Drôles d’oiseaux. Le caladre, le phénix, la sirène, le griffon et la serre dans le Physiologus, les Bestiaires et les grandes encyclopédies du XIIIe siècle. Mise en perspective
p. 163-178
Texte intégral
Pourquoi Dieu a-t-il aussi tiré des eaux la gent ailée, pour l’appeler à la vie ? C’est qu’il existe une sorte de parenté entre ce qui vole et ce qui nage. De même en effet que les poissons, pour fendre l’eau, se portent en avant par le mouvement de leurs nageoires, et doivent à la mobilité de leur queue changer de direction, ou d’aller en ligne droite : ainsi en est-il des oiseaux que l’on peut voir, de la même manière, nager de leurs ailes à travers les airs.
Basile de Césarée, Homélie sur l’Hexaemeron, 8
(tr. S. Giet, S.C. 26 bis, p. 441)
1La catégorie animale dont il est question ici – celle des oiseaux fabuleux – n’existait évidemment pas en tant que telle pour l’homme médiéval, l’imaginaire se confondant totalement avec le réel dans la célébration de la Création. En outre, s’il était bien un genre littéraire peu critique quant au degré de réalité des animaux qu’il mettait en quelque sorte en scène, c’était bien le Physiologus1 et ses dérivés2, et d’une manière générale, la littérature didactique. Peu importait en effet qu’ils eussent une existence dûment attestée, pourvu que la « nature » qui leur était attribuée puisse exprimer une réalité spirituelle, et, le cas échéant, servir d’enseignement moral au chrétien.
2Il n’en reste pas moins que pour nous, les oiseaux fabuleux forment un groupe plus aisé à appréhender que l’ensemble des oiseaux. En outre, par leur variété, ils apparaissent exemplatifs de la catégorie tout entière, et de la manière dont elle a évolué. En effet, quand on suit leur histoire, on est confronté aux mêmes sources, aux mêmes mutations, aux mêmes élargissements et à une instrumentalisation très voisine, qui s’expliquent par les mêmes types de mécanisme. Seules spécificités, mais qui ne sont pas insignifiantes : leur appartenance au domaine du merveilleux les prédispose à un syncrétisme à la fois formel et symbolique avec d’autres créatures rêvées, et à une perméabilité plus grande vis-à-vis des différents genres littéraires, voire des arts figurés. En outre, il est intéressant d’observer dans quelle mesure la matière du Physiologus et des Bestiaires pris en compte, a été intégrée dans les grandes encyclopédies du xiiie siècle. Enfin, la manière parfois sceptique avec laquelle ces oiseaux fabuleux sont parfois présentés chez leurs auteurs, se révèle être un excellent critère en matière d’esprit critique, tel qu’il s’exprime parfois à cette époque dans le domaine zoologique. Autant de bonnes raisons pour suivre l’aventure individuelle de ces drôles d’oiseaux, qui sera présentée ici, de la manière la plus chronologique possible, à travers les textes et les images3.
3Mais avant de les passer systématiquement en revue, on notera que dans le Physiologus, leur nombre est peu élevé par rapport à celui des oiseaux réels. C’est ainsi qu’on en compte trois – le caladre, le phénix et la sirène – sur une vingtaine, le nombre total des oiseaux variant d’une version à une autre. En tout cas, chacun des oiseaux fabuleux évoqués dans le Physiologus grec, se retrouve dans les traductions latines, à l’exception du griffon qui pourtant, occupe une place prépondérante dans les rédactions grecques. On reviendra plus loin sur les causes possibles de cette disparition qui tient plutôt de l’éclipse, quand on sait que cet animal fait un retour en force dans certains Bestiaires anglais de la fin du xiie siècle, et dans les encyclopédies, au siècle suivant. Il sera aussi question de la serre qui, à l’origine, appartenait à la catégorie des animaux marins, mais qui parfois figure dans celle des oiseaux, en vertu de sa capacité à voler. Pour ce qui est de l’ordre des oiseaux adopté dans la présentation, il sera alphabétique, eu égard au caractère aléatoire de celui qui est le leur dans le Physiologus et dans les Bestiaires. Comme c’est toujours le cas aux époques les plus anciennes, la succession des animaux n’y obéit en effet à aucune logique. On commencera toutefois par les oiseaux fabuleux traditionnels (caladre et phénix) pour enchaîner avec les « mutants » (sirènes) et terminer avec ceux qui appartiennent à la gent aviaire de manière occasionnelle (griffon et serre).
Les oiseaux fabuleux traditionnels
Le caladre4
4De tous les oiseaux fabuleux, c’est lui dont la description, la symbolique et l’iconographie sont les plus stables. Comme tous les animaux du Physiologus, sa notice est introduite par une référence à un verset biblique où il en est question – en l’occurrence ici, un passage du Deuteronome dans lequel sa chair est présentée comme impure. Malgré cette restriction, et en vertu d’une ambivalence revendiquée comme telle, le caladre apparaît comme un être connoté positivement : il est entièrement blanc, il fréquente les palais des rois et guérit de la cécité. En outre, il lui est attribué une attitude prophétique et thérapeutique qui lui permet d’apparaître comme un symbole christique, comme d’ailleurs son apparence immaculée5. Ainsi, en présence d’un malade curable, le caladre absorbe sa maladie en le regardant, puis la consume aux rayons du soleil… à l’instar du Christ qui se charge des infirmités des hommes et expie leurs péchés sur la Croix. Par contre, le fait qu’il se détourne du malade incurable ne fait l’objet d’aucune allégorisation. Comme Arnaud Zucker auquel nous renvoyons, l’a bien montré, les variantes textuelles sont minimes même si l’on observe des divergences en ce qui concerne son identification et la manière dont il guérit de la cécité. Seul, Richard de Fournival, dans son Bestiaire d’amour, renouvelle complètement la symbolique attachée à l’oiseau en l’associant d’abord à la vue, dans une évocation des cinq sens, puis en le comparant à la femme qui détourne le visage de son amant malheureux et signifie par ce geste sa mort annoncée6.
5Bien que la couleur blanche du caladre ainsi que ses propriétés prophétiques soient systématiquement mentionnées dans la notice que les encyclopédistes consacrent au caladre7, l’allégorie christique traditionnelle disparaît presque complètement – comme d’ailleurs l’allégorèse, en général8. Ainsi le rapport au Christ n’est-il établi que dans le De Bestiis9 et dans une des notes marginales présentes dans les plus anciens manuscrits du De proprietatibus rerum de Barthélemy l’Anglais (Nota de innocentia Christi)10. Si donc, par ce biais, nos encyclopédistes se démarquent nettement du Physiologus, ils se montrent par contre accueillants à d’autres traditions. Ainsi Thomas de Cantimpré incorporet-il deux références puisées dans l’Historia orientalis de Jacques de Vitry11 – cité Iacobus – son contemporain12. Il reprend d’abord l’allusion à la croyance selon laquelle Alexandre le Grand trouva de tels oiseaux en Perse, puis celle qui imputait à saint Brandan leur découverte, dans un arbre « élevé et très beau »13 : Has aves Alexander fertur invenisse in Perside. De hiis igitur avibus et de hiis similiter, quas beatus Brendanus inquadam excelsa et pulcherrima arbore invenit, quarum una respondit ei, quod essent spiritus penitentiam suam in speciebus volucrum ibidem facientes… La référence à des esprits expiant leur faute sous l’apparence d’oiseaux, renvoie effectivement à la Navigatio Sancti Brendani et à ses différentes versions en langues vernaculaires14. À l’évidence, c’est leur extrême blancheur (… avibus candissimis) qui a suscité chez Jacques de Vitry, ou chez sa source, leur identification aux caladres15. Pour ce qui est de leur relation avec Alexandre, il en est question dans l’Historia de preliis, et dans sa traduction le Roman d’Alexandre en prose16. Il est par ailleurs piquant de constater que Thomas a non seulement utilisé son contemporain comme source d’informations mais qu’il lui a également repris – à peu près mot pour mot – la conclusion de sa notice : … utrum verum sit an impossibile, presenti lectori relinquimus iudicandum. Cette assertion particulièrement sceptique explique sans doute pourquoi Albert le Grand n’intégra pas la référence à saint Brandan, attestée dans son modèle, mais reprit, sans la mettre en doute, celle à Alexandre17. Il en est de même chez Vincent de Beauvais18. Par contre, les allusions à saint Brandan et à Alexandre ont disparu, l’une comme l’autre, chez Barthélemy l’Anglais et chez Brunet Latin. Au niveau des sources, on notera encore la référence à Aristote, implicite chez Barthélemy l’Anglais (secundum philosophum)19, explicite chez Jean Corbechon (« selon Aristote »)20, à propos de l’apparence immaculée de l’oiseau et sa capacité à guérir la « chaleur des yeux ». Cité en début de chapitre, le stagirite donne ainsi l’impression de cautionner d’autres informations qui lui sont pourtant totalement étrangères. Vincent de Beauvais s’y réfère aussi, mais dans le corps du chapitre.
6Si l’on s’intéresse maintenant aux représentations du caladre dans les Physiologi et dans les Bestiaires, on constate qu’elles varient peu. Pour Xénia Muratova, il n’est pas exclu que cet invariant iconographique « remonte à l’époque de la formation du cycle illustratif du Physiologus »21. Généralement, elles comprennent une miniature, voire deux, où le caladre, posé sur le lit du malade, le regarde ou au contraire, s’en détourne. Parfois aussi – dans les cas des Bestiaires Cambridge, Univ. Libr., ms. Ii.4.26, f. 33v et Londres, Brit. Lib., Egerton, ms. 613, f. 34, par exemple – ce sont deux caladres, dans des positions opposées, qui apparaissent à ses côtés. Ainsi les propriétés prophétiques de l’oiseau sont-elles synthétisées en une seule et même image. Seule l’illustration du Physiologus de Bruxelles, qui date de la deuxième moitié du xe siècle, présente à la fois des détails non attestés ailleurs, des légendes explicatives et une mise en image de l’allégorie christique, au sein de deux registres différents. C’est ainsi qu’en bas du f. 142v sont figurées successivement la scène de capture de l’animal « dans le palais du roi », couronné de deux tours et surmonté d’un fronton sculpté (Ubi caladrius comprehenditur in domui regum), et celle où le caladre détourne son regard d’un malade incurable (Ubi calidrius evertit oculos suos ab infirmo), sous le regard attéré des siens. En haut du feuillet suivant (fig. 1, p. 302), on voit cette fois le caladre regardant le malade de face et consumant ses miasmes à la chaleur du soleil (Ubi caladrius aspicit egrum et sanatur, et portans infirmitatem suam a radio solis). Puis vient l’interprétation spirituelle, avec le Christ, les deux bras ouverts et tendus, qui porte les infirmités des hommes (Ipse tulit iniquitates nostras).
Le phénix
7En faisant de la mort et de l’autorégénération du phénix une image de la résurrection du Christ, le « Physiologue » n’a fait que christianiser un mythe attesté depuis bien longtemps en Grèce et à Rome22 : celui de l’oiseau qui renaît de ses cendres. Il n’était pas le premier à le faire, à vrai dire, puisque plusieurs Pères de l’Église grecque et latine l’avaient déjà devancé sur ce point23. Mais à notre connaissance, c’est dans le Physiologus qu’on trouve la plus ancienne association symbolique du phénix à la résurrection du Christ plutôt qu’à celle des morts. On notera, à cet égard, que la nouvelle interprétation n’oblitéra pas l’ancienne. En effet, elle apparaît chez Raban Maur24, dans le De Bestiis du Pseudo-Hugues qui s’y réfère25 et dans l’Aviarium d’Hugues de Fouilloy qui le cite aussi26. La légende qui accompagne l’image du phénix dans divers manuscrits du dernier texte cité « La résurrection du phénix est l’espoir de la résurrection future » est on ne peut plus significative à cet égard27, comme l’est également l’explication que Vincent de Beauvais donne de cette allégorie : Doceat ergo nos haec avis exemplo resurrectionem credere, quae sine exemplo et sine rationis praeceptione sibi insignia resurrectionis instaurat28. Il n’en reste pas moins que la symbolique christique prévalut dans les différentes versions du Physiologus29 et dans tous les autres bestiaires “moralisés”30 ». À cet égard, Jean Maurice s’interroge sur les raisons de l’absence du Phénix dans le Bestiaire d’Amour, et croit pouvoir l’expliquer par une contamination du motif de la résurrection par celui du sommeil et par celui de la capture, et aussi « parce que, dans la tradition à laquelle appartient son modèle, l’oiseau symbolise très clairement une renaissance à prendre au sens propre31.
8C’est sans doute pour cette raison aussi que les passages consacrés au phénix, dans les encyclopédies au sens large, sont essentiellement descriptifs, à l’exception notable du De natura rerum. En effet, de manière inattendue, Thomas de Cantimpré consacre tout un paragraphe à la moralisation (Item de fenice moraliter) tout en s’écartant de l’interprétation symbolique traditionnelle32. Ainsi, commence-t-il par comparer les caractéristiques du phénix aux vertus de l’âme sainte suivant une interprétation anagogique rare dans ce contexte33, avant de poursuivre avec des interprétations allégoriques originales34 basées, chaque fois, sur une particularité physique de l’oiseau : son envergure d’aigle, la beauté de sa tête, sa gorge ornée d’aigrettes, la couleur dorée de son cou et celle poupre, du reste de son corps35. Pour le reste, les encyclopédistes font écho à la palingénésie du phénix en des termes proches de ceux qui sont utilisés dans le Physiologus et les Bestiaires, tout en se référant à d’autres sources : Solin, Isidore, Ambroise et Haimon, mais aussi Jacques de Vitry, pour Thomas de Cantimpré ; Platon, chez Albert le Grand36 ; Isidore, le « philosophe » et Ambroise, chez Barthélemy l’Anglais37 ; Isidore, Ambroise, Solin, Pline et le De natura rerum, chez Vincent de Beauvais38. La citation attribuée à Platon, chez Albert le Grand, … et sicut dicit Plato « non sunt a nobis calumnianda quae libris sacrorum delubrorum conscripta referuntur. », est particulièrement interpellante car elle ne correspond à rien de connu. Sans qu’on puisse outrement s’en étonner, elle ne figure dans aucun texte ultérieur. On notera aussi, après des généralités communes à la plupart de nos auteurs, la présence originale de deux très longues citations de poètes latins dans le De naturis rerum d’Alexandre Neckam39 : d’abord onze vers provenant des Métamorphoses d’Ovide (Met., 15, vers 392 sq.), ensuite cinquantre trois vers cités d’après le De Phoenice de Claudien (Phoenix, vers 1-31 ; 36-37 ; 39-47 ; 57-60 ; 65-71), qui en contient à peu près le double40.
9On notera aussi la tendance, bien marquée dans le genre encyclopédique, à traiter du phénix à deux endroits distincts – dans le chapitre réservé aux oiseaux, et dans celui consacré à l’« Orient ». Ou à en réserver l’évocation à la partie réservée à la Fenicie ou à l’Arabie avec laquelle l’oiseau est associé depuis Isidore et Ambroise41. La plus ancienne attestation de ce parti s’observe déjà dans le Liber Floridus, de Lambert de Saint-Omer, écrit au xiie siècle qui évoque brièvement le phénix dans son chapitre sur l’Arabie (fol. 50 v), avant d’en décrire la nature dans celui qu’il occupe dans la partie réservée aux animaux. Brunet Latin (Trésor 1, 122, 6) adopte un parti identique, et utilise même un système de renvoi. Ainsi écrit-il, à propos de l’Arabie : « Dans ce pays où poussent l’encens, la myrrhe et la cannelle et [vit] un oiseau appelé phénix, dont il n’existe qu’un specimen dans tout le monde, selon ce que nous trouverons ci-avant dans le livre des oiseaux »42. Quant aux textes où il figure uniquement dans un contexte géographique, on retiendra La Mappemonde de Pierre de Beauvais43 et L’Image du monde de Maître Gossuin. Dans le premier cas, le phénix à propos duquel il est quand même précisé qu’il n’en existe qu’un, est seulement cité pour expliquer le toponyme Fenice :
[697] Damas est ileuc asés pres
Et Antïoche siest après.
La est Comagene et Fenice,
Chaucune de ces deus est riche.
Voirs est qu’en celle terre la
Un oisel seulement i a,
Fenix a non, si la contree
[704] De son nom Fenice est nomee.
(éd. A. Angremy, p. 479-480)
10Par contre chez Gossuin de Metz44 les considérations étymologiques sont suivies d’une description du physique avantageux du phénix et de ses propriétés, inspirée de l’Historia orientalis de Jacques de Vitry45. Par ailleurs, Gossuin apparaît tiraillé entre la tradition qui situe le berceau du phénix en Arabie, dans le sillage d’Isidore et d’Ambroise, et celle qui le localise aux Indes, dans celui du Physiologus. C’est ainsi qu’il parle de notre oiseau à la suite de son évocation de la « terre… Arrabe » mais au sein d’un chapitre intitulé « Des contrées d’Ynde ». Ce parti résulte, dans ce cas, d’un choix personnel, Jacques de Vitry s’étant borné à situer le phénix in partibus orientis, dans un chapitre consacré aux oiseaux et aux poissons. On notera encore avec intérêt que le remanieur de la version longue du bestiaire attribué autrefois à Pierre de Beauvais, et qui s’inspira de L’Image du Monde pour le chapitre du phénix46, opta exclusivement pour l’« Ynde » au détriment de l’Arabie, dans la plus pure tradition des Bestiaires.
11Comme c’est le cas au niveau des textes, la mort et l’autorégénération du phénix occupent toujours une place prépondérante au sein de l’illustration des manuscrits47. C’est ainsi que celle-ci comporte au moins la scène d’autocombustion (fig. 2, p. 303), accompagnée parfois avec celle de la renaissance de l’oiseau. Il arrive également que ce dernier soit représenté perché sur une branche, ou en train de picorer les fruits d’un arbre qui évoquent symboliquement les aromates dont il emplit ses ailes. C’est cette scène couplée avec celle du bûcher, qui apparaît sur l’une des pages d’un cahier de modèles réalisé vraisemblablement peu après 1200, dans l’abbaye cistercienne de Rein (Autriche)48. Seuls le Bruxellensis 10074, f. 145, pour le haut Moyen Âge et le Parisinus fr. 14969, f. 14v, pour le bas Moyen Âge, présentent une illustration plus complexe. Dans le premier cas, l’oiseau apparaît d’abord perché sur une branche (Phonix-Cedrus Libani), sur la gauche. Au milieu est figuré le prêtre d’Héliopolis s’approchant du phénix nouveau (Ubi sacerdos invenit renovatam aviculam super aram templi). Pour ce qui est du dessin de droite, on y reconnaît le Christ tenant dans la main gauche un rouleau, face à un groupe d’hommes (Ubi dominus dicit « Non veni solvere legem sed adimplere »). À l’évidence ce sont les Juifs évoqués dans le texte, qui n’ont pas voulu reconnaître en Lui le Nouveau phénix dont les ailes sont « l’Ancien et le Nouveau Testament ». Dans le manuscrit le plus récent – un exemplaire du Bestiaire de Guillaume le Clerc de Normandie, réalisé dans le nord de la France au xiiie siècle – la scène de combustion à laquelle assiste un moine tonsuré – est peinte dans le bas du feuillet, alors que la mise en image de l’allégorie se déploie dans un tableau de plus grande dimension, dans le registre supérieur. C’est à ce niveau que sont représentées, de manière explicite ou plus allusive, plusieurs scènes centrées sur la mort et la Résurrection du Christ : la Crucifixion, la Descente aux Limbes, son combat contre le Léviathan, la Résurrection et l’Ascension. Le fait que la Croix soit posée sur un autel vers lequel se dirige une troupe de moines, et que la forme de son tombeau s’y apparente également renvoie parallèlement au sacrifice eucharistique en tant que commémoration symbolique de sa résurrection (fig. 3, p. 304). Curieusement, l’illustration du chapitre consacré au phénix dans le Physiologus grec de Smyrne, réalisé au xie siècle, et aujourd’hui détruit, présentait un ajout totalement extérieur aux schèmes de base. Ainsi la scène d’autocombustion jouxtait-elle la représentation de statues d’idoles en arme sur des colonnes (fig. 4, p. 304). Cette présence, à première vue incongrue, s’explique par référence à l’évangile apocryphe du Pseudo-Matthieu et par rapport à l’endroit précis – Héliopolis – où la régénération du phénix était sensée se dérouler. On y lit en effet, au chapitre 23, que l’arrivée de la Sainte famille en ce lieu, lors de la Fuite en Égypte, entraîna la chute des 365 idoles de son temple. Mais il s’agit d’un cas isolé. En tout état de cause, l’évocation de ce miracle dans l’illustration d’un Physiologus, fait écho au symbolisme christologique du phénix qui est développé dans le texte, tout en le renforçant encore.
Des oiseaux fabuleux mutants. Les sirènes49
12Dans le Physiologus et dans la grande majorité des Bestiaires, les sirènes sont toujours décrites sous leur forme d’origine antique, comme des femmes-oiseaux50. Si donc, en l’occurrence, les sirènes tentatrices s’inscrivent parfaitement dans la catégorie des oiseaux fabuleux, leur cas est néanmoins ambigu car depuis le viiie siècle au plus tard, et sous l’influence de très nombreux facteurs que j’ai analysés ailleurs, de manière approfondie51, une autre morphologie s’est imposée comme alternative à celle de femme-oiseau : celle de femme-poisson. C’est ainsi qu’on constate une contradiction stupéfiante entre texte et image dans le Physiologus carolingien dit de Berne, réalisé vers 830, où une sirène-poisson sert d’illustration à un texte où il est explicitement question de sirène-oiseau52 ! Et ce hiatus n’est pas l’apanage du haut Moyen Âge : un certain nombre de sirènes décrites sous forme de femmes-poissons se retrouvent paradoxalement décrites et figurées dans la partie consacrée aux oiseaux, dans des exemplaires tardifs où les différents animaux sont regroupés par classes. Il n’en reste pas moins que, même dissociées de la sphère du Physiologus, certaines sirènes continuent à être évoquées sous forme d’oiseaux. C’est même ce trait qui justifie leur insertion dans leur catégorie, à l’égal de celle des monstres, comme on le lit dans l’Historia orientalis de Jacques de Vitry, et dans la traduction en ancien français qui en a été tirée53.
13Comme on pouvait s’y attendre, quelques occurences de l’alternative femme-oiseau/femme-poisson sont attestées dans le texte54 comme dans l’illustration de Bestiaires au sens strict et apparentés. C’est notamment le cas d’une miniature du très bel exemplaire de l’Arsenal55, exécuté vers 1268 en Artois, où l’image reflète fidèlement le texte du Pseudo-Pierre de Beauvais, qui évoque curieusement deux sirènes-poissons pour une sirène-oiseau. Acceptée comme telle, cette alternative formelle semble avoir favorisé l’émergence d’une iconographie originale où les sirènes sont à la fois oiseaux et poissons comme en atteste notamment illustration de plusieurs Bestiaires anglais de la fin du xiie siècle (fig. 5, p. 304) dont le texte reste par ailleurs fidèle à l’ancienne tradition : a capite usque ad umbilicum figuram hominum… usque ad pedes volatilis habet. Mais il existe aussi parallèlement des témoignages textuels où il est question de ce type de morphologie. Ainsi, dans le Bestiaire de Philippe de Thaon, on lit avec un certain étonnement que la sirène possède à la fois des « pieds de faucon et une queue de poisson »56 ! Et chez Brunet latin, qu’« en aval, elle ressemble à un poisson », mais qu’elle possède aussi « des ailes et des griffes »57. Il est vrai que ces eles et ongles étaient nécessaires comme support de l’allégorie : si les sirènes en sont pourvues, c’est que « l’Amour vole et blesse » écrit-il, dans la tradition d’Isidore de Séville58. Le même emprunt prit même un tour très antiféministe dans les deux versions du Bestiaire de Pierre de Beauvais chez qui les eles de la seraine sont présentées comme une métaphore de l’inconstance féminine : ce est l’amor de la feme qui tost va et vient59 ». Cette allégorisation figure encore chez Thomas de Cantimpré qui, par ailleurs, juxtapose diverses traditions contradictoires parfois interpolées auxquelles s’ajoute le témoignage de témoins visuels : Hoc testati sunt illi, qui eas se vidisse professi sunt. Mais la notice se termine quand même par une prise de position personnelle : Unde in veritate credimus monstra esse maris… mais des monstres marins qui ont quand même quelque chose en commun avec les oiseaux dans la mesure où leur chant, fait de sons inarticulés, est proche du gazouillis : Cantus vero non articulatus credendus est, ut per sillabas et vocabula distinguatur, sed utique indistinctus articulis sicut cantus avium60. On ne retrouve rien de tel chez Albert le Grand qui est toutefois le seul à prêter à des sirènes à la fois -poissons et -oiseaux, une fonction maternelle61. À noter que ce dernier prend néanmoins ses distances vis-à-vis de ces « fables » en les attribuant à des « poètes » (fabula poetarum). Quoi qu’il en soit, tant pour Thomas de Cantimpré que pour Albert le Grand, les sirènes apparaissent dans la catégorie des animaux aquatiques, de même que chez Barthélemy l’Anglais et Vincent de Beauvais qui relève toutefois le caractère contradictoire des deux traditions62.
Des oiseaux fabuleux par intermittence
Le griffon
14Le griffon, lui aussi, fut parfois considéré comme un oiseau. C’est d’ailleurs la nature qui lui fut attribuée ab origine dans la deuxième rédaction du Physiologus grec où il apparaît même comme la synthèse de divers oiseaux63. Ainsi absorbe-t-il les natures du vautour, de l’aigle, du faucon et du phénix64. Gigantesque, il apparaît dans toute sa splendeur, en train de capter dans ses ailes les rayons du soleil levant pour éviter que la terre habitée ne soit totalement brûlée. De manière assez inattendue, ce sont la Vierge et l’archange Michel qui sont assimilés au griffon dans l’interprétation spirituelle : à eux deux, proclame le Physiologue, ils captent l’incandescence du soleil – c’est-à-dire la colère de Dieu – qui pourrait brûler le monde.
15Comme on l’a déjà rapidement mentionné, le chapitre sur le griffon est totalement absent des plus anciennes traductions latines du Physiologus65. Il réapparaît seulement dans le texte et dans l’illustration de certains Bestiaires dépendant de la version B-Is – une version amplifiée d’extraits des Étymologies d’Isidore de Séville – et dans quelques autres bestiaires de la fin du xiie et du xiiie siècle66. Ce hiatus peut en partie s’expliquer par le caractère sans doute tardif de la deuxième rédaction – Francesco Sbordone l’assigne au ve siècle, mais Ben Edwin Perry au xie67 – et à sa diffusion plus limitée. Il n’en reste pas moins que le griffon est étrangement absent du texte d’autres bestiaires qui incorporent pourtant sa matière en tout ou en partie. On peut donc s’interroger sur les causes de cette absence relative. Parmi les éléments d’explication, on peut sans doute avancer le développement parallèle d’un autre symbolisme chrétien, funéraire celui-là, héritier d’une longue tradition d’origine orientale et qui était associé à des griffons conçus comme des quadrupèdes ailés68. Ce symbolisme fut à ce point répandu dans l’Occident chrétien qu’il contribua peut-être au rejet de celui – si différent – qui était attesté dans la rédaction précitée du Physiologus grec. Cette hypothèse aurait en tout cas le mérite de rendre compte d’un phénomène qui ne peut uniquement s’expliquer par des particularités de stemma.
16Sans doute n’est-ce pas un hasard non plus si la réinsertion de nos griffons dans les Bestiaires coïncide avec un moment où leurs connotations funéraires se sont totalement estompées au profit d’une imagerie merveilleuse développée dans d’autres sphères. Héritière elle aussi d’une très longue tradition qui les localisait soit dans le nord de l’Europe, soit en Inde, ses jalons principaux méritent d’être rappelés pour comprendre leur assimilation respective dans la littérature didactique et encyclopédique. De ce point de vue, c’est la tradition véhiculée par Isidore de Séville (Etym. XII, 17), qui présentait les griffons comme des quadrupèdes ailés, et les localisait dans les « Monts hyperboréens », qui connut la plus grande diffusion. C’est cette tradition qui est attestée dans la plupart des bestiaires tardifs. C’est également elle qu’ont adoptée la plupart des auteurs médiévaux dont certains, comme Raban Maur (De naturis rerum, 22 ; 8), le Pseudo-Hugues de Saint-Victor (De bestiis, 3, 58), Lambert de Saint-Omer et Thomas de Cantimpré (De natura rerum, 5, 52) notèrent en outre qu’ils étaient originaires de Scythie. La seconde tradition, dans laquelle les griffons apparaissent comme des oiseaux, est attestée chez saint Jérôme (Lettre 125, 3), dans la Lettre d’Alexandre à Aristote et dans différentes versions du Roman d’Alexandre69, et dans la version longue du Bestiaire autrefois attribué à Pierre de Beauvais (Bestiaire, 38). Mais on constate que plusieurs descriptions sont composites. Ainsi les passages consacrés au griffon dans le Liber Floridus (f. 58v) et dans L’Image du Monde de Maître Gossuin présentent une synthèse des deux traditions dans la mesure où l’animal est présenté comme un oiseau, mais décrit comme un quadrupède à corps de lion. Ainsi, chez Lambert de Saint-Omer, il est rangé dans la catégorie des oiseaux (Aves)70. Dans l’Image du Monde, il ne l’est pas de manière expresse, mais la capacité qui lui est attribuée à emporter dans les airs un homme tout armé ainsi que son cheval, le désigne comme tel71. De manière voisine, Thomas de Cantimpré qui intitule suggestivement sa notice De griphis semiavibus, mêle les traditions en se référant explicitement à Pline, à la Glose du Livre de l’Exode et aussi à Jacques de Vitry chez qui les griffons sont uniquement présentés comme d’immenses et cruels oiseaux72. Quant à Albert le Grand qui pourtant exprime d’emblée son scepticisme : « Que les griffons soient des oiseaux relève davantage des “hystoires” que des constats des philosophes ou des preuves de la physique (rationes physicae) » – il relaye Isidore, rajoute des détails inédits et reprend à son compte la croyance – associée à la tradition localisant les griffons en Inde – selon laquelle ils pouvaient voler avec un bœuf, serré entre leurs griffes. On notera à cet égard que ceux-ci sont souvent représentés avec un quadrupède entre les griffes, dans l’illustration de plusieurs Bestiaires anglais (fig. 6, p. 305) alors que le texte se situe fidèlement dans le sillage de l’autre tradition – celle donc où nos hybrides participent de la nature du lion et vivent dans le Nord. Ces traditions divergentes se retrouvent juxtaposées chez Barthélemy l’Anglais et Vincent de Beauvais de manière assez semblable, mais curieusement, elles sont attribuées à des auctoritates différentes. On notera enfin qu’Alexandre Neckam, qui place la notice sur les griffons dans son chapitre sur les oiseaux, se garde bien de les décrire et de les situer géographiquement73.
La serre
17Contrairement à la sirène et au griffon qui furent, ab origine, considérés comme des oiseaux, la serre ne le fut que tardivement et occasionnellement sur base d’assertions qui suggèrent une certaine parenté avec ceux-ci. C’est que le Physiologus la présentait comme une bête de mer qui poursuit les bateaux en se mettant à « voler », à « faire voile » pour reprendre le terme (velificare) qui est souvent utilisé dans les textes74. C’est ainsi que son déplacement dans les airs finit par induire la présence d’ailes qui, plus que jamais, apparaissent comme des contreparties de nageoires75. Ainsi, dans le Physiologus carolingien dit de Berne (f. 18 v), il est question d’un « poisson » (piscis) comportant des ailes – alas – et dans celui de Bruxelles (f. 142), de même que dans le De Bestiis76, d’une « bête dans la mer » (belua in mare) dotée de « plumes » (pennas) « immenses » (immanes). Cet animal à la nature particulièrement instable fut même parfois présenté comme un authentique oiseau. Ainsi, dans son Bestiaire, v.1105-1106, Gervaise décrit la serre comme un « oiseax » « qui unes longues pennes ha », même s’il la situe traditionnellement « dedenz la mer »77. Et il existe un certain nombre de miniatures78 où l’ornitomorphisme est assez fortement accentué79 (fig. 7, p. 305). À noter que Thomas de Cantimpré et Albert le Grand n’ont fait que reprendre ce qui avait déjà été dit au sujet de la serre, et l’ont résolument classée parmi les animaux aquatiques. On leur doit toutefois d’avoir mis fin à une ambiguïté véhiculée au cours des siècles qui mêlait à sa nature celle du poisson-scie. À partir de nos encyclopédistes, il y eut donc deux serres – celle dont nous nous sommes déjà entretenus, et celle, munie d’un rostre redoutable qui est présentée comme appartenant à une autre espèce.
18On le voit, les traditions et les influences ont interagi dans tous les sens pour faire de nos drôles d’oiseaux des lieux de rencontres insolites et des paradigmes de l’ambigu. Même le style des peintures renforce parfois ce statut en leur conférant un air bien réel. Ainsi, maints vieux phénix préludant à leur régénération présentent des traits fatigués ! C’est sans doute l’une des nombreuses causes qui expliquent que les encyclopédistes ont fait état, quasi sans discontinuité, de ces animaux fabuleux, malgré le renouvellement des sciences zoologiques sous l’influence du De animalium d’Aristote et leur tentative de se distancier des « fables des poètes ». En effet, on ne ressent nulle part mieux que chez eux, le conflit non encore résolu entre approche rationalisante de type naturaliste et goût du merveilleux. Il n’en reste pas moins que nous avons quand même mis en évidence quelques assertions sceptiques chez Jacques de Vitry, Thomas de Cantimpré et surtout chez Albert le Grand. Curieusement, leurs successeurs – particulièrement Barthélemy l’Anglais et Vincent de Beauvais – n’exprimeront plus de doute concernant la réalité de nos drôles d’oiseaux, comme si leur devoir d’exhaustivité les dispensaient d’esprit critique. À cet égard, on leur doit autant d’avoir contribué à relayer leur fabuleuse histoire jusqu’à l’époque moderne que d’avoir encore renforcé leur ambiguïté en juxtaposant, plus que jamais, des traditions souvent contradictoires. Pour ce qui est de l’illustration du Physiologus et des Bestiaires, elle renvoie rarement aux interprétations allégoriques et/ou morales associées à nos drôles d’oiseaux, même si, on l’a vu, il existe de très intéressantes exceptions. Comme on pouvait s’y attendre, celle des encyclopédies sera uniquement descriptive, avant de devenir allusive quand les artistes auront opéré des regroupements d’oiseaux au sein d’un même tableau. Cette tendance mettra un terme à la représentation des oiseaux fabuleux, les scènes ne comportant plus désormais que des animaux bien réels dans des paysages familiers80.
Notes de bas de page
1 Sur les différentes éditions grecques et latines du Physiologus et ses traductions, voir principalement A. Zucker, Physiologos. Le bestiaire des bestiaires, Grenoble, J. Millon, 2004 ainsi que N. Henkel Studien zum Physiologus im Mittelalter, Tübingen, Niemeyer, 1976 (bibliographie).
2 Sur les bestiaires écrits soit en latin soit en langues vernaculaires, voir F. Mc Culloch, Medieval Latin and French Bestiaries, Chapel Hill, The University of North Carolina Press, 1960 et W. B. Clark, A Medieval Book of Beasts: the second-family Bestiary. Commentary, art, text and translation, Woodbridge, Boydell, 2006. On se référera aussi avec profit à Beasts and Birds of the Middle Ages. The Bestiary and its Legacy, éd. W. B. Clark et M. T. McMunn, Philadelphie, University of Pennsylvania, 1989 et à Bestiaires médiévaux. Nouvelles perspectives sur les manuscrits et les traditions textuelles, éd. B. Van den Abeele, Louvain-la-Neuve, Institut d’Études médiévales, 2005 (Textes, Études, Congrès, 21). Les deux derniers ouvrages cités sont accompagnés d’une très importante bibliographie cumulative spécialisée.
3 Voir essentiellement les travaux de X. Muratova, pour tout ce qui concerne les manuscrits et leur illustration, et notamment « Problèmes de l’origine et des sources des cycles d’illustrations des manuscrits des bestiaires », Épopée animale, Fable, Fabliau, Paris, 1984, p. 383-400 ; « I manoscritti miniati del Bestiario medievale : origine, formazione e sviluppo dei cicli di illustrazioni. I Bestiari miniati in Inghilterra nei secoli xii-xiv » ; L’uomo di fronte al mondo animale nell’alto medioevo, Spolète, Centro italiano di studi sull’alto medioevo, 1985, p. 13201321, et fig. 2 (Settimane di studio del « CISAM », 31) ; « Aspects de la transmission textuelle et picturale des manuscrits des Bestiaires anglais à la fin du xiie et au début du xiiie siècle », Comprendre et maîtriser la nature au Moyen Âge. Mélanges d’Histoire des sciences offerts à Guy Beaujouan, Paris, 1994, p. 579-603. Se référer aussi à plusieurs études particulières dans Beasts and Birds of the Middle Ages... et Bestiaires médiévaux… cités à la note 2.
4 Voir A. Zucker, op. cit., p. 63-66; N. Henkel, op. cit., p. 201-202 et Fl. McCulloch, op. cit., p. 99-101. Voir aussi G. C. Druce, « The Caladrius and its Legend, Sculptured upon the twelfth-century Doorway of Alne Church, Yorkshire », The Archaeological Journal, 69, 1912, p. 380-415.
5 Celle-ci est à la base d’une allégorisation dans le Physiologus et dans certains Bestiaires. Significativement, la légende qui accompagne l’image du caladre dans divers manuscrits de l’Aviarium d’Hugues de Fouilloy, consiste-t-elle en ces mots : « La blancheur de ce caladre est la candeur du Christ ». Voir R. Cordonnier, « Haec pertica est regula. Texte, image et mise en page dans l’Aviarium d’Hugues de Fouilloy », Bestiaires médiévaux…, op. cit. à la note 2, p. 99 et fig. 20.
6 Éd. C. Segre, Milan-Naples, R. Ricciardi, 1957, p. 28-29 : Et ceste desesperance si est selonc la nature de la carandre. C’est uns oiseaus ke quant on le porte devant.i. malade, s’il regarde le malade droit enmi le vis c’est signes ke li malades garira, et s’il se torne d’autre part k’il ne le voille regarder, on juge k’il covient le malade morir. Et pour chu me samble il, bele tredouce amie, ke puis ke il vous poise ke jou onques vous proiai et ke volentiers eüsiés amee m’acointance et ke volentiers m’eüsiés tenu compangnie, por ke jou ne parlasse de chu dont j’estoie malades, ke vous n’eüstes onques talent de moi regarder, malade, enmi le vis. Dont me doit on jugier por mort…
7 À noter qu’il n’est pas question du caladre dans l’Imago mundi d’Honorius Augustodunensis, ni dans le De naturis rerum d’Alexandre Neckam, ni dans L’Image du monde de Maître Gossuin, comme c’était déjà le cas dans les Etymologiae d’Isidore de Séville.
8 Voir cependant à ce sujet, l’exposé tout en nuances de B. Van den Abeele, « L’allégorie animaledans les encyclopédies latines du Moyen Âge », (dirs) J. Berlioz et A. Polo de Beaulieu, L’Animal exemplaire au Moyen Âge, Rennes, PUR, 1999, p. 124-130.
9 De Bestiis (PL, 177, 1854, 1, 48, col. 48). À noter que l’allégorie christique est suivie par une moralisation.
10 Voir B. Van den Abeele, « Simbolismo sui margini. Le moralizzazioni del De proprietatibus rerum di Bartolomeo Anglico », Simbolismo animale e Letteratura (éd. D. Faraci), Manziana, Vecchiarelli, 2003, p. 159-183, annexe 2 (§ 22. De Kaladria).
11 Jacques de Vitry, Historia orientalis, 90 (éd. D. F. Moschus, Douai, Balthazar Bellerus, 1597, p. 192). Tr. en ancien français, 88, 23-27 (éd. Cl. Buridant, Paris, Klincksieck, 1986, p. 148).
12 Jacques de Vitry a sans doute commencé à écrire cette œuvre dans les années 1219-1221, soit un peu avant le début de la rédaction du Liber de natura rerum qui fut achevé vers 1237-40, mais dont la gestation dura quinze ans. Sur la place qu’occupe Jacques de Vitry dans les sources utilisées par Thomas, et sur les sources en général des encyclopédistes du xiiie siècle, voir l’article très documenté d’I. Draelants, « La science naturelle et ses sources chez Barthélemy l’Anglais et les encyclopédistes contemporains », Bartholomaeus Anglicus, De proprietatibus rerum. Texte latin et réception vernaculaire. Lateinischer Text und volkssprachige Rezeption. Actes du colloque international de Münster, 9-11.10. 2003 (éd. B. Van den Abeele et H. Meyer), Turnhout, Brepols, p. 43-91.
13 Thomas de Cantimpré, Liber de natura rerum, 5, 24 (éd. H. Boese, Berlin-New York, de Gruyter, 1973, p. 187).
14 Pour ce qui est de ce passage, voir la Navigatio Sancti Brendani, 11 (éd. C. Selmer, Notre Dame (Indiana), University Press, 1959, p. 22-23) et Le Voyage de Saint Brandan par Benedeit (éd. et tr. I. Short, Paris, Union générale d’éditions, c. 1984, p. 50-51).
15 Dans le domaine de la littérature celtique, les autres oiseaux qui parlent sont plutôt colorés, et quand ils sont noirs, cette couleur n’apparaît pas comme un signe distinctif. Ainsi, dans l’Imram Máel Dúin sont-ils « noirs, bruns, tachetés » (éd. et tr. angl. W. Stokes, « The Voyage of Máel Dúin », Revue celtique, 9, 1888, p. 493) et dans celui de l’Húi Corra, « de toutes les couleurs » (éd. et tr. angl. W. Stokes, « The Voyage of the Húi Corra », Revue celtique, 14, 1893, p. 49).
16 Voir Historia de preliis, 122 – recension J2 (éd. A. Hilka, rev. R. Grossmann, Meisenheim-am-Glan, 1977, p. 170 – Beiträge zur klassischen Philologie, 89). On trouvera en face à face le texte latin et la version en prose du xiiie siècle dans Le Roman d’Alexandre en prose (éd. A. Hilka, Halle, Niemayer, 1920, p. 239-240). À noter que le caladre n’est pas expressément nommé dans le texte latin.
17 Albert le Grand, De animalibus, 23, 20 (éd. H. Stadler, Munster, Aschendorff, 1920, p. 1446).
18 Vincent de Beauvais, Speculum naturale, 16, 44 – version trifaria (éd. de Douai, Balthazar Bellerus, 1624, col. 1183 – éd. anast. Graz, 1964-1965). Sur les sources utilisées par cet auteur, voir une fois pour toutes B. Van den Abeele, « Vincent de Beauvais naturaliste : les sources des livres d’animaux du Speculum naturale », Lector et compilator. Vincent de Beauvais, frère prêcheur. Un intellectuel et son milieu au milieu du xiiie siècle (dirs S. Lusignan et M. Paulmier-Foucart, avec la coll. de M.-Ch. Duchenne), Grâne, Créaphis, 1997, p. 127-143 (sous les auspices de Artem CNRS/Université de Nancy 2 et de l’Université de Montréal).
19 Barthélemy l’Anglais, De proprietatibus rerum, 22 (éd. de Francfort, 1601, p. 540 – éd. anast. Francfort, Minerva, 1964). Sur les sources utilisées par cet auteur, voir une fois pour toutes B. Van den Abeele, « Barthélemy l’Anglais et Jean Corbechon : enquête sur le Livre XII, De avibus », Bartholomaeus anglicus, De proprietatibus rerum. Texte latin et réception vernaculaire (éd. B. Van den Abeele-H. Meyer), Turnhout, Brepols, 2005, p. 249-252 (art. complet : p. 245-259).
20 J. Corbechon, Le proprietaire des choses, 23 (éd. P. Farget ; Paris, A. Vérard, peu après 1499).
21 X. Muratova, « Aspects de la transmission textuelle… » op. cit., à la note 3, p. 588.
22 J. Hubaux et M. Leroy, Le Mythe du Phénix dans les littératures grecque et latine, Liège, Université de Liège, 1939 (Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres, t. 82).
23 M. Alexandre, « Bestiaire chrétien : mort, rénovation, résurrection dans le Physiologus », Mort et fécondité dans les mythologies (éd. F. Jouan), Paris, Les Belles Lettres, 1986, p. 121 (art. entier, p. 119-137).
24 Raban Maur, De naturis rerum, 22,6 (PL 111, col. 249).
25 De Bestiis, 1, 49 (PL, 177, 1854, col. 48-49) : Unde Rabanus : « Phoenix, inquit, potest significare resurrectionem justorum, qui aromatibus virtutum collectis restaurationem prioris vigoris post mortem sibi reparant (col. 48c).
26 Hugues de Fouilloy, Aviarium, 54 (éd., tr. et comm. W. B. Clark, Binghamton, New York, State University of New York. Center for Medieval and Early Renaissance Studies, 1992, p. 230234). Curieusement, l’une des deux notes marginales évoquant la résurrection du Christ dans le De proprietatibus rerum, évoque simultanément celle des saints : Nota optimum de resurrectione Christi et sanctorum. Voir B. Van den Abeele, « Simbolismo sui margini… », op. cit., annexe 2 (§14 De fenice).
27 Voir R. Cordonnier, op. cit., p. 99 et fig. 21.
28 Vincent de Beauvais, Speculum naturale, 16, 74 (éd. de Douai, op. cit., col. 1200). Cette allégorisation distincte de celle qu’on trouve dans le Physiologus va dans le sens de ce que dit B. Van den Abeele, « Vincent de Beauvais naturaliste… », op. cit., p. 138 : « Du côté des textes d’intérêt religieux, on note que Vincent évite soigneusement toute interférence des moralisations, ne retenant du Physiologus ou des textes d’Ambroise que les propriétés ou les traits descriptifs, et non l’allégorie qui les motive ».
29 Voir principalement H. Henkel, op. cit., p. 202-203; A. Zucker, op. cit., p. 83-88, Fl. McCulloch, op. cit., p. 158-160 et G. R. Mermier, « The Phoenix: Its nature and Its Place in the Tradition of the Physiologus », Beasts and Birds of the Middle Ages. The Bestiary and its Legacy (éd. W. B. Clark et M. McMunn), Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1989, p. 69-87 qui fait une étude comparative des différentes versions et s’interroge à propos des sources des interpolations.
30 J. Maurice, « L’image du Phénix dans les bestiaires moralisés français des xiie et xiiie siècles », Phénix : mythe(s) et signe(s). Actes du colloque international de Caen (éd. S. Fabrizio-Costa), Berne, P. Lang, c. 2001, p. 105-115.
31 Ibid., p. 111-112.
32 À noter que, comme c’est souvent le cas, l’auteur du De Bestiis, s’écarte lui aussi des interprétations traditionnelles quand il allégorise notamment sur les aromates. Réf. voir n° 25.
33 Ainsi que le note B. Van den Abeele, « L’allégorie animale… », op. cit., p. 135.
34 Ibid., p. 131 : « S’il n’y a guère qu’un tiers des quelque 500 animaux évoqués par Thomas qui fassent l’objet d’une indication allégorisante, il faut noter ici l’originalité de ses choix. Les représentants habituels de la symbolique animale héritée du Physiologus ne sont pas systématiquement commentés… ».
35 Thomas de Cantimpré, De Natura rerum, 5, 45 : Item de fenice moraliter. Fenix Arabie avis est sine pare vivens trecentis et quadraginta annis : animam sanctam signat, qua simpliciter in fide sancte trinitatis et stabilitate quatuor cardinalium virtutum : prudentia, temperantia, iustitia, fortitudine vitam ducit. In magnitudine aquilina sancte contemplationis arduitas designatur ; in pulchritudine capitis mentis munditia, in cristatis faucibus geminus in oratione affectus salutis, scilicet proprie vel aliene ; in collo aureo spei, que ex caritate procedit, tranquillitas ; in postrema parte purpurea Christi in mortificata carne adimpletio passionis (éd. H. Boese, p. 197). Sur la question de l’exemplarité dans les encyclopédies, on lira avec intérêt les conclusions de B. Ribémont, « L’animal comme exemple dans les encyclopédies médiévales : morale et « naturalisme » dans le Livre des propriétés des choses », L’animal exemplaire…, op. cit., p. 191-205.
36 Albert le Grand, De animalibus, 23, 24 (éd. H. Stadler, Munster, Aschendorff, 1920, p. 1493-1494).
37 Barthélemy l’Anglais, De proprietatibus rerum, 14 (éd. de Franfort, op. cit., p. 534).
38 Vincent de Beauvais, Speculum naturale, 16, 74 (éd. de Douai, op. cit., col. 1200).
39 Alexandre Neckam, De naturis rerum, 34-35 (éd. Th. Wright, Londres, Longman, Roberts & Green, 1863, p. 84-87).
40 On eût mieux compris un emprunt au Carmen de Ave Phoenice de Lactance dont Claudien semble lui-même s’être inspiré, eu égard à l’existence d’un poème vieil anglais du ixe siècle, longtemps attribué à Cynewulf, qui le paraphrase, du moins dans sa première partie. Sur ces trois poèmes, voir les pages éclairantes de P. Dronke, Imagination in the late Pagan and early Christian World : The first nine Centuries, Florence, Sismel ed. del galluzzo, 2003, p. 116 sq. (avec bibliog.). Voir aussi A. Goulon, « L’oiseau Phénix de Lactance et ses attaches à l’œuvre apologétique », (éd.) S. Fabrizio-Costa, Phénix : mythe(s) et signe(s), Berne, P. Lang, c. 2001, p. 85-104.
41 Le phénix est associé avec l’Arabie depuis Isidore de Séville (Etym. 12, 7, 22), et Ambroise (Exam. 5, 23, 79), mais pour des raisons différentes.
42 Brunetto Latini, Li Livres dou Tresor, 122 (éd. S. Baldwin et P. Barrette, Tempe, Arizona Center for medieval and Renaissance Studies, 2003, p. 91). La notice consacrée au caladre se trouve au chapitre 162 (ibid., p. 128).
43 Pierre de Beauvais, La Mappemonde, v. 697-704 (éd. A. Angremy, « La Mappemonde de Pierre de Beauvais », Romania, 104, 1983, p. 480). Ce texte du début du xiiie siècle consiste en une brève description du monde, directement traduite en picard de l’Imago mundi d’Honorius Augustodunensis.
44 Gossuin de Metz, L’Image du Monde (version en prose) « Des contrées d’Ynde » (éd. O. H. Prior, Lausanne, Imprimeries réunies, 1913, p. 121-122).
45 Jacques de Vitry, Historia orientalis, 90 (éd. D. F. Moschus, op. cit., p. 190).
46 C. Baker, « De la paternité de la Version Longue du Bestiaire, attribuée à Pierre de Beauvais », Bestiaires médiévaux (op. cit.), p. 1-29 (spéc. p. 3-6), avec renvoi aux travaux de Claudia Rebuffi, p. 4, n°> 7.
47 On trouvera un beau dossier iconographique (uniquement des miniatures) dans D. Hassig, Medieval Bestiaries. Text, Image, ideology, Cambridge, University press, 1995, fig. 68-77 (commentaires p. 72-83).
48 Ms. Vienne, ÖNB, Cod. 507, f. 3r (Abbaye de Rein, c. 1220). Repr. dans Romanik (dir. A. Fingernagel), Graz, Akademische Druck-u. Verlagsanstalt, 2007, p. 289, fig. 90b.
49 Le sujet traité ici l’a déjà été de manière plus approfondie, mais selon une autre approche et dans des limites chronologiques moins larges, dans J. Leclercq-Marx, « La sirène et l’(ono)centaure dans le Physiologus grec et latin et dans quelques Bestiaires. Le texte et l’image », Bestiaires médiévaux, op. cit., p. 169-182, et fig. 51-56.
50 Nous nous permettons de renvoyer, de manière générale à notre ouvrage La Sirène dans la pensée et dans l’art de l’Antiquité et du Moyen Âge Du mythe païen au symbole chrétien, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1997, dans lequel on trouvera par ailleurs toutes reproductions des miniatures évoquées ici. En ce qui concerne deux autres schémas iconographiques non répertoriés dans mes travaux, voir X. Muratova, « Un nouveau manuscrit du Bestiaire d’Amour de Richard de Fournival », Bestiaires médiévaux…, op. cit., p. 275 (art. entier p. 265-281). Voir en outre A. Zucker, op. cit., p. 116-119, N. Henkel, op. cit., p. 173-174 et Fl. McCulloch, op. cit., p. 122-123.
51 J. Leclercq-Marx, La Sirène dans la pensée…, op. cit., § III, « Du viie au xe siècles. Concepts anciens. Formes nouvelles », p. 69-92.
52 Reproduction de la miniature, ibid., p. 71, ill. 38.
53 Jacques de Vitry, Historia orientalis, 90 (éd. Moschus, op. cit., p. 191). Tr. en ancien français : « ... quant selonc la daerrainne partie eles ont forme d’oisiel, et por ce on les conte od les oisiaus, ja soit ce qu’eles soient ausi com moustre » (éd. Cl. Buridant, op. cit., p. 147).
54 Guillaume le Clerc de Normandie, Bestiaire, v. 1058-1059 : « L’altre partie est figuree/Come peisson ou com oisel », selon du moins l’édition de R. Reinsch, Le Bestiaire. Das Thierbuch des normandischen Dichters Guillaume le Clerc, Wiesbaden, M. Sändig, 1967, p. 268 (Réimpr. anast. éd. Leipzig, 1890) ; la version longue du Bestiaire attribuée autrefois à Pierre de Beauvais (éd. et comm. E. Faral, « La queue de poisson des sirènes », Romania, 74, 1953, p. 488 sq.) ; le texte composite du ms Arsenal 394 E, réalisé au xiiie siècle, à l’abbaye de Saint Victor : … extrema vero pars usque ad pedes volatilis vel pisci habet figuram. Mise en contexte et commentaires, ibid., p. 499-500.
55 Reproduction et exemples apparentés, dans J. Leclercq-Marx, La Sirène dans la pensée…, op. cit., p. 97 et ill. 47, et dans ead., « La Sirène et l’(Ono)centaure… », op. cit., fig. 55.
56 Philippe de Thaün, Bestiaire, v. 1365-1368 : « E de femme at faiture / Entresqu’a la ceinture / E les piez de falcun / Ecue de peissun », éd. E. Walberg, Genève, Slatkine, 1970, p. 98 (réimp. anast. éd. Lund-Paris, 1900). Dans l’Image du monde de maître Gossuin (éd. O. H. Prior, op. cit., p. 126-127), l’auteur qui suit aussi cette tradition, conclut philosophiquement : Si dient les uns que ce sont poissons ; les autres dient que ce sont oisiaus qui volent par mer.
57 Brunetto Latini, Li Livres dou Tresor, 136 (éd. S. Baldwin et P. Barrette, op. cit. p. 112-113). …& dit l’istoire que elle avoit eles & ongles por senifiance de l’amor qui fiert & vole (ibid., p. 112).
58 Isidore de Séville, Etymologiae, 11, 3, 31 (éd. W. M. Lindsay, Oxford, Clarendon Press, 1911, Scriptorum classicorum Bibliotheca Oxoniensis). Ladite assertion se retrouve également dans la version B-Is du Physiologus et dans plusieurs bestiaires.
59 D’après le ms. Paris, Arsenal, 3516 (c.1268), suivant l’édition qu’E. Faral a donné de ce passage de la version courte, dans l’article cité n°> 54. À noter qu’en regard (p. 488), figure l’édition du même passage dans la version longue.
60 Thomas de Cantimpré, De natura rerum, 6, 46 (éd. H. Boese, op. cit., p. 246).
61 Albert le Grand, De animalibus, 6, 46 (éd. H. Stadler, op. cit., p. 1546). Sur cette fonction maternelle, attestée dans les textes dès la fin du xie siècle, voir J. Leclercq-Marx, « Du monstreandrocéphale au monstre humanisé. À propos des sirènes et des (ono)centaures, et de leurfamille, dans le haut Moyen Âge et à l’époque romane », Cahiers de Civilisation médiévale, 45, 1, 2002, p. 55-67.
62 Vincent de Beauvais, Speculum naturale, 17, 129 (éd. de Douai, op. cit., col. 1314).
63 Voir A. Zucker, op. cit., p. 264-266.
64 Ibid., p. 265.
65 N. Henkel, op. cit., p. 41, cite uniquement à propos du griffon, sa mention dans un poème figurant au f. 17 du ms. Paris, BnF, lat. 3718 (xiie-xiiie s.). Voir E. Faral, Romania, « Notice sur le manuscrit latin de la Bibliothèque nationale no 3718 », 46, avril-juillet 1920, p. 240 : Membra leonina, caput et facies aquilina,/Bis duo suntque pedes gryfi, pennas aquile des./Est ut equus grandis, necat unguibus ipse nephandis/Viventes homines yperboreos prope fines.
66 Voir Fl. McCulloch, op. cit., p. 122-123.
67 B. E. Perry, C. R. de De Physiologi graeci singulas recensiones in lucem protulit F. Sbordone, Milan, Société « Dante Alighieri », 1936, American Journal of Philology, 58, 4, 1937, p. 494.
68 Succédant aux griffons encadrant et défendant l’urne cinéraire contre les mauvais esprits, les griffons christianisés se muèrent en gardiens du vase sacré, à la fois Source et Fontaine de Vie, garant de la Vie éternelle promise au défunt.
69 Notamment dans l’aventure aérienne d’Alexandre. Sur les griffons dans la littérature épique et romanesque de langue française, se référer principalement aux excellents travaux de C. Gaullier-Bougassas, Fr. Dubost et Ch. Ferlampin-Acher. En ce qui concerne le domaine germanique, voir Cl. Lecouteux, Les monstres dans la littérature allemande du Moyen Âge, Göppingen, Kümmerle Verlag, 1982, II, p. 217-218.
70 Lambert de Saint-Omer, Liber Floridus, f. 58v (voir A. Derolez, Lamberti S. Audomari canonici, Liber Floridus…, Gand, Story Scientia 1967, p. 52 – transcription de la notice – et p. 118 – planche).
71 Éd. O. H. Prior, op. cit., p. 110 (D’Ynde et de ses choses).
72 Jacques de Vitry, Historia orientalis, 90 (éd. D.F. Moschus, op. cit., p. 191). Tr. en ancien français : Griphon sunt.i.oisel tres cruel et dervé sor tous oisiaus, si sunt grant de cors et si fort qu’ils vainquent et ocient les gens armees, définition dont les termes ne sont pas sans rappeler les caractéristiques des griffons qui apparaissent dans La Chanson de Jérusalem. Voir à ce propos la contribution d’Armelle Leclercq au présent volume.
73 Alexandre Neckam, De gripibus, 31 (éd. Th. Wright…, op. cit., p. 83).
74 Voir A. Zucker, op. cit., p. 221-223 ; H. Henkel, op. cit., p. 180-181 et Fl. McCulloch., op. cit., 163-165.
75 A. Zucker, p. : « Les « nageoires » (pterux) des poissons sont en fait, analogiquement selon Aristote, et identiquement d’après la langue grecque, des « ailes » (ptera-pterugia) aquatiques ». Voir aussi la citation liminaire de Basile de Césarée.
76 De Bestiis, 2, 22 (PL 177, 1854, col. 69).
77 Gervaise, Bestiaire, v. 1105-1136 (éd. P. Meyer, « Le Bestiaire de Gervaise », Romania, 1, 1872, p. 440).
78 Sur les représentations de la serre, voir G. C. Druce, « Legend of the Serra or Saw-Fish », Proceeding of the Society of Antiquiaries of London, 2e série, 3, 1918-19, p. 20-35.
79 Outre la miniature ici reproduite, nous renvoyons aussi à celle du Bestiaire de La Ferté (Chalon-sur-Saône, Bibl. Mun. 14, f. 88) reproduite dans W. B. Clark, op. cit., fig. 31a.
80 Voir notamment les petits tableaux peints dans deux manuscrits tardifs du Livre des propriétés des choses, conservés à la Bibliothèque nationale de France, et reproduits dans Bestiaire médiéval : enluminures (dir. M.-H. Tesnière), Paris, Bibliothèque nationale de France, 2005, p. 98, fig. 48 et p. 99, fig. 49. Il reste toutefois à faire l’étude exhaustive des représentations de nos drôles d’oiseaux dans les encyclopédies.
Auteur
Université libre de Bruxelles
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