L’opposition aux antisémites et ses limites
p. 127-141
Texte intégral
Les milieux politiques et religieux
Des oppositions variées
1À la fin du xixe siècle, les antijuifs au pouvoir et leurs organes de presse étaient l’objet des critiques des autres milieux politiques, tels que les opportunistes ou les républicains. On leur reprochait non seulement leur antisémitisme mais aussi leur absence de vision politique, puisqu’ils limitaient pratiquement leur propagande et leur action à ce seul cadre, comme si celui-ci occultait toutes les autres questions qui se posaient à l’époque. S’y ajoutèrent rapidement des reproches portant sur les violences exercées dans les rues, sur le manque de résultats dans le domaine de l’économie et de la colonisation et sur l’absence d’audience des quatre députés antijuifs auprès de leurs collègues à l’Assemblée nationale. D’autres reproches concernaient le recours à des étrangers et à des Indigènes dans le fonctionnement du parti et pendant les manifestations de rue, sans tenir compte du danger que cela représentait pour la prééminence française, puisque l’appel aux Indigènes se soldait par l’insurrection et que l’appel aux étrangers menait au séparatisme. Enfin les milieux économiques protestaient contre les perturbations des échanges avec la métropole et contre l’image ternie de l’Algérie à la suite des troubles, qui risquaient en outre de faire revenir un régime militaire dont personne ne voulait1. Ces prises de position ne signifiaient pas pour autant que les opposants à l’antisémitisme établi acceptaient les Juifs. Lys du Pac, journaliste à Alger de La Dépêche algérienne après avoir quitté L’Écho d’Oran en 1897, s’en ouvrit devant la Commission de 1900, en déclarant que l’opposition à l’antisémitisme des « Algériens », autrement dit des Français et des Européens comme on disait alors, était une simple question de méthode et non de fond : « Nous sommes tous antijuifs en Algérie, nous qui avons combattu les antisémites, nous le sommes autant que ces derniers. Nous ne différons d’eux que parce nous ne voulons ni du pillage des boutiques, ni du massacre des adversaires, ce qui est assez naturel2. »
2Les plus hauts personnages de l’État ont eux-mêmes été parfois défavorables aux Juifs dans leurs déclarations et leurs décisions. En 1900, le gouverneur général Laferrière décida, « dans un but politique », de ne plus admettre de candidat israélite aux fonctions judiciaires et administratives3. En 1935, le ministre Marcel Régnier demanda à la délégation d’élus juifs venus le rencontrer après les émeutes de Constantine que les Juifs fassent « preuve de moins de morgue et d’insolence », à quoi un élu juif, le docteur Guedj, rétorqua que le reproche à faire était éventuellement celui de « leur excès d’humilité et d’effacement4 ».
3Les hommes politiques d’Algérie ne voulaient en général pas risquer de perdre les élections en période de crise et adaptaient leurs principes aux nécessités. Dans ses Mémoires, Morinaud raconte l’épisode célèbre du député Gaston Thomson harcelé en 1893 par lui-même et ses amis. « Thomson élu par les Juifs ne sera pas un élu français » lança Morinaud au député qui prit alors l’engagement formel de démissionner si, lors des élections à venir, il n’obtenait pas la majorité dans les campagnes, où les Juifs étaient minoritaires. Il ne l’obtint pas mais, une fois élu, il ne tint pas malgré tout, sa promesse5. En 1897, le député et franc-maçon Saint-Germain, tout en bénéficiant des voix juives déclarait ouvertement : « je suis anticlérical, je déteste les juifs ». Quelques années plus tard, en 1902, les temps ayant changé, Maurice Colin, qui se présentait aux élections d’Alger contre Édouard Drumont, se garda habilement de s’enfoncer concrètement sur le terrain de l’antisémitisme, tout en admettant n’être pas proche des Juifs : « si les juifs disparaissaient de la surface du monde [proclama-t-il, ] ils ne me manqueraient nullement mais ils manqueraient à M. Drumont6 », ce qui pouvait satisfaire un grand nombre d’électeurs.
Défendre la loi… et les Juifs
4Au milieu des condamnations et des esquives, quelques voix s’élevèrent en Algérie pour défendre avec fermeté au moins la loi et parfois les Juifs. Retenons celle du député d’Oran Eugène Étienne (1844-1921), qui resta un des rares hommes politiques à s’opposer avec clarté et constance aux propositions des antijuifs. Il refusa de se placer sur leur terrain et de compter les voix juives et non juives qui se portaient sur lui au moment des élections. On ne l’entendit pas non plus critiquer le comportement des électeurs juifs, ce qui n’était pas fréquent à l’époque. Il est vrai qu’il bénéficiait de leurs voix mais les élections algériennes, depuis 1871, avaient montré, comme on vient de le voir avec Saint-Germain, qu’on pouvait faire alliance avec les Juifs tout en les critiquant publiquement pour s’attirer la bienveillance des électeurs qui leur étaient hostiles. Contrairement aux antijuifs dont la propagande affirmait que le décret Crémieux devait être abrogé, Eugène Étienne ne laissa jamais croire que cette abrogation était chose possible et légitime. Au pire moment des émeutes de mai 1897, alors qu’il visitait Uzès-le-Duc, un village qui venait d’être ravagé par les Musulmans, il déclara que l’abrogation du décret Crémieux était une chose impossible et que si quelqu’un la proposait, il ne la voterait pas7. Après l’affaire de Margueritte (1901), lui et Thomson firent voter à la Chambre un ordre du jour qui condamnait « les guerres de races et de religion8 ». Des journalistes ou des hommes politiques comme lui-même, Thomson ou Saint-Germain faisaient remarquer par ailleurs que l’abrogation du décret Crémieux ne supprimerait pas la prééminence économique qu’on attribuait aux Israélites et que l’abrogation serait quasiment sans effet, vu le petit nombre de Juifs encore vivants qui en avaient bénéficié et vu la non-rétroactivité des lois qui épargnait les descendants.
5La Franc-maçonnerie locale jouait un rôle important dans la vie politique algérienne puisqu’on trouvait de nombreux francs-maçons parmi les journalistes, dans les conseils municipaux et généraux ainsi qu’à la députation, ce qui était le cas de Morinaud, Saint-Germain, Trouin. Cette franc-maçonnerie comprenait des antijuifs notoires avant 1914 ; en mai 1896, le Congrès des loges d’Afrique du nord commença à demander le retrait du décret Crémieux, ainsi que des restrictions dans l’application en Algérie de la loi de 18899. La même année, la loge Union et Progrès de Constantine dirigée par Morinaud proposa l’expulsion des Juifs de la Franc-maçonnerie. Dans l’entre-deux-guerres, la situation avait changé, les Francs-maçons n’étaient plus antisémites, ils appuyaient publiquement l’action du comité de vigilance antifasciste de 1926 ou le rassemblement populaire de 1935. De son côté, la droite accusait la gauche qui s’en prenait à l’antisémitisme, de collusion avec la Franc-maçonnerie.
6Les fédérations algériennes du parti socialiste, que les antijuifs appelaient le parti des Juifs, ne manquèrent pas d’alerter les autorités métropolitaines sur les dangers de la conjoncture algérienne à partir de 1925 et surtout à la fin des années 1930. En 1937 les Européens qui voulaient la fin des campagnes antijuives se regroupèrent autour de deux journaux : Oran Républicain et Alger Républicain dont l’influence fut cependant limitée. Et, en 1938, les socialistes du département d’Oran protestaient par tract contre les papillons violemment hostiles aux Juifs qui continuaient d’être régulièrement collés sur les murs de la ville ; ils ouvraient le débat en demandant aux ouvriers de ne pas se laisser prendre « au piège de l’antisémitisme » car ceux qui cherchaient à les dresser contre les juifs étaient les mêmes qui refusaient « aux travailleurs le droit à une existence décente, et l’égalité sociale et civique aux camarades musulmans10. »
Le poids du religieux
7Le clergé espagnol, qui était par ailleurs très nationaliste, répandait au xixe et au xxe siècle auprès des jeunes comme des adultes de langue espagnole un très fort antisémitisme. Plus largement la culture catholique ne faisait pas bon ménage au xixe siècle avec celle des républicains et des anticléricaux mais elle la rejoignait dans le cadre de l’antisémitisme qui correspondait à la tradition cléricale, renforcée par le fait que les francs-maçons, ennemis politiques des antisémites et des cléricaux, soutenaient les Juifs pour la plupart d’entre eux11. Les réactions antisémites des catholiques « français » ne dépassèrent en général pas le cadre individuel12. Bien plus tard, sous le gouvernement de Vichy, l’archevêque d’Alger, Mgr Augustin-Fernand Leynaud et Mgr Thienard, évêque de Constantine, se montrèrent politiquement conservateurs et favorables au nouveau régime, tandis que Mgr Léon Durand, évêque d’Oran, et certains prêtres adhérèrent ici où là à la Légion française des combattants13. Les protestations officielles de l’Église catholique contre les mesures antisémites de Vichy furent peu nombreuses en Algérie et en métropole14 si l’on excepte celle de Mgr Leynaud et de son vicaire général Mgr Henri-Edmond Poggi. Bien que très fidèle à Pétain, l’archevêque protesta contre l’élimination des enfants juifs des écoles primaires et proposa d’en recevoir dans les écoles privées catholiques mais Vichy et Alger étouffèrent les retombées de ses déclarations15.
8Les initiatives de rapprochement entre les religions vinrent entre les deux guerres de personnalités issues de divers horizons religieux alarmées par les troubles de Constantine. En 1935 fut fondée l’Union des croyants monothéistes16 par des croyants des trois religions, autour de Jean Scelles, de son épouse et d’Henri Bernier pour les chrétiens, du cheikh Tayeb El Oqbi (1889-1960) et du cadi Mohamed Benhoura pour les Musulmans, d’Élie Gozlan, Marcel Loufrani, André Narboni pour les Juifs. La volonté de l’Union était, après les émeutes de Constantine d’août 1934, d’agir pour apaiser les tensions entre les diverses populations et faire respecter la justice et le droit. On le vit lors du procès du cheikh El Oqbi faussement accusé de complicité dans le meurtre du Mufti d’Alger du 3 août 1936, qui suscita une campagne de solidarité en métropole comme en Algérie, notamment de la part des responsables religieux des trois monothéismes et aboutit à l’acquittement d’El Oqbi en 1939.
9Pendant la Seconde Guerre mondiale, en métropole comme en Algérie, de nombreux catholiques français, parmi les clercs comme parmi les laïcs, restèrent favorables jusqu’à 1942 au régime de Vichy et à son programme17. Menant des actions individuelles ou collectives18 de protection des Juifs, les catholiques manifestèrent peu leur désaccord pour ne pas engendrer de représailles de la part des nazis, mais ce désaccord devint public avec les rafles du Vel d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942 à Paris où 13 752 Juifs furent arrêtés puis internés dans des camps en Allemagne ou dans le Loiret19. Toutefois, la question de la collaboration ne fut pas abordée de front en Algérie, sauf par un curé de l’arrondissement de Tizi-Ouzou qui attaqua à plusieurs reprises le « gouvernement de vendus » qui siégeait à Vichy et fut arrêté.
Les milieux administratifs
10De façon générale, l’administration agissait face aux antijuifs de façon routinière et autoritaire20, se conduisant comme une espèce de féodalité dominée en partie par les plus riches des Européens, eux-mêmes le plus souvent antisémites, comme une majorité du personnel administratif. Cette administration était hostile aussi bien au décret Crémieux qu’à la loi de 1889 de naturalisation collective des étrangers nés sur le sol français. Très pointilleuse, elle écartait les Juifs de la loi commune dès qu’elle le pouvait21. Si bien que la vigueur des campagnes menées par les différentes administrations et par la population européenne contre les Juifs aurait donné aux hommes politiques venus de France, comme l’amiral Abrial en 1940, l’impression de répondre à une demande locale en appliquant sévèrement la loi d’exclusion des Juifs de la fonction publique22.
Les préfets
11Lorsque l’administration préfectorale jouait son rôle de défenseur de l’ordre public et républicain, l’antisémitisme était canalisé. Ainsi, le préfet d’Alger Charles Lutaud, en poste de décembre 1898 à juillet 1901 et qui était un fonctionnaire zélé et entier, endigua les manifestations, chassa les antijuifs des rues, arrêta les casseurs et fit respecter l’ordre. Les Français d’Alger n’étaient pas habitués à cette fermeté et son départ en 1901 passa pour le résultat de leurs manœuvres23. Le préfet de Constantine s’opposa de son côté efficacement à Morinaud en 1902 tandis que le préfet d’Oran Henri de Malherbe annula les décisions illégales du conseil municipal d’Oran et amena avec diplomatie l’armée à faire son devoir au moment des troubles de 1897 pour ramener l’ordre à Mostaganem et à Oran. Il dénonça l’idéologie antijuive comme attaquant les principes républicains de justice et de liberté et fit remarquer au conseil municipal que le renvoi non motivé des agents israélites ruinerait les acquis de la Révolution, qui étaient l’honneur de la France24.
12En 1938, l’Algérois Alfred Ghighi, qui était un des dirigeants du Comité juif algérien d’études sociales et conseiller général, informa le président de l’Alliance israélite universelle que le préfet d’Alger, ému par la situation des Israélites écartés des listes électorales, avait décidé que son administration prendrait position en leur faveur25. De son côté, le préfet d’Oran Louis Boujard (1936-1944), freina le plus possible pendant la Seconde Guerre mondiale la mise sous administration provisoire des biens juifs, tel le périodique Oran républicain26.
La police et l’armée
13Au xixe comme au xxe siècle et dans toute la colonie, les soutiens naturels de la loi, l’armée et la police étaient très souvent eux-mêmes hostiles aux Juifs et répugnaient à agir contre les émeutiers quand ils ne déclenchaient pas eux-mêmes des bagarres. Certains lançaient avec les manifestants des phrases telles que « À bas les Juifs ! À mort les Juifs », comme ce fut le cas, entre autres, pendant les émeutes de Constantine en août 1934. Après les troubles d’Oran de 1897, le gouverneur général Cambon avait voulu révoquer tous les commissaires de police de la ville en raison de leur attitude plus que bienveillante envers les émeutiers, mais il dut renoncer devant la fureur que cette décision suscitait en ville et ne put déplacer que certains commissaires, pris parmi les plus impliqués.
14Dans l’entre-deux-guerres27, les rapports envoyés à Paris pendant les périodes de troubles par les Israélites à l’Alliance israélite universelle faisaient encore constamment référence à ces attitudes policières répandues sur tout le territoire et qui pouvaient aller, au hasard de simples conversations entre Juifs et dépositaires de la force publique, jusqu’à des voies de fait exercées contre des Juifs28. Dans les années 1930 encore, les lettres des différentes associations juives nées sous la pression des événements faisaient état d’une police qui refusait de se déranger ou se contentait de dire quelques mots réprobateurs aux fauteurs de troubles29. Et, alors que dans les années 1870-1914 les préfets avaient joué la carte de la légalité républicaine et impliqué les forces de l’ordre, les Juifs ressentirent pendant les troubles de l’entre-deux-guerres une plus grande inertie et hostilité de la part de la police, de l’administration et de l’armée30. Ainsi, en 1934 les rapports au préfet signalèrent le cas de militaires en civil, de gardes mobiles et de policiers criant « Vive Hitler ! À bas les Juifs ! » dans les rues de Constantine, et en 1936 dans les rues de Mascara et d’Oran. On signala aussi un peu partout le cas d’officiers mettant beaucoup de mauvaise grâce à faire intervenir leurs tirailleurs contre les manifestants.
15À la suite des émeutes de Constantine de 1934, qui avaient également été marquées par l’immobilisme de la police et de l’armée, les services de police eurent l’obligation de rédiger des rapports trimestriels, mensuels puis hebdomadaires sur la « question juive ». Une lecture attentive permet de déceler, dans un certain nombre de rapports, l’antisémitisme propre aux fonctionnaires de police qui reprenaient sans aucune nuance à leur compte les griefs évoqués contre les Juifs, tels que le vote bloqué aux élections, l’arrogance des Juifs ou leur esprit de clan en faveur de Blum et leur proximité avec le marxisme31. Les rapports administratifs firent état de tensions entre Juifs et Musulmans et, pour ne pas enflammer l’atmosphère, l’administration refusa de prendre des décisions qui auraient pu passer pour favoriser les Juifs par rapport aux Musulmans. Un rapport du préfet d’Oran au gouverneur général expliqua en 1938 que l’administration hésitait à réagir en faveur des Juifs, ce qui aurait été « interprété comme une nouvelle preuve de l’influence que posséderaient sur les milieux dirigeants les milieux israélites32 ». Si bien que les pouvoirs publics réagirent très lentement devant les initiatives des partis d’extrême droite pour encourager partout en Algérie la création de formations antisémites en milieu musulman ou pour y entretenir une hostilité permanente vis-à-vis des Juifs. Enfin, les manifestations hostiles aux Juifs furent beaucoup plus souvent tolérées que les manifestations de protestations organisées par les milieux israélites.
Le milieu judiciaire
16Le sentiment le plus répandu était que les milieux judiciaires suivaient en permanence la même pente et condamnaient des manifestants juifs pour tapage injurieux quand ils criaient « Vive les juifs » au moment des émeutes antijuives ou quand on les rendait responsables de bagarres qu’ils avaient subies. En 1921, lors des incidents consécutifs à la parution du journal L’Antijuif du journaliste Jeandet, Henri Aboulker nota dans une correspondance avec l’Alliance israélite universelle33 que le procureur général avait repris dans un rapport des affirmations fausses et dangereuses, affirmant que les offices ministériels « finiraient par devenir presque tous la propriété des israélites qui détiennent la plus forte part de la fortune publique en Algérie34. »
17Ces comportements n’étaient cependant pas généralisés puisque, pendant la première crise antijuive, lors des troubles de mai 1897 à Oran, le procureur de la République Lantieri avait mené une critique en règle des antijuifs du conseil municipal et des négligences de la police et de l’armée et s’était attiré pour cela les foudres du conseil municipal35. Ce fut également, ainsi qu’on l’a vu, le cas du procureur Dubuc, qui agit vigoureusement pour ramener le calme et fut déplacé après les événements de 1898.
Le milieu enseignant et universitaire
18Au xixe comme au xxe siècle, le milieu scolaire et universitaire était bien connu pour son antisémitisme. En 1897, un jeune Israélite de Constantine demanda au président de l’Alliance israélite universelle à Paris de lui trouver une institution pour continuer ses études et échapper à l’hostilité qu’il ressentait dans la ville depuis l’époque où il fréquentait l’école primaire et ajoutait un commentaire très éclairant :
D’après la situation dans laquelle je me trouve et d’après la misère dans laquelle je suis plongé et la haine dont sont imbus contre moi mes professeurs et la municipalité qui est hostile à toute demande adressée par un israélite, comment pouvais-je obtenir satisfaction lorsque j’avais besoin d’une paire de souliers qu’on me refusait parce que j’étais israélite36 ?
19Rappelons qu’en 1919 et avant que les pouvoirs parisiens n’interviennent, le recteur Ardaillon acceptait que les étudiants juifs soient évincés de l’association des étudiants d’Alger et refusait d’agir en leur faveur ; il les recevait sans amabilité, ne lançait aucune action contre la diffusion de tracts et de placards insultant non seulement les Juifs, mais aussi les étrangers et les Indigènes37. Là encore, cela n’avait pas toujours été le cas puisque, en 1897, le recteur d’Alger refusa de demander la démission du professeur Lévy comme l’exigeaient les étudiants menés par Max Régis. Monômes, grèves, rien n’y fit et le recteur prononça pour deux ans l’exclusion des deux frères Régis de toutes les universités françaises.
Des initiatives individuelles
20Il est en général difficile de mesurer l’importance des initiatives individuelles dans le déroulement des faits, mais quelques-unes de ces initiatives ont cependant été retenues dans les archives.
Voir clair
21Un royaliste, le baron Jacques de Vialar (1874-1942), prit en 1898 la défense des Juifs d’Alger38 en se plaçant sur le terrain de la justice, de la légitime défense et de l’indignation. Sa longue lettre, bien inscrite dans son époque, et rare exemple de courage à un moment où l’on molestait dans la rue tous les opposants, mérite d’être largement citée. Elle fut publiée dans La Vigie algérienne du 29 septembre 1898 en réponse à un incident et donne des Juifs, de l’antisémitisme et de l’inertie des pouvoirs publics une vision très lucide, en même temps qu’elle remet à leur véritable place certaines valeurs de l’époque comme le titre de Français :
Lettre ouverte du baron de Vialar, La Vigie Algérienne, 29 septembre 1898
« […] Comment, voilà plus de six mois que l’autorité qui est là, en cause, laisse sous prétexte de liberté, insulter, molester, piller assommer toute une partie de la population et c’est lorsque le lapin égorgé proteste, qu’un homme de cœur voudrait l’empêcher de crier ! Si j’entendais auprès de moi un Juif crier à bas les Français, je ne sais pas si mon sang bouerait et si je ne lui imposerait pas silence ; mais à juger les choses de sang-froid je trouve que ce Juif a parfaitement raison et je ne prends nullement pour moi cette invective qui ne s’adresse dans l’esprit de celui qui la profère qu’aux misérables lâches qui se mettent à dix contre un pour molester ou pour assommer un pauvre diable. Si les gens qui commettent ces infamies peuvent se dire Français, il n’y a pas vraiment de quoi en être fier et je ne me sens nulle envie de me solidariser avec eux et d’être leur complice.
Oui à bas les Français qui n’en ont ni le cœur ni les traditions. Ce n’est pas dans un mot que je place mon honneur de Français, c’est dans l’idée qui l’accompagne et je suis le premier à répudier le mot si l’idée est absente. […]
Lettre ouverte du baron de Vialar, La Vigie Algérienne, 29 septembre 1898 (suite)
Les Juifs sont plus commerçants que vous, c’est vrai, et leur concurrence vous chagrine mais lorsque vous voulez réfléchir vous êtes obligés de reconnaître que le consommateur ne peut pas s’en passer et qu’il est bien heureux de les avoir. C’est vous qui irez sur les routes poudreuses et brûlantes au milieu de mille dangers porter les marchandises françaises sur les marchés du Sud ? Non, il vous faut sans vous déranger et au plus tôt faire votre pelote dont vous irez jouir en France ou autres lieux ; l’argent juif au moins ne sort pas d’ici et il embellit nos villes39 […] ».
Défendre des valeurs3
22À la fin du xixe siècle, la fidélité aux valeurs républicaines et à la simple justice produisit de nombreuses réactions d’hostilité à l’antisémitisme chez ceux qui exerçaient l’autorité dans le cadre de leur activité. Ainsi le maire de Perregaux s’opposa pendant la crise de la fin du xixe siècle au licenciement de son jeune secrétaire israélite, ce qui lui valut la longue opposition de la presse et des « conseillers municipaux antijuifs ». Le propriétaire des usines Bastos déclara de son côté au plus fort de la crise qu’il accueillerait à coups de fusil quiconque viendrait lui faire la demande de licencier ses employés juifs40.
23Pendant la Seconde Guerre mondiale, malgré une propagande et une politique violemment antisémites et malgré des dénonciations nombreuses, il se trouva encore des personnes pour prendre des positions courageuses de défense des Juifs. M. Escalier, qui était le directeur de la Banque d’Algérie à Alger refusa, malgré les pressions du Commissariat Général aux Questions Juives (CGQJ) et du Gouvernement général, de licencier ses employés juifs, alléguant que la Banque était une « société anonyme privée » et n’avait pas à obéir à ce genre d’injonction. Son exemple fut suivi par le directeur de la Banque d’Algérie à Constantine, Alvarez, qui retarda le plus possible en 1942 le licenciement de ses employés juifs et veilla à leur reclassement dans d’autres entreprises. Le directeur départemental de l’aryanisation à Oran, Gérard Dupont, fut, lui, relevé de ses fonctions pour son manque d’empressement à accomplir sa tâche41. L’historien Aouate cite le cas d’employeurs fournissant des certificats de moralité pour les dossiers permettant de conserver la nationalité française. Et Henri Chemouilli rapporte qu’il a pu, malgré deux dénonciations, vivre de leçons particulières après la visite d’un inspecteur : « Il n’y eut pas de suite parce que cet inspecteur, par chance, me connaissait bien. Je pus continuer, mais au prix de quelles précautions ! Je finis par m’en tirer, pécuniairement parlant, mais non sans amertume42 ».
Les associations métropolitaines
24Pendant l’entre-deux guerres, des organisations métropolitaines comme l’Alliance israélite universelle, la Ligue des droits de l’homme et la Ligue internationale contre l’antisémitisme, ont travaillé en Algérie au côté des associations locales, pour faire respecter localement les droits des Juifs. Ce qui passait à leurs yeux par une action de modernisation des Juifs destinée à faire cesser les accusations d’arriération politique, économique, sociale et religieuse qui leur étaient constamment adressées.
L’Alliance israélite universelle (AIU)
25Créée en 186043 pour lutter partout contre l’antisémitisme44 et présidée de 1863 à sa mort en 1880 par Adolphe Crémieux, l’Alliance israélite universelle s’investit au Levant et au Maroc45 avant de gagner les pays du Maghreb où elle travailla en faveur de la modernisation des Juifs pour leur permettre une meilleure adaptation à la société et pour qu’ils puissent répondre à l’hostilité dont ils étaient l’objet.
26En Algérie, la population juive demeurait à la fin du xixe largement favorable à ses traditions et hostile à la politique d’assimilation menée depuis plusieurs décennies par le judaïsme français. Pour répondre à cette situation, l’AIU mit en chantier, à partir de 190046, des programmes destinés à favoriser la modernisation et l’assimilation des jeunes générations. Elle désirait répandre l’éducation religieuse et la tolérance, sans oublier les règles plus sociales de politesse et de respect de l’ordre. Mais elle voulait aussi transmettre aux jeunes générations les sentiments et les idéaux patriotiques, tels que l’amour et la reconnaissance envers la France émancipatrice, estimant aussi que la francisation lui serait un atout en ce qu’elle rapprocherait d’elle les intéressés et contribuerait à stabiliser la situation sur place. Cela s’accompagnait parfois de la part de Juifs métropolitains de l’AIU découvrant la société juive d’Algérie ancrée dans ses traditions, de déceptions, de jugements négatifs et comparables à ceux des autres Français47.
27L’Alliance ouvrit, d’abord à Alger puis ensuite à Constantine et dans toute l’Algérie, des écoles qui fonctionnaient pendant les jours de congés scolaires et les vacances et elle concentra dans les premières années son action sur l’instruction religieuse, sur la préparation à des professions plus qualifiées que celles que les Juifs pratiquaient jusque-là. Elle insista sur l’éducation des jeunes afin de les préparer à la lutte contre l’antisémitisme48 et de construire solidement leur identité juive. Les garçons recevaient pendant plusieurs années49, en complément des contenus délivrés par l’école publique française, des cours de soutien en arithmétique et en français ; ils apprenaient l’hébreu et les pratiques religieuses qui devaient être enseignées à un « niveau pédagogique d’excellence50 », ainsi que les « responsabilités morales » qui devaient être les leurs. Les écoles d’apprentis et les ateliers les formaient à des professions, telles que la ferronnerie, la menuiserie, la reliure, considérées à l’époque comme modernes et porteuses d’avenir. Ces métiers devaient aussi leur permettre d’échapper à la concurrence féroce des Européens de la colonie, notamment les Espagnols. Ces actions se firent conjointement avec des associations algériennes, telle « Le travail de Constantine, société pour faciliter la mise en apprentissage des enfants » qui, dès 1895, forma professionnellement de jeunes enfants pour leur donner une bonne situation et contrer les effets de l’antisémitisme. L’Alliance organisa également l’instruction religieuse des filles51, estimant que le rôle des femmes instruites était essentiel dans la modernisation du judaïsme d’Algérie et qu’il fallait les sortir de leurs pratiques et croyances empreintes de superstition52. En 1900, l’école d’Alger comptait 60 filles qui recevaient une éducation ménagère en plus d’une instruction religieuse avec des cours en coupe, couture, broderie, repassage, blanchisserie.
28Entre les deux guerres, l’AIU intervint au moment des troubles de Constantine d’août 1934 pour obtenir l’arrêt des violences et le déclenchement d’une enquête. Elle agit encore en 1945 après les massacres de Sétif du 8 mai pour que les Juifs ne fassent pas les frais du redoublement de violences entre Européens et Musulmans53.
La Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA)
29La Ligue internationale contre l’antisémitisme54, créée le 24 février 1928 à Paris sous la présidence de son fondateur Bernard Lecache55, comprenait un Comité central de 24 membres et se donnait la charge prioritaire de lutter contre toute forme de discriminations et d’attaques à l’égard des droits individuels ou collectifs des Juifs. En 1932, la ligue devient Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme et conserve son sigle. Elle était ouverte à tous, de nombreuses personnalités56 y étaient affiliées, mais elle resta alors prioritairement une organisation peuplée et dirigée par des Juifs et comptabilisait 50 000 membres en 1939.
30Bernard Lecache (1895-1968) joua un rôle de premier plan au sein de la LICA. Il intervint activement et dans la durée sur le terrain auprès de ses coreligionnaires pour leur expliquer le rôle de l’organisation dont il coordonnait les actions et pour inciter les jeunes à plus de coopération avec elle57. Il porta l’une de ses premières offensives contre le député-maire d’Oran, le docteur Jules Molle, dont le journal Le Petit Oranais multipliait les attaques antisémites. Lecache, qui avait critiqué le docteur Molle dès 1925, l’attaqua à nouveau dans un meeting en 1930 et le journal de la LICA, le Cri des Peuples, dénonça son activité antisémite et la non-réaction de l’administration préfectorale. En juillet 1935, il vint à Oran pour s’opposer aux Croix de feu et à la propagande nazie et proposa, pour commencer, d’encourager le boycott des produits de l’Allemagne hitlérienne, ce qui avait réussi à Paris58. En 1936, il se dressa contre Lambert qui, battu aux législatives par le socialiste Marius Dubois, lançait une campagne antisémite59. Venu en Algérie en 1940 pour échapper aux nazis comme journaliste à L’Écho d’Alger, Lecache fut assigné à résidence puis envoyé en camp de concentration et libéré le 2 décembre 194260.
La Ligue des droits de l’homme (LDH)
31Une autre association métropolitaine, La Ligue des droits de l’homme61 agit régulièrement et en relation avec le CJAES et la LICA lorsque des discriminations ou des menaces pesaient sur les individus et la collectivité. Fondée par le sénateur de la Gironde Ludovic Trarieux62 (1840-1904) en 1898 pour défendre Dreyfus, la LDH était née dans l’atmosphère de violence qui entoura en métropole et en Algérie le procès du capitaine au moment des élections de 1898. Elle tint sa première assemblée le 4 juin de la même année à Paris. Se définissant comme un garant de l’état de droit, la Ligue se tourna vers la défense des victimes d’erreurs judiciaires, elle agit aussi pour faire respecter en tout le droit et lutta fermement contre les exceptions63 et les discriminations dont étaient victimes les Juifs et les Musulmans64, lesquels, bien que de nationalité française, étaient maintenus hors du droit commun. Ceci sans adopter toutefois une position anticoloniale65, car la LDH restait, comme l’AIU et la LICA, dans la mouvance de la « mission civilisatrice » et du droit, voire du devoir, des pays développés à importer la civilisation dans leurs colonies66, affirmant par ailleurs que cette colonisation profitait aussi bien à celles-ci qu’à leur métropole.
32Pendant l’entre-deux-guerres67, qui voit son apogée avec 180 000 adhérents en 1933, la Ligue des droits de l’homme s’investit fortement en Algérie, toujours en étroite collaboration avec l’AIU et la LICA. L’action des associations fut à nouveau celle de la lutte contre les antijuifs et celle de la défense des droits par tous les moyens appropriés, dont la voie de presse et les meetings. Plus précisément, la LICA et la LDH luttaient contre la collusion qui existait en Algérie entre les ligues d’extrême droite comme les Croix de Feu et une grande partie du personnel de police, ce qui conduisit la LICA à donner publiquement en 1936 les noms et matricules d’agents des forces de l’ordre impliqués dans les émeutes68. Parallèlement, les deux organisations redoublaient de vigilance dans le cadre de la lutte contre l’antisémitisme revenu au premier rang des préoccupations politiques. La LICA fut dissoute pendant la Seconde Guerre mondiale mais se reconstitua secrètement pour continuer à apporter son aide aux victimes des lois de Vichy.
Notes de bas de page
1 Le Petit Fanal, 20 février 1898.
2 Commission de 1900, op. cit., p. 487.
3 AIU Algérie ICC9, no 2814, Oran le 23 janvier 1900, Teboul interprète-adjoint auprès des Chambres d’instruction du tribunal civil, note d’Oran à Président de l’Alliance israélite universelle.
4 AIU IC1, Oran le 8 mai 1935, Lettre de Toledano, AIU, à Confino, directeur de l’AIU à Alger.
5 Émile Morinaud, Mes mémoires, Première campagne contre le décret Crémieux, op. cit., p. 143.
6 La Dépêche algérienne, 21 avril 1902.
7 Le Petit Africain, 28 mai 1897.
8 Journal officiel, séance du vendredi 14 juin 1901, p. 406.
9 Le Petit Africain, 26 mai 1896.
10 ANOM Oran 2531.
11 Geneviève Dermenjian, La crise anti-juive oranaise (1895-1905), op. cit., p. 219-223.
12 À la fin du xixe siècle il exista toutefois pendant un peu moins de deux ans un périodique catholique antisémite, L’Ami du peuple oranais. Geneviève Dermenjian, La crise anti-juive oranaise (1895-1905), op. cit., p. 220.
13 Jacques Cantier, L’Algérie sous le régime de Vichy, op. cit., p. 270.
14 En métropole, Mgr Salièges, Mgr Théas et Mgr Gerlier ne s’exprimèrent pas publiquement en 1942 contre les lois de Vichy mais seulement contre les déportations. Selon le principe de subsidiarité et en plus dans le cas présent, pour des raisons de discrétion, l’Église laissait aux échelons inférieurs de la hiérarchie, aux institutions religieuses diverses et aux individus la maîtrise des actions de protection de la population juive.
15 Michel Ansky, Les juifs d’Algérie du décret Crémieux à la Libération, op. cit., p. 105-106. Jacques Cantier, L’Algérie sous le régime de Vichy, op. cit., p. 270.
16 Michel Ansky, Les juifs d’Algérie du décret Crémieux à la Libération, op. cit., p. 81.
17 L’Église acceptait le statut des Juifs, mais mettait en garde contre une application qui ne tiendrait pas compte de la justice et de la liberté des personnes.
18 La position de l’Église catholique a longtemps posé question, principalement depuis la pièce Le Vicaire, de Rolf Hochhuth parue en 1963. En réponse, de nombreuses personnalités juives ont témoigné en faveur de l’Église : Golda Meier, Albert Einstein, etc. Dominique Le Tourneau, dir., Pie XII, le choix du silence ? Des Juifs et des historiens témoignent, (Michel Viot, Serge Klarsfeld, Philippe Chenaux, Gary Krupp), Pierre Tequi éditeur, 2011.
19 Une aide locale et nationale du scoutisme juif fut par exemple organisée à cette époque en métropole par des mouvements chrétiens de scoutisme. Jacques Cantier, L’Algérie sous le régime de Vichy, op. cit., p. 331.
20 AIU Algérie IC1, Henri Aboulker, Note sur l’antisémitisme, 1919.
21 Voir le chapitre « Juifs d’Algérie ».
22 Jacques Cantier, L’Algérie sous le régime de Vichy, op. cit., p. 72.
23 Gilbert Meynier, « Lutaud, Parcours », Recherches bibliographiques Algérie 1830-1962, bulletin 00, 1983.
24 Geneviève Dermenjian, La crise anti-juive oranaise (1895-1905), op. cit., p. 232.
25 AIU IC7, Oran le 23 mars 1938, Alfred Ghighi à Président de l’Alliance israélite universelle.
26 Yves-Claude Aouate, Les juifs d’Algérie pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), op. cit., p. 80.
27 David Cohen, « Les circonstances de la fondation du Comité algérien d’études sociales ou la prise de conscience d’une élite intellectuelle juive face au phénomène antisémite en Algérie (1915-1921) », Revue des études juives, 161, 1-2 janvier-juin 2002, p. 179-225.
28 AIU Algérie IC2, Robert Bitoun à M. Le Procureur de la République, 15 août 1934. En août 1934, un Juif de Constantine reçut une gifle et un coup de pied à la hanche de la part d’un officier devant qui il mettait en doute l’action de la police et de la troupe pour faire respecter l’ordre pendant les émeutes.
29 ANOM Oran 3121, dossier antisémitisme 1934-1936, et lettre au préfet du 10 mai 1937.
30 Archives de la LICA, dossier 1345, télégramme reçu le 29 juin 1936.
31 Michel Abitbol, Les Juifs d’Afrique du Nord sous Vichy, op. cit., p. 41-42 et ANOM Algérie 16G, rapport du chef de la police spéciale départementale de Constantine, 21 décembre 1938.
32 ANOM Algérie 16 G, rapport du préfet d’Oran au gouverneur général, Oran, 25 juin 1938.
33 AIU Algérie IC2, Alger, docteur Aboulker, 1919-1921, lettre du 13 octobre 1921, dossier Comité d’études sociales.
34 AIU Algérie IC2, no 9046/3, texte du procureur général, 16 septembre 1921.
35 Geneviève Dermenjian, La crise anti-juive oranaise (1895-1905), op. cit., p. 200-201.
36 AIU Algérie IC1, no 6108, Constantine, le 11 octobre 1897 Rahmin Atlani à M. Le Président de l’Alliance israélite universelle, Paris.
37 AIU Algérie IC2, no 7010/2, Alger le 6 juillet 1919, note à M. Le gouverneur général.
38 Chemouilli rappelle qu’il enleva une Aboulker que la famille, une « grande famille » juive d’Alger lui refusait (p. 124).
39 Cité par Henri Chemouilli, Une diaspora méconnue, op. cit., p. 124, 155-156.
40 N. Nahon, « La communauté israélite d’Oran », Revue des écoles de l’Alliance israélite universelle, no 7, octobre 1902-avril 1903, p. 7-33.
41 Yves-Claude Aouate, Les juifs d’Algérie pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), op. cit., p. 80, 83.
42 Henri Chemouilli, Une diaspora méconnue, op. cit., p. 170.
43 André Kaspi, dir., L’Alliance israélite universelle de 1860 à nos jours, Paris, Armand Colin, 2010.
44 L’organisation crée un fonds de soutien et des emplois, lutte pour l’égalité des droits dans le monde.
45 En 1914, l’AIU était présente dans 15 pays et 90 localités. Elle avait fondé dans le monde 183 écoles, employait 1 257 instituteurs et scolarisait 43 700 élèves. Patrick Weill, Qu’est-ce qu’un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, op. cit., p. 246.
46 Patrick Weill, Qu’est-ce qu’un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, op. cit., Richard Ayoun et Bernard Cohen, Les Juifs d’Algérie, deux mille ans d’histoire, op. cit., p. 141-142.
47 Un responsable de l’Alliance israélite universelle parle du Juif d’Algérie comme « mi européen, mi africain » et pris entre le progrès et les vices du passé. AIU Algérie Moscou EN 01.0, A.H. Navon, Talmud Tora de Constantine (suite), Constantine, 15 août 1902.
48 AIU Moscou FR O1.1, Sylvain Benoît, L’œuvre d’éducation morale, religieuse et professionnelle, Alger, avril 1902 ; AIU Moscou FR 01.2, Moïse Nahon, Rapport Annuel, 1900-1901, Alger, septembre 1901 ; AIU Moscou FR 01.2, M. Nahon, directeur de l’École de l’Alliance à Alger, Rapport Annuel 1900-1901.
49 Ces cours, reçus de l’enfance à l’adolescence, se terminaient avec l’examen qui permettait aux jeunes d’effectuer leur « communion » (bar-mitzva). Albert Bensoussan, Alliance israélite universelle, dans Jeannine Verdès-Leroux, L’Algérie et la France, dir., Bouquins Laffont, 2009, p. 42-43.
50 André Kaspi, L’alliance israélite universelle de 1860 à nos jours, Paris, Armand Colin, 2010, p. 139-140.
51 J. Allouche-Benayoun, « La sécularisation par l’école : filles et garçons juifs d’Algérie », dans F. Rochefort, éd., Le Pouvoir du genre. Laïcités et religions (1905-2005), Presses Universitaires du Mirail, 2007, p. 145-159.
52 AIU Moscou EN 01.1, Nahon, Talmud-Tora de Constantine (suite).
53 André Kaspi, L’alliance israélite universelle de 1860 à nos jours, op. cit., p. 140-141.
54 La LICA succède à une ligue préexistante, « la Ligue contre les pogroms », créée en 1927 par Bernard Lecache pour défendre devant la justice Samuel Schwartzbard qui avait abattu le 15 mai 1926 à Paris Simon Petlioura, responsable de nombreux pogroms en Ukraine. Il fut acquitté.
55 Bernard Lecache est un journaliste issu d’une famille d’émigrés juifs d’Ukraine. Il est naturalisé en 1905. Mobilisé en 1916 il est réformé en 1918. Homme de gauche il fait un crochet par le Parti Communiste et publie des articles dans L’Humanité puis il rejoint la SFIO. Il fonde la Ligue internationale contre les pogroms en 1927 et devient rédacteur en chef de son journal, Le Droit de Vivre.
56 Dont Victor Basch, Léon Blum, Albert Einstein, Edmond Fleg, Paul Langevin, la comtesse de Noailles, Séverine (pseudonyme de Caroline Rémy, journaliste, écrivaine, féministe libertaire)…
57 ANOM Alg. Alger F410, rapport no 1623, Alger 16 mars 1937, au sujet de l’assemblée générale de la LICA.
58 ANOM Alg. Oran/424, no 947C, commissaire Central au Préfet d’Oran, Objet Réunion de la Ligue internationale contre l’antisémitisme, Oran, 22 juillet 1935.
59 ANOM Alg. Oran/241, Oran le 12 mai 1937, rapport no 4182, Ligue internationale contre l’antisémitisme, conférence de M. Bernard Lecache dans la salle de cinéma Familia.
60 Emmanuel Debono, Aux origines de l’antiracisme, la LICA 1927-1940, op. cit., p. 209.
61 Il est écrit dans les statuts de la LDH qu’elle se donne pour but de défendre les principes énoncés dans la Déclaration des droits de l’homme de 1789.
62 Avocat, Franc-maçon, fondateur et premier président (1898-1903) de la Ligue des droits de l’homme. A beaucoup œuvré pour la révision du procès d‘Alfred Dreyfus.
63 Par exemple les différences de salaire entre instituteurs en fonction des origines ethniques.
64 À la veille de la Seconde Guerre mondiale, les premiers militants indépendantistes utilisent la LDH comme contre-pouvoir quand l’administration coloniale s’oppose à eux. Cf. Laure Blévis, « De la cause du droit à la cause anticoloniale. Les interventions de la Ligue des droits de l’homme en faveur des “indigènes” algériens pendant l’entre-deux-guerres », Politix, Année 2003, vol. 16, no 62, p. 39-64. Disponible sur Persée.
65 Mais un militant comme Félicien Challaye (1897-1967) fut par contre un anticolonialiste radical. En 1931, lors du congrès de la Ligue des droits de l’homme, il dénonça la mission civilisatrice, alors défendue par une partie de la Ligue, comme étant le paravent de toutes les exactions commises dans le monde colonial. Membre du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, il se rapprocha des cercles collaborationnistes sous le régime de Vichy afin de favoriser le retour de la paix. Cf. Pascal Ory, Les collaborateurs, op. cit.
66 Cf. Alice L. Conklin, A mission to civilize, The republican idea of empire in France and west Africa, 1895-1910, Stanford, California, Stanford University Press, 1997.
67 Cf. Laure Blévis, « De la cause du droit à la cause anticoloniale. Les interventions de la Ligue des droits de l’homme en faveur des “indigènes” algériens pendant l’entre-deux-guerres », op. cit., p. 39-64.
68 Emmanuel Debono, Aux origines de l’antiracisme, la LICA 1927-1940, op. cit., p. 209.
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