Conclusion sur les Lettres sous Charles IV
p. 273-285
Texte intégral
1La presse, par le bais des annonces de librairie, permit d’accroître la visibilité des livres édités aussi bien en Espagne qu’à l’étranger. De fait, les nouvelles connaissances acquises dans toutes les branches des savoirs purent être portées à la connaissance du public. Pour autant, en Espagne, tout ne put être imprimé et/ou lu. La censure veillait à ce que les idées préjudiciables ne vinssent ni troubler la tranquillité publique ni ébranler l’ordre social établi.
La presse au service des transferts culturels entre l’Europe des Lumières et l’Espagne de Charles IV
2Avec la généralisation de l’abonnement à la presse partout en Europe, le public d’un journal ne fut plus uniquement circonscrit au seul lieu d’édition mais put dépasser les frontières régionales et parfois nationales. Dès lors, les publicistes qui avaient décidé de se faire l’écho de la production de livres étrangère permirent à leurs lecteurs de se tenir informés des dernières nouveautés littéraires et des avancées réalisées dans les domaines scientifiques et techniques qui avaient eu lieu dans les pays voisins. Les intellectuels ou simplement des hommes avides de connaissances purent alors entrer en contact avec des ouvrages qui pouvaient contribuer au progrès de leur nation. Mais ces écrits en langues étrangères restaient réservés à une élite qui devait non seulement maîtriser d’autres langues mais aussi posséder des moyens économiques suffisamment élevés pour acquérir ces ouvrages au prix desquels venaient s’ajouter d’onéreux frais d’envoi. Aussi, ces livres utiles étaient-ils réservés à un cercle de lecteurs restreint. Toutefois, certains de ces ouvrages furent traduits et bénéficièrent donc d’une plus large audience. En ce sens, les traductions jouèrent un rôle considérable dans la transmission des savoirs et participèrent activement aux transferts culturels entre les différentes nations de l’Europe des Lumières.
3L’Espagne ne resta pas en marge de ce phénomène, bien au contraire. Pour sortir de son isolement et rattraper son retard dans nombre de domaines, elle n’eut d’autre choix que de se tourner vers l’étranger. Son ouverture sur l’Europe passa notamment par l’annonce dans la presse de livres édités hors de ses frontières et par leur traduction1. Des journaux tels que l’Espíritu de los mejores Diarios literarios que se publican en Europa, le Correo mercantil de España y sus Indias, le Memorial literario, les Efemérides de la Ilustración de España, la Miscelánea instructiva, curiosa y agradable ou encore dans une moindre mesure La Espigadera, les Anales de Ciencias naturales, le Semanario de Agricultura y Artes dirigido a los Párrocos, les Variedades de ciencias, literatura y artes, la Gaceta de los niños et la Minerva o el Revisor general2 contribuèrent activement à cette ouverture. De fait, des éditions princeps imprimées à l’étranger avaient fait l’objet d’une annonce dans certains de ces journaux avant que leurs traductions ne fussent éditées et annoncées. Même si les cas sont peu nombreux, 13 au total, ils démontrent cependant le rôle indéniable que la presse et tout particulièrement les annonces de librairie jouèrent dans la diffusion des imprimés et des connaissances. On en dénombre quatre dans la Miscelánea instructiva, curiosa y agradable, deux dans l’Espíritu de los mejores Diarios literarios ainsi que dans le Memorial literario et un seul dans les Efemérides de la Ilustración de España, le Correo mercantil de España y sus Indias, le Mercurio de España, le Semanario de Agricultura y Artes dirigido a los Párrocos et le Diario de Madrid.
4Conformément au plan du périodique établi par Cristóbal Cladera Company, on vit successivement apparaître en 1789 dans l’Espíritu de los mejores Diarios les annonces des ouvrages de Pastoret, Moisés considerado como legislador y moralista3 et de Lavoisier, Tratado elemental de química, arreglado a los descubrimientos modernos4, tirées des publicités de livres parues, pour le premier, dans le Journal des Savants, le Journal Encyclopédique, l’Année littéraire et le Journal Général de France et, pour le second, dans le seul Journal des Savants. Les versions espagnoles de ces titres, publiées toutes deux en 1798, avaient fait l’objet d’une vente par souscription annoncée en 1797 pour celui de Lavoisier5 et en 1798 pour celui de Pastoret6. Pourtant, il avait déjà été fait état d’une vente par souscription de l’ouvrage Moisés considerado como legislador y moralista en 1793 chez les librairies madrilènes Antonio del Castillo et Manuel Barco et en province chez Diego Mallén à Valence, Manuel Monge à Saragosse, Blanchard à Séville, Victoriano Pajares à Cadix, José Gómez à Murcie, Juan del Barco à Salamanque et chez la veuve et fils de Tomás Santander à Valladolid7. S’agissait-il de l’édition princeps réalisée à Paris en 1788 ? De la traduction qui devait être réalisée pour l’année suivante et qui fut abandonnée ? Aucune information n’est fournie et seules des éditions réalisées en 1798 sont référencées8. Plus encore, à sa sortie en librairie, ce livre fit l’objet d’une double édition dont les traductions avaient été réalisées, l’une par Arias Gonzalo de Mendoza y Francia9 et, l’autre (publiée à titre posthume) par Manuel Vela y Olmo10. Les cas qui apparaissent dans la Miscelánea instructiva, curiosa y agradable sont bien moins complexes. En effet, la Nosographie philosophique de Philippe Pinel annoncée dès sa publication en France en 179811 fut traduite en 180312 par le médecin Luis Guarnerio y Allavena à qui Charles IV concéda le 22 mars 1804 le privilège exclusif de cette œuvre13. Le Choix de Voyages modernes. Colección escogida de Viajes modernos para la instrucción, y entretenimiento de los niños de ambos sexos, la cual contiene una variedad de hechos útiles, y agradables relativos a las expediciones, y principales descubrimientos hechos alrededor del mundo, igualmente que la descripción de los usos y costumbres de los pueblos, qui fit l’objet d’une publicité en 180014, fut traduit par Antonio Marqués y Espejo en 180715. Quant aux Essais politiques économiques et philosophiques du comte de Rumford16, également annoncés sous divers formats dans le Semanario de Agricultura y Artes dirigído a los Párrocos en version originale (en anglais)17 et en version française18, ouvrages auxquels les rédacteurs consacrèrent de longs comptes rendus, ils furent traduits immédiatement. La raison de cette traduction aussi rapide est livrée dans l’annonce publiée dans la Gaceta de Madrid du 17 octobre 1800 à l’occasion de la parution du premier cahier :
La société Royale économique de Madrid ne pouvait pas ne pas prendre en compte parmi les travaux à inclure [dans le tome 6 de ses mémoires] la traduction des Essais politiques, économiques et philosophiques du Comte de Rumford réalisée par un de ses membres, D. Domingo Agüero y Neyra, car son importance et son utilité ne font aucun doute. Le public connaît déjà son mérite, et la nécessité de tous les peuples savants d’adopter ses idées grâce aux comptes rendus qui en ont été faits dans les derniers numéros du Semanario de agricultura, de la Miscelánea, et dans presque tous les journaux étrangers. À défaut de ces informations, la société pense qu’il suffira aux bons patriciens de savoir que les établissements de Rumford ont été créés en Bavière, à Londres, à Paris, à Genève, à Lausanne, à Neufchâtel, à Zurich et dans d’autres villes, après quoi on est parvenu à y faire disparaître la faim, la mendicité et le dénuement. La société désire ardemment que notre Espagne ne soit pas la dernière nation à adopter des inventions comme celles de Rumford, qui sont peut être celles qui honorent le plus ce siècle ; et comme ses retards l’empêchent de les mettre en œuvre conformément aux buts de son institution, elle s’empresse de les publier19.
5Le discours était on ne peut plus clair. Dans cette annonce, il ne fut pas nécessaire de revenir sur l’utilité des cuisines publiques proposées par le comte de Rumford dans ses Essais puisque les lecteurs pouvaient consulter les longs commentaires réalisés par les rédacteurs de la Miscelánea instructiva et du Semanario de Agricultura y Artes qui avaient contribué à les faire connaître. La Société Économique de Madrid, quant à elle, appuyait la mise en place de tels établissements. Mais, sa situation économique n’étant guère satisfaisante, assura-t-on à Domingo Agüero y Neyra, elle ne put que contribuer à la diffusion de ces travaux en finançant l’impression de l’ouvrage20. Avec une publication aussi rapide, la Matritense espérait que l’invention de Rumford se propagerait tout aussi rapidement dans la Péninsule pour que, peut-être, des âmes charitables et soucieuses du bien-être de la nation finançassent le projet. Il s’agissait également pour l’Espagne de ne pas rester en marge de l’Europe et de démontrer qu’elle faisait également partie des nations savantes. Le Correo mercantil de España y sus Indias, lui aussi, avait pris part à la diffusion des œuvres de Rumford en 1800 en annonçant Sur les fourneaux à la Rumford21 traduits sous le titre Ensayos de Comidas Económicas a la Rumford, hechos por una comisión nombrada a este fin por la Real Sociedad Económica Matritense en 180322. Le Memorial literario, quant à lui, se fit l’écho du Système des connaissances chimiques de Fourcroy en 180123 dont la traduction commença à être publiée en 1803. Puis, en 1802, ce fut le Traité historique et pratique de la vaccine24 qui donna lieu au Tratado histórico y práctico de la vacuna, que contiene en compendio su origen y los resultados de cuantos experimentos se han hecho, con un examen imparcial de sus ventajas, y de las objeciones que se le han opuesto, con todo los demás que concierne a la práctica del nuevo modo de inocular réalisé par le premier aide-pharmacien, Francisco Javier de Balmis25, réédité en 180426. La Langue des calculs annoncée en deux volumes en 1798 dans la Miscelánea instructiva, curiosa y agradable27 fut également mentionnée à deux reprises dans le numéro 34 du 3 février 1804 des Efemérides de la Ilustración de España28 à laquelle venait s’ajouter une seconde édition de cette œuvre en un seul tome également révélée dans ce dernier numéro29. Mais, malgré une première annonce en 1798, ce fut assez tardivement, en 1805, que la version espagnole fut imprimée sur les presses de Ramón Andrés Ruiz à Madrid30. Pas moins de quatre années furent aussi nécessaires pour que les Cartas políticas, comerciales y literarias sobre la India, o interés de la Inglaterra con relación a la Rusia, al Indostán y al Egipto, annoncées en 1801 sous ce même titre dans le Mercurio de España31, vissent le jour en castillan32. Enfin, les Mémoires du baron de Trenck publiées à Paris en 1789 étaient en vente dès 1791 au bureau du Diario de Madrid33. Or, ce ne fut qu’en 1804 que la traduction espagnole sortit en librairie34.
6Le temps entre l’annonce d’une édition princeps ou de sa version étrangère, et la publication de la traduction castillane était parfois relativement long. En revanche, lorsque les autorités elles-mêmes (nous l’avons vu avec le Nuevo Diccionario de Historia natural aplicado a las artes, y principalmente a la agricultura y a la economía rural y doméstica) ou les institutions placées sous protection royale encourageaient l’édition d’un ouvrage, l’obtention de la licence d’impression et les délais de publication étaient bien plus rapides. La pression qu’elles durent exercer sur le Conseil de Castille pour accélérer l’examen d’un livre qu’elles considéraient des plus utiles ne fut certainement pas étrangère à ce processus. Malgré tout, quels que fussent les délais d’impression, la presse servit incontestablement de passerelle culturelle entre les savoirs de l’Europe des Lumières et l’Espagne de Charles IV.
7D’ailleurs, des publicistes, pour promouvoir leur journal, n’hésitèrent pas à jouer sur la rapidité avec laquelle ils pouvaient donner des nouvelles émanant de l’étranger à leurs lecteurs. Cristóbal Cladera Company, qui recevait divers journaux européens qui lui servaient à rédiger l’Espíritu de los mejores Diarios, put compter (apparemment) sur des correspondants à Paris et à Londres pour accéder plus rapidement aux informations. Ce fut ce qu’il affirma dans la souscription au journal publiée dans un supplément de deux pages de la Gaceta de Madrid du 25 septembre 1787 :
L’acceptation que cette œuvre a mérité du public, comme cela apparaît dans différentes lettres que de nombreuses personnes instruites, aussi bien de Madrid que de province, nous ont adressées, est pour nous l’unique récompense que nous espérions. Déterminés pour cette même raison à l’améliorer autant que possible, nous ne nous contentons plus de certains comptes rendus que nous faisions de quelques Journaux, qui plus est après nous être abonnés à divers périodiques qui sont publiés en Angleterre, en France, en Italie, en Allemagne, et dans d’autres Royaumes d’Europe, où sont cultivées les lettres, nous avons établi une correspondance à Londres et à Paris, de manière à ce que par ce moyen nous ayons la satisfaction d’annoncer avec la plus grande rapidité certaines informations spéciales, qui n’auraient pu être vérifiables que longtemps après, si nous avions dû les tirer des Journaux35.
8Réalité ou moyen de promotion de l’Espíritu de los mejores Diarios qui, édité depuis peu, avait à cœur de séduire un plus grand nombre de souscripteurs ? Rien ne prouve, hormis ses propres dires, que Cladera s’était réellement entouré de correspondants. Toutefois, les propos de ce publiciste témoignent, d’une part, d’un engouement certain des lecteurs pour les informations en provenance de l’étranger et, d’autre part, de l’importance de la presse en tant qu’intermédiaire entre l’Europe et l’Espagne.
Les livres et la censure inquisitoriale
9Toute personne désireuse d’être éditée pouvait envoyer son manuscrit au Conseil de Castille pour examen. Les censeurs en charge d’étudier les dossiers des candidats à la publication devaient contrôler que ces écrits n’étaient contraires ni aux bonnes mœurs ni aux lois ni au dogme. Ils s’assuraient également qu’ils ne contenaient aucune attaque personnelle ou qu’ils ne touchaient pas à des sujets relatifs à l’État. Comme nous l’avons vu avec les publicités de livres qui devaient paraître dans la Gaceta de Madrid ou encore avec les écrits de José de Santos Capuano, les censeurs supprimaient les passages qui n’avaient pas lieu d’être, remplaçaient des mots par d’autres, voire signalaient les corrections à apporter au texte en vue d’une nouvelle étude du dossier. En somme, s’ils ne balayaient pas le manuscrit d’un revers de la main en y apposant le no ha lugar, ils l’expurgeaient de toute erreur avant l’impression. Pourtant, les auteurs qui avaient obtenu la licence d’impression, à une époque où les refus étaient nombreux36, n’en avaient pas pour autant fini avec la censure. En effet, malgré l’approbation de la publication de l’ouvrage par les autorités gouvernementales, aucun auteur n’était à l’abri de « tomber sur l’Église » et notamment d’avoir maille à partir avec l’Inquisition. Une institution qui, depuis tout temps, avait fait de la traque des livres son cheval de bataille et qui renforça son action lorsque Charles IV fit appel à elle pour empêcher toute contagion révolutionnaire en 1789. Aussi, ne fut-il pas surprenant qu’en 1790 le Saint-Office éditât un nouvel Index des livres interdits37 augmenté d’un Supplément en 180538 dans lequel il ne manqua pas d’exiger que tous les papiers relatifs à la Révolution française pouvant perturber la tranquillité publique lui fussent remis39. Ces Index listaient indifféremment les écrits étrangers ou espagnols que l’Église considérait comme néfastes pour la population. Après une étude attentive des livres par les qualificateurs, le Tribunal de la Suprême et Générale Inquisition se prononçait sur leur sort. La censure des œuvres incriminées s’appliquait alors de deux manières différentes en fonction du degré d’infamie ou de dangerosité. Tout d’abord, l’on trouvait les ouvrages interdits dans leur intégralité (in totum) ensuite ceux qui devaient être expurgés, c’est-à-dire dont certains passages devaient être supprimés. Les mesures prises à l’encontre d’un livre étaient rendues effectives par édit ou décret. L’action du Saint-Office se situant après la publication de l’ouvrage, nombre de livres furent par conséquent annoncés dans la presse avant d’être mis à l’index. Par ailleurs, si l’Index des livres interdits de 1790 et son supplément couvrirent la quasi-totalité du règne de Charles IV, il fallut trouver les livres mis au banc du monde littéraire de 1806 à 1808 dans les divers numéros du Diario de Madrid qui rendirent compte des décisions prises en la matière par l’Inquisition durant ces dernières années40. Sur l’ensemble des livres annoncés dans la presse, seulement 61 titres firent l’objet d’une mesure inquisitoriale41.
10La sanction la plus communément appliquée par l’Inquisition fut l’interdiction complète de l’œuvre avec la possibilité de demander l’octroi d’une licence pour la lire42. En effet, 35 ouvrages sont référencés dans ce cadre (soit 57,37 % des écrits inclus dans les Index) contre huit (13,11 %) totalement interdits même pour les détenteurs d’une licence. Quant à la suppression de passages, cette mesure concerna 17 ouvrages, soit 27,87 % des titres répertoriés dans ce dernier tableau. Enfin, l’action du Saint-Office ne se limita pas au retrait de la vente de l’œuvre après examen. En effet, comme en témoigne la traduction réalisée par Pedro José de Gallarreta de l’Institución cristiana, o explicación de las cuatro partes de la doctrina cristiana, les inquisiteurs, qui ne voulurent prendre aucun risque en laissant lire une œuvre potentiellement néfaste, préférèrent l’interdire jusqu’à ce que l’étude par les qualificateurs fût réalisée. Par ailleurs, si la mise à l’index d’un écrit avait pour conséquence son retrait immédiat de la vente, dans le cadre d’un ouvrage à expurger, et uniquement dans ce cas, celui-ci pouvait retrouver le chemin des presses si les passages signalés avaient été supprimés. Ainsi, l’édit du 1er février 1793 stipulait-il que quelques paragraphes de la deuxième édition du Compendio de los comentarios extendidos por el maestro Antonio Gómez a las 83 leyes de Toro, en que con presencia de las notas de su adicionador queda comprehendido todo en lo sustancial de ellos, y se ilustran infinitas doctrinas del autor en los lugares en que omitió hacerlo el dicho adicionador de Pedro Nolasco de Llano devaient être rayés43. Ce fut chose faite en 1795 lors de la publication de la troisième édition, ce que les rédacteurs des annonces de librairie n’omirent pas de spécifier44.
11Les ouvrages recensés démontrent également que ce furent les traductions, au nombre de 28 (soit 45,9 % des livres interdits), qui furent les plus prohibées suivies par les écrits d’auteurs espagnols (26, soit 42,62 %) et par ceux en langues étrangères (sept, soit 11,48 %). Le spectre couvert par l’Inquisition était large, mais son action toucha tout particulièrement les œuvres littéraires. Effectivement, sur 61 titres recensés, 25 condamnations (soit 40,98 %) furent prononcées à l’encontre de livres ayant trait à la littérature (contre 20 pour les œuvres religieuses), 11 concernaient les œuvres théâtrales et huit les romans. Les pièces de théâtre étaient considérées par nombre de membres de l’Église comme « pompes et œuvres de Satan45 ». Le prêche archétypique de Fray Diego de Cádiz qui disait que « Ceux qui vont au théâtre pour voir des comédies pèchent mortellement46 » ne laisse place au doute. Quant aux romans, une « école de dépravation47 » qui occultait la vérité, l’Inquisition ne cessa de s’y intéresser et de les jeter au bûcher48. On imagine alors avec quelle satisfaction les inquisiteurs durent accueillir la mesure prise par le Conseil de Castille le 27 mai 1799 d’interdire la publication des romans49. Mais ce discours est toutefois à nuancer. En effet, si l’on coupa court à ce genre littéraire naissant particulièrement apprécié par les lecteurs, les autorités laissèrent à ceux qui avaient déjà été publiés la possibilité d’être réédités. À ce sujet, le cas d’El Eusebio de Pedro Montengón (prolifique auteur de romans de l’époque) est significatif. Si la première édition en quatre volumes imprimée sur les presses d’Antonio Sancha en 1786 fut interdite in totum en 179950, celle-ci fit pourtant l’objet d’une deuxième édition identique à celle de 1786 à Barcelone en 1793 qui ne figure pas dans l’Expurgatorio. Plus encore, après avoir été totalement interdite à la lecture, une troisième édition dont le titre stipulait qu’elle avait été corrigée par l’auteur lui-même « aussi bien sur le style que sur le sens de certains propos qui motivèrent son interdiction » vit le jour en 1807-180851. Ce dernier exemple ainsi que les dates d’édition des ouvrages prohibés comparées à celles de promulgation des édits démontrent une certaine lenteur du processus inquisitorial. Il aura fallut dix années pour que Los amantes desgraciados o el Conde de Cominge fût interdit. Et que dire de la traduction du roman Félix y Paulina, o el sepulcro al pie del monte Jura52, édité en 1806, qui ne fut prohibé que le 1er mars 181753, soit 11 années plus tard. Malgré l’ardeur que l’Inquisition mit dans sa croisade contre les livres, les idées qu’ils véhiculaient et qu’elle considérait comme néfastes avaient largement eu le temps de circuler et de cheminer dans l’esprit des lecteurs.
12Le Tratado de los granos, y modo de molerlos con economía, de la conservación de estos y de las harinas publié en 1786 et annoncé dans la presse jusqu’en 1794 dut être expurgé comme mentionné dans l’édit du 6 avril 1799. Or, en 1807 la Gaceta de Madrid et le Diario de Madrid annoncèrent à nouveau cet ouvrage comme étant en vente. Les passages incriminés avaient-ils été supprimés ou s’agissait-il d’une réédition ? Rien n’est spécifié et une unique édition réalisée en 1786 avait, semble-t-il, vu le jour. Les annonceurs de cette œuvre seraient-ils passés entre les mailles de la censure ? Il en va de même pour le Tratado teológico-místico-moral, en que se explica según los principios más sólidos la Bula Pastoralis Curae de la Santidad de Benedicto XIV sobre el Confesor extraordinario de las Monjas qui subit une sanction identique à la même date que l’écrit précédent et fut malgré tout de nouveau annoncé en 1806 et en 1807 dans le Diario de Madrid et dans la Gaceta de Madrid.
13L’audace de Cristóbal Cladera Company mérite également d’être soulignée. En effet, l’Historia filosófica y política de los establecimientos y del comercio de los Europeos en las dos Indias parue à Londres en 1770 et interdite en 1779 fit l’objet d’un très long compte rendu publié dans pas moins de trois numéros de l’Espíritu de los mejores Diarios en 1789 à l’occasion de son édition française54. Enfin, il ne fut spécifié aucune date d’édit pour le tome 12 des Memorias instructivas, útiles, curiosas sobre agricultura, comercio, industria, Economía, Medicina, Química, Botánica, Historia natural & c. sacadas y traducidas de las mejores Obras que hasta aquí se han publicado las Reales Academias y Sociedades de Francia, Inglaterra, Italia, Alemania, Prusia y Suecia55 et pour le Trisagio seráfico y querúbico para venerar y alabar todos los días a la beatísima y augustísima Trinidad, y alcanzar de su piedad inmensos y copiosos beneficios, a devoción de un devoto56. Toutefois, si nous ne tenons compte que des seuls ouvrages interdits sous le règne de Charles IV pour lesquels nous possédons une date d’interdiction, soit 58 livres, il semblerait que l’action du Saint-Office se renforça considérablement au fil des ans.
14Une étude portant sur l’ensemble des ouvrages mis à l’index illustrerait bien mieux l’action de l’Inquisition envers les imprimés. Néanmoins, ce dernier graphique démontre que, contrairement à ce que nous aurions pu penser, ce ne fut pas au plus fort de la période révolutionnaire que le Saint-Office fut le plus répressif. Entre 1789 et 1793 seulement sept écrits furent prohibés et l’on constate une nette augmentation durant les années suivantes avec 23 titres interdits de 1796 à 1804. Mais ce fut à partir de 1805, lorsque Charles IV demanda un plus strict contrôle des imprimés et rétablit le « cordon sanitaire » aux frontières, que l’Inquisition fut la plus punitive. En trois années à peine, 28 œuvres furent sanctionnées, soit quasiment quatre fois plus que durant les quatre premières années de son règne. On peut donc en déduire que le Conseil de Castille fut particulièrement efficace durant les épisodes révolutionnaires dans le contrôle des écrits. Mais, il semble qu’il y eut un certain relâchement au fil du temps, peut-être, à cause de la difficulté pour le Juge des Imprimeries à trouver des censeurs, ce qui dut également être à l’origine de la réforme de la librairie engagée en mai 1805. Aussi, durant ces années, l’Inquisition dut-elle sévir plus qu’à l’ordinaire pour pallier « le laxisme » de la censure civile. D’ailleurs, six œuvres interdites sur 12 en 1805 avaient été éditées entre 1795 et 1804, et 10 sur 15 prohibées en 1806 avaient été publiées entre 1797 et 1804. À la fin de l’Ancien Régime, l’Inquisition, protectrice de la foi, s’était également transformée en protectrice de la monarchie57. Pourtant, malgré une action commune entre le Trône et l’Autel ainsi qu’une répression accrue envers les livres, des écrits tenus pour préjudiciables circulaient58 et des éditions frauduleuses furent imprimées. En témoigne La Religiosa instruida, y dirigida en todos los estados de la vida, con Diálogos familiares pour laquelle les inquisiteurs permirent aux libraires et aux lecteurs de différencier les deux éditions par leur nombre de pages. Si le fraudeur était allé jusqu’à usurper l’identité de l’auteur et de l’imprimeur et qu’il avait mentionné l’année de l’édition princeps (1774), il avait oublié que l’original comptait 420 pages et non 46759. Aussi, ce livre contrefait avait-il dû être imprimé entre la fin de l’année 1789 et début 1790 puisque les annonces de librairie qui annonçaient sa vente parurent en février dans la Gaceta de Madrid60 et le Memorial literario61. Or, cet ouvrage ne fut mis à l’index qu’en 1806.
15Le Saint-Office, qui depuis tout temps traquait les écrits sédicieux, renforça donc son action sous le règne de Charles IV. Mais malgré l’ardeur qu’il mit dans sa croisade, les lenteurs de son action firent que les idées véhiculées par les écrits eurent largement le temps d’être diffusées.
Notes de bas de page
1 Andreas Gelz, « Traducir como práctica cultural. Tertulias, academias y traducción en la España del siglo xviii », Revista de Literatura 125, 2001, p. 89-114.
2 Cf. Supra, Représentation quantitative des ouvrages en langues étrangères annoncés dans la presse madrilène (1er janvier 1789-19 mars 1808), p. 158-159.
3 EMD, n° 165 du lundi 26 janvier 1789, p. 828-832.
4 Ibid., n° 211 du lundi 14 décembre 1789, p. 362-365.
5 DM, n° 196 du samedi 15 juillet 1797, p. 838 ; GM, n° 52 du vendredi 30 juin 1797, p. 591.
6 GM, n° 44 du vendredi 1er juin 1798, p. 387-388 ; Ibid., n° 61 du mardi 31 juillet 1798, p. 611.
7 DM, n° 338 du mercredi 4 décembre 1793, p. 1380 ; GM, n° 81, du mardi 8 octobre 1793, p. 1051.
8 Francisco Aguilar Piñal, Bibliografía de autores españoles del siglo xviii (t. IV), op. cit., p. 330- 331 ; Ibid., (t. VIII), p. 346 ; Catálogo Colectivo de Patrimonio Bibliográfico Español ; Catálogo de la Biblioteca Nacional de España.
9 DM, n° 320 du vendredi 16 novembre 1798, p. 2091 ; Ibid., n° 196 du jeudi 15 juillet 1802, p. 784 ; GM, n° 44 du vendredi 21 juin 1798, p. 387-388 ; Ibid., n° 61 du mardi 31 juillet 1798, p. 611 ; Ibid., n° 76 du vendredi 21 septembre 1798, p. 791 ; Ibid., n° 87 du mardi 29 octobre 1799, p. 942 ; Ibid., n° 18 du mardi 3 mars 1801, p. 231-232 ; Ibid., n° 15 du vendredi 19 février 1802, p. 160 ; Ibid., n° 25 du mardi 29 mars 1803, p. 267-268.
10 DM, n° 197 du lundi 16 juillet 1798, p. 792 ; GM, n° 54 du vendredi 6 juillet 1798, p. 516 ; Ibid., n° 100 du mardi 10 novembre 1807, p. 1166.
11 Nosographie philosophique. Nosografía filosófica, por Pinel (2 vols.), Misc., n° XXIII, 1798, p. 253.
12 DM, n° 300 du mercredi 26 octobre 1803, p. 1198 ; Ibid, n° 352 du samedi 17 décembre 1803, p. 1410-1411 ; Ibid., n° 148 du mardi 28 mai 1805, p. 628.
13 GM, Supplément du n° 83 du mardi 16 octobre 1804, 1 p. non numérotée.
14 Misc., n° XXVI, 1800, p. 255.
15 Elección de viajes modernos : obra que para la instrucción y recreo de la juventud de ambos sexos compuso posteriormente el célebre Inglés John Adams ; y se ha traducido al castellano (5 vols.), DM, n° 162 du jeudi 11 juin 1807, p. 695 ; GM, n° 52 du vendredi 19 juin 1807, p. 625-626.
16 Misc., n° XXVI, 1800, p. 203-205.
17 Segundo ensayo del Conde de Rumford sobre el socorro de los pobres, SAA, n° 164 du 20 février 1800, p. 119-128 ; Tercer ensayo de las obras del Conde de Rumford sobre los alimentos más baratos que se pueden emplear para mantener a los pobres, Ibid., n° 165 du 27 février 1800, p. 132-138 ; Ensayo sexto político-económico del Conde de Rumford sobre la economía del combustible, Ibid., n° 168 du 20 mars 1800, p. 184-188 ; Ibid., n° 177 du 23 mai 1800, p. 324-335.
18 Ensayos político-económicos del Conde de Rumford (=Essais politiques, économiques et philosophiques) (2 vols.), Ibid., n° 160 du 23 janvier 1800, p. 54-64.
19 GM, n° 84 du vendredi 17 octobre 1800, p. 973-974 : « La Real sociedad económica de esta corte, no ha podido menos que tener presente entre los trabajos que han de incluirse en él la traducción hecha por D. Domingo Agüero y Neyra, un de sus individuos, de los Ensayos políticos, económicos y filosóficos del Conde de Rumford, porque está bien penetrada de su importancia y utilidad. El público tiene ya noticia de su mérito, y de la necesidad de adoptar sus ideas en todos los pueblos cultos por los extractos que se han hecho de ella en los últimos números del Semanario de agricultura, de la Miscelánea instructiva, y en casi todos los periódicos extranjeros. Sin estas noticias cree la sociedad que bastará a los buenos patricios saber que los establecimientos de Rumford se han puesto en ejecución en Baviera, Londres, París, Ginebra, Lausana, Neuchatel, Zúrich, y otros pueblos, con lo cual se ha conseguido desaparezcan de ellos el hambre, la mendicidad y la desnudez. La sociedad desea ardientemente no sea nuestra España la última nación que adopte unas invenciones como las de Rumford, que son acaso las más honran este siglo ; y ya que por sus atrasos no puede empeñarse en establecerlas como quisiera por la analogía que tienen con su instituto, se apresura a publicarlas. »
20 « Prólogo del traductor », Domingo Agüado y Neyra, Ensayos políticos, económicos y filosóficos del Conde de Rumford (t. 1), Madrid, Imprenta Real, 1800, p. V-VI : « Acudí a la Real Sociedad económica de esta Corte [disait le traducteur], donde se reúne una porción de éstos, y la manifesté mis intenciones. Yo me ofrecí a traducir la obra ; pero quería que la Sociedad tratase de establecer en Madrid tres o cuatro cocinas públicas, según los principios de Rumford, donde se diesen sus sopas económicas a cuantos tuviesen necesidad. La Sociedad aprobó mi proposición con aquel interés que toma en todo lo que es útil a la nación ; pero la escasez de sus fondos la obligó a desistir de una empresa tan laudable, y se vio reducida a no tener por ahora más partes en ella que la de publicar mi traducción. »
21 CMerc., n° 79 du 2 octobre 1800, p. 632.
22 DM, n° 304 du mercredi 31 octobre 1804, p. 1338 ; GM, n° 86 du vendredi 26 octobre 1804, p. 950.
23 ML, n° 8, 2e partie de juillet 1801, p. 267.
24 ML, n° 13, 1re partie de janvier 1802, p. 151.
25 AL, n° 1, 1804, p. 145-146 ; DM, n° 69 du jeudi 10 mars 1803, p. 174-175 ; GM, n° 19 du mardi 8 mars1803, p. 204.
26 DM, n° 87 du samedi 28 mars 1807, p. 364 ; GM, n° 95 du mardi 27 novembre 1804, p. 1060 ; Ibid., n° 34 du vendredi 17 avril 1807, p. 408 ; ME, n° 11 du 15 novembre 1804, p. 215-216.
27 Misc., n° XXIII, 1798, p. 255.
28 EIE, n° 34 du vendredi 3 février 1804, p. 136.
29 Ibidem.
30 AL, n° 3, 1806, p. 27 ; GM, n° 53 du mardi 2 juillet 1805, p. 572 ; VCLA, n° XVI, 1805, p. 199-208.
31 ME, n° 6 juin 1801, p. 233-244.
32 AL, n° 3, 1806, p. 8-9 ; DM, n° 275 du mercredi 2 octobre 1805, p. 380 ; GM, n° 79 du mardi 1er octobre 1805, p. 840.
33 DM, n° 17 du lundi 17 janvier 1791, p. 71-72 ; Ibid., n° 70 du vendredi 11 mars 1791, p. 286.
34 Memorias de Francisco, Barón de Trenck, Coronel y Comandante en Jefe de los Panduros de Hungría, en el ejército austríaco, escritas por el mismo, y traducidas al castellano por D. Alonso de Fierros Jove (2 vols.), DM, n° 321 du samedi 17 novembre 1804, p. 1406-1407 ; EIE, n° 154 du samedi 2 juin 1804, p. 634 ; GM, n° 36 du vendredi 4 mai 1804, p. 401-402.
35 Suscripción a la obra periódica intitulada : Espíritu de los mejores Diarios literarios, que se publican en Europa, GM, Supplément du n° 77 du mardi 25 septembre 1787, 2 p. non numérotées : « La aceptación que esta obra ha merecido al público, como consta de varias cartas que nos han dirigido muchas personas de instrucción, tanto de dentro, como de fuera de Madrid, es para nosotros el único premio que esperábamos. Empeñados por esta misma razón en mejorarla cuanto nos sea posible, no nos contentamos con ciertos extractos que hacíamos de algunos Diarios, sino que después de habernos suscrito a cuantos papeles periódicos se publican en Inglaterra, Francia, Italia, Alemania, y demás Reinos de Europa, en donde se cultivan las letras, hemos establecido una correspondencia en Londres, y en París, de manera que por este medio tendremos la satisfacción de anunciar con la mayor brevedad ciertas noticias particulares, que si hubieran de extractar de los Diarios, no podría verificarse sino mucho tiempo después. » Document également reproduit dans Elisabel Larriba, « La gravure : un élément clé de l’ambitieuse politique éditoriale de l’Espíritu de los mejores Diarios literarios, que se publican en Europa (1787-1791), art. cit., doc. 2.
36 À partir des sources données par les employés du Conseil de Castille (conservés à l’AHN), Lucienne Domergue estime qu’entre 1789 et 1795, soit au plus fort de la période révolutionnaire en Espagne, sur 715 dossiers de licence remis au Conseil de Castille, 91 (soit 12,7 % d’entre eux) furent refusés contre seulement 8,9 % pour 1804 et le début de l’année 1805. Or, si elle se fonde sur les dossiers de la série Impresiones, le taux de licences refusées entre 1790 et 1796 est de 23 % : Lucienne Domergue, La Censure des livres en Espagne à la fin de l’Ancien Régime, Annexe V, op. cit., p. 337-338. De la même manière, Ceferino Caro López démontre, dans une étude des refus de licences par le Conseil de Castille entre 1724 et 1800 fondée sur les séries Imprentas y sus agregados e Impresiones de l’AHN, que ce fut majoritairement sous le règne de Charles IV que les refus furent les plus nombreux et notamment sous la période révolutionnaire avant de subir une baisse : Ceferino Caro López, « Los libros que nunca fueron. El control del Consejo de Castilla sobre la imprenta en el siglo xviii », Hispania. Revista Española de Historia 213, 2003, p. 168-169.
37 Índice último de los libros prohibidos, op. cit.
38 Suplemento al Índice expurgatorio del año de 1790, op. cit.
39 Ibid., p. 46 : « Id. se mandan entregar al Santo Oficio todos los papeles, tratados, & c., que se esparciesen con dicho motivo de la revolución de Francia, y puedan turbar la quietud pública. »
40 DM, n° 59 du vendredi 28 février 1806, p. 257-258 ; Ibid., n° 60 du samedi 1er mars 1806, p. 261- 262 ; Ibid., n° 277 du samedi 4 octobre 1806, p. 407-408 ; Ibid., n° 278 du dimanche 5 octobre 1806, p. 411 ; Ibid., n° 279 du lundi 6 octobre 1806, p. 415-416 ; Ibid., n° 280 du mardi 7 octobre 1806, p. 419-420 ; Ibid., n° 281 du mercredi 8 octobre 1806, p. 423-424 ; Ibid., n° 283 du vendredi 10 octobre 1806, p. 431-432 ; Ibid., n° 285 du dimanche 12 octobre 1806, p. 439-440 ; Ibid., n° 286 du lundi 13 octobre 1806, p. 443-444 ; Ibid., n° 72 du vendredi 13 mars 1807, p. 297-298 ; Ibid., n° 73 du samedi 14 mars 1807, p. 301-302 ; Ibid., n° 74 du samedi 15 mars 1807, p. 305-306.
41 Annexe VII, Liste des livres annoncés dans la presse madrilène et mis à l’index sous le règne de Charles IV.
42 Voir au sujet des lecteurs de livres interdits et l’octroi des licences : Lucienne Domergue, « Los lectores de libros prohibidos en los últimos tiempos de la Inquisición », in Joaquín Pérez Villanueva, coord., La Inquisición española : nueva visión, nuevos horizontes, Madrid, Siglo xvi de España, 1980, p. 605-616 ; Id., « Au crépuscule des Lumières. L’Inquisition espagnole et l’octroi des dispenses pour lire les ouvrages à l’Index », in Jean Dedieu, Bernard Vincent, eds., L’Espagne, l’État et les Lumières. Mélanges offerts en l’honneur de Didier Ozanam, Madrid, Collection de la Casa de Velázquez (86), 2004, p. 63-75.
43 Suplemento al Índice expurgatorio del año de 1790, op. cit., p. 33.
44 DM, n° 15 du vendredi 15 janvier 1796, p. 59 : « […] tercera impresión nuevamente corregida. » ; GM, n° 2 du mardi 5 janvier 1796, p. 24 : « […] tercera impresión nuevamente corregida y aumentada. » ; Ibid., n° 9 du mardi 1er février 1803, p. 96 : « […] tercera impresión nuevamente corregida. » ; Ibid., n° 85 du vendredi 25 septembre 1807, p. 995 : « […] tercera impresión nuevamente corregida. »
45 Lucienne Domergue, La Censure des livres en Espagne à la fin de l’Ancien Régime, op. cit., p. 240.
46 Cité dans Lucienne Domergue, La Censure des livres en Espagne à la fin de l’Ancien Régime, op. cit., p. 239 : « Los que van a las comedias y los que las ven pecan mortalmente. »
47 Lucienne Domergue, La Censure des livres en Espagne à la fin de l’Ancien Régime, op. cit., p. 220.
48 Voir à ce sujet : Lucienne Domergue, « Ilustración y novela en la España de Carlos IV », in Carlos Moya Espí, Luis Rodríguez de Zuñiga, María del Carmen Iglesias Cano, Coords., Homenaje a José Antonio Maravall, Vol. 1, Madrid, Centro de Investigaciones Sociológicas, 1985, p. 485-486 ; Id., La Censure des livres en Espagne à la fin de l’Ancien Régime, op. cit., p. 225-226.
49 Lucienne Domergue, « Ilustración y novela en la España de Carlos IV », art. cit., p. 490-493 ; Id., La Censure des livres en Espagne à la fin de l’Ancien Régime, op. cit., p. 234-237.
50 Suplemento al Índice expurgatorio del año de 1790, op. cit., p. 37 : « Montengón (D. Pedro) : obra impr. en Madrid en 4 vols. en 8.° año de 1786. Edicto 6 de Abril de 1799. »
51 El Eusebio, novela escrita por D. Pedro Montengón, reformada solamente por este célebre autor, así en el estilo como en la inteligencia de algunas proposiciones que motivaron su prohibición (4 vols.), GM, n° 20 du mardi 8 mars 1808, p. 246.
52 AL, n° 4, 1807, p. 25 ; DM, n° 287 du mercredi 14 octobre 1807, p. 456 ; GM, n° 23 du vendredi 14 mars 1806, p. 224 ; Ibid., n° 45 du mardi 26 mai 1807, p. 542 ; Min., n° XXXII du 22 avril 1806, p. 146-150.
53 Índice general de los libros prohibidos, op. cit., p. 13.
54 EMD, n° 162 du lundi 5 janvier 1789, p. 763-766 ; Ibid., n° 163 du lundi 12 janvier 1789, p. 767- 783 ; Ibid., n° 164 du lundi 19 janvier 1789, p. 803-806.
55 Suplemento al Índice expurgatorio del año de 1790, op. cit., p. 48.
56 Ibid., p. 52.
57 Lucienne Domergue, « Lectores de libros prohibidos en los últimos tiempos de la Inquisición », art. cit., p. 607.
58 Manuel Orteu Berrocal, « La literatura clandestina en la época de Carlos IV », Cuadernos de Historia Moderna 17, 1996, p. 71-104.
59 DM, n° 285 du dimanche 12 octobre 1806, p. 440 : « 30. Nota. Se advierte que se ha hecho una edición fraudulenta de la traducción que Fr. José Quiles, del Orden de Predicadores, hizo de la obra francesa en un volumen en 4.°, cuyo título es La Religiosa instruida, usurpando el nombre del traductor, del impresor, lugar y año de impresión ; por lo que, y por contener una incorrección notable, falta de verdad, y sanidad de doctrina en muchos lugares, se prohíbe ; y para que se distinga de la verdadera traducción del P. Quiles, que debe correr libremente, se advierte que la prohibida se compone de 467 páginas, y la corriente de 420. »
60 GM, n° 10 du mardi 2 février 1790, p. 80.
61 ML, n° CIV, 2e partie de février 1790, p. 280 : « La Religiosa instruida, y dirigida en todos los estados de la vida, con diálogos familiares. Escrita en Francés por un Religioso Carmelita Descalzo, y traducida al Castellano por el P. Fr. José de Quiles, Lector de Teología, del Orden de Predicadores. Vol. en 4.° de 467 pag. Murcia : por Benedicto, 1774. » Les mêmes informations sont données dans la BPA, n° VII, 1790, p. 62.
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