Contenu de la licence Sciences et Humanités1
p. 29-48
Texte intégral
Équipe pédagogique de la licence Sciences et Humanités
1Comme toute licence, la licence S & H est une formation étalée sur trois ans, découpée en six semestres. Sa spécificité est de proposer un enseignement transdisciplinaire autour de cinq grands thèmes : « Figures du pouvoir », « Logique, langage, calcul », « Nature et culture », « Optique, vision, couleurs » et « Systèmes du Monde ». À chaque semestre, les étudiants suivent donc cinq cours dont les intitulés sont précisément ces cinq thèmes. On donne dans la suite un aperçu synthétique du contenu de ces cours. Les sous-intitulés des cours de chaque semestre correspondent à des volumes horaires très variés, allant de 3 à 30 heures.
« Figures du pouvoir » (FdP)
2Depuis l’Antiquité, la démarche scientifique s’est construite autour de l’observation et de la description des phénomènes naturels. L’intérêt pour les phénomènes sociaux est tout aussi ancien, même si le souci de description et de compréhension de l’organisation des collectifs humains a longtemps été subordonné à des objectifs politiques (gouverner, légitimer, mesurer, dénombrer, …). À partir du xviiie siècle, inspirée par le modèle des sciences de la nature, l’ambition d’une connaissance « scientifique » des sociétés émerge à mesure que des groupes de savants se professionnalisent et se structurent autour d’institutions spécialisées. Cependant, aussi scientifiques qu’elles aient voulues êtres, les « sciences de la société » n’ont jamais produit une connaissance totalement neutre, détachée des enjeux politiques contemporains, ni d’une volonté de produire un savoir qui permette d’agir sur les sociétés étudiées.
3Au cours du xxe siècle, les sciences sociales ont pris ce problème à bras le corps pour réfléchir à la position du chercheur vis-à-vis de son objet, à sa capacité de faire abstraction de ses préjugés, à la relation complexe à tenir entre description, analyse et interprétation, et plus généralement aux enjeux de pouvoir liés à la production de connaissances par des hommes sur d’autres hommes. Les sciences sociales peuvent-elles être réellement scientifiques ? Peuvent-elles prétendre délivrer un savoir à prétention véridique ? S’agit-il d’un champ à part de la connaissance scientifique en raison de l’intime proximité entre le chercheur et son objet ? Ou bien cette situation n’est-elle finalement qu’une forme particulièrement visible d’un problème plus large auquel se confronte l’ensemble des scientifiques, y compris dans les sciences de la nature ?
Première année FdP
4À la différence des sciences de la nature, les objets étudiés par les sciences sociales sont doués de parole : ils produisent des discours sur eux-mêmes, sur leurs actions et sur leur environnement. Depuis la fondation des sciences sociales, le rapport aux discours des acteurs sociaux a fait l’objet de nombreux débats : faut-il les tenir à distance, voire les ignorer, car les acteurs ne peuvent avoir une conscience exacte de leur réalité ? Les soumettre à un traitement systématique pour produire des « données » ? Les sciences sociales doivent-elles produire un vocabulaire propre, distinct du vocabulaire ordinaire, pour pouvoir produire une connaissance valable et détachée des expériences localisées des acteurs sociaux, ou au contraire, doivent-elles « coller » au plus près de leurs catégories de discours au risque de la tautologie ?
5L’objectifdu premier semestre est d’offrir aux étudiants une introduction à la démarche scientifique en sciences sociales, en partant de situations concrètes d’observation et/ou de description. À travers les contraintes propres à quatre démarches (artistique, anthropologique, historique, sociologique), l’enjeu consiste à partir des pratiques ordinaires d’observation/de discours des étudiants sur la société, pour les amener progressivement à comprendre les méthodes mises en œuvre par les sciences sociales.
6Le second semestre s’oriente vers la question de la Mesure. L’analyse quantitative constitue en effet l’une des formes les plus anciennes de connaissance de la société. Employée pour dénombrer des propriétés, des revenus, des travailleurs, son origine est indissociablement liée aux pratiques d’organisation et de gestion des groupes humains. Le comptage et la mesure ont donc été des activités ordinaires de la vie sociale, des techniques du gouvernement des hommes et de leur patrimoine, avant de devenir une méthode employée dans les sciences sociales. Avec l’émergence des « sciences de la société », cette méthode prend son véritable essor au point de constituer une spécialité (économie) ou de prétendre à l’hégémonie dans les sciences sociales comme garantie de leur scientificité.
7Aujourd’hui, les chiffres et les mesures sont omniprésents dans le débat public, ils orientent les décisions politiques et conditionnent la compréhension des phénomènes sociaux. Ces chiffres et mesures sont le plus souvent produits en dehors du monde académique, par des « experts » se revendiquant toutefois des disciplines qui ont érigé l’enquête quantitative en méthode scientifique (économie, sociologie). L’objectif du second semestre est donc de soumettre les techniques de l’ingénierie sociale à la critique des sciences sociales afin d’ouvrir la « boîte noire » de la mesure de la société pour en comprendre les possibilités et les limites.
8Semestre 1 Observer et décrire ; quelles catégories employer ?
- Introduction
- Promenade (arts de la rue)
- L’observation ethnographique (anthropologie)
- Une connaissance médiatisée (sociologie)
- L’influence des représentations sociales (sociologie)
9Semestre 2 Mesures et pouvoir
- Naissance de la pensée Économique (histoire)
- La mesure des pays (économie)
- La mesure du travail
- Les probabilités (mathématiques)
- Le calcul des inégalités (sociologie)
Deuxième année FdP
10Pour la deuxième année de la licence, le cours « Figures du pouvoir » est circonscrit à une thématique unique, approfondie au long de l’année et développée sous des angles différents. Le module explore de façon transdisciplinaire les rapports de pouvoir imposés implicitement ou explicitement au corps des individus par les pratiques sociales, les règles sociales, et par le contrôle exercé par l’État, par la médecine et le pouvoir médical.
11Ce semestre se concentre sur les rapports entre corps et pouvoir en Occident, dans une perspective historique. Michel Foucault a théorisé ces relations, notamment à travers le concept de « biopouvoir » et par des études historiques sur l’asile, la prison, la clinique. Ce thème vaste des rapports entre corps et pouvoir sera exploré depuis des disciplines différentes dans ce semestre. Certaines approches se réclament de Foucault, explicitement ou implicitement, d’autres le critiquent, mais toutes sont d’une certaine manière en dialogue avec lui, car il a joué un rôle structurant dans ce champ de recherche. Les différents cours seront des coups de projecteurs pluriels sur la complexité et la pluralité des rapports entre les corps et le pouvoir.
12Semestre 3 Le Ministère des Corps
- Les corps gouvernés. Introduction générale (philosophie)
- Savoir et pouvoir de l’émotion au Moyen Âge (et aujourd’hui) (histoire)
- Protéger et soigner les corps : enjeux des pratiques de santé en Europe (fin xviiie- xixe siècles) (histoire)
- La notion de pouvoir dans l’histoire de la recherche médicale (sociologie)
- Incorporations (neurosciences)
- Le pouvoir de l’inconscient (psychologie)
13Semestre 4 Corps et Genre
- Corps et matière (chorégraphie)
- Sexe biologique (biologie)
- Corps et identité
- Stéréotypes de genre et sous-représentation des femmes (sociologie)
- Les façonnement sociaux du biologique (histoire des sciences)
- Stéréotypes de genre et sous-représentation des femmes (sociologie)
- L’habitus de Bourdieu (sociologie)
Troisième année FdP
14La troisième année de FdP est consacrée à la mise en œuvre d’une enquête individuelle sur la mémoire, nourrie des apports de l’histoire, de la sociologie, des neurosciences et de l’anthropologie. Il s’agit pour les étudiants de se confronter de bout en bout aux démarches d’enquête et/ou d’expérimentation (disciplinaire ou transdisciplinaire), en concevant le sujet, le corpus, la problématique et le protocole d’enquête. Cette troisième année parachève la formation aux techniques d’enquête, tout en permettant aux étudiants de mobiliser les connaissances accumulées au cours des deux années précédentes. Articulé sur des séances de cours et des séances de travail individuel, le travail de l’année débouche sur un mini-mémoire et une soutenance orale devant des enseignants issus de plusieurs disciplines.
15Semestre 5 La mémoire, de l’individu à la société
- Mémoire et réconciliation (histoire)
- Devoir de mémoire (histoire)
- Distorsions de la mémoire (psychologie et neurosciences)
- Mémoires familiales et ouvrières (sociologie)
- Patrimonialisation (anthropologie)
- Inventer une mémoire collective par l’art : le cas du monument (histoire de l’art)
16Semestre 6 La mémoire, de l’individu à la société
- Maladies neurodégénératives de la mémoire (neurosciences)
- Mémoire des grands modèles politiques :
- Vernant : démocratie grecque et totalitarisme (histoire)
- Du libéralisme au néolibéralisme (histoire)
- Le marxisme (philosophie)
- Vernant : démocratie grecque et totalitarisme (histoire)
Conclusion
17Au terme des trois années d’étude les étudiants sont en possession des différentes outils employés par les sciences sociales : les techniques d’enquête, les méthodes statistiques, la recherche bibliographique et la rédaction d’un mémoire. L’acquisition de ces pratiques leur permettent de saisir les différences de méthodes entre les sciences exactes et les sciences de l’homme. Les étudiants comprennent également que l’objet de l’histoire ne consiste pas à produire des récits téléologiques. Dans l’esprit de l’école des Annales, ils auront vu que l’histoire n’est pas une discipline autonome mais qu’elle est liée étroitement aux différentes sciences sociales. Enfin, l’examen historique de la naissance de la politique est au service du diagnostic du présent : la société, hier comme aujourd’hui, doit être appréhendée comme le terrain d’enjeux de savoirs et de pouvoirs.
« Logique, langage, calcul » (LLC)
18Enseigner les mathématiques tout en stimulant l’interrogation sur leur nature, sur ce qu’elles nous disent du langage, de la connaissance, du monde, des pouvoirs et des limites de notre savoir, tel est l’objectif des cours regroupés sous cette thématique. Que sont les objets mathématiques ? Quelle est leur réalité ? Pour répondre à ces questions, on se livre à une réflexion théorique et historique sur la notion de démonstration et sur l’évolution de ces objets.
19Dans ce cours interviennent des logiciens, des linguistes, des philosophes, des historiens de la philosophie, des mathématiciens, des historiens des mathématiques et des informaticiens. Le cadre général du cours consiste à solliciter les contributions croisées de quatre disciplines, la logique, la philosophie, la linguistique et les mathématiques, avec, pour horizon, une présentation, en troisième année, d’un résultat majeur de la pensée théorique du xxe siècle : les théorèmes d’incomplétude de Gödel.
20La méthode suivie consiste en un va et vient entre le point de vue contemporain et le point de vue du passé. Pour chacun des thèmes retenus (le nombre, l’algèbre, le continu, les ensembles), pour chacun des grands chapitres de la connaissance mathématique moderne abordés, et pour les problèmes fondamentaux illustrés dans ces chapitres, on fait également voir en contrepoint comment on a raisonné dans le passé, avec d’autres outils conceptuels et linguistiques, avec d’autres idées directrices, avec d’autres signes, bref avec un regard totalement différent du nôtre.
Première année LLC
21La notion de nombre est certainement celle qui est la plus naturellement rattachée à l’activité mathématique. La nécessité dans laquelle se trouve toute société de dénombrer, de mesurer, de comparer des grandeurs, explique probablement l’apparition précoce de cette notion dans l’histoire humaine. L’importance et la longévité du concept de nombre lui confèrent une histoire particulièrement riche au cours de laquelle il se trouve mêlé à une bonne partie des crises existentielles qui jalonnent l’évolution des mathématiques. Il y a tout lieu de s’intéresser au plus tôt à un objet jouissant d’une telle centralité dans l’édifice mathématique. Mais l’exploration proposée ici relève également d’autres motivations. D’abord, cette focalisation sur la notion de nombre constitue une propédeutique instructive et féconde pour réfléchir de manière générale à la façon dont naissent, vivent et se transforment les objets mathématiques ; la découverte de l’incommensurabilité du côté d’un carré et de sa diagonale en est le premier et le plus frappant exemple puisqu’elle fait apparaître que les nombres naturels ne permettent pas de mesurer certaines grandeurs et qu’il faut pour cela introduire un nouveau type de nombres. Ensuite, l’un des objectifs principaux de LLC étant de montrer l’évolution du concept de démonstration en fonction des objets auxquels il s’applique, l’arithmétique élémentaire est l’occasion d’introduire les étudiants au raisonnement par récurrence. Ceci aussi bien par le biais de l’arithmo-géométrie des Pythagoriciens qu’avec les méthodes rigoureuses de l’arithmétique pure. Enfin, en étudiant les Pythagoriciens, on fait voir aux étudiants que le développement des mathématiques répond à des sollicitations externes comme l’harmonie ou la statuaire qu’ils étudient respectivement au premier semestre de LLC et de OVC. Le semestre est complété par l’examen des méthodes de démonstration à l’œuvre dans la géométrie plane d’Euclide.
22Le deuxième semestre est dédié à la théorie du langage dans l’Antiquité et à ses conséquences sur la logique, c’est-à-dire sur la façon de concevoir la démonstration. À partir des Analytiques d’Aristote, on s’interroge sur ce que veut dire démontrer. Qu’est-ce qu’une définition ? Un axiome ? Une démonstration en termes de syllogismes ? Comment les termes sont-ils définis, comment sont-ils reliés ? Ce semestre propose ainsi une contrepartie philosophique et linguistique au semestre précédent. Une fois présentée la logique aristotélicienne, on passe à l’analyse logique des Stoïciens qui repose sur d’autres présupposés ontologiques, jusqu’à arriver à la distinction extension/ intention, qui est à la base de la logique moderne et de la théorie des ensembles.
23Semestre 1 Nombres et grandeurs
- La doctrine pythagoricienne de la connaissance (philosophie)
- Introduction à l’arithmétique (mathématiques)
- La démonstration chez Euclide (histoire des mathématiques)
24Semestre 2 Logiques et démonstrations
- Aristote (philosophie)
- Logique et ontologie (philosophie)
- Théorie naïve des ensembles (mathématiques et philosophie)
- Logique des prédicats (mathématiques et philosophie)
Deuxième année LLC
25Avec la démonstration de l’incommensurabilité de la diagonale du carré et de son côté est apparue la nécessité d’introduire de nouveaux nombres : les nombres algébriques. L’étude de ces nombres est approfondie au cours du troisième semestre. Ce semestre est construit d’une façon analogue au semestre 1. Il introduit un nouveau domaine des mathématiques, l’algèbre, et il énonce, sans le démontrer, un théorème d’impossibilité concernant les méthodes de résolution des équations algébriques. Comme aux semestres précédents, l’approche historique est associée au point de vue actuel. On montre d’abord que la naissance de l’algèbre, amorcée au ixe siècle par les mathématiciens arabes, était destinée à résoudre à l’aide d’équations des problèmes de géométrie tels que l’intersection de courbes. Cette problématique culmine dans la conception cartésienne de la représentation des courbes par des équations algébriques. Mais l’approche cartésienne présente un défaut important puisqu’elle postule que toutes les équations algébriques sont résolubles par la méthode des radicaux. L’étude de l’algèbre d’un point de vue moderne, c’est-à-dire à l’aide de la notion de structure, permet de comprendre les lacunes de la méthode cartésienne.
26L’extension de la notion de nombre, qui a permis de passer des nombres naturels aux nombres algébriques, est insuffisante pour traiter les questions de la physique mathématisée puisque celle-ci repose sur la notion de continuité. Le quatrième semestre est donc consacré au problème du continu. Il est divisé en deux parties, l’une destinée à faire comprendre ce qu’est le continu des nombres réels, l’autre consacrée à la manipulation de ces nombres. Cette seconde partie est très proche d’un cours classique d’introduction à l’analyse, c’est-à-dire à la théorie des fonctions d’une variable réelle. La première partie est d’une facture plus originale. Elle consiste en un atelier de lectures de textes fondateurs, et divergents quant à leurs prémisses philosophiques, sur le continu. Plusieurs enseignants (philosophes, historiens des mathématiques et mathématiciens) participent à l’encadrement de la lecture collective de Dedekind, Poincaré, Weyl ou Bergson. Le semestre 4 pose certains jalons indispensables pour la troisième année où sont abordées les questions des paradoxes soulevés par la manipulation inconsidérée des infinis, liée à des insuffisances dans la définition de la notion d’ensemble. Leurs solutions mèneront à la théorie axiomatique des ensembles et, entre autres, aux théorèmes d’incomplétude de Gödel dont il est question en troisième année.
27Semestre 3 L’algèbre : puissance et limites
- Naissance de l’algèbre (histoire des mathématiques)
- Théorie des équations : algèbre (mathématiques)
- Retour sur l’histoire : la méthode cartésienne des radicaux (histoire des mathématiques et mathématiques)
- Calcul vectoriel (mathématiques)
28Semestre 4 Le problème du continu
- Introduction au continu et aux réels (mathématiques)
- Atelier de lecture (philosophie, histoire des mathématiques et mathématiques)
Troisième année LLC
29La notion d’ensemble de Cantor présente au moins deux avancées majeures, à la fin du xixe siècle, par rapport à la théorie naïve des ensembles, présentée en première année. D’abord, elle donne un cadre général dans lequel presque toutes les mathématiques peuvent être exprimées dans un langage commun. Ensuite, elle permet de formaliser le concept d’infini, et de le traiter comme un objet à part entière, via la notion d’équipotence. Cependant, très rapidement, des paradoxes sont apparus. Ces derniers rendent la théorie des ensembles inutilisable en l’état, car celle-ci permet de démontrer tout et son contraire. Deux questions se posent alors : Ces paradoxes sont-ils dus à l’usage de méthodes de démonstration illicites ou bien proviennent-ils de la théorie des ensembles elle-même, et en particulier du statut qu’elle attribue au concept d’infini ? La théorie des ensembles peut-elle être modifiée de sorte à éviter les paradoxes tout en restant fidèle à la construction originale de Cantor ?
30Le but de la troisième année de LLC est de présenter les réponses que les travaux de logique, entendue comme une discipline à la fois philosophique et mathématique, de la première moitié du xxe siècle apportent à ces questions.
31Semestre 5 Paradoxes et formalisme
- Paradoxes (linguistique, philosophie et mathématiques)
- Calculabilité (informatique et mathématiques)
32Semestre 6 Le paradis retrouvé de Cantor, mais la fin du rêve d’Hilbert
- Les théorèmes d’incomplétude de Gödel (mathématiques et philosophie)
- Théorie axiomatique des ensembles (mathématiques)
Conclusion
33Généralement, lorsqu’ils arrivent à l’université, les lycéens sont fermement convaincus que les mathématiques ne sont qu’un langage destiné à faire du calcul. Au terme du parcours de LLC, ces idées préconçues ont disparu. D’une part, l’objectif principal de chacune des années du cursus est d’enseigner un grand théorème d’impossibilité accompagné de ses conséquences. Impossibilité de mesurer la diagonale du carré à l’aide des seuls nombres naturels en première année ; impossibilité de résoudre les équations algébriques avec la méthode des radicaux en deuxième année ; impossibilité de démontrer la complétude de l’arithmétique avec les moyens de l’arithmétique et de la logique des prédicats en troisième année. Or, l’un des traits communs de ces trois théorèmes est d’exprimer une qualité de certains objets (nombres naturels, nombres algébriques, démonstrations formelles) plutôt que de donner le résultat d’un calcul. Les mathématiques ne sont donc pas faites que de calcul. D’autre part, une des conséquences les plus manifestes des théorèmes d’incomplétude est que les mathématiques ne sont pas qu’un langage formulaire. Elles permettent de connaître des propriétés d’objets qui ne peuvent être réduits à des expressions symboliques.
34Au nom d’une curieuse division des savoirs, les traités de logique mathématique présentent habituellement les théorèmes de Gödel comme des résultats purement mathématiques. Se concentrant sur l’ingéniosité de leurs démonstrations, ils en viennent à oublier les résultats. C’est une grande source de satisfaction pour les enseignants de LLC d’être parvenus, grâce à un dosage méticuleux de mathématiques, de philosophie et d’histoire de ces disciplines, à restituer la signification de ces théorèmes tels que Gödel lui-même les concevait et à la faire comprendre aux étudiants.
« Nature et Culture » (N & C)
35L’idée de Nature a une importance double dans une formation qui cherche à expliquer comment ont été construits, dans l’aire culturelle occidentale, ces savoirs particuliers que l’on nomme « sciences ». En premier lieu, opposer Nature et Culture, c’est construire l’humain - en tant qu’être culturel - et le placer dans une position d’extériorité qui lui permet aussi d’élaborer sur la nature des discours distants, analytiques, rationnels, explicatifs : des discours scientifiques. En second lieu, l’opposition Nature/ Culture sous-tend également la distinction habituellement faite entre les sciences (de la nature) et les humanités (dont l’objet peut être désigné sous le nom de culture).
36Ainsi on voit que le propos de N & C ne se limite pas à délivrer un cours sur l’histoire de l’idée de Nature. Il s’attache également à restituer la dimension complexe de conceptions stéréotypées sur la place de l’homme dans la nature, le rapport entre humanité et animalité ou l’opposition entre inné et acquis. Cette réflexion sur le couple Nature/Culture est menée, tout au long des trois années, en faisant dialoguer biologie, neurosciences et écologie d’une part, sciences humaines et sociales et pratiques artistiques d’autre part : conformément à l’esprit général de la licence S & H, il s’agit aussi de montrer qu’un seul regard ne saurait suffire à rendre à l’objet d’un discours scientifique sa dimension complexe.
Première année N & C
37La première année aborde la question de la spécificité de l’humain à travers l’étude de deux aspects qui semblent le distinguer de tous les autres êtres vivants : le langage et le type d’organisation de la vie sociale. C’est ainsi la première occasion de revenir sur certaines idées reçues, en montrant par exemple comment ce que l’on sait aujourd’hui sur les modes de communication et de socialisation des animaux rend moins évidente et radicale cette distinction entre homme et animal.
38Semestre 1 L’animal parlant
- Leroi-Gourhan, Le geste et la parole (philosophie, linguistique)
- Le langage comme propre de l’être humain, apport de la linguistique (linguistique)
- Communication animale et langage humain, apport de l’éthologie, de l’anatomie et de la psychologie comparées (éthologie, psychologie, neurosciences)
- Théorie de l’information (informatique, philosophie)
39Semestre 2 Sociétés humaines et sociétés animales
- Hominisation (anthropologie)
- Paléoantrhopologie (science naturelle, anthropologie, théories de l’évolution)
- Sociétés animales (biologie de l’évolution, neurosciences)
- Continuités et discontinuités dans les rapports nature-culture (anthropologie)
Deuxième année N & C
40La deuxième année adopte une perspective résolument historique vis-à-vis de l’opposition Nature/culture, en soulignant certains moments essentiels de rupture épistémologique entre la fin du xviie et le xixe siècle. La laïcisation progressive de la pensée s’accompagne en effet de l’émergence d’une science naturelle nouvelle, où observation et classification deviennent les maîtres-mots, et où l’idée d’évolution se construit progressivement, mettant en cause la thèse ancienne d’une fixité de la nature et introduisant l’idée de son historicité. Le questionnement philosophique et l’élaboration artistique sur les idées de nature et d’origine participent pleinement de cette révolution de l’idée de nature et ouvrent une voie nouvelle à la représentation de la place qu’occupe l’homme dans le monde. Cette partie de N & C est ainsi tout particulièrement articulée avec la deuxième année de « Systèmes du Monde ».
41Semestre 3 L’idée de nature à l’âge classique
- La classification des êtres vivants. De Buffon, Lamarck, et Linné aux aspects contemporains de la phylogénie (phylogénie moléculaire, cladistique)
- Animalité/Humanité (philosophie, sociologie)
- Évolution de l’idée de nature aux xviie et xviiie siècles (histoire des sciences, philosophie, esthétique)
42Semestre 4 L’idée de nature à l’âge moderne
- L’apparition de l’historicité dans la compréhension de la nature vivante - La révolution darwinienne (philosophie, histoire des sciences)
- Introduction à la génétique des populations (génétique des populations)
- Les genres littéraires et l’idée de nature au xixe siècle (théorie littéraire)
- Le naturalisme : de Claude Bernard à Zola (littérature française)
- La question du créationnisme et des pseudosciences (histoire des sciences, neurosciences)
Troisième année N & C
43La troisième année envisage le couple Nature/Culture par le biais de deux questions qui ont une saillance particulière dans les sciences et les débats sociaux, politiques et esthétiques contemporains : l’écologie, et la question de la norme et de son envers « monstrueux ». L’écologie, abordée sous des angles variés (biologie, biotechnologies, bioéthique, sociologie) redessine en profondeur les contours de l’idée de nature et la question de la responsabilité et des devoirs de l’homme vis-à-vis de la nature, tandis que l’interrogation sur la norme, qu’elle soit biologique, linguistique, sociale ou esthétique, prolonge cette réflexion sur la place et le rôle de l’homme dans le monde : le lien avec les enseignements dispensés dans « Figures du pouvoir » est ainsi tout particulièrement important. Un atelier d’écriture et de performance orale mené hors les murs de l’université invite les étudiants à explorer et interroger sur le mode de la création artistique ce rapport à la nature et à la norme.
44Semestre 5 Écologie et idée de la nature à l’âge contemporain
- L’Écologie en biologie (science naturelle)
- Enjeux socio-politiques de l’articulation entre savoirs écologiques traditionnels et science occidentale (anthropologie)
- De la nature à l’environnement : ce que nous enseigne le loup en France (sociologie)
- Représentation sociale du risque (sociologie)
- Expérimentation animale (neurosciences)
- Écologie du langage : l’histoire de la syllabe (linguistique)
45Semestre 6 La norme et le monstre
- Biologie du développement et tératologie (biologie du développement, mathématiques)
- Norme sociale et déviance (sociologie)
- Norme et monstruosité en littérature (xixe – xxe siècles) (esthétique, littérature)
- Normes et langage (linguistique)
- Atelier d’écriture et de performance orale (arts de la scène, poétique)
Conclusion
46À l’issue de ces six semestres de « Nature et Culture », un bagage conceptuel et technique important est proposé aux étudiants : anthropologie, philosophie, science naturelle, neurosciences, sociologie, littérature, linguistique et arts se croisent pour travailler les idées de nature et de culture, poser des repères, installer des outils de réflexion, et inscrire la pensée de cette opposition classique dans une histoire des idées, mais aussi dans une géographie anthropologique. Le couple nature/culture est mobilisé pour faire travailler les étudiants tant sur les fondements de la théorie darwinienne que sur les plus récentes avancées de la biologie de l’évolution, sur la question controversée du langage comme spécificité humaine, sur la pensée de l’écologie, et sur l’usage de l’idée de nature en philosophie politique comme en littérature. Apprendre, interroger et remettre en question le monde où nous vivons et ses représentations sont les maîtres-mots de cette U.E.
« Optique, vision, couleurs » (OVC)
47L’étude de l’évolution des concepts de Lumière, de Vision et de Couleur et de leurs rapports montre que ceux-ci ont connu des bouleversements étonnants au fil des époques. Ces bouleversements sont analysés selon une perspective historique tout au long du cursus. Ce cours n’est cependant pas un cours d’histoire des sciences et des idées ; l’enseignement technique des méthodes et points de vue modernes des disciplines abordées y prend une place importante. Nous y étudions les théories physiques de la Lumière (Optique), biologiques et psychologiques de la Vision, et chimiques des Couleurs, généralement associées aux sciences fondamentales. À ces études sont adjointes une réflexion philosophique sur la nature de ces objets, des études sociologiques afin de définir les codes et les valeurs de la couleur et des théories de la perception des données esthétiques, communément associées aux humanités.
48Ainsi, se trouvent réunies des notions de physique, de chimie, de philosophie, de mathématiques, de biologie, de sciences cognitives (théories de la perception et neurosciences), de sociologie et de théorie des arts (statuaire antique, peinture et architecture à la Renaissance, impressionnisme, monochromie) permettant d’explorer aussi largement que possible à notre échelle les champs complexes et déroutants de la lumière, de la vision et de la couleur.
Première année OVC
49Le premier semestre est dédié à l’étude des théories anciennes de la lumière, qui est essentiellement confondue avec la question des mécanismes de la Vision. L’un des buts de cette introduction est de déconstruire les représentations restreintes et systématiques des concepts de vision et de lumière que nous avons hérité des sciences modernes, afin de préparer à une mise en évidence de leur intrication et de leur lien avec de multiples autres champs de la connaissance comme la technique de la sculpture. Ce semestre présente une étude historique, philosophique et physique des théories de l’Optique depuis l’Antiquité grecque jusqu’aux travaux de Ibn al-Haytham qui le premier déplacera le centre de la discipline de la vision vers la lumière. Parallèlement, nous nous penchons sur la question de la couleur à travers un cours qui se déroule en trois temps : une approche historico-sociologique de la couleur bleue dont l’objectif est de montrer qu’une couleur est une construction sociale et culturelle ; puis une approche historico-chimique des pigments bleus à l’issue de laquelle les étudiants conçoivent un protocole expérimental destiné à préparer un pigment. Enfin, nous évaluons quelles sont les couleurs favorites de l’imaginaire médiéval et les connotations qui leur sont associées dans la littérature romanesque du xiie au xve siècles, afin de comprendre ce qui explique la lente émergence du bleu dans la littérature, alors qu’il se répand rapidement dans les autres arts tels que les enluminures et la peinture.
50Afin de mieux saisir la nature des débats sur le fonctionnement de la Vision, nous effectuons au second semestre une étude biologique et physique de l’anatomie de l’œil, basée sur les travaux de H. von Helmholtz, certes bien postérieurs, à cette époque mais fort utiles à une mise en perspective des différentes théories abordées. Puis, nous présentons les mutations conceptuelles quant à la compartimentation des savoirs qui apparaissent à la Renaissance. Nous abordons en particulier la question de la perspective en peinture, en architecture et en mathématiques qui sont, pour une part significative, liées aux théories de l’Optique naissante comme science de la lumière. Nous entamons alors l’étude des premières théories optiques modernes proposées par Fermat, Descartes et Newton. Cette étude physique et philosophique a une profonde composante expérimentale. Ceci pour illustrer le fait historique que l’évolution radicale des théories de l’Optique de l’époque classique suivent de près l’invention, puis accompagnent le développement d’objets optiques, initialement conçus à des fins purement techniques, tels que la lunette astronomique ou la chambre noire. Nous concluons ce semestre par l’étude de l’ouvrage de Berkeley Un essai pour une nouvelle théorie de la vision publié en 1709 dont l’objet est d’élaborer une théorie de la vision et des jugements visuels par la prise en considération de l’expérience visuelle elle-même ; théorie qui conduit Berkeley à critiquer l’usage de l’optique géométrique pour expliquer la vision.
51Semestre 1 Expliquer la Vision et les Couleurs de l’Antiquité au Moyen-Âge
- Les théories de la vision dans l’Antiquité (philosophie)
- L’Optique de Ptolémée (physique)
- Le Traité de la Lumière d’Ibn al-Haytham (histoire des sciences)
- Le canon de Polyclète (épistémologie et histoire de l’art)
- Une approche historico-chimique des pigments bleus et historico-sociologique de la couleur bleue (chimie)
- La couleur bleue dans la littérature médiévale (lettres)
52Semestre 2 L’Optique devient science de la lumière. De la Renaissance à Newton
- L’anatomie de l’œil (biologie)
- L’optique géométrique. Les chemins de la lumière (physique)
- La ligne à l’infini (mathématiques)
- L’invention de la perspective à la Renaissance (histoire de l’art)
- La Dioptrique de Descartes (philosophie et physique)
- Un essai pour une nouvelle théorie de la vision de Berkeley (philosophie)
Deuxième année OVC
53La première année d’« Optique, vision, couleurs » s’étalait de l’Antiquité jusqu’aux théories de la lumière de Descartes et de Newton à l’aube du xviiie siècle. Au début du xixe siècle, le modèle prédominant descriptif de la lumière est celui proposé par Newton un siècle auparavant. Cependant, en 1825, les derniers défenseurs d’une optique corpusculaire sont devenus rares. Pendant ce quart de siècle, Augustin Fresnel a mené des expériences, expliqué des phénomènes et convaincu la communauté scientifique de la pertinence de décrire la lumière comme une onde. Les travaux de Fresnel s’appuient sur ceux de Huygens, Young, Malus, Arago, Euler… autant de figures que nous sommes amenés à croiser lors de ce cours. Par ailleurs, si l’optique géométrique explique bien les mécanismes de la Vision jusqu’au seuil qu’est la rétine, il est important de se demander ce qui se passe au-delà. Après avoir introduit les notions fondamentales de neurophysiologie sensorielle, nous décrivons et étudions les circuits rétiniens puis nous présentons la physiologie des aires visuelles centrales afin de mieux comprendre comment notre cerveau est capable de reconstruire une image fidèle à celle rapportée par notre rétine. Nous brossons ensuite un portrait des différents types d’yeux dans le monde animal. Nous pointons tout d’abord la distinction entre yeux simples de l’ensemble des vertébrés et des mollusques et yeux composés des insectes et des crustacés. Nous montrons ensuite que la vision chromatique est également extrêmement variée. Enfin, à l’issue de ces cours, il est demandé aux étudiants de choisir un cas particulier afin de l’étudier et d’imaginer la perception visuelle de l’animal en question. Ce semestre 3 s’achève en se penchant sur la question qui fit débat au sein de l’Académie Royale de Peinture à la fin du xviie siècle : qu’est ce qui est premier, essentiel pour la peinture, est-ce le dessin ou bien la couleur ? À travers ce débat, nous souhaitons principalement questionner la partition des rôles entre arts et sciences qui se met en place au siècle des Lumières.
54Le semestre 4 est centré en grande partie sur la couleur. Il commence par une intervention à trois voix ayant pour objectif d’éclairer les mécanismes de la perception des couleurs. Cette partie propose un discours physique, psychophysique, neurophysiologique et philosophique unifiant les aspects fondamentaux de la vision des couleurs, allant de la nature de la lumière colorée jusqu’au rôle des cellules de la rétine et au rôle de la vision colorée dans l’évolution des grands primates. La question philosophique de la couleur se poursuit par l’analyse de l’ouvrage de Goethe Théorie des couleurs et de son influence sur quelques philosophes tels que Schopenhauer et Wittgenstein et sur quelques artistes comme Turner ou Klee. Enfin, la relation à la couleur de nombreux artistes peintres est questionnée à l’issue de ce semestre à travers l’étude de la complicité intellectuelle qui s’établit à la fin du xixe siècle entre eux et les écrivain. Nous interrogeons tout particulièrement les couples littérateur-peintre suivants : Baudelaire-Delacroix, Huysmans-Moreau, Laforgue et les impressionnistes, Paul Eluard-Max Ernst. En parallèle, nous poursuivons l’étude historique de la nature de la lumière. Sont abordés au cours de ce semestre des éléments d’électricité et de magnétisme. La question philosophique de l’éther, entendu ici comme le milieu nécessaire pour que la lumière puisse se propager, vient enfin conclure les théories de la lumière étudiées jusqu’à présent.
55Semestre 3 Lumière, Vision et Couleur du xviiie au xixe siècle (Partie 1)
- Le triomphe de l’optique ondulatoire (physique)
- La neurophysiologie de la vision (neurosciences)
- La diversité des yeux dans le monde vivant (biologie)
- La querelle dessin-couleurs (histoire de l’art)
56Semestre 4 Lumière, Vision et Couleur du xviiie au xixe siècle (Partie 2)
- La vision des couleurs. Young, Helmholtz, Maxwell. Une approche psychophysique, physiologique et philosophique (psychophysique, neurophysiologie et philosophie)
- La théorie de la couleur Goethe (philosophie)
- La couleur entre le peintre et l’écrivain (lettres et histoire de l’art)
- Électricité et magnétisme : quel lien avec l’optique ? (physique)
- Qu’est-ce que l’éther ? (histoire des sciences)
Troisième année OVC
57Le déroulement d’OVC au cours des deux premières années a permis de mettre en évidence le fait que dans l’histoire des rapports entre ces trois notions, les frontières avaient considérablement évolué. À l’aube du xxe siècle, les débats sur la nature de la lumière que l’on pensait clos à la suite des travaux de Fresnel et de Maxwell se trouvent de nouveau portés sur le devant de la scène suite aux travaux d’Einstein sur l’effet photoélectrique. S’amorce ainsi la révolution quantique où la dualité de la lumière ainsi que celle de la matière sera proposée par Louis De Broglie. Le semestre 5 propose donc un voyage au cœur de cette révolution, ou plutôt de ces révolutions, quantique(s). Ce semestre est également l’occasion de découvrir comment la sociologie, science naissante au moment des travaux d’Einstein, va s’emparer de ces objets qui envahissent progressivement le quotidien de nos vies que sont les images et les films.
58Le semestre 6 revient sur le terrain de la vision et s’engage sur celui de l’attention avec l’apport des savoirs les plus contemporains qui les concernent. Les neurosciences se sont en effet emparées de ces questions du « qu’est-ce que voir » en renouvelant considérablement notre compréhension et nos certitudes sur ces questions. Ainsi, ce semestre débute-t-il par une introduction rappelant brièvement les principaux écrits philosophiques faisant référence à l’attention et se poursuit par une présentation des grands courants et des méthodes d’étude utilisés en psychologie. Enfin nous nous penchons sur l’imagerie par résonance magnétique (IRM), méthode largement mise en œuvre pour étudier l’attention, afin de questionner les enjeux scientifiques, cliniques, sociétaux et éthiques de cette technique qui occupe aujourd’hui une place considérable dans nos sociétés.
59Semestre 5 Le photon un objet quantique
- L’avènement de la mécanique quantique (physique)
- La seconde révolution quantique : l’intrication (physique)
- La sociologie du regard et de la vision (sociologie)
60Semestre 6 Attention et vision : aspects théoriques et méthodologiques en psychologie et neurosciences
- Une approche philosophique de l’attention (philosophie)
- Les courants et méthodes utilisés en psychologie (psychologie)
- Les enjeux de l’imagerie par résonance magnétique (neurosciences et physique)
Conclusion
61Plus le nombre de disciplines convoquées par un thème d’étude est élevé, plus le nombre d’idées reçues remises en cause par l’étude de ce thème est lui-même élevé. Or, en raison même de sa nature, le thème OVC est, dans la licence S & H, celui qui sollicite de façon naturelle le plus grand nombre de domaines disciplinaires différents. Dans le présent bilan on se limite à signaler trois des acquis qui ébranlent significativement les convictions des étudiants.
62D’abord, quoi de plus opposé, dans l’imaginaire commun, que les sciences exactes et les arts ? Cependant, l’ambition des théoriciens du Quattrocento était de hisser les arts (peinture, sculpture et architecture) au même rang que les arts libéraux (astronomie, géométrie, arithmétique et harmonie). Et de fait, ils ont conféré aux arts plastiques le statut de savoirs tout aussi positifs que les arts libéraux traditionnels. Alberti, avec la construction légitime (la perspective centrale linéaire) ouvre la voie à l’espace infini que les savants du xviie siècle substitueront au cosmos clos des Anciens. De même, et à juste titre, Leonard estimait qu’aucun traité d’anatomie ne pourrait surpasser ses dessins d’écorchés. Sciences et arts n’ont donc pas toujours été distingués. Et il est remarquable qu’ils l’aient été d’autant moins lorsque les arts ont été les plus florissants.
63Ensuite, les œuvres d’art sont faites pour être vues. Mais qu’est-ce que voir ? Pour Ptolémée, formes et couleurs étaient senties par les rayons visuels émanant de l’œil qui allaient palper les objets comme le toucher permet de sentir si un objet est lisse ou rugueux, chaud ou froid. Lorsqu’au xie siècle, avec Ibn al-Haytham, la vision est expliquée par l’intromission des rayons lumineux, la question de la localisation et de la nature des sensations visuelles est posée à nouveaux frais puisque cette sensation ne peut plus se produire en dehors du sujet voyant. Après que la question de la localisation et de la nature de la sensation visuelle ait été élucidée par Descartes, la vision devra être conçue comme le couple <chose vue - chose voyante>. Il n’y a donc pas une science de la vision, mais des sciences (principalement, mais pas uniquement, la physique, les neurosciences et la psychologie) pour expliquer la vision.
64Enfin, alors que dans La Dioptrique Descartes considérait de façon indissociable les deux éléments du couple <chose vue - chose voyante>, la science moderne et contemporaine avec ses spécialisations disciplinaires a étudié plus avant et indépendamment chacun de ses termes. Du côté de la chose vue – de la lumière – l’optique quantique a établi des faits déroutants, comme l’intrication, qui conduisent à questionner le concept de causalité qui a prévalu des Grecs jusqu’au dernier tiers du xxe siècle. Du côté de la chose voyante, les neurosciences, mais aussi la psychologie, la phénoménologie et même la sociologie, explorent chacune à leur façon la manière dont l’observateur façonne lui-même ce qu’il voit. Mais la formation large et progressive des étudiants à ces questions leur permet de continuer à établir des liens entre ces questions très spécialisées et pourtant connectées.
65C’est donc tout autant à une réflexion sur les fondements et territoires mouvants des disciplines qu’à un travail méthodique et pratique sur les aspects essentiels de certaines d’entre elles (ici tout particulièrement l’optique physique et les neurosciences) que sont invités les étudiants au fil de ce travail de trois ans sur les notions de lumière, de vision et de couleur.
« Systèmes du Monde » (SdM)
66L’importance attribuée à la cosmologie dans la culture contemporaine invite, pour comprendre notre présent, à comparer son statut et sa nature à ceux qui furent les siens au cours de l’histoire de l’Humanité.
67Toutes les cultures ont un Système du Monde, mais ceux-ci sont exceptionnellement des cosmologies. D’abord, on ne trouve de cosmologies que dans la tradition qui va des Ioniens du vie siècle jusqu’à la culture occidentale contemporaine. Ensuite, cette tradition, animée par l’esprit scientifique, n’est pas uniquement pavée de systèmes du Monde qui soient des cosmologies. Ceux-ci peuvent être soit des cosmogonies, c’est-à-dire des récits de la création du Monde, comme le sont la majorité des systèmes du Monde que l’histoire et l’ethnologie nous font connaître, soit des systèmes apparentés à la pensée déductive des Grecs, mais qui repoussent l’idée d’une connaissance globale du Monde en raison des possibilités limitées de la connaissance humaine. SdM offre aux étudiants une histoire abrégée, de Hésiode jusqu’à nos jours, des systèmes du Monde qui permet d’illustrer ces différents cas.
68Le développement de la cosmologie est étroitement lié à ceux de l’astronomie, de la théorie de la gravitation, de l’optique, de la géométrie, du calcul différentiel et de la philosophie2. L’histoire des systèmes du Monde est donc un fil conducteur pour introduire ces disciplines et leurs méthodes et plus particulièrement celles de la physique mathématique dont les deux piliers sont, d’un côté, l’observation et l’expérimentation et, de l’autre côté, la description mathématique des phénomènes naturels.
69Les phénomènes dont s’occupe la physique sont, comme pour toutes les sciences, des mouvements. Mais qu’est-ce que le mouvement ? Et comment s’oppose-t-il au repos ? Ces questions qui ont été inévitablement soulevées à chaque stade du développement de la physique sont éminemment philosophiques et elles impliquent, ou supposent, un choix cosmologique. La philosophie est donc, dans SdM, la première compagne de la physique. Il faut d’ailleurs noter une certaine analogie de construction entre LLC et SdM. La logique, dans la première, est aux mathématiques ce que la cosmologie est à la physique dans la seconde. Mais, en accord avec les partis pris anti scientistes de la licence S & H, logique et cosmologie ne sont pas considérées comme une science mathématique et une science physique parmi d’autres, comme c’est actuellement le cas dans les départements scientifiques, où d’ailleurs elles ne sont généralement enseignées qu’en master, mais comme les territoires où mathématiques et physique ont toujours rencontré la philosophie.
70La théorie de la relativité a bouleversé les conceptions que les physiciens se faisaient du temps et de l’espace. Ce bouleversement a été si spectaculaire que ses conséquences ont largement dépassé les frontières de la physique pour retentir sur la totalité de la culture. Les artistes, en particulier les Cubistes, n’ont pas échappé à cette influence et ce chapitre de l’histoire de l’art est intégré dans les cours de SdM.
71Toutefois, comme c’est souvent le cas, l’influence culturelle de la théorie de la relativité reposait, et continue de reposer, sur un malentendu. Le temps et l’espace de la physique ne sont pas le temps et l’espace en général, à supposer que de telles notions existent, mais le temps et l’espace mesurables. Aussi fallait-il pondérer la vision un peu simpliste qui identifie temps et espace physique avec temps et espace tout courts. Les point de vue de la neurophysiologie ainsi que les débats philosophiques qui ont accompagné la naissance de la théorie de la relativité remplissent cet office.
Première année SdM
72Le premier semestre est destiné d’abord à familiariser les étudiants avec la nomenclature employée ci-dessus (Système du Monde, cosmologie, cosmogonie). L’étude comparée de Hésiode et de quelques Présocratiques bien choisis permet aux étudiants de fixer leurs idées sur la différence entre cosmogonie et cosmologie. La présentation des astronomies mésopotamienne et grecque permet de compléter cette opposition. À l’astronomie mésopotamienne de positions, les Grecs substituent une astronomie géométrique dont le constituant fondamental est le cercle, ceci en accord avec le modèle de l’isonomie propre à l’organisation des premières cités. Cette prépondérance du cercle dans les explications causales de l’astronomie hellène est détaillée avec l’étude de l’astronomie d’Eudoxe et de Ptolémée. Le semestre se termine par la présentation d’une autre opposition, celle d’Aristote à Platon, circonscrite, ici, aux rapports entre cosmos et mouvement.
73Le semestre 2, après un cours destiné autant à décrire les voies historiques de la transmission des savoirs grecs, qu’à exposer des exemples de cosmologies médiévales, présente les principaux jalons qui conduiront à la révolution scientifique du xviie siècle, c’est-à-dire à l’avènement d’une physique mathématisée et à l’abandon du cosmos clos des Anciens. C’est l’occasion pour les étudiants de découvrir que Kepler ne peut être mis sur le même plan que Galilée et Descartes. Il appartient à un autre monde que, contrairement à celui de ses deux grands contemporains, nous ne pouvons plus comprendre. C’est aussi l’occasion de s’interroger sur le rôle de l’expérimentation dans la physique. La reconstruction, en travaux pratiques, de certaines des expériences de Galilée montre que ce rôle n’est pas aussi clair qu’on le croit habituellement. Par ailleurs, avec la comparaison de Galilée et de Descartes, les étudiants retrouvent des oppositions qui évoquent celle du premier semestre entre Platon et Aristote. L’une d’entre elles, qui se présentera à nouveau en deuxième et troisième année, porte sur les rapports de la connaissance mathématique et de la connaissance sensible.
74Semestre 1 Cosmologies et astronomies antiques
- Introduction à la notion de « Système du Monde »
- L’astronomie mésopotamienne (astronomie et histoire des sciences)
- L’astronomie dans la Grèce antique (astronomie et histoire des sciences)
- La cité grecque avant Platon (histoire)
- Les cosmologies présocratiques (philosophie)
- Théories du mouvement et du monde chez Platon et Aristote (philosophie)
75Semestre 2 Cosmologies médiévales et à l’Âge Classique
- Introduction historique générale : La translatio studiorum (histoire)
- Copernic et les Révolutions des orbes célestes (astronomie et philosophie)
- Kepler, Astronome Astrologue (physique et histoire des sciences)
- Galilée et le « livre de la nature » (épistémologie, physique et histoire des sciences)
- Physique mathématique et métaphysique chez Descartes (épistémologie)
- Cinématique (physique)
Deuxième année SdM
76Les Principes mathématiques de philosophie naturelle de Newton sont, à l’exception des Éléments d’Euclide, l’ouvrage le plus important de l’histoire de la pensée scientifique. C’est la raison pour laquelle l’intégralité du semestre 3 est consacrée à cet ouvrage. D’ailleurs, on pourrait dire que le chef d’œuvre de Newton est le barycentre de l’ensemble des cours de SdM. En effet, Newton assimile, récupère, critique et transforme l’héritage de Kepler, Galilée et Descartes, étudiés au deuxième semestre, et la troisième année est en grande partie dédiée à l’étude des critiques des concepts fondamentaux du newtonisme dressées par les scientifiques et les philosophes au cours du xxe siècle.
77Au cours de ce semestre on insiste sur la distinction entre la postérité des idées de Newton, dans les développements ultérieurs de la physique, et la pensée de Newton proprement dite, qui a peu à voir avec cette postérité.
78Par ailleurs, puisque Newton développe les méthodes du calcul différentiel et intégral pour élaborer sa théorie de la gravitation et sa dynamique, un cours élémentaire d’analyse est également proposé au cours du semestre.
79Le semestre 4 est principalement orienté autour des transformations que subira la pensée de Newton au cours du xviiie siècle, avec l’esprit des Lumières. Le xviiie siècle est en effet le témoin d’un événement exceptionnel : le procès de Dieu. Pour Newton, connaître la Nature était l’une des voies permettant d’accéder à la connaissance de Dieu. Pour les hommes du xviiie siècle, seule la Nature mérite d’être connue. Il faut donc comprendre les grandes lignes des débats essentiels de ce mouvement de sécularisation, qui s’installe au début du xviiie siècle et qui culmine avec Kant, pour saisir la logique qui conduit à la physique mathématique de Lagrange et à la physique statistique et la thermodynamique.
80Semestre 3 Newton : philosophie, théologie, physique, mathématiques
- Newton philosophe : Newton, critique de Descartes ; religion et philosophie naturelle chez Newton (épistémologie et philosophie)
- Les lois de Newton et leurs applications (physique)
- Analyse. Dérivation, calcul intégral, équations différentielles (mathématiques)
81Semestre 4 Physique et philosophie au xviiie siècle : sécularisation des croyances et mathématisation de la physique
- De Maupertuis à Kant en passant par Les Lumières (littérature, philosophie et histoire des idées)
- La querelle des forces vives (épistémologie)
- Énergie et mécanique lagrangienne (physique)
- Thermodynamique (physique et chimie)
Troisième année SdM
82La théorie de la relativité et la naissance de la cosmologie relativiste, avec Einstein, forment le cœur de la troisième année. Les concepts newtoniens de temps et d’espace ont toujours provoqué la perplexité des successeurs de Newton. La révolution einsteinienne remet drastiquement en cause la tripartition classique entre temps, espace et matière pour lui substituer une conception où ces trois grandeurs ne sont plus indépendantes les unes des autres. Ce bouleversement a conduit les scientifiques (géomètres, physiciens, biologistes, psycho-physiologistes, etc.), les philosophes et les artistes à réexaminer en profondeur l’origine et la nature du temps et de l’espace. La troisième année, qui est une introduction à la théorie de la relativité, s’attache également à présenter quelques-uns des aspects importants de l’ensemble de ces réflexions en divisant, un peu arbitrairement, celles qui concernent le temps et celles qui concernent l’espace.
83Semestre 5 Le Temps
- La théorie de la relativité restreinte (physique)
- Regards croisés sur le temps au tournant du xxe siècle : Husserl, Bergson, Poincaré, Einstein (philosophie)
- Géométrie non euclidienne (mathématiques et épistémologie)
- Attention et Perception du temps (biologie et neurosciences)
84Semestre 6 L’Espace
- Le problème de l’espace et la naissance de la cosmologie relativiste (histoire des sciences et épistémologie)
- Théorie de la relativité générale et cosmologie contemporaine (physique)
- L’architecture, art de l’espace ; les Avant-gardes et les nouvelles théories de l’espace-temps (histoire de l’art)
- L’espace chez les mammifères : du comportement d’orientation spatial à la représentation cérébrale de l’espace (neurosciences)
Conclusion
85Avec les Présocratiques, dès les Ioniens, apparaît une pluralité de cosmologies, c’est-à-dire de tentatives pour expliquer la totalité des apparences à partir de principes premiers. Un pluralisme que l’on ne retrouvera que durant la première moitié du xxe siècle, à la suite de la renaissance de la cosmologie inaugurée par Einstein. Aujourd’hui, un siècle plus tard, il n’y a plus qu’une cosmologie, qui ressemble beaucoup à une cosmogonie, et qui est considérée comme une science physique parmi d’autres, alors que, aussi bien dans l’Antiquité qu’à l’époque d’Einstein, la cosmologie se prononçait avant tout sur des principes préalables à la physique. Les enseignements de SdM transmettent aux étudiants suffisamment d’éléments pour qu’ils soient à même de juger si le statut actuel de la cosmologie est satisfaisant pour l’esprit, ou non.
86La physique est, de toutes les sciences empiriques, celle qui recourt le plus aux mathématiques. C’est là une telle évidence que lorsqu’on dit « physique », on pense inévitablement « physique mathématique ». Cependant, derrière cette évidence se cache une énigme qui a traversé l’histoire de la pensée : comment expliquer que les mathématiques, qui semblent être une création de l’esprit humain, puissent s’appliquer au monde réel qui, lui, n’est pas une création de l’esprit humain ? Les cours de SdM font comprendre l’importance de cette question en montrant le rôle qu’elle a pu jouer dans le développement des sciences exactes introduites dans cette UE (astronomie, théorie de la gravitation, dynamique et thermodynamique).
87Le xviiie siècle a voulu abattre la Croix et éliminer l’idée d’une communication entre l’homme et Dieu. Dans cette perspective, les Lumières ont créé une légende tenace en attribuant à Newton un rôle de promoteur dans cette émancipation. Grâce à lui, pensait-on, c’en était enfin fini des disputes métaphysiques qui contaminaient la physique mathématisée naissante du xviie siècle. La restitution des rapports réels entre théologie, métaphysique et science, de la naissance de la physique mathématisée, à l’aube du xviie, jusqu’à la constitution de la physique mathématique, au crépuscule du xviiie, fait voler en éclats cette image légendaire de Newton. Mais au-delà de ce cas particulier, c’est une question bien plus générale qui est posée. Selon un lieu commun répété ad nauseam, notre culture serait l’héritière des Lumières. L’est-elle vraiment ? Et si oui, est-ce pour le meilleur ou pour le pire ? Et, surtout, l’idée de Lumières n’est-elle pas elle-même un mythe qui dissimule la créativité protéiforme d’un siècle qui est avant tout celui des singularités ? Les étudiants sont laissés face à ces interrogations et ce sera à eux de décider si le Grand Siècle est le xviiie, comme le croyait Michelet, ou le xviie, comme on le pense plus communément.
Conclusion générale
88De la naissance de la Cité grecque à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) en passant par l’histoire de l’algèbre et la théorie littéraire, on voit que l’éventail des disciplines abordées dans la licence S & H est très large. Mais plus encore que sur cette diversité, c’est sur la nature des disciplines retenues que nous voudrions attirer l’attention du lecteur.
89On vient d’évoquer le cas de la cosmologie qui, généralement, n’est enseignée qu’en master. Mais des domaines disciplinaires encore plus rares sont inscrits au programme de la licence S&H. C’est par exemple, le cas de l’éthologie. L’éthologie, c’est surprenant, n’est pratiquement pas enseignée dans les universités françaises3, et lorsqu’elle l’est, c’est à des fins très pratiques. Pourtant les œuvres majeures de Konrad Lorenz ont été traduites en français et publiées en livre de poche. Certains ouvrages de ce prix Nobel de médecine et physiologie ont même été de grands succès de librairie comme son Histoire naturelle du mal4. Cette lacune dans les programmes d’enseignements universitaires ne peut s’expliquer autrement que par la nature même de l’éthologie. Cette discipline est au carrefour de la psychologie comportementale comparative, de la théorie de l’évolution, de la physiologie et de la théorie de la connaissance, tout en reformulant les orientations de leurs programmes de recherche. Or, on ne brise pas aussi facilement les frontières disciplinaires.
90Il reste que le lecteur, après ce parcours des contenus de la licence S & H, pourrait éprouver une certaine perplexité devant l’ampleur des matières abordées dans ce catalogue un peu abstrait. La présentation de cours, données dans la partie suivante de l’ouvrage, permettra de comprendre quelles sont les stratégies pédagogiques suivies pour dépasser l’écueil du panorama encyclopédique superficiel. Dans cet échantillon chacune des UE est représentée. OVC par les articles de Florence Boulc’h et de Gaëtan Hagel, N & C par celui de Gabriel Nève, SdM par celui d’Olivier Morizot, FdP par celui de Martine Quinio et LLC par celui de Cédric Chandelier.
91Pour le lecteur qui voudrait en savoir plus sur les cours dispensés dans la Licence, signalons également l’ouvrage d’Olivier Morizot sur l’optique géométrique5.
Notes de bas de page
1 Ce chapitre a été rédigé par l’équipe pédagogique de la licence Sciences et Humanités.
2 Et aussi, depuis Laplace, de la mécanique céleste. Mais on ne peut envisager d’aborder cette discipline dans notre cursus.
3 L’université d’Aix-Marseille, la plus grande de France en termes d’effectifs enseignant et étudiant, ne propose qu’un enseignement optionnel d’éthologie en licence de psychologie. Trois universités (Paris-13, Rennes et Saint-Étienne) proposent un master d’éthologie. Ceux-ci, à l’exception d’un parcours de M2 à Paris-13, sont très orientés vers les applications techniques (dressage des chevaux, écologie, …). L’université de Toulon a créé un DU d’éthologie.
4 Konrad Lorenz, L’agression, Paris, Flammarion, 1969.
5 Olivier Morizot, Bases d’optique géométrique, Aix-en-Provence, PUP, 2016.
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