Chapitre 10. Au péril de la mer
p. 157-169
Texte intégral
1Dans sa belle étude sur La peur en Occident, Jean Delumeau écrit : « Dans l’univers d’autrefois, il est un espace où l’historien est certain de la rencontrer sans aucun faux-semblant. Cet espace, c’est la mer.1 » La tempête, qui déchaîne les éléments naturels – le vent, la foudre, les flots – est l’événement le plus effrayant ; la navigation devient impossible : le vent peut déchirer ou arracher les voiles, voire briser le mât, les vagues secouent le navire qui prend l’eau et peut chavirer ou sombrer. L’homme y risque sa vie, son salut ne dépend plus que d’une accalmie des éléments naturels. « L’affrontement avec la tempête est d’abord une épreuve pour les corps, obligés de lutter des heures durant avec une énergie farouche et parfois vaine […] Le récit des catastrophes prend souvent une dimension plus dramatique encore lorsqu’il énumère la liste, plus ou moins longue, des victimes successives.2 »
2Face à ce monde maritime du danger et de la peur, l’homme a développé des stratégies de protection. Pour ce qui concerne la sauvegarde des vies humaines et des navires, les marins eurent recours à divers rites sensés les préserver de ces dangers potentiels venant des éléments naturels : nom du navire choisi pour le placer sous la tutelle d’un saint, bénédiction du bateau, divers objets à fonction estimée protectrice placés sur l’embarcation. Mais encore, lorsque la tempête fait rage, que le navire se trouve au milieu des éléments déchaînés, les hommes se tournent vers le Ciel pour invoquer l’assistance d’un saint vénéré. Ainsi Chateaubriand rapporte, dans les Mémoires d’outre-tombe, qu’à son retour des États-Unis, en décembre 1791, alors que le bateau sur lequel il navigue se trouve en mauvaise posture, près de Guernesey, un marin entonne un cantique à la Vierge, que reprend l’équipage.
3 Une fois l’épreuve traversée, s’ils rentrent sains et saufs au port, pour rendre grâce de la protection reçue, les marins déposent un ex-voto dans un sanctuaire, le plus souvent proche du littoral : Notre-Dame de Consolation (ou de Bon Port) à la Garoupe, Sainte-Anne à Saint-Tropez, Notre-Dame de Consolation à Hyères, Notre-Dame de la Garde au Cap Sicié, Notre-Dame de Pitié à Sanary, Notre-Dame de la Garde à Marseille, ou Notre-Dame de Miséricorde (ou des Marins) à Martigues. Il s’agit en général soit d’une maquette de navire3, soit d’un tableau votif. En Provence un ex-voto peint sur treize est un ex-voto marin.
4L’iconographie de l’ex-voto marin anonyme remis au début du xviiie siècle au sanctuaire d’Allauch, près de Marseille, est conforme à celle des autres tableaux votifs de cette période (ph. 1). Un cadre peint, à même le support en bois, met en relief l’image, composée d’une Vierge à l’enfant qui occupe la partie supérieure et centrale du tableau ; elle tend un bras protecteur en direction d’un trois-mâts qui affronte une grosse mer sous un vent violent, puisque les hommes ont affalé et ferlé les voiles, à l’exception du grand hunier du grand mât. Au premier plan, à droite, sur le rivage, une femme de marin est agenouillée en prière, les mains jointes. On retrouve donc le dédoublement de la scène humaine, accident et prière, fréquent sur les ex-voto de cette époque, sauf qu’ici ce n’est pas la victime, mais un proche, qui prie.

Ph. 1. Notre-Dame du Château à Allauch. Bois, 33 x 35 cm.
Un homme à la mer
5Les risques à bord sont multiples, comme la chute d’un mât, sur le pont ou dans l’eau. Une « barque du Levant », à trois-mâts, gréée de voiles latines, navigue dans une mer formée (ph. 2). Un homme est tombé à la mer. À bord, penchés au-dessus du bastingage, deux marins tentent de lui porter secours en lançant des cordages. Ici nous sommes dans l’action ; point de représentation de geste de prière. Mais une Vierge à l’enfant, de grande taille, apparaît à gauche sur un socle de nuages gris ; au-dessous d’elle, une légende votive composée des initiales V.F.G.A. est mise en valeur par une banderole.

Ph. 2. Notre-Dame du Beausset-Vieux. Bois, 25 x 34 cm.
6Point d’attitude de prière, non plus, sur l’ex-voto martégal de 1785 (ph. 3). L’espace céleste est composée de la Vierge de Miséricorde, couronnée, les bras ouverts, que l’on rencontre sur nombre de tableaux du même sanctuaire. La scène humaine nous montre un petit canot, qui a versé. Un des hommes qui s’est réfugié sur la barque qui flotte à l’envers, secouée par les vagues, tend la main à son collègue qui a chuté à l’eau et qui s’accroche à un cordage. Un troisième occupant, tombé aussi de l’embarcation, a pu nager jusqu’au rivage. Compte tenu du lieu de dépôt du tableau et de la petite taille du bateau, il est probable que cet accident se soit produit sur l’étang de Berre, qui peut être dangereux par grand vent. En l’absence de geste d’invocation ou d’action de grâce, le peintre met l’accent sur le danger encouru ; la dimension exagérément réduite de la barque par rapport à la taille des personnages renforce cette impression de frêle esquif.

Ph. 3. Notre-Dame de Miséricorde à Martigues. Bois, 23 x 32 cm.
7Si la chute à la mer à proximité des côtes représentait un grand risque, le même accident en plein océan était en général fatal. On comprend, dans ces conditions, qu’Antoine Plaucheur se soit considéré comme un miraculé. Embarqué sur un grand trois-mâts, il est tombé à la mer le 24 juin 1855 en plein océan Pacifique, entre les îles Cook et la Polynésie, selon les coordonnées indiquées en légende du tableau (ph. 4). Pendant cinq heures (de six heures trente à onze heures trente) il a enduré « la plus affreuse agonie ». La composition montre le moment où il va être recueilli. Sous un ciel sombre, dans une mer formée, le malheureux est juché sur une planche ou un coffre de bois qui flotte. Il appelle au secours en levant les bras. Il a enfin été aperçu du navire, qui a mis un canot à la mer avec cinq hommes partis le chercher. Sans que l’on puisse expliquer pourquoi, bien que l’ex-voto soit remis dans un sanctuaire marial, dans les cieux figure saint Jean-Baptiste, qui lève la main en direction de la victime.

Ph. 4. Notre-Dame de Bon Port à la Garoupe. Carton, 34 x 45 cm.
Pêche et cabotage en Méditerranée
8L’activité maritime était intense en Méditerranée. Les petits ports provençaux connaissaient deux armements, la pêche et le cabotage. Sous un ciel d’orage et sur une mer houleuse, le 17 mai 1843, une tartane prend un coup de vent de tribord qui manque de la faire chavirer (ph. 5). Elle est gréée avec une traditionnelle voile latine, de forme triangulaire. Dans le lourd ciel noir, deux trouées lumineuses abritent, chacune, un personnage céleste : à gauche la Vierge de Miséricorde, telle qu’elle apparaît sur nombre d’ex-voto martégaux, à droite saint Laurent tenant dans une main la palme du martyr et dans l’autre le gril de son supplice. La légende au bas du tableau, en lettres cursives blanches sur fond noir, nous donne la clé de cette double représentation céleste : l’embarcation se nomme le Saint-Laurent. Le saint martyr en est donc le protecteur naturel, ce qui explique qu’on l’associe à Marie, vénérée dans le sanctuaire où est remis l’ex-voto. Le texte nous apprend aussi le nom du propriétaire, Patricony, et du patron (pêcheur), Genary, qui sont différents. Il précise encore que le don est fait au nom de tout l’équipage, qui se limite à quelques hommes : on en distingue quatre sur le tableau, ils n’étaient jamais plus de six ou sept sur ce type d’embarcation. Ils ont vécu solidairement le danger, et se sont associés dans ce geste de remerciement. On doit encore noter la rapidité avec laquelle l’aquarelle a été exécutée : l’événement s’est déroulé le 17 mai, le tableau est signé : « Bourdin, le 23 mai ».

Ph. 5. Notre-Dame de Miséricorde à Martigues. Carton, 29 x 39 cm.
9C’est dans le monde de la pêche au merlan, pratiquée depuis le petit port de La Ciotat, que nous font pénétrer deux ex-voto de 1878 (ph. 6 et ph. 7). Ils sont dus au même peintre, Etienne Ardisson, mais, ce qui est plus rare, offerts par le même donateur, le patron pêcheur Étienne Pascal. Enfin, et c’est tout à fait exceptionnel, ils concernent deux événements assez semblables, survenus à seulement deux semaines d’intervalle. Le premier concerne « un fort coup de vent d’est et une forte lame » le 18 octobre 1878 à 11 heures du matin, à proximité des côtes, puisque l’on aperçoit un phare assez proche du bateau. Celui-ci a une voile en partie déchirée, et une grosse vague le submerge. On distingue trois hommes sur le pont, mais l’écume en cache peut-être un quatrième. Le deuxième tableau est relatif à « un coup de vent de nord-ouest le 2 novembre 1878 à 10 h du matin ». Là encore les hommes, ils sont quatre à bord, reviennent de la pêche au merlan ; ils sont près de la côte que l’on voit à gauche de l’image. Le premier ex-voto est remis par « les frères Augustin et Étienne Pascal », le second par le « le patron Étienne Pascal ». Son frère n’était-il pas à bord le 2 novembre, ou bien Étienne a-t-il voulu montrer que c’était lui le patron-pêcheur ? Enfin il y a une dernière différence importante entre les deux tableaux. Sur le premier, un ciel sombre occupe une large partie de la composition, mais aucun personnage céleste n’y est présent. Étienne Ardisson, comme d’autres peintres d’ex-voto marins de son temps, n’avait pas l’habitude de représenter le personnage céleste, se limitant à une description réaliste de l’embarcation en difficulté. Sur le second tableau, une Vierge à l’enfant s’inscrit dans une sorte de médaillon, surajouté en haut à gauche du ciel, avec quelques nuées autour. On peut penser qu’elle l’a été à la demande expresse du donateur, qui estimait par deux fois devoir la vie à la protection mariale.

Ph. 6. Notre-Dame de la Garde à la Ciotat. Carton, 36 x 49 cm.

Ph. 7. Notre-Dame de la Garde à la Ciotat. Carton, 36 x 49 cm.
10Le brick « Le Voltigeur » nous fait pénétrer dans l’univers du grand cabotage (ph. 8). Le 26 décembre 1853, dans une mer déchaînée, les voiles sont dressées, un coup de vent violent projette le navire sur la côte ouest de la Sardaigne. Le sujet du tableau est bien ici « Le Voltigeur », montré avec précision (mâts, voiles, haubans), les hommes n’apparaissant que comme de petites silhouettes. C’est le capitaine du navire, Étienne Foucard, qui fait le vœu. Le peintre, consacre l’essentiel de la composition à la scène marine. L’espace céleste est limité à un médaillon, où figure la Vierge à l’enfant.

Ph. 8. Notre-Dame de Bon Port à la Garoupe. Papier, 33 x 47 cm.
11L’aquarelle de 1881, dû au peintre de marine marseillais Louis Roux, montre un trois-mâts barque dans la tempête, très incliné sur bâbord (ph. 9). Plusieurs voiles ont été déchirées et emportées par le vent. Seul le grand hunier fixe tient encore. Le ciel est d’encre et la mer déchaînée. Deux canots de sauvetage sont renversés sur le pont, un troisième est dans les flots. Un homme est tombé à l’eau, cherchant à atteindre une bouée blanche qu’on lui a lancée. La bande noire au bas du tableau portait une inscription en italien, qui devait être collée sur le tableau, et qui a disparu4. Le navire appartenait aux Mimbelli, riche famille d’armateurs et négociants triestins, dont les membres étaient présents dans plusieurs ports méditerranéens, dont Marseille. Le « Maddalena Mimbelli », commandé par le capitaine Matteo Gunich, était parti le 25 octobre 1880 du port russe de Marianopoli (Mariupol), dans la mer d’Azov, et transportait mille tonnes de grains vers Marseille. Il subit les 9 et 10 décembre, au large des côtes provençales, un fort coup de mistral. Il dut se réfugier à Hyères, pour procéder à des réparations, avant de repartir pour Marseille qu’il n’atteignit que le 28 décembre.

Ph. 9. Notre-Dame de la Garde à Marseille. Carton, 55 x 72 cm.
Sur les lointains océans
12Les ports provençaux, et notamment celui de Marseille, sont aussi des points de départ pour des navires de commerce trafiquant avec les Antilles ou les possessions françaises de l’océan indien : île Bourbon (La Réunion) et comptoirs des Indes. Ces voyages lointains, qui duraient plusieurs mois au temps de la marine à voile, étaient l’occasion de risques de mer nombreux, auxquels s’ajoutait l’éloignement du pays. Le danger surmonté, une fois revenu à bon port, on pensait à remettre un ex-voto dans un sanctuaire marin provençal. Cette démarche pouvait être le fait d’un homme seul, d’un petit groupe, voire de l’ensemble de l’équipage, qui était nombreux dans cette navigation au long cours.
13En 1820 le navire « L’Hébé » est parti de Marseille pour se rendre à l’île Bourbon (ph. 10). L’équipage essuie une tempête, à proximité de l’« île Sanagose5 où nous avons failli périr ». Le tableau montre le trois-mâts sous un ciel très sombre, pris dans une forte houle. Six marins sont montés à la vergue du grand mât pour ferler le grand hunier. D’autres sont à la manœuvre sur le pont. Malgré un trait assez naïf, le peintre traduit bien la situation de danger. En revanche, il ne représente aucun personnage céleste, et la légende ne porte pas de mention dédicatoire. Mais la fonction votive du tableau se déduit du fait qu’il a été déposé, au milieu des autres ex-voto peints, au sanctuaire de Notre-Dame du Beausset-Vieux.

Ph. 10. Notre-Dame du Beausset-Vieux. Papier, 25 x 39 cm.
14De fait ce tableau ne fait pas figure d’exception, parmi les ex-voto marins du xixe siècle. En effet un nouveau modèle iconique s’impose alors. Le fait qu’il s’agisse de grands navires, deux ou trois mâts, impose au peintre un cadrage en plan large : plus que l’homme, réduit à une petite silhouette, c’est le navire lui-même qui est au cœur du tableau. Sa représentation est fignolée, jusque dans les détails. Et les donateurs font appel pour cela à des spécialistes de peinture de marines, plutôt qu’aux traditionnels peintres d’ex-voto6. Au bas du tableau une bande noire sert de support à une légende en lettres cursives, qui commence généralement par la formule « vœu fait par… », et qui comporte diverses précisions : nom du donateur, du navire, de son capitaine, date et lieu de l’événement donnés parfois avec une grande précision, comme sur un livre de bord.
15Les mers du sud semblent avoir été particulièrement redoutables, avec de violentes tempêtes. Ce fut le cas le 17 décembre 1844 où un ouragan a déradé le navire « Le Marseillais » de la rade de Saint-Denis de la Réunion (ph. 11). Le 19 à onze heures et demi du soir, le navire reçut un coup de mer d’une telle violence qu’il « lui cassa neuf jambettes ce qui occasionna une forte voie d’eau jusqu’au matin ». C’est donc Ambroise Calteaux, maître charpentier à bord, qui dut s’employer pour éviter le naufrage, qui fit faire et déposa l’ex-voto à la chapelle Sainte-Anne de Saint-Tropez. Le peintre montre le trois-mâts balloté par une mer déchaînée, les voiles déchirées. On aperçoit dans l’eau les morceaux de charpente du navire emportés par la voie d’eau. Dans un ciel de tempête, point de représentation céleste, mais un petit coin d’azur annonçant l’accalmie.

Ph. 11. Sainte-Anne à Saint-Tropez. Papier, 33 x 41 cm.
16C’est au large du Cap de Bonne-Espérance que le brick « L’Étoile » commandé par le capitaine Teisseire, essuie un ouragan le 3 mai 1838 (ph. 12). La voie de navigation contournant l’Afrique était la seule permettant de se rendre dans l’océan Indien et dans l’océan Pacifique, avant l’ouverture du canal de Suez en novembre 1869. Ici encore, le peintre, qui signe « Antoine Roux fils aîné », nous montre un ciel d’encre et une mer déchaînée, avec un navire qui n’a comme voile déployée que son petit hunier de misaine, et dans les flots on devine des éléments de la charpente ou de la cargaison. Le donateur est un matelot du bord, Barthélémy Aubert.

Ph. 12. Notre-Dame de Bon Port à la Garoupe. Papier, 33 x 43 cm.
17C’est encore au Cap de Bonne-Espérance que le trois-mâts « Le chasseur » du capitaine Étienne Blanc, dut affronter la tempête le 8 octobre 1859 (ph. 13). Antoine Roux fils, l’auteur de ce tableau, peint un navire balloté par les flots, les voiles déchirées, avec un grand nombre d’hommes à la mer, s’accrochant à des pièces de bois tombées dans les flots. Au loin on aperçoit d’autres navires en difficulté. Dans le ciel très sombre, ne figure aucun personnage céleste. L’image correspond bien à la description détaillée que fournit la légende, qui précise que la tempête a assailli le navire au mouillage dans la baie d’Algua, que toutes ses chaînes ayant rompu, il a dû faire route ; l’équipage composé de trente marins monta dans deux canots de sauvetage qui chavirèrent, emportés par une forte lame, mais tout le monde fut sauvé, grâce à la présence de nombreux navires sur la rade.

Ph. 13. Notre-Dame de la Garde à La Ciotat. Carton, 34 x 44 cm.
18Sous un sombre ciel d’orage, et dans une mer houleuse, un trois-mâts barque navigue avec une voilure réduite (ph. 14). La longue légende au bas du tableau nous apprend que la grosse boule orangée que l’on peut voir sur le grand mât est la traduction par le peintre de la foudre qui s’abat sur le navire : « Vœu fait par le Capitaine Marc Cauvin, commandant le navire Sainte-Élisabeth, parti de Cayenne le 24 juillet 1856 pour Marseille, étant le 2 septembre à 30 lieues dans le nord de Madère, la foudre a tombé à bord, lui a incendié le grand mât, une des pompes et a percé le navire au fond de la cale ». La mâture et les haubans sont représentés avec précision par l’aquarelliste ; en revanche la présence céleste est réduite à un médaillon de Vierge à l’enfant, découpé dans une image pieuse et collée sur le tableau. Le Capitaine Marc Cauvin était antibois, ce qui explique qu’il ait remis l’ex-voto au sanctuaire de la Garoupe, au cap d’Antibes. Cette traversée fut un véritable calvaire pour le capitaine Cauvin : lors du voyage aller, Marseille – Cayenne, six des neuf membres de son équipage contractèrent une épidémie et périrent à l’hôpital de Cayenne dans les semaines suivant leur arrivée, et lors du voyage retour il dut affronter la tempête et la foudre tomba à bord7.

Ph. 14. Notre-Dame de Bon Port à La Garoupe. Papier, 44 x 59 cm.
19Sur la toile de F.G. Purvis, on voit un steamer dans une mer forte, sous un ciel très nuageux (ph. 15). Le navire a-t-il échappé à un risque de naufrage ? Rien ne l’indique, tant ce tableau est d’interprétation difficile. Dans le ciel il n’y a aucun personnage céleste, mais cela est devenu très fréquent sur les ex-voto marins depuis les années 1830. Aucune légende au bas de l’image ne nous donne des précisions sur la date, le donateur ou le motif du don. Rien même n’indiquerait qu’il s’agisse d’un ex-voto, si la toile ne se trouvait, au milieu d’autres tableaux votifs, sur les murs du sanctuaire de Notre-Dame de Pitié. Mystère des ex-voto marins tardifs, dont on ne sait s’ils ont été remis en action de grâce d’un événement particulier ou comme un simple témoignage de dévotion d’un marin.

Ph. 15. Notre-Dame de Pitié à Sanary. Toile, 32 x 54 cm.
Notes de bas de page
1 Jean Delumeau, La peur en Occident xive - xviiie siècles, Fayard, Paris, 1978, p. 31.
2 Alain Cabantous, Le ciel dans la mer. Civilisation et christianisme maritime xvie-xixe siècle, Fayard, Paris, 1990, p. 87.
3 Voir photo n° 2, chapitre 1.
4 Je dois ces éléments à Félix Reynaud qui a retrouvé une photo ancienne de cet ex-voto, avec l’inscription, ce qui lui a permis d’identifier le navire. Voir Félix Reynaud, Ex-voto marins de Notre-Dame de la Garde, Marseille, La Thune, 1996, p. 68-69. L’inscription en italien pourrait s’expliquer par le fait que le donateur soit un marin italien, probablement celui qui était tombé à la mer.
5 Je n’ai pas pu identifier cette île.
6 Voir chapitre 12.
7 Voir le catalogue de l’exposition Ex-voto marins de Méditerranée, Paris, Musée de la Marine, 1978, p. 96.
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