Espaces d’accès et de circulation dans l’allée sépulcrale néolithique de La Chaussée-Tirancourt (Somme)
Access and circulation areas in the neolithic megalithic gallery grave of La Chaussée-Tirancourt (Somme, France)
p. 53-65
Résumés
Une sépulture collective correspond à un lieu sépulcral unique où sont regroupés les défunts. Il s’articule autour de quatre espaces constituant son organisation interne : un espace affecté aux défunts (dépôt et décomposition), auquel s’ajoutent des espaces cérémoniels, sacrés et des espaces dits techniques. Ces derniers correspondent aux zones permettant d’entrer et de circuler dans le monument. Fouillée par Jean Leclerc et Claude Masset, l’allée sépulcrale mégalithique de La Chaussée-Tirancourt a déjà fait l’objet de nombreuses publications. Elle constitue un très bon cas d’étude des espaces techniques. Ceux-ci sont spécifiques à chacune des quatre principales couches d’inhumation de la tombe. Plusieurs espaces de circulation ont été mis en évidence : couloirs latéraux et transversaux dans la sous-couche V-3, possible rampe dans la sous-couche III-5, espace intercase dans les sous-couches III-3 et III-1. Toutefois, aucun d’eux ne s’inscrit dans le programme funéraire initial du monument. Une telle évolution a été possible grâce à d’importantes modifications architecturales, comme l’aménagement de deux entrées latérales. Elle démontre une adaptation permanente de l’organisation interne de la sépulture collective aux exigences des opérateurs.
A collective burial corresponds to a single sepulchral place where the deceased are grouped together. It is based on four areas constituting its internal organization: a space reserved for corpses (deposit and decomposition), plus ceremonial, sacred spaces and technical spaces. These permit to enter and circulate in the vault. Excavated by Jean Leclerc and Claude Masset, the megalithic gallery grave of La Chaussée-Tirancourt has already been the subject of numerous publications. It is an excellent case study of the technical areas. They are specific to each of the four main burial layers of the grave. Several circulation areas have been identified: lateral and transverse corridors in the sub-layer V-3, possible access ramp in the sub- layer III-5, space between the burial cells in the sub-layers III-3 and III-1. However, none of them have been included in the initial funeral program of the monument. This evolution was possible thanks to massive architectural changes, such as the adjustment of two side entrances. It indicates a permanent adaptation of the internal organization of the collective burial to the operators’ demands.
Entrées d’index
Mots-clés : Somme, La Chaussée-Tirancourt, Néolithique récent, Néolithique final, sépulture collective, allée sépulcrale, mégalithisme
Keywords : Somme, La Chaussée-Tirancourt, Late Neolithic, Final Neolithic, Collective burial, Gallery grave, Megalithism
Note de l’éditeur
Vous trouverez en annexe une version abrégée du chapitre en anglais.
Remerciements
Je souhaiterais remercier toutes les personnes qui m’ont aidé à réaliser ce travail, mené dans le cadre de mon doctorat. Tout d’abord, je tiens à exprimer ma reconnaissance envers ma directrice de thèse, Mme Catherine Perlès, Professeur à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, et mon tuteur (UMR 7055, Préhistoire et Technologie), Philippe Chambon, chercheur au CNRS (UMR 7041 – ArScAn – Ethnologie préhistorique), pour leurs conseils et leurs critiques constructives. Je suis aussi reconnaissant à la région Île-de-France qui m’a fourni une assistance financière pendant trois ans. Enfin, mes recherches sur La Chaussée-Tirancourt n’auront pu être menées à bien sans l’aide précieuse de Claude Masset et Jean Leclerc, qui, sans hésiter, m’ont laissé étudier la collection anthropologique, et de Noël Mahéo, conservateur au musée d’Amiens, qui m’en a facilité l’accès.
Texte intégral
Introduction
1Une sépulture collective est une structure dans laquelle plusieurs corps ont été inhumés successivement (Leclerc & Tarrête 2005). Une couche d’inhumation se crée au fur et à mesure des dépôts. Elle s’articule autour de quatre types d’espace : l’espace affecté aux défunts, l’espace technique, les espaces cérémoniel et sacré (Leclerc 1997). L’espace affecté aux défunts est l’espace qui accorde aux lieux son caractère funéraire. Il peut être divisé en deux sous-espaces. Le premier est le sous-espace de traitement des cadavres. Ils y sont déposés et s’y décomposent. Leur répartition peut répondre à un recrutement spécifique (Masset 1987). Le second est le sous-espace consacré à la conservation des vestiges osseux, disloqués et déplacés après la décomposition des corps. Des os peuvent être rangés dans ces espaces spécifiques, faisant ainsi de la place à de nouvelles inhumations.
2L’espace cérémoniel est défini comme l’espace « où s’arrêtent les vivants » (Leclerc 1997). Il s’agit d’un lieu symbolique marquant une limite entre le monde des morts et des vivants. Les antichambres des allées sépulcrales ou des hypogées qui accueillent régulièrement du mobilier collectif et des éléments figuratifs (gravures,...) s’insèrent bien dans cette catégorie (Masset 1993).
3L’espace sacré est le lieu réservé par excellence. Il n’accueille ni mobilier ni inhumation, comme la « muche » à La Chaussée-Tirancourt (Leclerc & Masset 1980). Toutefois, peu d’arguments permettent de montrer qu’un secteur a été totalement préservé pendant une grande partie de l’utilisation de la tombe.
4La succession des inhumations et le besoin d’accéder à ces trois premiers espaces supposent des structures d’entrée et de circulation facilement praticables. Ceux-ci constituent des espaces dits techniques. L’accès est assuré par une entrée principale, potentiellement doublée d’entrées secondaires. Plusieurs systèmes de passage ont été identifiés dans les sépultures collectives : couloir interne aux Mournouards II (Leroi-Gourhan et al. 1962), rampe d’accès à Bazoches-sur-Vesle (Marçais 2009),... Il n’est pas exclu que les opérateurs aient effectué des dépôts en marchant directement sur l’amas osseux.
5Pour fonctionner, la sépulture collective a donc un besoin impératif d’espaces d’accès et de circulation. Ils ne peuvent être mis en évidence que dans les sites pour lesquels un relevé minutieux et un démontage photographique systématique ont été réalisés, permettant une analyse fine de l’organisation interne des monuments. L’allée sépulcrale de La Chaussée-Tirancourt est à ce jour l’une des sépultures collectives les mieux connues (Leclerc & Masset 1980, 2006). Elle constituera un excellent cas d’étude des espaces techniques. Quels sont les moyens de les identifier ? Nous proposons ici de compléter le travail de Jean Leclerc et Claude Masset par la reprise complète de la collection anthropologique1 et des données sur la chronologie de la tombe (Blin 2011). Nous présenterons les caractéristiques des espaces d’accès et de circulation des quatre principales couches d’inhumation (V-3, III-5, III-3 et III-1), avant de synthétiser sur les modifications dont elles ont fait l’objet au fil de l’utilisation du monument.
Présentation du site
Caractéristiques générales
6Fouillée entre 1968 et 1975, sous la direction de Claude Masset et Jean Leclerc, la sépulture collective de la Cense du Bois à La Chaussée-Tirancourt (Somme) a déjà fait l’objet de nombreuses publications (Masset 1971, Masset 1979, Leclerc & Masset 1980, Leclerc & Masset 2006). Le monument est une allée sépulcrale mégalithique, située sur la rive droite de la Somme. Il a été implanté dans une tranchée, creusée dans le substrat crayeux, d’environ 15 m de long, sur 3,50 m de large et 1,70 m de profondeur (fig. 1). Quinze orthostates en grès délimitaient originellement un monument de 11 m de long sur 3 m de large, orienté nord-ouest/sud-est. Il était entouré d’un couloir périphérique (Leclerc & Masset 1980). Un passage aménagé entre deux orthostates latéraux constitue l’entrée primitive du monument. Elle distingue deux espaces : un vestibule de moins de 2 m² et une chambre sépulcrale d’environ 16 m². Quatre alignements transversaux et parallèles de dallettes en grès rythment la surface de la chambre sépulcrale. Le monument ne possédait pas de couverture mégalithique.
7La stratigraphie est bien connue (Leclerc & Masset 1980, 2006, Masset 1995). Six couches d’inhumation ont été identifiées : VII, V-3, V-1, III-5, III-3 et III-1 (de la plus ancienne à la plus récente). Elles sont isolées les unes des autres et elles-mêmes subdivisées par des niveaux de sédiment stériles ou sub-stériles, composés d’un limon mêlé de craie (couches VI, V-2, IV et III-2). Les niveaux de sédiment VI et IV couvrent presque totalement les couches d’inhumation sous-jacentes. Les niveaux intermédiaires ne sont que partiels. Les deux derniers niveaux, les couches II et I, marquent la fin de l’activité sépulcrale dans le monument : pour le premier, par un apport important de sédiment, et pour le second, par diverses opérations de condamnation : destruction partielle des orthostates, creusements et incendies (Leclerc & Masset 1980).
État des connaissances
8Complétés par plusieurs études anthropologiques (Lefèvre 1982, Rodriguez-Hernandorena 1983, Sellier 1987, Bruzek 1991), les travaux de J. Leclerc et C. Masset ont permis de restituer l’histoire générale du monument et de fournir des données de base sur l’organisation interne des couches d’inhumation.
9La première couche d’inhumation, la couche VII, aurait été complètement vidangée. Elle est couverte par le niveau de sédiment VI. Or, celui-ci comble la fosse d’implantation de l’orthostate « J4 », indiquant l’extraction de ce dernier avant le dépôt de la couche VI. L’orthostate a été remplacé par une cloison en matériaux périssables (Leclerc & Masset 1980). L’objectif était d’aménager une entrée latérale, offrant la possibilité d’accéder directement à la chambre sépulcrale sans passer par l’antichambre monumentale, marquée par le dépôt collectif – c’est-à-dire destiné à l’ensemble des défunts – d’une gaine de hache, dans la couche VII. Aucun autre élément de mobilier collectif n’y sera découvert avant la couche I.
10Une opération similaire a été pratiquée avant le dépôt de la couche de sédiment IV. Celle-ci cèle totalement la couche V (Leclerc & Masset 1980). Elle correspond à l’introduction d’une énorme quantité de sédiment qui eut pour conséquence de rendre l’entrée monumentale impraticable. Si l’antichambre, toujours accessible depuis l’extérieur, a encore une fonction, elle ne peut être que cérémonielle. De plus, la couche IV comble la fosse d’implantation de l’orthostate « H6 » et une partie de la base de l’orthostate « G6 ». Les deux dalles ont été extraites, au plus tard, avant le dépôt de la couche IV, créant ainsi une seconde entrée latérale donnant sur la partie antérieure de la chambre, dénommée « aire liminaire » par les auteurs.
11Ces aménagements architecturaux sont liés aux modes d’utilisation caractérisant les différentes étapes du monument. Des organisations internes distinctes ont été identifiées dans les sous-couches V-3, III-5, III-3 et III-1. Une bande axiale de 4 m de long sur près de 0,90 m constitue le principal espace affecté aux défunts de la sous-couche V-3. L’inhumation primaire y domine. Les reprises d’os sont alors très importantes (Masset 1979).
12J. Leclerc et C. Masset ont reconnu, pour la sous-couche III-5, une utilisation de toute la largeur du caveau, avec des dépôts alignés les uns à côté des autres, et la reprise d’éléments de la structuration interne de la couche V : entrée latérale, préservation de l’aire liminaire (Leclerc & Masset 2006). Les sous-couches III-3 et III-1 sont structurées autour de cases ou cellules d’inhumation (Masset 1972). Ces dernières ont reçu des dépôts primaires moins remaniés que dans la couche V, ce qui n’a pas empêché la constitution de tas d’os longs et de blocs crânio-faciaux dans l’ossuaire intercase. Une chaux vive a été déposée sur le sommet des cases, avant qu’elles ne soient bouleversées par le dépôt de la couche II et les opérations de condamnation.
Attribution chrono-culturelle
13L’attribution chronologique de chaque couche d’inhumation s’appuie sur une série de datations radiocarbone (fig. 2 ; Leclerc & Masset 2006 : 94). Cette chronologie se superpose à celle réalisée à partir de l’étude du mobilier (Sohn 2006). Il ne s’agira ici que de la réinterpréter à la lumière du redécoupage des horizons culturels proposés par le P.C.R « Le IIIe millénaire avant J.-C. dans le Centre-Nord de la France : définitions et interactions de groupes culturels » (fig. 3 ; Salanova et al. 2011). La sous-couche V-3 s’inscrit parfaitement dans la seconde phase du Néolithique récent (3350-3000 av. J.-C.). Cette hypothèse est étayée par la découverte, dans l’aire liminaire, d’un gobelet et d’une hache emmanchée dans sa gaine dont l’association est caractéristique de la fin du IVe millénaire (Polloni et al. 2004).
2. Datations radiocarbone réalisées dans les différentes couches d’inhumation de La Chaussée-Tirancourt
Radiocarbon datings realized in the different burial layers of La Chaussée-Tirancourt
Couche | Références | Dates BP | Dates av. J.-C. (IntCal 09) |
I | Gif 1289 | 3 350 ± 120 | 1 951-1 402 |
I | Gif 1378 | 3 650 ± 120 | 2 452-1 695 |
I | Gif 1372 | 3 700 ± 120 | 2 464-1 775 |
Sommet III-1 | Gif 6259 | 3 790 ± 70 | 2 460-2 036 |
Base III-3 | GrA 21401 | 4 095 ± 45 | 2 872-2 494 |
Base III-5 | GrA 21402 | 4 195 ± 45 | 2 900-2 632 |
V-1 | GrA 21403 | 4 145 ± 45 | 2 879-2 581 |
Base V-3 | GrA 21405 | 4 465 ± 45 | 3 350-2 944 |
VII | Gif TAN 94186 | 4 540 ± 70 | 3 509-3 018 |
Leclerc & Masset 2006
14Une datation absolue réalisée sur un fragment d’un squelette en connexion (cf. fig. 2), découvert à la base de la sous-couche III-5, et la présence d’un poignard en silex du Grand-Pressigny (Sohn 2006) permettent d’attribuer cette phase au Néolithique final 1 (2900-2550 av. J.-C.). Les deux dernières sous-couches d’inhumation se situent à la fin du Néolithique final. Les débuts de la sous-couche III-3 sont à placer dans un horizon Néolithique final 1. La date pour le sommet de la sous-couche III-1 est très récente (cf. fig. 2). Elle correspond à une attribution Campaniforme ou Bronze ancien. Si l’on accepte cette date, l’utilisation de la sous-couche III-3/1 a pu durer près d’un demi-millénaire (cf. fig. 3). Toutefois, aucun « fossile directeur » du Campaniforme ou du Bronze ancien n’a été découvert. Ainsi, depuis la couche VII, au plus tôt à partir de 3500 av. J.-C., jusqu’à la couche I, au plus tard à la fin du IIIe millénaire, l’utilisation de la sépulture de La Chaussée-Tirancourt s’est étalée au maximum sur un millénaire et demi.
Méthodologie
15L’inventaire de fouilles a été entièrement repris et informatisé. Tous les os prélevés individuellement, par carré ou par lot ont été dénombrés. Les vestiges relevés au cours de la fouille de sauvetage, réalisée au moment de la découverte du site, en 1967, ont aussi été pris en compte. Cependant, dans la perspective de restituer le fonctionnement des principales couches d’inhumation, nous n’avons pas repris le décompte des os de la couche I et du sommet de la couche II. Au final, 25 355 restes humains, conservés au musée de Picardie, ont été enregistrés (Blin 2011).
16Grâce au démontage photographique systématique, les plans de chaque sous-couche ont été réalisés. Les ossement prélevés en 1967, dont il ne subsiste aucun plan, et ceux démontés par carré lors des campagnes 1968-1974 n’y figurent pas. Les plans sont l’outil de base pour définir la structuration de chaque couche d’inhumation. Ils ont permis de localiser tous les sujets identifiés à la fouille, que nous avons complétés en laboratoire par des remontages et des appariements. Les groupements d’individus permettent ainsi d’isoler les espaces de traitement des défunts. Le déplacement de vestiges est parfois une nécessité pour faire de la place à de nouvelles inhumations, créant éventuellement une zone de conservation de vestiges isolés. Des os encombrants (blocs crânio-faciaux, os longs) peuvent être rangés le long des parois des monuments, comme aux Mournouards II (Leroi-Gourhan et al. 1962). La réalisation de liaison ostéologique de deuxième ordre est le seul moyen de mettre en évidence de tels déplacements (Duday et al. 1990).
17La définition des caractéristiques de l’espace affecté aux défunts est un préalable à la délimitation des espaces d’accès et de circulation, en raisonnement par opposition sur des espaces dont la contemporanéité d’utilisation a été prouvée (Leclerc 1997). La chronologie des inhumations et des reprises d’ossements sera restituée afin de définir les caractéristiques originelles des différents espaces du monument, au cours de chacune de ses phases d’utilisation. Une réflexion pourra alors être menée sur leur fonction première, permettant d’identifier les espaces techniques du sépulcre. La démarche s’appuiera sur une confrontation des nouvelles données ostéologiques à celles fournies par les auteurs (Leclerc & Masset 2006). L’étude des espaces techniques nécessite donc de prendre en compte tous les éléments constitutifs d’une sépulture collective (pratiques funéraires, organisation interne et architecture), démontrant le caractère systémique d’une telle structure.
La sous-couche V-3
18La sous-couche V-3 est le premier niveau d’inhumation complètement conservé. L’inventaire des restes humains a permis de dénombrer la présence d’au moins quarante-sept individus (Blin 2011). Ils sont répartis entre quatre zones : l’aire liminaire, une bande axiale qui concentre la plupart des inhumations, le chevet et les passages latéraux qui contiennent quelques dépôts (fig. 4 ; Leclerc & Masset 2006 : 97-100). La majorité des individus ont été déposés à l’état de cadavre. Les connexions anatomiques sont nombreuses, mais aucun squelette n’est entier. La rareté des mouvements horizontaux et le grand nombre d’os absents dans la sous-couche V-3 s’expliquent par de nombreux prélèvements postérieurs à la décomposition des corps (Ambroise & Perlès 1972, Blin 2011).
Deux cellules d’inhumation
19La restitution de la chronologie des dépôts de la sous-couche V-3 met en évidence le caractère tardif des inhumations des espaces latéraux par rapport à ceux de la bande axiale, confirmant l’hypothèse émise par les auteurs (Leclerc & Masset 2006 : 100). De plus, deux effets de paroi longitudinaux, de la chambre au chevet, et de deux effets transversaux dans les carrés D3 et G4-5 ont été identifiés (cf. fig. 4). Ainsi, à l’origine, il n’existait pas une bande axiale d’inhumation, mais deux cellules d’inhumation rectangulaires, délimitées par des parois en matériaux périssables : une cellule axiale dans la chambre et une cellule située dans le prolongement de la précédente, dans le chevet. Cette dernière est limitée par le troisième et le quatrième alignement de dallettes, les limites de la première cellule ne coïncident pas avec les alignements.
20L’organisation interne primitive de la sous-couche V-3 s’articule autour de deux cellules d’inhumation où les connexions sont nombreuses, deux espaces latéraux et deux transversaux quasi vides d’ossements. Ce contraste suggère que ces derniers ont pu être dévolus à la circulation dans le monument, desservant deux espaces affectés aux défunts. Les espaces longitudinaux assuraient la circulation de l’entrée vers le chevet, les espaces transversaux permettaient de passer de part et d’autre de la chambre. Enfin, il faut noter qu’un espace vide entre le premier alignement transversal de dallettes et l’orthostate « H3 » marque probablement une zone de passage entre l’aire liminaire et la chambre.
21La nature du chevet est ambiguë. Les opérateurs ont systématiquement prélevé les restes humains situés au-delà du dernier alignement de dallettes (cf. fig. 4). Or, deux mobiliers à caractère collectif, un gros tesson et un poinçon en os, ont été découverts dans le fond du chevet (Sohn 2006). Les prélèvements d’os marqueraient par conséquent la volonté des opérateurs de générer un espace de circulation, alors que la présence de mobiliers collectifs pourrait en faire un espace cérémoniel.
L’aire liminaire
22Trois corps ont été déposés dans l’aire liminaire (cf. fig. 4). Les deux sujets, mis au jour au pied de l’entrée secondaire aménagée par le retrait de l’orthostate « J4 », ont été découverts dans le prolongement du niveau partiel supérieur V-2 (Leclerc & Masset 2006 : 100). Il s’agit sans doute des derniers corps de la sous-couche V-3. De ce fait, l’aire liminaire a été préservée de tout dépôt pendant toute sa durée d’utilisation. Ce résultat suscite deux observations. Tout d’abord, l’aire liminaire est caractérisée par la présence deux éléments de mobilier collectif, une hache emmanchée et un gobelet. Il s’agit d’un dépôt à caractère sacré ou marquant la fondation d’un monument (Polloni et al. 2004). Il confère à l’aire liminaire les attributs nécessaires pour en faire le véritable vestibule du caveau, dans la sous-couche V-3, idée déjà formulée par J. Leclerc et C. Masset. De plus, ce vestibule était accessible depuis une entrée secondaire, suite au retrait de l’orthostate « J4 ». Un tel aménagement soulève une interrogation sur l’état de l’entrée monumentale. Était-elle encore utilisée comme passage vers la chambre ou était-elle réservée à d’autres fonctions ? Aucune de ces deux hypothèses ne peut être privilégiée.
23La structuration de la sous-couche V-3 repose en partie sur une modification architecturale, suite à l’aménagement de l’entrée latérale. Son organisation interne correspond déjà à une adaptation d’un système funéraire originel, dont nous ignorons tout (Leclerc & Masset 2006 : 89-90), aux besoins des opérateurs.
La sous-couche III-5
24La sous-couche III-5 marque la reprise des inhumations, après le dépôt de la couche IV (fig. 5). Elle a été atteinte par les fouilles réalisées en 1967, avant la reprise du chantier par J. Leclerc et C. Masset. De plus, la partie antérieure de la chambre a été touchée par les creusements de condamnation, liés à la couche I. Dans les parties préservées, l’amas osseux s’étale sur toute la largeur de la chambre et n’atteint pas l’aire liminaire.
25Soixante individus ont été dénombrés dans la sous-couche III-5 (Blin 2011). Les pratiques funéraires observées la distinguent de la sous-couche V-3. Dans le chevet et la partie antérieure de la chambre, les inhumations sont caractérisées par une position et une orientation codifiées : inhumation primaire en décubitus latéral gauche, la tête orientée vers le chevet, les membres inférieurs repliés, les membres supérieurs repliés sur la poitrine. Les remaniements postérieurs à la décomposition sont très limités.
La partie antérieure de la chambre
26Dans la partie antérieure de la chambre, la sous-couche III-5 n’est pas organisée autour d’espaces vides et d’espaces d’inhumation, comme dans la sous-couche V-3. L’amas osseux est continu. Les squelettes y sont bien représentés, quoique plus concentrés dans les carrés E et F 3-4-5 qu’au bord de l’aire liminaire. Ils sont souvent entiers et présentent de nombreuses connexions anatomiques. Les opérateurs n’ont donc pas marché sur l’amas osseux pour déposer de nouveaux corps.
27Deux hypothèses peuvent être formulées sur les modalités de dépôt. La première est celle d’un remplissage progressif de ce secteur, sur toute la largeur du caveau, de la partie la plus éloignée vers la partie la moins éloignée de l’aire liminaire. La seconde repose sur l’identification d’une zone relativement vide d’ossements, dans le carré G4, situé au sein de l’amas osseux. Les opérateurs ont pu emprunter cette zone pour atteindre le secteur d’inhumations, sans perturber les squelettes. Le pourcentage d’os entiers y est aussi élevé que dans le reste de la sous-couche (78 % en moyenne), excluant l’idée de piétinements répétés. La circulation pourrait-elle ici avoir été assurée par un système en hauteur (rampe, ponton,) ? En l’état des données, il n’est pas possible de trancher entre ces deux hypothèses.
Le chevet
28Toute la partie méridionale du chevet est vide de vestiges. Dans une sous-couche où de nombreuses inhumations ont été réparties sur toute la largeur du caveau, cet espace vide n’est pas anodin. Rien ne permet d’affirmer qu’il s’agit d’un espace sacré. De plus, en l’absence de mobilier collectif, il est impossible de le qualifier de cérémoniel, comme cela a été fait pour le fond du chevet dans la sous-couche V-3 (cf. supra). L’hypothèse la plus économique est donc qu’il ait servi de passage.
29La partie antérieure de la chambre indique que les opérateurs n’ont pas marché sur l’assemblage osseux pour assurer la succession des dépôts. Ainsi, le chevet n’était pas accessible depuis l’aire liminaire. Les inhumations y ayant respecté des recrutements spécifiques, le remplissage de ces deux secteurs n’a pu être réalisé que de façon simultanée (Blin 2011). Il a donc existé une entrée secondaire donnant directement sur le chevet. Certains instertices entre des orthostates sont suffisamment larges pour faire passer un cadavre. Par exemple, l’angle sud-ouest du monument, entre les orthostates « B1 » et « B3 », est large d’une quarantaine de centimètres. Il a pu constituer une entrée, accessible, de l’extérieur, par le couloir périphérique.
Les sous-couches III-3 et III-1
30Les sous-couches III-3 et III-1 sont les derniers niveaux sépulcraux du monument. Elles s’articulent autour d’au moins cinq cellules ou cases d’inhumation (β, ζ, δ, ε et ω) et d’un ossuaire intercase (fig. 6 ; Leclerc & Masset 2006 : 109-112). Une partie des cases et de l’ossuaire ont été touchés par les fouilles de 1967. Les sous-couches III-3 et III-1 sont séparées par un niveau partiel de sédiment, III-2, ce qui explique qu’elles sont souvent difficiles à distinguer l’une de l’autre.
31Au moins cent onze individus y ont été inhumés, dont soixante-huit dans les cellules d’inhumation (Blin 2011). Les cellules concentrent ainsi la majorité des individus et des connexions anatomiques, observés dans les sous-couches III-3 et III-1 (cf. fig. 6). Bien que l’inhumation primaire y ait été privilégiée, aucun squelette n’est complet. Les remaniements ont été très importants, sans que pour autant il y ait eu dispersion des ossements dans les cases voisines. Les cellules d’inhumation sont donc des espaces autonomes de traitement des cadavres. L’ossuaire intercase ne constitue pas un secteur d’inhumation en tant que tel. Bien que des dépôts primaires y aient été identifiés, il se caractérise par la présence de trois zones, dans les carrés B1, F3 et F5, où sont concentrés la grande majorité des soixante-neuf blocs crânio-faciaux isolés, dénombrés dans les deux sous-couches. Ils y ont été déposés à l’état d’os sec en provenance des cellules, voire même de l’extérieur du caveau.
Une circulation intercase
32Deux espaces probablement dévolus à la circulation ont été identifiés dans le caveau. De la sous-couche III-3 à III-1, la bande calée entre la case ω et l’orthostate « B3 » est relativement préservée de restes humains (fig. 7). Ceux-ci y sont épars et disloqués. Moins de 30 % des os y sont entiers, un taux beaucoup plus faible que dans la case ω. Comme dans la sous-couche III-5, cette bande paraît être la zone où la circulation est la moins susceptible de perturber l’amas osseux de la cellule d’inhumation et la concentration de blocs crânio-faciaux dans l’ossuaire intercase, dans le carré B1.
Photographies : C. Masset
Photography: C. Masset
33Dans la partie antérieure de la chambre, les carrés F et G4 sont au contact direct de quatre cellules d’inhumation et de deux concentrations de blocs crânio-faciaux. Malgré la présence de quelques os longs disloqués, cette zone est la seule de la partie antérieure de la chambre à être suffisamment praticable pour éviter de piétiner sur les secteurs contenant des restes humains. Par conséquent, elle a dû servir à circuler vers les zones de traitement des corps et de conservation de vestiges isolés. La mise en évidence de ces deux espaces de circulation indique qu’à l’origine, les opérateurs ont simplement circulé dans l’espace libre entre les cellules d’inhumation et les concentrations de blocs crânio-faciaux. Il a ainsi existé un système de circulation intercase.
L’aire liminaire
34Malgré un fonctionnement simultané de la plupart des cellules d’inhumation, elles n’ont pas forcément été toutes construites en même temps. Les auteurs ont déjà mis en évidence l’édification tardive de la cellule ζ, stratigraphiquement plus haute que les autres cases d’inhumation (Leclerc & Masset 2006 : 111). Ils considèrent que sa construction n’est intervenue qu’à la fin de la couche III. L’aire liminaire a donc été préservée, au moins jusqu’à l’utilisation de la sous-couche III-1, pérennisant ainsi sa fonction de vestibule du monument, espace rendu nécessaire par l’obstruction de l’entrée monumentale par le dépôt de la couche IV, et permettant un passage aisé vers le reste du caveau. L’accès direct au chevet, supposé pour la sous-couche III-5, n’avait alors plus de réel intérêt.
Conclusion
35L’analyse de l’organisation interne des sous-couches V-3, III-5, III-3 et III-1 de l’allée sépulcrale de La Chaussée-Tirancourt a permis de définir plusieurs dispositifs pour assurer la circulation dans le sépulcre : couloirs latéraux et transversaux, possibles rampes ou pontons et circulation intercase. L’exemple de la sous-couche III-5 montre qu’ils ont pu être associés à une organisation des dépôts, par exemple, du fond vers l’entrée et de gauche à droite, évitant ainsi aux opérateurs de marcher sur l’amas osseux.
36L’évolution des espaces de circulation au sein d’une même tombe indique qu’ils sont toujours adaptés aux exigences des opérateurs et aux nouvelles pratiques funéraires. Leur emplacement est conditionné par celui des espaces affectés aux défunts. Par ailleurs, il est notable qu’à La Chaussée-Tirancourt, aucune des organisations internes ne répond à l’architecture initiale du monument.
37Deux modèles interprétatifs permettent de mettre en évidence des espaces de circulation dans le caveau (fig. 8). Le premier, utilisé dans l’étude des sous-couches V-3 et III-3/1, consiste à repérer des zones vides d’ossements par rapport aux zones de traitement des corps, zones dont on a prouvé, au préalable, la contemporanéité d’utilisation. Des espaces vides, isolant des secteurs d’inhumation, ne contenant pas de mobilier collectif et étant accessibles depuis une des entrées du monument, peuvent constituer des voies de passage dans la tombe. En présence de mobilier collectif, nous devons nous demander s’il ne s’agit pas de zones spécifiques, comme un espace cérémoniel. Il faut ajouter que des espaces vides ont été localisés au milieu des amas osseux de La Chaussée-Tirancourt (cf. fig. 4, 5 et 6) et de d’autres allées sépulcrales (Masset et al. sous presse). Ils ont été nommés « témoins négatifs » car ils marquent la présence passée d’objets ou de structures en matériaux périssables. Par ailleurs, rien n’exclut que des espaces préservés de restes humains, difficilement ou pas accessibles, comme la « muche » à La Chaussée-Tirancourt, puissent être considérés comme des espaces sacrés.
38Lorsqu’aucune zone n’est réellement vide d’ossements, il faut utiliser un second modèle. Un niveau homogène et continu de squelettes en connexion, comme la sous-couche III-5, contredit l’idée d’une circulation au sol. Les passages répétés des opérateurs laissent des traces visibles telles que des écrasements ou des désarticulations. Dans ces conditions, les opérateurs ont soit respecté un système organisé de dépôt, soit emprunté un passage surélevé pour éviter de piétiner les squelettes. Il est aussi envisageable que les opérateurs aient marché directement sur l’amas osseux, entraînant la dislocation complète des restes humains. Un tel amas peut également correspondre à une couche-ossuaire ou couche d’ossements disloqués, comme la sous-couche V-1 de La Chaussée-Tirancourt (Leclerc & Masset 2006 : 101). Si l’amas osseux n’est pas homogène, entre des secteurs à squelettes en place (espaces de traitement des cadavres) et des secteurs à restes disloqués (zones de conservation des vestiges), les zones présentant à la fois une faible concentration osseuse, une forte dislocation des os et un taux de fragmentation élevé, marquant des passages répétés, paraissent de bonnes candidates pour correspondre à des espaces de circulation.
39À La Chaussée-Tirancourt, l’évolution de l’emplacement des accès a été mise en évidence par l’étude de la stratigraphie. À l’origine, l’entrée monumentale assurait seule l’accès vers la chambre. L’aménagement de plusieurs entrées latérales, par le retrait d’orthostates, et le dépôt de la couche IV vont progressivement la rendre caduque. À partir de la couche III, si elle a une utilité, elle ne peut être que cérémonielle. L’exemple de l’antichambre et de l’entrée monumentale montre bien que les espaces techniques d’une sépulture collective sont toujours réinterprétés selon les besoins des opérateurs et peuvent, au final, avoir une fonction complètement différente de celle qu’ils avaient à l’origine.
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10.3406/bspf.2006.13398 :Annexe
Abridged version
A collective burial corresponds to a mere sepulchral place where the deceased are grouped together. It is made up of several structural elements: a space reserved for corpses’ deposit to which a ritual purpose area and technical spaces could be added. The formers ones provide access by one or several entrances and circulation in the vault. With the example of the four main burial layers of the sepulchral grave of La Chaussée-Tirancourt (Somme), we could wonder what are the ways to underline those technical spaces? What are their main characteristics?
Presentation of the monument
The monument of La Chaussée-Tirancourt (Somme) is a megalithic sepulchral grave of 11 metres long, 3 metres wide and 1,7 metres deep (fig. 1). Originally, it was made up of fifteen sandstone orthostats (Leclerc, Masset 1980). The main entrance distinguishes two spaces: the hall of 2 metres square and the funerary room of 16 metres square.
Six burial layers have been identified: VII, V-3, V-1, III-5, III-3 and III-1. They are separated by sterile sediment layers, including silt and chalk.
Refering to the chronology of the end of the Neolithic in the Paris basin, defined by the Common Research Program “Le IIIe millénaire avant J.-C. dans le Centre-Nord de la France: definitions et interactions de groups culturels”, it has been possible to precise the chronological and cultural attribution of the four main burial layers of La Chaussée-Tirancourt (Salanova et al. 2011, Sohn 2006). The layer V-3 is related to the second phase of the recent Neolithic (3350-3000 BC.), the layer III-5 is related to the first phase of the final Neolithic (2900-2550 BC) and the layers III-3 and III-1 correspond to the second half of the third millenary BC (fig. 2).
The layer V-3
The layer V-3 is made up of four spaces: an “aire liminaire” in the first part of the funerary room, two burial cells and side spaces (Leclerc & Masset 2006, cf. fig.3).
By the structure of the collective artefacts’ deposit (Polloni et al. 2004), the “aire liminaire” seems to be the real hall of the vault in the layer V-3. A side entrance had been created previously to access directly to this area.
Originally, the two burial cells were the only structures used in the center of the tomb. They were limited by a perishable materials wall. In the layer V-3, the side and transverse spaces, empty of bones, only served as corridors in the sepulchral grave. The final area could have the same function or could have a ceremonial aim (Blin 2011).
This organization could not be defined in the original architectural project because it was based on a change of the monument’s architecture. The characteristics of the layer V-3 is already a response to the undertakers’ demands.
The layer III-5
The layer III-5 corresponds to the resumption of the burials after the deposit of a sediment’s layer, the layer IV. Before this one, an orthostat had been removed to create a second side entrance (Leclerc & Masset 1980).
The layer III-5 is characterized by standardized burial practices. The skeletons took up the full width of the vault. Some of them had been found in the final area.
In the first part of the funerary room, the skeletons are well preserved and present a lot of anatomical connections. It is impossible that the undertakers walked on the human bones to realize new burials. A deposit’s order (from the bottom to the entrance, from left to right for instance) could be respected to avoid that. A ramp or a footbridge could also exist to allow the undertakers to not walk on the bones (Blin 2011).
The final area of the room is full of skeletons, except the south part along the orthostat B3. Like in the layer V-3, we could suppose this space was a corridor. As the undertakers did not walk on the bones in the first part of room, how could they reach the final area? The structure of the buried populations is different between these two parts of the vault. The final area could not be filled up in first. So, there was a direct access to this part of the room (Blin 2011). The south-west corner of the monument, between the orthostats B1 and B3, wide of forty centimeters, could be that secondary entrance (fig. 4)
The layer III-3 and III-1
An intermediate burial phase is organized on several elements defined in the layer III-5 and foreshadows some structures of the layer III-3 and III-1. The organization of the former ones is characterized by the presence of at least five burial cells (β, ε, ω, δ and ζ) and an ossuary between the cells (Leclerc & Masset 2006, fig. 5). There were at least fifty-eight burials in the cells while the ossuary holds the quantity of sixty-nine skulls dislocated.
The cells were independent structures. None of them served as a space of dislocated bones’ preservation.
The ossuary was not a burial area in itself. Several deposits had been identified, but the ossuary is above all structured on three concentrations of skulls. They came from the cells or from outside the monument while the other bones had been evacuated of the vault (Blin 2011).
Until the building of the cell ζ, the latest cell in the layers III-3 and III-1, the “aire liminaire” was preserved of burials and so was still the real hall of the monument.
The south part of the final area contains few human bones in comparison with the cell ω and the ossuary in the meter square B1. A lot of them are also broken. Like in the layer III-5, we can suppose this space was dedicated to circulation in the final area. In the first part of the room, the meters square FG4 are just between four burial cells and two concentrations of skulls. Moreover, this area is almost empty of bones. This space was easily passable for the undertakers to not encroach on the burial cells and the skulls concentrations (Blin 2011). Originally, the undertakers could just walk in the space between the burial cells.
Conclusion
The study of the four main burial layers of the sepulchral grave of La Chaussée-Tirancourt permits to define several circulation systems: side and transverse corridors in the layer V-3, ramp or footbridge in the layer III-5, circulation between the burial cells in the layers III-3 and III-1. Their evolution shows a constant adaptation to the undertakers’ demands.
In each layer, circulation areas are spaces empty of human bones, in contrast with burial spaces where the skeletons are well preserved and show a lot of anatomical connections. They could also be spaces almost empty of bones, where the bones are more broken and dislocated than in the rest of the funerary room and spaces sufficiently passable to ensure the circulation in the vault without encroaching on the human bones.
Stratigraphy and architecture change permit to underline the location’s evolution of the entrances. Originally, the main entrance was the only access to the funerary room. It had been blocked by the deposit of the sediment layer IV. Moreover, it was maybe not used for a long time in consequence of the creation of two side entrances. From the layer III, if the main entrance had a function, it could only be ceremonial. It shows that the purpose of each space in a collective burial depended on the undertakers’ demands. Their final function could be completely different of their first use.
Notes de bas de page
1 Travail tiré d’une thèse qui a été financée par la région Île-de-France, entre 2007 et 2010, et soutenue en décembre 2011 sous la direction de Mme Catherine Perlès, Professeur à l’Université Paris Ouest Nanterre la Défense (UMR 7055, Préhistoire et Technologie) et sous le tutorat de M. Philippe Chambon, CNRS (UMR 7041 – ArScAn – Ethnologie préhistorique).
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Fonctions, utilisations et représentations de l’espace dans les sépultures monumentales du Néolithique européen
Ce livre est cité par
- Witcher, Robert. (2016) New Book Chronicle. Antiquity, 90. DOI: 10.15184/aqy.2016.128
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