Au-delà de la reverdie : l’oiseau amant et poète dans la lyrique du Moyen Âge tardif
p. 131-138
Texte intégral
J’entray pour moy deporter
Pleins d’amoureuse maladie,
Et pour oir la melodie
Des oisillons qui ens estoient,
Qui si très doucement chantoient
Que bouche ne le porroit dire :
N’onqs home vivans n’ot tant d’ire
Que s’il peust leur chant oïr
Qu’il ne s’en deust resjoir,
Tant avoit en eulx de deliz.
Et dessus une fleur de lis
Le doulz rossignoles estoit,
Qui renvoisiement chantoit,
Et s’efforçoit si de chanter,
Que pardessus tout le chanter
Des autres oisillons l’oÿ ;
Dont mes cuers moult se resjoy.
Or quant j’eus oÿ le deduit
Des oyseaulz, tout seul, sans conduit,
M’en alay parmi le vergier1…
1Ainsi enivré par le chant printanier des oiseaux chantant par baudour et par envoisure2, le héros lyrique de Guillaume de Machaut pénètre dans le verger paradisiaque afin d’y bercer son chagrin d’amour provoqué par la froideur de sa dame. Dans ce déduit d’oiseaux on devine un topos bien établi depuis les premiers poèmes des troubadours, qui lie le chant mélodieux de l’oiseau au renouveau printanier et à l’éclosion du désir amoureux chez l’homme poète et amant. Selon la définition de Michel Zink, il s’agit d’une véritable « constante des strophes printanières, de la reverdie, de l’incipit printanier sous toutes ses formes et dans tous les contextes »3. Ce topos possède une fonction lyrique bien particulière, devenant une véritable expression de « l’harmonie amoureuse de la nature » :
Les oiseaux ne sont pas un élément parmi d’autres du décor printanier. Ils sont la voix de la nature à laquelle répond la voix du poète, la voix de l’amour, loi de la nature, à laquelle se soumet l’amour du poète. Ils expriment et ils incarnent l’harmonie de la nature, ils transposent cette harmonie dans l’ordre de la musique sensible, perceptible à nos sens. Écouter les oiseaux, c’est percevoir l’harmonie des sphères – manifestant, proprement dans l’ordre de la poésie, le lien entre la belle nature et la nature cosmos4.
2Entendre la joie des oiseaux signifie également se rendre compte de sa propre tristesse, sa maladie amoureuse, son désir – ce désir inassouvi que fait éclore le poème.
3Dans son poème, Guillaume de Machaut propose une double lecture de la notion de déduit d’oiseaux : le plaisir provoqué chez le poète par la musique des oiseaux, émane du plaisir éprouvé par les oiseaux chanteurs eux-mêmes. Or, la voix de l’oiseau, peut-elle être déchiffrée, devenir non seulement symbole d’une émotion, mais aussi véhicule de cette émotion ? En d’autres termes, est-il possible pour un poète médiéval d’assimiler l’oiseau chanteur à l’amant, au poète ? On trouve quelques éléments de ce déchiffrage dans le Roman de la Rose où le narrateur perçoit les oiseaux en tant que ménestrels ou poètes courtois :
Grant servisse douz et plesant
Aloient li oissel menant :
Lais d’amors et sonez cortois
Chantoient en leur servantois,
Li uns en haut, li autres en bas.
D’itel chant, n’estoit mie gas,
La douçors et la melodie
Me mist el cuer grant reverdie5.
4Ce motif sera repris par Charles d’Orléans dans l’un de ses rondeaux les plus célèbres :
Lez oiseaus deviennent danseurs
Dessuz mainte branche flourie,
Et font joyeuse chanterie,
De contres, deschans et teneurs6
5Cependant, l’admiration devant l’art musical des oiseaux ne s’accompagne pas d’une véritable glose de l’énoncé poétique : le servantois des oiseaux reste impénétrable. Il faut attendre, en effet, la création d’un autre texte pour trouver ce travail d’analyse du topos lyrique de l’oiseau chanteur dans toute la richesse et la diversité de ses emplois stylistiques, narratifs, allégoriques et argumentatifs ; un texte injustement méconnu composé dans la seconde moitié du xve siècle par un auteur anonyme appartenant au milieu littéraire de la cour d’Anjou-Provence. Le dit de Regnault et Jehanneton7, poème hétérométrique de 1135 vers, constitue un hommage poétique et allégorique au mariage de René duc d’Anjou et roi titulaire de Sicile avec Jeanne de Laval célébré en 1454. Or, le nouveau couple princier choisit pour emblème les tourterelles – amants éternellement fidèles des bestiaires8 – et la devise per sans per9. En adoptant cet emblème10, l’auteur l’enrichit et le glose en transposant l’événement tout entier dans un univers bucolique, lui conférant ainsi une dimension courtoise importante. Cette mutation allégorique dans son essence11 – les protagonistes du poème portent bien les noms et les armoiries du couple princier tout aussi naturellement que les attributs de leur métier de bergers – dépasse largement les limites du genre de reverdie ou de pastourelle médiévales, en s’approchant déjà de la complexité référentielle d’une églogue classique : Regnault et Jehanneton n’est pas une « vision », nécessairement abstraite et artificielle, mais bien une réalité parallèle que l’auteur s’efforce de recréer dans toute sa richesse et sa diversité. Le poème, qui peut être défini comme un dit lyrico-narratif, développe la métaphore idyllique en adoptant une structure tripartite mise en évidence par des modifications métriques : il s’ouvre par une description très détaillée de l’univers bucolique d’où émerge graduellement le narrateur – témoin ; la narration se concentre ensuite sur le couple des protagonistes, le narrateur assistant à leurs ébats ainsi qu’à leur gracieux descort provoqué justement par l’apparition des tourterelles ; enfin, le poème s’achève avec l’invitation faite aux lecteurs de se prononcer sur le sujet du débat : la constance en amour. Le poème conjugue ainsi une multitude des variantes de l’expression pastorale – le thème de l’âge d’or, de la vie des bergers, et même quelques éléments de la pastorale politique – avec les sujets majeurs de la littérature courtoise : le débat courtois, le jugement d’amour, les interrogations chartiennes sur la validité du service courtois. Or, ce sont les oiseaux, personnages à part entière du poème, qui lui confèrent un surplus de sens et de cohérence.
6La première partie du dit12 développe déjà d’une manière spectaculaire le motif de la reverdie printanière dont les protagonistes sont, à parts presque égales, les bergers et les oiseaux : les bergers13 qui se divertissent tandis que les oiseaux vivent une véritable passion amoureuse. Ainsi, les oiseaux, enivrés par la douceur du temps, s’abandonnent à leur sentiment, car aux souffrances physiques de l’hiver succède immédiatement la douleur amoureuse, source de la création poético-musicale :
Aussi amours jà les occist et tue
Par bien amer, dont leur plaisance creue
Est si tres fort, qu’il n’y a plus tenue
Que silz ne chantent à contre et à teneur14
7Ce chant est décrit en termes du service courtois :
Tant s’esjoyssent ainsi en leur chanter
Que deux à deux vont les buissons hanter,
Dedans lesquels ung chascun lamenter
On les orroit et d’amour guementer,
En verboyant, sans nuit ne jour ester,
Si doulcement que c’est à escouter
Plus d’autre rien certes grant mélodie15
8On note déjà la présence d’un vocabulaire poétique : ce chant devient une lamentation, une prière amoureuse ; il est défini plus loin comme une amoureuse tenson16. Cependant, l’image de l’oiseau poète reste encore pour quelque temps subordonnée à celle de l’oiseau musicien : maître absolu de l’art musical en termes d’armonie, la supériorité de la voix sur les instruments humains, dont l’organie, la maîtrise (fine maistrie) et la mesure (bien reiglée) sont sans égal17), il est également acrobate et chantre parfait. C’est cette métaphore d’oiseau interprète, ménestrel, qui permet enfin le déchiffrage du langage poétique de l’oiseau amant :
D’autre part aussi hault s’escrie,
En chantant son chant, hors desvie,
Pour l’amour de sa doulce amie,
Lequel, soy plaignant, approrpie
Sa voix piteuse et très polie,
Par ce qu’amours trop le maistrie,
Le sauvage ramier coulon
Disant qu’a amours la maistrie
De son cuer, sans ce que merie
Sa paine soit ; car tant ravie
Sa pensee est, qu’en sa baillie
Si n’est plus lors, dont fest follie ;
La raison si est qu’ennemie
Est de son repox la saison18.
9Ravissement, folie, peine – le vocabulaire de l’amour courtois est présent ici en entier, annonçant le thème principal du poème : langueur amoureuse, joie et mélancolie entremêlées, désir à la fois assouvi et débordant.
10Contraste étonnant : face à cette passion bouillonnante, l’apparition des bergers déçoit. L’oiseau, ce poète et amant souffrant, n’est pour eux qu’un bel objet à mettre en cage. Le chant des oiseaux redevient l’expression conventionnelle de la joie printanière, un déduit. C’est ainsi que le jeune oiseau, attrapé par l’un des bergers, devient le prix d’une compétition : la bergère qui courra le plus vite, le recevra en échange d’un baiser19. La description de la course, malgré sa vivacité, son érotisme avoué, ne contient en fait aucune connotation amoureuse. La bergère – décoiffée, ses habits retroussés laissant entrevoir son corps splendide, rosie à cause de l’effort physique – apprécie le don en tant qu’objet précieux, et non pas en tant qu’un gage d’amour. Or, même ce court moment de tension érotique se perd dans les divers ébats plaisants des bergers dans ce qui devient un véritable éloge de la vita rustica. En somme, la vie idyllique et libre de ces bergers de l’Âge d’Or s’oppose déjà aux souffrances amoureuses des oiseaux.
11Cette idylle quasi indépendante prépare la partie centrale et essentielle du poème : la rencontre du narrateur, graduellement défini comme une figure étrangère au monde bucolique, avec Regnault et Jehanneton, les bergers protagonistes. Là aussi on retrouve une curieuse hésitation entre les relations d’analogie et d’opposition entre les oiseaux et les hommes.
12Ravi par la symphonie de l’éveil de la Nature, amusé par les ébats des bergers, le narrateur – promeneur et pèlerin – s’arrête près d’une belle fontaine ; il y contemple la vie chaotique et intense de petits poissons terrassés de temps à autre par des oiseaux de proie20. Bientôt les bergers Regnault et Jehanneton s’y installent sans remarquer sa présence. Ils échangent des aveux amoureux, des présents puis préparent leur repas. Après ce festin simple et copieux, un autre couple d’amoureux parfaits fait son apparition : deux tourterelles se posent sur une branche et, en mimant avec une précision remarquable les gestes des protagonistes, manifestent leur amour mutuel lorsqu’elles s’appellent, construisent leur nid, s’embrassent :
Et puis mondainement se prist
A chanter hault, si que l’oïst
Son per, affin que là vensist ;
Et chanta tant,
Que son per au crier l’entant21…
Mais quant l’autre la vit vraiement,
Vers elle alla incontinent,
La baisant aussi proprement,
Comme ce fust
Homme et femme : ne plus n’en peust
Faire ung amant, lequel deust
S’amie baiser ; tant joye eust
La turturelle
Voyant son per, et son per elle,
S’esplumetoit, puis de plus belle
Chantoit22…
13Cependant, l’apparition de ces oiseaux synonymes de l’amour éternel, perçue d’abord comme un signe de validité des aveux amoureux des bergers23, provoque un débat de plus en plus échauffé entre les protagonistes : lequel d’entre eux peut s’attribuer plus de constance et d’authenticité de sentiment amoureux ? Des accusations traditionnelles contre l’inconstance féminine et la duplicité masculine, les protagonistes passent aux récits de leur propre histoire d’amour. Regnault, piqué par les accusations de son épouse, récapitule les péripéties de son amour pour Jehanneton : il avoue avoir abandonné son pays, avoir entrepris un voyage périlleux à travers les montagnes enneigées pour pouvoir contempler la beauté de Jehanneton et gagner son amour24. Jehanetton évoque ses propres souffrances – sa peur, son incertitude, et établit une hiérarchie entre son amour vierge et le cœur volage du berger25. Ainsi, l’homologie tant voulue – proclamée même – entre les amants et les tourterelles, s’avère sérieusement mise en question, sinon brisée. Car si les tourterelles ont la certitude de leur loyauté mutuelle – en fait, une tourterelle reste toujours fidèle à son conjoint et se laisse même mourir de langueur à la perte de son per26, les humains s’avèrent être fondamentalement incapables de maintenir une fidélité absolue à l’élu de leurs cœurs. Ce qui frappe encore plus dans le cas de Regnault, c’est que cette démonstration le disqualifie d’emblée comme amant loyal à cause de ses aventures amoureuses antérieures.
14Ce débat n’est sérieux qu’à moitié : afin d’éviter une confrontation, les bergers souhaitent que quelqu’un puisse les juger27. C’est à ce moment que le narrateur, témoin secret de ce gracieux descort, se manifeste et propose ses services en démontrant, fort à propos, ses compétences juridiques. Il fixe pour le lendemain matin son jugement. Avec le coucher du soleil, le glay melodieulx des oiseaux cède la place aux voix nocturnes disgracieuses, le piteux et rude chant du chouan28.
15Le narrateur raconte sa tentative de rendre le jugement dans la troisième partie du dit29 : ayant accompli ses vœux du pèlerinage, il retourne à l’aube du jour vers la fontaine, prêt à délibérer. Cependant, les « plaignants » lui font défaut. Les oiseaux, eux aussi, restent muets. Ayant attendu inutilement, le narrateur admet sa défaillance et invite le public à prononcer le jugement pour lui – un jugement dont l’évidence est soulignée par les armoiries des protagonistes. L’abandon du débat, le retour des protagonistes dans leur monde constitue la sublimation définitive de leur relation : à la fois bergers mythiques et oiseaux mystiques, unis par une seule couronne. D’ailleurs, la grande Histoire donnera raison à cette sublimation : à la mort de René d’Anjou, Jeanne de Laval démontrera un dévouement exemplaire à la mémoire de son époux en se battant pour l’exécution minutieuse des clauses de son testament, en cultivant son patrimoine culturel et littéraire, en lui gardant fidélité personnelle et politique.
16Ainsi, les oiseaux, poètes mélancoliques et amants parfaits, confèrent une cohérence spécifique au poème, en remettant toujours en question les analogies trop faciles : ils donnent un sens nouveau à la reverdie, dramatisent, en les dépoussiérant, les topoi lyriques ; ils enchâssent, miment et élucident l’histoire d’amour de Regnault et Jehanneton. L’amour devient ainsi l’ultime déduit d’oiseaux ! L’image stéréotypée du réveil printanier, l’émergence d’un monde pacifié, étale, non conflictuel, se remplit, avec le regard pénétrant du narrateur, d’une tension nouvelle : la langueur et la souffrance amoureuses exprimées par la symphonie des voix d’oiseaux. Le chant envahissant dans sa sophistication polyphonique, inimitable par la parole ni par la science musicale humaine, domine l’espace pastoral en transformant l’idylle de la reverdie en un concours de la fine amors. Un traitement semblable est réservé à un autre motif conventionnel de la poésie courtoise, celui du locus amoenus. La fontaine, tout droit sortie de l’univers précieux du Roman de la Rose, semble taillée dans des pierres précieuses ; elle apparaît comme une riche teinture tissée en couleurs étincelantes et éclatantes dans leur apposition contrastée (violette, émeraude, clarté). Or, le caractère statique de ce lieu délectable n’est qu’une apparence : sous le regard de plus en plus attentif du narrateur la scène s’anime, se disloque avec les mouvements frénétiques, chaotiques même, des poissons et des oiseaux. Jeu, lutte, guerre impitoyable et mortelle que se livrent les habitants de la fontaine provoque la même sensation d’étourdissement que l’explosion sonore du début du poème. Et pourtant, le caractère décoratif, l’effet esthétique de la scène n’en souffre guère.
17Le même contraste apparaît dans le traitement de la relation amoureuse entre les bergers protagonistes, ainsi que de la notion même de l’amour idéal débattue par eux. La relation fusionnelle entre Regnault et Jehanneton, mise en place par tout un ensemble de gestes, de rituels et de discours et sublimée par son homologie implicite avec le couple des tourterelles, n’est qu’un masque qui vole en éclats à la première tentative d’expliciter cette homologie et de contextualiser cette relation dans le temps et le socium. Les arguments consécutifs des bergers démontrent la fragilité de l’amour par rapport au passé dominé par l’éclosion difficile et douloureuse du sentiment, et semblablement par rapport au futur miné par l’inaptitude à la loyauté, inhérente à la nature humaine. De même, les bergers font valoir la duplicité, la fourberie immanquablement liées au jeu de la séduction. Cette tension entre l’amour et ce qu’on peut définir comme le « danger » s’accompagne de la mise en question de la notion même d’amour parfait. Les bergers se proclament détenteurs de cet amour couronné par la possession heureuse de l’être aimé, ils ressentent et expriment une même passion débordante. Cependant, le débat fait ressortir la distinction irréconciliable entre les sentiments éprouvés par l’un et l’autre amant : amour-grain versus amour-paille, l’amour « vierge » face à l’amour-habitude.
18L’intérêt du poème demeure peut-être dans cette série de tensions irrésolues entre les masques idylliques et leur contenu équivoque et parfois inquiétant. Y contribue la dualité dans la position du narrateur, à la fois absorbé par la contemplation du monde idyllique et échouant dans la maîtrise de ce monde30. Dans ce sens, Regnault et Jehanneton innove autant par rapport à la courtoisie en la repensant dans un nouveau réseau de références, que par rapport au genre pastoral, en exacerbant et en dépaysant ses lieux communs.
19Cependant, tout n’est pas contradictoire dans ce poème, car il y a des acteurs de la diégèse qui échappent à la loi destructive de la perspective. Ce sont les bergers anonymes et les tourterelles, seules vraies figures mythiques immuables dans leur bonheur intemporel. Les bergers baignent dans l’insouciance où tout, même l’amour, n’est qu’un jeu d’adresse. Leur fusion avec la nature est entière, ils la vivent constamment, leur existence n’étant qu’une longue série d’ébats gracieux et plaisants. Quant aux tourterelles, elles sont perçues comme l’allégorie vivante de l’amour et de la loyauté parfaits : le dessein divin les définit comme un per non per que rien, même la mort, ne peut altérer. L’emblématique seule permet d’écarter l’équivoque et de joindre le mythe : transcendant les limites et les contradictions de l’existence, les « vrais » Regnault et Jehanneton, unis à jamais par leur destin princier, parviennent à s’identifier aux tourterelles, à se fixer définitivement dans le nadir de l’amour parfait. Et pourtant, leur blason, signe de victoire et d’immortalité, n’est qu’un masque.
Notes de bas de page
1 Guillaume de Machaut, Le dit du Vergier, dans Œuvres, éd. Prosper Tarbé, Slatkine Reprints, Genève, 1977 (1849), p. 11-12.
2 Ibid., v. 4-5.
3 Michel Zink, Nature et poésie au Moyen Âge, Fayard, 2006, p. 150.
4 Ibid., p. 150-151.
5 Guillaume de Lorris et Jean de Meun, Le roman de la Rose, éd. A. Strubel, Paris, 1992, p. 76, v. 700-707.
6 Charles d’Orléans, Ballades et rondeaux, éd. J.-C. Mühlethaler, Paris, 1992, p. 454, Rondeau 109 (XXXIV selon la nomenclature de Pierre Champion), v. 8-11.
7 Dans l’absence d’une édition moderne de ce texte, toutes les citations renvoient à l’édition par Th. de Quatrebarbes, Œuvres complètes du Roi René, Angers, t. II, 1844, p. 105-159, avec la numérotation des vers moderne.
8 Voir, par exemple, la description de la tourterelle proposée par Richard de Fournival en écho d’une tradition présente déjà chez Isidore de Séville : « car la Torterele si est d’itel nature que quant ele a son malle perdu, jà puis n’aura autre, ne jà puis ne sera sor arbre qui porte fulle » (R. de Fournival, Le bestiaire d’Amour, éd. C. Hippeau, Genève, Slatkine, 1969 (première édition 1852). Il n’est pas possible ici de retracer toute les dimensions symboliques et allégoriques de la tourterelle, largement dominées par son rôle biblique (il suffit de se rappeler ce passage abondamment commenté de la Cantique des Cantiques : vox turturis audita est in terra nostra, 2 :12) dans la pensée médiévale.
9 Sur l’engouement de René d’Anjou pour les emblèmes et les devises de plaisance, voir l’étude de Ch. de Mérindol, La maison d’Anjou : emblématique, art, histoire, Paris, Le Léopard d’Or, 1987.
10 L’idée ne fait pas figure d’exception à l’époque: Richard Holland, l’auteur d’un poème écossais contemporain de Raignault et Jehanneton, The Buke of Howlat, se réfère à ses destinataires (Archibald Douglas, Earl of Moray et son épouse Elizabeth née Dunbar) en tant qu’un couple parfait: Thus for ane dow of Dunbar drew I this dyte, / Dowit with ane Douglas – and boith war thai dowis – / In the forest forsaid, frely parfayte, / Of Terneway, tender and tryde, quhoso tras trowis (v. 989-92, cité par R. Scheibe, « The Major Professional Skills of the Dove in the Buke of Howlat », dans Animals and the Symbolic in Medieval Art and Literature, éd. L.A.J.R. Houwen, Groningen, 1997, p. 114.
11 Un procédé d’allégorisation semblable, sans pour autant dépasser sa fonction ornementale, peut être trouvé déjà chez Froissart, notamment, dans les Pastourelles XIII (composée à l’occasion du mariage entre Louis de Chatillon avec Marie de Berry) et XIV (noces du duc Jean de Berry avec Jeanne de Boulogne) (Jean Froissart, Poésies, éd. A. Scheler, Genève, Slatkine, 1977 (Bruxelles, 1870-1872), t. II).
12 Regnault et Jehanneton, v. 1-175.
13 Dans cette partie du poème, il s’agit encore d’un groupe de bergers non identifiés, à ne pas confondre avec les protagonistes, Regnault et Jehanneton.
14 Regnault et Jehanneton, v. 25-28.
15 Ibid., v. 29-35.
16 Ibid., v. 61.
17 Ibid., v. 51-6.
18 Ibid., v. 85-91.
19 Il faut noter l’apparition d’un motif semblable dans les Pastourelles, où les bergers veulent accorder une tourterelle A la plus simple et la plus belle (Jean Froissart, op. cit., p. 351-352).
20 Regnault et Jehanneton, v. 220-267.
21 Ibid., v. 468-472, en rappel direct de la rencontre des protagonistes aux vers 272 sq.
22 Ibid., v. 484-494.
23 En analysant ce passage, Joël Blanchard parle d’une homologie qui s’articule comme « la butée de l’expérience imaginaire » du bonheur amoureux (Joël Blanchard, « Pastorale et courtoisie : Regnault et Jehanneton, le discours et ses limites », dans La littérature angevine médiévale (Actes du colloque d’Angers, mars 1980), Paris, Champion, 1981, p. 204.
24 Regnault et Jehanneton, v. 656-787, référence voilée aux péripéties de l’expédition lombarde (1452-1453) que René d’Anjou abandonne au grand dam de ses revendications politiques en France et en Italie.
25 Ibid., v. 788-927.
26 Regnault évoque clairement cette caractéristique, cf. Regnault et Jehanneton, v. 556-586.
27 Une formule narrative tout à fait conventionnelle pour le genre de débat courtois, permettant une intervention directe du narrateur dans le débat.
28 Ibid., v. 1071-1073.
29 Ibid., v. 1036-1133.
30 Joël Blanchard y voit même le message essentiel du poème : la construction d’un « sujet mythique » en quête d’un Autre, confronté à l’échec des identifications et des énoncés courtois (Joël Blanchard, « Pastorale et courtoisie… », p. 208-209). Cependant, dans sa fonction diégétique, le narrateur n’abandonne jamais son rôle conventionnel d’un témoin-scribe, en respectant les artifices du genre de débat courtois.
Auteur
Université de Montréal
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Fantasmagories du Moyen Âge
Entre médiéval et moyen-âgeux
Élodie Burle-Errecade et Valérie Naudet (dir.)
2010
Par la fenestre
Études de littérature et de civilisation médiévales
Chantal Connochie-Bourgne (dir.)
2003