Les sépultures monumentales à usage collectif de Grande-Bretagne
Espace perçu et espace vécu
Monumental collective graves of Great Britain: Perceived space and Active space
p. 97-116
Résumés
Les sépultures monumentales à usage collectif émergent en Grande-Bretagne dans les premiers siècles du 4e millénaire av. J.-C. Cet événement suit de peu le passage des populations de chasseurs-cueilleurs vers un mode de vie néolithique. Corollaire de cette « révolution néolithique », la monumentalisation des sépultures et la pratique des dépôts collectifs au sein de ces dernières semblent en être un élément structurant. Se fondant sur des concepts empruntés à l’éthologie et à la philosophie phénoménologique, cet article interroge le rapport à l’espace qu’ont entretenu les premières communautés de bâtisseurs. Le choix de localisation des monuments dans le paysage, l’architecture de ces derniers, et enfin la gestion des dépôts funéraires, apparaissent comme autant de témoignages de processus d’objectivations des espaces. L’article interroge en dernier lieu la nécessité pour notre discipline de dépasser l’apparente ligne de faille entre approches positiviste et phénoménologie.
Burial monuments with collective inhumations appear in Britain in the early centuries of the 4th millennium BC. This development hence follows very closely after the transition from hunter-gatherer populations to a Neolithic way of life. Associated with that ‘Neolithic revolution’, the monumentalization of burials and the practice of collective inhumations within them appears to perform a structuring rôle. Borrowing concepts from ethology and phenomonology, this article explores the relationship with space of these first communities of tomb builders. The choice of locations for monuments within the landscape, their architecture, and the management of the funerary deposits, appear as instances of a process of the objectification of space. We briefly discuss in the end the need to overcome the dualism between positivist and phenomenological approaches.
Entrées d’index
Mots-clés : Grande-Bretagne, Néolithique, sépultures collectives, objectivation, phénoménologie, espace actif/espace perceptif
Keywords : Great Britain, Neolithic, Collective graves, Objectification, Phenomenology, Active space/Perceived space
Note de l’éditeur
Vous trouverez en annexe une version abrégée du chapitre en anglais.
Remerciements
Nous souhaitons remercier ici chaleureusement le Professeur Chris Scarre de l’Université de Durham (UK) pour la relecture de cet article, ses orientations dans la bibliographie britannique, ainsi que pour ses très nombreux et pertinents conseils.
Texte intégral
Introduction
1Notre propos s’ouvre avec un ouvrage d’éthologie, écrit dans les années 1920 par l’éthologue Jakob Von Uexküll : Mondes animaux et monde humain, suivi quelques temps plus tard par la Théorie de la signification, parus pour la première fois en 1934 (Von Uexküll 1934). À partir de ses observations de terrains et de ses recherches, Von Uexküll met en place le concept d’Umwelt : traduction allemande du mot « milieu ». L’idée directrice développée est que chaque espèce vivante, au niveau de sa propre échelle d’intégration dans l’environnement, possède un univers propre auquel elle va donner sens et qui va, en retour, lui imposer ses déterminations. Dans cette presque infinité d’univers, puisqu’il y aurait donc autant d’univers qu’il y a d’espèces, l’auteur défini deux sphères, ou deux espaces, intimement liés et qui se complètent.
2Les milieux, dans le modèle de Von Uexküll, vont être uniquement définis par la signification qu’ils reçoivent de leurs sujets ; chaque espèce donnant sens à son espace à partir de ses propres capacités à le percevoir. Cela constitue « l’espace perceptif ». Les « espaces vécus », dits aussi « espaces actifs », sont en revanche définis comme l’ensemble des possibles d’un sujet, en accord avec les limites que lui impose en retour son milieu. Ces deux espaces sont indissociables, puisque la capacité d’un sujet à percevoir son environnement va conditionner son action au sein de celui-ci. Ainsi, c’est la sphère perceptive de chaque espèce qui détermine sa sphère active, et l’idée selon laquelle il existerait alors un « monde » unique, dans lequel s’emboiterait tous les êtres vivants, est totalement écartée : les relations entretenues par un sujet avec les objets de son entourage ne prennent pas place dans les mêmes milieux, puisque les facultés et les caractères perceptifs de chacun sont différents.
3L’ouvrage a été fondateur pour l’éthologie, mais son écho a cependant largement dépassé le seul cadre des Sciences naturelles. La philosophie phénoménologique, développée au début du XXe siècle par Edmund Husserl, va, à travers deux auteurs en particulier, être influencée par les travaux de Von Uexküll.
4C’est d’abord le cas chez l’élève de Husserl : Martin Heidegger. Dans son ouvrage Concepts fondamentaux de la Métaphysique, Monde-Finitude-Solitude (Heidegger 1929-1930), les questions relatives à l’ontologie sont au cœur du discours : toute l’œuvre de Heidegger est en effet imprégnée par son concept du Dasein, qui en allemand se traduirait étymologiquement par « être-là », plus simplement par « l’existence ». Contemporain, et académicien comme l’éthologue, Heidegger reprend ses travaux (ceux-là sont déjà en circulation avant la première parution officielle en 1934) pour opposer à ce monde animal le monde humain que celui-ci plaçait pourtant au même niveau (ibid, « L’essence de la pauvreté en monde propre à l’animal » : 298-388). L’environnement pour les animaux, comme nous venons de le voir, se définit par une gamme de significations finies, c’est-à-dire a priori déterminées par les instincts, les besoins, et les capacités perceptives de chaque espèce. Ces facultés vont ainsi conditionner leurs sphères actives, et Heidegger les définit alors comme « pauvre en monde ». L’Homme, lui, serait inversement « formateur de monde », pouvant faire naitre du sens et des nouvelles significations par ses activités : cela dans un processus d’objectivation. Là où, chez Heidegger, le Dasein des animaux est dit « fermé », car répondant uniquement à un déterminisme, celui de l’Homme est en revanche « ouvert ». Il peut bâtir ses propres espaces et, en objectivant le subjectif, y faire naître du sens.
5L’influence de Jakob Von Uexküll se retrouve également chez Maurice Merleau-Ponty, en particulier dans son ouvrage Phénoménologie de la perception (Merleau-Ponty 1951). Chez ce dernier, pour remonter aux phénomènes, à la constitution du sens, la perception est un mode d’accès privilégié. Ainsi, « percevoir n’est pas éprouver une multitude d’impressions qui amènerait avec elles des souvenirs capables de les compléter, c’est voir jaillir d’une constellation de données un sens immanent sans lequel aucun appel aux souvenirs n’est possible » (Merleau-Ponty 1976 : 30). La perception est donc considérée ici comme une dynamique cognitive, un moyen d’intelligibilité du monde, mais surtout, comme un processus, une condition même, permettant de remonter aux souvenirs.
6À première vue, bien loin de nos considérations, ces trois auteurs sont pourtant fondamentaux dans l’approche développée par l’école anglo-saxonne relative à l’étude des monuments funéraires néolithiques de Grande-Bretagne. Christopher Tilley est le premier à s’être fondé sur les travaux de Heidegger et de Merleau-Ponty, et donc, indirectement, sur ceux de Von Uexküll. Dans son ouvrage A Phenomenology of Landscape : Places, Paths and Monuments (Tilley 1994), le paysage est considéré comme un lieu d’expérience sensible du sujet avec ce qui l’entoure. Les architectures funéraires néolithiques, loin d’être uniquement des lieux destinés aux morts, seraient la représentation d’une interaction entre les individus et le corps même des monuments dans un processus d’objectivation (« bodily engagement »). Elles seraient également, et surtout, à travers la position qu’elles adoptent dans le paysage, la représentation d’un lien entre les individus et leur environnement direct, une image de la façon dont ces derniers, en tant que sujet sentant, l’ont vécu, en ont fait l’expérience et ont tenté de lui donner du sens en le modelant : une incarnation du paysage (« embodied landscape »).
7Reprenant à notre tour les concepts développés par la philosophie phénoménologique, nous avons tenté une autre approche des sépultures monumentales à usage collectif de Grande-Bretagne. Les témoignages relatifs aux sens que les premières populations de bâtisseurs ont pu donner aux espaces sépulcraux à travers leurs utilisations constituent cette fois notre ligne directrice. De quelle façon l’action, le geste funéraire, devient ici vecteur de sens ? L’autre approche concerne la question des modalités de réappropriations d’espaces préexistants : de quelle manière ces dernières traduisent une volonté de formaliser dans le paysage une mémoire sociale (Sévin-Allouet & Scarre 2013) ?
8C’est donc bien à travers les espaces tels que les a définis Von Uexküll, l’un actif dans un processus d’objectivation, le second perceptif dans un projet de transformation et de réappropriation, que nous aborderons les monuments funéraires à usage collectif de Grande-Bretagne.
Sphère active : des monuments et des morts
Phénomène d’objectivation lors de la construction des monuments
9Le premier aspect que nous évoquerons concerne les processus d’objectivations lors de la construction des monuments.
10Les hypothèses émissent par John Barber (Barber 1997), relatives au monument de Point of Cott, situé sur l’île de Westray dans les Orcades, illustrent bien notre propos. Il s’agit d’une sépulture collective datée de la fin du Néolithique ancien britannique. Les dates radiocarbones ont donné une fourchette chronologique comprise entre 3500 et 3200 av. J.-C, avec deux phases d’utilisations bien distinctes.
11La première concerne la construction d’un monument à stalle de type Cromarty se composant d’une chambre divisée en 4 compartiments par des paires de dalles opposées intégrées aux parois (fig. 1a). Celle-ci était ceinte d’un mur en pierre sèche et recouverte d’un petit cairn rectangulaire. Des os humains, figurant un nombre minimum d’individus (NMI) de 17, ont été retrouvés dispersés partout dans la tombe sans aucune connexion ou regroupement.
12L’événement qui nous intéresse ici relève toutefois de la deuxième phase de construction du monument. C’est en effet durant celle-ci qu’a été érigée dans la partie nord une chambre terminale, contenant les restes osseux de deux « enfants », et présentant un léger décalage par rapport à l’axe du monument initial. Un tertre trapézoïdal est ensuite venu recouvrir l’ensemble, corrigeant ainsi le défaut d’alignement des deux chambres. La forme finale est donnée en entourant le corps du cairn et les chambres par une série de 6 murs non chaînés (free-standing walls) désignés comme en « pelures d’oignons ». Le grand monument atteint alors 30 m de long et présenterait, dès lors, une forme qui, pour les auteurs, rappellerait très fortement celle d’un bateau (fig. 1b) (Barber 1997). Cette impression serait renforcée par le fait que, de la même façon qu’on réalise le calfatage d’un navire par couches successives d’étoupe et de goudron, le corps du monument est composé de cette succession de 6 murs en pelures d’oignons.
13Il est possible que le bateau, architecture hautement symbolique dans d’autres cultures, l’ait été également ici. Cela s’avérerait particulièrement envisageable pour une population vivant en permanence à proximité de la mer. L’hypothèse émise par les auteurs de la fouille d’une volonté des bâtisseurs de reproduire dans leur architecture funéraire un navire comme symbole psychopompe apparaît dès lors acceptable.
14Le choix dans les matériaux de construction utilisés par les bâtisseurs témoigne également d’une volonté de donner sens aux sépultures collectives dès leurs phases formatives.
15Les travaux menés par Vicki Cummings et ses collègues, dans le sud du Pays de Galles, attestent qu’une division architecturale existe à partir des matériaux utilisés pour la construction des monuments funéraires néolithiques des Black Mountains (Cummings et al. 2002). L’auteur propose alors une approche en termes de symétrie/asymétrie des chambered cairns de cette région, qui compte l’une des plus fortes densités de sépultures collectives de Grande-Bretagne. Ainsi, s’appuyant sur le concept de Taskscape de Tim Ingold (Ingold 1993), la partition des espaces visuels depuis les monuments en terme d’espaces ouverts/espaces fermés, et surtout la division physique des monuments dans leurs architectures et par les matériaux de constructions usités, permettraient de comprendre la façon dont les communautés ont cherché à donner sens, matériellement, aux espaces qu’ils bâtissaient et/ou sur lesquels ils implantaient leurs tombes.
16Les recherches de Trevor Kirk dans le sud de l’Angleterre (Kirk 2006), de Christopher Tilley en Grande-Bretagne (Tilley 2004, 2008), ou encore de Chris Scarre dans les îles anglo-normandes (Scarre 2009), témoignent du même fait, à savoir que les matériaux jouent un rôle prépondérant dans la construction des monuments funéraires et dans la symbolique attribuée à ces derniers. Cela semble également être le cas hors du cadre géographique de cette étude. En effet, en France, le calcaire usité dans les allées sépulcrales de la boucle du Vaudreuil, en Normandie, apparait aussi comme un matériau ayant revêtu un caractère certainement symbolique (Billard et al. 2010). L’idée n’est pas de discuter ici du sens qu’à pu prendre ce matériau dans l’édification de l’allée sépulcrale, mais de poser un constat : la localisation dans la tombe des pierres de calcaire indique clairement que ce matériau n’a joué aucun rôle dans l’architectonique de la sépulture, il doit donc être considéré comme un élément ayant valeur visuelle, sinon symbolique.
17L’acte de construction, dans sa matérialité, rend donc compte dès le début de son processus de la création d’un espace subjectivé, qui sans aucun doute engage les populations dans leurs rapports au symbolique, sinon au religieux.
18En France, ce type d’approche relatif à l’objectivation des espaces et traditionnellement anglo-saxonne se retrouve également dans les travaux d’auteurs comme Christine Boujot sur les tombes à couloirs du 5e et 4e millénaire av. J.-C. (Boujot 1993), ou encore de Serge Cassen de manière plus théorique et en rapport avec les stèles et gravures de l’Ouest de la France du 5e millénaire av. J.-C. (Cassen 1999, 2009). Tous deux ont largement contribué à développer ces questions d’étude empirique en archéologie qui, pourtant, relèvent d’une approche phénoménologique propre à un courant post-processuelle qui, pour de nombreuses raisons, n’a pas eu prise dans la tradition de recherche française (Olivier & Coudart 1995, Scarre 1998, Coudart 1999).
Organisation des dépôts funéraires dans les monuments
19Considérant maintenant les dépôts funéraires eux-mêmes, nous pouvons parfois mettre en évidence des normes strictes, répondant certainement à des schémas préétablis.
20Dire que le fait de déposer des individus dans une sépulture est vecteur de sens n’apporte rien. Depuis les premiers travaux du britannique Edward Tylor sur l’animisme et les religions humaines (Tylor 1871), en passant par James Frazer, fondateur de l’anthropologie religieuse (Frazer 1927), et jusqu’à nos jours avec l’ethnologue français Maurice Godelier (Godelier 2007), le constat reste le même : le fait religieux, ou « politico-religieux », transcende et englobe tous les autres aspects de la vie sociale. Le politico-religieux qui, bien entendu, est au centre des processus funéraires, et que l’on entrevoit parfois dans la sélection des défunts et dans les rites qui accompagnent les funérailles. Nous ne disons donc pas que les pratiques funéraires sont porteuses de sens, puisqu’elles le sont dans tous les cas, mais simplement que les modalités des dépôts dans les sépultures collectives nous permettent parfois d’appréhender ce sens, et d’essayer ainsi d’en apporter des hypothèses interprétatives.
21C’est le cas par exemple pour les monuments à chambres compartimentées de type Cromarty des îles Orcades, en Ecosse. Si l’on considère ici la tombe de Midhowe (Callender & Grant 1934, Renfrew 1985, Richards 1988, Ritchie 1995, Reilly 2003) pour laquelle les restes osseux de 27 individus ont été mis au jour, il apparaît que le monument a fonctionné de la sorte (fig. 2a). Toutes les cellules étaient réservées aux dépôts d’un ou de plusieurs individus, tandis que les cellules ouest, situées en vis-à-vis, ne contenaient pas de restes osseux mais uniquement des artefacts ou de la faune. Ces dernières peuvent alors être considérées comme étant des stalles uniquement destinées à recevoir les offrandes funéraires associées aux morts des cellules est. Le nombre important d’os retrouvés en tas permet d’avancer une pratique de réduction, une fois la décomposition achevée, et la présence des petits os des mains et des pieds, souvent absents dans le cas de dépôts secondaires, confirmerait des dépôts primaires. De même, l’absence totale d’ossement dans les 4 premières cellules de l’entrée, tandis que les suivantes en sont toutes remplies, semble témoigner du fait que l’architecture du monument a été pensée en fonction des dépôts à venir : chaque cellule étant destinée à recevoir les dépôts au fur et à mesure du temps. L’utilisation s’interrompt avant la fin du processus, laissant vide ces quatre cellules. Nous pouvons également supposer que chaque cellule était prévue pour une famille dont le nombre s’est finalement avéré plus réduit, le monument est alors condamné, laissant vide les quatre premières cellules.
22Ainsi, quelle que soit l’hypothèse privilégiée, le mode de fonctionnement de la sépulture, ainsi que l’ordre des dépôts funéraires, étaient probablement préétablis dès l’origine ; l’architecture a été pensée pour répondre à ce plan et il est fort probable que, dès le début, la catégorie de personnes y ayant accès était déterminée. Par ailleurs, nous pouvons souligner ici que ce recrutement ne s’est fait, ni en fonction du sexe, ni en fonction de l’âge des défunts. Des individus de tous sexes et de tous âges sont représentés, il ne reste donc plus que l’hypothèse d’un recrutement présidé par des critères sociaux spécifiques.
23Un autre exemple d’objectivation des espaces provient de l’île de Rousay, toujours dans les Orcades. Il s’agit du monument de Knowe of Yarso (Callander & Grant 1935, Henshall 1963, Renfrew 1979, Richards 1988, Davidson & Henshall 1989, Reilly 2003) où les restes d’au moins 29 individus ont été mis au jour dans la tombe. L’intérêt de ce monument vient d’une pratique particulière liée à la gestion des crânes, regroupés et empilés pour un grand nombre au fond de la chambre funéraire. En effet, sur un NMI de 29, 22 individus ne sont représentés que par ces éléments (fig. 2b). Nous pouvons ainsi, soit considérer que tous les os ont été vidangés à l’exception des crânes, soit, qu’après décomposition dans un autre endroit, ils ont été les seuls éléments à être introduits dans la tombe, soit enfin, que ces crânes proviendraient d’autres monuments alentours. Dans ce dernier cas, l’hypothèse serait alors, comme l’a suggéré certains auteurs dont Stuart Reilly (Reilly 2003), que les monuments de type Cromarty de l’île de Rousay n’avaient pas de fonction individuelle et isolée, mais ont pu fonctionner ensemble, comme une sorte de cimetière dispersé ; hypothèse sur laquelle nous reviendrons ultérieurement.
24Le dernier aspect, relatif aux processus d’objectivations dans les espaces sépulcraux, concerne le concept de « séparation, marge, agrégation » développé par l’ethnologue et folkloriste Arnold van Gennep. Dans son ouvrage Les Rites de passage (Van Gennep 1981), celui-ci définit une succession de rites qui segmentent toute la vie sociale d’un individu : grossesse, naissance, passage à l’âge adulte, mariage et, dans le cas qui nous concerne ici, mort et deuil. Ces rites, visant à conduire l’individu d’un état social à un autre, ont tous en commun un schéma ternaire, constitué d’une phase de séparation, de marge, et enfin d’agrégation. Dans le cadre de funérailles, la première phase de séparation constitue le moment durant lequel le défunt quitte son état initial de « vivant ». Cette phase correspond pour ses proches, le plus souvent sa parenté, à une exclusion sociale du groupe : soit physiquement, par une mise à l’écart du village, soit, plus fréquemment, par l’application d’une série de tabous. La phase de marge relève du passage d’un état vers un autre. Le mort n’appartient déjà plus au monde des vivants, mais n’a pas encore intégré le monde des morts. Il est dans un entre-deux mondes, relativement mal défini, mais depuis lequel il peut toujours interagir avec la communauté des vivants. Puis, le défunt intègre définitivement le monde des morts durant la phase d’agrégation. Le processus d’exclusion ou les tabous qui frappaient jusque là ses proches sont alors levés ; ces derniers reprennent leur place dans le groupe. Cette ultime étape du rite s’accompagne le plus souvent de cérémonies et de fêtes.
25Il nous a semblé que ce type de schéma pouvait constituer une hypothèse interprétative recevable sur le mode de fonctionnement de certaines sépultures collectives de la région du Cotswold-Severn. Le long cairn trapézoïdal à chambre latérale de Hazleton North, dans le Gloucestershire, apparaît comme un exemple représentatif d’une pratique funéraire fréquemment observée. Fouillée par Alan Saville entre 1979 et 1982, la sépulture a donné un NMI de 41 répartis dans les deux chambres (Saville 1990, Meadows et al. 2007). Lors de la fouille, les os mis au jour étaient beaucoup plus dispersés dans les chambres que dans les couloirs où l’on observe des éléments certes, sortis du volume initial du cadavre, mais le plus souvent en position anatomique. Quelques rares connexions, concernant surtout des articulations persistantes, ont par ailleurs été observées dans les entrées alors qu’aucune ne l’a été dans les chambres. Enfin, dans l’entrée de la chambre sud, des connexions osseuses strictes suggèrent que, dans sa dernière utilisation, celle-ci a reçu les dépôts de deux cadavres frais. De même, dans l’entrée de la chambre nord, un homme adulte, dont le squelette est en connexion stricte, baptisé ‘the flintknapper’ en raison de son mobilier d’accompagnement, a été mis au jour. Ce dernier, daté de 3645-3615 cal. BC, ne témoigne toutefois pas de l’abandon définitif de cette chambre, mais simplement du fonctionnement de celle-ci alors que l’accès aux aires internes était condamné consécutivement à l’effondrement du couloir (Meadows et al. 2007). Les dépôts semblent en effet se poursuivre dans cette entrée au moins durant un siècle (ibid 2007).
26Ainsi, ces indices concernant l’état de répartition des os et des connexions osseuses laissent supposer un mode de fonctionnement de la sépulture durant lequel une première phase verrait les corps frais déposés dans les entrées, puis, après décomposition, les os secs seraient introduits à l’intérieur des chambres. En dépit du caractère collectif de la sépulture, il n’y aurait donc pas de déni de l’individualité du mort au moment du décès, et ce n’est qu’après la décomposition totale du sujet que les os sont déplacés.
27Introduit dans le modèle de Van Gennep, le temps de décomposition peut alors être considéré comme la phase liminaire durant laquelle l’individu n’a pas encore totalement quitté le monde des vivants, et ne peut donc avoir accès à l’intérieur même de la sépulture. Une fois la décomposition des chairs terminée, les os secs sont introduits dans l’espace funéraire interne, traduisant l’achèvement du passage d’un état à un autre, et donc l’agrégation du mort au monde des morts ; peut-être une « intégration à la communauté des ancêtres » (Saville 1990 : 265).
28Les populations objectiveraient ainsi deux espaces bien distincts, reflétant deux temps spécifiques : chaque espace funéraire traduisant alors l’état social dans lequel se trouve le défunt.
Organisation et sphère active entre les monuments
29L’hypothèse selon laquelle les espaces funéraires traduiraient des états sociaux distincts ne concernerait toutefois pas uniquement les aires internes. Certains auteurs ont supposé que des mouvements d’ossements avaient pu se produire entre les monuments (Richards 1988, Reilly 2003).
30L’île de Rousay, située dans les Orcades, semble en témoigner. L’impressionnante densité de monuments dans cet archipel du nord de l’Ecosse, ainsi que leur excellent état de conservation, en fait un lieu privilégié pour appréhender ce type de problématique. L’hypothèse de déplacements d’ossements, non pas uniquement dans les chambres, mais entre des monuments contemporains, y a alors été avancée. Les restes sélectionnés des morts passeraient d’une tombe à l’autre à mesure que les corps se décomposeraient (fig. 3) (Reilly 2003). Ainsi, les tombes de la terrasse la plus basse, près de la mer, Midhowe et Rowiegar, contiennent la plus grande proportion de squelettes entiers et encore en connexion. Celles qui sont placées un peu plus haut, sur les moyennes terrasses, Blackhammer et Ramsay, renferment des squelettes disloqués et très incomplets. Enfin, celles situées sur les hautes terrasses, comme Yarso, possèdent une prédominance de crânes soigneusement alignés à l’intérieur des tombes (fig. 3). Ces derniers, ayant probablement une symbolique spécifique, auraient été extraits des tombes situées après la décomposition des corps (ibid 2003). Ce type de schéma pourrait alors expliquer l’absence quasi-totale d’ossement dans la tombe de Knowe of Ramsay, située seulement à une centaine de mètre du monument de Yarso, et pour laquelle aucun témoignage d’ouverture avant la fouille ne fût pourtant révélé (Callander & Grant 1936, Henshall 1963, Davidson & Henshall 1989).
31L’espace sépulcral ne doit donc pas être vu ici simplement à travers un seul monument, mais à travers des espaces sépulcraux intégrant plusieurs sépultures dans un jeu de réseau. Stuart Reilly a supposé que nous assisterions sur cette île à une perte d’identité propre des défunts au fur et à mesure que les restes osseux chemineraient vers les monuments les plus hauts dans le paysage, témoignant alors de l’intégration progressive du défunt au monde des morts (Reilly 2003). L’état de décomposition des défunts correspondrait, une fois encore, à un espace spécifique localisé dans le paysage et renvoyant à un état social.
Sphère perceptive : implantation des monuments dans l’espace et réappropriation
32Le second aspect que nous évoquerons ici relève des espaces perceptifs. Ceux-ci concernent le choix du lieu de construction des monuments funéraires. Des espaces de vies antérieurs sont réoccupés, des sépultures préexistantes sont intégrées dans le corps des nouveaux monuments, et des places, considérées comme cérémonielles, sont détruites pour ériger les nouveaux monuments. Nous pensons que ces phénomènes de réappropriation, d’accrétion ou de substitution sont révélateurs d’une volonté chez les populations de formaliser, dans le paysage, une notion de mémoire sociale (Sévin-Allouet & Scarre 2013).
Persistances et transformations
33Le premier exemple de réappropriation est révélé par le choix des bâtisseurs d’ériger leur monument funéraire sur des lieux de vies antérieurs et encore marqués au sol, bien souvent des habitations caractérisées par des trous de poteaux et/ou de piquets, des fosses, des zones de rejets ou encore des foyers. Nous ne tenons pas compte ici des sites dont les niveaux de sol ne révèlent aucune relation stratigraphique entre les deux phases, pas plus que nous ne considérons ceux ayant uniquement révélé dans ces niveaux situés sous le monument quelques éclats de silex ou tessons de céramique : il n’est pas possible dans ces cas de mettre en évidence un lien avéré entre les deux événements, et cela peut donc simplement relever d’une coïncidence. En revanche, la fréquence d’occurrence de réoccupations sur des lieux préexistants et encore bien visibles au moment de la construction du monument, conduit à penser qu’il n’y aurait donc pas dans ces cas précis de rupture entre la phase d’activité pre-monument et la construction du monument même, ou si c’est le cas, sur une durée de temps suffisamment courte pour que le lieu soit encore bien inscrit dans les mémoires. Les travaux de thèse de doctorat de Janice Graf à l’échelle de la Grande-Bretagne (Graf 2011), et traitant spécifiquement de cette question, mettent en évidence des centaines de cas, excluant ainsi d’emblée le simple fait du hasard.
34C’est le cas pour les monuments de type court tomb et portal tomb qui, à Céide Fields en Irlande, se retrouvent tous disséminés au milieu du parcellaire néolithique (Caulfield et al. 1998). Une tombe en particulier témoigne du lien évident entre cette nécropole et l’habitat antérieur. Le monument Mayo 14 de Ballyglass (fig. 4a), un court tomb de 30 m de long, a en effet été érigé directement sur une structure rectangulaire de petite taille représentée au sol par une série de trous de poteaux alignés (Ó Nualláin 1972). Il ne fait aucun doute ici qu’une volonté de réappropriation du lieu a présidé au choix de la localisation de la sépulture. Le grand cairn trapézoïdal de Hazleton North précédemment évoqué, construit directement sur un espace domestique caractérisé par des fosses et des trous de poteaux, en témoigne également (Saville 1990). Non loin de là, le monument d’Ascott-under-Wychwood, fouillé dans les années 1960’, a aussi révélé que les cistes composant les chambres funéraires s’inséraient directement dans une zone de rejet domestique encore bien visible au sol lors de la construction du monument (Benson & Whittle 2007). Enfin, le monument de South Street, de même que celui de Ballyglass, est érigé dans une zone autrefois agricole, mais cette fois-ci directement sur des traces de labours (Ashbee et al. 1979).
35La fréquence d’occurrence de ces réoccupations conduit à soulever l’hypothèse d’une volonté des bâtisseurs de pérenniser des espaces de vie antérieurs en construisant par-dessus leurs monuments funéraires. Dans ces cas précis, la question d’un processus visant à associer les maisons des morts à celles des vivants devient une hypothèse tout à fait envisageable. Elle l’est d’autant plus que des études récentes en Grande-Bretagne, fondées sur une méthode statistique d’inférence bayésienne, ont montré que des intervalles de temps très courts caractérisaient la fin des séquences d’habitations de celle de constructions des monuments au dessus (Bayliss & Whittle 2007). Seraient-ce ainsi les personnes ayant vécu dans les maisons qui seraient inhumées dans les tombes construites par-dessus ? L’hypothèse est séduisante, mais il faut nous garder pour le moment de ce type de conclusion.
36Les habitations ne sont pas les seules à faire l’objet de processus de réappropriation et de transformation. Un certain nombre de cas concernent des architectures considérées comme des aires cérémonielles pour les populations néolithiques : les henges. Ces sites, typiquement britanniques, apparaissent à la fin du Néolithique moyen britannique entre 3300 et 2900 av. J.-C. Sans parallèles continentaux, ils se rencontrent principalement en Angleterre et en Ecosse, même si quelques-uns sont répertoriés en Irlande ou au Pays de Galles. Dans sa forme, un henge est une aire circulaire ceinte par un fossé, lui-même entouré d’un talus. Ces derniers sont souvent interrompus par une ou deux chaussées symétriques, donnant ainsi accès à l’aire centrale où se trouve parfois une construction de bois ou de pierre.
37Le premier exemple qui nous intéresse ici concerne le monument de Bryn Celli Ddu sur l’île d’Anglesey, au Pays de Galles (Daniel 1950, Lynch 1969, Nash 2006, Pitts 2006). L’architecture initiale était un henge de petite taille (fig. 4b). Il possédait dans son aire centrale un cercle de 14 pierres dressées avec, au pied de certaines, du quartz brûlé, et au moins deux crémations. L’intérêt particulier de ce site viendrait du reste des assises de soutènement du cercle de pierre qui attestent de la destruction volontaire du henge avant la construction d’une tombe à couloir. Nous ne savons pas quelle serait la symbolique de ce henge pour les populations ayant construit ensuite la tombe, mais cette destruction volontaire pourrait montrer un vrai rejet de ce qu’il devait représenter antérieurement ; en particulier si on considère qu’il aurait été beaucoup plus facile d’intégrer ces pierres au nouveau monument. Il y aurait donc ici la volonté de pérenniser un espace préexistant, non pas dans un processus d’association ou d’intégration, mais cette fois-ci de substitution : le monument antérieur et le sens qu’il revêtait étant totalement détruit au profit du nouveau. Cette hypothèse, et de manière générale l’interprétation de la séquence d’utilisation du site de Bryn Celli Ddu, a toutefois été récemment remise en question par les travaux de Burrow (Burrow 2010). Celui-ci envisage qu’il n’y aurait jamais eu de henge à cet endroit, mais une tombe à couloir primaire, agrandie lors d’une seconde phase. Cela expliquerait alors la présence d’une tombe en pleine terre ainsi que d’une dalle incisée retrouvées intactes sous le corps du monument : l’intégrité de ces dernières ayant été conservée lors de l’agrandissement du monument, tandis que certains éléments architecturaux auraient été déposés à cette occasion.
38À noter que quelle que soit l’hypothèse favorisée ici, il est évident que la dalle incisée a également joué un rôle important dans ce monument. De manière générale, et sans rentrer ici dans le détail, les travaux récents de Guillaume Robin sur l’art pariétal des tombes à couloir néolithiques autour de la Mer d’Irlande, qui intègrent entre autre ce monument, atteste que l’ornementation des pierres dressées dans ces tombes et leur réemploi participe pleinement à la symbolique des espaces et à la perception que les populations en avaient (Robin 2009). Le fait ici que cette pierre incisée ait été conservée intacte lors de la transformation du monument, alors que toutes les autres ont été déposées et pour certaines brisées, vient ainsi renforcer ces conclusions quant à l’importance de ces pierres gravées dans la symbolique des tombes et le sens des espaces.
39Le site de Maeshowe en Ecosse, constitue un autre exemple. Ce monument, tant dans ses dimensions que dans la complexité de son architecture, n’a pas d’équivalent en Grande-Bretagne. Situé sur l’île de Mainland dans les Orcades, il a certainement été construit aux alentours de 3200 av. J.-C. Les fouilles conduites depuis Gordon Childe en 1954 (Childe 1956), puis par Renfrew en 1974 et 1975 (Renfrew 1979), et enfin par Colin Richards et son équipe en 1991 (Richards 1992, Challands et al. 2005), ont contribué à mettre au jour une superstructure circulaire, prenant la forme d’un tertre 38 m de diamètre pour 7,2 m de haut (fig. 4b). Le couloir et les chambres, de plan cruciforme, étaient composés d’argile et de pierres locales pouvant atteindre plus de 30 tonnes. Nous ne détaillerons pas ici la complexité de l’architecture des aires internes, mais soulignerons simplement le haut degré de technicité dont disposaient les bâtisseurs pour ériger notamment une couverture en encorbellement, un système de dalle amovible permettant d’ouvrir et de refermer l’accès aux chambre, mais également une ‘lightbox’ destinée à recevoir la lumière du soleil couchant au solstice d’hiver. Il est apparu, lors des fouilles, qu’avant d’être cet impressionnant monument funéraire, le site de Maeshowe aurait été initialement un cercle de pierre ceint par un fossé et un talus interne de 90 m de diamètre.
40Cette structure ne constituerait toutefois pas l’événement initial. Une zone de pavement, ainsi qu’un drain, localisés sur un niveau de sol ancien situé 20 cm plus bas que le niveau contemporain du monument funéraire, ont été réinterprétés comme pouvant appartenir à une structure du Néolithique ancien, probablement une habitation (Challands et al. 2005). Certaines pierres auraient ensuite été récupérées une première fois pour ériger le cercle au centre de la plateforme, puis une seconde fois pour être intégrées à l’architecture du monument funéraire.
41L’histoire du site de Maeshowe apparaît ainsi beaucoup plus complexe que la construction d’une simple sépulture. Le lieu aurait connu au moins trois phases d’utilisations distinctes avec trois sens différents pour les populations : d’abord domestique avec une habitation, puis cultuelle avec le cercle de pierre, et enfin funéraire avec la construction de la tombe à couloir. La nature du lieu a ainsi systématiquement changé, l’acception de celui-ci se substituant à une autre au cours du temps.
Intégration d’un monument funéraire antérieur et lieux de commémoration
42L’intégration d’un monument funéraire antérieur dans le corps des nouvelles architectures apparaît comme l’autre modalité de réappropriation de lieu précédemment usité. La question de la persistance des espaces sépulcraux, mais aussi de la transmission de la mémoire du lieu au sein d’un groupe, est ici engagée.
43Localisé sur l’île de Papa Westray, dans l’extrême nord des îles Orcades, le monument de Holm of Papa Westray North a connu plusieurs phases de constructions et de dépôts funéraires (Ritchie 2009, Sévin-Allouet 2013). La structure initiale était un petit cairn ovalaire. Erigé vers 3500 av. J.-C, celui-ci a ensuite été directement intégré en tant que cellule terminale (cellule 5) dans un monument à stalles de type Cromarty. Une étude bayésienne a montré que ce monument avait connu deux phases de dépôts distincts (ibid 2009, 2013). La première utilisation est comprise entre 3520 et 3370 av. J.-C. Elle est suivie d’une phase d’abandon du monument d’un à deux siècles avant qu’il ne soit réutilisé entre 3100 et 2900 av. J.-C. À cette date, le monument est définitivement condamné en comblant les chambres et une partie du couloir par des pierres et de la terre. La séquence ne se termine pourtant pas et une activité perdure dans la partie du couloir non comblée ainsi que devant le monument. Ainsi, ont été retrouvés, accumulés dans la partie externe du couloir, des dépôts osseux de moutons, de cerfs, de loutres et de bovins, représentant un total de 3,8 kg. Sur ce total, 2 kg montrent des traces de combustion attestant alors que si certaines parties ont pu être introduites crues dans la tombe durant son utilisation, d’autres ont été certainement consommées par les populations. En face de l’entrée, un plaquage de terre marron-noir contenant 300 g de restes animaux non-brûlés s’étend sur presque 2 m. Cette phase de dépôt semble s’étendre sur une durée de temps assez longue, jusqu’à 2600 av. J.-C.
44Cette séquence montre donc qu’il y a une mémoire du lieu susceptible d’être véhiculée sur un temps très long, tandis que les dépôts funéraires semblent s’être fait, pour leur part, sur des temps relativement court : 150 ans au maximum pour la première phase (très certainement moins étant donné les pics de probabilités des dates radiocarbones, compris entre 3500 et 3400 av. J.-C), et deux siècles au maximum pour la deuxième phase d’utilisation. Le lieu est donc matériellement abandonné à plusieurs reprises, mais il y a survivance et transmission de celui-ci dans une mémoire sociale.
45Notre deuxième exemple, le site de Notgrove (Gloucestershire), a été fouillé entre 1934-1935 par Elsie Clifford (Clifford 1936, Darvill 2004, Smith & Brickley 2006). Le monument mis au jour est un long barrow trapézoïdale à chambres transeptées de 48 m de long (fig. 5a). L’entrée menait dans une antichambre qui ouvrait dans un couloir distribuant 5 chambres contenant les restes osseux de 11 individus. Les fouilles ont révélé qu’un petit round barrow, plus ancien, ne contenant qu’une inhumation, avait été intégré dans le corps du grand monument. Trois autres individus, rattachables à la première phase d’utilisation du monument, d’après les dates radiocarbones, avaient été déposés sur le sommet du round barrow (un adulte et deux individus immatures).
46L’étude bayésienne que nous avons menée sur le site de Notgrove, en dépit d’un très faible nombre de dates radiocarbone disponibles, révèle un temps d’utilisation a posteriori très court (fig. 5a). La construction du round barrow et le dépôt qu’il a reçu sont datés entre le début du 37e siècle et le milieu du 36e siècle av. J.-C. Une seule date radiocarbone est disponible pour cette première phase d’utilisation et il n’est ainsi pas possible de donner plus de précisions. Après une période d’abandon, comprise entre 0 et 150 ans au maximum mais n’excédant probablement pas une cinquantaine d’années, les trois individus ont été déposés sur le sommet du round barrow et le grand monument à chambres terminales transeptées est construit par-dessus. Dans le modèle obtenu a posteriori, les dates d’utilisations de ce second monument sont toutes comprises dans un intervalle de temps compris entre 3500 et 3350 cal. BC. De même, en combinant les dates radiocarbones relatives à cette séquence d’utilisation, la fourchette chronologique obtenue révèle cette même tranche. L’utilisation de ce monument, avant que l’accès aux chambres ne soit condamné, est donc comprise entre 1 et 150 ans au maximum. Ici encore, de même que pour la sépulture de Holm of Papa Westray North, nous soutenons qu’il y a à l’œuvre une mémoire des lieux et une réelle volonté des bâtisseurs de pérenniser un espace en intégrant le round barrow dans le corps du nouveau monument. Les exemples de cette volonté de pérennisation sont nombreux en Grande-Bretagne et les cas se rencontrent aussi bien en Angleterre qu’au Pays de Galles ou encore en Ecosse, sans que nous puissions en dresser ici un inventaire exhaustif. Ces cas bien sûr débordent largement les seules îles britanniques et ce même phénomène est également observable sur le continent dans les tombes à couloir du Néolithique moyen II. En France, bien qu’à première vue il soit plus question d’une structuration architecturale continue que d’une intégration d’un monument funéraire antérieur, nous pouvons citer pour exemple parmi une multitude de cas relevé surtout dans l’Ouest, le monument F de la nécropole de Bougon (Mohen & Scarre 2002), le monument C de Péré à Prissé-la-Charrière (Laporte et al. 2002, Scarre et al. 2003) ou encore le tumulus d’Er Grah à Locmariaquer (Le Roux 2006).
47Un dernier événement semble témoigner de cette persistance des lieux sur des durées de temps parfois très longues. Des études, menées sur cinq monuments de Grande-Bretagne, ont montré que l’utilisation de ces derniers apparaissait comme très courte, mais, qu’en revanche, les activités devant les monuments, dans les forecourts, pouvaient être très longues (Bayliss et al. 2007, Sévin-Allouet 2013). Nous l’avons vu avec le monument de Holm of Papa Westray North et son dépôt de faune devant le monument s’étalant sur plusieurs siècles. Le meilleur exemple vient cependant du monument de West Kennet dans le Gloucestershire, où l’application d’une méthode bayésienne, a montré que si l’utilisation des aires sépulcrales n’a pas dépassé une cinquantaine d’années, les pratiques de dépôts dans le forecourt du monument, après la condamnation de ce dernier, sont susceptibles d’avoir duré plus d’un demi-millénaire (Bayliss et al. 2007) (fig. 5b). Ces activités de commémorations dans les forecourt des monuments témoignent ainsi d’une mémoire ayant pu se transmettre sur des périodes de temps très longues entre les générations. Ces cas, bien que nombreux en Grande-Bretagne, ne sont toutefois pas un particularisme de cette aire géographique. Il est possible de citer pour exemples deux monuments normands de la boucle du Vaudreuil : Val-de-Reuil « La Butte Saint-Cyr » et Porte-Joie « Fosse XIV », où les aires devant les entrées des monuments, signalées par des stèles, sont caractérisées par la présence de dépôt de mobilier tardif datant du Néolithique final (2900-2100 av. J.-C). Il y aurait donc, ici encore, des lieux de commémorations débordant largement, d’un point de vu chronologique, la seule phase d’utilisation des aires internes des monuments.
48Les modalités de réappropriation et de pérennisation des espaces caractérisent ce que nous avons défini dans cette étude comme étant les « espaces perceptifs ». Il convient alors de faire une distinction primordiale entre les espaces objectivés, que nous avons décrits en première partie, et ces espaces perceptifs. Ceux-là ne prennent pas obligatoirement sens de manière tangible, ils concernent avant tout un lien mémoriel entre les populations et un lieu donné, les rattachant à une notion de passé commun. C’est l’idée de la perception comme processus mémoriel (Merleau-Ponty 1976).
49Toutefois, sur des durées de temps parfois très longues qui caractérisent les activités devant les monuments, il convient de se demander si la nature même du lieu n’a pas progressivement changé. Les individus inhumés dans les chambres seraient, sur des durées de temps trop longues, peu à peu oubliés, mais les lieux resteraient ancrés dans une mémoire collective et acquerraient progressivement un sens idéel, déconnecté de la substance funéraire originelle du monument. Si l’on considère encore par exemple le monument de West Kennet que l’on vient d’évoquer (Bayliss et al. 2007), il est évident que sur 700 ans aucun souvenir des individus inhumés dans les chambres n’est possible : une telle durée dépassant ici largement la possibilité d’une transmission orale fidèle. Dans ce cas précis, soit ces défunts ont pu alors acquérir une dimension originelle, mythique et être alors considérés comme des ancêtres, soit c’est le lieu même qui a pu être sanctuarisé.
50De manière générale, l’idée développée par l’un d’entre nous dans un travail antérieur est que dans une grande majorité des cas, le terme ‘ancêtre’ utilisé pour définir les défunts mis au jour dans les sépultures collectives est impropre (Sévin-Allouet 2013). Ces récentes conclusions font par ailleurs écho à celles de Magdalena Midgley (Midgley 2010) dont les travaux sur les premiers groupes agro-pastoraux du Danemark et du sud de la Suède, appartenant à la culture des gobelets à entonnoir du TRB (Trichterbecherkultur), la conduisent à des considérations tout à fait similaires. En effet, mis en perspective avec les données ethnologiques disponibles sur cette question ‘d’ancêtre’, il apparaît que le caractère intemporel et mythique qui définit les ancêtres, et qui ne sont alors jamais situés dans le même temps ni dans le même espace que les hommes, ne se retrouve pas dans les sépultures des premiers paysans de Scandinavie ou de Grande-Bretagne (Midgley 2010, Sévin-Allouet 2013). Il serait trop long de développer plus avant cette idée qui nous amènerait loin des préoccupations de ce travail, mais contentons nous de dire que les durées d’utilisations initialement supposées très longues des monuments collectifs auraient pu permettre ce parallèle en donnant aux morts déposés dans les aires funéraires une dimension lointaine et peut-être fondatrice. Les études chronologiques réalisées ces dernières années sous statistique bayésienne témoignent cependant au contraire de temps très brefs d’utilisations des aires sépulcrales (Sévin-Allouet 2013, Schulting et al. 2010, 2011, Ritchie 2009, Bayliss & Whittle 2007), soulignant une continuité mémorielle fidèle se rattachant aussi bien aux lieux qu’aux défunts, et écartant alors d’emblée la notion d’ancestralité (Sévin-Allouet 2013).
Positivisme vs. post-processualism : origine et raison d’une approche phénoménologique des espaces ?
51Dans un but de classification hérité des Lumières, l’approche classique en archéologie a favorisé pendant longtemps en France un traitement quantitatif des données. L’épistémè, telle que définie par Foucault (Foucault 1966), était ainsi fondée sur une démarche éminemment positiviste : l’observation répétée des caractères intrinsèques d’un élément permettait alors de classifier celui-ci et d’en donner une interprétation. Cette approche positiviste se retrouve aujourd’hui encore, de manière détournée, dans nos méthodes de traitements quantitatives des données qui consiste à dresser comme préalable à toutes études, d’importantes bases de données.
52Inversement, la trajectoire de la recherche archéologique britannique, et plus généralement anglo-saxonne, a été très différente de la notre. Bien loin de notre traitement quantitatif et donc positiviste des données, l’Ecole post-processuelle anglo-saxonne des années 1980’, avec en fer de lance des auteurs comme Ian Hodder (Hodder 1982a et b), Christopher Tilley ou Daniel Miller (Miller & Tilley 1984), s’est au contraire éminemment fondée sur une approche phénoménologique dans ses études des sociétés du passé, et en particulier dans le rapport entretenu à l’espace de ces dernières (Tilley 1994, 2008, Tilley et al. 2004). Les tenants de ce mouvement se sont inscrits avant tout en faux et en réaction par rapport au processualisme américain de Lewis Binford qui, dans sa New Archaeology des années 1960’, alléguait qu’une production objective de connaissances archéologiques était possible à condition d’utiliser des méthodes scientifiques propres à apporter des preuves venant valider les énoncés de départ (Binford 1968). Cette méthode hypothético-déductive constitue le premier point d’achoppement entre les deux courants : aucune production de connaissance objective ne serait possible pour les post-processualistes, puisque toute interprétation est subjective et relative au contexte culturel et sociopolitique de celui qui l’émet. En outre, cette archéologie processuelle aurait elle aussi comme fondement un positivisme qui n’aurait pas lieu d’être en Sciences Humaines puisque n’admettant en effet aucun autres résultats que ceux obtenus de manière empirique : l’idée étant que l’observation de la répétition d’un phénomène permettrait d’en expliquer son mécanisme. Ainsi, de même que l’on solutionne une donnée mathématique, les relations entre les sociétés sont alors étudiées par les processualistes à travers des « lois » scientifiques, supposées permettre d’en appréhender les rouages. Cette méthode se fonde de manière évidente sur les énoncés d’Auguste Comte qui met en avant dans son Cours de philosophie positiviste (1830-1842), l’impossibilité de comprendre l’origine des phénomènes, le ‘pourquoi’. Ce n’est que dans l’observation empirique de ces derniers, dans leur répétition, que nous pourrions appréhender leur mécanisme et leur donner un sens : Deus ex machina. C’est cette même théorie que l’on retrouve chez Descartes dans son concept d’Homme-machine, c’est-à-dire d’un individu pensé uniquement à travers sa dimension matérielle, en-dehors de tout rapport ‘métaphysique’ au monde et à l’existence. Cette même approche déterministe avait quelques années plus tôt conduit les tenants de l’Ecole ‘néo-évolutionniste’ de l’anthropologie américaine, à la suite de Julian Steward (Steward 1955), à proposer une classification et une évolution des sociétés sur les modèles évolutionnistes empruntés à la biologie de Darwin et Lamarck. Dans le modèle de Steward, les sociétés sont classifiées selon leur niveau social d’intégration, correspondant à une forme majeure d’organisation observée (Steward 1956, Service 1962, Fried 1967, Sahlins 1968). Nous ne reviendrons pas sur les critiques formulées à l’encontre du modèle de Steward, en particulier Friedman et Rowlands (Friedman & Rowlands 1977), et nous contenterons de dire que sa classification des sociétés en termes d’adaptation à des techno-environnements répondrait pour ces derniers à un déterminisme évident. Dans son modèle ‘d’écologie-culturelle’, l’écosystème va définir avant tout une hiérarchie de contraintes qui déterminerait ce qui ne peut pas arriver ; autrement dit, une détermination négative. Ainsi, les mêmes contraintes techno-environnementales engendreront les mêmes processus et les mêmes formes d’organisation sociale, et cela indépendamment des aires chrono-culturelles envisagées.
53C’est cette forme de déterminisme, que sous-tend le positivisme, et que l’on retrouve aussi bien chez les ‘néo-évolutionnistes’ que dans la ‘New Archaeology’, qui est rejetée par les post-processualistes. L’idée que la répétition d’un phénomène permet d’en expliquer son mécanisme prend sens pour ces derniers au sein des sciences dites « exactes », mais il est évident pour eux que les sociétés humaines ne répondent à aucune forme de déterminisme.
54Ainsi, le courant post-processuel s’est opposé à cette approche jugée universelle et fonctionnaliste de la ‘New Archaeology’. Cette opposition que nous ne décrirons pas ici en détails s’expliquerait par plusieurs facteurs (Scarre 1998) et, pour certains auteurs, ne constituerait pas obligatoirement une ligne de fracture, mais serait plutôt la traduction ‘that archaeology has reached a watershed in disciplinary maturity […], it may be that the modification and replacement of those ideas will take place as a part of the development of the human sciences as a whole’ (Thomas 1995 : 352). Dans ce contexte où émerge une nouvelle approche de l’étude des phénomènes humains, les outils heuristiques et mathématiques, tel que la statistique et le SIG par exemple, sont rejetés. De la même façon, une approche relativiste radicale, fondée sur l’idée d’une irréductibilité de ces phénomènes humains, conduit consécutivement à refuser également toute méthode quantitative. De manière générale, le cloisonnement vis-à-vis des Sciences ‘exactes’ se renforce tandis qu’une herméneutique, en particulier philosophique, émerge dans ce courant : on ne cherche plus à expliquer et à analyser l’individu selon des lois régulières et mesurables, mais désormais à toucher à l‘ontologie de celui-ci, à l’appréhender dans ses constructions et dans ses schémas mentaux. Les paradigmes sont alors bouleversés : la scientificité rigoureuse de la ‘New Archaeology’ laissant place au symbolique et à la subjectivité. C’est sur la philosophie phénoménologique heideggérienne et sur celle de Merleau-Ponty que s’est alors appuyé le courant post-processuel. Les tenants de cette philosophie ont cherché avant tout à saisir l’Homme dans sa substantialité. Pour parvenir à cela, aussi bien Heidegger que Merleau-Ponty, et dans une moindre mesure Sartre dans sa phénoménologie existentialiste, ont privilégié la perception, les processus d’objectivations, ou encore, et surtout, la représentation : l’art serait, pour Merleau-Ponty, le moyen premier de toucher l’Homme dans son rapport intime au monde (Merleau-Ponty 1976).
55Nous ne présenterons pas ici l’ensemble des critiques portées à l’encontre de ce courant post-processuel, parfois au sein même de l’Ecole anglo-saxonne (Renfrew 1994). La principale, et non des moindre, repose sur la légèreté, voire sur l’absence de critères fiables venant valider les argumentaires émis : la testabilité des modèles archéologiques, pourtant nécessaire dans la construction des connaissances, y est inexistante (ibid 1994). De la même façon, cette herméneutique, cette théorie de l’interprétation fondée sur la seule subjectivité de celui qui l’émet, se heurte aujourd’hui à la nécessité d’une archéologie pluridisciplinaire et à une approche quantitative des données qui restent à notre sens primordiales.
56Nous ne partageons donc pas cette approche relativiste forcenée qui, considérant que tout est dans tout, autorise les théories les plus infondées. En revanche, nous pensons que ce dualisme entre positivisme et relativisme masque la nécessité pour notre discipline de combiner les deux approches afin d’appréhender au mieux les sociétés humaines.
57C’est pourquoi, conscient des écueils du post-processualism, il nous a toutefois semblé que l’approche phénoménologique développée par les tenants de ce courant était cependant à même de donner des clefs de lectures et de replacer l’individu et son rapport à la mort au cœur du discours. La sphère du funéraire engage en effet les sociétés dans leur intimité, dans leurs schémas de pensées, dans leur rapport idéel à la mort et au monde. L’historien et philosophe allemand Hans Jonas résume ce rapport métaphysique en ces termes : « Tout comme la pratique de l’homme des premiers temps est incarnée dans ses outils, de même sa pensée est incarnée dans ses tombes qui à la fois reconnaissent et nient la mort. Des tombes naquit la première métaphysique sous la forme du mythe et de la religion » (Jonas 1966 : 20).
Conclusion
58Cet article avait pour but d’appréhender la représentation des espaces dans les sépultures monumentales. Nous fondant sur des concepts empruntés à la philosophie phénoménologique, nous en avons défini deux types. Le premier concerne les espaces actifs, ou espaces vécus. Ceux-là engagent les individus dans leur interaction avec la matérialité des monuments, leur place dans le paysage et la gestion des dépôts funéraires dans les aires internes. Ils sont une projection de la façon dont les populations de bâtisseur ont fait l’expérience des lieux et les ont objectivés. Le second a trait aux espaces perceptifs. Ils sont en rapport avec une notion de mémoire sociale, transmise sur plusieurs générations et inscrivant les individus dans une histoire partagée. Les places sont ancrées dans une conscience commune, et les sépultures monumentales sont ainsi fréquemment érigées sur d’ancien lieu de vie et/ou intègrent des sépultures antérieures. De même, la persistance des activités autour des monuments sur des périodes de temps débordant parfois largement la capacité mémorielle des populations, renseigne sur le fait qu’un caractère idéel a pu peu à peu se substituer à la fonction funéraire initiale : les lieux seraient ainsi peut-être sanctuarisés et les individus déposés dans les tombes acquerraient un statut d’ancêtre, de mythe, conduisant ainsi à véhiculer une mémoire du lieu sur des temps si long.
59C’est donc bien à la ‘pensée’ et au ‘sens’ que nous nous sommes attachés dans le cadre de cet article. Conscient de nous retrouver très vite dans une sphère de modèles spéculatifs, c’est-à-dire qui n’ont justement aucun critère valide et testable sur des bases objectives, cette apparente limite interprétative ne doit cependant pas, à notre sens, nous empêcher d’émettre des hypothèses. L’idée n’est en aucun cas de dire que les choses ‘se sont’ passées de la sorte, mais bien de dire, d’après les données dont nous disposons, qu’elles ‘ont pu’ se passer de la sorte.
Bibliographie
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Annexe
Abridged version
In this paper we have attempted an approach to the monumental collective tombs of Great Britain using concepts developed by phenomenological philosophy in general, and in particular the authors Martin Heidegger (Heidegger 1929-1930) and Maurice Merleau-Ponty (Merleau-Ponty 1976). Our principal line of approach is the material evidence for the meaning given to funerary spaces through mortuary practices by the early communities who built these structures. In what way do actions, or funerary practices, become the bearer of meaning in this context? To what extent does the reappropriation of existing spaces betray a wish to formalise a social memory in the landscape (Sévin-Allouet & Scarre 2013)?
We have sought to interpret the monumental collective tombs through an understanding of ‘spaces’ as defined by ethologist Jakob Von Uexküll (Von Uexküll 1934) and adopted by phenomenologists, first through a process of objectification, and second through a project of transformation and reappropriation.
The first aspect concerns active or lived spaces. These engage individuals through the interaction of the latter with the materiality of monuments, with their place in the landscape, and with the management of funerary deposits in their interiors. Active spaces are a projection of the way in which people experienced locales and objectified them. The form of the monuments and the materials that were used reflect the way the builders gave meaning to their tombs from the very earliest stage; the final appearance of the tombs and the preferred use of certain types of building materials reflect a symbolic dimension. In using these monuments there appears to have been no single funerary or burial space, but rather several such areas. Individuals became enmeshed in a network that extends between monuments, as Stuart Reilly has proposed for the tombs on the island of Rousay in Orkney (Reilly 2003) or as suggested by the model of Arnold Van Gennep (Van Gennep 1981), in spaces that probably correspond to different social statuses: each funerary space hence reflecting the social status to which the deceased belonged.
The second part of our discussion concerns the issue of perceived spaces. These affect the choice of location for the construction of monuments. Spaces with former lives are reoccupied, pre-existing graves are integrated into new monuments, and places previously considered ceremonial are destroyed to build new monuments. We believe that this phenomenon of reappropriation, accretion or substitution was based upon a desire amongst the community to formalise in the landscape a concept of social memory. Places are rooted in a common consciousness, and monumental tombs are frequently built on a former dwelling place and/or integrate earlier burials. Likewise, the persistence of activities around the monuments, or in the forecourt, over periods of time goes far beyond the memory capacity of individuals, indicating that the idealised character of a location could gradually replace the original funerary function.
We briefly discuss a third topic: the need to overcome the dualism between positivist and phenomenological approaches. The classical approach in archaeology, with its aim to classify inherited from the Enlightenment, has long favoured the quantitative analysis of data. This epistemology, as defined by Foucault (Foucault 1966), was thus founded on a distinctly positivist approach: repeated observations of the intrinsic characteristics of an entity allowed the latter to be classified and interpreted. The determinism inherent in a positivist approach, however, is one of the primary limitations to its application in the humanities. The idea that the repetition of a phenomenon can explain its mechanism makes sense in the ‘hard’ sciences but it is evident that human society does not respond to any form of determinism. The second limitation of this approach in the humanities lies at the very heart of positivism and in its underpinnings. Auguste Comte, in his work Cours de Philosophie Positive written between 1830 and 1842, emphasises that in effect, positivism should focus only on understanding the mechanism of phenomena, and not explain their causes which themselves remain out of reach. But the purpose of archaeology is the study of humankind, and to abandon the quest for causes would be to abrogate the objective of our discipline. It is of course important not to dismiss the quantitative element in archaeology, and in that sense a positivist approach retains its place, but that alone does not allow us to identify causes. As a ‘science of essences’, however, advocates of phenomenology have sought primarily to comprehend the substantive nature of humankind. To achieve this, the favoured approaches have been perception, processes of objectification or, above all, representation. We believe that the traditional dualism between positivism and phenomenology masks the need for our discipline to combine the two approaches in order to better understand human society.
The sphere of funerary activity reveals societies at their most intimate, in their patterns of thought, rather than in simple materiality. We have therefore chosen here to present notions of ‘spaces’ through the lens of phenomenological philosophy, fully aware that we rapidly find ourselves in the realm of speculation. This apparent limitation to interpretation should not, however, prevent us from setting forth hypotheses.
Auteur
christophesevin[at]yahoo.fr
Bureau d’étude archéologique Éveha, Responsable d’opération Néolithique Grand-Ouest, 4, rue Noël Parfait, 28000 Chartres —christophesevin[at]yahoo.fr
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