier de la Révolution et que l’on s’apprête à prendre le contrôle d’un pays voisin et allié ? - mais plus encore de placer l’Espagne dans une position de subordination à l’égard de la France. Par ailleurs, contrairement à son attitude initiale, Napoléon en vient à recommander, le 13 avril, de ne pas chercher un succès auprès de l’opinion : l’important est désormais de tenir une bonne position stratégique60.
20Et c’est également en maître qu’il agit lorsqu’il écrit à Ferdinand le 16 avril : il annonce en effet qu’il comptait aider Charles IV à accomplir « quelques réformes nécessaires dans ses États », hypocritement il précise qu’il entendait faire cela en donnant « quelque satisfaction à l’opinion publique ». Mais il indique en même temps au prince qu’il ne doit pas envisager de faire un procès à Godoy. Il n’entend pas pour autant reconnaître Ferdinand comme souverain d’Espagne tant que la preuve n’aura pas été faite que l’abdication de Charles IV n’a pas été signée sous la contrainte de l’émeute : en se montrant officiellement magnanime, mais en se faisant aussi volontairement naïf, il oppose finalement une fin de non-recevoir à un prince des Asturies traité comme un traître à sa propre couronne. « Toute démarche près d’un souverain étranger de la part d’un prince héréditaire est criminelle » n’hésite-t-il pas à lui rappeler, tout en l’avertissant que la moindre attaque contre des soldats français entraînerait « la ruine des Espagnes », ce qui est une façon de rendre Ferdinand par avance responsable du conflit à venir61. Par ailleurs, il prévoit dès lors, pour le cas où le prince ne se rendrait pas de son plein gré à Bayonne, où s’acheminent son père et sa mère, de le faire arrêter et conduire de force en cette ville :
« s’il refuse l’entrevue que je lui propose, c’est signe qu’il est du parti des Anglais, et alors il n’y a plus rien à ménager »62.
21Campé lui-même à Bayonne avec une armée de 100 000 hommes, Napoléon se plaint de ce que cette armée lui coûte cher puisqu’elle est en France et que c’est sur les finances françaises que son entretien repose. Mais il continue de justifier son action en soulignant que « les circonstances veulent qu’[il] couvre l’Europe de [s]es troupes ». Il précise que son but est plus que jamais de forcer l’Angleterre à faire la paix, alors seulement il pourra remettre « le glaive dans le fourreau »63. Le 22 avril 1808, il avoue songer à installer en Espagne « une dynastie qui réunisse davantage les deux nations »64.
22Faut-il pour autant attribuer à Napoléon l’entière responsabilité de cette politique ? Une telle question renvoie une fois de plus au rôle de ses conseillers qui ont sans doute bien voulu le conduire dans la voie dans laquelle il souhaitait être conduit. Le 24 avril en effet, un long rapport du ministre des relations extérieures, Champagny, appelle l’empereur à mettre un terme « à l’anarchie qui menace l’Espagne », car si l’Espagne cessait d’être une amie de la France, elle en deviendrait une ennemie dangereuse, faisant le jeu de l’Angleterre et rendant impossible la paix en Europe. Les conseillers de Napoléon argumentent donc eux aussi dans le cadre d’un engrenage des conflits dont l’Angleterre porte la responsabilité. Afin d’établir solidement l’alliance avec l’Espagne, Champagny invite clairement à établir sur le trône de ce pays un prince de la dynastie napoléonienne :
« Il faut qu’un prince, ami de la France par sentiment, par intérêt, n’ayant point à la craindre et ne pouvant être un objet de défiance pour elle, consacre toutes les ressources de l’Espagne à sa prospérité intérieure, au rétablissement de sa marine, au succès de la cause qui lie l’Espagne à la France et au continent. C’est l’ouvrage de Louis XIV qu’il faut recommencer »65.
23On comprend ainsi que l’issue de l’entrevue de Bayonne entre l’empereur des Français, le roi d’Espagne et le prince des Asturies est fixée avant même le début des entretiens. La volonté napoléonienne a été déterminante, mais aiguillonnée par des conseillers jugeant encore sans doute qu’il était essentiel d’engager leur souverain dans la voie dans laquelle il souhaitait aller de lui-même. Il ne masque d’ailleurs pas son mépris pour le prince des Asturies au long de sa correspondance66. Dès lors, il multiplie les ordres pour que ses troupes contrôlent l’Espagne en veillant à empêcher tout dérapage et tout pillage, il veille également à organiser la propagande afin de convaincre les Espagnols que la bonne entente avec la France est essentielle à leur pays. Précautions sans effet puisque survient finalement le 2 mai l’insurrection madrilène réprimée avec la sévérité que l’on sait. Le 25 mai, la célèbre proclamation que lance Napoléon de Bayonne invite les Espagnols à voir en lui le « régénérateur de l’Espagne »67. Le 6 juin, Joseph est proclamé roi, sous couvert d’un appel de la junte à mettre fin à l’interrègne.
24Pourtant, une semblable propagande est menée en France, avant comme après le 2 mai. Le Journal de l’Empire recourt notamment au stratagème de la publication de lettres émanant soi disant de personnes privées (imaginaires sans doute !, un officier, un Espagnol) pour livrer à son lectorat un autre type de texte faisant lui aussi une sévère critique de la famille royale et appelant lui aussi Napoléon à sauver l’Espagne68. Le numéro du 30 mai publie même le Jugement sur les affaires d’Espagne, tel que le portera la postérité, par un Espagnol impartial, texte daté du 1er mai 1808, avant donc l’insurrection madrilène. Il souligne le contraste entre la France régénérée par « le grand empereur » et auréolée des « prodiges réunis de la victoire et de l’administration », et l’Espagne, où « tout est honte et malheur ». Le texte appelle en définitive les Espagnols à se plier aux volontés de Napoléon et à le reconnaître comme leur guide et leur espoir69. La presse publie également les appels de Charles IV à ne plus attendre la prospérité de l’Espagne que « du grand empereur notre allié »70.
25La presse ne parle quasiment pas de l’insurrection madrilène. Elle met en revanche plus que jamais l’accent sur tout l’intérêt que l’Espagne peut trouver dans l’intervention française. Les termes de l’adresse de la junte suprême à l’empereur, datée du 13 mai, sont en ce sens particulièrement éloquents :
« La monarchie espagnole reprendra le rang qui lui appartient parmi les États de l’Europe, dès qu’elle sera unie, par un nouveau pacte de famille, à son allié naturel, dont la puissance est si grande »71.
26Dès lors, c’est de Joseph que l’on attend la régénération de la patrie : en témoigne le discours du duc de l’Infantado, qui préside la députation des Grands d’Espagne venue accueillir le nouveau souverain à Pau, le 7 juin, propos relayés bien sûr par la presse. Il en va de même du conseil de Castille qui précise toutefois ce qui est attendu de Joseph72 :
« La religion catholique ne recevra aucune atteinte ; elle sera conservée dans toute sa pureté, et sera unique dans le royaume. La législation, les usages, les coutumes légales, les tribunaux, le clergé, les corps nationaux seront maintenus, améliorés pour le bien de l’Église et de l’État. Les différents ordres du royaume, appuis nécessaires de toute vraie monarchie, continueront à jouir de leurs privilèges ; le pauvre sera soulagé ; l’intégrité des Espagnes et les propriétés de chacun seront inviolablement respectées ».
27On reconnaît, en publiant de tels propos, que la régénération que les Espagnols attendent doit prendre en compte les données spécifiques à l’équilibre de la nation espagnole, du moins tel qu’il est conçu par les élites. Reste que l’on met ainsi en évidence que le passage de l’Espagne sous domination française se fait dans le cadre d’une volonté régénératrice. Et lorsque la nouvelle du changement dynastique est envoyée dans les colonies, on parle de « l’heureuse régénération que vient de subir » la monarchie73. Dès le 10 juin, Joseph proclame son ambition de « faire revivre le temps où le monde entier était plein de la gloire du nom espagnol »74. Après que la constitution a été adoptée par la Junte espagnole, elle est présentée, le 7 juillet 1808, comme une promesse de voir la « patrie se rétablir », elle doit faire disparaître « les maux et les abus enracinés qui ont amené sa décadence »75. La presse souligne ensuite l’enthousiasme avec lequel le nouveau souverain semble accueilli en son royaume.
28L’entreprise napoléonienne de gouvernement des esprits, rodée depuis le coup d’État de Brumaire, a donc été habilement mise au service de la politique d’intervention en Espagne. Des justifications avancées sous couvert de missives privées aux discours convenus des membres de la junte espagnole, les publications faites dans les journaux français visent toutes à faire de la dynastie napoléonienne l’unique espoir pour la régénération de l’Espagne. Car l’Espagne est alors présentée comme minée par les divisions et les impuissances des Bourbons, elle serait donc, comme la France en 1799, dans l’attente d’un sauveur.
Notes de bas de page
1 Jean-René Aymes, L’Espagne contre Napoléon. La Guerre d’Indépendance espagnole (1808-1814), Paris, Nouveau Monde éditions, 2003 (1ère édition en 1973), p. 8.
2 Richard Hocquellet, Résistance et révolution durant l’occupation napoléonienne en Espagne, 1808-1812, Paris, La Boutique de l’Histoire, 2001, 367 p.; Jean-Marc Lafon, L’Andalousie et Napoléon. Contre-nsurrection, collaboration et résistances dans le Midi de l’Espagne (1808-1812), Paris, Nouveau Monde éditions, 2007, 350 p.
3 Histoire de Napoléon Buonaparte, Paris, Michaud, 1818, vol. 3, p. 220-221.
4 J.L., Vie civile, politique et militaire de Napoléon Bonaparte […], Paris, Locard et Davi, 1821, vol. 2, p. 81.
5 Baron Bignon, Histoire de France depuis le 18 brumaire (novembre 1799) jusqu’à la paix de Tilsit (juillet 1807), Paris, Béchet, Firmin Didot, vol. 7, 1838, p. 198.
6 Charles de Lacretelle, Histoire du Consulat et de l’Empire, Paris, Amyot, 1845-1847, vol. 1, p. 32 et vol. 4, p. 99 sq.
7 Adolphe Thiers, Histoire du Consulat et de l’Empire, Paris, Paulin-Lheureux, t. VIII, p. 171.
8 Idem, p. 657-658.
9 Charles-Alexandre Geoffroy de Grandmaison, L’Espagne et Napoléon, t. I, 1804-1809, Paris, Plon, 1908, p. III.
10 Idem, p. V.
11 Lluìs Roura I Aulinas, « Napoléon et l’historiographie espagnole », dans Jean-Clément Martin [dir.], Napoléon et l’Europe, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2002, p. 138.
12 Georges Pariset, Le Consulat et l’Empire (1799-1815), t. III d’Histoire de France contemporaine sous la direction d’Ernest Lavisse, Paris, Hachette, 1921, p. 400-403.
13 André Fugier, Napoléon et l’Espagne, 1799-1808, Paris, Félix Alcan, t. I, 1930, p. I.
14 Jean Tulard, Napoléon, ou le mythe du sauveur, Paris, Fayard, 1977, p. 210.
15 Ibidem, p. 336. Voir également André Fugier, Napoléon et l’Espagne, 1799-1808, Paris, Alcan, 1930, 2 Vol..
16 Jacques-Olivier Boudon, La France et l’Europe de Napoléon, Paris, Colin, 2006, p. 214.
17 Jean Tulard, Napoléon, op. cit., p. 210.
18 Ibidem, p. 336. Voir aussi Les Espagnols et Napoléon, Actes du colloque international d’Aix-en-Provence, 13-15 octobre 1983, Publications de l’Université de Provence, Aix-en-Provence, 1984, 472 p.
19 Emmanuel comte de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène. Première édition intégrale et critique établie par Marcel Dunan, Paris, Flammarion, 1951, t. II, p. 285.
20 Jean-René Aymes, L’Espagne contre Napoléon, op. cit., p. 31.
21 Sur ce thème, voir Nicole Gotteri, Napoléon et le Portugal, Paris, Bernard Giovanangelli éditeur, 2004, 287 p.
22 Correspondance de Napoléon Ier publiée sur ordre de l’empereur Napoléon III, Paris, Imprimerie impériale, 1858-1870, 19 juillet 1807, à Talleyrand
23 Idem, 8 septembre 1807, à Charles IV, roi d’Espagne.
24 Idem, 12 octobre 1807, à Champagny, ministre des relations extérieures.
25 Idem, 12 octobre 1807, à Charles IV.
26 Idem, 16 octobre 1807, au général Clarke.
27 Idem, 13 novembre 1807, à Charles IV.
28 Emilio La Parra López, « Méfiance entre les alliés. Les relations Napoléon-Godoy (1801-1807) », Annales historiques de la Révolution française, 2004, n° 2, p. 19-35.
29 Correspondance de Napoléon Ier, 13 novembre 1807, à M. de Tournon, chambellan de l’empereur.
30 Idem, 9 mars 1808, à Champagny.
31 Ibidem.
32 Idem, 9 mars 1808, au grand-duc de Berg.
33 Idem, 14 mars 1808, au grand-duc de Berg.
34 Idem, 16 mars 1808, au grand-duc de Berg.
35 Idem, 15 mars 1808, au grand-duc de Berg.
36 Idem, 26 mars 1808, au maréchal Bessières.
37 Idem, 29 mars 1808, au grand-duc de Berg.
38 Ibidem.
39 Ibidem.
40 Sur la vision du conflit par la presse, je renvoie à Jean-René Aymes, « La guerre d’Espagne dans la presse impériale (1808-1814) », dans Annales historiques de la révolution française, 2004, n° 2, p. 129-145 : toutefois cet article prend bien davantage en compte la période postérieure à l’avènement de Joseph tandis que je me propose ici d’insister sur la période antérieure.
41 Journal de l’Empire, 14 février 1808.
42 Idem, 18 février, 17 mars, 3 avril, 9 avril, 10 avril 1808.
43 Journal de l’Empire, 5 mars 1808.
44 Journal de l’Empire, 7 avril 1808.
45 Journal de l’Empire, 29 mars 1808
46 Journal de l’Empire, 30 mars 1808.
47 Journal de l’Empire, 5 avril 1808.
48 Journal de l’Empire, 14 avril 1808.
49 Journal de l’Empire, 24 avril, 1er mai, 8 mai 1808.
50 Journal de l’Empire, 25 avril 1808.
51 Journal de l’Empire, 4 mai 1808.
52 Journal de l’Empire, 8 mai 1808.
53 Journal de l’Empire, 8 mai 1808.
54 Journal de l’Empire, 12 mai 1808.
55 Journal de l’Empire, 12 mai 1808.
56 Jean-René Aymes, L’Espagne contre Napoléon, op. cit., p. 33.
57 Ibidem.
58 Correspondance de Napoléon Ier, 9 avril 1808, au grand-duc de Berg.
59 Idem, 10 avril 1808, au grand-duc de Berg.
60 Idem, 13 avril 1808, au grand-duc de Berg.
61 Idem, 16 avril 1808, au prince des Asturies.
62 Idem, 17 avril 1808, à Bessières.
63 Idem, 18 avril 1808, à Joseph, roi de Naples.
64 Idem, 22 avril 1808, au grand-duc de Berg.
65 Idem, rapport du 24 avril 1808.
66 Idem, par exemple, 1er mai 1808, à Talleyrand : « Le prince des Asturies est très-bête, très-méchant ».
67 Jean-René Aymes, « La guerre d’Espagne dans la presse impériale », op. cit., p. 141.
68 Journal de l’Empire, 13 mai, 14 mai 1808.
69 Journal de l’Empire, 30 mai 1808.
70 Journal de l’Empire, 17 mai 1808.
71 Journal de l’Empire, 19 juin 1808.
72 Journal de l’Empire, 17 juin 1808.
73 Journal de l’Empire, 26 juin 1808.
74 Journal de l’Empire, 29 juin 1808.
75 Journal de l’Empire, 15 juillet 1808.
Auteur
Université d'Avignon
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