Les réseaux de sociabilité d’Antoine Peint
p. 62-88
Texte intégral
1Nous tenterons de rendre compte de ceux-ci de manière concentrique et chronologique : le premier cercle d’abord, celui de la famille que nous révèlent essentiellement les premières notices qui sont aussi les premières dans le temps relatées par l’auteur, puis
« l’entourage », le deuxième cercle, l’ensemble des fréquentations régulières, alliés et amis enfin « l’environnement » (troisième cercle) qui regroupe le reste des relations possibles d’ego, permanentes ou occasionnelles, voisinage, liens professionnels, rencontres fortuites205.
Le premier cercle de sociabilité : la famille
2Le cercle familial a déjà été évoqué plus haut. Nous ajouterons seulement que, contrairement à d’autres livres de raison, la famille nucléaire ne fait l’objet que de peu de notices en raison du court laps de temps sur lequel s’étend l’écrit. En effet, lorsque le livre s’arrête, les enfants ayant entre 19 et 6 ans, l’établissement des cadets n’est pas à l’ordre du jour.
3Bien qu’Antoine Peint ait mis au propre ce qui lui a semblé important sur la période qui précède la tenue régulière de son livre, il ne note pas son mariage ; nous en sommes réduits à utiliser les bribes d’informations contenues dans une notice ou une autre : il s’est marié avant 1565 puisque cette année-là, il fait « acquit » à son beau père, Sire Laurent Vendran, d’une somme que lui remet la pupille de ce dernier206. Son beau-père meurt en 1570 et les naissances des enfants s’égrènent entre 1574 et 1587.
4Dans ce premier cercle, celui de la famille, Antoine Peint livre les noms de ses beaux-parents, Sire Laurent Vendran et « Dono » Catherine Chene, et s’il ne transcrit pas son contrat de mariage, comme cela se fait parfois, les notices relatives aux éléments de la succession de son beau-père laissent entrevoir une aisance non négligeable. Il semble que ce couple n’ait eu que deux enfants vivants au décès du père puisque Antoine ne mentionne qu’une belle-sœur, Barthélémie, à laquelle, au nom de la solidarité familiale, il livre quelques marchandises sans marge, lui donne des boucles d’oreilles ayant appartenu à sa femme décédée207 ; il lui prête parfois quelques écus et note précisemment les dettes qu’elle avait envers sa sœur, la femme d’Antoine, le tout faisant l’objet de cinq notices.
5Les autres composantes de ce premier cercle sont plus difficiles à situer avec certitude : le rédacteur a un oncle Louis Esperon, parrain de son dernier fils, Louis, et qui, à ce titre, lui laisse 50 écus par testament, somme que règlent ses héritiers. Dans son livre de raison, Antoine Peint a noté deux prêts à cet oncle en novembre 1586 pour un total de 300 écus sans que le motif ne figure dans les notices. Un autre oncle Esperon, Anthome208, lui emprunte 141 écus 45 sols pour acheter 63 brebis. Mais c’est avec son beau-frère Lagnel et son cousin Cavalier que le scripteur mélange famille et affaires209.
6Qui est ce beau-frère ? S’agit-il du mari d’une sœur du scripteur ? Cependant, nous n’avons eu connaissance que d’un frère d’Antoine, ménager, marié et père de deux filles ; il est à remarquer qu’aucune notice du livre ne le mentionne, les deux frères ne semblent pas avoir de relations de proximité. Les renseignements fournis par Laurent Bonnemant210 seraient-ils lacunaires ? Autre possibilité que nous avons écartée d’une part parce que Lagnel ne figure pas dans le partage des biens de Laurent Vendran, ce qui n’aurait pas manqué s’il avait été comme Antoine Peint, un gendre, d’autre part en raison des notices qui nous fournissent une certaine sollicitude du rédacteur envers sa belle-sœur et qui nous laisse penser qu’elle n’était pas mariée ; enfin, dans aucune notice concernant l’un ou l’autre, leurs noms n’apparaissent ensemble. Jehanne et Barthélémie Vendranne auraient-elles une sœur, épouse de ce Jacques Lagnel ? Il ne nous a pas été possible de savoir ce qu’il en était. À ce beau-frère donc, le rédacteur prête de l’argent à quatre reprises entre 1589 et 1592, des sommes variant entre 54 et 432 écus. En 1591, nous l’avons vu prédédemment, les comptes sont faits et, pour rembourser les trois créances existant à cette date, se montant globalement à 594 écus, Lagnel cède à Antoine Peint une créance qu’il avait lui-même sur des marchands de Martigues. En 1592, le nouvel emprunt de 216 écus que fait Lagnel s’assortit d’une « hypothèque » sur neuf bœufs. On peut noter aussi que ce beau-frère siège au conseil de ville depuis 1591211, ce qui permet de penser qu’il est probablement ligueur.
7Le cousin Loys Cavalier212 est un partenaire en affaires plus régulier, il n’apparaît dans pas moins de neuf notices : le rédacteur le fait entrer dans plusieurs des compagnies auxquelles il participe lui-même (l’achat et la vente de vermeil, l’achat et le transport de blé à Narbonne, l’achat et la vente de laine ainsi que l’achat et la vente d’esclaves), il lui demande d’effectuer une opération de change pour son compte (36 écus en réaux) ; en tant que trésorier de la Corrèje, Antoine lui fournit 51 écus pour régler un achat de blé ; il lui prête 150 écus pour acheter des porcs et lui fait envoyer, par l’intermédiaire de sa belle sœur Vendrane, un « membre » de mouton à son mas, ce qui nous laisse penser que le lien de parenté, justifiant de l’appellation cousin, vient peut-être de la famille Vendran. En 1590, les comptes faits entre les deux cousins montrent qu’Antoine est débiteur de 250 écus ; quelques mois plus tard, Cavalier appose, à la fin de la notice, sa signature précédée des mots « reçu en saudement ce 18 juin 1591 la susdite somme ». Nous rappelons ici le rôle juridique que peut jouer un livre de raison qui, en cas de litige, peut être examiné « avec soin par les magistrats et on lui applique en quelque sorte la législation en vigueur pour les livres du commerce213 ». Douze notices sont ainsi signées à partir de 1590, dont 7 en 1592. Enfin, ce cousin Cavalier est témoin en février 1593 du prêt de 80 livres que consent le scripteur à Monsieur Valeriola214.
8Deux autres cousins font l’objet chacun d’une notice : Brusson Cappeau et Louis Gras de Tarascon215 mais nous n’avons pas trouvé le lien de parenté qui les reliait au scripteur.
Le deuxième cercle de sociabilité : les « compères »
9Un terme revenant souvent sous la plume du rédacteur, le mot compère, précédant le nom de certains des personnages avec lesquels il traite des affaires, remplaçant ainsi les usuels Sire ou « Monsr », nous a intriguée. Les dictionnaires consultés nous ont renvoyée à la notion de compagnon, de complice, d’amitié, tout en proposant aussi celle de compaternité sur laquelle nous nous sommes penchée216. Sur les 300 noms différents mentionnés pour un motif ou un autre dans le livre d’Antoine Peint, 44 sont qualifiés de compères et 7 de commères. Si nous nous limitons aux personnages qui traitent des affaires avec Antoine Peint ou qui sont par lui employés, omettant le premier cercle, il reste 263 noms différents ; les membres de ce second cercle représentent alors près de 20 % des partenaires du scripteur.
10La parenté spirituelle, lorsqu’elle est choisie hors du cercle familial, est très révélatrice des liens d’amitié ; elle peut être aussi un moyen d’en tisser avec une frange sociale à laquelle, dans son désir d’ascension, la famille aspire. Afin de cerner ce second réseau de sociabilité, nous interrogerons, dans un premier temps, les baptêmes, ceux de enfants d’Antoine Peint mais aussi ceux que les registres de la paroisse Saint-Julien, dans laquelle habite la famille, ont permis de découvrir. Il est bien évident que nous ne pouvons prétendre à l’exhaustivité, car, d’une part, nous n’avons pas fait remonter notre consultation du registre avant 1574 et que d’autre part, Antoine et sa femme ont pu être sollicités pour des baptêmes hors de la paroisse.
11Nous n’avons pas été surprise de retrouver les parrains et les époux des marraines des enfants d’Antoine Peint choisis hors du milieu familial en bonne place parmi ses partenaires en affaires et parmi ceux qu’il appelle « compères ». Dans le diagramme ci-après, on les retrouve à l’origine de chacune des flèches rouges et bleues (rouges pour les parrains, bleues pour les marraines) partant du couple central que forment Antoine Peint et son épouse.
12Ainsi le fustier Jacques Gues, époux de la marraine de Gaucher, est l’un des six personnages à participer au partage des biens meubles et immeubles entre la femme d’Antoine et sa sœur, au décès de leur père. Toutefois, il ne paraît plus ensuite dans le livre ; il en est de même pour le parrain de Philip Peint, le procureur Fulconis, qui n’est pas désigné par le terme compère et l’on peut penser, au vu de sa profession, que le rédacteur a recherché par ce choix le prestige de la relation plus que la proximité ; il est possible aussi que cette relation n’ait pu se développer par la suite en raison d’événements personnels ou d’orientations politiques divergentes, mais ce n’est que pure conjecture car les sources n’ont pas permis de connaître les positions de Fulconis pendant la Ligue. Par contre, en 1578, Barthelemie dont la marraine est sa tante maternelle, a pour parrain Jehan Monfort qualifié de bourgeois ; celui-ci, ménager en 1573 lors du partage, entre lui et son frère Maurice, des biens de leur père, laboureur d’Arles, est rentier du mas de Monsieur de Beaumont (Antoine d’Arlatan) dans lequel la femme et les deux fils d’Antoine Peint vont se réfugier pendant l’épisode pesteux que connut la ville entre la fin 1579 et 1580. Les liens d’affaires tissés entre les deux hommes sont anciens puisqu’en 1574 déjà ils étaient associés dans une compagnie visant au commerce d’huile puis, deux ans plus tard, Antoine associe son « compère » à la ferme des gabelles ; ces relations sont nombreuses car le livre de raison d’Antoine Peint mentionne 15 fois son nom. Jehan Monfort n’hésite pas à lui emprunter des sommes parfois très modestes liées à la vie de tous les jours : 45 sols pour des dettes de jeu, 2 florins 1s pour une dinde, 6 florins 3s pour du pain, 26 écus pour un achat de vin ou encore 4 livres 10s en 1592 pour payer les moissonneurs. Ligueur, Jehan Monfort entre au conseil en 1589, profitant de l’ouverture du conseil de ville, que permettent l’arrivée au pouvoir du parti de Pierre Biord et l’exil consécutif de plusieurs membres de l’oligarchie, jusque là à la tête de la ville. Élu estimateur bourgeois en 1591, Jehan Monfort, fidèle du lieutenant217, participe à la seconde phase de la Ligue entre 1592 et 1594, en tant que membre actif du conseil de ville comme le prouve sa présence aux différents conseils ; il atteint le consulat en 1595-1596 avec Jacques Romieu, le beau-père de son neveu Guillaume Monfort.
13Nicolas Granier, garde en la lieutenance des ports – ce qui lui vaut l’appellation de Garde sous la plume du rédacteur –, aussi surnommé Royron sans que l’explication de ce surnom ait pu être élucidée, est le parrain d’Anne Peint en 1582, la marraine de celle-ci étant la femme de Jacques Romieu cité ci-avant. Il est aussi lié aussi à la famille Monfort, puisqu’il est le parrain d’une fille de Jehan Monfort en 1587. Dans le livre d’Antoine Peint, il apparaît dans 7 notices : en 1584, il est associé à l’achat d’une barque avec Jehan Thomas218, Anthoine Brunel et le scripteur ; en 1587, il est aussi partie prenante avec le même Anthoine Brunel, Christol Pillier et le broquier Anthoine Rasclet, dans la grosse affaire (2 646 écus) que constitue l’achat puis le négoce de l’important radeau de bois mentionné plus haut. Deux ans plus tard, en 1589, il fait partie de la compagnie montée pour transporter de la farine à Martigues privée de ses moulins par les gens de Monsieur de la Valette. Après un emprunt important de 700 écus en 1591, il achète à Antoine des matériaux pour son moulin, du fer pour faire une platine et de la « cotonine » pour faire des voiles, ce en 1591 et dans la toute fin de 1592. Ses opinions politiques, par contre restent inconnues. Garde à la lieutenance des ports, il pourrait jouer un rôle dans le drame qui déchire la ville entre 1588 et 1594 et quelques indices, comme sa compaternité avec le ligueur Jehan Monfort, son partenariat en affaires avec l’autre ligueur qu’est Christol Pillier219, avec Jehan Thomas ou même le broquier Anthoine Rasclet qui est contrôleur des mesures en 1590220, laissent supposer qu’il se situe probablement du côté ligueur.
14Parrain de Catherine, avec la femme de Christol Pillier comme marraine, Monsieur Jehan Testoris n’est pas un « compère » d’Antoine Peint, mais il joue un rôle non négligeable dans la vie de sa famille. En effet, comme signalé plus haut, on ne peut douter que ce soit au nom de cette compaternité qu’Antoine obtient que son fils aîné, âgé de seulement 17 ans, accompagne les délégués de la ville d’Arles aux États généraux de Reims convoqués par le duc de Mayenne. Testoris est qualifié d’écuyer et appelé alternativement Texier et Textoris dans le registre des délibérations lors de la tenue du conseil de ville du 2 décembre 1591 en présence des quatre consuls, Nicolas de la Rivière, François du Port pour les nobles, Jean Gros dit Boussicaud et Gérard Chivalier pour les bourgeois, consuls nommés lors du coup de force le 25 mars 1591. Maître Gaspard Chalot, docteur en droit et lui, tous deux conseillers nobles, sont mandatés aux États221 pour « assister et deputer en iceux les affaires de cette communauté, aux despens d’icelle et a ces fins lesdits consuls leur passeront procuration et dresseront amples memoires222 ». Il convient alors de penser qu’Antoine Peint est dans la clientèle de ces notables ligueurs que sont les deux députés223. En mars 1594, ils figurent toujours dans la liste des 14 ligueurs nobles que compte le conseil du 25 mars, dressée par Bruno Bourjac ; celui-ci ajoute que, selon le mémorialiste Robert de Chiavary, le consul Nicolas Jean, ligueur modéré, aurait tenté d’approcher Antoine Giraud dit Couque qui tenait le château du Baron pour essayer d’obtenir sa reddition, « au clos du sieur Testoris » ; il est donc possible que ce dernier soit resté un ligueur radical dans cette phase ultime de la Ligue arlésienne.
15Antoine Peint est parrain d’enfants des « compères » Jehan Aubert, Geoffrey Morel, Gabriel de Lavabre, Reymond Auphant mais aussi du notaire Marc Agard qui n’est pas appelé « compère » et réciproquement, d’autres « compères » ne figurent pas sur ce diagramme. Donc soit celui-ci est incomplet, ce qui est vraisemblable puisqu’il ne tient compte que des baptêmes célébrés à Saint-Julien, soit le terme « compère » sous-tend, outre la compaternité, d’autres composantes que sont des relations fréquentes, des affinités sociales, l’amitié ou le compagnonage, la pratique d’affaires satisfaisantes pour les parties, une éthique de vie comparable. Bruno Bourjac224, évoquant le lien entre le lieutenant Biord et le notaire Vincent Aubert, parle de complicité ; il traduit cette notion par l’expression « homme de Biord », mettant en évidence les idées de clientélisme et de charisme qui attachent des hommes à d’autres de manières différentes mais parfois complémentaires. Les « compères » d’Antoine Peint sont, pour une part, comme lui, des gens venus d’un milieu modeste, ménagers, artisans, marchands, enrichis par les affaires commerciales, tout particulièrement le commerce maritime autour de l’exportation des denrées du cru, le blé surtout, qui se développent fortement xvie siècle et particulièrement dans la conjoncture pourtant difficile de la Ligue. Antoine fait partie de ces affairistes qui veulent, dans le dernier tiers du xvie siècle, profiter de la conjoncture pour accéder au gouvernement de la ville et qui y arrivent. Si la période ligueuse de 1589 à 1592 s’appuie sur l’oligarchie urbaine favorable à ses idées, la faction plus radicale s’engouffre dans les places laissés vides par les royalistes contraints à l’exil et elle favorise l’ouverture du conseil aux milieux plus modestes ; après la disparition des ses deux chefs assassinés en mars 1592, elle n’entend pas laisser la place et garde le contrôle du gouvernement de la ville entre 1592 et 1594. Cernée de tous côtés par les troupes ralliées à Henri IV après son abjuration, étranglée par un endettement impossible à maîtriser, dans l’incapacité de trouver de nouveaux prêteurs, la ville cède en octobre 1595. Le retour à la normale ne se fait pas sans heurts, mais la volonté d’oubli qui anime la ville aux mains de ligueurs modérés ralliés et de royalistes rentrés d’exil, évite la « chasse aux sorcières » et les hommes en place, tout au moins ceux qui étaient déjà conseillers avant 1589 donc membres de l’oligarchie qui menait alors la ville, demeurent à leur siège. Ainsi c’est le cas des conseillers ligueurs Gaspard Chalot ou Jehan Montfort qui sont toujours au conseil après 1595 et le restent jusqu’à leur mort ; après celle-ci, Jean Monfort succède à son père en 1613 et Trophime Chalot au sien en 1627225.
16Comme le résume le tableau qui suit (en annexes, le tableau VI est plus détaillé), les « compères » d’Antoine Peint sont hommes de métiers, boulanger, aubergistes, ménager, couturier ou fustiers mais aussi notaires, marchands, chirurgien, apothicaire ou bourgeois et la parenté spirituelle y joue un rôle non négligeable puisque 13 au moins des 43 « compères », soit 30 % d’entre eux, ont un tel lien avec Antoine Peint ou sa femme.
17Comme l’écrit Sylvie Mouysset, « l’argent prend un sens particulier, il est le nerf de l’amitié, révélateur du sentiment qui attache le scripteur à autrui226 ». C’est probablement ainsi que l’on peut penser ses relations avec le boulanger Honnorat Antheaume, les ménagers François Gaiges et Reymond Auphant et l’aubergiste Balthazard Grognard, relations qui s’étalent entre 1588 et la fin 1592, voire le début de 1593. Antoine Peint prête au premier essentiellement pour acheter du blé mais aussi pour acquérir une maison avec un four ; le second lui achète un âne, lui vend du blé, lui emprunte de quoi payer ses serviteurs. Le ménager Auphant fait différents emprunts au scripteur dont un pour reconstituer son cheptel qui lui a été volé par les Huguenots en avril 1592 ; en outre, il lui vend du blé et lui achète de l’avoine. Enfin, l’aubergiste Grognard, on s’en doute, emprunte de l’argent pour acheter du vin mais aussi lui vend du seigle et lui achète du blé. La familiarité d’Antoine Peint avec eux se traduit par exemple, par le prêt d’une arquebuse à ce dernier, par le service que Gaiges lui rend en abritant avec ses bêtes en Camargue un cheval en attendant qu’Antoine le vende mais aussi par le fait que les familles de ces « compères » ne sont pas inconnues du rédacteur : ainsi, il note qu’Antheaume emprunte 80 écus pour son fils227 en octobre 1592, que Gaiges est le gendre d’un autre de ses clients, que c’est la femme d’Auphant qui vient chercher les 20 écus empruntés pour l’achat de bétail. Nous pouvons noter que les femmes ne sont d’ailleurs pas absentes des notices : sept « commères » sont mentionnées dont la femme de Jehan Davignon qui devait un petit peu de farine à la défunte femme d’Antoine Peint et celle de Daniel Laugier qui emprunte la somme de 100 écus en avril 1592 pour une femme dont le nom n’est pas dévoilé. Une autre fait un emprunt à la toute fin 1591, pour payer les dettes de son mari ; Marguerite est locataire de la petite maison en 1590 et 1591 et les autres ont besoin d’argent pour divers achats.
18Le nombre d’occurrences, figurant dans le tableau ci-dessous, fait ressortir Simon Loys, le notaire auquel Antoine Peint fait appel de manière très fréquente pour ses affaires ; il instrumente pour lui deux fois sur trois : cité comme notaire de la transaction à 35 reprises, il l’est comme « compère » trois fois, à l’occasion d’emprunts qu’il fait auprès d’Antoine Peint. Lui aussi est lié par des parentés spirituelles au même groupe que ce dernier : ainsi, l’une de ses filles a pour parrain Guillaume Monfort, une autre, Jehan Textoris, la marraine étant la femme de Nicolas de Valleriole, docteur en médecine, qui apparaît comme débiteur du scripteur dans la dernière notice du livre en février 1593.
19Simon Loys est cousin de Simon Nicolas qui siège au conseil de ville et est consul bourgeois en 1582, puis en 1589 avec Nicolas de la Rivière. Avec le notaire Noël Verdier, comme lui « compère » d’Antoine Peint, Simon Loys se trouve à Salon en mars 1588228 ; tous deux faisaient-ils partie de la députation que la ville avait alors envoyée à l’assemblée des communautés ? À la lecture des termes employés par le rédacteur, on peut même se demander si le scripteur n’était pas aussi sur les lieux : « le 24 mars ay prestat au compere Simeon Loys dans le logis du Cheval Blanc a Salon 15 écus d’or et un teston pour payer un cheval qu’il avoit achepte au trompette de Monsr de la Valette » et « ay prestat le mesme jour a Me Noël Verdier 35 sous pour despence fete au susdit logis229 ».
20Bernard de Nogaret, sieur de la Valettte, commandant les royalistes modérés, désignés par les ligueurs par le terme méprisant de « bigarrats », se tenait à Salon d’où il lançait des opérations contre les villes ligueuses ; le livre d’Antoine Peint met en lumière la situation périlleuse d’Arles, prise entre les troupes de la Valette à l’est et celles de Montmorency à l’ouest : en date de juillet 1589, il mentionne la destruction, par le premier, des moulins de Martigues230 et, en février 1590, la razzia du bétail dont son compère Pierre Toche231 fait les frais. De l’autre côté du Rhône, ce sont les troupes huguenotes de Montmorency qui, au printemps 1590, mettant le blocus sur le port ligueur de Narbonne, contrarient le commerce arlésien232 et saccagent en avril 1592 la Camargue sans oublier d’y voler le bétail233.
21Le notaire, Simon Loys, est aussi le cousin de François de Nicolas duquel Bruno Bourjac, après avoir étudé son livre de raison234, écrit :
la composition de cette clientèle [il s’agit des ligueurs Pierre Toche et Julien Mandrin qui font appel à lui pour des prêts d’argent], ajoutée à la participation de son beau-frère Pierre Mandon235, parmi les catholiques zélés, sa maîtrise des zones d’incertitude liée à la Ligue, sans oublier son appartenance sociale à la basoche, tous ces éléments font qu’il semble qu’on ait sous les yeux le profil type d’un ligueur ou pour le moins d’une personne largement en faveur des idées de la Ligue et qui se sert d’elle pour ses propres intérêts236.
22Ce texte met l’accent sur la difficulté de situer politiquement un certain nombre de personnages : leurs relations et clientèles sont des indices assez fiables mais plus encore l’évolution de leur carrière comme conseillers de la ville (présence et rang) lorsqu’ils le sont, ce qu’a finement étudié Bruno Bourjac. Les informations concernant l’appartenance politique des clients et partenaires commerciaux d’Antoine Peint lui doivent beaucoup. Autre indice utilisé, le jeu des cautions que se donnent mutuellement en affaires des hommes et qui implique loyauté et confiance réciproques entre eux ; l’on peut alors penser que ces hommes proches partagent les mêmes idées. Nous avons pu relever dans le registre des obligations émises par la ville pour le transport des denrées du terroir, par exemple, la caution qu’Antoine Peint apporte au marchand André Picquet de Marseille, ville ligueuse elle aussi ; celle qu’il fournit au marchand Jehan Thomas et celle que ce dernier donne au même Picquet entre septembre et octobre 1587237 ; ceci induit vraisemblablement que ces trois « compères » ont des orientations politiques voisines. Dans le livre de raison, nous trouvons confirmation des liens entre ces hommes puisque Jehan Thomas est, en 1583, caution du rédacteur lorsqu’il prend la ferme des gabelles et qu’il est aussi présent lors de l’emprunt que fait André Picquet à Antoine Peint238.
23Le nom du compère Pierre Bonaud239 revient à 14 reprises dans les notices, non seulement comme acteur direct d’actes financiers ou commerciaux mais aussi comme témoin d’autres affaires, preuve de la confiance mise en lui par le rédacteur. Si la présence d’un témoin diffère d’une caution, elle est probablement prise en compte lors d’un litige au cours duquel le livre de raison peut-être produit devant un magistrat. Les personnes ainsi associées, comme dans le cas d’un cautionnement, sont connues aussi bien du débiteur que du créancier. La présence d’un témoin peut avoir pour but de rassurer le créancier dans le cas où il ne connaît pas le débiteur ou s’il a une certaine méfiance à son égard. Elle peut, et c’est ainsi que nous le comprendrons, dans le cas où le témoin et le débiteur sont tous deux des « compères » d’Antoine Peint, être due à la simple présence conjoncturelle du témoin chez le débiteur, signe de sa familiarité avec lui. Ainsi, le 25 octobre 1592 ont dû se succéder dans la boutique ou la maison du prêteur Antoine Peint, le compère François Gaiges ménager venant emprunter 30 écus qui signe le livre en forme de reconnaissance de dettes, puis le marchand arlésien Rostang Reynaud240, dont c’est la première mention sur le livre et les deux « compères » Pierre Bonaud et Maurice Rey. Ces deux derniers portent témoignage de l’emprunt de 60 écus fait par Reynaud, puis Maurice Rey emprunte, à son tour 30 écus en présence de Pierre Bonaud qui, lui, était peut-être là comme familier, client et ami de la maison.
24En tout, 22 notices indiquent la présence d’un ou plusieurs témoins et quatre d’un « pleige » ; dans l’ensemble de ces 26 notices nous relevons la présence de « compères » à 19 reprises, Pierre Toche241, Daniel Laugier242, Jehan Buffin243, Charles Negre244, Maurice Rey245, Jehan Beuf et Pierre Bonaud qui est cité à sept reprises246. Il est à noter que 12 de ces notices concernent la seconde partie de 1592 et le tout début de 1593, recoupant ce que nous savons sur les difficultés que connaissent la ville et ses habitants, difficultés qui empirent dans la seconde phase ligueuse247. Antoine Peint n’a pas porté témoignage par ses écrits de la fin de la période entre février 1593 et 1595, date à laquelle la ville tant bien que mal se rallie à Henri IV248, mais ce qu’il nous livre à travers des notices de 1592-1593 montre la difficulté croissante pour les habitants et pour la ville de trouver des prêteurs ; l’argent se fait rare en ces temps troublés et Antoine Peint, s’il continue entre mars 1592 et février 1593 ses activités de prêteur, s’entoure de davantage de précautions. Il est possible que lui aussi cesse le prêt ce qui fournirait une explication à l’arrêt de la tenue de son livre le 22 février 1593.
25Jehan Dame et Jehan Gavot sont des marchands, comme nous le confirment les registres d’obligations et ceux de la recette du « 2 % », avec lesquels Antoine Peint s’associe et monte des compagnies commerciales ou assume la ferme des gabelles, de l’impôt sur la viande et de la boucherie elle-même. On ne s’associe pas à des personnes dans lesquelles on n’a pas confiance ; les liens crées par ces associations se reflètent souvent ultérieurement par l’appellation compère. Ainsi, Sire Loys Peyron249, auquel les gabelles sont arrentées en 1576, y associe quatre de ses relations, dont le scripteur et Jehan Thomas ; c’est aussi avec ce dernier qu’Antoine Peint achète une barque en 1584 et commence, la même année, à montrer sa familiarité avec lui en l’appelant « compère ». Pour Loys Peyron, comme pour Gérard Chivalier, Simon Loys, Pierre Toche ou Daniel Laugier, ce degré de proximité n’est perceptible dans le livre qu’en 1588. Pour d’autres, il est plus tardif encore, Jehan Gavot en 1589, Jehan Buffin, Jehan Aubert, Jehan d’Arnaud en 1590, Maurice Rey en 1591 et Jehan Beuf, Gabriel Delavabre, le marchand André Picquet de Marseille, Charles Negre dit Avignon, à l’été 1592.
26Un autre personnage de l’entourage de la famille Nicolas, fait de nombreux emprunts au scripteur, il s’agit de Sire Jehan Robaud bourgeois, époux de Jeanne Nicolas, sœur du François de Nicolas ci-dessus mentionné, et cousine du notaire Simon Loys. Il est d’abord désigné par Sire ou « Monsr » puis, à partir d’avril 1592, Antoine Peint lui donne du « compère »250. Les événements de mars 1592 au cours desquels les deux chefs de la ligue sont assassinés, auraient-ils occasionné une plus grande familiarité entre les deux hommes dans cette période où il est si difficile de trouver de l’argent ?
Tableau Le deuxième cercle de sociabilité d’Antoine Peint : ses « compères »
Nom | Profession | Nombre | Observations |
Antheaume Honorat | Boulanger | 11 | |
Aubert Jehan | 3 | ||
Auphant Reymond | Ménager | 8 | |
Beuf Jehan | 3 | Ligueur radical1 | |
Bonaud Pierre251 | 14 | ||
Brizapan252 | Aubergiste ? | 1 | |
Buffin (Jehan) | Contrôleur à la recette du « 2 % » en 1592 | 3 | Ligueur radical2 |
Chivalier Gérard | Marchand | 5 | Ligueur radical3 |
Dame Jehan253 | Sire, Marchand | 8 | |
Damon Pierre | 3 | ||
Darnaud ou d’Arnaud | Commis à la recette du « 2 % » en 1592 | 4 | Ligueur radical4 |
Delafont Antoni | 1 | ||
Delavabre Gabriel254 | Sire, bourgeois | 3 | Ligueur modéré5 |
Derile | 1 | de Beaucaire | |
Estienne | 1 | ||
Foulhoux Guillaume255 | Maître charpentier | 1 | |
Froment Jehan le Vieux | 3 | ||
Gaige François | Ménager | 11 | |
Gau Antoni | 1 | ||
Gavot Jehan256 | Ménager, marchand | 5 | |
Gouniet Thomas257 | Jardinier | 2 | |
Grognard Balthazard dit Carme258 | Aubergiste | 9 | |
Laugier Daniel ou | Garde pour le roi au bureau d’Arles | 8 | Ligueur6 |
Leydet Étienne259 | Chirurgien | 1 | |
Loys Simon | Notaire | 38 | |
Michel ou Micheau | Fustier | 2 | |
Monfort Guillaume | Ménager, puis bourgeois | 5 | Ligueur ?* |
Montfort Jehan | Ménager, puis bourgeois | 15 | Ligueur7 |
Morel Gerfroict (Geoffroy) | 1 | ||
Negre Charles dit Avignon | Sire | 3 | |
Pestre Jehan | Revendeur | 2 | |
Peyron Loys | Sire, bourgeois, armurier ? | 5 | Ligueur8 |
Picquet André | Sire, marchand de Marseille | 3 | |
Pierre | Hôte du Lion d’Or | 3 | Ligueur ?9 |
Pupan Nicolas | (Probablement terrailhon) | 1 | |
Rey Maurice | Sire, | 6 | Ligueur10 |
Rieus Guillaume260 | Couziaire | 3 | |
Robaud Jehan | Sire, « Monsr » | 11 | |
Royron Nicolas ou Garde Royron ou Granier Nicolas261 | Garde en la lieutenance des ports | 7 | |
Serrier Trophime262 | Apothicaire | 2 | |
Toche Pierre dit le Sage | 7 | Ligueur11 | |
Thomas Jehan | Sire, marchand | 6 | Ligueur ?12 |
Verambon Pons | Probablement patron | 1 | |
Verdier Noël | Notaire | 4 |
27Le tableau ci-dessus doit une bonne partie des informations relatives aux engagements politiques des « compères » d’Antoine Peint à Bruno Bourjac : figurent ceux qui ont été par lui identifiés comme ligueurs. Ainsi les proches, les compagnons ou amis d’Antoine Peint que sont Jehan Buffin receveur de la recette du « 2 % » et son commis Jehan d’Arnaud, Gérard Chivalier ou Jehan Beuf font partie des ligueurs radicaux. Il s’agit de conseillers de la ville dont la date d’entrée au conseil et les fluctuations du rang occupé au sein de celui-ci les situent sans ambiguité, mais pour les autres de simples présomptions, issues de l’existence d’associations commerciales avec des ligueurs, de cautions ou témoignages réciproques laissent soupçonner une sensibilité ligueuse : c’est le cas pour Pierre Bonaud, Loys Peyron, Noël Verdier ou Jehan Aubert, parent du notaire Vincent Aubert, lui, « compère de Biord263 ». Pour nous en tenir aux certitudes, dans ce deuxième cercle de sociabilité d’Antoine Peint, composé des 43 « compères » que nous avons recensés, 10 sont ligueurs soit 23 % et en élargissant le nombre aux « possibles », la fréquence monte à près de 35 %.
28Nombreux, dans l’entourage proche d’Antoine Peint, y compris dans sa propre famille, en la personne de son beau-frère Jacques Lagnel, sont donc les personnages qui se sont engagés dans la Ligue et nous pouvons raisonnablement penser que le rédacteur du livre partageait leurs idées : en effet, il écrit en décembre 1591 que son fils Gaucher part « … pour assister aux États audit Reims à la creation d’un roi tres chretien…264 », rejoignant ainsi la préoccupation principale des ligueurs, la conservation de la foi catholique. Dans sa relation des événements qui conduisirent au meurtre du consul Nicolas de la Rivière, de Monsieur de Riddes commandant les troupes laissées par le duc de Savoie et du capitaine de Monde, Antoine Peint écrit « … de la Rivière sachant qu’il y avoit assemblée persistant dans sa mauvaise intention, accompagné de plusieurs jurant le nom de Dieu contre ceux qui faisaient assemblee…265 ». La mauvaise intention dénoncée est celle de livrer la ville au duc de Savoie et nous pouvons noter la curieuse allusion aux blasphémateurs qui rejoint la critique attribuée par les mémorialistes royalistes aux ligueurs. Antoine Peint nous apparaît ici, à l’égal du mémorialiste ligueur Jean Gertoux266, ne pouvoir accepter la soumission de la couronne française à la Savoie ou à l’Espagne.
Le troisième cercle : les relations plus éloignées ou simplement occasionnelles
29Mais, au delà des deux cercles précédents, les notices nous montrent qu’Antoine Peint fréquente, depuis le début des années 1570 déjà, d’autres personnages qui s’engageront ultérieurement dans la ligue tels Julien Mandrin, Christol Pilier ou le notaire Jehan Bruni. Une unique notice mentionne le premier : il signe, en 1570, le rapport du partage des biens entre sa femme et sa sœur au décès de leur père, Laurens Vendran. Il n’y a pas d’autres affaires notées entre les deux hommes.
30Le second, outre le fait qu’il est le mari de la marraine de Catherine Peint en 1585, est l’un des associés qui, avec Peint, achètent et commercialisent le radeau qui leur revient à la coquette somme de 2 646 écus, fin 1586 ou début 1587. Là aussi, peu de notices relatives à ce ligueur radical qui entre au conseil en 1592267 et en disparaît en 1594268. En plus des deux précédentes affaires, Christol Pilier emprunte au scripteur neuf écus qu’il doit à André Picquet le marchand Marseille déjà mentionné plus haut ; par ailleurs, en septembre 1589, les consuls, ligueurs269, arrentent pour un an au rédacteur le droit d’impôt sur les viandes des bœufs et des moutons tués à la boucherie pour la somme de 1 430 écus payables comptant et, comme souvent dans ce cas, le rentier principal prend des associés, qui sont Christol Pilier, Jehan Gavot, Jehan Julien et le secrétaire Aubert, c’est-à-dire le notaire Vincent Aubert qui est alors le secrétaire de la commune ; quatre d’entre eux versent chacun 357 écus au trésorier de la ville, Sire Loys Tavernier, alors qu’Aubert ne fournit rien. Est-ce en raison de sa position à la maison commune ? Est-ce parce qu’il a favorisé cet arrentement et qu’il retire ainsi un intérêt de sa médiation ?
31Ceci nous introduit aux relations du scripteur avec le gouvernement de la ville. Nous avons déjà parlé des gabelles auxquelles il est associé en 1576 ; par la suite, à partir de 1580 et jusqu’en 1589, elles lui sont arrentées par la ville mais il est seul, même s’il doit avoir un pleige, à assumer l’arrentement ce qui prouve que ses finances le lui permettent. Les délibérations communales mettent en évidence la difficulté, dès 1591, à trouver un acquéreur à la ferme de la boucherie en raison de la conjoncture trouble ; en septembre de cette année, Jehan Gavot prend la ferme et y associe six autres personnes dont Antoine Peint, mais aussi le boucher Étienne Brunet dit lou Couti et le patron Guillaume Allord, montrant à la fois une plus grande difficulté à rassembler des capitaux et un recrutement plus proche des « métiers ».
32Dans cette période où les denrées sont particulièrement chères et où les biens situés dans les communes voisines sont saisies pour le remboursement des dettes de la cité, Antoine Peint est largement sollicité pour des prêts par les particuliers, mais aussi par les gouvernants de la ville qui font de lourds emprunts. Ainsi, la ville fait appel à lui pour un prêt de 2 139 écus en septembre 1592 ; ses interlocuteurs sont les conseillers ligueurs Jacques Romieu et Nicolas de la Rivière le Vieux, le royaliste Loys Tavernier « et autres » ; l’acte est reçu par maître Bruni, ligueur lui aussi, qui est alors le secrétaire de la communauté. L’urgence de la situation qui se détériore en cette fin d’année, impose de passer par dessus les clivages politiques. En effet, cette période voit la reprise des villes de Cannes et Antibes par les royalistes et la défaite des troupes catholiques de Joinville ; localement, Arles est entourée de villes royalistes, Salon certes mais aussi les Baux et Beaucaire.
33De même, Sire Jehan Ripe – qualifié par l’auteur de « maître de la monnaie » induement puisque le milanais, sujet de Philippe II, agent du duc de Savoie, Jean-Baptiste Lazari a passé le contrat d’arrantement de la monnaie le 15 mai 1591 et est encore en fonction en décembre de la même année et, il y a tout lieu de le croire, encore à la fin 1593270 –, a recours à Antoine Peint le 25 août 1592, et lui emprunte 1 969 écus, somme qu’il s’engage devant trois témoins, dont l’orphèvre Antoine Agard, à rembourser dans huit jours ; le 3 septembre, le rédacteur n’a cependant récupéré que 1 500 écus ! Dans cette période, Antoine Peint reste probablement un des rares vers lequel la municipalité aux abois peut se tourner. Il est possible que cette position de force lui ait assuré, au sein de la cité, une situation privilégiée dont il tirera les bénéfices ultérieurement.
34Nous pouvons remarquer que ces liens ne conduisent pas à la familiarité que nous avons notée pour d’autres ; ainsi le notaire Vincent Aubert, secrétaire de la ville entre 1589 et septembre 1590, qui emprunte à trois reprises de petites sommes, ne devient pas un « compère », antipathie, divergence d’opinions ? La remarque s’applique probablement au notaire Bruni qu’Antoine Peint a assez souvent l’occasion de rencontrer puisque les notices nous livrent 11 occurrences le concernant. Dans le livre, il est le notaire de la transaction à six reprises entre 1585 et 1592 et, en septembre 1592, il se place en tant que client puisqu’il emprunte au rédacteur 425 écus, conjointement avec Jehan Mandrin et Amyel Canat271. Les relations entre les deux hommes, Peint et Bruni, ont probablement eut à souffrir du différent qui les a opposés : en effet, Bruni, héritier du chanoine du même nom, était redevable aux héritiers de la femme de Peint d’une pension sur le prix d’une maison que Laurent Vendran, beau père d’Antoine, avait vendue au chanoine en 1565. Entre 1583 et 1589, cette pension n’ayant pas été versée, Antoine Peint a fait condamner le notaire Bruni à la payer avec les intérêts.
35Parmi ses clients, Antoine rencontre aussi les personnages radicaux de la Ligue que sont le capitaine La Touche et son fils Nicolas dont l’engagement politique marquera la cité arlésienne dans les derniers soubresauts de la Ligue272. Nicolas emprunte au rédacteur de quoi payer un cheval, dette que son père rembourse un an plus tard en 1589 et, en mars et août 1592, ce dernier, qui commande aux Saintes-Maries-de-la-Mer, contacte Antoine Peint pour deux prêts, l’un étant destiné à l’achat de blé dont la ville manque si cruellement.
36Dans ces circonstances, le rédacteur, en tant que prêteur, est en relation, non seulement avec ses pairs mais aussi, de manière occasionnelle, avec des personnages qui lui sont socialement supérieurs : les ligueurs nobles que sont Richard de Sabatier273 et son pleige François Duport font appel à Antoine Peint pour un prêt en 1587, Guillaume d’Antonelle fait de même avec d’autres représentants de la « levaderie274 » pour laquelle ils empruntent au scripteur 700 écus en 1590 mais aussi les royalistes Robert de Chiavary275 et Loys Tavernier qui, eux, sont plus fréquemment en relation avec lui. Nous avons déjà mentionné plus haut le dernier auquel Antoine Peint achète une maison en octobre 1592. Pas moins de sept notices concernent Robert de Chiavary qui, comme mari de la marraine de son dernier fils Loys en 1587, a un lien un peu particulier avec le scripteur, et sa fille Marguerite. Tous deux sont clients du prêteur et lui font des emprunts de l’ordre de 10 à 30 écus entre 1588 et 1591 dont le motif est rarement évoqué, sinon pour une dette envers Monsieur Sabatier ou une somme destinée au fils de Marguerite à Avignon. Une relation suivie donc mais qui paraît strictement verticale entre le client noble et le prêteur, assimilé peut-être à l’usurier ; il faut noter que les royalistes, comme Robert de Chiavary, vivent alors une période difficile qui contraint certains à l’exil mais qui oblige les autres à trouver de l’argent. Les divergences politiques n’empêchent cependant pas Chiavary de s’adresser à Antoine Peint, mais il est vrai que celui-ci, en marchand avisé, n’a probablement pas affiché ouvertement ses sympathies afin de ne pas diviser sa clientèle.
37Comme l’écrit Sylvie Mouysset, le troisième cercle « regroupe le reste des relations du rédacteur, permanentes ou occasionnelles, voisinage, liens professionnels, rencontres fortuites276 ». L’aspect politique mis à part, dans ce cercle, se rencontrent, en effet, plusieurs sortes de relations : occasionnelles ou plus régulières avec ceux que le rédacteur emploie à son service, professionnelles avec ceux qui sont lui associés ponctuellement pour une affaire et ceux que les nécessités de la compagnie formée amènent à faire intervenir, enfin la cohorte de ceux qui ont besoin d’argent dont la relation peut être régulière ou fortuite, de proximité ou venant d’horizons plus lointains, n’oublions pas qu’Arles est un port dont les activités dans cette période très troublée restent soutenues.
Les professionnels à son service
38Parmi ceux que le rédacteur emploie, se trouve en position privilégiée, en termes de place dans le livre – sept occurrences – le fâchier de la famille Peint, c’est-à-dire son fermier. Nous avons vu plus haut qu’Antoine Peint avait à cœur d’agrandir son domaine foncier et c’est à Claude Fain et à son beau-père qu’il en confie l’exploitation. Jusqu’à la vente de la terre du Mouleyrès, près de la chapelle de la Genouillade, en 1590, il semble que Fain s’en soit occupé en même temps que de celle du Trébon qui s’est agrandie peu à peu entre 1579 et 1589. Rentier, Claude Fain doit en échange de l’exploitation dont les frais sont à sa charge, une rente au propriétaire de la terre. Il emprunte à celui-ci pour faire soigner un âne, pour payer les moissonneurs, mais reçoit une partie de la semence en blé pour la terre selon les termes d’un contrat oral ou écrit entre les parties dont le manuscrit ne nous livre pas les termes. Le scripteur écrit avec satisfaction, en complément de cette dernière notice, que le rendement du blé cette année 1591 est « d’ung a neuf et davantaige277 » ; la terre du Trébon porte bien son nom !
39Les travaux entrepris dès 1569 aux maisons que possèdent Antoine Peint et sa femme, font intervenir : un gippier (plâtrier) qui fait une cheminée dans une chambre de la maison qu’habite le rédacteur, un maître maçon, Jehan Rosset, dont les tâches sont longuement détaillées dans quatre notices, la cinquième le concernant étant relative à une cuve (boulhedour) qu’Antoine Peint lui prête probablement pour les vendanges en septembre 1588278 ; Antoine Jonquet est le maître taulissier employé pour couvrir de tuiles les deux maisons, la petite et la grande, et il se charge, en outre, de carreler une chambre et de la blanchir, à la chaux probablement. Le fustier, maître Laurent Tineau, a fait le plancher de la chambre neuve bâtie dans la grande maison ainsi que les portes et les fenêtres nécessaires ; la notice se termine sur ces mots d’Antoine Peint : « … de laquelle somme n’ay poinct d’acquit a occazion que ledit Me Laurens moureut subit et en fezant le solier de la petite maison, touteffois la besougne y est et se voit279 ». Enfin, les serrures sont l’œuvre du maître serrurier, Jacques Turri, et les travaux sont achevés en 1590.
40À ce groupe, appartient aussi le meunier chez lequel Antoine fait moudre du blé ainsi que celui qui assure la cuisson du pain familial, appelé simplement « notre fournier » dont il paie le service une fois par an, à la Toussaint.
41Curieusement, il n’est pas question de domestiques dans la maison sauf d’une chambrière dont le mari, tisserand, emprunte au rédacteur 6 écus, et de la nourrice de son fils aîné Gaucher. Le train de vie d’Antoine Peint ne lui permet peut-être pas encore d’avoir une plus ample domesticité à son service.
Les rencontres liées à son activité de marchand
42Une autre partie de la nébuleuse qui forme le troisième cercle des relations d’Antoine Peint est composée de marchands et de patrons avec lesquels, comme nombre d’Arlésiens dans ce dernier tiers du xvie siècle qui voit une notable reprise les activités portuaires, il se trouve en contact.
43Les patrons Mermet Terrier, François Bonnevie dit lou Mauchin, Pierre Flèche dit Pierron, Antoine Bernard dit Colomb280 sont tous associés à une compagnie ou une autre dans laquelle se trouve le scripteur.
44Tout naturellement, Mermet Terrier, le Mauchin (François Bonnevie) ainsi que Mascaron, qui est probablement le patron Guigues Guérin281, font partie des associés qui, avec Antoine Peint et son cousin Cavalier, achètent et vendent des esclaves en octobre 1590, esclaves qui « sont este prins tant par le compere Vérambon que autres282 » dont on peut penser que ce sont des patrons de navires. Début 1592, Antoine Peint et Mermet Terrier s’associent tous deux pour vendre et livrer à Villefranche, l’unique port du duché de Savoie où se trouvent les galères du duc, du bois à quatre marchands de la Rivière de Gênes.
45Le vendredi 13 mars 1592, jour de l’émeute qui coûta le vie au premier consul Nicolas La Rivière, c’est avec les patrons que Mermet Terrier, le capitaine Antoine Bernard dit Colomb, Pierre Flèche et Barthelemy David que le scripteur monte une compagnie pour commercialiser le radeau qu’il a acheté à un marchand de Digne283, valant 2 366 écus. En juillet de la même année, une autre compagnie pour l’achat et la vente du blé rassemble, autour d’Antoine Peint et de son compère Bonaud, les patrons Terrier, Flèche et Guérin. On peut penser que les patrons se chargeront de transporter le blé et de le négocier au mieux dans un port ou un autre comme cela se fait à cette époque.
46Le scripteur rencontre à nouveau, en septembre 1592, les patrons Terrier et François Bonnevie à l’occasion d’un emprunt que fait le premier pour sa part de la barque martégale qu’ils achètent en commun.
47Enfin, Antoine Peint connaît aussi le patron de Trinquetaille, Guillaume Allord284 qui est, comme lui, associé à la ferme de la boucherie en 1591, tout comme il rencontre divers patrons étrangers tels Luc Gênes de Menton auquel il avance 12 écus pour l’achat de chanvre et de toile ou Jaumet Bonfort de Marseille, qui transporte le vermeil, que le rédacteur et ses associés ont acheté et transformé, et le livre au marchand marseillais Picquet qui a la charge de le vendre.
48Dans les opérations de commerce maritime, le rédacteur est amené à côtoyer des marchands de ports méditerranéens, en particulier de la ville de Marseille qui, en ces temps, partage une position politique comparable à celle d’Arles.
49Le livre de raison fournit les noms et les occasions de rencontre avec ceux-ci : ainsi le marchand marseillais Jehan Antoni monte avec Antoine Peint, qui y associe une fois encore son cousin Cavalier, une compagnie visant à transporter du blé à Narbonne. Le blé acheté doit être chargé sur la barque du marchand conduite par un patron de Marseille qui doit s’occuper de la vente. Le même jour, 27 mars 1590, probablement pour acheter du blé pour lui-même, le marchand emprunte de l’argent en présence d’un confrère de Marseille. Nous l’avons dit plus haut, le blocus mis par Montmorency sur le port languedocien ligueur fait avorter l’opération. Ce même Jehan Antoni se trouvait à nouveau chez le scripteur en février 1593, pour toucher les 80 livres que le docteur Valeriola lui rembourse avec de l’argent prêté par Peint.
50Auparavant, ce marchand a acheté au scripteur 400 setiers de blé pour une somme de 710 écus en février 1591, en présence d’un autre confrère, qui est ainsi introduit dans l’environnement d’Antoine Peint, François Blandin. Ce dernier est à nouveau chez le rédacteur, quelques jours plus tard, le 16 février 1591, comme client cette fois, avec ses frères : ils empruntent 1 200 écus qu’ils doivent rendre en « réaux à vingt trois livres et cinq sols le marc285 » ; Antoine Peint montre ainsi sa capacité à jouer sur les monnaies et l’intérêt que présente pour lui le fait de posséder des devises étrangères qui circulent dans le royaume.
51Les frères Pierres, autres marchands de Marseille, montent une compagnie pour la commercialisation du blé en mai 1592, en direction de Marseille probablement car, à cette époque, la cité phocéenne est aux abois elle aussi. Antoine Peint participe à cette compagnie et fournit 300 écus. Les marchands chargent un tiers du blé sur leur barque et les deux autres tiers sur celles de deux patrons dont le port d’attache n’est pas mentionné, Marseille probablement.
52Sire François Tiran, lui aussi marchand de Marseille, est en relation avec Antoine Peint à plus d’un titre : en février 1590, ce dernier, prévoyant certainement d’en faire un marchand, envoie sont fils aîné en apprentissage auprès de lui dans la cité phocéenne d’une part ; de l’autre, les comptes d’une compagnie de commerce de blé, en juillet 1591, indiquent que ce marchand avait partie prenante dans celle-ci. Il s’agit vraisemblablement de la compagnie montée en février de la même année avec Buffin, Dame et Laugier dont le marchand a peut-être assuré la partie commerciale à Marseille.
53Associés dans une compagnie avec Antoine Peint, se trouvent encore Antoine Bego le jeune en juillet 1590 (achat, transformation et vente de vermeil) ainsi qu’Antoine Berardi, Laurent Yzoard, hôte de la Croix Blanche, et le nommé Capeto qui va chercher sur sa barque à Marseillan, le vin dont la commercialisation fait l’objet d’une association en 1588. Dans le cadre de la société formée pour apporter de la farine à Martigues en septembre 1589, le rédacteur a l’occasion d’acheter au marchand arlésien Claude Restouran286 la toile pour faire les sacs.
54Antoine Rasclet287 dont la profession de broquier le met en rapport avec les équipages de bâtiments qui circulent sur le fleuve, est membre de la société qui achète le radeau de bois en 1586-1587, tout comme le notaire Antoine Brunel. Ce dernier est aussi copropriétaire avec le scripteur et deux « compères » de la barque que leurs vend un patron de San Remo.
55Sire Benoit Pazier288 est présent dans six notices mais elles concernent presque exclusivement la compagnie formée pour l’achat et le commerce de laines achetées à Eyguières, Istres ou Martigues. En effet, le territoire d’Arles, ravagé par les troupes et le bétail razzié ou saisi, il devenait nécessaire de chercher la laine ailleurs. La femme289 de Pazier intervient à deux reprises pour venir chercher chez Antoine Peint les sommes qu’il prête. Autre intermédiaire, susceptible de se déplacer pour rencontrer Pazier, le boulanger Bernard Francilhon290 lui amène une lettre de change à tirer sur les recteurs de Pélissanne. La société est effective en juin 1592 avec un capital se montant à 3 017 écus fourni par tiers par chacun des trois associés, Pazier, Antoine Peint et son cousin Cavalier.
56Un boulanger, Bernard Francilhon, cité ci-dessus, et un fournier appelé l’Héritier, s’adressent au marchand pour l’achat de blé tout comme deux autres artisans dont le métier n’est pas indiqué et un certain Chartrat (nous n’avons pu déterminer qui est derrière ce surnom). Le scripteur vend aussi du blé pour semence, à un certain Jean Dumas ; la notice ne mentionne qu’une vente de ce type, rien de comparable à ce que Jean Boyer, note dans le livre de raison d’Honnoré Nicolay au début du xviie siècle, c’est-à-dire l’existence de baux à semer, source de revenus importante, que ce dernier « passait à de pauvres ménagers qui ne possédaient pas les avances nécessaires en argent ou en nature pour ensemencer les terres dont ils étaient rentiers291 » contre une rente en blé.
57Des cardeurs s’adressent au rédacteur pour acheter de la laine ou du tissu : en juillet 1588, Étienne Chames lui achète deux pièces de cordillas, en septembre il vend à Noël Garapon quelques livres de laine noire et quelques autres de laine filée et, un an plus tard, il note que ce même cardeur et quatre de ses confrères lui doivent 101 écus 52s, sans plus de précision ; nous pouvons supposer que c’est encore pour une fourniture de laine.
58Antoine Peint s’approvisionne pour son commerce de blé souvent auprès de proches que nous avons évoqués mais aussi d’autres personnages comme en 1590, le fâchier du mas des Aubos, Sire Jacques Vacherin de Sainte-Luce292, le trésorier Sabatier, Trophime Mandon ou encore le procureur Romany293 et, en novembre 1592, c’est à Saint-Rémy qu’il se le procure auprès d’Étienne Simon294. Il achète aussi de l’avoine, en juillet et août 1592, à un nommé Verdairon et, à Eyragues, à un certain Crucy295.
59Dans le réseau de ses relations professionnelles commerciales, Antoine Peint est amené à rencontrer des hommes divers, mais qui se connaissent pour la plupart et à diverses reprises font des affaires ensembles. La nébuleuse de ses clients en tant que prêteur est beaucoup plus éclatée.
Les relations occasionnelles
60Nous nous intéresserons ici à ceux qui, hors des groupes précédents, ne sont mentionnés qu’une seule fois dans le livre d’Antoine, c’est-à-dire à ceux qui se tournent vers lui pour emprunter de l’argent. Ils sont 31 dans ce cas, dont cinq viennent vers le prêteur dans la seconde moitié de 1592 et au début de 1593 : un cardeur, Antoni Baud, un cordonnier, maître Girozme, qui veut cinq florins pour aller à la foire, un voisin, Esprit Reynaud, le marchand Rostang Reynaud296 et un médecin, « Monsr » Valleriola.
61Sa clientèle est variée, outre les artisans mentionnés plus haut, Antoine Peint rencontre des mesureurs tels Jehan Antoni qui a besoin de sept florins pour nourrir ses moissonneurs et Frances Guey qui, en présence de Charles Negre, emprunte deux écus, le barralier Antoni qui vient chercher un écu pour aller aux moissons, le fournier Jehan Aumarge dit Larguet qui emprunte cinq écus, le maître canonnier employé par la ville, le peintre Franses auquel le rédacteur prête « deux bouttes de 6 barraux ».
62Viennent aussi chez Antoine Peint dans le même but, qualifiés de Sires sans que nous puissions savoir au juste qui ils sont, les frères Bret qui ont besoin de 100 écus, Jehan Borreau qui emprunte avec « Monsr » de Faraud 150 écus en 1591, Antoni Moyne qui a besoin de 30 sols, Guillaume Espoux297 qui donne deux anneaux pour gages de son emprunt de trois écus, « Monsr » de Romieu qui, pour un écu, fournit une bague en gage – bague remise à son serviteur lors du remboursement –, Barthelemy Surian, bourgeois arlésien, qui emprunte 12 écus. Le bénéficier Cerneau voit Antoine Peint pour un prêt de 20 écus afin de payer les arriérés qu’il a pour la chapelle de Saint-Martial. Cautionné par le « compère » Pierre Bonaud, Segne (francisation de l’ancienne forme provençale Senhor) Jehan Florens emprunte 60 écus et n’en rend que 50, Bonaud doit donc payer au rédateur les 10 écus manquant. François Coutonet et Jehan Volle vont quérir six écus que la mère du dernier rembourse. Enfin le scripteur rencontre des patrons « vinatiers » de Frontignan que des « clients », Jehan Monfort pour l’un, Sire Robaud pour l’autre, le chargent de régler leurs achats de vin.
Notes de bas de page
205 Sylvie Mouysset, Papiers de famille…, op. cit..., p. 201.
206 BMA, ms 365, fo 5.
207 BMA, ms 365, fo 12 vo. Dans cette notice, Antoine mentionnant le décès de sa femme il ajoute « a qui dieu face paix ».
208 Un Antoine Esperon dit Fauconet – il y a tout lieu de penser qu’il s’agit du même ou d’un parent proche – est rentier du 3e quarton du patis de Tortolen avec trois associés en 1594, en 1595 il l’est du 2e cartier du patis d’Abondoux. En 1599, 1601, 1602, ménager, il arrente le mas de la ville dit des Barres. Enfin, en 1599 et 1601, il est rentier du tènement des porcs. Tous ces terrains appartenaient à la communauté et étaient loués par elle (ACA, CC 354, 355, 359, 361, 362).
209 Deux autres cousins du rédacteur ont recours à lui, un certain Brusson Cappeau qui lui emprunte 5 écus et un cousin de Tarascon, Louis Gras, auquel il prête sur gages 6 écus.
210 Laurent Bonnemant, Nobiliaire de la ville d’Arles, BMA, ms. 300.
211 ACA, BB 18, fo 126, conseil du 1er mai 1591. Il y apparaît avec Calixte Terrin, Anthoine Giraud (dit Couque), Guillaume Huault, Maurice Rey, Jean Buffin, Jean Meinier, ce qui permet de penser que c’est probablement un ligueur voire un ligueur radical.
212 Pour lui non plus, il n’a pas été possible de trouver le lien familial.
213 Sylvie Mouysset, Papiers de famille… op. cit., p. 220.
214 Il s’agit de Nicolas Valeriola docteur en médecine, fils du célèbre médecin François Valeriola ; en 1589, il fait partie des nouveaux officiers nommés lors du conseil de ville du 2 mai 1589 ; il est visiteur des drogues (ACA, BB 18, fo 15vo).
215 BMA, ms 365, fo 8 vo, en 1587, Brusson Cappeau emprunte cinq écus au scripteur et fo 50, fin 1592, Louis Gras lui emprunte 6 écus et fournit en gages 4 réaux.
216 Frédéric Mistral, Lou Tresor du Felibrige, article coumpaire : compère, complice, compagnon, ami. Article coumaire : commère, celle qui a tenu un enfant sur les fonds. Un des sens de compère donné dans les dictionnaires contemporains est « le parrain d’une enfant par rapport à la marraine et aux parents » (Petit Robert 1, Paris, 1986). Jeanne de Laurens, dans ses mémoires, cite son père qui emploie le mot « compère » pour désigner le parrain de sa fille (BMA, ms 227, Mémoires dressées par moy Jeanne de Laurens, veuve de M. de Gleise, et couchées en ces termes 1583-1631, p. 7).
217 Bruno Bourjac, La République et son ombre : métamorphoses du politique à Arles entre la Ligue et la Fronde…, op. cit., p. 278.
218 Jehan Dame est conseiller bourgeois en 1591 et 1592 mais siège fort peu (Bruno Bourjac, Mémoires et oublis…, op. cit., p. 225). Son entrée au conseil à cette période laisse penser qu’il est ligueur. Ses liens avec Christol Pillier qui est caution pour lui en 1585 (ACA, CC 838, 17 août 1585) pour un transport de 500 setiers de blé pour Marseille, avec André Piquet (ACA, CC 838, 20 août 1586) un marchand Marseille auquel il vend du blé en 1586, conforteraient cette idée, mais il semble se consacrer plus à ses activités de marchand qu’à la politique. Il décède avant 1600, sa veuve faisant l’objet d’une quittance pour de la marchandise qu’elle a vendue à la communauté (ACA, CC 361 fo 317).
219 Bruno Bourjac, Mémoires et oublis…, op. cit., p. 159. Ligueur radical comme le notaire Arnaud, il est exclu du conseil en 1594 et La République et son ombre : métamorphoses du politique à Arles entre la Ligue et la Fronde…, op. cit., p. 278.
220 ACA, BB 18, fo 76vo, conseil du 1er mai 1590.
221 Le doctorat en droit, comme le doctorat en médecine, confèrent, à Arles, la noblesse à titre personnel. Il n’est donc pas surprenant de rencontrer Gaspard Chalot parmi les conseillers nobles. Bien que qualifié d’écuyer, Jean Texier ou Textoris est juriste. Il se trouve – avec les deux orthographes de son nom – couché en 1580, ainsi que sa fille Françoise, sur le testament très original de Nicolas Desalberts, lieutenant en la maîtrise des ports, dont il était le greffier (BMA, ms 2183, Notes historiques sur Arles de l’an 1000 à l’an 1700, p. 87-88).
222 ACA BB 18, fo 200.
223 Gaspard Chalot est qualifié « de ligueur zélé, soutien actif de Pierre de Biord » sous la plume de Bruno Bourjac, La République et son ombre : métamorphoses du politique à Arles entre la Ligue et la Fronde…, op. cit., p. 278.
224 ACA BB 18, p. 82.
225 Bruno Bourjac, Mémoires et oublis…, op. cit., p. 175.
226 Sylvie Mouysset, Papiers de famille…, op. cit., p. 212.
227 Ce fils, Étienne Antheaume, est cité dans la liste de ceux qui se sont échappés après la journée de la Saint-Mathias en février 1594 (BMA, ms 2183, Notes historiques…, op. cit., fo 95).
228 BMA, ms 365, fo 9 vo.
229 Ibid.
230 BMA, ms 365, fo 16 vo.
231 BMA, ms 365, fo 24.
232 BMA, ms 365, fo 25. Antoine Peint en fait les frais au printemps 1590, le blé prévu pour Narbonne n’ayant pu être déchargé « à occasion des fragates que Monsr de Montmorency a dressées ».
233 BMA, ms 365, fo 42 vo.
234 BMA, ms 343.
235 François de Nicolay est le mari de Magdeleine de Mandon, sœur de Pierre.
236 Bruno Bourjac, La République et son ombre : métamorphoses du politique à Arles entre la Ligue et la Fronde…, op. cit., p. 278, note 1049.
237 ACA, CC 838 en date du 16 septembre 1587 et 13 octobre 1587.
238 BMA, ms 365, fo 6 v° (mars 1583) et fo 11 vo (3 août 1588).
239 En 1592, Pierre Bonaud est contrôleur de la recette du « 2 % », fonction qu’il occupe à nouveau en 1608 (ACA, CC 69 et 74). En 1614, il est sur le rôle des conseillers qui peuvent se présenter à l’élection au poste de consul (ACA, BB 21 fo 636 vo). Il a donc, lui aussi, pris rang parmi les conseillers bourgeois.
240 Rostang Reynaud est contrôleur de la recette du « 2 % » cette année là ACA, CC 68), trésorier de la ville en 1595 puis à nouveau en 1600 (ACA, CC 355 et 360), il succède à la ferme des gabelles à Antoine Peint en 1604, gabelles qui lui sont à nouveau affermées en 1606 (ACA, CC 364 et 366).
241 Pierre Toche dit le Sage arrente à la communauté le quarton du Coutrast appelé la tour des Archières en 1591 et en 1592, il est associé à Gaspard Chalot pour ce même arrentement. En 1593 et 1594, qualifié de bourgeois, il en est à nouveau seul rentier (ACA, CC 351, 352, 353 et 354).
242 Garde pour le roi au bureau d’Arles, d’où il tire son appellation Garde Laugier, il est conseiller bourgeois en février 1592 (ACA, BB 18, fo 207). En 1595, il arrente l’islon du More appartenant à la communauté ; en 1598, outre cet islon, il est rentier du tènement des Canisses et de celui de l’Estellet (ACA, CC 355 et 358).
243 Il entre au conseil le 1er mai 1595 (ACA BB 18, fo 126), capitaine, il commande une compagnie dans la ville en 1592 (ACA, CC 352).
244 Charles Nègre dit Avignon est fermier de la boucherie et arrente « les 8 boutiques et tables de la boucherie y compris celle du tripier et ceux qui sont à la poissonnerie » tant en 1594 qu’en 1595 en association avec Jehan Gavot (ACA, CC 354 et 355).
245 Maurice Rey est conseiller bourgeois au conseil du 1er mai 1591 (ACA, BB 18, fo 126). En 1593, il est envoyé par le gouvernement de la ville à Barcelone pour acheter du blé et des munitions (ACA, CC 353).
246 Nous avons, en outre, relevé la présence comme témoins, d’autres familiers d’Antoine Peint : le patron François Bonnevie dit Mauchin qui est un client et un partenaire d’Antoine Peint, le capitaine Pierron qui n’est autre que Pierre Flèche commandant une frégate de patrouille sur le Rhône à cette époque, parent du compère Royron (Nicolas Granier).
247 Dans cette conjoncture désastreuse, la ville, au début de 1594, autorise deux hommes dont Pierre Toche à sortir du blé pour récupérer le bétail saisi. En effet, les biens possédés par les Arlésiens dans d’autres cités sont saisis en paiement des dettes contractées par la ville (Bruno Bourjac, Mémoires et oublis…, op. cit., p. 148).
248 En août 1595, Henri IV est reçu par le Saint Père. Le duc de Mayenne, chef de la Ligue, ne tarde pas à se rallier, Arles reconnaît le roi et le 18 octobre 1595 les proscrits rentrent.
249 S’agit-il de l’armurier dont Loys Romany dans ses mémoires note la présence porte de la Cavalerie, lors du meurtre du consul Nicolas de la Rivière le 13 mars 1593 (BMA, ms 227) ou du second du capitaine Jean Constantin ?
250 Toutefois, dans la dernière notice le concernant en juillet 1592, c’est à nouveau « Monsr » Robaud sous la plume du rédacteur ; il emprunte modestement 4 écus pour payer ses moissonneurs.
251 Voir note 239.
252 S’agirait-il de Thomas Brizepan, hôte, qui est rentier, en 1609, des 1er et 2e quartons du Coutrast appelés le mas de Tenque et la tour des Archières (ACA, CC 369, fo 10) ?
253 ACA, CC 838, 5 mai 1587 et 16 septembre 1585). Le premier jour, Jehan Dame charge 500 setiers de blé sur le bateau d’un patron de Berre et Antoine Rasclet, broquier, se porte caution pour lui, le second, il charge la même quantité de blé sur le bateau de Pierre Granier patron d’Arles, blé dont il a acheté 372 setiers à Sire Pierre Petit. En 1595, 1598 et 1599 il est rentier principal de l’islon de l’Agnel, Perdrix et Bécasses ; en 1595, Pierre Flèche dit Pierron est son pleige (ACA, CC 355, 358 et 359).
254 Gabriel de Lavabre exporte, comme nombre d’autres, du blé du terroir, par exemple : en 1584, 400 setiers vendus à un marchand d’Arles qui en fait transporter 2 101 setiers par trois patrons de Martigues chargés de négocier cette importante cargaison « où bon leur semble hormis aux terres ennemies du roi » et, bien sûr, au mieux des intérêts de chacun (ACA, CC 838, date du 31 août 1584). Plus tard, en 1593 il arrente la moitié des herbages du patis d’Arlatan puis en 1595, le tènement d’Attilon avec Charles Palmier et, en 1606 et en 1609, le patis de Mournes au radeau long (ACA, CC 353, 355, 366 et 369).
255 Maître charpentier, la commune lui commande des bancs en 1597 (ACA, CC 357), et divers travaux en 1601 et 1602. (ACA, CC 361 fo 312 vo et CC 362, fo 338).
256 En 1591, ménager, Jean Gavot arrente l’islon de Passon et le patis du Coustat de Mazargues (plege François Avignon), ainsi que le quarton de Cotte noue appelé le Sauze. Cette même année, il est fermier des droits et impôt sur les chairs qui se vendent en la boucherie et paie la rente des bancs et boutiques des deux boucheries (pleige Antoine Peint qu’il a associé à la ferme comme nous le dit Antoine lui-même (ACA, ms 365, f° 38 vo), (ACA, CC 351). En 1592, il arrente l’islon de Paulet avec Christol Pilier (ACA, CC 352). En 1593, devenu marchand, il arrente les mêmes terres qu’en 1592 (ACA, CC 353). En 1595, comme vu plus haut, fermier avec Charles Nègre de la boucherie (ACA, CC 355), il apparaît aussi dans les registres de la recette du « 2 % » et ceux des obligations (par exemple, ACA, CC 58 en 1581, il fait du transport de marchandises vers Saint-Gilles et ACA, CC 838 en 1586, il vend 300 setiers de blé destinés à être transportés et vendus à Antibes).
257 En 1591, il arrente le jardin de la communauté proche du Marché neuf ; il fait de même en 1592 et 1594 (ACA, CC 351, 352 et 354)
258 En 1599, il est sur la liste des mesureurs à blé dans le registre de délibérations communale (ACA, BB1, fo 146).
259 Époux de Sibille Monfort, fille de Maurice Monfort ménager et de Martine Rey, elle est la sœur de Guillaume Monfort.
260 Il apparaît dans les registres de la recette du « 2 % » faisant transporter, par exemple, en 1583 (ACA, CC 62) du cuir sur le bateau d’un patron arlésien.
261 Nicolas Granier dit Royron est pleige d’Antoine Peint pour les gabelles que ce dernier arrente en 1589 pour six ans (BMA, ms 365, fo 18). En juin 1595, c’est Christol Pilier, marchand, qui lui succède avec pour pleige Calixte Terrin (ACA, CC 351, 352, 353, 354 et 355).
262 Outre son métier d’apothicaire, il vend du blé : 70 setiers à un patron de Six-Fours pour le négocier où il lui semble bon en 1584, 25 setiers au marchand André Piquet pour le porter et vendre à Marseille en 1586 (ACA, CC 838).
263 Bruno Bourjac, Mémoires et oublis…, op. cit., p. 82.
264 BMA, ms 365, fo 37 vo.
265 BMA, ms 365, fo 41 vo.
266 Livre de raison de Jean Gertoux apothicaire, inséré dans le manuscrit 218 de la bibliothèque municipale d’Arles et cité par Bruno Bourjac, Mémoires et oublis…, op. cit., p. 64. Gertoux écrit qu’il désire un roi « français et non estranger, non hérétique. Amen ».
267 ACA, BB 18, fo 240. Chistol Pilier est au conseil du 1er mai 1592.
268 Bruno Bourjac, Mémoires et oublis…, op. cit., p. 159.
269 Monsieur de Ventabren, ligueur carciste, et Gilles de Cabanis pour les nobles, Nicolas de la Rivière et Simon Nicolas pour les bourgeois.
270 BMA, Émile Fassin, Revue Le Musée…, op. cit., 1878, 4e série, no 21, p. 165.
271 Jehan Mandrin a peut-être un lien avec le ligueur radical Julien Mandrin, quant à Amyel Canat son entrée au conseil de ville en 1591 laisse penser qu’il est ligueur (AMA, BB 18, fo 193, conseil du 15 juillet 1591).
272 Nicolas, le fils, bloque les négociations de la ville avec le duc d’Epernon sur le point d’aboutir en mai 1593, refusant de livrer le fort du Baron qu’il commande. Il va même attaquer un groupe envoyé par les consuls pour capturer son père qui était aux Saintes-Maries-de-la-Mer. La ville le déclare alors rebelle et les événements s’enchaînent : l’alliance temporaire des consuls bourgeois (ligueurs mayennistes) avec les radicaux que sont Nicolas La Touche et Antoine Couque (pêcheur), « hommes » de feu Nicolas de la Rivière, conduit à l’exil les consuls nobles (dont le charismatique Balthazard de Ventabren, ligueur carciste donc modéré) sous prétexte d’intelligence avec Epernon. En février 1594, La Touche et Couque se saisissent des consuls restants, Marc Gallon et Vincent Aubert (le notaire qui fut auparavant secrétaire de la ville en 1589 et 1590, et qui figure dans certaines notices du livre de raison d’Antoine Peint) ; le 24 du mois, trois jours avant le sacre d’Henri IV à Reims, les deux hommes, assiégés par la foule dans leurs maisons, finissent par se rendre ; Couque réussit à s’évader, La Touche et cinq autres ligueurs sont exécutés le 11 mars. D’après le manuscrit 2183 de la bibliothèque municipale d’Arles, fo 95, s’évadent, dans une liste de 32 noms suivie de « et autres », outre Couque, le notaire Bruni, le fils d’Honnorat Antheaume, Christol Pillier. La liste de ceux qui sont faits prisonniers avec le capitaine La Touche, au nombre de 16, livre les noms de Laurens, frère du capitaine Couque, et de Bathélemy David, l’un des patrons avec lesquels, le 13 mars 1592, Antoine Peint s’associe pour la vente d’un radeau de bois (ACA, ms 365, fo 40 vo).
273 Voir note 174. Le rédacteur anonyme du ms 2183 (BMA, ms 2183, p. 99 vo) le présente comme un fidèle royaliste dans la seconde période de la Ligue où il se serait réfugié à Avignon, ville dans laquelle la famille de sa femme se trouve dans l’entourage du légat du Pape. Il est probablement ligueur modéré et favorable, dès 1594 au moins, à un ralliement au roi.
274 Les associations appelées levaderies se chargent, comme leur nom l’indique, des levées c’est-à-dire des chaussées de Camargue.
275 Il s’agit probablement du royaliste, emprisonné et torturé par Pierre Biord en 1590, qui a laissé un récit des évènements : BMA, ms 218, Recueil des misères souffertes dans la ville d’Arles en la France despuis les barricades faictes en la ville de Paris le 12 may 1588 jusqu’à la réduction de la ville sous l’obéissance du Roy Henri IV, par Robert de Chiavary mort le 26 octobre 1596.
276 Sylvie Mouysset, Papiers de famille..., op. cit., p. 201.
277 BMA, ms 365, fo 31. Semence en octobre 1590, moissons en été 1591.
278 Les travaux consistent en un partage vertical de la maison de Jehanne Vendrane, probablement entre les deux sœurs, suivi de l’ouverture d’une porte donnant sur la traverse Saint-Jacques puis d’une surélévation de la toiture pour créer une nouvelle chambre.
279 BMA, ms 365, fo 22.
280 Ils portent aussi le titre de capitaine en raison de leur commandement sur les frégates que la ville entretient sur le fleuve pour la sauvegarde de la ville et de son terroir (BMA, ms 218 et ADBduR, 405 E 607, quittances en date du 6 mai 1589 par le capitaine Antoine Bernard dit Collomb d’Arles et par Pierre Flèche).
281 BMA, ms 218 : en mars 1594, capitaine Pierre Fleche dit Pierron, capitaine Guigues Guérin dit Mascaron et Guillaume Bagne commandent chacun une frégate entretenue par la ville pour la garde et conservation de la ville et forts du terroir.
282 BMA, ms 365, fo 22 vo.
283 On peut penser que ce radeau, vendu par un marchand de Digne, emprunte la Durance pour atteindre le Rhône. Est-il destiné comme le précédent radeau au port savoyard de Villefranche ? Rien n’est dit à ce sujet.
284 AMA, CC 838, ce patron de Trinquetaille transporte fréquemment de la laine en direction de Montpellier.
285 BMA, ms 365, fo 34.
286 En 1587, il est caution pour un pour un patron de Saint-Tropez qui enlève 350 setiers de blé pour son port d’attache (en fait la cargaison sera déchargée à Marseille (ACA, CC 838, 1587)).
287 En 1585, il déclare à la recette du « 2 % » le transport de deux petits radeaux en direction d’Aigues-Mortes (ACA, CC 63). En 1587, il se porte caution pour le patron Vibre d’Arles qui enlève 40 setiers de blé pour les Saintes-Maries-de-la-Mer (ACA, CC 838). Il est contrôleur des mesures en 1590 (voir note 160, ACA, BB 18, fo 76vo, conseil du 1er mai 1590).
288 Il est qualifié de marchand dans le registre d’obligations CC 838 et dans ceux de la recette du « 2 % », CC 64 et 65, qui se trouvent aux archives communales d’Arles : par exemple, en 1591, il fait transporter à dos de mulet des draps ; en 1586, ce sont deux chargements de six balles de pastel qui subissent le contrôle du « 2 % » (ACA, CC 67 et CC 64). En 1601 il entre au conseil de la communauté (ACA, BB 19). Et toujours en 1601, il arrente le 4e quarton d’Aureille puis en 1604, il achète le 1er quartier du tènement de Badon et tènement des Estardes pour 25 220 livres (environ 8 407 écus) (ACA, CC 361 et 364).
289 Monette de Belley (BMA, ms 2747. Notes généalogiques rassemblées par le baron du Roure).
290 Il se livre aussi au commerce, par exemple : en 1583, il fait transporter 300 quintaux de son par deux patrons pour La Ciotat, en 1586 ce sont 182 setiers de blé qu’il charge pour Marseille (ACA, CC 838). En 1603, il achète à la communauté le mas et affar de Guynot pour 4 116 livres 16 sols 5 deniers (environ 1372 écus) (ACA, CC 363).
291 Jean Boyer, « Le livre de raison d’Honoré Nicolay… », op. cit., p. 59.
292 Lieu-dit situé en tête de Camargue.
293 BMA, ms 365, fo 12 vo, 29, 30.
294 BMA, ms 365, fo 50.
295 BMA, ms 365, fo 47.
296 Comme signalé plus haut, Rostang Reynaud est contrôleur de la recette du « 2 % » cette année là (ACA, CC 68), trésorier de la ville en 1595 puis à nouveau en 1600 (ACA, CC 355 et 360), il succède à la ferme des gabelles à Antoine Peint en 1604, gabelles qui lui sont à nouveau affermées en 1606 (ACA, CC 364 et 366).
297 Nous avons trace de celui-ci parmi les officiers de la ville : en 1602, il est « contrepeseur » de chair de la grande boucherie (ACA, CC 361).
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