Chapitre 11. Guerre et violence
p. 171-185
Texte intégral
1À côté des ex-voto marins concernant des bateaux de pêche ou de commerce, on peut voir également quelques tableaux relatifs aux combats sur mer. Ainsi, le sanctuaire de la Garoupe possède un dessin à l’encre aquarellé montrant l’engagement du vaisseau « Le Vrist-Surre » dans l’une des plus célèbres bataille navales de l’histoire, celle qui opposa la flotte anglaise de l’amiral Nelson aux flottes française et espagnole au large du Cap Trafalgar le 21 octobre 1805 (ph. 1). La scène se situe au cœur des combats : au milieu d’épais nuages de fumée dégagés par les tirs des canons, bien visibles sur le flanc des vaisseaux, on distingue de grands navires de guerre, toutes voiles dehors, battant pavillon français, espagnol et anglais, engagés dans des combats de près. Dans les flots, des mâts brisés sont le signe de la violence de la bataille. L’ampleur de la scène ne permet pas de distinguer les hommes sur les bateaux. Il n’y a pas de place, non plus, pour l’espace céleste dans ce tableau qui s’en tient à la représentation de navires. L’inscription apporte peu de précisions, en dehors du nom de Jacques Vernet, donateur ou auteur.

Ph. 1. Notre-Dame de Bon Port à la Garoupe. Papier, 24 x 33 cm.
2Dans le même sanctuaire, la toile peinte, un siècle plus tard par J. Dormois concernant le cuirassé « Gaulois » est plus explicite (ph. 2). On y voit un grand navire de guerre français sombrer. Les chaloupes ont été descendues à la mer ; le dispositif de leur mise à l’eau est bien visible, avec les poulies et les cordages. Les hommes ont quitté le torpilleur, dont la poupe est déjà fortement immergée et se serrent dans les chaloupes. D’autres bateaux, de petite taille, leur portent secours. En haut à droite du tableau, une Vierge salvatrice est sommairement représentée. La légende, écrite avec application en lettres capitales alignées sur des traits tirés à la règle, dans la partie inférieure du tableau représentant la mer, nous éclaire sur les circonstances. Pendant la guerre de 1914-1918, le « Gaulois », commandé par le capitaine de vaisseau Morache avait subi le 18 mars 1915 un premier dommage aux Dardanelles. Le 27 décembre 1916, dans la mer Égée, au large de Milo, il reçoit une torpille, qui l’envoie par le fond. À l’exception de quatre hommes, tout l’équipage est sauvé. Le donateur est l’un des survivants, J. Myalo.

Ph. 2. Notre-Dame de Bon Port à la Garoupe. Toile, 30 x 55 cm.
3Il arrive aussi que les conflits soient l’occasion d’ex-voto remis par toute une communauté d’habitants, quand celle-ci est préservée lors d’un siège ou du passage de troupes. C’est le cas du village de Signes, à quelques kilomètres au nord de Toulon, point limite de l’avancée au cœur de la Provence des troupes impériales et savoyardes, qui lors de la guerre de succession d’Espagne avaient passé le Var et cherchaient à prendre le port de Toulon, menacé par mer par la flotte anglo-hollandaise (ph. 3). Le tableau de grande taille est dédié à saint Jean-Baptiste, « patron de ce lieu ». Il montre les armées du Duc de Savoie, Victor Amédée, aux portes du village. Sous l’image, une longue inscription précise les circonstances de ce don qui a été réalisé suite au vœu fait par les habitants pour remercier le saint de « les avoir délivrés par son intercession auprès de Dieu des malheurs dont la communauté était menacée par le duc de Savoye ». Il est intéressant de noter que ce vœu date du 9 août 1707, alors que les armées savoyardes ne se replieront que le 27 août en levant le siège qu’elles avaient mis devant Toulon depuis le 29 juillet. L’ex-voto concerne donc bien un épisode particulier de cette opération militaire, l’avancée sur le village de Signes. Lors du repli des armées savoyardes plusieurs villes, comme Fréjus ou Puget, ont été incendiées par les troupes. Roquebrune, qui fut épargnée, remit elle aussi un ex-voto en remerciement, adressé à la Vierge. On peut enfin remarquer que sur le tableau votif des habitants de Signes, saint Jean-Baptiste est invoqué non pour la protection qu’il aurait apporté lui-même, mais pour son intercession auprès de Dieu, formule plus conforme à la théologie catholique.

Ph. 3. Saint-Jean-Baptiste à Signes. Toile, 77 x 59 cm.
4Les guerres de la Révolution et de l’Empire ont laissé peu de traces sur l’ex-voto provençal. Il est vrai qu’elles ont pratiquement épargné le sol de la province, à la différence des affrontements révolutionnaires. Mais ceux-ci, déchirant les communautés d’habitants, se prêtent moins à l’action de grâce collective que l’invasion étrangère. En revanche après la chute de l’Empire, le retour dans sa famille du soldat, qui avait quitté son village plusieurs années auparavant pour de longues campagnes militaires, donne lieu à plusieurs ex-voto individuels, dans des sanctuaires différents. Au Beausset-Vieux, l’exvoto du 6 février 1815 fête le retour de ce soldat de la grande armée, revenu sain et sauf (ph. 4). Le grenadier est représenté, un genou en terre, en uniforme et avec ses armes, le sabre, au fourreau, et le fusil, avec sa baïonnette. À côté de lui, agenouillée et les bras croisés sur la poitrine, une femme remercie la Vierge du retour de son fils (ou de son époux). Marie est représentée de face dans les nuées ; de sa main droite levée partent des rayons lumineux en direction du soldat et de la femme, matérialisant la protection qu’elle leur a accordée. La scène humaine se situe dans un décor extérieur, avec de la végétation ; au sommet de la colline, la présence de la chapelle du Beausset atteste du retour au pays.

Ph. 4. Notre-Dame du Beausset-Vieux. Papier, 24 x 30 cm.
La première guerre mondiale
5Alors même que l’ex-voto peint est en très net recul au xxe siècle en Provence, ce sont les deux conflits mondiaux qui nous livrent le plus grand nombre de tableaux relatifs à la guerre. La peinture à l’eau de petit format déposée au sanctuaire antibois, signée M. du Vergier, est probablement l’œuvre de l’auteur du don, qui a été fait « en souvenir de ma maison épargnée par l’ennemi 1914-1917 » (ph. 5). On voit une belle demeure, aux murs de briques et au toit d’ardoise, entourée d’un parc. Au second plan, d’autres bâtiments, sont en flammes. Cette maison se situe certainement dans le nord-est de la France, dans la zone des combats. On ne sait pour quelle raison le tableau a été remis au sanctuaire de la Garoupe. Peut-être le donateur venait-il en villégiature sur la côte, ou bien s’y est-il établi après la guerre, et voyant les nombreux ex-voto de la chapelle, a-t-il décidé d’en offrir un. L’image ne montre que la maison, sans aucun personnage, et sans espace céleste.

Ph. 5. Notre-Dame de Bon Port à La Garoupe. Papier, 20 x 30 cm.
6Le dessin au fusain, daté de 1922, déposé dans le sanctuaire varois de Notre-Dame du Fenouillet de La Crau, montre un campement de chasseurs alpins, avec des baraquements en bois, dans un paysage de montagne (ph. 6). Trois soldats en uniforme sont assis sur des bancs ; ils écrivent à leur famille : l’encrier est sur la table, deux ont la plume à la main, le troisième cachette une enveloppe. Autour d’eux, d’autres soldats, au repos, vaquent à diverses occupations. Dans le campement on voit des bidons, des tonneaux, des récipients, mais point d’armes. Si nous sommes bien à l’armée, rien ne montre la guerre. La Vierge est présente, en haut à droite de la composition. L’inscription, placée au-dessous de l’image, a la concision de celles que l’on peut lire sur les plaques de marbres votives, très nombreuses à cette époque, avec simplement les initiales du donateur : « 1914 Reconnaissance à N.D. du Fenouillet. C.P. 1918 ».

Ph. 6. Notre-Dame du Fenouillet de La Crau. Papier, 66 x 51 cm.
7La toile signée V. Étienne s’apparente à celles du retour du soldat après les guerres napoléoniennes (ph. 7). Elle est datée de 1918 et ne semble pas se rapporter à un combat particulier, mais constituer le remerciement d’un poilu revenu sain et sauf à la fin de la guerre. Toutefois il est représenté dans ce qui évoque un champ de bataille, avec des flammes. Des signes patriotiques sont présents, quoique discrets : un grand drapeau tricolore flotte à droite du fantassin en capote, tenant des deux mains son fusil avec la baïonnette au canon, alors qu’à sa gauche un casque à pointe allemand gît à terre. L’aspect religieux est assez absent du tableau, qui ne montre aucun geste de prière, et ne comprend aucune légende votive. Dans le ciel, une forme bleue à peine esquissée, entourée d’une aura dorée, évoque la Vierge.

Ph. 7. Notre-Dame du Mai au Cap Sicié. Toile, 32 x 22 cm.
La deuxième guerre mondiale
8Dans les chapelles provençales, plus encore que la première, la deuxième guerre mondiale est à l’origine d’un grand nombre d’ex-voto peints liés au conflit. Le seul sanctuaire hyérois de Notre-Dame de Consolation1 en reçut trois pour la période mai-juin 1940, chacun correspondant à un épisode particulier. Les deux premiers, dus au même peintre, J. Fauchery, concernent des événements qui ne se sont pas produits dans la région, mais sur la zone de front. Les donateurs ne sont identifiés que par leurs initiales.
9Celui remis par W.B. est une « Reconnaissance à N.D. de Consolation pour la protection pendant l’exode de Vitry-le-François – 16 Mai 1940 » (ph. 8). Dans la partie droite de la toile, la statue de la Vierge couronnée, avec l’enfant dans ses bras, apparaît au-dessus d’une ville en flamme ; trois personnes fuient sur une route. Mais l’essentiel de la composition montre un paysage côtier méditerranéen paisible et accueillant, avec un oratoire au bord de la chaussée. Ce lieu est probablement le terme de l’exode du donateur, ce qui expliquerait que cet ex-voto ait été déposé à Hyères.

Ph. 8. Notre-Dame de Consolation à Hyères. Toile, 37 x 47 cm.
10Sur la toile déposée par C.L. la légende écrite est construite de la même façon : dédicace à la Vierge, motif, date (ph. 9). Ce tableau est un des rares à montrer des militaires au combat : sous les bombardements ennemis qui ont détruit une ferme, trois soldats tiennent le contrôle d’une route, à six kilomètres du village de Pertin, avec une barrière en barbelés et une mitrailleuse. Deux des soldats actionnent l’arme, le troisième regarde la cible avec des jumelles. Au-dessus de cette scène de guerre réaliste, dans le ciel est esquissée une Vierge à l’enfant, d’où émanent des rayons lumineux en direction des soldats. Là encore l’action se situe dans le Nord de la France, dans la zone de combats, donc loin du sanctuaire où l’ex-voto a été déposé. Probablement le donateur est-il un soldat originaire de la région de Hyères, mobilisé et envoyé au front.

Ph. 9. Notre-Dame de Consolation à Hyères. Toile, 27 x 35 cm.
11Le troisième ex-voto hyérois de 1940 concerne un épisode local de la guerre (ph. 10). Le 13 juin, Charlotte Piot, fait paître ses moutons dans la campagne à proximité du sanctuaire de Notre-Dame de Consolation. Trois avions italiens passent dans le ciel, et mitraillent la zone. La bergère invoque Notre-Dame et s’en tire saine et sauve. Le tableau décrit précisément la scène, et l’inscrit dans un paysage bien reconnaissable. Dans le ciel, au-dessus de la chapelle, le buste de la Vierge apparaît dans les nuages ; des rayons lumineux matérialisent la protection qu’elle accorde à la donatrice.

Ph. 10. Notre-Dame de Consolation à Hyères. Carton, 20 x 30 cm.
12Les attaques aériennes, mitraillages et bombardements, firent de nombreuses victimes civiles au cours de la guerre de 1939-1945. Parmi ceux qui vécurent ces dangers et en réchappèrent, plusieurs remirent un ex-voto en remerciement. Ce fut le cas d’Armand Zeoli2, ouvrier électricien marseillais, fils d’immigrés italiens, qui fut requis au S.T.O. et envoyé en Allemagne au complexe métallurgique de Hallendorf, près de Brunswick (ph. 11). Ils étaient des milliers d’ouvriers requis et de prisonniers à y travailler. Ils vivaient dans des baraquements, à côté desquels on avait creusé des abris pour se protéger des bombardements alliés, nombreux à partir d’avril 1943 jusqu’à celui du 14 janvier 1945 qui détruisit le site. Par deux fois, lors d’attaques aériennes violentes, Armand Zeoli, promit de remettre un ex-voto à la Bonne-Mère. C’est lui-même qui exécuta l’aquarelle qu’il déposa en 1950 au sanctuaire de Notre-Dame de la Garde. La scène principale montre le bombardement du camp par plusieurs avions alliés. Les bombes causent de gros dégâts : explosion au fond, cratère creusé dans le sol au premier plan. Deux cartouches complètent le tableau : en bas à droite on voit l’abri souterrain où les hommes se sont réfugiés alors que les bombes tombent ; au premier plan le donateur prie, un chapelet à la main. En haut, dans un second cartouche figure la Vierge protectrice. La légende porte les dates 1943-1945, correspondant à la période du séjour forcé en Allemagne du donateur.

Ph. 11. Notre-Dame de la Garde à Marseille. Papier, 50 x 62 cm.
13Le tableau remis par la famille Borrione à Notre-Dame de Beauregard d’Orgon concerne les bombardements alliés avant le débarquement en Provence au printemps 1944, et plus particulièrement ceux d’Avignon, comme nous le précise l’inscription en haut à gauche du tableau, position d’ailleurs inhabituelle pour l’écrit sur l’ex-voto peint (ph. 12). L’image est celle d’une église dont le toit a été éventré par les bombes. On voit une cloche renversée à terre, au milieu des gravats. Aucune présence humaine dans ce spectacle de désolation. Une Vierge aux mains jointes est représentée dans le ciel au-dessus de l’édifice religieux détruit. Bien que le texte et la figuration concernent le même événement, les bombardements d’Avignon, nous ne sommes pas dans l’iconographie habituelle du tableau votif, montrant le donateur dans la situation du péril encouru : l’image donne à voir la destruction, alors que l’écrit exprime la reconnaissance.

Ph. 12. Notre-Dame de Beauregard à Orgon. Papier, 49 x 31 cm.
14Dans une période où la pratique de l’ex-voto peint se fait rare, les guerres liées à la décolonisation ne sont à l’origine que de quelques tableaux, comme celui d’Henri Mangiapan, remis au sanctuaire antibois à la suite du retour d’Indochine, quelques mois avant Dien-Bien-Phu, de son « fils sauvé du feu » le 21 septembre 1953 (ph. 13). Au milieu d’une exubérante nature tropicale, trois militaires font feu sur un ennemi invisible. Deux portent le casque, épaulent et tirent avec leur fusil ; le troisième, avec un chapeau en toile à large bords, utilise une arme de poing. Dans le ciel, la Vierge et l’enfant apparaissent sous les traits de la statue du sanctuaire marin, tenant l’une un bateau, l’autre une ancre.

Ph. 13. Notre-Dame de Bon Port à La Garoupe. Papier, 45 x 31 cm.
Violences domestiques
15En dehors des situations de guerre, les ex-voto liés à la violence sont peu nombreux. Il n’y a guère d’agressions dans l’espace public, il s’agit plutôt de conflits domestiques ou sur le lieu de travail. Dans le village de Peynier, entre Aix et Marseille, le 9 février 1817, Claire Michel doit faire face à une violence conjugale extrême, dont nous ne connaissons pas la cause (ph. 14). La scène se passe dans la chambre à coucher ; les époux sont en tenue de nuit. Joseph Roubin s’en prend à sa femme avec un rasoir. Il la blesse au cou, mais en se défendant, elle casse le rasoir. Pendant que le mari part chercher un autre rasoir, l’épouse se recommande à la Vierge, et a la présence d’esprit de sortir de la chambre pour appeler au secours, et d’enfermer son mari dedans. Accompagné d’une longue légende descriptive, le tableau est lui-même très suggestif. L’homme brandit le rasoir et essaye d’ouvrir la porte de la chambre. Sa chemise de nuit est tâchée du sang des premières blessures qu’il a infligées à sa femme. Celle-ci s’est réfugiée derrière la porte, avec la Vierge dans son nuage au-dessus d’elle, constituant ainsi un espace féminin, à gauche du tableau, qui fait face à la fureur masculine. Le décor, sommaire, de la chambre est cependant montré avec précision : le lit ouvert, comme la porte de l’armoire ou est rangé le linge, et où se trouvait probablement aussi le rasoir. Au-dessus du lit le crucifix et le bénitier sont des objets de piété que l’on rencontre fréquemment dans les intérieurs provençaux. La lampe à huile, dite « calen », et le pot de chambre complètent cet intérieur de milieu populaire.

Ph. 14. Notre-Dame du Château à Allauch. Bois, 29 x 42 cm.
16Un demi-siècle plus tard, en 1870, une nouvelle scène de violence conjugale se déroule dans un autre village, Pégomas, près de Grasse (ph. 15). Il s’agit encore d’un mari particulièrement irascible, Honoré Chauve, qui s’en prend à son épouse, qu’il égorge avec une serpette de poche, outil de travail de ce jardinier. Un voisin, et probable parent, Raymond Chauve, attiré par les cris, s’interpose et est lui-même blessé à l’oreille par l’agresseur. La Vierge qui apparaît dans les nuages tend le bras en direction de Raymond Chauve, qui est le donateur de l’ex-voto. Mais la protection mariale ne s’est malheureusement pas étendue à l’épouse et à deux filles du couple, qui ne figurent pas sur le tableau, mais qui ont été, elles aussi, égorgées par Honoré Chauve. Seule la fille cadette a échappé à la mort grâce à l’intervention du voisin. C’est du moins ce que nous apprend un article du journal grassois Le Commerce qui relate les faits3. Remarquons que le peintre de l’ex-voto n’a pas montré la totalité du drame : il n’a représenté que l’épouse, et pas les enfants victimes de la fureur paternelle.

Ph. 15. Notre-Dame de Valcluse. Carton, 60 x 50 cm.
17L’ex-voto du 9 août 1867 est moins explicite, la mention écrite étant fort brève et l’événement n’étant pas documenté par d’autres sources (ph. 16). Toutefois il est évident que la violence se produit ici sur le lieu de travail, entre deux ouvriers, vêtus l’un et l’autre d’un pantalon bleu et d’une chemise claire aux manches retroussées. Autour d’eux, plusieurs grandes poutres indiquent que l’on est soit dans une scierie, soit sur un chantier. L’un des hommes est à terre, l’autre le menace avec une herminette, outil professionnel de charpentier. L’espace céleste, qui occupe une large place sur ce tableau, est structuré en deux niveaux, comme sur certains retables provençaux : saint Quinis, un évêque du vie siècle, natif de Vaison et vénéré dans le Var, patron de la chapelle de Camps où fut déposé l’ex-voto, est représenté agenouillé aux pieds de Marie, ce qui est signe d’une hiérarchie entre les protecteurs célestes, la Vierge étant au-dessus du saint.

Ph. 16. Saint-Quinis à Camps. Carton, 54 x 38 cm.
18Violence et guerre ne représentent au total qu’une faible part des ex-voto provençaux, moins de 3 %. C’est beaucoup moins, par exemple, qu’en Italie du sud. Mais ce sont bien les deux conflits mondiaux du xxe siècle qui sont les plus présents, surtout si l’on ajoute qu’ils sont aussi à l’origine de centaines de plaques de marbres votives.
Notes de bas de page
1 La chapelle ayant été détruite en 1944, les ex-voto ont été transférés à la collégiale Saint-Paul de Hyères.
2 Voir Félix Reynaud, Ex-voto de Notre-Dame de la Garde. La vie publique, Marseille, La Thune, 1997, p. 114-116.
3 Voir Gilles Sinicropi, Valcluse. La Notre-Dame du pays de Grasse, Nice, Serre, 2014, p. 128.
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