La mort du prince Vladimir
The death of Prince Vladimir
p. 243-254
Résumés
La mort du prince Vladimir révèle les difficultés de la succession dans ce jeune État. Seule l’appartenance à la famille princière était une nécessité pour prétendre à la succession. Mais le succès de cette démarche tient surtout à la capacité du candidat à la succession de rassembler autour de lui dans sa drujina, des mercenaires le plus souvent des scandinaves, pour asseoir son pouvoir. Dans ces conditions, la mort du prince ouvrait inéluctablement un temps d’affrontement, une guerre civile entre les prétendants. Il faut attendre le règne de Yaroslav le Sage pour éliminer les Scandinaves de la vie politique de la Rus’ et pour placer la jeune principauté de Kiev dans l’héritage de l’empire byzantin.
The death of Prince Vladimir reveals the difficulties of succession in the young state of Kievan Rus’. Merely belonging to the prince’s family was enough to have a claim to succession. Yet the success of this approach was highly dependent on the capacity of the candidate to the succession to federate what were most often Scandinavian mercenaries within his druzhina, thereby bolstering his power. In these conditions, the death of the prince inevitably triggered a period of confrontation, a civil war between the pretenders. Only in the reign of Yaroslav the Wise would the Scandinavians be eliminated from the political life of the Rus’, and the young principality of Kiev absorbed into the legacy of the Byzantine Empire.
Texte intégral
1La mort du prince Vladimir et la guerre civile qui suivit ont profondément fait évoluer la conception du pouvoir à Kiev et marqué un tournant décisif dans l’organisation du pouvoir sur le modèle byzantin. Nous examinerons successivement les acteurs et les enjeux, les circonstances historiques de la mort du prince, la guerre civile qui permit l’accès au pouvoir du prince Jaroslav Mudrij, enfin l’apparition d’un pouvoir autocratique avec les titres de samoderžec (самобержец) ou samovlastec (самовᴧасmец)1.
Les acteurs et les enjeux
Vladimir et ses fils
2Le prince russe Vladimir est présenté par la Chronique des temps passés comme un prince concupiscent :
Voici celles qui furent ses femmes : Rogneda, qu’il installa à Lybed… ; d’elle, il eut quatre fils, Izjaslav, Mstislav, Jaroslav, Vsevolod et deux filles ; d’une Grecque, il eut Svjatopolk ; d’une Tchèque, Vytcheslav ; et encore d’une autre femme, Svjatoslav et Mstislav ; et d’une bulgare, Boris et Gleb. Et il disposait de 300 concubines à Vychgorod, 300 à Belgorod et 200 à Berestovo ; il était insatiable de débauche ; il séduisait même les femmes mariées, violait les jeunes filles, car c’était un débauché, comme Salomon, car on dit que Salomon aussi avait 600 femmes et 300 concubines2 !
3Cette description est en outre corroborée par le chroniqueur germanique, Thietmar de Merseburg qui le qualifie de « fornicator immensus et crudelis3». En fait, nous ne connaissons pas le nombre total des enfants de Vladimir, toutefois, les Chroniques donnent les noms d’une douzaine de fils nés d’au moins cinq femmes différentes. Thietmar4 signale l’existence de neuf filles dont une seule Predslava est citée dans les sources. Quoiqu’il en soit, chaque fils, sans considération de la position de sa mère, épouse ou concubine, est doté d’une ville d’où il tire ses revenus. Dans le contexte de succession, les principaux critères de légitimité sont dans l’ordre : la légitimité de la descendance, le respect de l’ordre chronologique de la naissance et enfin la volonté du défunt. Ainsi, pour éliminer de la succession Svjatopolk la Chronique rapporte qu’il était né d’une nonne byzantine violée une première fois par Iaropolk, puis une seconde fois par Vladimir alors qu’elle était déjà enceinte de Iaropolk. Aussi, « Svjatopolk avait deux pères qui étaient frères et c’est pourquoi, Vladimir ne l’aimait pas, car il n’était pas de sa propre descendance »5. Cette notion de légitimité par la descendance du couple princier sera affirmée par Jaroslav quand, dans son testament de la Chronique, sub anno 1054, il déclare : « Voici que je quitte ce monde, mes fils ; aimez-vous les uns les autres, car vous êtes frères nés du même père et de la même mère6. » Le second critère de succession est bien sûr de suivre l’ordre chronologique des naissances. Les princes doivent respecter la légitimité de l’aîné. Toutefois, dans la liste des fils de Vladimir telle qu’elle nous est donnée, il apparaît clairement que le chroniqueur n’avait pas de chronologie précise de la naissance des enfants et que cette notion n’était pas encore décisive pour déterminer celui qui devait hériter de la succession légitime. Reste le troisième critère, la volonté du prince régnant, mais celle-ci pouvait se manifester du vivant du prince comme le souligne Thietmar de Merseburg :
Vladimir laissa la totalité de son héritage (Integritatem hereditatis suae) à deux de ses fils, tandis qu’il jetait le troisième en prison ; ce dernier s’échappa peu après et trouva refuge auprès de son beau-père7.
4Malheureusement, Thietmar ne nous donne pas les noms des deux fils choisis, mais il est en revanche certain que le troisième fils ne peut être que Svjatopolk qui avait épousé une des filles de Boleslas Ier le Vaillant (992-1025)8, duc de Pologne, près duquel il trouva refuge. Comme nous pouvons le deviner, en ce début du xie siècle, en Rus’ de Kiev, la succession du prince n’était pas encore régulée ; par conséquent ni la légitimité, ni la primogéniture, ni la volonté du prince défunt ne pouvaient être des conditions suffisantes pour assurer une succession pacifique au principat de Kiev. À la mort de Svjatoslav en 972, tué près de l’île de Khortitsa par le prince petchénègue Kurja9, ses fils, Oleg, Yaropolk et Vladimir engagent entre eux une guerre civile : en 976, Oleg est tué par Yaropolk et, pour éviter le même sort, le plus jeune, Vladimir s’enfuit à Novgorod, d’où il gagne la Scandinavie pour recruter une armée ; il revient alors en Rus’ et, en 980, par ruse, tue Yaropolk et devient prince de Kiev10. La loi du plus fort règle en fait la succession princière à Kiev. Examinons maintenant la fin du prince Vladimir qualifié dans les bylines11 de « Beau soleil ».
Les circonstances de la mort du prince Vladimir Svjatoslavič12
5La fin du règne de Vladimir est marquée par l’apparition de forces centrifuges majeures. Sous l’année 6522 /1014, la Chronique des Temps passés nous apprend que le prince Jaroslav, nommé à Novgorod13 après le décès de son demi-frère aîné, Vytcheslav14 et la disgrâce de son frère aîné Svjatoslav (mort en1015) qui intriguait auprès du roi de Pologne Boleslas le Vaillant (992-1025), était lui-même sous la menace d’une armée envoyée par son père Vladimir pour le mettre à la raison :
Quand Jaroslav était à Novgorod, il acquittait un tribut annuel de 2 000 grivnas à Kiev et donnait 1 000 grivnas à sa droujina15 à Novgorod. Et tous les posadniki16 de Novgorod en donnaient autant. Jaroslav cessa de verser cela à son père à Kiev. Et Vladimir dit : réparez la route et construisez des ponts ; mais il tomba malade.
6Comme nous le voyons, la brouille était ouverte entre le père et le fils, le premier annonçant son intention de marcher sur lui avec son armée. La cessation des versements de Jaroslav à son père mettait en cause l’ensemble de la politique de Vladimir qui reposait sur le rôle central du prince de Kiev, organisateur et régulateur du partage du travail entre les membres de la famille régnante pour protéger les frontières vers l’extérieur, garder la libre circulation des routes commerciales et de celles qui permettaient la circulation des tributs. Dans ces conditions, nous comprenons parfaitement la violente réaction de Vladimir apprenant la fermeture de la « route des Varègues aux Grecs », la principale voie commerciale de la Rus’ de Kiev ainsi que de l’hinterland que constituait le pays des Varègues pour la Rus’.
7À l’annonce de la réaction de son père, la Chronique des temps passés, sub anno 6523/1015, rapporte :
Quand Vladimir voulut marcher contre Jaroslav, Jaroslav envoya au-delà de la mer appeler les Varègues, car il craignait son père. Mais Dieu ne donna pas cette joie au diable. Au moment où Vladimir tomba malade se trouvait alors près de lui Boris. Alors que les Petchénègues marchaient contre la Rus’, il envoya contre eux Boris, car lui-même était très malade. Et il mourut de cette maladie le 15 juillet. Il mourut à Berestovo et l’on cacha sa mort car Svjatopolk était à Kiev.
8Le nom de Jaroslav – en norois Iarisleif – est presque exclusivement associé à la ville de Novgorod17 qui était la ville d’accueil de nombreux jarls18 itinérants ou konungr19 en quête de refuge ou d’emplois comme mercenaires. C’est ainsi qu’Harald Sigurdson (Harald Hardraada) arriva à la cour de Jaroslav qui le nomma « chef des hommes chargés de la défense de ce pays » ; quand Harald, parti chercher fortune auprès de l’empereur byzantin, décida de revenir en Scandinavie, il envoya à Iarisleif à Holmgarthr20, la richesse qu’il avait accumulée pour la mettre en sécurité et en 1044, il épousa même la fille de Iarisleif, Elisabeth21. Il est certain que ce fut le jarl Eymundr22 qui proposa ses services à Iarisleif dans les guerres de succession, après la mort de Vladimir le 15 juillet 101523. Ainsi, arriva à Novgorod un nombreux contingent de mercenaires scandinaves qui devaient participer à la lutte entre le père et le fils. Heureusement cette guerre n’eut pas lieu. La mort de Vladimir mit certes un terme à ce conflit, mais inaugura un autre conflit, celui de la succession au trône princier de Kiev.
La guerre civile (1015-1026)
9Relevons tout d’abord que la Chronique précise que la mort de Vladimir fut soigneusement cachée aux Kiéviens et, surtout, à son fils, Svjatopolk, qui se trouvait alors à Kiev. Il faut rappeler qu’une situation conflictuelle existait aussi entre Vladimir et son fils Svjatopolk qui régnait à Turov. Vers 1012, ce dernier avait épousé la fille cadette du roi de Pologne, Boleslas le Vaillant. Par ce mariage, Vladimir espérait bien stabiliser les relations de la Pologne et de la Rus’. Son objectif ne fut pas atteint, car Boleslav avait d’autres intérêts politiques que nous rapporte Thietmar de Merseburg. En même temps que sa fille, Boleslas envoya à Turov, Reinbern, évêque de Kolobžeg. Formellement, il était chargé d’être le père spirituel de la femme de Svjatopolk ; en réalité, il était secrètement envoyé par Boleslas pour le monter contre son père, Vladimir. Informé des plans perfides de Boleslas-Reinbern, Vladimir ordonne d’arrêter Svjatopolk, ainsi que sa femme et l’évêque Reinbern, de les amener à Vyšgorod et de les interner24. L’enfermement des conjurés eut lieu probablement en 1013. C’est en relation avec ces événements que l’on relie la campagne de Boleslas contre la Rus’ en cette même année. Thietmar rappelle que Boleslas entreprit de ravager une grande partie du pays, mais c’est une exagération ; il ne ravagea que les terres russes proches de la frontière polonaise. Que pouvait chercher Boleslas à pousser Svjatopolk à se dresser contre son père ? Comme l’a souligné l’historien N. N. Il’in, ce n’était probablement pas pour prendre le pouvoir à Kiev et ce d’autant moins que Svjatopolk n’avait pas les forces suffisantes pour mener un tel projet. En revanche, il est probable que cette démarche de Boleslas prenait sa source dans les intrigues de palais à Kiev. Comme le montrent les événements ultérieurs, Svjatopolk avait des partisans à Vyšgorod et Kiev ; Boleslas lui même espérait aussi la réalisation de ce dessein, mais les conjurés n’avaient aucune chance d’y parvenir du vivant de Vladimir. Pour Svjatopolk, son imprudence pouvait se muer en internement à Vyšgorod, mais pour l’évêque Rejnbern, c’était la mort.
10La mort de Vladimir changea radicalement non seulement les plans de Jaroslav, mais aussi toute la situation politique en Rus’. L’enterrement de Vladimir nous est décrit par la Chronique :
Il mourut à Berestovo et l’on cacha sa mort, car Svjatopolk était à Kiev. La nuit, entre deux chambres, on fit un trou dans le plancher ; on enveloppa le corps dans un tapis et on le déposa avec des cordes sur la terre. On le déposa ensuite sur un traîneau, puis on alla l’ensevelir dans l’église de la Sainte-Mère-de-Dieu, qu’il avait lui-même construite. En apprenant cela, une foule innombrable se rassembla et le pleura, les boyards comme leur défenseur de leur pays, les pauvres comme leur défenseur et leur bienfaiteur. Ils le déposèrent dans un cercueil de marbre et inhumèrent au milieu des larmes le corps du bienheureux prince25.
11Il est intéressant de noter l’absence de toute mention du clergé. C’est la foule des Kiéviens, boyards et pauvres réunis, qui assurent l’inhumation dans un cercueil de marbre, sans la moindre mention d’une quelconque liturgie et des autorités ecclésiastiques. Nous pouvons mesurer la différence avec, dans la même chronique, le récit des funérailles de Jaroslav Mudryj :
Il rendit son âme à Dieu le premier samedi du jeûne de saint Théodose (le 20 février 1054). Vsevolod prit le corps de son père, le mit sur un traîneau et le transporta à Kiev pendant que les prêtres chantaient les chants habituels et que le peuple le pleurait. On le déposa dans un cercueil de marbre que l’on plaça dans l’église de Sainte-Sophie26.
12Il est probable que le clergé grec qui entourait le prince Vladimir n’était pas encore en mesure d’imposer une liturgie chrétienne des funérailles, susceptible de rassembler la foule des Kiéviens autour des évêques et des prêtres. Vladimir fut inhumé par la foule des Kiéviens, comme l’avait été sa mère la princesse Olga27. Il faut attendre le règne de son successeur Jaroslav Mudryj pour que la christianisation de la société permette l’introduction de la liturgie des défunts et l’encadrement de la foule par les clercs, les évêques et les prêtres.
13La mort de Vladimir, le 15 juillet 1015 laisse une situation politique complexe dont les principaux acteurs sont les quatre frères, fils du prince défunt, Svjatopolk de Tourov, Boris de Rostov, Gleb de Murom, et Svjatoslav dans le pays des Drevljanes. Svjatopolk, qui avait été incarcéré précédemment à Kiev ou à Vyšgorod, profita de l’avantage qu’il avait. Étant sur place, il avait les moyens de réagir et de manœuvrer plus rapidement que ses frères. Les sources nous rapportent qu’il « rassembla les Kiéviens et se mit à distribuer des biens. Ils les acceptèrent, mais leur cœur ne lui était pas acquis, car ses frères étaient du côté de Boris28 ». Il se mit alors à préparer le meurtre de ses frères. Sa première victime fut Boris que Vladimir avait envoyé combattre les Petchénègues au sud. À son retour de la steppe, Boris, abandonné par les hommes de son père pour avoir refusé de marcher sur Kiev, pose son camp près de la rivière Al’ta. Là, le dimanche 24 juillet, les assassins mandatés par Svjatopolk le trouvent et le tuent. Il est intéressant de souligner que l’élimination de Boris, redistribuait les cartes entre les autres frères, car Boris semble avoir bénéficié de l’appui de ses frères ! Le suivant fut Gleb. Trompé par des mensonges venus de la lointaine Murom, il se rendit à la confluence de la rivière Smiadin et du Dniepr, près de Smolensk où, lui aussi fut assassiné sans tenter de résister, le lundi 5 septembre. Quant à Svjatoslav, il fut tué en tentant de s’enfuir en Hongrie. Les sources ne donnent pas de détail sur sa mort29.
14Cette séquence meurtrière dans la famille des fils de Vladimir affecta profondément le pays. Boris et Gleb furent canonisés. Ce sont les premiers saints russes30. Leur vénération domine toutes les sources locales et leur assassinat continue d’animer la recherche historique31.
15La phase suivante du conflit s’étend de la fin de 1015 à 1019 et oppose directement Svjatopolk, son demi-frère, fils d’une nonne byzantine ayant été violée par Iaropolk, puis Vladimir, à Jaroslav, dans une lutte fratricide sans pitié. Le premier affrontement eut lieu près de Ljubeč, à l’automne 1015. Les deux frères étaient campés face à face sur les deux rives du Dniepr, Jaroslav et ses Varègues, sur la rive droite, Svjatopolk et ses Petchénègues, sur la rive gauche. Pendant trois mois, ils se firent face jusqu’à ce que Jaroslav mette au point une stratégie pour séparer les troupes de Svjatopolk de ses soutiens petchénègues, et de le pousser vers un lac recouvert d’une fine couche de glace. Quand celle-ci commença à se briser, Svjatopolk s’enfuit en Pologne, près de son beau-père, Boleslas le Vaillant. Jaroslav monte sur le trône de son grand-père32. Jaroslav régne à Kiev pendant environ deux ans. En effet, en juillet 1018, Svjatopolk revient en force à la tête d’une armée multinationale conduite par Boleslas Ier de Pologne33. En effet à cette date Boleslas le Vaillant bénéficiait de conditions très favorables pour se lancer dans une expédition à l’est. En janvier 1018, il avait achevé des négociations depuis longtemps engagées avec l’empereur germanique Henri II (1002-1024), ce qui lui permettait de recruter des contingents saxons et hongrois pour une campagne vers l’est. La bataille se déroula près du Bug oriental ; Jaroslav subit une sévère défaite et s’enfuit à Novgorod, tandis que Boleslav et Svjatopolk entrent dans Kiev le 14 août 1018. Les deux alliés ont chacun tiré profit de l’alliance, Svjatopolk monte sur le trône de Kiev, Boleslas récupère la ville de Cherven34, perdue sous Vladimir. En outre, Boleslas et ses alliés firent un exceptionnel butin. Boleslas renvoya ses mercenaires dès que la région fut pacifiée. Nous ne savons pas précisément combien de temps lui-même resta à Kiev. Toujours est-il qu’il repartit avec un énorme butin, des esclaves et un clerc traître. Il s’arrêta sur la route de retour à Cherven qui semble avoir été son principal objectif et la condition de son soutien à Svjatopolk35. Privé de son appui polonais, la situation de Svjatopolk à Kiev devenait difficile ; aussi s’efforça-t-il de trouver des mercenaires au sud auprès des Petchénègues, alors que Jaroslav s’adressait aux Varègues au nord36. La bataille finale eut lieu sur la rivière Al’ta à l’endroit même où Boris avait été tué :
C’était un vendredi au lever du soleil ; les deux camps s’affrontèrent ; le carnage fut terrible ; il n’y en avait pas eu de tel en Rus’… vers le soir, Jaroslav l’emporta et Svjatopolk s’enfuit37.
16Il tomba malade pendant sa fuite et mourut. Jaroslav régna à Kiev.
17La mort de Svjatopolk ne marque pas la fin des conflits entre les frères. Certes, en s’installant à Kiev, Jaroslav restaure pour lui-même l’autorité de son père, mais il doit être très attentif aux forces centrifuges : s’il reste au sud, alors Novgorod au nord est pillée par son neveu Briašeslav de Polotsk38, mais s’il reste à Novgorod, un autre de ses frères, Mstislav de Tmutarakan est attiré par le vide laissé dans le Dniepr moyen .
18La dernière phase de la lutte pour la succession fut plus longue, elle s’étendit de 1019 à 1024 ou 1026. Briašeslav de Polotsk n’était qu’un faible opposant, le vrai rival de Jaroslav était Mstislav qui, de sa base des détroits de Kertch, s’était imposé comme un prince puissant à Azov et dans la partie orientale de la mer Noire. Il ne semble pas avoir prémédité une attaque soudaine sur Kiev, mais en 1024, il transporta néanmoins son quartier général à Černigov. Les deux frères rassemblèrent leurs armées et la bataille eut lieu à Listven en 102439. Mstislav en fut le vainqueur, mais constatant l’importance du carnage, il envoya dire à Jaroslav :
Règne à Kiev car tu es le fils aîné et moi je régnerai de l’autre côté du Dniepr. Mais Jaroslav n’osa pas aller à Kiev tant qu’ils ne s’étaient pas réconciliés. Mstislav se fixa à Černigov et Jaroslav à Novgorod et les hommes de Jaroslav à Kiev40.
19Il faut attendre 1026 pour que Jaroslav regagne Kiev, réaffirme l’accord avec Mstislav et mette un terme à la guerre civile. Cet accord était très dangereux car il brisait l’unité de la « terre russe » désormais répartie en deux zones suivant l’axe du Dniepr ; les terres à l’est du fleuve, avec les villes de Černigov et de Perejaslavl’, étaient rattachées au Tmutarakan ; celles à l’ouest du fleuve, étaient rattachées à Kiev. Ainsi, pendant dix ans la « terre russe » a été divisée entre deux pouvoirs rivaux qui ne s’affrontèrent pas directement.
L’apparition d’un pouvoir autocratique : samovlastec ou samoderžec
20Cette situation évolua soudainement en 1036, lorsque Mstislav mourut lors d’un accident de chasse ; il n’avait pas d’enfants ; aussi Jaroslav put récupérer facilement son héritage et en profita pour se faire reconnaître seul autocrate : « après lui, Jaroslav étendit son pouvoir sur tout le pays et fut autocrate du pays rus’41 ». L’apparition de ce terme, calque slavon du titre grec d’autokrator montre clairement combien la Rus’ avait assimilé le concept impérial byzantin. Désormais, Jaroslav, débarrassé de tous ses rivaux, inscrit son pouvoir dans une continuité dynastique et impériale héritée de Byzance. Comme Justinien, Jaroslav, nouveau Constantin, inscrit son pouvoir dans la réalisation des grands projets urbanistiques et architecturaux qui doivent magnifier son pouvoir dont toute la conception visait à reconstruire Kiev42, la capitale de la Rus’, sur le modèle de Constantinople et la doter des deux monuments emblématiques de la « Ville gardée de Dieu », Sainte-Sophie et la Porte d’Or43. Alors, Jaroslav peut réunir auprès de Sainte-Sophie des lettrés et de nombreux scribes pour traduire en slavon l’héritage littéraire byzantin à partir du grec et développer un enseignement destiné à former les fils de ses boyards pour disposer de fonctionnaires compétents et dévoués44. C’est dans cette dynamique qu’il faut lire le célèbre sermon du métropolite Hilarion le Dit sur la loi et la Grâce45 (Сᴧово о законе u БᴧаƨоƏаmu). C’est pour cela qu’il reçut le titre de Sage (Мубрыŭ).
21Cette aura qui désormais entoure le prince de Kiev devait se manifester aussi dans la titulature princière. Héritier de Constantinople, les princes russes devenus chrétiens ne peuvent usurper le titre impérial de basileus, réservé au seul empereur chrétien de Constantinople, titre qui lui confère la potestas et l’auctoritas sur les autres princes chrétiens au sein de l’oikouménè byzantine46. Il revient au métropolite de Kiev Hilarion de trouver une solution. Nous savons très peu de chose concernant ce métropolite de Kiev (1051-1054)47. Les chroniques soulignent qu’il était « d’origine russe, qu’il était riche et cultivé, enfin moine48 ». Avant sa nomination à la chaire métropolitaine de Kiev, il était prêtre de l’église des Saints-Apôtres dans le village de Berestovo près de Kiev, village où se trouvait le palais princier. En 1051, Jaroslav réunit les évêques et le nomme métropolite de Kiev. Jusqu’alors tous les métropolites russes étaient d’origine byzantine. Il est le premier métropolite russe. Toutefois, il ne faut pas voir dans cette nomination une volonté de rupture avec Constantinople mais, au contraire, elle s’inscrit dans la réforme de l’église et sa culture bilingue, grecque et russe49. De son activité nous savons qu’il a participé avec Jaroslav à la composition du premier code civil russe, la russkaja Pravda50 à partir du nomocanon grec ; il a aussi consacré l’église Saint-Georges à Kiev. Il n’a exercé son ministère de métropolite que quatre ans, puisque en 1055, les chroniques parlent du métropolite grec Efrem (1054/55-1065)51. Il a écrit le célèbre « Sermon sur la Loi et la Grâce52 » entre 1037 et 1050. C’est la première œuvre littéraire vieux-russe manifestant une très grande maîtrise de l’éloquence. Ce sermon est réparti en trois partie : la première souligne la prééminence du Nouveau Testament sur l’Ancien Testament, la seconde décrit la diffusion du christianisme dans la Rus’ et il est le premier à souligner le droit des Russes à l’égalité parmi les autres peuples chrétiens, la troisième est une louange au prince Vladimir Svjatoslavič et à son fils Jaroslav le Sage.
22Hilarion a cherché à doter les princes dont il fait l’éloge d’un titre qui leur reconnaisse l’auctoritas sans les mettre hors de la chrétienté, comme ce fut le cas pour les princes bulgares excommuniés. C’est dans ce contexte qu’il choisit d’attribuer à Vladimir et à son fils Jaroslav, le titre de kagan53, titre laissé vacant par la disparition de l’État khazar54 dont le souverain portait ce titre. Dès lors, Hilarion peut écrire que la réputation de son règne atteindra les quatre fins de la terre et que sur sa terre il exercera seul le pouvoir55. Vladimir et son fils Jaroslav, désignés comme Grand Kagan, sont ainsi reconnus comme porteurs de l’auctoritas impériale, tout en demeurant dans l’oikouménè byzantine. Ce souci de ne jamais usurper le titre impérial byzantin de basileus est un des traits caractéristiques des princes russes. Il faut attendre, la chute de Constantinople en 1453 et la minorité d’Ivan le Terrible (1547-1584) pour que l’église puisse imposer en 1547 au jeune souverain le titre de tsar.
Conclusion
23La mort de Vladimir a fait apparaître les difficultés de la succession dans la Rus’ de Kiev. Devant l’absence d’institutions étatiques, même embryonnaires, l’unité de la principauté de Kiev reposait exclusivement sur l’indivisibilité des membres de la famille princière et l’autorité du chef de lignage56. Ainsi, l’unité de la « terre russe » correspondait à l’unité du territoire soumis à l’autorité des membres de la famille des rurikides57 et de son chef. À l’intérieur de cette famille, il n’y avait pas de règles définies de désignation des responsabilités et notamment de celle la plus importante, d’être choisi comme prince de Kiev. Les modalités de la succession du chef de lignage, l’instauration du principe d’aînesse ne furent en effet fixées que plus tard. Le pouvoir revenait alors au prince capable de se ménager le soutien de jarls scandinaves et de les enrôler dans sa droujina. C’est Vladimir qui le premier tenta de couper le cordon ombilical qui rattachait solidement la principauté de Kiev à la Scandinavie. Les Normands scandinaves considéraient les Novgorodiens comme leurs tributaires et n’avaient pas l’intention de renoncer à la levée du tribut à Novgorod. Pour cette raison, les princes de Kiev étaient contraints de payer aux Scandinaves des gages particuliers pour leur présence à Novgorod ; chaque année les Novgorodiens leur donnaient 300 grivnas, pour le maintien de la paix58. Dans ces conditions, il est facile de comprendre pourquoi la mort du prince régnant à Kiev ne pouvait qu’ouvrir une féroce guerre civile entre les prétendants qui étaient tous également légitimes en tant que membres de la famille régnante ! Cette situation est clairement explicitée par la nécessité de cacher la mort de Vladimir à Kiev même, dans la crainte de favoriser Svjatopolk, seul prince de la famille régnante présent à Kiev. La guerre civile devenait le seul moyen d’éliminer les concurrents. La « terre russe » apparaît alors dans sa double dépendance, celle des Jarls scandinaves au nord, celle des nomades Petchénègues au sud. La guerre civile qui ravage la « terre russe » à partir de la mort de Vladimir, en 1015, est d’une extrême longueur (1015- 1026), onze ans ! d’une violence jamais vue jusqu’alors ! dans un contexte institutionnel réduit à celui de la famille (rod)59. Rappelons que dans la Rus’ de Kiev, il n’y a pas de couronnement ; le symbole du pouvoir n’est que le barma, collier d’investiture, semblable à celui découvert à Rjazan et présenté dans le Palais de Armures de Moscou. Sorti vainqueur de la guerre civile, Jaroslav va devoir refonder la Rus’ de Kiev en la libérant des Scandinaves au nord et en repoussant les frontières des nomades de la steppe au sud, enfin, en se posant comme héritier du pouvoir byzantin à travers le titre d’autokrator/samovlastec ou edinovlastec. C’est donc entre la mort du prince Vladimir et l’accession de son fils, Jaroslav, sur le trône de Kiev que s’accomplit le transfert politique, religieux et culturel. Kiev s’inscrit alors pleinement dans l’héritage byzantin ; Kiev s’affirme comme le prolongement de Constantinople, comme cette dernière s’inscrivait dans le prolongement de Rome.
Notes de bas de page
1 Ces deux vocables sont formés sur le grec, le premier, samoderžec, sur le grec αυ͗tokpάtωρ, le second, samovlastec, sur le grec αύτεξούσιος, pour désigner celui qui exerce le pouvoir absolu, l’autocrate, И. И. Срезневский, Маmерuаᴧы Әᴧя сᴧоваря Әревнерусскоᴤо языка, Saint-Pétersbourg, 1903, t. 3, col. 247-249 et М. Фасмер, Эmuмоᴧоᴤuческuŭ сᴧоварь русскоᴤо языка, Moscou, 1987, t. 3, p. 553.
2 Jean-Pierre Arrignon, trad., Chronique de Nestor, Naissance des mondes russes, Toulouse, Anacharsis, 2008, p. 104-105. Повесmь временных ᴧеm, [Памятники литературы древней Руси, XI-начаᴧо XII века], Moscou, 1978, p. 94.
3 Roman Holtzmann, éd., Die Chronik des Bischofs Thietmar von Merseburg und ihre korveier Überarbeitung (MGH SS, n.s. IX, 2nd ed.) Berlin, 1955, p. 486.
4 R. Holtzmann, op. cit., p. 530.
5 Simon Franklin, Jonathan Shepard, The Emergence of Rus 750-1200, Londres, 1996, p. 190 [Longman History of Russia]
6 Jean-Pierre Arrignon, оp. cit., p. 174.
7 R. Holtzmann, op. cit., p. 488.
8 Bolesław Chrobry (Boleslas le Vaillant), né en 967, devient duc de Pologne en 992 à la mort de son père, Mieszko Ier et est le premier roi polonais, couronné par l’évêque Hippolit en la cathédrale de Gniezno le 18 avril 1025.
9 J.-P. Arrignon, op. cit., p. 99. Повесmь временных ᴧеm, p. 88.
10 Ibid., p. 88-92.
11 On appelle byline la poésie narrative héroïque de la Rus’ ancienne transmise oralement à l’origine et compilée seulement à partir du xixe s., voir O.V. Zakharova, The Bylina in Russian Thesaurus : a History of the World, Term and Category, www.zpu-journal.ru/en/journal/contents/2014/4/zakharova_the-bylina/
12 J.-P. Arrignon, op. cit., p. 144-146.
13 Philippe Frison et Olga Sevastyanova, Novgorod ou la Russie oubliée, Paris, le Ver à Soie, 2015, p. 109-114. Dès Svjatoslav, les princes de Kiev prennent l’habitude de désigner peu à peu leur successeur en le nommant à Novgorod, la grande cité marchande du Nord dont le contrôle garantissait la navigation sur la grande « route des Varègues aux Grecs » qui, par le Dniepr, relie la mer Baltique à la mer Noire.
14 Simon Franklin, Jonathan Shepard, The Emergence of Rus 750-1200, p. 179.
15 Nom par lequel on désigne la troupe personnelle de guerriers libres qui s’engagent au service du prince soit individuellement soit avec une troupe de leurs propres serviteurs. Cette troupe peut rassembler de 300 à 3 000 hommes d’armes, Alexandre Eck, Le Moyen Âge russe, Paris, 1933, p. 15.
16 À côté du pouvoir princier, les villages ont mis en place une organisation communale dont le responsable est le posadnik, une sorte de prévôt. À Novgorod, chaque quartier avait son prévôt.
17 H. Ellis Davidson, The Viking Road to Byzantium, Londres, 1976, p. 158-173. Et H. Birnbaum, « Iaroslav’s Varangian Connection » Scandoslavica, n° 24, 1978, p. 5-25.
18 Dans les langues scandinaves, titre par lequel l’on désigne le comte ou le duc..
19 Titre de roi dans les langues scandinaves.
20 C’est le nom scandinave de la première ville d’où sortait le Volkhov, appelée par la suite Riourikovo Goroditchtché et enfin Novgorod, cf. Ph. Frison et O. Sevastyanova, Novgorod ou la Russie oubliée, op. cit., p., 42.
21 Simon Franklin, Jonathan Shepard, The Emergence of Rus, op. cit.., p. 202. M. Hellmann, « Die Heirats politik Jaroslavs des Weisen » Forschungen zur osteuropäischen Geschichte, n° 8, 1962, p. 21.
22 Régis Boyer, trad., La Russie des Vikings, Saga d’Yngvarr le Grand voyageur, suivie du Dit d’Eymundr Hringsson, Toulouse, Anacharsis, 200 p., et Ph. Frison et O. Sevastyanova, Novgorod ou la Russie oubliée, op. cit., p. 49.
23 Петр П. Тоᴧочко, Яросᴧав Муəрыŭ, Kiev, АДЕФ Украина, 2011, p. 40.
24 Н. Н. Ильин, Леmоnuсьная сmаmья 6523 u ее uсmочнuкu, Moscou, 1957, p. 83. Simon Franklin, Jonathan Shepard, The Emergence of Rus, op. cit., p. 184-185.
25 Chronique de Nestor, op. cit., p. 150. Повесmь временных ᴧеm, p. 144.
26 Chronique de Nestor, op. cit., p. 182. Повесmь временных ᴧеm, p. 176. Cette mise en bière a été magnifiquement illustrée par les miniatures de la chronique de Radziwill reproduites dans l’ouvrage de P. P. Toločko, op. cit., p. 42-43.
27 Chronique de Nestor, op. cit., p. 93. Повесmь временных ᴧеm, p. 82.
28 Chronique de Nestor, op. cit., p. 152. Повесmь временных ᴧеm, p. 146.
29 S. Franklin, J. Shepard, The Emergence of Rus, op. cit., p. 185.
30 Andrzej Poppe, « La naissance du culte de Boris et Gleb », Cahiers de Civilisation médiévale, n° XXIV, 1981, p. 29-53 ; Andre Berelowitch, Matei Cazacu, Pierre Gonneau, sous la dir. de Vladimir Vodoff, Histoire des Slaves orientaux des origines à 1689, bibliographie des sources traduites en langues occidentales), Paris, CNRS éd. Et IES, 1998 n° 146-151 e n° 305-306.
31 John Fennel et Anthony Stokes, Early Russian Literature, Londres, Faber and Faber, 1974, p. 11-32.
32 Chronique de Nestor, op. cit., p. 161. Повесmь временных ᴧеm, p. 156.
33 Thietmar VIII, 32, dans Robert Holtzmann, Die Chronik des Bischofs Thietmar von Merseburg und ihre korveier Überarbeitung, [MGH SS, n.s., IX, 2nd éd.], Berlin 1955, p. 530.
34 А. В. Головко, Древняя Русь u Поᴧьша в nоᴧumuческuх взаuмосвязях, Kiev, 1988, p. 15-32.
35 Simon Franklin, Jonathan Shepard, The Emergence of Rus, op. cit., p. 187 note 14.
36 Е.А. Меᴧьнuковя, В.Я. Пеmрухuн, « Скандинавы на Руси и в Византии в Х-XI веках : к истории названия “варяг” », Сᴧавяновебенuе, 1994, n° 2, p. 56-66.
37 Chronique de Nestor, op. cit., p. 163. Повесmь временных ᴧеm, p. 158-160. P.P. Toločko, op. cit., p. 93-100.
38 Chronique de Nestor, op. cit., p. 165, s. a. 6529/1021 ; Повесmь временных ᴧеm, p. 160.
39 Петр П. Толочко, op. cit., p. 107-112.
40 Chronique de Nestor, op. cit., p. 167-168, s. a. 6532/1024. Повесmь временных ᴧеm let, p. 162.
41 Chronique de Nestor, op. cit., p. 170 s. a. 6544/1036, note 173. Повесmь временных ᴧеm, p. 164.
42 Петр П. Толочко, Древнuŭ Кuев, Киев, Наукова ДумкаNaukova, 1983, 328 p.
43 Ibid., p 72-73 (Sainte Sophie) et 69 (la Porte d’Or). Jean-Pierre Arrignon, Russie, Paris, PUF et Clio, 2008, p. 72-74. Gilbert Dagron, Constantinople imaginaire, étude sur le recueil des patria, Paris, PUF, 1984.
44 Horace G. Lunt, « The Language of Rus’ in the Eleventh Century : Some Observations about Facts and Theories », Harvard Ukrainian Studies, 1988-1989, vol. XII/XIII, p. 276-313.
45 John Fennel et Anthony Stokes, op. cit., p. 43-64.
46 H. Arhweiler, L’idéologie politique de l’empire byzantin, Paris, PUF, 1975, p. 129-147 et Р. Г. Скрынников, Кресm u корона, церковь u ᴤосуəарсmво на Русu IX-XVII вв., Saint-Pétersbourg, 2000, p. 30-36. Gilbert Dagron, Empereur et prêtre, étude sur le césaropapisme byzantin, Paris, Gallimard, 1996, 435 p. [Bibliothèque des Histoires]
47 Gerhard Podskalsky, Christentum und Theologische Literatur in der Kiever Rus’ (988-1237), Munich, Beck’sche verlag, 1982, p. 285. Ludolf Müller, « Ilarion und die Nestorchronik » Harvard Ukrainian Studies, 1988-1989, vol. XII/XIII, p. 324-345.
48 « Иларион, родом Русин, мужь благъ, и книженъ, и постникъ », А. М. Молдован, « Сᴧово о Законе u Бᴧаᴤоəаmu » Иᴧарuона, p. 4.
49 Andrzej Poppe, « La naissance du culte de Boris et Gleb », Cahiers de Civilisation médiévale, n° 24, 1981, p. 29-53.
50 Daniel H. Kaiser, The Growth of the Law in Medieval Russia, Princeton, 1980, p. 29-46 (traduction anglaise) et Simon Franklin et Jonathan Shepard, The Emergence of Rus 750-1200,p. 217-224.
51 G. Podskalsky, op.cit. p. 285-286.
52 А. М. Молдован, op. cit., et Simon Franklin, Sermons and Rhetorics of Kievan Rus’, Cambridge, Mass., 1991, p. 3-18 [HLEUL 5]
53 А. М. Молдован, op. cit., p. 78, 91, 92, 99.
54 Jacques Piatigorsky et Jacques Sapir, s. d., L’empire khazar viie-xie s., l’énigme d’un peuple cavalier, Paris, Autrement, 2005, 186 p. [Autrement-Mondes, 144]
55 А. М. Молдован, op. cit., p. 92. « Влядычьство вашa […] слышима есть всеми четырьми конци земли » et quеlques lignes plus bas « единодержець бывь земли своей ».
56 Р. Г. Скрынников, Исmорuя россuŭская IX-XVII вв, Moscou, Весь Мир, 1997, p. 52-56 [studio et lectio].
57 А. Е, Пресняков, Княжое nраво в Древнеŭ Русŭ. Лекции nо русскоŭ ŭсmорuu, Moscou, 1993, p. 31.
58 Р. Г. Скрынников, op. cit., p. 53.
59 В. Л. Янин, Законоəаmеᴧьсmво əревнеŭ Русu, t. 1, Moscou, 1984, commentaire art. 6, p. 144 ; texte de l’article 6 de la loi du saint prince Vladimir (Усmав свяmоᴤо князя Воᴧоəuмuра), p. 147.
Auteur
Université d’Arras
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