Des auteurs minoritaires
p. 251-271
Texte intégral
1Loin de former une communauté figée, les auteurs constituaient une société mouvante qui évoluait avec son temps. De fait, des catégories d’auteurs particuliers se détachent voire émergent. Même si ces écrivains constituaient une minorité au sein des classes sociales auxquelles ils appartenaient, ils jouèrent un rôle tout aussi primordial que leurs confrères dans la diffusion des idées éclairées et des Lettres. À ce titre, certains groupes se révélèrent et devinrent une réalité avec laquelle la République des Lettres dut composer.
Les auteurs anonymes
2Dans la majorité des publicités de livres, les annonceurs mentionnèrent les auteurs et les traducteurs des ouvrages, mais il n’en fut rien pour 8 256 titres (soit 27,26 % de l’ensemble annoncé après que l’anonymat de certains écrivains ait été levé), exclusions faites des 2 278 numéros de publications périodiques dans lesquelles il était commun de ne mentionner que le titre. En ce qui concerne les journaux, les annonces de librairie (à l’exception des plans et des prospectus qui servaient à présenter le nouveau projet) s’adressaient en particulier à des lecteurs assidus qui attendaient impatiemment la parution du nouveau numéro de leur publication favorite. À cela, il faut ajouter que de nombreux publicistes, pour ne pas perdre de souscripteurs, informaient ces derniers par le biais d’avis insérés à la fin du journal que l’abonnement en cours (trimestriel, semestriel etc.) arrivait à son terme et devait être renouvelé. D’autres n’hésitèrent pas à faire la publicité de leur publication dans leur propre journal notamment lorsque les numéros étaient édités sous forme de volumes reliés, comme il était de coutume de le faire à l’époque. Manegat, par exemple, fit paraître successivement 13 réclames qui annonçaient la souscription pour le trimestre suivant et la parution du volume VI dans le Correo de Madrid1.
3Pour les livres, les raisons pour lesquelles les noms des auteurs ne furent pas spécifiés sont autres. Tout d’abord, parce que l’on trouve des œuvres rédigées par des groupes d’hommes de Lettres qui appartenaient à des institutions étatiques, des sociétés savantes, des Académies, comme les Actas de la Real Academia de San Fernando, y relación de los premios generales que hizo en junta pública de 24 de Julio de 1802, a los discípulos más beneméritos de las nobles artes de San Fernando2 ou encore à des congrégations religieuses comme les Pères de l’ordre des Capucins de la Havane qui publièrent les Ocupaciones de Cuaresma para todos los cristianos, en opúsculos devotos, sacados de varios libros espirituales, para utilidad de los fieles3. Ensuite, parce qu’il put s’agir d’une volonté propre aux annonceurs. Pedro Estala, traducteur de 1795 à 1801 des 39 volumes d’El viajero universal, o noticia del mundo antiguo y nuevo et auteur de quatre tomes supplémentaires, mentionné à 131 reprises pour cet ouvrage, ne le fut pas dans 20 annonces de librairie4. Cependant, l’ouvrage, qui avait été annoncé à de nombreuses reprises, ne laissait pas de place au doute sur l’identité du traducteur. Enfin, certains livres furent imprimés de façon anonyme comme le démontre la Noticia extractada de las obras del célebre Portal, sobre los medios más oportunos para socorrer : primero a los ahogados ; segundo a los sufocados por vapores mefíticos ; tercero a los niños que nacen, al parecer, muertos ; cuarto a los mordidos por animales rabiosos ; y quinto a los envenenados5. Dans ce dernier cas, comme dans bien d’autres, il est certain que la volonté de l’auteur fut de ne pas faire figurer son nom sur la page de garde ni ailleurs dans l’ouvrage. Il en va de même pour certains ouvrages étrangers. Ainsi, fut-il spécifié dans l’annonce du Viaje por mis faltriqueras, traduit du français par Bernardo María de Calzada, parue en juin 1805 dans les Efemérides de la Ilustración de España que celui-ci était le fruit d’un auteur anonyme6. En revanche, le Diario de Madrid, la Gaceta de Madrid ainsi que l’Almanaque literario ne stipulèrent que le nom du traducteur, sans apporter plus de précisions7. Quant à l’œuvre en italien, Atti della reales Academia di Napoli, & c. Memorias de la Real Academia de Nápoles, desde su fundación hasta el año de 1787, comme précisé dans le titre, elle regroupait des travaux de divers membres de l’Académie8. Somme toute, il est bien difficile de connaître les raisons qui poussèrent ces hommes de Lettres à éditer leurs écrits anonymement. En ce qui concerne l’Espagne, nous pourrions penser que ce fut pour échapper à la censure inquisitoriale. Cependant, il y a de fortes chances que les dossiers de demande de licence remis de cette manière aux autorités eussent été rejetés d’office. Par conséquent, nous pouvons supposer que certains ouvrages que nous considérons de nos jours comme anonymes (Francisco Aguilar Piñal n’en recense pas moins de 6 432 et 4 969 respectivement dans les tomes IX et X de sa Bibliografía de autores9) ne l’étaient pas forcément à cette époque pour une partie du monde éditorial.
4L’anonymat revêt cependant bien d’autres caractéristiques communes à l’ensemble des écrivains indépendamment de leur nationalité, de leur origine sociale et des écrits qu’ils rédigèrent. Dans un premier temps, l’une des techniques couramment utilisées est l’emploi des initiales correspondant, peu ou prou, au patronyme des auteurs. Le croisement des données ainsi que la consultation de différents ouvrages voire des éditions numériques avaient permis d’identifier nombre d’hommes de Lettres qui utilisèrent ce moyen pour signer leurs œuvres, mais pour 116 cas (2,86 % de l’ensemble des auteurs répertoriés), ce fut peine perdue. De fait, 70 auteurs originaux espagnols et 41 traducteurs envoyèrent de cette manière leurs ouvrages à l’imprimerie contre cinq pour les auteurs étrangers et aucun traducteur. Ces chiffres démontrent la vigilance des autorités espagnoles envers les livres en provenance de l’étranger qui s’efforcèrent, tant bien que mal, de connaître les auteurs dont les imprimés entraient dans la Péninsule. À l’inverse, pour l’Espagne, si le Conseil de Castille dut refuser plus d’un manuscrit anonyme, il semblerait qu’il y eut un certain relâchement de la part de la Couronne en ce qui concerne les impressions. Effectivement, la quatrième règle de la Résolution royale du 27 juillet 1752, soit de l’auto de Curiel, qui imposait qu’au début de chaque livre la licence, la taxe, le privilège d’impression (s’il y en avait un), l’imprimeur, le lieu d’édition, la date d’impression et, surtout dans ce cas, que le nom de l’auteur fussent mentionnés10 semblait bien lointaine alors que paradoxalement la Couronne ne cessa de promulguer des lois de plus en plus restrictives. Ainsi nous ne saurons rien de plus sur D.R.V., auteur de la Carta dirigida al Preceptor de Tarancón, en las que se insertan no pocos, ni pequeños reparos a la Gramática del Preceptor de Atienza : escritos por D.R.V. con la institución pueril de Mureto, y por el mismo traducida en verso Castellano de 23 pages, publiée en 1789 par les héritiers de Nicolás de Timanzón, imprimeurs à Tolède11 ou encore sur l’écrivain français A.C., qui rédigea L’Européenne sauvage & c. La Europea salvaje, o historia de Madama Valville en deux volumes12.
5Dans un deuxième temps, les seules références à ces auteurs furent en relation avec leur profession, leurs diplômes universitaires ou avec les batailles qui leur tenaient à cœur et qui leur servirent à rédiger leurs écrits. Ici encore, nos données ou nos lectures furent infructueuses. Pour ceux-ci, l’on dénombre, pour l’Espagne, 70 et 33 cas respectivement pour ceux qui rédigèrent leurs propres ouvrages et pour ceux qui se consacrèrent à la traduction contre 14 auteurs étrangers seulement. Parmi eux figurent « un ami de sa nation », traducteur de la version française de l’ouvrage de Tomas Paine, Decadencia y ruina del sistema de hacienda de la Inglaterra, escrito en inglés por Tomas Paine, traducido al francés por F. Lanthenas, miembro del Consejo de los Quinientos13, le Bachiller*** qui fut l’auteur de Los Cajoncitos de la Almohadilla de Anita, o sea El Libro del Tocador : dedicados a las Señoritas de su edad14.
6Avec seulement cinq hommes de Lettres pour l’Espagne, quatre écrivains originaux et un seul traducteur, se référer aux précédents écrits des auteurs pour désigner ces derniers fut un moyen peu employé pour conserver l’anonymat. Il faut dire que les diverses données en notre possession permirent de réduire considérablement le taux d’indétermination. Les interrogations qui demeurent correspondent néanmoins à des ouvrages pour lesquels, bien évidemment, les écrivains n’étaient pas nommés dans leurs travaux antérieurs. Par exemple, l’auteur de la Carta del propio traductor defendiendo el uso de algunas palabras nuestras bien castizas15 n’était autre que le traducteur de l’Oración paretnética predicada en lengua italiana por el ex-Jesuita D. Juan de Osorio, natural de Córdoba, traducida al castellano16.
7Enfin, le dernier cas de figure concerne les auteurs qui, pour cacher leur véritable identité, employèrent des pseudonymes ou des anagrammes. Si la pratique était loin d’être nouvelle, celle-ci se développa au xviiie siècle avec la multiplication des périodiques. En effet, de nombreux hommes de Lettres participèrent à leur rédaction ou envoyèrent leurs écrits sous couvert d’une plume anonyme. On pense notamment aux collaborateurs d’Antonio Manegat pour le Correo de Madrid : au médecin Manuel Casal y Aguado qui signa ses articles sous le pseudonyme de Don Lucas Alemán, à Manuel Aguirre sous celui d’El Militar ingenuo et à Cayetano López Cano sous celui d’Antonio Cacea. Les attaques dont les auteurs faisaient régulièrement l’objet par leurs confrères ou les critiques émises à l’encontre de certains écrits poussèrent sans doute plus d’un écrivain à recourir à cette pratique. Parmi ceux qui cachèrent leur identité, certains étaient fort connus et des plus populaires comme Leandro Fernández de Moratín qui publia l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre théâtraux, El sí de las niñas, sous le nom d’Inarco Celenio17 ou bien Tomás de Iriarte sous celui de Tirso de Ymareta pour la comédie Hacer que hacemos18. En revanche pour d’autres, il fut beaucoup plus difficile de les identifier. Effectivement, à la lecture de certains noms il était possible de penser qu’il s’agissait de faux patronymes à l’image de celui de Rafael Nuix y Perpiñá, Titi Carici Perpenne19. Mais comment se douter que Manuel de Ojamar, traducteur de la Comedia nueva o el café en allemand de Moratín (précédemment cité)20, était Manuel Lozano Pérez Ramajo ? La consultation systématique de la Bibliografía de autores permit de dissiper de nombreux doutes. Cependant, nombre d’interrogations demeurent encore quant à la véritable identité de quelques auteurs. Qui se cache en réalité sous l’occulte pseudonyme d’Eleuterio Crispín de Andorra, auteur des Cartas Críticas jocoserias, que en defensa de la literatura española escribía D. Eleuterio Crispin de Andorra21 publiées en 1802 ? Ou encore qui pouvait bien être le prêtre Teófilo Filadelfo de la Carta de D. Teófilo Filadelfo, Presbítero, a D. Antonio Sánchez Valverde, Licenciado en Santa Teología y ambos derechos, en que amistosamente le da parte de algunos notables errores, que observó en sus Sermones dignos de corrección22 publiée en 1788 et à qui le destinataire, Antonio Sánchez Valverde, répondit une année plus tard par le biais d’une Carta respuesta a D. Antonio Sánchez Valverde, en que se disculpa en el modo que es posible de los gravísimos errores que en sus Sermones le reprehendió D. Teófilo Filadelfo23 ? Bien des auteurs cachés restent donc encore à découvrir. En Espagne, pas moins de 74 hommes de Lettres, 61 auteurs originaux et 13 traducteurs, dissimulèrent leur identité sous divers surnoms. La palme en la matière revient sans conteste au moine de la congrégation de Saint-Augustin, Juan Fernández de Rojas, qui signa ses œuvres avec pas moins de huit pseudonymes différents : Antonia de Viqueidi24, Madama Crotalistris25, Francisco Agustín Florencio26, Cornelio Panvino Venaseca27, Juanito López Polinario28, Cornelio Suárez de Molina29, un señorito pirracas30 et enfin un Filósofo currutaco31. Quant aux auteurs étrangers, 14 au total, on trouve, parmi eux, Voltaire, qui sous le nom de Vadé, fut édité en 1804 alors que sa production littéraire était plus que surveillée. Mais, son traducteur ne se risqua pas à mentionner son nom32.
8L’anonymat de certains auteurs ayant été levé par le regroupement ou le croisement des données ainsi que par l’indication de leur profession parfois contenue dans les annonces de livres, il fut donc possible de les classer dans les catégories sociales les plus appropriées. Toutefois, sur un recensement de 318 écrivains (12,93 % des hommes de Lettres espagnols), 181 d’entre eux (57,27 %) furent inclassables. Les communautés ecclésiastiques ou les institutions qui rédigèrent des ouvrages à plusieurs mains ne comptant que pour une seule voix.
9Les résultats obtenus dans ce tableau sont néanmoins à prendre avec précaution. En effet, bien que nous ayons systématiquement vérifié les titres des ouvrages pour nous assurer que le nom des auteurs ne fut pas volontairement omis par les annonceurs, des erreurs purent avoir été commises soit par ces derniers soit par les imprimeurs.
10Ce cadre offre cependant bien des similitudes avec ceux réalisés pour les auteurs dits « majoritaires ». Les « Diplômés » (dix au total, soit 7,41 % de l’ensemble) n’offrent aucune possibilité d’approfondissement ni de nouveauté supplémentaire. Quant à la noblesse, qui ne s’illustra jusqu’alors que peu dans le domaine des Lettres, elle ne dérogea pas à la règle puisqu’elle ne comptabilise que deux auteurs (soit 1,48 %). Le clergé, avec 79 membres (58,52 %), arrive en tête de ce classement. Par ailleurs, comme nous avions pu le constater, ses membres s’adonnèrent bien plus à la rédaction (49 d’entre eux) qu’à la traduction (30). Enfin, pour les clases pudientes, avec 44 écrivains (32,59 %) répartis entre13 professions différentes, nous sommes bien loin des chiffres atteints précédemment. L’explication à cela peut se trouver dans la visibilité que ces auteurs voulurent se donner en éditant leurs ouvrages. Effectivement, comment démontrer qu’eux aussi participaient activement à l’entreprise de diffusion des connaissances, à la régénération de leur nation ou que l’Espagne était une République des Lettres qui possédait de nombreux auteurs de talent s’ils cachaient leur identité ? Ajoutons à cela que s’ils entendaient également prouver grâce à la publication de leurs œuvres que la culture n’était plus seulement réservée à une élite (au niveau de laquelle ils souhaitaient se hisser), ils n’avaient guère intérêt à écrire sous une plume anonyme, bien au contraire. En ce qui concerne les différentes professions représentées, aucune différence notable n’apparaît. Tout au plus peut-on signaler que les médecins et les avocats n’arrivent respectivement qu’en sixième et huitième position. Les enseignants (au nombre de 16), les employés de l’État (neuf) et les militaires (six), groupes toujours les plus nombreux, occupent invariablement le haut du tableau.
11Il fut possible de procéder de la même manière avec les auteurs étrangers puisque la méthode d’anonymat employée n’offrait pas de différence avec l’Espagne. Néanmoins, ceux-ci étaient bien moins nombreux sans nul doute à cause de la vigilance dont le Trône et l’Autel firent preuve avec l’installation des « cordons sanitaires » et l’examen systématique des œuvres qui arrivaient aux frontières. Aussi, n’en comptabilisons-nous que 53 (soit 3,52 % de la totalité des écrivains étrangers) originaires de différentes nations.
12On note non seulement une nette prédominance des auteurs (49 contre seulement quatre traducteurs) mais aussi des hommes de Lettres européens (48 d’entre eux) et tout particulièrement français et italiens avec respectivement 31 (58,49 %) et dix (20,75 %) représentants.
13Grâce aux différentes informations offertes par les annonces de livres et les différents catalogues consultés, il fut possible de retrouver la nationalité de l’ensemble des auteurs étrangers. Cependant, nous fûmes moins chanceux en ce qui concerne leur appartenance sociale puisque pour 25 d’entre eux (47,16 %) rien ne filtre quant à leur activité professionnelle.
14Dans ce tableau, un seul traducteur figure, l’imprimeur parisien Noël Aubin qui signa la version française des Éléments de critique dramatique. Elementos de crítica dramática, que contienen un análisis del teatro bajo los títulos siguientes : de la Tragedia, de la Tragicomedia, de la pantomima y de la farsa, con una idea de la educación de los comediantes griegos y latinos de William Cooke sous le nom de P. F. Aubin33. Une fois de plus la noblesse est la moins représentée avec seulement cinq membres (17,86 %). C’est donc encore au sein du clergé et des roturiers que se trouvaient regroupés la majorité des écrivains. Mais par rapport à l’Espagne, la représentation de ces deux catégories est inversée. Les ecclésiastiques n’occupent que la deuxième place avec neuf membres (32,14 %) tandis que les laïcs (pour lesquels on dénombre dix professions) arrivent en première place avec 14 auteurs, soit 50 % d’entre eux, avec en tête de liste les enseignants, les avocats et les employés de l’État.
15Il convient également pour l’ensemble de ces hommes de Lettres (Espagnols et étrangers confondus) de souligner l’implication des sociétés savantes et des Académies sous l’égide desquelles nombre d’ouvrages furent édités. Aussi, ces œuvres écrites à plusieurs mains permettaient-elles de dévoiler les travaux de leurs membres. Ces diverses institutions, dont nous avons signalé l’intérêt, furent mentionnées à pas moins de neuf reprises pour l’Espagne et 11 fois pour l’Europe comme la Société Batave de Rotterdam qui fit éditer ses mémoires34.
Les femmes de Lettres ou l’émergence d’une nouvelle réalité culturelle
Les femmes au sein de la République des Lettres espagnoles
16Le postulat établi jusqu’à la fin du xviiie siècle en ce qui concerne l’éducation des femmes et leur accès à la culture est consternant. Néanmoins, il est révélateur de la place qu’elles occupaient au sein de la société. En effet, l’éducation donnée aux femmes était strictement domestique et les apprentissages de la lecture et de l’écriture, s’ils leur étaient dispensés, ne constituaient pas, comme ce pouvait être le cas pour les hommes, une priorité. Aussi, par instruction fallait-il plutôt comprendre, pour elles, formation morale. En ce sens, les femmes étaient plus éduquées qu’instruites35. On ne s’étonnera pas alors jusqu’encore très tard dans le siècle des Lumières, les quelques femmes qui avaient pris la plume avec grand succès étaient majoritairement des religieuses à l’image de Sainte Thérèse de Jésus dont les ouvrages étaient toujours édités36. Toutefois, la pénétration des Lumières supposa une lente amélioration de la condition féminine. En 1781, Charles III donna l’accès à l’enseignement aux jeunes filles en imposant l’école obligatoire pour tous les enfants. Néanmoins, le taux de scolarisation en dit long sur la portée de cette mesure et sur l’évolution des mentalités. Effectivement, en 1797, le constat est sans équivoque. Sur les 843 871 jeunes filles âgées de sept à 16 ans recensées37 seulement 88 513 d’entre elles étaient scolarisées38, soit 10,48 % (si nous considérons que sept ans était l’âge requis pour entrer à l’école). À titre de comparaison, parmi les 890 149 garçons39, 304 613 d’entre eux40 (soit 34,22 %) reçurent un enseignement. Dès lors, on comprend mieux que le taux d’alphabétisation des femmes ne fut que de 13,46%41, ce qui ne certifie d’aucune manière qu’elles savaient à la fois lire et écrire42. Et il va sans dire que les plus touchées par ce manque de connaissances rudimentaires étaient celles des classes les plus modestes. Pourtant à la fin du xviiie siècle, les femmes occupèrent un espace plus large au sein de la société et accrurent leur visibilité. Elles développèrent des activités culturelles qui étaient jusqu’alors réservées aux hommes. Les salons littéraires (tertulias), hauts lieux de sociabilité où la culture était à l’honneur et où l’on pouvait débattre des idées les plus progressistes, comptaient parmi les plus courus de la capitale ceux organisés par la comtesse-duchesse de Benavente et par la comtesse de Montijo43. Cet accès privilégié à la culture était évidemment réservé aux classes sociales les plus aisées mais il démontre que les femmes s’y intéressaient et qu’il fallait désormais commencer à les prendre en considération. D’ailleurs, l’intérêt de certaines d’entre elles à l’égard de la presse (comme l’attestent les listes de souscripteurs publiées par les périodiques de l’époque) montre qu’elles n’entendaient pas rester en marge de l’évolution de la société44.
17Dans ce contexte socio-historique, le beau sexe ne pouvait que constituer une catégorie d’écrivains minoritaires. Seulement 59 femmes de Lettres, toutes nationalités confondues, sont recensées, soit 1,45 % de l’ensemble des auteurs. Au nombre de 30 parmi les 2 549 écrivains espagnols répertoriés, elles ne représentent que 1,17 % de l’ensemble. Il faut dire qu’au sein d’une société patriarcale, elles durent œuvrer activement pour faire entendre leur voix. Le constat qu’établit Feijóo, qui tentait de les défendre au début du siècle, ne fait aucun doute sur la vision que les hommes avaient d’elles :
Défendre toutes les femmes [disait-il] revient à offenser presque tous les hommes : car il est rare que l’on ne s’intéresse à la supériorité de son sexe sans décrier l’autre. Le mépris des femmes est si répandu parmi l’opinion commune, que l’on conçoit difficilement quelque chose de bon en elles. On estime que moralement, elles sont remplies de défauts, et physiquement, d’imperfections. Mais c’est surtout sur le caractère limité de leurs capacités intellectuelles que l’on insiste avec le plus de force45.
18Avec un portrait aussi peu flatteur et des qualités intellectuelles quasiment inexistantes (aux dires de la gent masculine), on comprend que les femmes qui écrivaient réservèrent au départ leurs productions à la sphère privée46 et que leurs écrits eurent le plus grand mal à trouver le chemin des presses. Pourtant, ces intellectuelles qui osèrent prendre la plume démontrèrent qu’elles n’eurent absolument rien à envier à leurs homologues masculins. Les commentaires des rédacteurs du Memorial literario pour présenter l’œuvre de Margarita María Hickey y Pellizoni, Poesías varias, Sagradas, Morales y profanas o amorosas ; con dos poemas épicos en elogio del capitán General Don Pedro Ceballos, ne font aucun doute à ce sujet :
De nombreux Écrivains érudits traitèrent volontairement de ce que sont capables les dames en ce qui concerne les sciences. D’autres nourrissant peut-être quelque colère à leur égard, voulurent présenter leurs talents comme inférieurs à ceux des hommes, même s’ils n’ignoraient pas, non seulement, que ces derniers avaient bien plus de facilités pour s’instruire, que ce soit par la fréquentation des Salles de cours et des Académies ou par les voyages dans divers Royaumes, mais aussi qu’ils se devaient, par goût ou par nécessité, d’étudier afin d’obtenir les emplois, dignités et autres charges de la République, dont les femmes, généralement, ont toujours été exclues.
Mais l’on constate chaque jour que si elles ont reçu une éducation littéraire, et même sans cela, nombre de celles qu’une véhémente inclination a uni aux Lettres et qui ont manié avec méthode les livres ont démontré par leurs œuvres ne pas être inférieures aux hommes.
Nous avions largement parlé d’elles, en nous limitant seulement aux Espagnoles, dans le Memorial du mois de Juin 1785. Alors, nous n’avions pas parlé de nombre de contemporaines de notre connaissance attendant qu’une occasion se présente et que leur modestie nous offre une opportunité de ne pas taire leur mérite47.
19Les publicistes, Ezquerra et Trullenc, bien que ne faisant aucune observation sur le contenu de l’ouvrage, démontraient pourtant fort habilement que le livre présenté était de qualité. En effet, il ne s’agissait plus pour eux de prouver que les femmes possédaient des facultés intellectuelles et un talent certain pour les Lettres ou les Sciences (ils renvoyaient pour cela à la lecture d’un long article précédemment publié48) mais, plutôt, de dénoncer les carences d’un système éducatif et social qui bridait leurs capacités et de fait les excluait. À une époque où elles n’étaient encore visibles aux yeux de la société qu’à travers leurs époux ou au sein de leur foyer49, le discours des rédacteurs du Memorial literario était des plus novateurs. Néanmoins, pour certains intellectuels, il s’inscrivait dans la lignée des idées véhiculées par les Lumières comme en témoignent les différents écrits annoncés à ce sujet : Defensa de las mujeres, o discurso sobre la capacidad o incapacidad natural de éstas para las ciencias y artes ; y si en razón de su constitución, o por defecto de su potencia intelectual y organización física, deben o no tener otras ocupaciones que las de la rueca, calceta y aguja, como pretenden algunos hombres ; o deberá dárselas otra educación que la que se les da actualmente, y cual sea ésta de Vicente del Seixo50, Defensa de los derechos de las mujeres, a la que siguen algunas consideraciones sobre asuntos políticos y morales de Mary Wollstonecraft51, Defensa de las mujeres, o discurso que sobre sus virtudes y sus vicios las dirige bajo el nombre de Eugenia un vecino de esta Corte de William Walsh de Aberley traduit anonymement en espagnol52, Discurso sobre la educación física y moral de las mujeres de Josefa Amar y Borbón53 ou encore De la nécessité de l’instruction pour les femmes, & c. De la necesidad de instruir a las mujeres de madame Gacon Dufour54. Les intellectuelles, aidées dans leur combat par quelques hommes, tentèrent par leurs écrits d’améliorer la condition de leurs semblables et de faire évoluer les mentalités.
20Compte tenu de ce qu’était la condition féminine à l’époque, il n’est pas surprenant que les annonces de librairie n’offrirent que peu de renseignements sur les femmes de Lettres, exception faite de leurs titres de noblesse ou de leur état de religieuse. Aussi, aucune indication n’est fournie pour 16 d’entre elles parmi lesquelles 9 auteures sur 20 recensées et 7 traductrices sur un total de 11.
21Ce tableau met clairement en évidence, et sans surprise, l’accès privilégié à la culture et à l’enseignement dont bénéficiaient les femmes des classes sociales les plus aisées. En effet, la majorité des écrivaines était issue de la noblesse (sept d’entre elles, soit 46,67 %). S’il est certain que ces femmes se devaient de recevoir une éducation digne de leur rang, c’est-à-dire de connaître les bonnes manières et être vertueuses, les autres connaissances ne furent pas pour autant écartées de leur apprentissage. Par ailleurs, bien que l’enseignement qui leur fût dispensé pouvait parfois être des plus succincts, la lecture et l’écriture devaient sans conteste faire partie des savoirs que les jeunes filles de bonne famille devaient maîtriser. De plus, de par leur position privilégiée au sein de la société, la culture leur était bien plus facilement accessible.
22Quantitativement, le deuxième groupe d’importance de femmes de Lettres correspond aux religieuses. À la différence des laïques qui pouvaient choisir d’aborder des sujets divers et variés dans leurs œuvres55, tous leurs ouvrages portaient sur la religion. María de Santo Tomás de Villanueva, Mère supérieure de l’ordre de Saint-François du couvent de Notre Dame des Anges de Valence, à travers le Salvador sol divino de alta contemplación, que a ella con sus rayos eleva al alma cristiana s’adressait à toutes ses consœurs56. Quant à María de Córdoba y Pacheco, franciscaine du couvent de Notre Dame de la Paix à Málaga, elle traduisit de l’italien l’Ejercicio Eucarístico, o visitas al Santísimo Sacramento en la solemne oración de Cuarenta Horas57. Mais comment aurait-il pu en être autrement lorsqu’on leur demandait d’avoir pour uniques lectures celles qui les aidaient à maintenir leur rôle de parfaites épouses de Dieu et à développer leur dévotion58 ?
23Enfin, les dernières femmes de Lettres à figurer dans ce classement sont celles appartenant aux clases pudientes. À la différence des hommes, une seule activité est représentée. De plus, ces deux femmes évoluaient dans les hautes sphères de la société puisqu’elles étaient dames de Cour. Aussi, pour accéder à ces fonctions, avaient-elles dû recevoir une éducation digne de ce nom. C’est ce que démontre le cas de Margarita María Hickey y Pellizoni, fille d’un médecin irlandais et d’une chanteuse d’opéra de Milan, mariée à un militaire proche de la Cour, Juan Antonio de Aguirre59. Effectivement, les Poesías varias, Sagradas, Morales y profanas o amorosas publiées en deux volumes en 1789, dont le Memorial literario (comme nous l’avons vu précédemment), le Correo de Madrid60 et le Diario de Madrid61 firent des éloges, renfermaient également des pièces de théâtre et notamment Andromaque de Racine qu’elle avait traduit. Si des zones d’ombres demeurent sur sa jeunesse62, il est certain qu’elle dut recevoir un solide enseignement compte tenu des aptitudes qu’elle démontra pour l’écriture. En réalité, cette dernière, pas plus que d’autres qui prirent la plume et pour lesquelles nous ne possédons aucune information biographique, ne pouvait appartenir aux couches sociales les plus modestes. Si elles n’appartenaient pas non plus à la noblesse, elles devaient malgré tout faire partie d’une élite sociale qui possédait des ressources économiques relativement importantes pour avoir pu accéder à un tel niveau de culture.
24Somme toute, en excluant les religieuses dont les écrits ne revêtaient qu’un caractère purement spirituel, ce qui ne remet pas pour autant en cause leurs aptitudes à l’écriture, peu de femmes étaient arrivées à se faire un nom au sein de la République des Lettres grâce à leurs travaux littéraires, au sens littéral du terme.
25Les nobles, qui s’adonnèrent plus que toutes autres à l’écriture, faisaient partie de cette minorité de femmes éclairées qui œuvra activement pour la condition féminine. Aussi, n’est-il pas surprenant que six d’entre elles appartiennent à la Junte des Dames de la Société Économique des Amis du Pays de Madrid63. L’admission de María Isidra Quintana de Guzmán y La Cerda (première femme docteur ès-Lettres et Philosophie de l’Université d’Alcalá de Henares) au sein de la Matritense (jusqu’alors réservée aux hommes) le 22 février 178664, avait ouvert la voie après de houleux débats65. Cinq mois plus tard jour pour jour, ce fut au tour de la comtesse de Benavente, dont l’époux le duc d’Osuna était directeur de la Société, d’y faire son entrée66. Sur décision royale, le 27 août 1787, la Junte des Dames fut officiellement créée et la comtesse élue présidente lors de la première réunion le 5 octobre de la même année. Le 22 septembre 1787 avaient également pris part à l’aventure la duchesse d’Almodovar67, le 8 août 1788, la marquise de Fuerte Híjar68 et, enfin, le 13 novembre 1789, la marquise d’Espeja69. Mais celle qui fit sans conteste le plus parler d’elle par ses écrits fut Josefa Amar y Borbón reçue membre de la Junte le 5 octobre 178770 et dont le discours d’admission fit, comme pour ses consœurs, l’objet d’une publication71. En plus des ouvrages qu’elle rédigea, elle traduisit également l’œuvre de Javier Lampillas, Ensayo histórico-apologético de la literatura Española, contra los opiniones preocupadas de algunos escritores modernos Italianos, que para la vindicación de la nación Española escribió el Abate Javier Lampillas, qu’elle corrigea et augmenta72. Ce dernier titre démontre que ces femmes prirent également part à la bataille pour défendre l’honneur de leur patrie. Par ailleurs, elle fut la seule Espagnole à s’être consacrée aussi bien à l’écriture qu’à la traduction (nous ne l’avons cependant comptabilisée qu’une seule fois dans notre tableau parmi les auteures originales). Ajoutons que Josefa Amar y Borbón participait également aux travaux de la Société Économique des Amis du Pays de Saragosse dont elle était membre73. Les membres de la Junte des Dames, qui s’illustrèrent parfois bien plus brillamment dans leurs activités que leurs homologues masculins, étaient par conséquent des femmes éclairées en parfaite adéquation avec la société de leur temps.
26Ces intellectuelles, qui avaient su se faire une place de choix au sein de l’élite culturelle madrilène, contribuèrent activement à accroître la visibilité des femmes au sein de la société. Mais cela s’inscrivait également dans une réforme éducative voulue par les ilustrados. Par conséquent, il n’est pas surprenant que des livres fussent principalement adressés aux femmes dans un but éducatif et pédagogique. La Biblioteca Selecta de las Damas, par exemple, publiée en 12 volumes entre 1806 et 1807, traitait de l’éducation morale dans les deux premiers tomes, de la géographie et des voyages dans les six suivants et enfin de l’histoire dans les quatre derniers74. Pour les auteurs, les femmes constituaient indéniablement un nouveau public même s’il était minoritaire.
Les femmes de Lettres étrangères
27Au vu des écrits étrangers qui traitaient de l’éducation féminine ou de leurs droits, la condition sociale des femmes en Europe n’était guère plus reluisante qu’en Espagne. Toutefois, les femmes de Lettres étrangères étaient érigées en modèles pour les Espagnoles. Antonio Manegat, qui avait annoncé l’œuvre de Margarita María Hickey y Pellizoni, espérait bien que d’autres suivraient son exemple et contribueraient à la splendeur littéraire de la nation. Aussi, s’adressa-t-il à elles en ces termes :
Les réflexions que cet Auteur fait en faveur de son sexe pousseront peut être d’autres femmes à offrir au public leurs travaux littéraires. Voir renaître la littérature chez tous les sexes donnerait certainement plus d’éclat à notre nation ; et il en serait renforcé si parmi les femmes de lettres figuraient quelques Comtesses de Genlis75.
28En précisant aux Espagnoles qu’il pouvait se trouver parmi elles des talents dignes de l’une des plus célèbres femmes de Lettres de son temps, Manegat n’avait d’autre but que de les inciter à prendre la plume. De fait, la renommée de Stéphanie Félicité Ducrest de Saint-Aubin, marquise de Sillery et comtesse de Genlis par son mariage, n’était plus à faire en Espagne où ses œuvres étaient largement diffusées76. Toutefois, elle ne fut pas la seule à s’être s’illustrée par son activité littéraire. Parmi les 1 504 auteurs étrangers, on dénombre 29 femmes de Lettres (1,92 %).
29Toutes ces auteures étaient originaires des nations européennes dont les ouvrages étaient les plus diffusés en Espagne. La France occupe par conséquent le premier rang du tableau avec 15 représentantes, soit 50 % d’entre elles, suivie par la Grande-Bretagne avec neuf écrivaines (30 %) et l’Italie (trois, soit 10 %). La Suisse et le Portugal, quant à eux, clôturent ce classement avec respectivement deux (6,67 %) et une seule (3,33 %) femmes de Lettres. Par ailleurs, on constate que ces femmes n’eurent apparemment que peu d’engouement pour la traduction puisque seulement deux d’entre elles se prêtèrent à l’exercice. Parmi elles, figurait la Suissesse Jeanne Isabelle Pauline de Bottens, plus connue sous le nom de baronne de Montolieu77. Elle écrivit le roman Carolina de Lichtfield publié en trois volumes en 179678 et réédité en 180279 puis traduisit El Aristómenes de l’allemand en français80. La seconde était une comédienne française, Madame de Molé, qui avait réalisé la version française de La Misantropía y arrepentimiento de Kotzebue à partir de laquelle fut réalisée la traduction espagnole81. Cependant, l’information fournie par les annonceurs espagnols quant à son rôle de traductrice était semble-t-il quelque peu erronée. Effectivement, son action sur la version française s’était apparemment limitée à apporter quelques retouches au texte déjà traduit par l’un de ses confrères bruxellois82.
30Comme pour les Espagnoles, les annonces de librairie ne renfermaient que peu de renseignements sur les auteures étrangères. Aussi, ne fut-il possible de déterminer l’appartance sociale que de 15 d’entre elles.
31Seule la baronne de Montolieu est représentée à deux reprises dans la noblesse ce qui ne change en rien le classement établi. Les femmes issues des rangs de la noblesse (huit, soit 53,33 %), comme leurs consœurs espagnoles, se consacrèrent majoritairement à l’écriture de par leur accès privilégié à la culture. Au nombre de quatre (26,67 %), les religieuses se classent en deuxième position. Parmi elles, figuraient la portugaise María do Ceo, abbesse du couvent de l’Espérance à Lisbonne83 ou encore la marquise de la Valière qui, en prenant le voile dans l’ordre des carmélites déchaussées, changea son nom, comme il était de coutume, et prit celui de Sœur Louise de la Miséricorde84. Le seul changement notable provient des roturières. À l’inverse des Espagnoles de ce groupe qui évoluaient à la Cour, ces auteures (au nombre de trois, soit 20 %) exerçaient des activités professionnelles reconnues. Il va sans dire qu’en tant que comédiennes ou directrice d’école, elles devaient parfaitement maîtriser la lecture et l’écriture. Mais ces résultats sont à manier avec prudence, le taux d’indétermination étant ici de 50 %.
32En ce qui concerne leurs œuvres, les religieuses rédigèrent bien évidemment des livres en rapport avec la religion. Quant aux autres, leur activité littéraire fut principalement orientée sur l’écriture de romans. On trouve par exemple El castillo negro, o los trabajos de la joven Ofelia de la comtesse Ortimar Mérard-Saint Just85 ou encore La Huerfanita Inglesa, o historia de Carlota Summers écrite en quatre tomes par l’anglaise Sarah Fielding86, sœur du célèbre Henry Fielding, lui-même auteur de deux romans : Tom Jones, o el Expósito87 et Historia de Amelia Booth88. Signalons que parmi ces femmes de Lettres, figurait Isabelle de Bourbon-Parme, sœur de la reine d’Espagne et première épouse de l’empereur Joseph II de Habsbourg, dont les Meditaciones cristianas para un retiro espiritual traduites par Joaquín Moles firent l’objet de deux éditions en 1767 et en 177189. Avec cette œuvre, les liens étroits entre l’Église et les têtes couronnées pour diffuser les valeurs catholiques ne font aucun doute puisque tous les lecteurs de ce livre se voyaient concéder 3 380 jours d’indulgences90.
33Enfin, preuve que les femmes n’avaient rien à envier aux hommes en ce qui concerne leurs aptitudes littéraires dans tous les domaines de l’écriture, « une société de Dames françaises » avait fondé le 24 janvier 1808 un journal littéraire qui leur était exclusivement réservé sous le titre d’Athénée des Dames. Ce dernier devait comporter des écrits en prose ou en vers qu’on leur enverrait, la critique de leurs livres récemment édités ou leurs « célèbres causes91 ». Quant à madame Gacon Dufour, qui s’intéressa à la cause féminine, elle faisait partie de diverses sociétés savantes et, chose surprenante, de diverses Académies d’agriculture92.
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34Ces auteures, bien que minoritaires, eurent cependant un rôle important au sein de la République des Lettres. Leurs ouvrages, en parfaite adéquation avec la société de leurs temps, contribuèrent activement à la diffusion des idées des Lumières. Par ailleurs, les femmes qui, jusqu’alors n’avaient eu que peu de visibilité, purent grâce à leurs écrits non seulement défendre leur cause mais aussi démontrer à des sociétés patriarcales qu’il fallait désormais compter sur elles et avec elles dans les domaines culturels et scientifiques. Mais, si ces intellectuelles avaient ouvert la voie dans le combat pour la cause féminine, celui-ci était encore très loin d’être gagné et le chemin semé d’embûches.
Notes de bas de page
1 Correo de Madrid, CM, n° 294 du mercredi 16 septembre 1789, p. 2368 ; Ibid., n° 295 du samedi 19 septembre 1789, p. 2368 ; Correo de Madrid (t. VI), Ibid., n° 303 du mercredi 21 octobre 1789, p. 2404 ; Ibid., n° 304 du samedi 24 octobre 1789, p. 2448 ; Ibid., n° 305 du mercredi 28 novembre 1789, p. 2456 ; Ibid., n° 306 du samedi 31 octobre 1789, p. 2464 ; Ibid., n° 307 du mercredi 4 novembre 1789, p. 2474 ; Ibid., n° 308 du samedi 7 novembre 1789, p. 2480 ; Ibid., n° 309 du mercredi 11 novembre 1789, p. 2488 ; Ibid., n° 310 du samedi 14 novembre 1789, p. 2496 ; Ibid., n° 311 du mercredi 18 novembre 1789, p. 2504 ; Ibid., n° 313 du mercredi 24 novembre 1789, p. 2520.
2 AL, n° 1, 1804, p. 5-6.
3 DM, n° 62 du mercredi 3 mars 1790, p. 247 ; Ibid., n° 83 du jeudi 24 mars 1791, p. 338 ; Ibid., n° 82 du jeudi 22 mars 1792, p. 352 ; Ibid., n° 54 du lundi 23 février 1801, p. 214 ; GM, n° 22 du vendredi 18 mars 1790, p. 196 ; Ibid., n° 22 du vendredi 16 mars 1792, p. 176 ; Ibid., n° 19 du vendredi 7 mars 1800, p. 18 ; Ibid., n° 17 du vendredi 27 février 1801, p. 218 ; Ibid., n° 20 du mardi 9 mars 1802, p. 224 ; NVCM, n° 3, 1793, p. 164.
4 DM, n° 293 du mardi 20 octobre 1795, p. 1190 ; Ibid., n° 309 du jeudi 5 novembre 1795,, p. 1255 ; GM, n° 81 du vendredi 9 octobre 1795, p. 1056 ; Ibid., n° 86 du mardi 27 octobre 1795, p. 1111 ; Ibid., n° 90 du mardi 10 novembre 1795, p. 1170 ; Ibid., n° 95 du vendredi 27 novembre 1795, p. 1226 ; Ibid., n° 6 du mardi 19 janvier 1796, p. 64 ; Ibid., n° 11 du vendredi 5 février 1796, p. 107 ; Ibid., n° 20 du mardi 8 mars 1796, p. 224 ; Ibid., n° 26 du mardi 29 mars 1796, p. 300 ; Ibid., n° 30 du mardi 12 avril 1796, p. 332 ; Ibid., n° 35 du vendredi 29 avril 1796, p. 376 ; Ibid., n° 40 du mardi 17 mai 1796, p. 421 ; Ibid., n° 50 du mardi 21 juin 1796, p. 524 ; Ibid., n° 56 du mardi 16 juillet 1796, p. 580 ; ML, n° 4, 2e partie de mai 1801, p. 103-108 ; Ibid., n° 12 du 15 décembre 1801, p. 79-84 ; Ibid., n° 13 du 1er janvier 1802, p. 126-129 ; Ibid., n° 17 du 15 avril 1802, p. 263-268 ; Ibid., n° 22 du 1er juillet 1802, p. 118-119.
5 AL, n° 4, 1807, p. 37 ; DM, n° 230 du vendredi 8 août 1806, p. 165-166 ; GM, n° 51 du vendredi 20 juin 1806, p. 532 ; Ibid., n° 41 du mardi 12 mai 1807, p. 494.
6 Viaje por mis faltriqueras. De autor anónimo. Traslado a la lengua española por E. T. C. D. Bernardo María de Calzada, EIE, n° XX du vendredi 14 juin 1805, p. 278-280.
7 Viaje por mis faltriqueras, traducido al castellano, por Don Bernardo María de Calzada, AL, n° 3, 1806, p. 49 ; Viaje por mis faltriqueras : libro verdaderamente original, y de lectura tan entretenida y varia como deja de inferirse por la idea de viajar un hombre por sus mismas faltriqueras, DM, n° 225 du mardi 13 août 1805, p. 180-181 ; GM, n° 37 du mardi 7 mai 1805, p. 404.
8 EMD, n° 235 du lundi 31 mai 1790, p. 103-105.
9 Francisco Aguilar Piñal, Bibliografía de autores españoles del siglo xviii, op. cit..
10 Nov. Recop., Lib. VIII, Tít. XVI, L. XXII, p. 133 : « En el principio de cada libro, que así se imprimiere o se reimprimiere, se ponga la licencia, tasa, y privilegio (si le hubiere), y el nombre del autor y del impresor, y lugar donde se imprimió y reimprimió, con fecha y data verdadera del tiempo de la impresión […]. »
11 BPA, n° VI, 1789, p. 12 ; GM, n° 82 du vendredi 9 octobre 1789, p. 696 ; ML, n° XCVI, 2e partie d’octobre 1789, p. 301-302.
12 Misc., n° XXII, 1798, p. 128.
13 ML, n° 107, 2e partie de décembre 1797, p. 429-431.
14 DM, n° 202 du vendredi 20 juillet 1804, p. 826 ; GM, n° 33 du mardi 24 avril 1804, p. 370 ; Ibid., n° 42 du vendredi 24 mai 1805, p. 456 ; Ibid., n° 55 du vendredi 4 juillet 1806, p. 576 ; EIE, n° 138 du jeudi 17 mai 1804, p. 570.
15 GM, n° 14 du vendredi 16 février 1798, p. 160.
16 Ibidem.
17 AL, n° 4, 1807, p. 21 ; DM, n° 30 du jeudi 30 janvier 1806, p. 130 ; Ibid., n° 49 du mardi 18 février 1806, p. 222 ; GM, n° 10 du mardi 28 janvier 1806 ; p. 92 ; Ibid., n° 16 du mardi 18 février 1806, p. 144 ; Min., n° XXII du 18 mars 1806, p. 81.
18 DM, n° 345 du mardi 11 décembre 1804, p. 1502 ; GM, n° 23 du vendredi 21 mars 1800, p. 236.
19 Titi Carici Perpennae orationes quinque ad quiritis pro Romani Pontificis in Fideis controversiis dirimendis auctoritate adversus falsos Catholicae Eclesiae Cultores (3 vols.), DM, n° 145 du lundi 25 mai 1789, p. 579 ; ML, n° LXXXVIII, 2e partie de juin 1789, p. 289.
20 ML, n° 7, 1re partie de juillet 1801, p. 266.
21 AL, n° 1, 1804, p. 15 ; DM, n° 11 du mardi 11 janvier 1803, p. 42 ; Ibid., n° 311 du mercredi 7 novembre 1804, p. 1366 ; GM, n° 2 du vendredi 7 janvier 1803, p. 20 ; Ibid., n° 82 du vendredi 12 octobre 1804, p. 910.
22 AL, n° 1, 1804, p. 16 ; BPA, n° VI, 1789, p. 11-12 ; GM, n° 11 du vendredi 6 février 1789, p. 100 ; Ibid., n° 12 du vendredi 11 février 1803, p. 124 ; ML, n° LXXXIX, 1re partie de février 1789, p. 257-258.
23 GM, n° 98 du vendredi 4 décembre 1789, p. 840 ; ML, n° C, 2e partie de décembre 1789, p. 595.
24 Ilustración, adición o Comentario a la Crotalogía, o si no con la debida propiedad llamada la Ciencia de las Castañuelas que publicó el Licenciado Francisco Agustín Florencio, en que se hace merito de la impugnación de Juanito López Polinario, DM, n° 136 du jeudi 16 mai 1793, p. 568.
25 Carta de Madama Crotalistris sobre la segunda parte de la Crotalogía, escrita por el Licenciado Francisco Agustin Florencio, DM, n° 356 du vendredi 21 décembre 1792, p. 1483 ; GM, n° 102 du vendredi 21 décembre 1792, p. 904 ; NVCM, n° 3, 1793, p. 138.
26 Crotalogía, o ciencia de las castañuelas para bailar el bolero, y poder fácilmente y sin necesidad de maestro acompañarse en todas las mudanzas de que está adornado este gracioso baile español, DM, n° 28 du samedi 28 janvier 1792, p. 110-111 ; GM, n° 10 du vendredi 3 février 1792, p. 80 ; NVCM, n° 3, 1793, p. 148.
27 Carta gratulatoria que escribía D. Cornelio Panvino, Venaseca al autor de la Crotalogía, con una relación verídica de los efectos que causo el sonido de las castañuelas en Pascual Cigarro, siendo Licenciado en Salamanca, DM, n° 56 du lundi 25 février 1793, p. 235 ; Ibid., n° 222 du lundi 10 août 1795, p. 903.
28 Impugnación literaria a la Crotalogía, o ciencia de tocar las castañuelas. Por Juanito López Polinario, DM, n° 165 du mercredi 13 juin 1792, p. 693 ; Ibid., n° 167 du vendredi 15 juin 1792, p. 702 ; GM, n° 48 du vendredi 15 juin 1792, p. 396 ; NVCM, n° 3, 1793, p. 68.
29 El pájaro en la liga : epístola gratulatoria al traductor de la Liga de la teología moderna con la filosofía en daño de la religión & c. : por D. Cornelio Suárez de Molina, GM, n° 98 du vendredi 7 décembre 1798, p. 1056.
30 Libro de moda en la Feria, que contiene un ensayo de la historia de los Currutacos, Pirracas y Madamitas del nuevo cuño, y los elementos, o primeras nociones de la ciencia currutaca : escrito por un Filósofo Currutaco, publicado, anotado, y comentado por un Señorito Pirracas, DM, n° 271 du mardi 29 septembre 1795, p. 1106-1107.
31 Libro de moda o ensayo de la historia de los Currutacos, Pirracas, y Madamitas del nuevo cuño, escrito por un Filósofo Currutaco, DM, n° 267 du lundi 24 septembre 1798, p. 1079-1080.
32 Zadig o el destino : historia oriental publicada en francés por Mr. De Vadé : y traducida al español, VCLA, n° XIX du 1er octobre 1804, p. 61.
33 CMerc., n° 79 du 2 octobre 1800, p. 632.
34 Memorias de la Sociedad Bátava de Róterdam, EMD, n° 206 du lundi 9 novembre 1789, p. 243-245.
35 María Victoria López Cordón, « La fortuna de escribir : escritoras de los siglos xvii y xviii », in Isabel Morant Deusa, dir., Historia de las mujeres en España y América latina. El mundo moderno, vol. 2, Madrid, Cátedra, 2005, p. 193-196.
36 Cartas de Santa Teresa de Jesús (4 vols.), AL, n° 1, 1804, p. 15-16 ; Cartas de Sta. Teresa de Jesús (t. III et IV), GM, n° 12 du vendredi 11 février 1803, p. 124 ; Obras de Santa Teresa (6 vols.), AL, n° 1, 1804, p. 122 ; Suma y compendio de los grados de oración, por Sta. Teresa de Jesús, GM, n° 12 vendredi 11 février 1804, p. 124.
37 Censo de la población de España del año de 1797 : ejecutado de orden del Rey en el de 1801.
38 María Victoria López Cordón, « La fortuna de escribir : escritoras de los siglos xvii y xviii », art. cit., p. 197.
39 Censo de la población de España del año de 1797 : ejecutado de orden del Rey en el de 1801.
40 María Victoria López Cordón, « La fortuna de escribir : escritoras de los siglos xvii y xviii », art. cit., p. 197.
41 Jacques Soubeyroux, « Niveles de alfabetización en la España del siglo xviii », art. cit., p. 167.
42 María Victoria López Cordón, « La fortuna de escribir : escritoras de los siglos xvii y xviii », art. cit., p. 196.
43 Voir à propos des salons littéraires organisés par les femmes, Paloma Fernández Quintanilla, La mujer ilustrada en la España del siglo xviii, Madrid, Ministerio de Cultura, 1981, p. 29-42.
44 Elisabel Larriba, Le Public de la presse en Espagne à la fin du xviiie siècle (1781-1808), op. cit., p. 149-178.
45 « Defensa de las mujeres », Benito Jerónimo Feijóo, Teatro crítico universal, op.cit., 1726, p. 331 : « Defender a todas las mujeres, viene a ser lo mismo, que ofender a casi todos los hombres : pues raro hay, que no se interese en la precedencia de su sexo con la desestimación del otro. A tanto se ha extendido la opinión común en vilipendio de las mujeres, que apenas admite en ellas cosa buena. En lo moral las llena de defectos, y en lo físico de imperfecciones. Pero donde más fuerza hace es en la limitación de sus entendimientos. » Cité dans Emilio Palacios Fernández, La mujer y las letras en la España del siglo xviii, Madrid, Laberinto, 2002, p. 23.
46 Joaquín Álvarez Barrientos, Los hombres de letras en la España del siglo xviii, op. cit., p. 50.
47 ML, n° XCVII, 1re partie de novembre 1789, p. 341-342 : « Muchos Escritores sabios trataron de intento de lo que son capaces las señoras en punto a ciencias ; otros quisieron tal vez por algún enojo contra ellas, hacer inferiores sus talentos a los de los hombres, aún cuando no se les ocultasen, no sólo las mayores proporciones que estos tienen para instruirse, ya en la frecuencia de las Aulas y Academias, y ya viajando por diversos Reinos, sino también por obligarles el gusto, o la necesidad a estudiar para obtener empleos, dignidades, y otros cargos en la República, de que siempre han solido ser excluidas las señoras mujeres. Mas vemos cada día que si éstas han tenido educación literaria, y aún sin eso, muchas a quienes una vehemente inclinación las ha unido a las letras, y han manejado con método los libros, han manifestado por sus obras no ser inferiores en la capacidad a los hombres. Reduciéndonos sólo a las Españolas habíamos largamente de ellas en el Memorial del mes de Junio de 1785. Allí callamos muchas que vivían y conocíamos aguardando ocasión que, y su modestia ofreciese oportunidad para que no quedase oculto su mérito. »
48 L’article auquel renvoyaient les publicistes fut écrit à l’occasion de l’obtention du grade de Docteur es-Lettres et Philosophie par María Isidra Quintana de Guzmán y La Cerda les 5 et 6 juin 1785 : ML, juin 1785, p. 147-177.
49 Joaquín Álvarez Barrientos, Los hombres de letras en la España del siglo xviii, op. cit., p. 51 ; Rosa María Capel Martínez, José Cépeda Gómez, El siglo de las Luces, op. cit., p. 80.
50 AL, n° 1, 1804, p. 39 ; DM, n° 36 du samedi 5 février 1803, p. 142-143 ; Ibid., n° 234 du mercredi 22 août 1804, p. 958 ; GM, n° 5 du vendredi 15 janvier 1802, p. 52 ; Ibid., n° 6 du vendredi 21 janvier 1803, p. 56 ; Ibid., n° 35 du mardi 1er mai 1804, p. 390 ; Ibid., n° 37 du mardi 7 mai 1805, p. 404 ; ML, n° 20 du 1er juin 1802, p. 51-53.
51 DM, n° 250 du jeudi 6 septembre 1792, p. 1043-1045 ; Ibid., n° 252 du samedi 8 septembre 1792, p. 1051-1052 ; Ibid., n° 282 du lundi 8 octobre 1792, p. 1179-1181 ; Ibid., n° 283 du mardi 9 octobre 1792, p. 1183-1185.
52 DM, n° 124 du mardi 4 mai 1791, p. 505 ; Ibid., n° 343 du vendredi 9 décembre 1791, p. 1395 ; Ibid., n° 317 du lundi 12 novembre 1792, p. 1322 ; Ibid, n° 247 du mardi 4 septembre 1798, p. 999 ; Ibid., n° 118 du lundi 28 avril 1800, p. 515 ; Ibid., n° 208 du lundi 27 juillet 1801, p. 859 ; Ibid., n° 100 du vendredi 10 avril 1807, p. 418 ; GM, n° 96 du vendredi 30 novembre 1792, p. 844 ; NVCM, n° 3, 1793, p. 143.
53 AL, n° 1, 1804, p. 48 ; BPA, n° VII, 1790, p. 5-6 ; GM, n° 103 du mardi 24 décembre 1793, p. 1368 ; Ibid., n° 38 du vendredi 13 mai 1803, p. 404 ; NVCM, n° 4, 1794, p. 117.
54 EIE, n° XXXV du mardi 6 août 1805, p. 170-172.
55 María Jesús García Garrosa, « La creación literaria femenina en España en el siglo xviii : un estado de la cuestión », Cuadernos de Historia moderna. Anejos VI, 2007, p. 203-219.
56 GM, n° 102 du vendredi 19 décembre 1800, p. 1188.
57 DM, n° 181 du mardi 30 juin 1795, p. 739 ; Ibid., n° 115 du jeudi 25 avril 1799, p. 470-471 ; Ibid., n° 139 du lundi 19 mai 1800, p. 599 ; GM, n° 63 du vendredi 7 août 1795, p. 839 ; Ibid., n° 39 du vendredi 16 mai 1800, p. 404 ; Ibid., n° 46 du mardi 3 juin 1806, p. 472 ; NVCM, n° 6, 1796, p. 97.
58 Le discours du Père Michel-Ange Marin tiré de son ouvrage La Parfaite religieuse, ouvrage également utile à toutes personnes qui aspirent à la perfection (Paris, Libraires et associés, 1822, p. 20-21) et reproduit dans Elisabel Larriba, Le Public de la presse en Espagne à la fin du xviiie siècle (1781-1808), op. cit., p. 153, en dit long sur les lectures des religieuses : « Ô Vierges, épouses de Jésus-Christ, je vous conjure, au nom de cet époux de vos âmes, d’être souverainement sur vos gardes de ce côté-là. Rejetez avec horreur ces poisons mortels que des mains meurtrières osent vous présenter dans des coupes d’or. Ne portez jamais votre curiosité jusqu’à ouvrir seulement ces livres. Ne faites le choix que de ceux qui peuvent vous instruire de vos devoirs, vous en démontrer la pratique, vous animer à y être fidèles. Si vous en lisez d’autres, vous ouvrez la porte à l’ennemi de votre âme et vous n’aurez qu’à vous plaindre de vous-mêmes des ravages qu’il y fera. »
59 Emilio Palacios Fernández, La mujer y las letras en la España del siglo xviii, op. cit., p. 145-146.
60 CM, n° 308 du samedi 7 novembre 1789, p. 2480 : « Es digna de la mayor recomendación [disait Antonio Manegat], y será limitado cualquier elogio que se haga a la aplicación de una Señora que emplea sus ocios en los libros, cuando su bello sexo nos escasea los presentes de esta clase. Las reflexiones que hace la Autora a favor de su sexo, animarán quizás a otras a ofrecer al público sus tareas literarias. Daría a la verdad mucho lustre a nuestra nación, ver renacer en todos los sexos la literatura ; y se aumentaría si entre las escritoras se contasen algunas Condesas de Genlis. »
61 DM, n° 306 du lundi 2 novembre 1789, p. 1223 : « Comprenden varias piezas que acreditan el buen gusto y literatura de su autora, al paso que hacen honor al bello sexo. »
62 Emilio Palacios Fernández, La mujer y las letras en la España del siglo xviii, op. cit., p. 146.
63 Paula de Demerson, « Catálogo de las socias de honor y mérito de la Junta de Damas Matritense (1787-1811) », Anales del Instituto de Estudios Madrileños 7, 1971, p. 269-274.
64 Discurso que a su recepción en la Sociedad leyó la Excma. Sra. Doña Isidra Quintana de Guzmán, Marquesa de Guadalcazar, GM, n° 6 du mardi 19 janvier 1790, p. 48.
65 Paloma Fernández Quintanilla, La mujer ilustrada en la España del siglo xviii, op. cit., p. 55-57.
66 Discurso de la Excma. Sra. Condesa de Benavente, Duquesa de Osuna, el día de su recepción en la Sociedad de Madrid, GM, n° 6 du mardi 19 janvier 1790, p. 48.
67 Elogio de la Serenísima Infanta María Ana Victoria, por la Excma Sra Duquesa de Almodovar, leído en la Sociedad de Madrid el día 8 de marzo de 1789, GM, n° 6 du mardi 19 janvier 1790, p. 48.
68 Ensayos políticos y filosóficos del Conde de Rumford : traducidos de orden de la Real Sociedad de Madrid por su individuo D. Domingo Agüero y Neira con la noticia de la vida y obras del autor ; traducida y presentada a la misma sociedad por la Marquesa de Fuerte híjar, socia de honor y mérito (2 vols.), EIE, n° 148 du dimanche 27 mai 1804, p. 607-609 ; GM, n° 50 du mardi 22 juin 1802, p. 611.
69 La lengua de los cálculos, escrita por el Abate Condillac, impresa conforme a los manuscritos autógrafos : obra póstuma y elemental, en la que, por las observaciones hechas sobre los principios y progresos de esta lengua, se demuestran los vicios de las vulgares, y como podría reducirse en todas las ciencias el arte de discurrir a un idioma bien formado : traducida del francés al castellano por la Marquesa de Espeja, AL, n° 3, 1806, p. 27 ; GM, n° 53 du mardi 2 juillet 1789, p. 572 ; VCLA, n° XVI, 1805, p. 199-208.
70 Voir au sujet de Josefa Amar y Borbón : María López-Cordón, Condición femenina y razón ilustrada : Josefa Amar y Borbón, Zaragoza, Prensas Universitarias de Zaragoza, 2005 ; Isabel Morant Deusa, Mónica Bolufer-Peruga, « Josefa Amar y Borbón. Une intellectuelle espagnole dans les débats des Lumières », Clio. Histoire, femmes et société 13, 2001, p. 69-97 ; Antonio Viñao Frago, « La educación en las obras de Josefa Amar y Borbón », Sarmiento Anuario galego de historia da educación 07, 2003, p. 35-60.
71 Oración de gratulatoria de la Sra. Doña Josefa Amar y Borbón por su admisión en la Junta de Señoras, GM, n° 6 du mardi 19 janvier 1790, p. 48.
72 GM, n° 99 du mardi 8 décembre 1789, p. 848.
73 Paula de Demerson, « Catálogo de las socias de honor y mérito de la Junta de Damas Matritense (1787-1811) », art. cit., p. 4.
74 AL, n° 4, 1807, p. 7 ; DM, n° 77 du mardi 18 mars 1806, p. 341-342 ; Ibid., n° 133 du mercredi 13 mai 1807, p. 566 ; Ibid., n° 162 du jeudi 11 juin 1807, p. 695 ; Ibid., n° 210 du mercredi 29 juillet 1807, p. 122 ; Ibid., n° 257 du lundi 14 septembre 1807, p. 323 ; Ibid., n° 341 du lundi 7 décembre 1807, p. 676 ; GM, n° 27 du vendredi 28 mars 1806, p. 271 ; Ibid., n° 35 du vendredi 25 avril 1806, p. 344 ; Ibid., n° 42 du mardi 20 mai 1806, p. 423 ; Ibid., n° 50 du mardi 17 juin 1806, p. 520 ; Ibid., n° 59 du vendredi 18 juillet 1806, p. 616 ; Ibid., n° 66 du mardi 12 août 1806, p. 691 ; Ibid., n° 74 du mardi 9 septembre 1806, p. 768 ; Ibid., n° 82 du mardi 7 octobre 1806, p. 851 ; Ibid., n° 43 du mardi 19 mai 1807, p. 518 ; Ibid., n° 52 du vendredi 19 juin 1807, p. 625- 626 ; Ibid., n° 70 du mardi 4 août 1807, p. 808 ; Ibid., n° 89 du vendredi 2 octobre 1807, p. 1031- 1032 ; Ibid., n° 110 du vendredi 11 décembre 1807, p. 1286-1287.
75 CM, n° 308 du samedi 7 novembre 1789, p. 2480 : « Las reflexiones que hace la Autora a favor de su sexo, animarán quizás a otras a ofrecer al público sus tareas literarias. Daría a la verdad mucho lustre a nuestra nación, ver renacer en todos los sexos la literatura ; y se aumentaría si entre las escritoras se contasen algunas Condesas de Genlis. »
76 Annexe VI, Les œuvres de la comtesse de Genlis.
77 C’est pourquoi il est fait état dans le tableau d’un total de 30 femmes et non de 29.
78 DM, n° 179 du mardi 28 juin 1796, p. 724-725 ; Ibid., n° 277 du lundi 3 octobre 1796, p. 1130 ; GM, n° 33 du vendredi 22 avril 1796,, 4 p. non numérotées ; Ibid., n° 66 du mardi 16 août 1796, p. 683 ; NVCM, n° 7, 1797, p. 56.
79 DM, n° 161 du jeudi 10 juin 1802, p. 644 ; GM, n° 24 du mardi 23 mars 1802, p. 276 ; Ibid., n° 33 du vendredi 23 avril 1802, p. 388 ; ML, n° 18 du 1er mai 1802, p. non numérotée.
80 ML, n° 51 du 20 avril 1804, p. 215.
81 La Misantropía y el arrepentimiento : drama en cinco actos, en prosa, del Teatro Alemán de Kotzbue (sic) ; refundido y arreglado a la escena por la Ciudadana Molé, actriz del Teatro Francés ; y traducido fielmente en prosa castellana, DM, n° 79 du jeudi 20 mars 1800, p. 314 ; Ibid., n° 301 du jeudi 28 octobre 1802, p. 1213 ; Ibid., n° 346 du mercredi 12 décembre 1804, p. 1506 ; DM, n° 241 du vendredi 29 août 1806, p. 254 ; GM, n° 22 du mardi 18 mars 1800, p. 224 ; Ibid., n° 96 du vendredi 26 novembre 1802, p. 1192 ; ML, n° 2, 2e partie du mois d’avril 1801, p. 29-38.
82 Le Monde dramatique, histoire des théâtres anciens, t. V, Paris, Au bureau du Monde dramatique, 1837, p. 402 : « Un acteur de Bruxelles, nommé Bursey, ayant traduit de l’allemand Kotzbuë (sic) Misanthropie et Repentir, Mme Molé-Léger, actrice de l’Odéon, retoucha cette traduction, et fit jouer ce drame célèbre qui obtint un succès prodigieux (17 nivose an VII). »
83 Obras varias y prosa de la madre María do Ceo, religiosa francisca y Abadesa del convento de la esperanza de Lisboa (2 vols.), GM, n° 15 du vendredi 13 février 1807, p. 175-176.
84 Reflexiones sobre la misericordia de Dios, escritas en francés por la Duquesa de Valiere, después Carmelita Descalza con el nombre de Sor Luisa de la Misericordia ; traducidas por el P. Fr. Alonso López de Rubiños, de la Real y Militar Orden de nuestra Señora de la Merced, Redención de Cautivos : con una breve noticia de la conversión, vida penitente y dichosa muerte de la autora, DM, n° 323 du mardi 19 novembre 1793, p. 1320 ; Ibid., n° 34 du mardi 7 février 1795, p. 135 ; GM, n° 98 du vendredi 6 décembre 1793, p. 1291-1292 ; Ibid., n° 10 du mardi 3 février 1795, p. 139-140 ; ML, n° 14, 1re partie de février 1794, p. 204-207 ; NVCM, n° 4, 1794, p. 130.
85 DM, n° 118 du vendredi 27 avril 1804, p. 475 ; Ibid., n° 237 du lundi 25 août 1806, p. 234 ; GM, n° 34 du vendredi 27 avril 1804, p. 378.
86 DM, n° 130 du mercredi 10 mai 1797, p. 534-535 ; Ibid., n° 247 du lundi 4 septembre 1797, p. 1055 ; Ibid., n° 45 du mercredi 14 février 1798, p. 178-179 ; GM, n° 42 du vendredi 26 mai 1797, p. 439-440 ; Ibid., n° 67 du mardi 22 août 1797, p. 734 ; Ibid., n° 102 du vendredi 22 décembre 1797, p. 1242 ; Ibid., n° 13 du mardi 13 février 1798, p. 147 ; Ibid., n° 51 du mardi 26 juin 1798, p. 479 ; ME, n° 9 septembre 1797, p. 102.
87 DM, n° 215 du mardi 2 août 1796, p. 867-868 ; Ibid., n° 260 du vendredi 16 septembre 1796, p. 1062 ; Ibid., n° 287 du jeudi 13 octobre 1796, p. 1171 ; Ibid., n° 329 du jeudi 24 novembre 1796, p. 1341 ; Ibid., n° 123 du mercredi 3 mai 1797, p. 501-503 ; Ibid., n° 211 du lundi 30 juillet 1798, p. 848-849 ; GM, n° 64 du mardi 9 août 1796, p. 663-664 ; Ibid., n° 83 du vendredi 14 octobre 1796, p. 855 ; Ibid., n° 94 du mardi 22 novembre 1796, p. 992 ; Ibid., n° 6 du vendredi 17 janvier 1798, p. 68 ; Ibid., n° 104 du vendredi 28 décembre 1798, p. 1120 ; Ibid., n° 106 du vendredi 31décembre 1802, p. 1296 ; NVCM, n° 7, 1797, p. 80.
88 DM, n° 316 du jeudi 12 novembre 1795, p. 1283 ; Ibid., n° 337 du mercredi 2 décembre 1795, p. 2060 ; Ibid., n° 11 du lundi 11 janvier 1796, p. 34-35 ; Ibid., n° 53 du lundi 22 février 1796, p. 210 ; Ibid., n° 77 du jeudi 17 mars 1797, p. 318 ; GM, n° 88 du mardi 3 novembre 1795, p. 1139 ; Ibid., n° 95 du vendredi 27 novembre 1795, p. 1226 ; Ibid., n° 3 du vendredi 8 janvier 1796, p. 35 ; Ibid., n° 14 du mardi 16 février 1796, p. 135 ; Ibid., n° 22 du mardi 15 mars 1796, p. 256 ; Ibid., n° 42 du mardi 24 mai 1796, p. 443 ; Ibid., n° 25 du mardi 26 mars 1799, p. 228 ; ML, n° 65, 2e partie de mars 1796, p. 399-402 ; NVCM, n° 6, 1796, p. 102.
89 DM, n° 176 du jeudi 25 juin 1795, p. 719 ; Ibid., n° 80 du jeudi 21 mars 1799, p. 327-328 ; Ibid., n° 71 du jeudi 12 mars 1801, p. 287 ; Ibid., n° 81 du vendredi 22 mars 1805, p. 326-327 ; GM, n° 48 du mardi 16 juin 1795, p. 639-640 ; Ibid., n° 21 du mardi 14 mars 1797, p. 224 ; Ibid., n° 26 du vendredi 30 mars 1798, p. 288 ; Ibid., n° 18 du vendredi 1er mars 1799, p. 164 ; Ibid., n° 23 du vendredi 20 mars 1801, p. 284 ; Ibid., n° 24 du vendredi 22 mars 1805, p. 260.
90 DM, n° 176 du jeudi 25 juin 1795, p. 719 ; GM, n° 48 du mardi 16 juin 1795, p. 640 ; Ibid., n° 21 du mardi 14 mars 1797, p. 224.
91 Min., n° 18 du 1er mars 1808, p. 280 : « París 24 de Enero. Se acaba de publicar en esta ciudad el primer número de un diario intitulado el Ateneo de las Damas, y para corresponder a su título los redactores son mujeres, y lo dedican a las señoras. Según el prospecto sólo contendrá este diario las obras en prosa o verso que envíen las damas. Contendrá también el análisis y crítica de las obras compuestas por mujeres, sean teatrales o de otros ramos de literatura : la necrología de las mujeres celebres, y el análisis de las Causas celebres en que tengan parte las mujeres. En fin anécdotas, cuentos, y chistes todo de mujeres. »
92 Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, t. XV, op. cit., p. 334.
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