Une entrée dans le mystère de Jean-Baptiste au porche nord de Notre-Dame de Chartres
p. 217-234
Texte intégral
1L’image de saint Jean le Précurseur apparaît à trois reprises sur les murs de Notre-Dame de Chartres. L’une, datant de 1150 environ, illustre le baptême de Jésus sur le vitrail central de la façade occidentale relatant la vie du Sauveur. Une autre, élaborée entre 1210 et 1225, le représente à nouveau baptisant dans une des baies hautes méridionales du chœur1 à côté de la fenêtre consacrée à Zacharie visité par l’Ange puis en oraison devant l’autel de Dieu. Le Baptiste y est pieds nus, vêtu d’une longue tunique. De sa main droite, il montre l’Agneau de Dieu lui-même placé à l’intérieur d’un disque et brandissant une croix ornée d’un étendard. La troisième, en pierre celle-là, est élaborée dans les premières années du xiiie siècle, peu de temps avant la seconde verrière citée. La statue occupe une colonne de l’ébrasement droit du portail central Nord de la Cathédrale. Cette colonne est la quatrième à partir du centre. Saint Jean s’y tient debout, revêtu d’un long manteau de poils aux larges manches. Sur les reins, une longue tunique remonte nouée par le devant et passe derrière l’auréole que le personnage tient posée sur sa main gauche. Sa barbe et ses cheveux ondulent, longs et épais. Un agneau occupe le centre de cette auréole. En un geste étrange, l’animal relève sa patte antérieure gauche pour soutenir une croix à longue hampe également munie d’un étendard. Il tourne la tête vers la bannière que Jean désigne de son index droit dont l’extrémité a subi les déboires du temps.
2Il se dégage de l’ensemble beaucoup de grandeur et de douceur mêlées qui en font « l’un des chefs d’œuvre de l’art gothique à son aurore2 » les plus frappants de l’édifice – à l’origine de commentaires enthousiastes comme celui du Durtal de Huysmans qui, dans son élan, se montrerait presque injuste, du point de vue esthétique, pour les autres figures voisines :
Ce qu’il s’atteste supérieur à ses congénères sur cette façade ! Quelle maîtrise se révèle dans cette face creuse, émaciée, aussi expressive que les autres sont mornes. Lui, sort du convenu et de la redite. Il se dresse, doux et farouche, avec sa barbe en dents de fourchettes tordues, son maigre corps, son vêtement en poils de chameau ; et on l’entend, il parle, alors qu’il montre l’Agneau soutenant une croix hastée, enfermé dans un nimbe qu’il serre contre sa poitrine, de ses deux mains ; cette statue-là est superbe3.
3Notre intention n’est pas ici de remettre en cause une telle admiration partagée. Tant s’en faut. Nous voudrions plutôt dépasser le regard esthétique pour tenter de montrer l’originalité et le rôle de cette image dans l’ensemble architectural d’un édifice reconnu par tous comme savant.
4Aussi commencerons-nous par relever les éléments iconographiques permettant d’identifier le Précurseur comme tel. Nous regarderons ensuite le rôle joué par l’image de l’agneau dans le groupe sculpté. Nous replacerons enfin l’ensemble dans l’économie architecturale de la cathédrale. Il se dégage alors des caractères propres au Baptiste chartrain dont nous tenterons une approche du mystère.
Les signes du Précurseur
5Les signes par lesquels le Précurseur se laisse reconnaître appartiennent de prime abord à un registre conventionnel. En réalité, l’artiste use de détails originaux qu’il convient de relever comme autant d’invitations à entrer dans la vie du personnage.
La monstrance de l’Agneau de Dieu
6Le geste par lequel l’Agneau de Dieu est montré du doigt, exposé sur un disque, appartient à une tradition remontant au moins au vie siècle, comme en témoigne la gravure faite dans la pierre de la chaire de Maximien à Ravenne4. Le disque y joue le rôle d’une auréole pour l’Agneau, une irradiation lumineuse qui, dans l’iconographie chrétienne, est la marque de la sainteté.
7Cette représentation est une des plus prolifiques dans les images, avec une fidélité étonnante au modèle initial. Elle traverse toute la période médiévale sans modification notable, comme en témoigne encore ce buste en ivoire actuellement au Musée de Berlin et datant de la fin du xive siècle5.
Le phylactère johannique
8Il advient qu’un phylactère explicite l’image, que ce soit dans les manuscrits, dans les verrières ou dans la statuaire – le Baptiste n’en ayant par ailleurs pas le monopole. La banderole est en usage à des fins de clarté d’exposé. Elle ôte toute ambiguïté sur l’identité de la personne figurée. Ainsi est-il sur la fenêtre méridionale du chœur de Chartres déjà citée, comme sur l’une des lancettes de la façade nord de la Cathédrale de Strasbourg6 ou sur celle du transept sud de l’église Saint-Cunibert de Cologne qui lui est contemporaine7. Il en est de même ici où la bannière flotte au-dessus de l’agneau en forme d’enseigne.
9Dans tous les cas, Jean s’y affirme comme celui qui, voyant venir Jésus à lui (Jn 1, 29), avait, d’après le quatrième Evangile, annoncé la venue du Sauveur et proclamé son avènement par ces mots :
Ecce agnus Dei, ecce qui tollit peccatum mundi. Hic est, de quo dixi : Post me venit vir qui ante me factus est, quia prior me erat.
(Jn 1, 29-30)
10Telle est encore la phrase reprise sur chacun des phylactères que nous avons cités. Aussi y a-t-il tout lieu de penser que celui du porche Nord de la Cathédrale de Chartres portait le même verset biblique.
11Le phylactère éminemment johannique établit ainsi un lien entre le Baptiste et l’Evangéliste, entre le dernier prophète et le dernier témoin oculaire8.
L’auréole, contact privilégié entre Jean et l’Agneau
12Par ailleurs, non seulement l’auréole précédemment décrite est posée sur la main de Jean mais encore un bout – juste une petite pointe – du pan final du nœud de la ceinture de cuir est visible retombant sur la partie supérieure du cercle, au-dessus du phylactère. Aussi, Jean ne touche-t-il pas l’Agneau.
13Cette manière de montrer le rapport entre les personnes peut apparaître comme un héritage de l’Orient où l’on ne se présente jamais devant le souverain les mains nues.
14Au demeurant, le sculpteur en joue ici pour dévoiler quelque chose de la vie intérieure de son personnage. En effet, le lieu de contact entre Jean et celui qu’il désigne est la lumière irradiante de l’auréole dont l’Agneau est le centre. Or nous savons bien ce que représente la lumière pour les médiévaux. Pour ceux-ci, héritiers de saint Augustin, la lumière est « sine tempore9 », antérieure au temps, constitutive de l’essence des choses10, immatérielle11. Elle est celle de la connaissance angélique et mystique12. Son intensité était plus sensible au regard à l’époque gothique, quand l’or du cercle n’avait pas été effacé par le temps.
15Le fait que Jean touche ce cercle de lumière montre donc à chacun l’intimité spirituelle étroite entre le Baptiste et son Dieu. Partant, l’auréole est ici à regarder comme une monstrance de l’Agneau de Dieu dont Jean est le prodrome – pour reprendre la traduction littérale du terme grec. Alain de Lille – dont le passage à Chartres est plus que probable13 – l’affirme avec force. Le Précurseur, dit-il, est la lumière qui a précédé le soleil de justice mais dont la résurrection lui sera postérieure :
Lucifer iste fuit Johannes, lucerna solis iustitie, id est Christi prenuntius... sed a longe subsequens resurgendo14.
La ceinture nouée du Précurseur : lieu d’union au Messie
16De plus, une enquête archéologique montre que, depuis l’époque hébraïque, la ceinture rassemble un grand nombre de symboles honorifiques. Elle est caractéristique de l’habillement de Yahvé en majesté et en puissance, imposant l’ordre au monde en tant que Roi (Ps. 93, 1 ; 65, 7). Elle est également le signe de l’honneur intact tel qu’on le trouve chez les vierges et les justes, dans l’Ecriture (Jr. 2, 32 ; Is. 11, 5) comme dans l’iconographie15, celui de la disponibilité au départ pour un voyage ou une mission (Lc 12, 35) et celui du peuple de Dieu, serviteur revêtu de la puissance divine16 (Ps. 18, 40).
17Comme réminiscence de l’ephod de lin (Jr. 13, 1), elle est encore le signe du service du prêtre17.
18Aussi, faire de la lumière le point de contact entre Jean et son Dieu – dont l’agneau est ici la métaphore –, c’est mettre l’accent sur le fondement (fundamentum) de l’intelligence de Jean entièrement ordonnée à l’Esprit saint. Faire participer la ceinture de service sacerdotal à ce contact, c’est dire par image interposée l’humilité de Jean devant le Roi par excellence, celui que chante le Psalmiste (Ps.71 ; 144), le Dieu de majesté (Ps. 92), roi et juge (Ps. 95), roi des armées qu’il préside comme Roi des rois (Ap. 19, 16) et Seigneur ressuscité et triomphant du temps (Ap. 19-21). C’est dire de Jean qu’il est non seulement le Précurseur annonçant l’avènement du Messie mais également célébrant une sorte de pré-sacrement par cette prédication même.
Le manteau du prophète sacrificateur
19Cette place particulière qui lui est réservée se trouve encore confirmée par le manteau qui illustre le témoignage de saint Matthieu (Mt. 3, 4) ; le texte scripturaire n’en précise pas les dimensions. Au contraire, celui-ci est long et muni de larges manches. Il se différencie par là sensiblement de la tunique courte montrée sur les représentations du Baptiste dans cette fonction précise – tel est le cas, en particulier, de la courte pelisse portée dans la scène peinte sur le vitrail occidental ; elle peut le faire ressembler à « un de ces bergers que l’on rencontre parfois sur les bas-reliefs ou les peintures antiques18 ».
20Or, dans l’Ecriture, tandis que le manteau court est caractéristique des prophètes qui, au temps du Deutero-Isaïe, quittent leurs habits de paysans pour prophétiser – ainsi Elie (2 R. 1, 7 ; I Sam. 28, 13), le manteau long constitue la tenue de l’acolyte du grand Prêtre et du sacrificateur lui-même19.
21Ici, le vêtement de Jean et son contact avec la lumière de l’auréole concourent à montrer l’aspect sacerdotal du personnage, instrument entre l’homme et Dieu, sous l’effet de la grâce.
Les formes de la désignation du Christ
22Les formes analogiques utilisées pour désigner la personne du Christ s’inscrivent dans une tradition exégétique et iconographique qu’il nous faut rappeler.
Le Christ agneau
23La présence de l’Agneau comme image anticipée du Christ Roi trouve sa source dans la proclamation du Baptiste lui-même (Jo. I, 28). Dans la littérature ecclésiastique elle fait l’objet de nombreux développements dont la statuaire chartraine et son étonnante douceur méditative paraissent bien se faire l’écho.
24L’agneau ne crie pas quand on le bat. De même, le Christ s’est tu sous les coups des Juifs. Aussi, « per Agnum significatur Christus propter simplicitatem, propter innocentiam, propter munditiam », dit Etienne Langton20. A son tour, Pierre de Poitiers voit en l’agneau pascal une préfiguration du Christ en raison de sa douceur et de son innocence. Et de poursuivre en une série de correspondances : le Christ procure le vêtement (de la justice et du salut) et rassasie de sa chair (en l’Eucharistie21). Ailleurs encore, pour Alain de Lille, la brebis donne sa laine, procure du lait aux petits et de la chair aux adultes, de même que le Christ « nous revêt de la peau des animaux morts, c’est-à-dire l’exemple des anciens pères », propose une doctrine élémentaire aux faibles et plus élevée aux plus forts22. Un développement similaire apparaît sous la plume de Raoul Ardent pour qui Jésus possède la douceur de l’agneau pascal, se donne en nourriture et procure le manteau de blancheur et d’immortalité.
L’Agneau à la Croix
25Le sculpteur se montre ici plus précis encore en faisant porter à cet agneau sa croix. Emile Mâle voit en cette dernière image un héritage des modifications iconographiques opérées dans les enluminures à la fin du viie siècle pour dire l’Agnus Dei à la suite du concile in Trullo qui se réunit à Constantinople en 690 et interdit toute représentation animale de Jésus-Christ. Une longue croix mince en métal se substitue alors au Sauveur – ainsi sur les mosaïques de Ravenne et de Rome dont l’inspiration byzantine n’est plus à prouver.
26En passant en Occident, la trace de l’interdit conciliaire demeure mais le besoin de représenter l’Agneau se fait sentir. La croix métonymique passe alors dans la main du Christ en une sorte de redondance visuelle. Les exemples sont nombreux dans les manuscrits dans les représentations des scènes de la vie du Sauveur au Désert, la descente aux Limbes23 la Résurrection24 ou dans celles de la Sagesse ou de la deuxième personne de la Trinité25. L’image de cette même croix fine placée dans la main du Sauveur et munie d’une bannière s’avère particulièrement prolifique dans les pays rhénans et en Italie du Nord, en particulier pour rendre compte du « Noli me tangere ».
27Nous reviendrons bientôt sur la pertinence de la prétendue minceur de la croix chartraine. Pour l’heure, retenons que dans tous les cas proposés par Emile Mâle, l’accent est mis chaque fois sur l’objet cruciforme déjà dessiné dans l’auréole du Christ et encore placé dans la main du Fils de Dieu. La lutte contre les forces du mal et la victoire par la Croix sur la mort y sont visuellement associées pour mettre en image le centre du message chrétien central : « Ut per mortem destrueret eum qui habebat mortis imperium, id est diabolum, qui timore mortis per totam vitam obnoxii erant servituti26 » (Heb. 2, 14-15). A Chartres, c’est cette même redondance « Christ-Croix » qui semble ici reprise sous la forme du couple Croix-Agneau.
L’Agneau de l’Apocalypse
28Cette figure renvoie de surcroît à un autre lieu des Ecritures où l’existence de l’Agnus Dei, qui est Dieu lui-même en son incarnation, transcende le temps événementiel de la vie du Baptiste. En vertu de sa mort, de sa Résurrection et de son Ascension, l’Agneau est en effet simultanément celui du temps et des temps, celui qui est reconnu au désert et celui que l’autre saint Jean, l’Evangéliste celui-là, voit en vision au cœur de la Jérusalem messianique (Ap. 21, 9 ; 21, 14 ; 22, 1 ; 22, 3).
29Dans la langue scripturaire souvent commentée par les premiers penseurs chrétiens, l’Agneau de Dieu/Christ englobe dans sa forme tout le plan divin du salut, de l’aube de la Création à la vision finale de gloire de l’Apocalypse. Il est le premier né de toutes les créatures (Col. 1, 15), la cause exemplaire et la cause finale du cosmos (I Cor. 8, 6 ; Col. I, 15-17 ; Jn I, 1-5), l’Alpha et l’Omega27, « l’agneau sans reproche et sans tache, le Christ, discerné avant la fondation du monde et manifesté dans les derniers temps » (I Pe. 1, 19-20).
30La monstrance johannique de l’Agneau chartrain crucifère en son auréole s’avère ainsi le support de cette proclamation christique cosmique et eschatologique dont Jean est l’instrument.
Jean, l’Agneau et la croix
31Plus encore, le fait que les personnages soient taillées dans une seule et même pierre suggère une unité que le projet divin livré dans les Ecritures et commenté par la tradition permet d’expliciter. Il nous semble également éclairer l’originalité de la facture de la croix placée entre Jean et l’Agneau.
Jean et l’Agneau
32La littérature exégétique ne cesse en effet de comparer et de rapprocher le prophète et le Fils de Dieu. Chaque période de la vie de l’un y est mise en lien avec l’une de la carrière de l’autre : l’annonciation à Elisabeth et celle faite à Marie, les deux visites de l’Ange, l’une à Zacharie, l’autre à saint Joseph, la naissance défiant les lois de la nature dans les deux cas en dépit de la différence de leur mode, leur carrière au désert, leur prédication de la conversion, de la pénitence et du baptême, la mort enfin regardée comme un martyre et une annonce de la Croix pour l’un, l’accomplissement définitif du projet divin sur l’homme pour l’autre. Le premier y apparaît comme une préfiguration ultime du second. La naissance, la prédication, la mort du Baptiste ont annoncé celles du Christ dit Alain de Lille. Il ajoute : « mais sa résurrection lui sera postérieure » – sed a longe subsequens resurgendo28.
33Aussi, l’ordre suivant lequel ils s’offrent au regard dans la statuaire n’est-il pas anodin. Jean occupe le dernier plan tandis que l’Agneau est situé en avant. Entre les deux, la croix. En d’autres termes, ce qui est premier dans la chronologie des événements relatés par l’Ecriture devient dernier dans la hiérarchie visuelle, à l’image de la hiérarchie divine, et rend compte du témoignage du Précurseur avec réalisme :
Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ; C’est de lui que j’ai dit : Il vient après moi un homme qui est passé devant moi parce qu’avant moi il était.
(Jn I, 29-30)
La croix de bois portée par l’agneau
34Aussi, nous semble-t-il, est-ce dans cette perspective qu’il nous faut probablement regarder cette croix placée dans l’espace entre Jean et l’Agneau. Elle n’a pas de longue hampe fine de métal, comme le prétend Emile Mâle. Elle est courte, ligneuse et nouée. Ses bras s’apparentent fort à des branches coupées.
35Or la prédication de Jean au désert et celle de Jésus à l’heure des adieux à ses disciples utilisent toutes deux l’arbre et ses branches comme métaphore de la purification du cœur par l’Esprit et celle de la puissance de la pénitence et de l’abandon à la seule justice divine :
« Engeance de vipères », dit le premier, « qui vous a suggéré de vous soustraire à la Colère prochaine ? Produisez donc un fruit qui soit digne du repentir et ne vous avisez pas de dire en vous-mêmes : “Nous avons pour père Abraham”, car, je vous le dis, Dieu peut, des pierres que voici, faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu. Pour moi, je vous baptise dans l’eau en vue du repentir ; mais celui qui vient derrière moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne d’enlever ses chaussures ; lui vous baptisera dans l’Esprit saint et le Feu ; il tient dans sa main la pelle à vanner et va nettoyer son aire ; il recueillera son blé dans le grenier29. »
(Lc 3, 4-18)
36Arbre, émondement et fécondité sont autant de sujets repris par Jésus lors de son discours sur le vrai Cep et le sarment en l’Evangile de saint Jean pour annoncer la vertu de la Croix et la puissance des sacrements :
Je suis le vrai cep et mon Père est le vigneron.
Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il le coupe,
et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde
pour qu’il en porte encore davantage ;
...
Qui demeure en moi, comme moi en lui
porte beaucoup de fruits
car hors de moi vous ne pouvez rien faire.
(Jn 15, 1-2 ; 5)
37Ajoutons que la croix chartraine est bien fruste en comparaison de toutes celles qui représentent celle du Christ30. Or c’est elle que regarde l’Agneau. Mieux encore, c’est elle qu’il porte de sa patte gauche.
38Que l’on se souvienne alors de l’importance du symbolisme de la gauche et de la droite que développent les Victorins dont nous savons l’ampleur de la diffusion des écrits pendant tout le xiie et le xiiie siècle. Pour ceux-là, senestre et destre représentent les deux places possibles du peuple de Dieu : les laïcs et les clercs31.
39Ramassons à présent les deux constatations visuelles concernant l’apparence de la matière de la croix et le geste de la tête de l’agneau, ces deux rapprochements scripturaires et les déclarations des écrivains ecclésiastiques de l’époque. Il nous est alors possible de voir en la croix devant le Précurseur une figuration de la vie du Baptiste et une préfiguration imparfaite (comme le bois est fruste) de celle du Christ puisque antérieure à celle-ci qui marque l’accomplissement des temps.
40Sa place de choix entre les deux autres figures suggère la valeur de la prédication et de la carrière johanniques Par sa vie, le Baptiste est digne de l’amitié du Christ (de son regard) car cette vie a déjà la forme d’une croix (ici présente). L’existence du Baptiste est simple. Elle n’est pas celle d’un grand prêtre (puisque lui-même est placé symboliquement du côté des laïcs). Elle est une anticipation de la Croix du Christ, voilà tout. Cette prédication est à entendre au sens fort de pre-dicere. Elle est promesse de fécondité au prix du repentir et de la pénitence – ce qu’indique encore le monstre vipérin, réminiscence de la genimina viperarum (Lc III, 7) se recroquevillant sous les pieds du Précurseur. Jean s’affirme ici comme le prédicateur ultime de l’Ancienne Loi et sa prédication à nouveau comme un pré-sacrement.
41L’image chartraine visualise le discours développé par les auteurs comme Alain de Lille pour qui la prédication pénitentielle est une sorte de pré-sacrement :
Avant la Passion du Christ, le baptême remettait le péché, mais ne donnait pas le royaume ; la pénitence justifiait l’impie, mais n’achevait pas la justification ; la vertu fortifiait le justifié, mais ne couronnait pas celui qui était parfait ; le Christ a ouvert la porte du baptême par la blessure de son côté ; il a ouvert celle de la pénitence, quand il a dit au larron suspendu à la croix : « Aujourd’hui, tu seras avec moi en paradis » (Lc 23, 43). Il a ouvert la porte des vertus quand ses pieds et ses mains ont été percés par la fixation des clous32.
42De son geste de la patte, l’Agneau confirme ce qui est dit en saint Paul : « c’est notre fardeau qu’il portait ».
43La triade que constitue Jean, la croix et l’Agneau cruciféraire s’offre comme une invitation à ce que prêcha le Précurseur et ce que réalise le Rédempteur, c’est-à-dire à la participation pléniaire à la vie ecclésiale. Par son baptême, tout chrétien est participant du corps mystique du Christ33, « race choisie, sacerdoce royal, nation sainte, peuple qui appartient à Dieu ». « Le Baptême est le sacerdoce du laïque », disait saint Jérôme.
44Tout chrétien est Roi et Prêtre en tant qu’il fait partie de l’Eglise, en tant qu’il adhère et participe par ses offrandes à l’œuvre de la Croix. Partant, le Baptiste est ici exalté comme le modèle des prédicateurs, parce que le plus proche de la prédication évangélique, et comme l’ami très cher au cœur de l’Agneau, parce qu’en communion avec ses souffrances par anticipation.
Jean au Septentrion de l’humanité pécheresse dans l’économie architecturale de la Cathédrale
45La place de sa statue dans l’économie architecturale de l’édifice confirme ce regard sur la façade Nord et symétrique d’Abraham sur le porche. Nous savons bien que toute église est un ouvrage visible orienté qui appelle une vision intérieure.
Sur une représentation artistique du Cosmos orientée par le Verbe
46Cette orientation vers le soleil levant n’est pas une invention strictement humaine, non plus seulement qu’une réminiscence d’un culte solaire. Elle est une dramatisation de la parole biblique qui use des traditions pour faire entendre sa vérité. Elle est également une représentation visuelle du point culminant de la christologie cosmique de saint Paul précédemment rappelée. « Les sages de l’Ancien Testament font de l’organisation du cosmos par la Sagesse divine le fondement et la garantie de son action morale parmi les hommes. De même, saint Paul fait de la fonction cosmique du Christ le présupposé de son action salvifique34 ». Pour tous ceux-là qui commentent la première Epître aux Colossiens, le Christ, cause exemplaire, cause finale et principe de cohésion du cosmos est la sagesse divine personnifiée qui travaille au salut des hommes, met de l’ordre et de l’harmonie dans le cosmos.
47Dans l’Occident chrétien, la forme cruciforme de l’édifice écartelé entre les quatre points cardinaux visualise cette vérité de foi ailleurs répétée dans les danses liturgiques exécutées à l’imitation de la rotation des sphères et des danses angéliques35.
Sur une église, figure de la démarche de chacun
48L’église de pierre n’est pas seulement une représentation cosmique orientée par le Verbe. Elle est avant tout la demeure de Dieu présent en chaque Eucharistie et une figure du corps mystique de l’Ecclesia, elle-même assemblée des fidèles et le cœur de chacun, tout comme dans l’existence de ses fidèles disciples – que les livres sentenciaires, en écho à la tradition patristique36, nomment leur ciel intérieur. L’Hymne de la Dédicace chante avec force cette réalité aux multiples aspects :
Rex Salomon fecit templum
Quorum instar et exemplum
Christus et ecclesia37.
49Aussi, l’évolution des fidèles à son entour et à l’intérieur est-elle appelée à figurer, mystice, le pèlerinage de l’âme vers sa demeure qui est Dieu en son cœur. C’est tout le sens de la liturgie auquel préparent tous les écrits des mystiques. « De la même manière que les premiers textes para-liturgiques trouvaient dans l’office pascal leur fondement, l’assise spatiale du drame liturgique a été l’architecture de l’église abbatiale et de la cathédrale, espaces sacralisés où les dialogues des officiants répondaient au dialogue symbolique des formes architecturales38 ».
50Dans cette perspective, si l’Orient est le Paradis, conformément à ce qui est dit dans le premier récit de la Genèse39, l’Occident est celle de l’humanité terrestre, le midi celle de l’heure de la rencontre avec le Seigneur et le nord est le côté des frimas et des orages, « d’où se penchent les malheurs » sur toute la terre, comme le dit le prophète Jérémie (Jer. I, 13 ; VI, 1), et d’où revient l’enfant prodigue40. La révolte de l’ange y est montrée punie sans retour tandis que le péché du premier homme, « bienheureuse faute », est pardonné grâce à l’expiation du Crucifié comme sur le tympan de Fribourg en Brisgau41.
51En un programme plus ample et plus savant encore, le porche central nord de Chartres montre à son tour le péché venant rompre l’harmonie universelle. Il insiste également, avec une éloquence particulière, sur la miséricorde divine. Dieu ne condamne pas ; il expulse du jardin d’Eden et permet au pécheur d’expier sa faute par le travail (sur les voussures supérieures). En vertu de l’effort du labeur représenté dans les images des travaux et des jours (sur le portail de la même façade), la peine née du péché s’achève en un sourire et la bénédiction du Créateur dont les traits se confondent avec ceux du Rédempteur (sur le gâble du portail central).
52A l’époque médiévale, et suivant la même logique, le Nord est également le lieu du tombeau de Lazare dans le drame liturgique. Il est la zone des démons que l’on conjure en chantant l’Evangile face au septentrion.
53Dans ce regard, la place de saint Jean sur le porche Nord est chargée d’une remarquable espérance. C’est aux foules pécheresses que s’y adresse le Précurseur. Son exhortation au repentir et au retour vers l’Agneau y crie une promesse de salut.
Jean, symétrique d’Abraham sur le Porche Nord
54Sa position dans la hiérarchie des personnages représentés renforce le message. Il y est placé du côté droit de la porte, le deuxième après Pierre et le symétrique d’Abraham après Melchisédech par rapport au Christ central sur le gâble. Le voisinage de ces trois figures oriente le discours vers l’Eucharistie42.
55Le point commun entre tous ces personnages réside dans le fait que chacun d’entre eux a les mains pleines. Melchisédech tient une coupe. Abraham présente Isaac. Jean montre l’Agneau. Saint Pierre porte un calice – dont il ne reste plus que le pied,. Or la tradition exégétique établit un lien étroit entre chacun de ces « attributs » et le sacrement eucharistique. Elle voit en l’offrande du pain et du vin (Gen. 14, 18) par Melchisédech, prêtre du Très Haut et roi de Shalem (Gen. 14, 18-20), une annonce de celle de son corps et de son sang par Jésus43. Isaac est à regarder comme une véritable figure du Christ en raison de deux faits principaux : sa naissance annoncée par un ange (Gn 18, 10) et l’intention de l’immoler de son père44 (Gn 2245). Plus encore, comme le développe Hilduin, il annonce la naissance, la Passion, la mission et le second avènement du Sauveur. Le patriarche naquit de vieillards dont le corps était comme mort pour la génération ; Jésus est né d’une Vierge, sans action d’homme. Un bélier a été immolé à la place d’Isaac resté sauf ; la chair du Christ a été immolée sans atteinte à sa divinité. Isaac a semé l’orge et, cette année-là, a récolté le centuple ; le Christ, grâce à ses hérauts, a semé l’évangile en bonne terre et récolté au centuple. Quand Isaac devint vieux, il bénit Jacob et réprouva Esaü. En la vieillesse du monde, quand seront éteintes les lumières du ciel, enténébré le soleil, sans éclat la lune, « sur deux hommes présents aux champs, l’un sera pris et l’autre laissé46 » (Mt. 24, 40). A Pierre, enfin, a été confié le pouvoir des clés destiné à faire entrer l’assemblée des fidèles (conuentus fidelium) dans la deuxième demeure du Christ qu’est l’Eglise par le don des sacrements47. Il porte ici une image du sacrifice eucharistique que l’Eglise par les Apôtres et leurs successeurs va perpétuer.
56Aussi l’utilisation des signes de reconnaissance pour chacun de ces quatre personnages met-elle l’accent sur l’Eucharistie. Deux aspects christiques se dégagent d’une lecture en symétrie de ce qu’ils figurent. La correspondance établie entre Melchisédech et Pierre y exalte le sacerdoce du Christ comme prêtre. Celle qui relie Isaac à l’Agneau de Dieu montre le Christ comme victime. Jean en est l’ostensoir proposé à l’humanité pécheresse symboliquement suggérée du côté Nord de la Cathédrale.
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57La statue de Jean sur la façade Nord de la Cathédrale de Chartres mériterait une étude plus large qui dépasserait le cadre imparti. Au demeurant, nous pouvons déjà dégager le message livré par les quelques détails ici relevés et situés dans l’ordonnancement du porche.
58Le Précurseur est, de tous les hommes de l’Ancienne Alliance, le plus proche du cœur de Dieu, comme l’indique le regard de l’Agneau sur lui. Leurs croix se superposent sans se confondre. Placé du côté droit de la porte, auprès de Pierre, il est présenté comme participant de la Nouvelle Alliance, nouveau pan d’une histoire qui a radicalement chaviré autour de l’axe central qu’est le Christ, « l’unique médiateur entre Dieu et les hommes48 », « le médiateur de l’Alliance nouvelle49 », selon une médiation toute sacerdotale et ici debout au centre du portail, sur le trumeau. Cette participation johannique est celle du prédicateur ultime des sacrements, et du sacrifice eucharistique en particulier, dont l’aspect victimal est mis en relief avec insistance par le doublet de la croix et de l’Agneau.
59Placé symboliquement au Nord, il est humble – comme le fut sa carrière – à la portée de tous les regards pour offrir son invitation qui n’est qu’espérance. Que ce soit ce regard et ce geste compatissants de l’Agneau, la présence du bois-sarment-promesse de fécondité, la place du Baptiste du côté liturgique de la Résurrection des pécheurs et sa position supérieure à celle d’Abraham, père de tous les croyants, tout concourt à montrer l’amour de Dieu enveloppant sa créature. Le sculpteur illustre ainsi ce que dit ailleurs l’hymne chantée en l’honneur du Baptiste, « fibula » entre l’Ancienne et la Nouvelle Loi. Avec audace, il lui associe également l’Agneau portant la croix et l’étendard de la Résurrection. Il en fait ainsi un quasi apôtre, missionnaire des origines et témoin du Ressuscité50 par sa vie même. Il illustre alors le point de vue chartrain développé chez Alain de Lille :
Sed qui dicunt Ioannem damnatum esse, obuiant Verbis Christi51.
60Qu’il soit encore représenté sur les verrières de deux autres côtés de la cathédrale et Jean est dit également être placé sous le signe de la Trinité. Le vitrail occidental l’intègre dans une narration des autres vies terrestres, dont celle du Christ. Sa fenêtre au midi, au sommet du Chœur, le magnifie et, symboliquement, le place très haut dans la hiérarchie des saints, dans la lumière méridionale de la gloire finale. Partant, sa figure posée au nord, paisible et solide comme la pierre, s’offre comme une invitation forte à la participation du Chrétien au Sacerdoce royal des laïques, pour que le cœur de l’homme se fasse eucharistie.
Nous avons perdu le signe de notre triomphe et de notre rédemption, le signe de la croix, le rempart de la croix.
61s’écrie encore Alain de Lille à la veille de la troisième croisade.
Seuls les pauvres de cœur qui acceptent de porter de nouveau le signe de la croix seront sauvés52
62et – poursuivons-nous ici – pourront passer de l’invitation extérieure faite dans la pierre à la lumière intérieure dont les vitraux sont encore de pâles outils. Tel paraît bien encore l’appel lancé par les formes de la statuaire chartraine pour nous hisser de la terre gaste de notre septentrion à la joie des élus.
Notes de bas de page
1 Yves Delaporte, La Cathédrale de Chartres, Chartres, 1926, p. 463. Fenêtre n° 117 du répertoire = n° 106 du Corpus Vitrearum Medii Aevi, Paris, 1978, p. 36.
2 Emile Mâle, Les Saints, compagnons du Christ, Paris, Beauchesne, 1958 [1988], p. 50.
3 Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Christian Pirot, 1992.
4 Emile Mâle, op. cit., p. 43.
5 Ibid. et Alexandre Masseron. Saint Jean-Baptiste dans l’Art, Paris, 1957.
6 Louis Grodecki, Le Vitrail roman, Fribourg-Paris, 1977 [1983], p. 170-171.
7 Vers 1215-1226/1230. Cf. Louis Grodecki, op. cit., p. 225.
8 Alexandre Masseron, op. cit., p. 172 sq.
9 Saint Augustin, De Genesi ad litteram, I, X, 18.
10 Ibid. II, VIII, 19.
11 Ibid. I, II, 4.
12 Cf. Michèle Vauthier, « Du laid comme signe dans l’architecture ecclésiale : du diable de la façade occidentale de Chartres et de quelques autres laideurs au midi », in Le Beau et le Laid au Moyen Age, in Senefiance, n° 43, Aix-Marseille, PUP, 2000 ; p. 513-529.
13 Marie-Thérèse d’Alverny, Alain de Lille, textes inédits, Paris, 1965 ; p. 20-21.
Bernard Hauréau, « Mémoire sur la vie et quelques œuvres d’Alain de Lille », in Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. XXXII, 1886.
14 Alain de Lille, Liber Sennonum, s. 23 : « Vox clamantis in deserto », P.L. 210, 243 C (cité par Jean Longère, Œuvres oratoires de maîtres parisiens au xiie siècle, Paris, Etudes augus-tiniennes, t. II, p. 161, n. 23).
15 Louis Réau, Iconographie de l’Art chrétien, Paris, 1955-1959 ; t. 1. G. Schiller, Ikonographie der christlichen Kunst, 1980, t. IV, 2.
16 Edgar Haulotte, Symbolique du vêtement selon la Bible, Paris, Aubier, 1966, p. 154-156.
17 Ibid., p. 166.
18 Emile Mâle, Les Saints, compagnons du Christ, op. cit., p. 47.
19 Edgar Haulotte, op. cit., p. 54, n.3.
20 Etienne Langton, Ecce rex noster adueniet, Paris, Arsenal 400, f° 86vb.
21 Pierre de Poitiers, « Emitte Agnum, Domine, Dominatorem terre », Paris, BN, lat. 14593, f° 301 r°.
22 Alain de Lille, Textes inédits, éd. M.-Thérèse d’Alverny, p. 280.
23 Walter Cahn, La Bible romane, Fribourg, Office du Livre, 1982, p. 209.
24 Maurits Smeyers, L’Art de la miniature flamande du xiie au xvie siècle, Leuven-Tournai, La Renaissance du livre, 1998, p. 139, fig. 38.
25 Cf. C.R. Dodwell, The pictorial Arts of the West 800-1200, Yale University Press, 1993 ; p. 117, fig. 105 ;p. 99, fig. 80-81.
26 Cf. Rom. 5, 10 ; 17.
27 Cf. E.A. Cerny, First born of every creature (Col 1, 15), Baltimore, 1938.
28 Alain de Lille, ibid. = Raoul Ardent, « Ecce mitto angelum meum », P.L. 155, 1340 D. Cf. J.W. Baldwin, Master Princes and Merchants, The social views of Peter The Chanter and his Circle, Princeton, I, 1970, p. 39-41.
29 Cf. Mt 3, 1-12 ; Me. 1, 4-8.
30 En particulier celles auxquelles Emile Mâle se réfère.
31 Hugues de Saint-Victor, De Sacramentis 415 B-417 D ; trad. Patrick Sicard, Hugues de Saint-Victor et son Ecole, Brepols, 1991, p. 118-119.
32 Alain de Lille, O clauis David et sceptrum domus Israel, Paris, BN lat. 3818, f° 8 r° (cité et traduit par Jean Longère, Œuvres oratoires de maîtres parisiens au xiie siècle, Paris. Etudes augustiniennes, t. II ; p. 188, n. 79).
33 Ap. I, 4-6
34 A. Feuillet, Christologie paulinienne et tradition biblique, Desclée de Brouwer, 1972, p. 56.
35 Honorius Augustodunensis, Gemma Animae I, 139, P.L. CLXXII, 587. Cf. M. Bonnet, Histoire générale de la danse sacrée et profane, Paris, 1723, p. 33 sq. Jeanine Horowitz, « Les danses cléricales dans les églises au Moyen Age », in Le Moyen Age, 2, t. 95, 1989, p. 279-292.
36 Sententie Divine Pagine, éd. Bliemetzrieder, p. 151 = saint Augustin in Psalm. 18, 2, P.L. 36, 154 = Honorius Augustodunensis, Elucidarium I, 10, éd. Yves Lefèvre, Paris, 1954, p. 362 = saint Grégoire, Moralia 28, 5, 14, P.L. 76, 455B ; 32, 15, 25, P.L. 76, 651A = saint Isidore, De Natura rerum 12, 1 ; 17, 5.
37 Adam de Saint-Victor, Hymne de la Dédicace, Gautier, 3e éd., p. 75.
38 E. Konigson. L’Espace théâtral médiéval, Paris, Editions du Centre national de la Recherche scientifique, 1975.
39 « Yahvé Dieu planta un jardin en Eden, à l’Orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé » (Gn II, 8).
40 Saint Augustin, in Ps. 47, 3. ; Origène, Homélies sur l’Exode IX, 3.
41 J. Sauer, Symbolik der Kirchengebäudes und seiner Ausstattung in der mittelalterlichen Litteratur, Fribourg en Brisgau, 1924.
42 Cette symétrie a déjà été relevée par l’Abbé Guy Villette, « Réflexions sur le Porche de l’Alliance ». in La Cathédrale de Chartres, œuvre de haut savoir, Chartres, éd. J.-M. Garnier, 1994, p. 17-40.
43 Saint Ambroise. De fide, III, 12, P.L. 16, 607-608.
44 Le sacrifice d’Isaac est l’épisode biblique le plus souvent représenté dans l’art médiéval. Cf. Louis Réau, Iconographie..., II 1, p. 134-137.
45 Honorius Augustodunensis, Hodie si vocem Domini audieritis, P.L. 172, 911C. = Petrus Comestor. Susceptum Noemi puerum posuit in sinu suo, Troyes, BM 1515, f° 28 r°, cité par J. Longère, op. cit.. t. II, p. 87, n. 32.
46 Hilduin, Principes populorum congregati sunt cum Deo Abraham, Paris, Maz. 774, f 197 r°, ibid., p. 95, n. 11.
47 Alain de Lille. O clauis David et sceptrum domus Israel, Paris, BN, lat. 3818. f° 8 ; Paris. BN, lat. 15965, F 14 r° ; ibid., T. II, p. 114, n. 53.
48 I Tm 2, 5.
49 Heb. 9, 15 et 12, 24.
50 Cf. I Cor. 15,7.
51 Alain de Lille. De fide catholica, I, 6, P.L. 210, 319 D.
52 Alain de Lille, « De Cruce Domini », in M.-Th. d’Alverny, op. cit., p. 143.
Auteur
Paris
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