Les hérésies à Byzance sous le règne d’Alexis I (1081-1118)
p. 27-42
Texte intégral
Introduction
1Après des siècles où l’on n’entendit plus parler d’hérésies à Byzance, le règne d’Alexis I est remarquable par la multiplicité des procès d’hérétiques et leur publicité. Il convient dans une première partie d’en dresser le constat. Puis nous tenterons, dans une seconde partie, de proposer une interprétation de ce phénomène et enfin il nous faudra aborder les conséquences à long terme de la réaction comnène pour l’histoire de la pensée à Byzance.
Émergence d’hérésies et d’hérétiques multiples. Réaction et répression
2Le règne d’Alexis I Comnène paraît se dérouler dans une série continue de procès1 : en mars-avril 1082, Jean Italos, « consul des philosophes »2, est condamné pour avoir professé des doctrines helléniques et hétérodoxes. En 1087, le moine et théologien Nil le Calabrais3 est anathématisé pour avoir répandu une hérésie christologique proche du nestorianisme. À la même époque Théodore de Trébizonde, prêtre des Blachernes, est poursuivi pour avoir fréquenté de trop près la secte des « enthousiastes »4. En 1117, Eustrate de Nicée5, dans la lignée intellectuelle de Jean Italos, est accusé de disserter sur la nature humaine du Christ, qu’il prétend soumise à Dieu, heurtant par là la christologie traditionnelle de l’union des deux natures sans division.
3Parallèlement à ces procès d’intellectuels et de chrétiens dissidents se répandait un peu partout dans l’empire la chasse aux hérésies dualistes, d’abord les Pauliciens qui, après une longue histoire de lutte et de répression dans les provinces orientales de l’empire se trouvaient concentrés désormais dans une zone névralgique proche de la Bulgarie, à Philippoupolis, et n’hésitaient pas à se révolter et à prendre les armes contre les Byzantins en s’alliant aux ennemis Petchénègues6. Enfin, entre 1102 et 1104, l’empereur Alexis s’attaquait à la secte de plus en plus prolifique des Bogomiles7 qui avait pénétré à l’intérieur de la capitale.
4Cette énumération ne recouvre qu’une partie de la réalité multiforme des hérésies à Byzance à cette époque, car les chroniqueurs, y compris la fille de l’empereur, Anne Comnène, ne mentionnent que les épisodes les plus connus et les plus marquants du combat d’Alexis I pour la défense de l’orthodoxie8. Le Synodikon de l’Orthodoxie9, source ecclésiastique officielle, enregistre principalement les hérésies qui touchent au dogme de l’union hypostatique, c’est-à-dire celles qui constituent une suite aux grandes hérésies christologiques des premiers siècles. La Panoplie Dogmatique d’Euthyme Zygabène10, œuvre encyclopédique composée sur ordre d’Alexis pour servir à la réfutation des hérésies, est d’un intérêt unique pour le chapitre 27 concernant les Bogomiles. Documents de premier plan, les procès-verbaux impériaux et ecclésiastiques du jugement d’Italos11 et la loi d’Alexis I de 1107 sur la réforme du clergé12 donnent la mesure de l’inquiétude du pouvoir et de l’ampleur de la réaction. La connaissance des hérésies contemporaines d’Alexis I se situe néanmoins en deçà de ce que l’on attendrait, surtout parce que les hérétiques sont anathématisés de noms d’hérésies anciennes, comme il était habituel aux Byzantins, alors que nous échappent souvent leur contenu réel et les nouvelles déviances, qui étaient issues le plus souvent de rameaux multiples des anciennes hérésies13. Les exemples les plus frappants de ce point de vue sont les Pauliciens de Philippoupolis appelés systématiquement « Manichéens » par Anne Comnène ou les Bogomiles, dont la doctrine était définie par Anne Comnène comme « un composite de Messaliens et de Manichéens »14. Le Synodikon de l’Orthodoxie frappe d’anathème un certain « Pierre, chef de l’hérésie des Messaliens, ou encore Lykopétriens, Phoundadites, Bogomiles », créant un amalgame on ne peut plus fantaisiste15. Le lien entre les deux niveaux hérétiques ancien et actuel n’était pas toujours clair. Il suffisait parfois d’un mode de vie, le monachisme, ou du dualisme inhérent à ces croyances pour être confondues et pour que l’on adopte vis-à-vis d’elles les mêmes condamnations formulées en termes identiques. Il suffisait également de la concomitance de la renaissance d’une hérésie ancienne, comme le messalianisme, avec le développement d’une beaucoup plus récente, comme le bogomilisme. Euthyme Zygabène n’hésite pas à appeler le bogomilisme « une partie du messalianisme »16, ce qui pouvait se justifier en se fondant sur leur rejet commun de la liturgie traditionnelle.
5Un des aspects les plus marquants de la persécution des hérétiques à cette époque est leur mise au jour par l’empereur Alexis. Les diverses hérésies émergent successivement comme s’il s’agissait d’un phénomène nouveau ou comme si les hérétiques relativement tranquilles jusque-là mettaient soudain l’empire en danger.
6Il en est ainsi des Bogomiles, qui, selon Anne Comnène, « se soulevèrent » alors que « la forme de cette hérésie était nouvelle, complètement inconnue jusque-là dans l’Église »17. L’empereur Alexis est le premier à avoir découvert la secte grâce à sa grande habileté :
« c’est cette race ténébreuse, qui se terrait comme les serpents dans un trou, que par les charmes mystérieux de ses modulations, mon père attira et fit sortir à la lumière »18.
7Or nous savons que les Bogomiles non seulement étaient apparus dans l’empire depuis de nombreuses décennies, en particulier en Asie Mineure occidentale sous le nom de Phundagiagites, mais qu’ils avaient déjà fait parler d’eux au cœur de la capitale dans le monastère de la Péribleptos où, au milieu du XIe siècle, le moine Euthyme d’Acmonia les interrogeait sur leur doctrine en faisant semblant de vouloir se joindre à la secte19.
8En ce qui concerne Jean Italos, Alexis découvre la gravité de la situation au retour d’une expédition des Normands : « à son arrivée dans la capitale, dit Anne Comnène, il trouva les affaires ecclésiastiques en pleine confusion et ne jouit même pas un instant de quelque répit. Mais apôtre comme il l’était, lorsqu’il vit l’Église bouleversée par les opinions d’Italos, bien qu’il eût l’intention de marcher contre Bryenne (ce Celte qui occupait Kastoria, comme on l’a dit), même dans ces circonstances, il garda le souci du dogme »20.
9Pourtant, nous savons qu’Italos professait ses idées publiquement déjà sous le règne de Michel VII Doukas et qu’il était à cette époque protégé tant par l’empereur que par la famille impériale, les frères et l’épouse de Michel VII, Marie d’Alanie. Les rumeurs s’étaient certes amplifiées au point que Michel VII avait dû réunir un synode en 1076-1077, qui avait condamné en dix articles anonymes un corps doctrinal attribué à Italos dont le nom avait été soigneusement tu pour ne pas lui porter tort21.
10De façon générale, dans tous les exemples rapportés, Alexis I apparaît toujours comme celui qui le premier prend conscience du trouble causé par les hérétiques et cela avant toute autorité ecclésiastique.
11Les procès contre les hérétiques se sont succédés de façon assez identique :
- d’abord une enquête lancée par l’empereur et menée la plupart du temps par son frère, le sébastocrator Isaac, qui se prenait pour un spécialiste en théologie22.
- ensuite venait la convocation par l’empereur d’une assemblée en général mixte, comprenant des ecclésiastiques, des sénateurs et des officiers impériaux, chargée d’instruire l’affaire. S’ensuivait l’acte de jugement impérial (sémeiôsis).
12Cet aspect solennel d’un procès prétendument respectueux de la justice était un moyen plus efficace dans la défense de l’orthodoxie que ne l’aurait été une condamnation arbitraire : ainsi Basile le Bogomile, qui s’était rendu à l’invitation « pressante » d’Alexis de partager sa table, fut pris au piège de l’empereur, qui lui fit croire qu’il voulait être son disciple : « L’homme alors vomit sa doctrine hérétique », tandis que l’empereur avait réuni derrière la tenture tout le sénat, tout le cadre de l’armée et le synode ecclésiastique »23.
- l’empereur ordonnait alors à l’Église d’instruire à son tour l’affaire et d’émettre un acte de jugement synodal. Le dit jugement était attendu comme exactement conforme à l’acte impérial.
13Au procès succédait l’enseignement. En effet, l’empereur intervenait personnellement pour tenter de convaincre les dissidents. La vocation d’enseignant marque la personnalité d’Alexis à égalité avec celle des armes dont il usait parfois avec les hérétiques : « seul, il mania à la fois armes et arguments »24 : telle fut la grande force de l’empereur vis-à-vis des Pauliciens selon sa fille Anne Comnène. L’empereur se transforma, en effet, en un professeur infatigable, quand il entreprit de les convertir à Philippoupolis :
« Depuis le matin jusqu’à l’après-midi ou même jusqu’au soir, parfois aussi jusqu’à la seconde ou à la troisième veille de la nuit, après les avoir fait venir, il leur enseignait la foi orthodoxe et réfutait les erreurs de leur hérésie »25.
14Une fois sorti des champs de bataille, Alexis prêchait. Il excellait en la matière26 et même avec le chef des Bogomiles, Basile, que l’empereur avait tout intérêt à voir plutôt mort que vif pour que la secte à Constantinople fût décapitée, Anne souligne les efforts d’Alexis :
« Une fois qu’il (Basile) fut emprisonné, le basileus le fit venir souvent, et souvent l’exhorta à abjurer son impiété »27.
15Après l’échec de l’enseignement, venait l’exécution du châtiment où le spectacle était certainement l’élément essentiel.
16Ainsi, le dimanche de l’orthodoxie, le 13 mars 1082, « le basileus ordonna qu’Italos anathématisât ces propositions mêmes du haut de l’ambon dans la grande église, tête nue, la foule entière écoutant, puis répétant contre elles l’anathème »28.
17Ce furent des procès spectacles que ceux des Bogomiles avec des mises en scène extraordinaires là encore arrangées par Alexis29. Après avoir, en effet, condamné au bûcher tous les Bogomiles, Alexis imagina un stratagème pour obliger les vrais hérétiques à se trahir parmi une foule de gens qui, à la veille d’être exécutés, reniaient leur hérésie. On alluma deux bûchers sur la place du Tzykanistèrion, qui, située juste à l’extérieur du palais, servait habituellement au jeu de polo. L’un était surmonté d’une croix (qu’abominaient les Bogomiles), l’autre en était dépourvu. Le choix était donné à chacun des condamnés de se rendre au bûcher qu’ils voulaient. Voyant qu’il n’y avait aucune échappatoire, les Chrétiens choisirent le bûcher surmonté d’une croix, les Bogomiles, celui qui en était dépourvu. Comme tous les accusés devaient être jetés dans les feux, les passants pleuraient au sujet des Chrétiens qui allaient être martyrisés et dénonçaient la cruauté de l’empereur. Au dernier moment, l’ordre impérial fut donné de relâcher les condamnés démontrant que tout cela n’était qu’une ruse pour révéler à tous quels étaient les hérétiques.
18Pour Basile, leur chef, à nouveau le théâtre impérial fut monté, mais cette fois Basile fut la victime réelle d’une mise en scène plus dangereuse qu’il n’avait paru, car le doute s’était insinué dans la foule des assistants et les bourreaux finissaient par craindre :
« que les démons protecteurs de Basile n’opérassent quelque prodige insolite avec la permission de Dieu, et que ce misérable, arraché du milieu d’une telle fournaise, n’apparût sain et sauf sur une place très fréquentée où il aurait été transporté, au risque de causer une nouvelle illusion qui serait pire que la première »30.
19Il n’y a pas de doute que le procès des hérétiques fut un moyen efficace de diffusion de la politique impériale. Laisser à l’Église la responsabilité et la charge de mener de tels procès en aurait réduit certainement l’effet et n’aurait pas permis à l’empereur d’occuper la première place dans ce programme qu’il s’était assigné de se poser comme défenseur de l’orthodoxie. De même, la mise en scène des châtiments en des lieux d’audience la plus large participe de cette même volonté : Basile fut brûlé sur l’hippodrome, lieu combien symbolique car réuni au palais par le kathisma, la loge impériale. Il fallait toutefois éviter un écueil, celui d’être soumis à la désapprobation du peuple, ce qui peut expliquer la mansuétude finale d’Alexis pour les Bogomiles, alors même que les bûchers étaient allumés.
20L’autre moyen de propagande pour Alexis de diffuser l’image impériale de l’empereur soucieux de l’orthodoxie de son peuple fut son rôle d’instruction des hérétiques qu’il assuma aux yeux de tous avec ostentation.
Interprétation
21Quelle interprétation doit-on donner à cette chasse aux hérétiques sous Alexis I et quelles furent les raisons d’en assurer le plus possible la publicité ? La réponse peut être conjuguée sur plusieurs modes mais se ramène chaque fois au pouvoir impérial et à la nécessité absolue de manifester la légitimation de ce pouvoir.
22Le régime d’Alexis I Comnène est né le 1er avril 1081 d’un coup d’État violent : les soldats mercenaires d’Alexis s’emparèrent de la capitale, pillèrent les maisons et les églises, violèrent les jeunes filles et les femmes et dépouillèrent les membres de l’aristocratie civile qu’ils croisaient, les laissant à moitié nus dans les rues31. Or ces événements terribles se déroulèrent le Jeudi Saint et les soldats byzantins y participèrent autant que les étrangers, turcs pour la plupart32. Anne Comnène assure qu’il n’y eut pas de meurtre, ce qui est parfaitement contredit par le chroniqueur contemporain Jean Zonaras. Cette prise du pouvoir par Alexis a marqué son règne de façon indélébile et il n’aura de cesse de tenter d’effacer dans l’image impériale la violence liée à la fondation33 :
« Car, dit Anne, il se tenait pour responsable des crimes commis dans toute la ville par chacun des soldats, tandis qu’alors la lie de la population se répandit à flot dans toute la cité… il cherchait à guérir la blessure et il le voulait. Ce ne serait qu’après cette guérison et cette expiation, qu’il pourrait s’occuper des affaires de l’empire et mènerait à bonne fin l’organisation de l’armée comme les opérations militaires »34.
23Sa première démarche fut sa comparution volontaire devant un tribunal ecclésiastique composé du patriarche, de membres du clergé et de l’ordre monastique. Il lui fut imposé de jeûner et de dormir à même le sol et lui-même s’imposa de revêtir sous ses vêtements impériaux un cilice à même la peau durant quarante jours et quarante nuits35.
24Après la pénitence, dit Anne Comnène, « il (Alexis) prit l’administration de l’empire avec les mains pures »36. Alors lui revint la tâche de purifier l’empire comme il avait dû lui-même se purifier et la chasse aux hérétiques, qui a marqué tout son règne, s’inscrit exactement dans cette mission. En même temps, il lui fallait proclamer qu’il était venu restaurer l’empire en danger et le faire adhérer à l’orthodoxie la plus stricte. Cela correspondait à la nécessité de légitimer son coup d’État. Les procès contre les hérétiques étaient justifiés par sa mission, comme en témoigne la Panoplie Dogmatique d’Euthyme Zygabène dont la préface témoigne du rôle d’Alexis comme champion de l’orthodoxie :
« car c’est lui qui défend le Monde en danger… qui donne autorité aux décisions des évêques par son influence et son intelligence »37.
25Il fallait raviver la conscience des fidèles. Alexis se souciait de se consacrer personnellement au salut de son peuple et d’être omniprésent sur tous les fronts de l’orthodoxie, à la fois missionnaire, didactique, répressif. C’est le Synode qui fait appliquer le châtiment des coupables, mais c’est Alexis qui réunit les cours impériales de justice et donne ses propres directives concernant les hérétiques au Synode, comme une sommation adressée au clergé de s’accommoder du verdict impérial. Ainsi, Alexis se considérait comme l’inspirateur des décisions ecclésiastiques. Il en était quelque sorte le promoteur comme le pouvait être le « treizième apôtre » :
« Quant à moi, je l’appellerais le treizième apôtre… après Constantin, il est également apôtre et basileus »38
26Alexis I n’était certes responsable ni de la prise de Bari par les Normands ni de la défaite, la même année (1071), des Byzantins à Mantzikert face aux Turcs, deux événements qui entraînèrent la perte de l’Italie et de pratiquement toute l’Asie Mineure et sonnèrent le glas de l’empire comme grande puissance mondiale. De plus, au moment même où Alexis parvint sur le trône, le Rusé Robert le Normand préparait déjà une expédition visant à envahir l’empire. Pourtant, il y a une relation certaine entre un empire dont les frontières se sont contractées vers le cœur de l’État, sa capitale, perdant du même coup sa respiration extérieure aussi bien en Occident qu’en Orient, et la conformité de son espace intellectuel au nouveau modèle idéologique prôné par Alexis Comnène.
27Les condamnations d’Italos et de Nil le Calabrais, son disciple, sont aussi imputables à leur origine italienne qu’à leur discours, ou bien un tel discours était désormais considéré comme déplacé aux yeux d’une aristocratie militaire qui devait se serrer les coudes derrière un seul but, la survie de l’empire orthodoxe désormais centré sur Constantinople39. Le lettré de la capitale, tel que le définit au milieu du XIIe siècle Anne Comnène, n’a plus grand-chose à voir avec cet « Italien », à moitié normand qui, tout en ayant choisi de vivre et d’étudier à Constantinople avec Psellos comme maître40, ne fut qu’un disciple « barbare et inculte », qui, bien que féru de dialectique, trébuchait dans la science grammaticale et était privé de toute capacité rhétorique, dont le style était rude et dont la prononciation était, selon Anne, « celle qu’on pouvait attendre d’un Latin, venu jeune homme dans notre pays, qui savait parfaitement le grec, mais ne s’exprimait pas très correctement, car il lui arrivait d’estropier les syllabes »41. Derrière cette critique, c’est un fossé désormais qui sépare le nouveau Byzantin issu de Constantinople de l’Italien byzantinisé et la pureté du langage va de pair avec la pureté de la religion. De Nil le Calabrais la critique d’Anne Comnène est encore pire42. Il est présenté comme un individu inculte, qui interprétait les Écritures de travers du fait de son ignorance, de son incapacité à raisonner et du manque total de maître pour l’enseigner. Un peu plus tard, l’écrivain Nicétas Choniatès dépeignait Nil, en référence avec le fleuve Nil, comme : « un égyptien barbu, crachant la vase tel le bras de Canope »43.
28L’époque d’Anne Comnène, proche par le temps, est bien éloignée par la pensée du « siècle des Doukas », qui avait été celui de l’ouverture de la cour impériale aux intellectuels, savants, astrologues de toutes les parties du monde. Les Orientaux venaient alors à Constantinople, tout comme Italos de sa Lombardie, pour étudier sous la houlette de Psellos, tels le grand dialecticien et astrologue égyptien, Éleuthère Zébélénos, et le philosophe Syméon Seth, qui écrivit deux traités d’astronomie et un traité sur l’alimentation, tous dédicacés à l’empereur Michel VII. Célèbre pour avoir prédit la mort de Robert Guiscard, il fut vite écarté par Alexis à cause de sa trop grande influence sur la jeunesse44.
29Italos, le philosophe, et les trois astrologues orientaux étaient des étrangers byzantinisés et hellénisés. Ils avaient été appréciés par Michel Doukas et l’aristocratie civile ouverte des années soixante-dix du XIe siècle dans ce qu’ils apportaient d’espace nouveau à la pensée. C’est exactement pour la même raison qu’ils furent condamnés comme « hérétiques » ou relégués hors de Constantinople par Alexis I.
30Ainsi le coup d’État d’Alexis, qui poussa l’empereur à se poser comme le champion de l’orthodoxie pour légitimer son pouvoir, se conjuguait avec une situation politique extérieure qui contraignait l’empire à se replier sur une identité culturelle et religieuse conservatrice et fermée aux étrangers. Ce fut le premier volet de la chasse aux hérétiques, de ceux qui n’étaient pas alignés, comme Italos, Neilos, Eustrate de Nicée. Mais la chasse aux hérétiques cristallisa également une répression sociale et politique, car les hérétiques, quels qu’ils fussent, représentaient pour Alexis la résistance à sa nouvelle politique et à la nouvelle répartition de la société qu’il avait instituée.
31L’accession d’Alexis au pouvoir signifia immédiatement l’arrivée au pouvoir d’un groupe de familles aristocratiques alliées par le sang dont la famille comnène était le pivot. À cette nouvelle élite sociale Alexis prodigua une nouvelle hiérarchie des dignités qui ne supprimait pas l’ancien système, mais s’y superposait. Tous les fonctionnaires existants furent donc placés au-dessous de cette nouvelle taxis liée par le sang à l’empereur. Alexis I fit de la parenté impériale le fondement de la hiérarchie. Le système était définitivement bloqué, sans possibilité pour quiconque hors de la parenté impériale de se hisser au sommet de la société45.
32Alors est-ce vraiment un hasard si Jean Salomon, élève d’Italos, parmi ceux qui fréquentaient le palais impérial, et qui, selon Anne Comnène, jouaient aux dialecticiens et avaient adopté des théories sur la métempsychose46, participe quelques années plus tard à la conjuration des Anémas. Il était alors sénateur, jouissait d’une grande fortune et avait été pressenti pour devenir basileus à la place d’Alexis47. Voici l’exemple d’un représentant de la grande aristocratie civile, évincée du pouvoir, mais aristocratie cultivée et ouverte aux nouveaux courants intellectuels. Jean Salomon avait le profil idéal de l’hérétique : il fut effectivement un opposant au régime d’Alexis.
33Anne Comnène faisait elle-même le lien entre les idées hérétiques qu’Italos professait et la rébellion au régime :
« Au moment donc où Italos était au comble de la popularité parmi les disciples dont j’ai parlé plus haut, il s’emportait contre tous avec mépris, poussant la foule des sots dans les oppositions au gouvernement et remettant en état de révolte pas mal de ses propres disciples »48.
34Enfin, la démarche de Jean Italos avait gagné l’intérêt d’une grande partie du clergé patriarcal. L’opposition à l’enquête menée par Isaac Comnène s’était manifestée dès la première réunion du synode puisque le patriarche Garidas avait été séduit par les arguments d’Italos. Alexis I l’avait bien compris et c’est pourquoi il avait ameuté en sous-main des bandes de moines pour empêcher la seconde réunion. Ensuite, alors qu’il avait convoqué sa cour mixte chargée de porter les accusations contre Italos, la procédure était à ce point critiquable que des murmures de doute s’étaient élevés parmi les évêques, qui durent être étouffés violemment par les officiers impériaux présents au sein de la cour réunie par l’empereur. Enfin il avait dû renoncer à suspendre cinq diacres de leur enseignement parce qu’ils avaient été les élèves de Jean Italos49. L’opposition au régime était aussi celle d’une partie du clergé, issue également de l’aristocratie civile de la capitale et vite qualifiée d’hérétique parce que plus ouverte à la renaissance intellectuelle.
35Pour les Pauliciens et les Bogomiles, il s’agit d’abord d’une aspiration à renverser la hiérarchie ecclésiastique, et dans cette mesure, il est probable qu’ils contestaient l’autorité impériale si étroitement liée à l’Église. Un passage de l’Alexiade concernant Basile explique pourquoi Basile fut si facilement convaincu d’exposer en détail son hérésie. Il fit confiance à Alexis qui perfidement lui disait admirer sa vertu et ajoutait :
« je te prie de m’apprendre les doctrines que ta révérence enseigne, parce que celles de notre Église sont à peu près sans valeur et ne portent nullement à la vertu »50.
36Basile a peut-être cru qu’il arriverait à convertir l’empereur, mais pour les perdants politiques de 1081, membres des autres grandes familles que les Comnènes et les familles apparentées, qui avaient occupé l’avant de la scène depuis le milieu du XIe siècle, le Bogomilisme était une niche d’opposition dissimulée sous une forme spirituelle.
37Ce qui inquiéta, en effet, l’empereur au plus haut point c’est à la fois la pénétration des hérésies au sein de la capitale et l’accueil que firent les maisons aristocratiques aux hérétiques.
38L’habitude des Bogomiles de porter l’habit monastique leur permettait de se fondre très facilement dans la ville et d’être reçus partout. Le problème se posait de savoir comment les reconnaître d’autant qu’ils ne se livraient pas au premier abord et même respectaient publiquement ce qu’ils haïssaient secrètement. En fait ils avaient bien perçu la difficulté qu’ils auraient à renverser l’Église établie. Mais ils gagnaient du terrain et « le mal comme du feu, attaqua quantité d’âmes »51. Lors de l’exécution de Basile, Anne raconte : « une foule considérable afflua peu à peu sur le terrain et sur les gradins de l’hippodrome, tous attendant avec anxiété ce qui allait se passer »52. Le trouble avait gagné une grande partie du peuple de Constantinople. Il y avait vraiment urgence pour l’empereur à prendre des mesures énergiques dans la capitale et l’exécution du chef devait permettre de faire refluer l’hérésie hors de la capitale.
39Avec les autres hérétiques, la menace n’était pas moindre. Nil le Calabrais « pénétrait à l’intérieur des grandes familles comme un maître » et surtout ses doctrines ravivaient les querelles avec les Arméniens nombreux dans la capitale53. Enfin, Théodore Blachernitès, lui aussi, s’insinuait dans les premières familles54.
Un nouvel ordre moral et social qui se ferme à toute évolution vers un humanisme
40L’historien constate que le règne d’Alexis I, sans doute salutaire pour la survie de l’empire, a coupé Byzance d’une renaissance qui s’amorçait depuis le milieu du XIe siècle, renaissance en avance de près de deux siècles sur la Renaissance en Occident. Cette coupure est issue des conséquences du procès de Jean Italos et de l’édit d’Alexis I sur la réforme du clergé55.
41Jean Italos fut certes la victime du réalignement de la politique d’Alexis I à l’intérieur et à l’extérieur : le but de l’empereur Alexis était de supprimer un ennemi politique et une personne controversée à cause de ses activités intellectuelles. Mais il y eut plus grave que cela : l’empereur a coupé court à toute velléité nouvelle d’indépendance d’une pensée visant à une pratique philosophique qui s’exercerait en dehors du cadre normatif traditionnel. Italos était une menace pour la société, car, disait l’empereur « il enseignait à ses disciples particuliers des opinions de longue date réprouvées et anathématisées par la sainte et catholique Église de Dieu et entraînait ainsi à leur perdition les esprits simples »56. Pour l’empereur et ses alliés, parmi les moines et les clercs conservateurs, l’enseignement d’Italos était une menace pour le corps des valeurs sacrées traditionnelles telle qu’il représentait un danger pour la société elle-même. Il s’agissait d’une sorte de maladie spirituelle ou mentale que l’institution responsable, l’Église, devait soigner, notamment concernant ses élèves qui « ont eu part à sa peste »57. Le résultat fut une éradication complète de ce mouvement de renaissance pendant plusieurs siècles conformément à ce que l’empereur lui-même avait voulu dans le texte final du jugement, qui devait avoir vigueur pour l’avenir :
« La présente sémeiôsis (décision de justice) de ma majesté sera jointe à la sémeiôsis synodale à venir touchant l’anathématisme des doctrines erronées de l’Italien, à prononcer par lui et par ses disciples, et qui frappera aussi les doctrines helléniques et impies dénoncées à son encontre, clairement avouées par lui lorsqu’il a convenu avoir été jusqu’ici sous leur emprise et y avoir été attaché comme saines. Il lui sera impossible de se reprendre et de nier, vu qu’il a fait là-dessus une libre déposition pardevant ma majesté elle-même. L’un et l’autre documents seront déposés dans le pieux sékréton du chartophylakion de la Grande Église, où il sera loisible à tout un chacun de les consulter, de sorte que soit manifeste pour tous, à l’avenir, ce qui a été accompli pour le salut et la sauvegarde des chrétiens, et que tels esprits simples ne se laissent pas prendre aux nouveautés et futilités de cette espèce »58.
42La centralisation de l’empire et la réduction de la vie intellectuelle à la capitale permettaient à l’État de contrôler tout nouveau courant, la nouveauté (kainotomia) étant perçue à Byzance comme semeuse de troubles, quelles que fussent les circonstances59. L’impossibilité de trouver ailleurs qu’à Constantinople une institution quelconque d’enseignement ou même une école secondaire abolissait tout espace à la naissance d’une pensée autre qu’unique60. Il ne faut donc pas masquer le fait que les conséquences de l’intervention impériale dans le cas d’Italos furent considérables. Si les tendances initiées par Psellos et Italos s’étaient développées, il y aurait eu un champ libre pour l’épanouissement d’un esprit rationnel critique dans le domaine de la théologie et de la vie intellectuelle en général.
43Au lieu de cela, l’édit promulgué par Alexis en 1107 sur la réforme du clergé et adressé au patriarche et au synode avait pour but de promouvoir un ordre de prêcheurs, dits « didascales » qui aurait désormais la mainmise sur l’enseignement.
44L’empereur part d’un constat, celui de l’incurie et de l’insouciance de l’Église qui mettent en danger à la fois l’Église et les âmes des fidèles, en particulier des plus simples. Une fois de plus il se considère comme plus orthodoxe que sa propre Église et décide de prendre les mesures adéquates. La réforme est urgente, car l’orthodoxie régresse. La faute en incombe au clergé qui s’est détourné entièrement de sa mission envers le peuple des chrétiens, la prédication. De ce fait, l’ignorance a augmenté et, avec elle, l’obscurité et c’est ainsi l’hérésie a pu prospérer.
45L’empereur décide de réformer le clergé patriarcal, désormais le fer de lance de l’orthodoxie, en créant l’ordre des didascales, qui seront recrutés parmi ses membres les plus méritants « capables d’enseigner ». Ils bénéficieront d’un avancement accéléré à l’épiscopat et dans l’administration de la Grande Église. La tâche du nouvel ordre n’est pas limitée au prêche. Les didascales devront exercer une surveillance morale dans la capitale :
« Ils auront l’œil sur les quartiers, ne se bornant pas à enseigner le peuple et à proposer à tous le bien, mais encore en réprimant ceux qui mènent une vie peut-être scandaleuse, tantôt par des conseils, du fait qu’ils sont capables de persuader, tantôt par des rapports au très saint patriarche, qui en référera lui-même à ma majesté ou encore à ceux qui exercent leur autorité dans la capitale quand naturellement l’affaire requiert le bras et l’autorité de l’État »61.
46Il n’y a pas de doute qu’Alexis par cette nouvelle loi a établi une réelle inquisition dont il contrôlait tous les rouages depuis l’ordre des didascales jusqu’aux rapports du patriarche. On peut soupçonner également que l’insistance d’Alexis pour l’ordination des didascales à la prêtrise était liée à la confession qu’ils pouvaient recueillir de leurs ouailles dans la chasse aux hérétiques. La prêtrise était certainement un signe de reconnaissance par rapport aux diacres, car c’était bien le souci d’Alexis que le peuple ne suive les mauvais guides spirituels :
« Quand ils visiteront le peuple, ils doivent faire en sorte que tous reconnaissent leurs pères spirituels, afin que les loups ne se substituent pas aux pasteurs pour recevoir les aveux des hommes »62.
47L’étude des hérésies sous le règne d’Alexis I nous amène à conclure que leur répression s’est inscrite dans une politique globale voulue par Alexis de « rénovation de l’empire ». Cette politique avait des raisons objectives, la sauvegarde d’un empire menacé de sombrer sous le coup des ennemis et l’établissement d’un régime qui par ses fondements devait y faire face. Elle s’est accompagnée d’un bouleversement de la société et des valeurs qui avaient dominé pendant les décennies antérieures, les décennies de paix. Mais il y eut aussi la personnalité d’Alexis tourmentée par le Jugement dernier qu’il avait fait représenter dans le palais, croyant que l’heure était proche de l’apocalypse et jugeant même que son règne la précédait de peu, et profondément soucieux de montrer aux yeux de tous son image de souverain le plus orthodoxe. Il manifestait une incompréhension totale vis-à-vis des intellectuels. Pourtant, en confiant l’enseignement au clergé patriarcal, il témoigna d’abord d’un grand sens politique, car celui-ci continuait de lui garder du ressentiment depuis l’affaire Italos. D’autre part, il faut bien considérer que le XIIe siècle vit l’éclosion d’une génération de lettrés, d’érudits, de poètes, de rhéteurs, de juristes, tous ayant exercé une « didascalie » dans les écoles de la capitale ou même à Sainte-Sophie, qui s’apparentait à un enseignement extrêmement savant et qui était bien loin du simple prêche pastoral que l’on attendait après la promulgation de l’édit de 1107. Alexis n’a jamais eu l’intention d’anéantir la culture classique et, par ailleurs, la société du XIIe siècle ne pouvait pas se rétracter entièrement comme il en avait été au VIIIe siècle. Mais il n’en reste pas moins vrai qu’a été étouffé pour plus de deux siècles l’espace de pensée où pouvait naître un humanisme libre et critique, celui qui a mené à la laïcité.
Notes de bas de page
1 Une bonne étude de l’Église et des diverses hérésies sous le règne d’Alexis dans M. Angold, Church and Society in Byzantium 1081-1261, Cambridge University Press 1995.
2 L’ouvrage de synthèse sur Jean Italos reste encore aujourd’hui celui de P. E. Stephanou, Jean Italos. Philosophe et humaniste (Orientalia Christiana Analecta, 134), Rome 1949. Pour le procès d’Italos, ses causes et l’arrière-plan social et intellectuel, cf. L. Clulas, The Trial of John Italos and the Crisis of Intellectual Values in Byzantium in the Eleventh Century, Munich 1981 (avec une bibliographie très complète). Voir aussi P. Magdalino, The Byzantine Background to the First Crusade, Canadian Institute of Balkan Studies, Toronto 1996. Cette étude donne un éclairage sur les années 70 du XIe siècle et le tournant qu’a représenté l’accession au trône d’Alexis Comnène.
3 N.G. Garsoian, « Abjuration du moine Nil le Calabrais », Byzantinoslavica 35, 1974, p. 12-37 ; « L’abjuration du moine Nil le Calabrais », éd. J. Gouillard, dans Travaux et Mémoires, Collège de France, Paris (ci-dessous TM) 2, 1967, p. 290-303. Voir aussi D. Smythe, « Alexios I and the heretics : the account of Anna Komnene’s Alexiad », dans Alexios I Komnenos I, Papers, éd. M. Mullet et D. Smythe, Belfast 1996, 12, p. 232-259 (voir p. 249-253).
4 J. Gouillard, « Quatre procès de mystiques à Byzance (vers 960-1145). Inspiration et autorité », Revue des Études Byzantines (ci-dessous REB) 36, 1978, p. 5-81 ; J. Gouillard, « L’hérésie dans l’empire byzantin des origines au XIIe siècle », TM 1, 1965, p. 314-315.
5 J. Gouillard, « Le Synodikon de l’orthodoxie », TM 2, 1967, p. 206-210.
6 É. Malamut, « L’image byzantine des Petchénègues », Byzantinische Zeitschrift 88, 1,1995, p. 134-135 ; M. Loos, « Le mouvement paulicien à Byzance », Byzantinoslavica 24, 1963, p. 258-287 ; 25, 1964, p. 53-68.
7 D. Obolensky, The Bogomils, A Study in Balkan Neo-Manichaeism, Cambridge, 1948 ; A. Vaillant et É. Puech, Le traité contre les Bogomiles de Cosmas le prêtre, Paris, 1945 ; M. Loos, Dualist Heresy in the Middle Ages, Prague 1974 ; M. Loos, « Certains aspects du bogomilisme byzantin des XIe et XIIe siècles », Byzantinoslavica 28, 1967, p. 39-53 ; D. Gress-Wright, « Bogomilism in Constantinople », Byzantion 47, 1977, p. 163-185.
8 Smythe, « Alexios I and the heretics… (cité n. 3), p. 232- 259.
9 J. Gouillard, « Le Synodikon de l’orthodoxie » (ci-dessous Synodikon), TM 2, 1967, 1-289.
10 PG 130, col. 1289-1332.
11 J. Gouillard, « Le Procès officiel de Jean l’Italien. Les actes et leurs sous-entendus », TM 9, 1985, p. 133-169.
12 P. Gautier, « L’édit d’Alexis I Comnène sur la réforme du clergé », REB 31,1973, p. 165-227 ; P. Magdalino, « L’édit de réforme de 1107 », dans Alexis I Komnenos Papers, 10, p. 199-218.
13 J. Gouillard, « L’hérésie dans l’empire byzantin des origines au XIIe siècle » dans TM 1, 1965, p. 299-324. ;
14 Anne Comnène XV, 8, 1, éd. B. Leib, III, p. 219 ; Gress-Wright, « Bogomilism in Constantinople », art. cit., p. 166-167.
15 Synodikon, texte, p. 65, commentaire, p. 234.
16 PG 130, col. 1289 D.
17 Anne Comnène XV, 8, 1, éd. B. Leib, III, p. 218.
18 EAD, XV, 8, 2, Leib, p. 219.
19 Euthyme de la Péribleptos, Epist. Invectiva, éd. G. Ficker, Die Phundagiagiten, Leipzig 1908, p. 3-86 (p. 67-69 : foyers à Hiéron, Akmonia, Smyrne).
20 Anne Comnène V, 8, 1, éd. B. Leib, II, p. 32.
21 Stephanou, Jean Italos…, op. cit., p. 46-49 ; Clulas, The Trial…, op. cit., p. 12-13. Sur le contexte politique et social lors de la réunion du synode de 1076-1077, cf. R. Browning, « Enlightenment and repression in Byzantium in the eleventh and twelfth centuries », Past and Present 69, 1975, p. 3-23 (Id, Studies on Byzantine History, literature and education, Londres 1977, XV). L’intégralité du dossier avec les actes du procès de Jean Italos et les ordonnances impériales dans Gouillard, Le Procès officiel de Jean l’Italien (cité n. 11).
22 Isaac serait l’auteur de deux petits traités philosophiques, cf. Clulas, The Trial, p. 12 et n. 49.
23 Anne Comnène XV, 8, 5, éd. B. Leib, III, p. 221.
24 Anne Comnène XIV, 8, 8, éd. B. Leib, III, p. 181 ; Gress-Wright, Bogomilism in Constantinople, p. 167.
25 Anne Comnène XIV, 8, 9, éd. B. Leib, III, p. 181-182.
26 Ead XV, 8, 2, éd. B. Leib, III, p. 219 : « dans l’enseignement il surpassait les spécialistes en la matière ; dans les batailles et la stratégie, il l’emportait sur ceux que l’on admire dans le métier des armes ».
27 Ead., XV, 8, 6, éd. B. Leib, III, p. 222.
28 Ead., V, 9, 6, éd. B. Leib, II, p. 40. Pour l’abjuration officielle d’Italos lors de la fête du Synodikon de l’orthodoxie, cf. Clulas, The Trial, p. 62-63 ; Synodikon, p. 190 sq.
29 Anne Comnène, XV, 9, 4-XV, 10, 4, éd. B. Leib, III, p. 225-228 ; Smythe, Alexios I and the heretics, p. 241-243.
30 Anne Comnène XV, 10, 3, éd. B. Leib, III, p. 227.
31 Anne Comnène II, 10, 3, éd. B. Leib, I, p. 94-95.
32 Jean Zonaras XVIII, 20, 7-18 : l’auteur mentionne des troupes de Thraces, Macédoniens et autres Romains ainsi que des barbares qui s’adonnèrent aux viols, aux pillages de sanctuaires, y compris des objets de culte et d’humiliation des sénateurs
33 En mars 1091, le patriarche d’Antioche Jean l’Oxite retenu dans la capitale n’hésitait pas à dénoncer une fois de plus le coup d’État dans un discours adressé à l’empereur : « Tout d’abord, basileus, la base de ton trône repose sur l’illégalité… puisqu’une guerre avait été peu après suscitée contre toi, il fallait considérer l’événement comme un signe de Dieu et comme la punition des forfaits commis à ce moment-là et, pour cela, pleurer devant lui et faire pénitence… Or toi tu faisais tout le contraire… », cf. P. Gautier, « Diatribes de Jean l’Oxite contre Alexis I », REB 28, 1970, 28.
34 Anne Comnène III, 5, 2, éd. B. Leib, I, p. 117.
35 Ead., III, 5, 5, Leib, p. 119.
36 Ibid.
37 Préface de la Panoplie dans PG 130.
38 Anne Comnène XIV, 8, 8, éd. B. Leib, III, p. 181.
39 H. Ahrweiler, L’idéologie politique de l’Empire byzantin, Paris 1975, p. 60 sq. ; Magdalino, The Byzantine Background… (cité n. 2), p. 25 ; Browning, Enlightenment… (cié n. 11), p. 13-14.
40 J. Gouillard, « La religion des philosophes », TM 6, 1976, p. 305-324.
41 Anne Comnène V, 8, 8, éd. B. Leib, II, p. 37.
42 Ead., X, 1, 1, Leib, p. 187 : « Cet homme, simulateur habile de la vertu, venu je ne sais d’où… ignorait complètement la culture hellénique »
43 Cité dans Synodikon 203. En réalité, cet autre Italien du Sud était considéré comme un théologien et certainement d’une tenue plus élevée que ne le laisseraient penser Anne Comnène et Nicétas Choniatès si l’on considère qu’il entretint des relations d’amitié avec une personnalité ecclésiastique aussi importante que l’archevêque Théophylacte de Bulgarie qui lui dédia une poésie, cf. Synodikon 258-259.
44 Anne Comnène VI, 7, 2, éd. B. Leib, II, p. 58 : il semble bien qu’il faille identifier Seth l’astrologue avec l’Égyptien d’Alexandrie qu’Alexis I consigna à Rodosto, cf. Magdalino, The Byzantine Background…, p. 24, n. 86.
45 Pour un aperçu général de la société au temps d’Alexis I, cf. M. Angold, The Byzantine Empire, 1025-1204, a Political History, New York, 1984.
46 Anne Comnène V, 8, 9, éd. B. Leib, II, p. 37.
47 Ead., XII, 5, 4-5, éd. B. Leib, III, p. 69-70.
48 Anne Comnène V, 9, 4, éd. B. Leib, II, p. 38.
49 Clulas, The Trial…, p. 59-64.
50 Anne Comnène XV, 8, 4, éd. B. Leib, III, p. 220.
51 Anne Comnène XV, 8, 3, éd. B. Leib, III, p. 219.
52 Ead., XV, 10, 1, éd. B. Leib, III, p. 226.
53 Anne Comnène X, 1, 2, 4., éd. B. Leib, II, p. 187-188 ; G. Buckler, Anna Comnena, Oxford 1929, p. 324-329 ; Synodikon 202-206 ; Smythe, Alexios I and the heretics…, p. 251-253.
54 Anne Comnène X, 1, 6, éd. B. Leib, II, p. 189 ; Smythe, Alexios I and the heretics, p. 253.
55 Browning, Enlightenment…, p. 15.
56 Gouillard, Le Procès officiel de Jean l’Italien…, p. 142.
57 Ibid., p. 154.
58 Ibid., p. 156
59 Voir à ce propos le chapitre d’Hélène Ahrweiler sur la pensée politique à Byzance, dans Ahrweiler, L’idéologie politique… (cité n. 39), p. 141-145.
60 Browning, Enlightenment…, p. 22-23.
61 Gautier, l’édit d’Alexis I… (cité n. 12), p. 193.
62 Ibid.
Auteur
Université de Provence, LAMM
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