Musiques populaires modernes et héritage des troubadours
p. 149-162
Texte intégral
1L’apparition de nouveaux groupes de musiques populaires modernes chantant en occitan, au cours des années 1980, a renouvelé la présence des troubadours dans la chanson créée en France. La redécouverte des poètes-musiciens du Moyen Âge s’est effectuée grâce à des interprètes influencés par des musiques du Bassin méditerranéen, d’Afrique et d’Amérique. Ainsi, le 20 octobre 2013, le chanteur Manu Théron, animateur des ensembles marseillais Gacha Empega et Lo Còr de la Plana, donnait à Marseille un concert de sirventes fondé sur l’évocation de troubadours des xiie et xiiie siècles, avec le percussionniste d’origine palestinienne Youssef Hbeish et le joueur d’oûd Grégory Dargent. Il s’agissait, selon lui, de rapprocher les musiques occitanes et les musiques arabo-andalouses du Moyen Âge, pour exprimer une parole contestataire1. Ce type de concert démontre de manière évidente la modernité des troubadours. On peut cependant s’interroger sur leur présence dans ces nouveaux courants musicaux proches du rap et des musiques du monde. De quoi s’agit-il ? D’un revivalisme ? D’une présentation nouvelle de leurs poèmes, adaptés au goûts musicaux actuels ? D’un rappel d’une expression poétique faite également en occitan mais sans référence particulière à leurs écrits ? D’une référence artificielle au passé qui permet de justifier des métissages musicaux pleins de vigueur ? D’une manifestation identitaire ?
2Pour cerner cette présence des troubadours, nous avons choisi de nous référer aux productions de plusieurs groupes et, en premier lieu, aux Fabulous trobadors qui se sont placés, grâce à leur nom, en filiation directe avec les poètes-musiciens occitans du Moyen Âge. Ce groupe toulousain a été en effet le premier à revendiquer leur héritage au sein des courants musicaux des années 1980. Il continue d’exercer une grande influence sur les musiciens chantant en occitan. Nous verrons d’abord comment les albums de ce groupe redéfinissent la place des troubadours au sein des musiques populaires d’aujourd’hui. Nous mesurerons les apports, mais aussi les limites des références aux troubadours.
L’apport des métissages
3Le fait que le groupe The Fabulous trobadors ait été fondé à Toulouse peut laisser croire qu’il y a une filiation directe entre les musiciens occitans d’aujourd’hui et ceux du Moyen Âge. Il n’en est rien. C’est au sein du vaste domaine des musiques du monde, qui mêle musiques populaires traditionnelles et modernes, que s’est effectuée la redécouverte des troubadours, au terme d’un itinéraire musical singulier. Il faut le retracer.
4The Fabulous Trobadors se constitue en 1987. Il comprend deux membres, Claude Sicre et le D. J. Jean-Marc Enjalbert, spécialiste de l’Human Beat Box, le bruitage de bouche. C. Sicre et J.-M. Enjalbert prennent respectivement pour noms de scène Docteur Cachou et Ange B., diminutif d’Ange Bofarèu, nom provençal de l’ange qui joue de la trompette. Le nom du groupe mêle à l’origine l’anglais (article, adjectif) à l’occitan (nom). Il connote à lui seul le mélange des influences musicales présentes dans leurs albums. C. Sicre assure principalement l’écriture des textes des chansons. Ange B. réalise les arrangements musicaux. Tous deux sont cependant chanteurs et musiciens. Le groupe est l’auteur de quatre albums CD : Era pas de faire (1992) (Il ne fallait pas le faire), Ma ville est le plus beau park (1995), On the linha Imaginòt (1998) et Duels de tchatche (2003)2.
5À la racine de ces productions il y a la recherche d’une nouvelle forme de culture populaire. Musicien et ethnomusicologue, né en 1947, Claude Sicre se préoccupe de créer une poésie et une musique nouvelles. Il les veut en phase avec les changements sociaux et la présence de nombreux immigrés dans le quartier de Toulouse où il s’installe en 1976, Arnaud-Bernard. Cela le conduit à s’engager dans d’autres voies que celles de la chanson française, de la chanson néo-occitane née après 1968, et des traditions folkloriques. Le continent américain, terre d’émergence des principales musiques populaires modernes au cours du xxe siècle, du jazz au reggae, regorge de répertoires et des pratiques différentes. Les Noirs des États-Unis y ont créé une poésie chantée sur quelques accords, le blues3. Cette poésie simple a réussi, en outre, à exprimer l’esprit de la communauté afro-américaine. Ce lien est essentiel pour C. Sicre. Il s’inspire alors du blues pour expérimenter de nouveaux poèmes chantés en langue occitane, une sorte de blues d’oc, « un blues-rap d’avant le rap, à mille lieues de ce qui s’élabore parallèlement dans la communauté noire de N.Y.C. ou de la Jamaïque4 ». Il fonde en 1977 un premier groupe occitan, Riga-Raga, qui réinvente les musiques traditionnelles, puis entre au Conservatoire occitan où il travaille jusqu’en 1984. Sa redécouverte en 1983, puis en 1985, sur le terrain, des traditions populaires du Nordeste brésilien est décisive. Elle va faire le lien avec les troubadours. Les joutes poétiques des emboladores et leur usage de déclamations rythmées accompagnées par des tambourins l’impressionnent. Elles lui révèlent une expression musicale métissée, marquée par les influences africaines. Or, à l’origine de cette poésie transmise par les Portugais il y a, selon lui, les productions des troubadours occitans assimilées par la culture lusitanienne et inscrites dans le patrimoine populaire brésilien. Il s’agit alors de rapatrier ce type de création culturelle dans le pays qui l’a vu naître et de donner une nouvelle vie à des expressions traditionnelles méconnues ou méconnaissables, en continuant à les métisser. Les joutes poétiques brésiliennes poussent C. Sicre à créer un nouveau folklore, à l’écart des instruments habituels, pour être conforme à la démarche d’un trouveur – terme issu, comme on le sait, du verbe trobar – et en accord avec les troubadours du Moyen Âge. Notons cependant, qu’à notre connaissance, cette présence des troubadours occitans dans les poésies brésiliennes n’est jamais éclaircie dans les propos de C. Sicre. Elle reste à l’état de connotation mais ce lien proclamé va conduire à une réinvention de la poésie populaire occitane. En citant les travaux de Pierre Bec et d’Henri-Irénée Marrou, C. Sicre critique les idées romantiques sur les troubadours. Il valorise un art fondé sur des topiques, c’est-à-dire des thèmes préétablis et des lieux communs qui sont le ferment d’une nouvelle poésie.
Alors voici notre idée : depuis l’origine de la littérature en oc, les trobadors, il y a cette présence du topique […]. À travers le jeu sur le lieu commun se fait jour l’aspiration à un idéal réalisable qui se mêle de nostalgie d’un passé communautaire dont certaines conditions se sont toujours reproduites à travers les siècles. À chaque époque le référent occitan, pour des ambitions différentes, dans des conditions différentes (identités différentes, donc) est la permanence de ce singulier rapport au monde qui se nourrit de culture française et qui tente de répondre à ses manques5.
6La formation du groupe va permettre de produire ces nouvelles poésies populaires, issues de cultures métissées, à partir de ces topiques. L’expression des troubadours va y être réinterprétée grâce à une musique dynamique.
Une expression poétique populaire
7Ce qui caractérise les productions des Fabulous trobadors, c’est une déclamation rythmée reposant sur un arrangement musical très simple. La voix, accompagnée d’un ou deux tambourins, est mise en valeur. Il s’agit de pouvoir jouer aisément en public, sans dispositifs musicaux développés et sans son amplifié. Cette économie de moyens permet aux Fabulous trobadors d’être des chanteurs de rue très impliqués dans la vie sociale. Le groupe est ancré dans un quartier du centre de Toulouse, Arnaud-Bernard, qui accueille une population d’origine maghrébine près de la cathédrale Saint-Sernin. Ce n’est pas simplement un groupe musical. C’est aussi un groupe « citoyen » profondément engagé à l’échelon local : il suscite des fêtes de quartier qui ont des résonances dans toute la ville de Toulouse, et même au-delà. On doit aux Fabulous trobadors d’avoir mis en place en 1994 à Arnaud-Bernard des repas de quartier qui sont organisés aujourd’hui dans toute la France au mois de juin6. L’action locale est donc privilégiée dans leur démarche. Les Fabulous trobadors sont aussi les acteurs d’un mouvement culturel, la Linha Imaginòt, qui relie entre eux les lieux du sud de la France où se déroulent des événements culturels et sociaux imaginés et créés par les habitants eux-mêmes. On reconnaît bien sûr ici le détournement du nom de la ligne de fortifications construite par la France le long de la frontière allemande dans l’entre-deux-guerres, la ligne Maginot, au profit de la célébration de l’imaginaire. On peut se demander quels liens ont été établis avec les troubadours et quelles sont les lignes directrices de ce groupe.
8Leur premier fondement, c’est une expression musicale et poétique percutante en rupture avec les conceptions folkloriques traditionnelles. Il s’agit de réinventer la poésie des troubadours et de la faire vivre au sein d’un milieu populaire, grâce à des musiques et des rythmes issus de métissages. Il n’est donc pas question de respecter les traditions et de chercher à recréer un répertoire médiéval. Les Fabulous trobadors sont en fait des jongleurs modernes liés à la population de leur quartier et au milieu rural de l’Occitanie.
9Le deuxième fondement du groupe se trouve dans la pensée de l’écrivain occitaniste Félix Castan (1920-2001). Ce théoricien de la décentralisation culturelle conçoit l’occitan comme une langue de culture. Il refuse tout nationalisme et tout régionalisme. Castan est le penseur d’une culture occitane à l’écart des revendications politiques. Il refuse le combat en faveur de l’autonomie de l’Occitanie, à la différence des mouvements exigeant par exemple celle de la Corse, ou l’indépendance de la Catalogne. Il s’agit pour lui de s’ériger contre le modèle jacobin français en construisant des villes-capitales, c’est-à-dire des villes où s’élaborent de nouvelles expressions populaires. Toulouse est ainsi conçue comme une capitale tout comme Marseille, Bordeaux, et d’autres villes. Dans cette perspective, le folklore devient une musique de tous les jours dans laquelle il y a une interaction de leaders, de musiciens avec un peuple anonyme7. Il n’est donc pas nécessaire d’adopter une position identitaire très définie et de s’exprimer uniquement en occitan. L’usage du français est possible. Se référer aux troubadours, c’est alors être en relation avec le patrimoine ancien pour inventer de nouvelles formes d’expression. C’est réinventer un lien culturel et social ancestral.
10Le troisième fondement du groupe repose sur les activités de la Linha Imaginòt. On peut la définir comme la coordination de la créativité et de la solidarité de ceux qui cherchent à valoriser leurs particularismes culturels. La Linha Imaginòt accueille des expressions musicales diverses proches de la chanson, du rap, du reggae, dans des villes du sud de la France. C’est le cadre d’échanges et de réalisations de spectacles où l’occitan et les métissages musicaux sont mis en valeur. Il s’agit de s’opposer au centralisme culturel français. Des liens forts existent ainsi entre le groupe marseillais Massilia Sound System et les Fabulous trobadors. Des concerts communs et des échanges nourris ont eu lieu. Linha Imaginòt est aussi le nom d’un bulletin réunissant les acteurs musicaux du réseau.
11Dans ces perspectives, l’action du groupe toulousain est liée à la vie sociale : participation à des fêtes de quartier, au carnaval associatif de Toulouse8, à des fêtes rurales, à des festivals de musique comme celui d’Uzeste, en Gironde, fondé par Bernard Lubat. Il s’agit aussi de recréer un lien social par l’intermédiaire de productions très simples que le groupe appelle les chansons de circonstance. Écrites en français ou en occitan, elles sont faites pour être reprises et transformées par les auditeurs. Ainsi « L’anniversaire », dans l’album Duels de tchatche, est davantage un canevas qu’une chanson. Elle comprend un couplet très simple, deux refrains à utiliser en fonction des contextes de la célébration de l’anniversaire, et un second couplet improvisé dont le fonctionnement est longuement expliqué dans le livret du CD9. Il s’agit de réinventer les rituels populaires. Les Fabulous trobadors conçoivent avant tout poésie et musique dans la célébration de fêtes.
12Quel est le rapport à la langue occitane dans les productions de ce groupe ? L’examen des quatre albums montre que les titres en occitan sont minoritaires, comme l’indique le tableau 1. Ils ne représentent que le tiers des productions (22 sur 65, soit 33,8 %), si l’on tient compte des titres mélangeant les deux langues. Les titres en français sont plus nombreux.
13Au sein de cette production, on trouve très peu de références aux troubadours. Un poème de Raimon d’Avignon, poète du xiiie siècle, « Sirvens Sui… » (j’ai été serviteur) figure cependant dans le premier album, Era pas de faire. Il fait bien entendu l’objet d’une adaptation musicale conforme aux métissages musicaux prônés par le groupe. Le titre commence par un dialogue entre Dr. Cachou et Ange B., puis se poursuit par une déclamation très rapide du poème, sur un rythme syncopé joué au tambourin. La phrase « E bon fòl sui » (et je suis un bon fou), scandée régulièrement par Ange B., sert de refrain. Les dimensions rythmiques prédominent. Elles rappellent avant tout les musiques africaines et brésiliennes.
14Qu’elles soient en français ou en occitan, les productions des Fabulous trobadors proviennent en grande partie de la tradition orale anonyme. Elles sont fondées sur les tençon, les joutes poétiques des trobadours. Il s’agit d’un échange très rapide entre deux musiciens comme on peut l’observer dans « Si tu te fais » (Duels de tchatche), où les relais se font après chaque quatrain, aux vers non réguliers. Citons ici le début de ces répliques (tableau 2) :
Trobar
Tableau 2 - Le début de « Si tu fais » (Duels de tchatche)10.
Premier intervenant Je vais me faire troubadour Pour aller troubler ta nana Je lui chanterai l’amour Et toi tu déchanteras | Réponse 1 Si tu te fais troubadour Moi je me fais compositeur Quand toi tu chanteras l’amour Moi je toucherai les droits d’auteur |
Premier intervenant Si tu te fais compositeur Je me fais la fée Clochette Et d’un coup de baguette magique Je te change en sol majeur | Réponse 2 Si tu me fais sol majeure Je ne sais pas ce que je ferais Mais si tu te fais la mineure Alors je te détournerai (etc.) |
15Ces joutes poétiques se retrouvent également dans les pratiques vocales à l’origine du rap américain, les dozens, défis entre deux personnes. Elles reposent sur la capacité à improviser et à inventer, par l’usage de la répartie. L’écriture poétique est donc déterminée par ce type de défi, par les jeux de mots, par des métaphores plus que des métonymies, par le relais entre les deux chanteurs, par des vers brefs en général (en hexa ou en heptasyllabes) qui mettent en valeur la rime finale ou certains vers. Ces productions restent le plus souvent de forme couplet-refrain, comme « Pas de ci » (Era pas de faire) où l’idée force est résumée par la dernière phrase du refrain, « pas d’idées sans être deux ». Les passages en occitan sont déterminés par les mêmes procédés. Le lexique de « Pas de ci » combine en effet les deux langues mais aussi l’argot et les noms propres. Tout est fondé dans cette déclamation sur les jeux de mots qui proviennent de la déclinaison d’un modèle simple : « Pas de… sans ». Cela donne lieu à de nombreuses inventions fondées sur le remplacement de “sans” par des termes phonétiquement similaires : “pas de race sang mêlé”, “pas de rue sens interdit”, “pas de celle sans vari” (jeu sur le terme varicelle), “pas de clairon Sambre et Meuse11”. Les Fabulous trobadors utilisent différents types de dispositions, (rimes embrassées ou croisées principalement) des associations insolites (paronomases) mais aussi une succession d’assonances ou d’allitérations originales. Le but n’est pas de créer un objet fini. Pour le groupe, être troubadour c’est permettre à chacun de trouver de nouvelles pistes à partir de leurs titres. C’est pouvoir participer à la tchatche et devenir pleinement un sujet actif.
16Quels sont les thèmes des albums ? On peut distinguer successivement :
- les jeux poétiques ou musicaux
- les chansons de circonstances (« L’anniversaire », « Bonne nuit », Duels de tchatche)
- l’évocation d’objets de la vie quotidienne (« Cachou Lajaunie », Era pas de faire)
- la critique des hommes politiques (« Come on every Baudis », Era pas de faire, « Il nous ment », Duels de tchatche) et la revendication de l’anti-centralisme en France
- la célébration du quartier d’Arnaud-Bernard, de Toulouse et de la fête (« Venez manger midi et soir au Don Camillo », Era pas de faire, « Toulouse est sarrazine », Ma ville est le plus beau park),
- la reprise de chansons populaires traditionnelles en français ou en occitan (comme « Je ne brandis pas ma guitare », ou « Calendreta » dans Ma ville est le plus beau park)
- des inserts – titres très brefs – qui exposent des plaisanteries ou des interludes instrumentaux.
17Aucune chanson d’amour, ni aucun thème dramatique, ne figure dans leur répertoire.
Les procédés musicaux
18L’expression des Fabulous trobadors repose donc sur une déclamation rapide, qui met en valeur la rime, sur un rythme musical très simple. Elle semble analogue à celle du rap. Elle est cependant beaucoup moins développée. On ne trouve pas, ou très rarement, dans leurs productions une déstructuration de la déclamation par la pratique de l’enjambement. Le rappeur déplace en général la correspondance entre la fin du vers et la fin de la mesure sur plusieurs mesures, trois, quatre, cinq, parfois dix ou plus12. Ici, la déclamation reste dans le cadre métrique créé par le rythme musical. Celui-ci est répété en boucle : il reste continu (« Iavéka », Ma ville est le plus beau park) ou est interrompu (« Pas de ci », op. cit.). Le rythme est en général fondé sur des syncopes déployées sur un tempo rapide, dans une mesure binaire, en général. On peut donc parler très justement d’un « rap d’avant le rap13 », puisque le rap français n’apparaît vraiment qu’après la formation des Fabulous trobadors, en 1989. Il y a plus de relations entre l’art des Fabulous et le raggamuffin, cette déclamation issue du reggae dont Massilia Sound System est le principal représentant en France, un style que nous présenterons plus loin. Les rythmes des Fabulous sont cependant plus influencés par les rythmes brésiliens que ceux du reggae. Les airs proviennent d’ailleurs souvent des musiques de tradition orale du Nordeste brésilien14. Cette dimension rythmique place donc leurs productions au sein du métissage des musiques du monde ou world music. Elle a pour but de donner éventuellement lieu à des danses populaires, dans les fêtes auxquelles ils participent, mais les Fabulous trobadors privilégient avant tout la parole et le chant. Ainsi « Je ne brandis pas ma guitare » (Ma ville est le plus beau park) est le fruit du métissage d’un air du folklore gascon (Colorina de Rosa), d’une mélodie populaire sarde et « du folklore jamaïcain », accompagné d’un bruit de bouche d’Ange B.15.
19Qu’il soit en français ou en occitan, leur mode d’expression reste fondé sur l’inventivité de la langue et correspond ainsi à l’esprit des chansons des troubadours, au trobar. Les jeux de mots et l’aspect festif prédominent. « La cançon de la prima – Aici sèm » est même fondée sur le mélange de plusieurs langues et porte un message clair : « D’ici en Australie les langues se délient […] » (On the linha Imaginòt). Quelle est alors la place des dimensions musicales ? Si le rythme prédomine, la mélodie est peu développée. Elle est fondée sur des intervalles peu étendus et des motifs d’autant plus faciles à retenir et à chanter qu’ils sont souvent répétés. Alors que le premier album reste assez minimaliste dans l’effectif instrumental (voix et tambours de basque essentiellement), les arrangements musicaux se développent dès Ma ville est le plus beau park (1995). Ils comprennent l’ajout de chœurs, de voix brésiliennes et de l’accordéon joué par Rita Macedo, du groupe toulousain Femmouzes T. Ces arrangements sont encore plus étendus dans le dernier album, Duels de tchatche, où l’orchestration fait appel à des percussions brésiliennes, à la guitare, à la basse, à des claviers, à des flûtes béarnaises, à l’accordéon et à des chœurs. Les productions des Fabulous Trobadors sont par ailleurs marquées par le travail du son d’Ange B. Son rôle de DJ est important dans la présence des bruits de bouche de l’Human Beat Box, comme par exemple dans le titre surprenant « Je ne brandis pas ma guitare », cité plus haut. Il est déterminant dans le choix des échantillons (samples), l’utilisation du séquenceur, le mixage et les manipulations des sons. « L’Homo flipper » (Era pas de faire) expose sa technique : des voix y sont totalement déformées dans une courte introduction (une montée vers le registre aigu), avant de laisser la place à une déclamation très rapide, en duo, en alternance avec des bruits de bouche qui rappellent les bruits du flipper. Le travail musical des Fabulous trobadors est inséparable du travail du son. Ces deux dimensions se retrouvent dans les concerts et, bien entendu, dans les enregistrements. Dans les fêtes de rue, l’aspect musical reste limité à la voix et aux percussions.
20Les compositions des Fabulous trobadors reposent donc sur des textes créatifs, en français ou en occitan, et des musiques dynamiques, tous deux destinés à un contexte festif. L’occitan est minoritaire dans les productions. Il présente l’avantage d’être proche par ses sonorités de l’autre modèle littéraire et musical du groupe, la poésie populaire du Nordeste brésilien. La reprise des poèmes des poètes-musiciens du Moyen Âge reste alors exceptionnelle. La référence aux troubadours sert d’aiguillon pour créer une nouvelle poésie populaire destinée à réinventer le quotidien en s’adaptant aux contextes urbains. Les auditeurs doivent s’emparer de certains titres et les réinventer. On peut maintenant se demander si d’autres groupes utilisant la langue d’oc ont la même démarche.
Un élément identitaire
21Les Fabulous trobadors ne représentent en effet qu’une branche des musiciens qui utilisent la langue occitane. Selon Elisabeth Cestor, cinq catégories peuvent être définies dans les musiques provençales de la fin du xxe siècle : les musiciens ayant participé à l’essor des mouvements régionaux des années 1960 (comme Jan-Mari Carlotti ou Patrick Vaillant), les créateurs s’étant émancipés du folklore (comme Patrice Conte), les musiciens « locaux » laudateurs du patrimoine traditionnel (Zéphirin Castellon, le groupe Corou de Berra, Jean-Bernard Plantevin), les compositeurs tournés vers la langue d’oc à la suite d’autres pratiques musicales (comme P. Vaillant, Céline Magrini ou J.-M. Carlotti) et les musiciens de la nouvelle génération urbaine16. Ce courant est composé de groupes de musiques actuelles (rap, raggamuffin, musiques électroniques, musiques du monde). On y retrouve notamment Massilia Sound System et les formations créées par ses membres (Moussu T. e lei jovents, Gari Grèu), Manu Théron (Gacha Empega et Lo Còr de la Plana), Sam Karpiéna (Dupain) et Nux Vomica ; les Fabulous trobadors sont bien entendu rattachés à ce courant. Si les groupes de Manu Théron et de Sam Karpiéna ne s’expriment qu’en occitan, comme la plupart des musiciens des autres courants, Nux Vomica (groupe de Nice), Massilia Sound System et les Fabulous trobadors utilisent aussi le français.
22La pratique de la langue d’oc ne débouche pourtant pas sur une présence très visible des troubadours dans des productions qui ont des thèmes variés. Celles-ci sont marquées par la description du quotidien des auditeurs, par l’évocation de problèmes politiques, par l’affirmation identitaire et par la place importante donnée à la musique, vecteur de la fête. Lorsqu’il est fait référence aux poètes médiévaux de l’Occitanie les productions donnent lieu à des transformations majeures, comme le montrent par exemple les albums de Massilia Sound System. Créé en 1984 à Marseille, ce groupe a connaissance très tôt des œuvres des troubadours. L’un de ses fondateurs, François Ridel dit ‘Tatou’, est familiarisé depuis sa jeunesse avec leurs poèmes. C’est cependant la musique jamaïcaine qui va permettre de constituer ‘Massilia’, et non la recherche d’une nouvelle poésie populaire17. Les rythmes issus du reggae et surtout du raggamuffin, courant de la musique jamaïcaine qui n’utilise pas d’instruments mais des boîtes à rythme et la manipulation de disques au sein des sound systems (sonos ambulantes), vont être déterminants. Mi-parlée mi-chantée, la voix est déclamée sur une cellule rythmique créée par des samples (échantillons) de batterie et de basse où les accents sont placés à contretemps. On nomme rub-a-dub ce style musical. Cette disposition crée un balancement caractéristique qui déclenche la danse, même si celle-ci ne se réduit le plus souvent qu’à une ondulation corporelle. Ce rythme entraînant s’accorde fréquemment avec des thèmes festifs. Il reste présent dans bien d’autres titres, comme la célébration en français et en occitan d’une identité marseillaise ouverte sur le monde et des thèmes sociaux, ou politiques. Ainsi « Ma ville tremble » dénonce le racisme et la montée du Front national (cassette Rude et souple, 1988). La danse est l’élément clé des productions du Massilia Sound System. Elle subvertit leur écriture poétique. Un dialogue entre les Fabulous Trobadors et les membres du groupe dans le bulletin Linha Imaginòt souligne son importance18 :
Tatou (MSS) : Ce qui nous a flashé dans le reggae, c’est aussi le rapport entre la danse et la portée des paroles. On pouvait dire des choses sur une musique de danse, à l’opposé des chanteurs engagés français et d’un autre côté à l’opposé de la danse futile… Nous, on invite à danser sérieux… […]
C. Sicre (FT) : Nous aussi on cherchait une forme pour pouvoir placer des paroles d’actualité, mais sur une musique qui devait être à la fois primitive et moderne en puissance…
23Comment se manifeste alors la relation aux troubadours chez Massilia Sound System ? La rencontre des Fabulous trobadors en 1987 est décisive pour leur redécouverte. Le groupe de Toulouse accroît l’intérêt des Marseillais pour la langue occitane. Il leur fait découvrir les idées de F. Castan et souligne la pertinence des chansons des troubadours. En 1990 dans l’un des premiers albums, Vive le PIIM19 !, publié encore sous forme de cassette, Tatou adapte « A la doçor » (À la douceur du temps nouveau), poème de Guillaume IX d’Aquitaine écrit à la fin du xie siècle. Les paroles sont cependant totalement transformées. Elles actualisent le poème et invitent explicitement à danser20. On trouve en outre un sample de chanson de troubadour (non précisée) dans un autre titre, « La façon », qui se termine par une allusion aux poètes du Moyen Âge. Des citations similaires d’échantillons de disques sont également présentes dans un morceau qui sert d’introduction au premier album CD de Massilia, Parla patois (1992), « Ara lo trobar e dins la dansa ». Ce titre, qu’on peut traduire par « Maintenant l’art des troubadours est dans la danse », indique très clairement la mutation opérée par le groupe marseillais. La poésie des troubadours, lorsqu’elle est citée, est adaptée au rythme musical et intégrée aux autres sources d’inspiration issues de productions ou d’expressions populaires, de musiques du monde, ou du langage parlé dans la rue. En français les paroles sont fondées sur une langue qui comprend de nombreux termes marseillais. Elles constituent un marqueur d’identité.
24Le second CD de Massilia Sound System, Chourmo (1993), permet au groupe de créer un mode d’expression qui réunit l’expression poétique occitane et les rythmes jamaïcains, le trobar-muffin. Les paroles d’un titre de l’album, « Lo trobar reven21 » (l’art des troubadours revient) l’affirment :
Sirventés per cridar ò cançon per calinhar
Que lei pensaments totei son dins lo trobar
Sirventés ò cançon sai pas çò qu’aquò serà
Mai quora ven lo riddim mi fau totjorn charrar
Siáu joglar, ragga la mieuna rota se ditz trobar22 […]
25Le début de ce titre invite à danser et à sauter. Cette introduction laisse place à un rythme répétitif et lancinant qui est omniprésent, sur des samples de batterie et de basse. La déclamation se fait sur un tempo rapide. Les paroles sont déployées sur trois formules intonatives peu étendues, chacune comportant quatre mesures. Le refrain est largement répété. L’appel au trobar et à l’invention poétique est totalement dominé par le rythme de danse : « Trobar mène le cœur, trobar mène la cadence, trobar mène la course de mon couplet sur le riddim » dit d’ailleurs clairement le texte. Cette inféodation à la musique établit une vraie différence avec les productions des Fabulous trobadors, qui privilégiaient les jeux poétiques. Elle s’inscrit néanmoins au sein de la mouvance de la Linha Imaginòt. Un autre titre de Chourmo chanté en français, « Trobador », affirme la force du mouvement anti centraliste sur ce type de rythme. Le refrain, sur des paroles hélas conventionnelles, transforme le sens du mot troubadour. Il ne s’agit plus d’un poète mais d’un acteur du mouvement raggamuffin qui doit dynamiser les posse, c’est-à-dire les passionnés :
Troubadour, chante pour l’amour
Troubadour chante aussi la vie
Troubadour, chante pour l’amour
Troubadour fais bouléguer tous les posse23
26Un dernier titre, « Tribute to Peire Vidal » (Hommage à P. Vidal), est plus original. Sur un rythme constant, il fait alterner des passages chantés par deux membres du groupe et la voix de l’écrivain occitan Yves Rouquette (1936- 2015), qui narre la vie du troubadour toulousain amoureux d’une noble dame sur un échantillon d’une musique d’un album du Clemencic Consort, publié en 1977 (Troubadours). Les paroles célèbrent le poète et intègrent deux vers d’une chanson de Vidal – indiqués ici par un astérisque – « Tart mi veiran mei amic en Tolzan » :
Bolega-ti, bolega-ti ben ragga, sas
Dins la dança reven lo trobar
Bolega-ti, bolega-ti ben ragga, sas
Pica, pica, l’ora de calinhar
A Na Loba dona quar no.us remir*
Dels heulhs vos plor e del cor vos sospir*
Fabulous per cantar l’amor
Peire Vidal foguèt un famós trobador
Dins la vila de Marselha e dins l’Euròpa tota (sic)
Andava (sic) de’n pertot, per cantar la Loba24
27L’hommage fait de Vidal un précurseur. Le groupe laisse cependant une place réduite à l’évocation de l’amour, ce qui l’éloigne de nombreux thèmes chantés par les troubadours. Ce contraste entre des passages parlés et des airs de danse, entre des paroles invitant à la fête et des vers célébrant l’amour, a un statut expérimental. Ce type de titre ne sera plus renouvelé ensuite. Les albums suivants de Massilia Sound System ne se réfèrent qu’épisodiquement aux troubadours. Une autre chanson de Guillaume IX, « Farai chansoneta nueva », inspire « Cansoneta farai » (je ferai une chanson) dans l’album Aïollywood (1997). Elle manifeste le rejet du Front national, victorieux aux élections municipales dans quatre villes de Provence en 199525. Dans l’album suivant, 3968CR13 (2000), le groupe adapte « Doça Amiga » (Douce amie), poème de Peire Rogier, datant du xiiie siècle, sur une mélodie du Nordeste brésilien accompagnée d’une basse, d’un accordéon et de samples de journaux radiodiffusés. Enfin, dans Occitanista (2002), Massilia Sound System évoque les jongleurs du Moyen Âge au cours de la chanson « Joglars (Nos Fau Cantat Tot Aquò » (Jongleurs – il faut qu’on chante tout ça) :
Lo menaire va menar
Dau moteur es a l’escota
Son camion fa sa fiertat
Es ben lo rei de la rota
Es jamai a pataiar
Si mesfisa deis autòs
E naustrei paurei joglars
Nuech e jorn siam a canta to aquò26 […]
28Les chansons des troubadours ne sont pas considérées comme un modèle mais comme une référence identitaire. C’est l’esprit de leur recherche poétique qui concerne avant tout le groupe, et non leurs poèmes. Ceux-ci restent pourtant dignes d’intérêt, non seulement pour les membres de Massilia mais pour d’autres musiciens, même s’ils privilégient les créations populaires en langue d’oc. Le concert évoqué au début de ce texte et donné par Manu Théron, musicien passionné par les métissages et la poésie populaire, le démontre.
29La présence des troubadours est donc limitée, mais réelle, dans les musiques actuelles. Elle s’inscrit dans une forme de revivalisme musical qui intègre des éléments de la culture traditionnelle occidentale dans des productions porteuses des rythmes du monde. On peut regretter que ces musiques mettent rarement en valeur les apports poétiques des troubadours. Elles sont conditionnées par les stratégies des groupes et des musiciens, tenus de s’adresser à des publics souvent jeunes sur des rythmes festifs, et non par la volonté de faire absolument connaître leurs chansons. Les musiques populaires modernes mettent l’accent sur les processus créateurs des troubadours. Elles ne révèlent qu’une partie de leur richesse.
Notes de bas de page
1 F. Philippe, « Manu Théron en bonne compagnie pour de nouvelles aventures », La Provence, 20 octobre 2013.
2 Ange B. s’est produit seul sous le nom de Bouducon production de 1989 à 1993 et a publié un album éponyme (1992).
3 Claude Sicre, Vive l’AméricKe !, Montauban, Publisud - ADDA 82, 1988, p. 24. Cet ouvrage présente en annexe plusieurs « blues paysans » en occitan, p. 97-103. L’un d’eux « Ai ! Que lo babau me pica » (Ah, que le sexe me démange !) figure dans le premier album, Era pas de faire (1992).
4 Jacme Gaudas, Fabulous Stories, Aurillac, Ostai del libre, 1995, p. 16.
5 Claude Sicre, op. cit., p. 58.
6 Jean-Paul Besset, « Claude Sicre, stimulant occitan », Le Monde, 8 août 2003.
7 Jacme Gaudas, op. cit., p. 30.
8 Ibid., p. 40-42.
9 « Chacun à leur tour, les “invités” (ceux qui veulent chanter) s’approchent de la personne dont c’est l’anniversaire. Ils chantent la première partie du premier couplet. S’il y a des instruments, ils sont tus (ou tiennent un accord) mais en aucun cas ne marquent la mesure. Il faut laisser libre le chanteur qui prend le temps de réfléchir à ce qu’il va dire. […] Pour une improvisation réussie il faut : 1) respecter la formule des vers : premier vers rimant avec le prénom, deuxième et troisième vers avec “aire”, quatrième avec “en” ; 2) essayer d’inventer selon la forme “deux premiers vers : présentation de l’idée/ troisième vers : transition/ Quatrième vers : chute”. […] » Fabulous trobadors, Duels de tchatche - Livret, p. 16, CD Tôt ou tard 8345 18513 2, distribution Warner Music, 2003.
10 « Si tu te fais », livret du CD Duels de tchatche, op. cit., p. 4.
11 Sambre et Meuse est une chanson patriotique, créée en 1870, qui exalte l’ardeur guerrière d’un régiment des armées de la Révolution française.
12 Cf. Jean-Marie Jacono, « Pour une analyse des chansons de rap », Musurgia, vol. V, n° 2, 1998, p. 65-75.
13 Jacme Gaudas, « Pour savoir ce qu’il faut », Ma ville est le plus beau park, CD Philips 526 916-2, 1995.
14 Comme dans l’album Ma ville est le plus beau park (indications du livret du CD).
15 Livret du CD Ma ville est le plus beau park, op. cit.
16 Elisabeth Cestor, Les musiques particularistes – Chanter la langue d’oc en Provence à la fin du xxe siècle, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 96.
17 Camille Martel, Massilia Sound System – La façon de Marseille, Marseille, Le mot et le reste, 2014, p. 10.
18 « The Fabulous Massilia », Linha imaginòt, novembre 1990, p. 4.
19 PIIM signifie « parti indépendantiste internationaliste marseillais ».
20 Citons-en seulement un vers : « Fau estre fracà dins la dancehall tota la nuech » (Il faut être déchaîné dans le dance hall toute la nuit), cf. Camille Martel, op. cit., p. 110-111.
21 Ce titre était déjà présent, avec « Trobar dub », dans Violent, maxi CD publié en octobre 1992 par la maison Bondage, cf. Camille Martel, op. cit., p. 149.
22 « Sirventes pour crier ou chanson pour draguer – Car tous les sentiments sont dans le trobar – Sirventes ou chanson ? je sais pas ce que ça sera – Mais, quand vient le riddim il faut que je tchatche – Je suis jongleur, ragga, ma voie s’appelle le trobar […]. Textes issus de Chourmo, Cassette Roker Promocion 10, 564365, WM 218 (1993).
23 « Trobador », Chourmo, ibid. Le terme bouléguer signifie « remuer ».
24 Remue-toi, remue-toi bien ragga, tu sais – Dans la danse revient le trobar – Remue-toi, remue-toi bien ragga, tu sais – L’heure a sonné pour se câliner – Ah, Loba quand je ne peux pas vous contempler – Des yeux je vous pleure et du cœur je soupire – Fabuleux pour chanter l’amour – Peire Vidal a été un fameux troubadour – Dans la ville de Marseille et dans toute l’Europe - Il s’en allait partout, pour chanter Na Loba. Cf. Camille Martel, Massilia Sound System, op. cit., p. 178-179.
25 Ibid., p. 265.
26 « Le conducteur conduit – À l’écoute de son moteur - Son camion c’est sa fierté – Il est le roi de la route – Il ne rêvasse jamais – Il se méfie des voitures – Et nous pauvres jongleurs – De jour et de nuit on chante tout ça ». ibid., p. 333-334.
Auteur
Maître de conférences en musicologie à l’université d’Aix-Marseille (laboratoire LESA). Ses travaux, dans le champ de la sociologie de la musique, ont été consacrés à la musique russe (thèse de doctorat sur l’opéra Boris Godounov de Moussorgski) mais aussi aux musiques populaires modernes (chanson et rap). Premier musicologue à avoir étudié le rap en France, Jean-Marie Jacono a rédigé de nombreux articles sur le rap marseillais et le groupe IAM. Il est cofondateur, avec Perle Abbrugiati et Joël July du réseau international « Chanson : les ondes du monde » et de la collection Chants Sons (Presses universitaires de Provence). Il a par ailleurs publié en 2015, en co-direction avec Lionel Pons, Henri Tomasi : du lyrisme méditerranéen à la conscience révoltée, Aix-en-Provence, PUP, 564 p., 2015.
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