Saint Jean-Baptiste, patron de Florence et voix « inspirée » de la renovatio dantesque
p. 131-147
Texte intégral
1Immédiatement après Pierre et Paul, les premiers apôtres et compagnons du Christ, vient, chez Dante, saint Jean-Baptiste plus couramment désigné sous la seconde partie de son prénom (Il Battista) que comme « saint » ; il apparaît en effet dès les premiers chants de l’Enfer, et il est encore présent à l’avant-dernier chant du Paradis.
2En réalité, le saint patron de la cité lainière de Florence, celle du lys également (il l’est également de deux autres cités mais du Nord, cité maritime comme Gênes, cité centrale et padane comme Milan) désigne beaucoup plus qu’un symbole monumental, le plus ancien monument (xie siècle) encore intact de nos jours, le Baptistère face au Dôme, où Dante et les siens furent baptisés. Il préside plus largement à la vaste et exceptionnelle entreprise de rénovation de l’Eglise de son temps et de l’Humanité dévoyée ; la figure de saint Jean-Baptiste se situe et déborde bien au-delà du cœur de la cité florentine où est né également le florin, bien au-delà de ce petit édifice octogonal que Dante assimile à une bergerie (l’ovile) qui fait encore partie de cette Terre, minuscule parcelle « vue du ciel du Paradis (XXII, v. 151 ; XXVII, v. 86) et qui n’est rien, par comparaison, face à l’Univers mû par l’Amour divin (Par., XXXII, v. 145).
3Or, est-il besoin de le rappeler, le pélerinage dans l’au-delà s’effectue le Vendredi saint de l’année jubilaire 1300, durant cette semaine pascale de la Résurrection, placée sous le signe de l’Agneau dont Jean le Prophète s’est fait le gardien, représenté si souvent en humble berger (Donatello, Leonard de Vinci) et en ascète avec sa houlette crucifère, ses longs cheveux bouclés, sa houppelande courte et fruste en peau de chameau ?
4Certes, si le saint patron de Florence, la ville natale de Dante dont il va être exilé pour toujours, mais à laquelle il « dédie » son « poème sacré :
Ici commence la comédie de Dante Alighieri
florentin de nation non point de mœurs,
5si ce saint patron émerge comme tel des trois royaumes successivement franchis et visités par le voyageur-scripteur de la Divine Comédie, cette « figure »-là n’est poins unique ; et ce sera la seconde partie de notre étude. Jean-le-Baptiseur (il l’est bien davantage, pour Dante, que comme « précurseur ») revêt aussi une autre fonction prophétique et de prédication, quitte parfois à côtoyer un autre Jean, l’Evangéliste et auteur de l’Apocalypse ; et sur les raisons de ce rapprochement, il conviendra aussi de nous interroger ; ce sera l’objet de notre troisième partie.
Saint Jean-Baptiste, patron de Florence
6C’est tout naturellement donc la première figure : celle du saint patron de la cité drapière qui émerge, quoique sous une forme sporadique, du périple du Triregno.
7Bien que nullement attaché à des écrits bibliques, comme l’est au contraire l’autre Jean (l’Evangile, l’Apocalypse), Jean le baptiseur, Il Battista s’identifie fortement à un lieu sacré qui consacre justement une jeune vie à sa naissance : le bien-nommé baptistère qui, à Florence, battistero San Giovanni illustre en très grande partie, côté sculptures et du xive siècle au xvie inclus, les faits marquants de la vie du saint qui baptisa Jésus : d’Andrea Pisano à A. Sansovino, en passant par V. Danti, F. Rustici, sans oublier Ghiberti. Un baptistère qui contient aussi le tombeau d’un antipape prénommé Jean (Giovanni XXII). Pour Dante voyageur dans l’au-delà, mais aussi scripteur appelé par Dieu – scribe délégué à témoigner auprès de ses contemporains comme pour les générations futures, un tel saint, prêchant la conversion intérieure (la métanoia) et ayant annoncé la venue prochaine du Messie (Marc, I, 4) revêtait une importance toute particulière quant au message de renovatio dont la Divine Comédie se voulait porteuse.
8Le parallèle implicite, mais au second degré, avec le rôle rempli par saint Jean-Baptiste auprès du Christ rapproche la mission du premier qui baptisa Jésus mais qui, en quelque sorte prédestiné dans le ventre de sa mère Elizabeth, proche parente de la Vierge, l’est aussi déjà tout enfant comme compagnon de jeu de l’Enfant Jésus et membre de la « sainte famille », de la mission de scribe délégué du second, « baptisant » de ce fait son grand œuvre tripartite de « poème sacré (Par. XXIII, 62 ; ibid. XXV, 1).
9Le parallèle implicite ne s’arrête pas là pour autant : il peut être poursuivi sur un autre plan et dans une autre direction, d’ordre à la fois biographique et conceptuel en relation avec l’exil de Dante.
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10Où, quand et comment la figure johannique surgit-elle, chemin faisant et à chaque étape du périple, infernale, purgatorienne et paradisiaque ?
11C’est bien là son rôle éminent de figure tutélaire et charismatique qu’elle remplit dès l’Enfer : Jean-Baptiste en effet intervient dès le premier royaume, celui du péché et de la damnation, et du châtiment sans retour. Les damnés, ne l’oublions pas, évoquent volontiers les jours heureux d’un bonheur brisé par leur faute ou suite à une conjuration de leurs adversaires au plan des sentiments (Francesca da Rimini, chant V), à celui des convictions politiques (la passion politique d’un « philosophe » comme Guido Cavalcanti au chant X) ; ou encore, au plan d’idéaux à la fois civiques et littéraires, un Brunetto Latini (chant XV ; v. 22) comme à celui de l’aventure spirituelle au sens lâche (un Ulysse, chant XXVI, v. 90).
12Moins surprenante malgré tout est la présence de Jean-Baptiste – mais on verra sous quelle forme – au second royaume, celui de la purgation et du juste repentir en vue du salut, du pardon, qui est, des trois royaumes visités successivement, le plus long et le plus lent puisque Dante et Virgile y débarquent le dimanche matin à l’aube et ne quittent (Dante avec Béatrice qui a remplacé Virgile, interdit de « paradis ») le paradis terrestre que le mercredi après-midi.
13Bien entendu et plus logiquement encore, le rôle de saint Jean-Baptiste s’accroît encore dans la traversée lumineuse, immatérielle des dix sphères célestes où l’on aura une sorte de crescendo idéologique et pathétique à la fois du rôle baptismal joué alors par l’écriture thérapeutique et cathartique du parcours initiatique dans son ultime phase, décisive, rôle que Dante ne perd jamais de vue.
14Si, au Paradis, l’avancée dans la purification est désormais telle que l’assurance du salut se voit à chaque étape confortée, précisée, au Purgatoire, il n’en va pas de même pourtant : aussi, tout de même que lors de l’étape précédente (infernale), un certain nombre d’« esprits », hommes ou femmes qu’ils furent lors de leur existence antérieure et terrestre, évoquent à ce stade, les moments heureux d’autrefois tels Buonconte da Montefeltro ou la Pia, châtelaine de la Maremme toscane au chant V, ou Sordello le troubadour mantouan.... comme Virgile au chant suivant (Purg. VI), ou encore plus loin (au chant XIII), Sapia la noble siennoise.
15Pour tous ceux-ci, pour toutes celles-là, saint Jean-Baptiste ne peut que « représenter » une chance de salut sur le difficile chemin de la purification.
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16Reprenons plus en détail, en les interprétant, ces diverses traces à trois stades du pélerinage dantesque dans l’au-delà ; à trois phases distinctes de l’opération de rachat mis en œuvre par l’écriture du « poème sacré ».
Traces infernales tout d’abord
17Il faut attendre le chant XIX (v. 17-18), celui du huitième cercle, des fraudeurs, commun à la troisième bolge des simoniaques pour voir évoquer l’unique occurrence concernant le plus ancien monument florentin (du xie selon certains), enrichi de portes célèbres au xive siècle, d’Andrea Pisano mais surtout au xve siècle, celles de Ghiberti dont Michelange admiratif disait qu’elles étaient dignes de figurer au Paradis.
18Pour le reste, on le verra, soit avant (au chant III, v. 143, soit au septième cercle), soit après (au chant XXX, v. 73, 75) au huitième cercle encore mais dans la dixième et dernière des dix bolges, ce qui domine c’est bien l’image du Baptiseur, Florence étant désigné comme la città del Battista, débaptisant même son ancien dieu païen, Mars, au profit de saint Jean-Baptiste, puis, à la fin de l’Enfer, sous la forme du précieux alliage qui frappe le florin, signe évident de la prospérité et du rayonnement économique et culturel de la cité toscane, dès 1252 avec, d’un côté (face, avers) l’emblème floral du lys, et de l’autre (revers) l’effigie de saint Jean-Baptiste.
Traces purgatoriennes ensuite
19Elles se réduisent à l’évocation du futur saint dans le désert (XXII, v. 151-153) mais elles passent sous silence en revanche toute référence explicite au lieu sacré des fonts baptismaux, peut-être en raison des nombreuses épreuves justement de nature baptismale qui jalonnent le nouveau parcours de purification depuis la plage d’arrivée sur l’île de l’hémisphère Sud jusqu’au sommet du mont que coiffe le paradis terrestre : des épreuves qui, en même temps, en scandent la lente, pénible et graduelle progression vers le haut.
Traces surtout paradisiaques
20De loin les plus nombreuses, puisqu’à l’inverse de ce qui se passe au Purgatoire, à trois reprises et à trois moments-clés de la traversée des sphères lumineuses du cosmos, le baptistère de Florence est en quelque sorte ressuscité comme pour revêtir un éminent coefficient trinitaire : un sceau ou un emblème héraldique à triple composante.
21Le baptistère florentin, johannique au sein de la troisième cantica du « poème sacré » joue à plein de son rôle purificateur puisque cette troisième étape, par rapport aux deux précédentes encore d’allure terrestre quoique dans un rapport inversé, l’homme, la créature humaine s’y dépouille définitivement de tout ce qu’il aurait encore de trop humain (ce qu’indique le néologisme trasumanar d’entrée, I, v. 70) : ce qu’entraînerait encore, en sa gangue ou en son enveloppe charnelle, ce qu’il y a de trop vicié et que l’écriture dantesque traduit sous la forme d’un verbe fréquent (le verbe tramutare aux nombreuses occurrences) en même temps que se précise le don de voyance susceptible de prévoir l’avenir, confié au verbe antivedere.
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22Trois fois, par conséquent, renaît le baptistère « sacré » de la ville natale de Dante :
23a) une première fois en tant que baptistère qui préside aux destinées de la lignée de Dante puisque, avant lui, son trisaïeul Cacciaguida (mort au milieu du xiie siècle, en 1147) y reçut déjà le baptême :
et dans votre antique Baptistère
je devins à la fois chrétien et Cacciaguida.
(XV, v. 133-135)
24L’hendiadyn donne la priorité à la qualité « première » de « chrétien par rapport à celle du nom de baptême qui recèle en lui à la fois la notion « honnie » d’expulsion (caccia -) qui, bien évidemment, fait penser à l’exil de son descendant du xive siècle, et celle de « guide », en position de rime qui fait écho à la fidélité exprimée par le vers 131 (et première rime) comme elle fait écho aussi à la (bonne) renommée exprimée par le vers 133 (et seconde rime).
25Est-il besoin, à travers cette première mention baptismale reliée directement à la souche ancestrale, de souligner avec Dante la valeur exemplaire d’autant plus significative au Ciel de Mars (Mars ancienne divinité païenne florentine, celui des âmes combattantes au nom de la Foi que ce personnage vénérable de la lignée des Alighieri se trouve être par ailleurs le porte-parole de la cité idéale que fut jadis Florence, celle du xiie siècle donc, parangon de toutes les vertus civiques et domestiques ?
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26b) une seconde fois, au chant suivant immédiatement le précédent (chant XVI, v. 25-26), le Baptistère acquiert une valeur universalisante ; il n’est d’ailleurs plus désigné par son appellation strictement fonctionnelle ; mais il acquiert une grande force métaphorique et symbolique sous les auspices d’une bergerie avec son patron et gardien-berger, son pasteur par conséquent. Citons :
parlez-mois du bercail de saint Jean
tel qu’il était alors et qui étaient les gens
qui étaient en lui dignes des plus hauts sièges
(XVI, v. 25-27)
27vers auxquels il convient d’adjoindre le vers 22 :
dites-mois donc ma chère origine...
28Changement notable de perspective et d’intention : le second baptistère est alors celui que Dante héritier, toujours au même Ciel de Mars, héritier d’une lignée noble (se reporter au tout premier vers de ce même chant) se fait raconter sa propre histoire par cet ancêtre-patriarche de noble extraction !
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29c) reste la troisième et dernière mention baptismale paradisiaque, beaucoup plus éloignée, cette fois, puisqu’elle se situe au chant XXV où l’on est passé au huitième Ciel, celui des Etoiles ; l’un des chants-clés de tout le Paradis « annoncé » en quelque sorte, déjà, par le tout premier d’entre eux, le Ciel de la Lune.
30La solennité éclate quant à l’évocation liminaire du lieu sacré, baptismale et florentin : il n’y est plus question de baptistère ancestral où fut baptisé le Chef de la lignée ; il n’y est plus question du baptistère dont « hérite » à son tour, en son temps, le lointain descendant de la noble lignée, le jeune Dante du même nom.
31Ce troisième baptistère paradisiaque, au chant du triomphe du Christ, est un véritable hymne au berceau florentin, fusion de la toute première évocation baptismale florentine (infernale !) et des évocations successives. Alors que dans ce chant des Etoiles fixes, saint Jacques interroge Dante sur l’espérance, saint Jean apparaît : en essayant de voir son corps, ébloui, il en devient momentanément aveugle.
32Mais ce chant XXV est aussi celui de l’espérance sur terre de revenir d’exil, rêve en réalité évanoui, de se réconcilier avec cette Florence qui l’a chassé de son sein, et de se faire reconnaître de tous les siens en tant que chantre inspiré du Salut, auteur par décret exceptionnel et divin du « poème sacré » et poète couronné dans sa propre patrie, sur son propre sol à la différence d’un autre poète couronné, plus tard, mais à Rome, Pétrarque. Voici ces trois terzine à la fois pathétiquement autobiographiques et si profondément programmatiques :
Si jamais il advient que le poème sacré où le ciel et la terre
ont mis la main et qui m’a fait maigrir de longues années
« vainque la cruauté qui me tient au-dehors » « du bercail
où je dormis agneau » ennemi des loups qui lui font la guerre
avec une autre voix alors, avec une autre laine « je reviendrai
poète, et sur les fonts » de mon baptême, je prendrai la couronne...
(Par. XXV, v. 1-9)
33Ce second baptême (rêvé et réduit à l’état de glorieuse chimère) sonne malgré tout comme une vraie résurrection poétique, politique et pour tout dire chrétienne : c’est – et pour la dernière fois dans la Divine Comédie (il ne reste plus alors que huit chants), l’occasion inouïe d’un ressourcement atavique, d’une fidélisation renouée de type patriarcal en même temps qu’une focalisation sur des racines que les circonstances historiques brutales, iniques (l’exil) lui ont arrachées. Mais paradoxalement c’est aussi pour Dante scripteur « délégué » de la voix divine, la confirmation d’une mission à la manière de celle de saint Jean, politique et morale, mais qui, à la différence de celle du saint qui va le payer de sa vie, repose sur la valeur testamentaire de l’écrit, c’est-à-dire de l’écriture qui fait foi, « écriture » que l’on peut écrire avec une minuscule ou avec une majuscule comme un écho biblique.
34Dans la longue citation-programme qui ouvre ce chant XXV du Paradis l’évocation baptismale est indissociablement double : à la suite du premier et véritable baptême « historique » à la naissance de Dante en 1265, « répond » un second baptême demeuré en réalité lettre morte, qui pourrait venir confirmer et consacrer le premier à l’âge adulte, c’est-à-dire dans la seconde décennie du xive siècle au cours de laquelle il rédige son Paradis et achève le cycle trinitaire de la Divine Comédie.
35Saint Jean (et « à travers lui » Dante) y apparaît a la fois comme saint patron de la cité florentine (le bercail... la laine...) et comme « voix » inspirée d’une renovatio envisagée certes à l’échelle universelle mais qui engloberait également un recours en grâce qu’attendra en vain l’exilé florentin qui mourra à Ravenne peu de temps après l’achèvement de son « poème sacré ».
36Trois fois trois vers auront suffi à rappeler le sens d’une mission et le patronage johannique autour d’un seul et même lieu : le Baptistère de Saint-Jean.
37Mais saint Jean le Précurseur, présent sur l’une des faces de la prestigieuse monnaie d’or du florin ne se réduit pas à la seule figuration du patron de Florence ; il est aussi et bien autant la voie « inspirée » de la renovatio entreprise par l’auteur de la Divine Comédie, au début du xive siècle.
Saint Jean, voix « inspirée » de la renovatio dantesque
38Voix inspirée et inspiratrice, Jean-Baptiste le Florentin, pour Dante par les Florentins renié, l’est très tôt dans la Divine Comédie, juste après celles de Pierre et de Paul qui entrent très vite en scène aux chants I et II de l’Enfer. Car, on l’a vu précédemment, le lieu sacramentel par excellence du baptême, lieu johannique, vient à être souligné de deux façons d’un point de vue métaphorique autant que métonymique : soit par le truchement de la « bergerie » (variante : du « nid »), soit par l’appellation antonomasique de « mon beau saint Jean ».
39— En Enfer d’abord : en pure logique dantesque, le baptiseur tel que Jean s’est manifesté d’entrée est encore présent dans le dernier référent à la dixième et dernière bolgia, au huitième cercle « des faussaires (chant XXX, v. 73-75) où Dante écrit :
C’est là qu’est Romena, où je faussai l’alliage
qui fut scellé par le Baptiste...
40L’exemple constitué par la figure de Jean-Baptiste est ici démentie (donc mis à relief a contrario) par le biais de l’infraction sacrilège issue de la malversation ourdie par le faussaire en question. De plus, avec ce contre-exemple sur lequel s’achève bientôt la première étape du voyage dans l’au-delà, est introduit un Jean-Baptiste parangon de l’intégrité face à la corruption (de type ouvertement monétaire) et à la vénalité la plus pernicieuse. Trafiquer économiquement et tricher moralement, c’est une seule et même chose pour Dante.
41— Après l’Enfer, second royaume, le Purgatoire : on l’a déjà noté, pas de traces cette fois du lieu sacré à/par Jean le Baptiseur et patron de Florence ; mais en revanche, dans ce royaume où Dante aime à citer les Evangiles, celui de Luc au chant XXI, v. 7, celui d’Ezéchiel au chant XXIX, v. 100 et où le prophète Daniel, aussi, apparaît au chant XXII, v. 146, dans ce royaume donc si riche en épreuves baptismales sur le long chemin de la purification, au chant XXII, celui des avares et des prodigues (double excès par conséquent), le Baptiste surgit comme contre-exemple de l’austérité des mœurs et de la frugalité dont Jean sut si bien faire preuve durant sa prime jeunesse, lors de sa parenthèse érémitique au désert.
42C’est lui, en effet, qui clôt ce chant qui, en sa partie terminale, convoque l’idéal d’un âge d’or en ces termes :
le premier âge, tant qu’il fut beau comme l’or
rendit les glands savoureux par la faim et par
la soif fit un nectar de tout ruisseau.
(Purg. v. 148-150)
43C’est sur fond de pureté où précisément faim et soif, marques authentiques de la nécessaire ascèse, et règle d’or évangélique, que le Baptiste est figuré « au désert » :
Miel et sauterelles furent les mets
qui nourirent Baptiste au désert
et c’est pourquoi il est glorieux et aussi grand
que le proclame l’Evangile.
(Ibid., v. 151-154)
44Telle est donc la fin de ce chant XXII qui s’achève sur la figure emblématique de Jean-Baptiste, avec ce sceau évangélique qui scelle le tout dernier vers d’un chant qui, à l’exception du chant XXXII avec ses cent soixante vers, le record de tout le poème, atteint en seconde position le total de cent cinquante-quatre vers en compagnie de trois autres : antérieurement au XXIIe, le XIIIe et postérieurement au même chant XXII, les XXIVe et XXIXe ; tout se passe comme si la « matière divine » devenait par excès d’amour mais aussi par carence du non-dit, surabondante malgré tout. Point n’était donc besoin de faire défiler avec d’autres saints comme saint Michel ou encore saint Pierre (chant XIII, v. 49-51), Jean-Baptiste qui fournira encore bien d’autres référents dans la dernière cantica.
45— Au Paradis par conséquent, on a déjà constaté la forte et triple empreinte laissée par la présence du baptistère florentin. A présent, il conviendra de tenir compte de nouvelles données propres à cet ultime et décisive étape du pèlerinage initiatique dantesque : d’abord, l’accent marqué sur le sceau hagiographique, tant celui des apôtres comme Pierre et Paul que celui des saints doctrinaires, fondateurs d’ordre tels saint Dominique et saint François d’Assise, ou encore celui de docteurs de l’Eglise comme saint Thomas et saint Augustin dont la personnalité figure en direct et longuement ; ensuite, le recours aux voix prophétiques telle celle de Daniel (chant IV, 13) ou encore celle d’Isaie (XXV, 91) voire de Moïse dans le même chant ; encore et surtout, l’on doit tenir grand compte, à présent, des perspectives nouvelles de résurrection plusieurs fois mentionnées (ex. XX, 118, 124) et de nécessaire ressourcement (XIV, 43-45).
46Dans une optique d’enseignement évangélique accru (IX, 133) et d’exemples empruntés tant à l’Ancien qu’au Nouveau Testaments (V, 35), intervient au Paradis une rencontre-symbiose entre les saintes Ecritures et leurs nombreuses citations latines et l’écriture « sacrée » dont Dante se veut le dépositaire et l’agent privilégié : au Paradis en effet, s’instaure plus particulièrement une refonte du langage confiée à un faire qui est un acte d’amour, un poetar qui ressortit à un acte de Foi. C’est au Paradis, rappelons-le, que l’on trouve les deux seules mentions de la destination inouïe du « poème sacré (XXIII, 62 et XXV, 1). C’est le Paradis encore qui pousse Dante à user du terme de teodia (XXV, 73) et du néologisme verbal imparadisare (XXVIII, 115). C’est donc au vu de telles données, si essentielles pour l’achèvement et pour le succès final du parcours de rédemption de Dante pèlerin et porte-parole de l’humanité pécheresse, qu’il convient de replacer et d’interpréter les dernières mentions johanniques de la Divine Comédie.
47Si Jean-Baptiste y est à la fois annoncé et confirmé, sous la plume de Dante, par la métaphore biblique du troupeau, c’est que la figure de Jean dépasse cette fois largement le cadre limité quoique sacro-saint du « baptistère » qui, initialement, renvoyait et à la lignée des Alighieri et à la propre biographie dantesque.
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48Trois exemples ici suffiront, pris au tout début d’abord, puis tout à la fin du troisième royaume, et qui montrent bien l’ambivalence d’une telle métaphorisation, si proche parente de la figure pastorale de Jean-Baptiste à la houlette crucifère.
49Aux chants V et VI tout d’abord, la métaphore joue successivement à contre-sens, le rôle du mauvais puis du bon exemple. Mauvais pour commencer (V, v. 80) où, comme un avertissement, Dante au Ciel de la Lune, le premier franchi, lance ce cri :
Ne soyez pas comme plume à tout vent
si la cupidité vous crie autre chose
soyez hommes et non folles brebis
50Bon exemple ensuite (VI, 22) c’est-à-dire au Ciel suivant, de Mercure (Mercure dieu du négoce... et des voleurs !) célébrant l’histoire de l’aigle romaine, et faisant l’éloge (étymologie significative) de li egregi romani, la meilleure part du troupeau !
51Reportons-nous cette fois à la fin du Paradis, soit au chant XXIX (v. 103-109) : chant capital qui décrit la création et l’histoire des anges (rebelles vs fidèles) et dénonce les déviances telles que fantaisies théologiques et trafic d’indulgences. Nous sommes à un moment-clé du pèlerinage dantesque dans l’au-delà, le jeudi de Pâques 14 avril 1300. Chant capital, également, du fait que Florence, ville dépravée se trouve sur la sellette des vives remontrances. La métaphore employée est, là encore, celle des brebis ignorantes et aveugles :
ainsi les brebis qui ne savent pas
reviennent du pâturage nourries de vent
et leur aveuglement ne les excuse pas,
52complétée par un Christ s’insurgeant que des sottises soient couramment répandues en lieu et place de la féconde et nue vérité angélique (v. 114).
53L’Esprit souffle, certes, où il veut : mais la métaphore du « vent » mauvais oriente différemment l’inspiration du type johannique.
Les deux Jean : pour une spécificité de Jean-Baptiste ?
54Reste un problème à résoudre à travers l’examen de la co-présence des deux Jean, c’est-à-dire de la coexistence occasionnelle voulue par Dante dans la Divine Comédie de l’Evangéliste et du Prophète et martyr victime du pouvoir d’Hérode.
55Est-ce la volonté de mieux les opposer pour opérer un choix, mais dans ce cas-là, en faveur duquel ? Est-ce, au contraire, une volonté comparative des mérites respectifs de la figure et de l’action, des paroles et des gestes des deux saints, notamment eu égard au Christ dont ils furent en même temps et à des titres divers, plus que les proches et des familiers reconnus comme tels par le Sauveur ? Ou bien, dans le cadre d’une réévocation de l’Eglise primitive militante, celle des premiers martyrs – et Jean-Baptiste en fut un – et des premiers apôtres et disciples, serait-ce le désir de les mieux rapprocher sans toutefois aller jusqu’à les confondre expressément, hâtivement ? Et ce faisant, une manière de mettre en exergue, a contrario de l’Eglise dévoyée de son temps frappée de plein fouet par une crise majeure (l’exil de la papauté) au moment de la rédaction de la Divine Comédie, deux exemples parlants de « réformateurs », chacun à sa manière ?
56En les associant comme au chant IV du Paradis (v. 28-30) et, ici sans vouloir choisir entre l’Evangéliste, disciple préfére de Jésus (Jean XIII, 23 ; XIX, 26) et le Baptiste son proche parent (Matthieu, XI, 11) :
le séraphin qui va le plus profond en Dieu
Moïse, Samuel, et l’un des deux Jean,
celui que tu veux, et Marie même,
57Dante semble les placer sur un pied d’égalité, et sans distinguer ce qui les différencie quant à leurs origines, leur rôle actif de propagandiste, bien que Jésus les tienne l’un comme l’autre comme deux disciples exceptionnels ; quant à leur courbe biographique aussi puisque, si l’on sait peu de choses de la vie du premier au sujet des dernières années, en revanche, celle de saint Jean-Baptiste, on l’a précédemment noté, se place sous le signe du martyrologe et dont Dante loue tout de même à deux reprises (Purg. XXII, 152 ; Par. XXXII, 31-32) l’exemple de tempérance à l’épreuve du désert avec, en prime, à l’avant-dernier chant du Paradis, la palme du martyr.
58En réalité, vers quels résultats Dante nous oriente-t-il à l’issue de pèlerinage de la semaine pascale de l’an 1300 ?
59Saint Jean-Baptiste, celui de la Divine Comédie, n’a nullement besoin de l’autre Jean pour exister et rayonner, après Pierre et Paul, figures certes de tout premier plan de l’histoire de l’Eglise : le premier associé au siège romain de la Chrétienté (la porte de St Pierre est la première nommée, dès le chant I de l’Enfer) ; le second associé à ce que Jean-Baptiste n’est à aucun moment du pélerinage dantesque, à un personnage « en chair et en os » qui prend la parole en tant qu’apôtre au chant XVIII, en bon ascète lui aussi (Par. XXI, v. 127-128) et... descendu aux Enfers comme de bonne heure Dante l’a souligné (Enf. II, v. 28 et 32).
60La figure johannique est de tout autre nature que la figure paulinienne puisqu’elle sert, à chaque fois, d’illustration au propos dogmatique, apologétique, c’est-à-dire au discours herméneutique dantesque, et quelque soit l’apparence vestimentaire de Jean sous ses habits frustes d’ermite au désert, ou, au contraire, sous une vêture cérémonielle d’apparat tel que le climat du chant IV nous le précise (« segno di celestial salita » ; « bello il primo giro » ; « dolce vita... de l’etterno spiro ») ; c’est-à-dire lors de la convocation des saints, apôtres, prophètes autour de la figure « en majesté » de Marie, scène que les peintres ont souvent représentée.
61Au fond, Jean-Baptiste vient d’abord compléter l’exemple proposé par la figure fondatrice ecclésiale de Pierre, représentant, comme Paul, de la vie ascétique dans le même chant XXI du Paradis, mais aussi et surtout le contempteur de toute richesse et du pouvoir corrupteur de l’argent, comme un saint Jean-Baptiste peut en être le témoin, à Florence de par le jeu nocif de la thésaurisation par florin interposé (Par. XXII, v. 88). Ce que la basilique de Saint-Pierre joue comme rôle de pôle préférentiel de la Chrétienté tout entière (Inf. XXXI, 59), le baptistère de Saint-Jean pourrait, mutatis mutandis, le remplir au sein du microcosme florentin. Nous disons bien : « pourrait ». Mais si l’un (Pierre), admis directement dans l’Empyrée, d’humble pécheur de Capharnaüm devint le premier disciple de Jésus et fut appelé par celui-ci Céphas (« la roche ») (Par. XXI, 127), l’autre (Jean-Baptiste), avant de pouvoir y accéder et d’y être admis, dut tout de même attendre deux années dans les Limbes, étant mort avant celui qu’il avait baptisé.
62Somme toute, trois types de facteurs ont sans doute pu jouer en faveur de la plus grande figure charismatique johannique : – en premier lieu le contexte marial étant donné que, de bonne heure, Jean est un intime, un des proches de la sainte Famille, aux côtés de Jésus enfant ; ensuite, la fin édifiante de son martyre, soit sa situation de victime désignée, et victime du pouvoir politique temporel le plus arbitraire, le plus capricieux et cruel qui soit (sur fond de déviance morale, Hérode et Hérodiade) et qui vaut à ce saint, fait rarissime, de se voir « fêter » à deux reprises aux calendrier ; une première fois, le 24 juin (fête de l’Eté, et du solstice), mais aussi une seconde fois le 29 août qui, précisément, commémore ce martyre, la décollation, autre motif favori de nombreux peintres, surtout à partir du xvie siècle ; enfin, sans doute, le côté mystique que sa « biographie » mit de très bonne heure en exergue avec sa retraite au désert et la forte image de tempérance et de frugalité qui sera justement la dernière « image » que l’on retiendra de Jean le baptiseur de Jésus dans la Divine Comédie, le point d’orgue « à rebours » du cycle johannique.
63Il apparaissait par conséquent logique – d’une logique toute dantesque – d’associer l’un et l’autre Jean, sans trop de préférence marquée en faveur de l’un ou de l’autre : l’un et l’autre, finalement si proches témoins de la vie et de la personne du Christ lors d’épisodes saillants (du baptême jusqu’à sa mort sur la croix), si familiers de ce même Christ et de son entourage. Restait même à les faire se cotôyer du début du Paradis (on l’a vu au chant IV) à la fin de ce même Paradis.
64Au chant XXXII en effet, pareillement à ce qui se passe dans une scénographie picturale, Dante dispose Jean-Baptiste tel qu’il fut « au désert », mais aussi tel qu’il apparut martyr (v. 31-33) en face de Marie, et bien avant l’autre Jean, l’Evangéliste placé, lui, à la droite de la Vierge, cent vers plus loin (XXXII, v. 127-130) ; avec, pour l’un comme pour l’autre, la souffrance pour blason mais différemment cependant comme ces vers les caractérisent l’un et l’autre, à la place éminente à l’Empyrée, « en forme de rose blanche » :
L’Evangéliste : Et celui qui vit tous les temps de malheur avant de mourir, de la belle épouse qui fut gagnée par la lance et les clous, siège auprès de lui....
(Par. XXXII, v. 127-130)
Le Prophète : Et, comme par ici le siège glorieux de la dame du Ciel forme avec les autres au-dessous de lui cette séparation, de même, vis-à-vis, est assis le grand Jean qui toujours saint, endura le désert et le martyr, et puis l’enfer deux ans.
(Ibid., v. 28-33)
65On aura remarqué, au sujet du Baptiste, qu’il est nommé par une tournure emphatique (« le grand Jean ») et – une fois n’est pas coutume –, déclaré enfin « saint » ; qualité que lui valurent à la fois une prime jeunesse prédestinée en ce sens et une fin d’existence marquée au sceau du martyrologe. Mieux même, Jean-Baptiste résume dans sa personne tout le parcours par élimination du « poème sacré » puisque c’est à son sujet qu’est encore évoqué, mentionné au seuil de l’éblouissement solaire paradisiaque, et pour l’avant-dernière fois, le terme d’enfer ; la toute dernière fois étant l’apanage du tout dernier chant (Par. XXXII, v. 25-27), avec un résumé qui, dans ce cas, revient au voyageur-et-scripte « inspiré » de la Divine Comédie :
celui-ci (= Dante) qui du fond de l’abîme de l’univers
jusqu’ici a vu les vies spirituelles une à une,
66et au nombre de celle-ci, justement, celle qu’incarne avec quel éclat un saint Jean-Baptiste patron de Florence et voix inspirée de la renovatio du vendredi saint 1300, et dans un contexte pascal où ce même saint Jean présentait aux Juifs Jésus comme l’agneau de Dieu, l’agneau pascal ; l’agneau, emblème animalier de Jean-Baptiste, enfant déjà, tout comme la figure récurrente de l’enfant dans les derniers chants de la Divine Comédie renvoient à l’enfance du Monde. C’est dire assez combien l’autre Jean qualifié de « grand » mérite sa place non seulement en tant que proche témoin du Christ mais également en tant que victime comme d’autres de la Foi et de la grandeur morale. C’est dire assez aussi, par contre-coup, combien l’exemple johannique, référent ponctuel certes et épisodique, devenait essentiel aux yeux de Dante baptisé sous les auspices de Jean, dans le baptistère florentin, aussi bien que dans le pèlerinage-expiation de l’au-delà, en l’an de grâce 1300 jubilaire bonifacienne.
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67Chez Dante, le Précurseur s’est effacé devant le baptiseur : saint Jean-Baptiste le bien-nommé donc, en très bonne position juste derrière Pierre et Paul les premiers apôtres, jalonne – sainteté souvent mise à part – de sa présence quoique sporadique, tout l’itinéraire dantesque dans l’au-delà. Si sa fonction éminemment orale (de prophète) par rapport à la fonction doctrinale écrite de l’autre Jean, l’Evangéliste, est à retenir, l’autre aspect fondamentalement lié à la personne du prophète demeure celle du moraliste.
68Si Jean-Baptiste (Il Battista comme l’appelle simplement et directement Dante) figure encore à l’avant-dernier chant du Paradis (Par. XXXII, 31-33), par un procédé antéro-rétrograde cher à l’optique dantesque, il est justement « le grand Jean » retiré au désert comme il le fut, comme il le fit dans sa jeunesse ; il est en même temps le martyr qu’il devint, victime de l’artibraire du pouvoir politique : saisissant raccourci de la vie du « saint », dont la prédestination s’inscrivait du début jusqu’à la fin de sa vie terrestre. Il est nommé en dernier, après que l’autre Jean ouvrit le troisième royaume si près du Salut en compagnie de prophètes, d’autres saints martyrs, d’archanges et de divinités mythologiques.
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69Figure complexe que la figure johannique dantesque, d’une part tout à fait en accord avec la fonction pastorale qu’il endosse dans nombre de représentations artistiques aussi bien scrulpturales (Donatello) que picturales (Leonard de Vinci jusqu’à la Renaissance et même plus tard) ; c’est-à-dire à l’opposé de ce rôle emblématique typiquement florentin qui préside aux destinées d’une cité où l’industrie drapière et le commerce des étoffes de luxe (l’arte di Calimala) sont synonymes de profit économique, de lucre et, à la limite, de corruption ; mais également, tout autant en dissonance au regard de cette même puissance économique et de ce rayonnement bancaire bientôt hégémoniquement médicéen tels que le florin – on l’a vu – jusque dans sa frappe, les matérialise et en divulgue à satiété une image tout à fait en contradiction avec les valeurs spirituelles et morales que Jean incarne et défend jusqu’au bout ; jusqu’à en perdre la vie.
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70Tout comme saint Bernard tout en haut du Paradis, saint Jean-Baptiste pourrait ainsi faire figure de « guide » même si, mort un peu avant le Christ, Jean dut en passer lui-même par les Limbes c’est-à-dire par un bref purgatoire de deux années avant d’avoir accès à l’Empyrée pour pouvoir bénéficier du Salut, et après avoir supplanté dans le cœur des Florentins un dieu païen Mars, comme effigie rassurante, pacifiée et purifiante de la cité florentine. Ce qu’en matière de salut, ne put réaliser Virgile, guide des deux premières cantiche, mort, lui, avant la venue du Christ (en 19 avant J-C) et qui, malgré le mystère de l’interprétation christologique de la IVe égloque, est condamné à jamais à demeurer dans les Limbes, interdit par conséquent de Paradis.
71N’y aurait-il point là, de la part de Dante, pathétique compensation au sort mélancolique virgilien, d’un Virgile tenu de s’éclipser subrepticement au seuil du Paradis terrestre (Purg. XXX, v. 49-51) ?
Auteur
Université Paul-Valéry-Montpellier III
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