La chrétienté au miroir sarrasin1
p. 85-99
Texte intégral
J’ai déjà dit, ou j’aurais dû le dire, que Wilson n’était pas,
même au degré le plus éloigné, apparenté avec ma famille.
Mais assurément, si nous avions été frères, nous aurions été
jumeaux.
E. A. Poe, William Wilson
1Il faut, c’est fatal, rappeler quelques poncifs, quelques images qui constituent la représentation que nous nous faisons tous du Sarrasin. Il déferle sur l’Archamp, grouille au col de Roncevaux et son ambition est bien de détruire le monde libre et chrétien, de l’asservir à une loi inhumaine et bestiale. Polythéiste, sournois, cruel, traître, il est parfois directement lié aux démons, pratique l’art de nigromance, même Orable y est experte ; il est uniformément négatif.
2Mais il est riche, raffiné, a les meilleurs chevaux, les plus belles armes, des soieries admirables, des épouses aimables qui tombent amoureuses des chevaliers Francs ; quand il se convertit, il devient un ami fidèle et un compagnon loyal, allant jusqu’à massacrer au nom de Dieu une partie de sa famille d’origine, comme Rainouart. Il lui arrive, dès qu’il se rapproche de nous autres chrétiens, de figurer comme un des meilleurs des nôtres.
3Enfin, même si c’est tardivement, on rencontre des cas étonnants de fraternisation ; le héros va alors rencontrer des Sarrasins, se battre pour eux, à leurs côtés, et acquérir autant d’honneur et de richesse qu’en France. Il arrive même que l’on se contente d’aller en visite voir le Sarrasin pour des vétilles, lui arracher quatre dents mâchelières par exemple. Nous sommes sur les marges de l’épopée, et ce n’est pas en apparence un ennemi bien sérieux que celui-ci, qui est pourtant le même qui a tué Vivien et Roland.
4Dès que l’on quitte l’étude attentive d’un texte ou d’une période pour tenter de savoir de façon plus globale ce qu’était le Sarrasin et en quoi il était périlleux, il semble que tout se dissout en une série de faits contradictoires, défiant l’analyse. De surcroît, la confrontation des images que nous offrent ces textes à ce que l’on peut savoir de la réalité historique est édifiante : si l’on retrouve dans les épopées la richesse et le raffinement de l’Islam, rien, à part quelques noms, ne peut présenter de rapport étroit à la réalité. L’aumaçour médiéval nous vient d’Al Mansour, Déramé d’Abd el Raman, et l’on pourrait certes proposer de nombreux autres exemples ; il n’empêche : les éléments sont toujours ponctuels et, s’ils montrent une connaissance de l’Islam, rappellent à tout moment qu’elle est elle-même fragmentaire. Davantage, les figures que nous propose la littérature semblent coexister sans difficulté avec la réalité. Il n’est que de voir la sérénité avec laquelle Joinville parle des Sarrasins, les côtoie, les estime à l’occasion, pour comprendre qu’il ne les confond pas avec les figures menaçantes des épopées. Il faut donc distinguer le Sarrasin littéraire du Sarrasin authentique, et ces deux notions ne se recouvrent que de loin en loin ; de surcroît, elles ne participent pas d’un niveau de connaissances plus ou moins élaboré : entre les pèlerinages et les croisades, l’homme médiéval, de toute condition, a eu l’occasion de rencontrer ces étrangers étonnants, ou tout au moins d’écouter parents ou voisins raconter leurs souvenirs de voyage. Il ne s’agit donc pas, dans la perception du Sarrasin, de penser selon des niveaux de connaissance, mais bien selon des niveaux de conscience.
5Cette dichotomie, nous la connaissons tous plus ou moins. C’est celle qui nous permet de nous appuyer sur des clichés – l’Anglais avec son parapluie et son chapeau melon, par exemple, ou le Français en charentaises muni de son béret et de sa baguette de pain – alors que nous savons que la réalité est plus complexe, voire radicalement différente : je n’ai jamais, pour ma part, rencontré de sujet britannique portant un chapeau melon. Nous sommes tous capables de jouer des archétypes que nous reconnaissons comme tels, et d’en sourire. Pour des raisons plus complexes, et cependant évidentes, ceux qui ont fait figure d’ennemi restent longtemps figés dans des images à l’égard desquelles il est plus difficile de prendre des distances. J’entends parfois encore parler, à l’heure de l’Europe, non seulement des Boches – qui remontent à la guerre de 70, mais aussi des Prussiens, qui remontent, eux, à l’occupation de 1815. Le Sarrasin épique n’a pas plus d’existence que le Boche, il est une image fabriquée, née à l’occasion de divers conflits, et il cristallise toutes les caractéristiques de l’ennemi, celui qui vient jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes. Par là même il me permet de me poser comme guerrier, père, époux et protecteur. En d’autres termes, l’ennemi m’intéresse non pas pour lui mais pour moi.
6C’est cette simple constatation qui m’a amené à m’interroger sur le Sarrasin, péril de la Chrétienté, non pas tel qu’il est effectivement, mais tel qu’il est véhiculé par les épopées, tel qu’il m’est nécessaire de le percevoir. En ce sens, il me semble qu’il est bien plus une nécessité littéraire qu’une figure historique, bien plus une nécessité psychologique – ou sociologique – qu’une simple nécessité littéraire. Le Sarrasin est un actant, l’opposant par excellence ; mais il est aussi celui auquel je me confronte, m’affronte et qui me révèle. Il n’est pas, prenons-y garde, le Persan du xviiie siècle qui m’amènerait à me connaître, il n’a pas pour fonction de m’inviter à me considérer de façon objective. Il est là pour me permettre de savoir qui je suis, pour reconnaître une identité narcissisée plus que pour mettre au jour ses failles. Je reprends ici le modèle bien connu de la construction d’une personnalité, où l’opposition est une des étapes nécessaires de l’identification d’un individu, variante psychanalytique du cogito cartésien : nego, ergo sum. En clair, le Sarrasin n’est pas seulement l’Autre auquel je m’oppose, il est aussi le Pas-Moi, le symétrique négatif qui me permettra d’affirmer qui je suis.
7Sa multiplicité d’apparence est garante de mon unité, en vertu du principe qu’énoncera plus tard saint Thomas : si le mal est nombreux, le bien est unique. Pour le chevalier Franc, habitant d’un territoire somme toute limité, menacé aussi bien par les Saxons que par les Musulmans, le Sarrasin sera d’abord celui qui vient de toutes les directions ; c’est ce qui apparaît aussi bien dans Aiquin que dans les Saisnes. En même temps, ces chansons de geste sont marginales, et l’on sait bien que les fronts militaires sont en Espagne ou au Moyen Orient. Dans Roland, Baligant aligne ceux de Butentrot, de Micenes, de Nubles et de Bios, de Bruns et d’Esclavos, de Sorbres et de Sors, d’Ermines et de Mors, ceux de Jericho, de Nigres, de Gros, de Balides, pour ajouter, dans la laisse suivante, ceux de Canelius, de Val Fuit, les Turs et les Pers, Pinceneis, Soltras, Avers2, etc.
8L’identification de ces peuplades a donné lieu à de nombreuses propositions, j’en retiendrai pour ma part deux choses. La première est bien sûr que, dans cette suite de noms, nous en reconnaissons quelques-uns, dont nous savons la diversité de provenance : les Esclavons ne sont pas proches de ceux de Jéricho ni des Perses, les Arméniens sont loin des Maures : Europe, Asie, Afrique sont représentés conjointement, donnant un caractère universel à cette coalition ; c’est donc de tous les continents que l’on vient ici attaquer la chrétienté. La deuxième est évidemment l’effet de masse, le vertige de l’énumération. Il n’est donc pas nécessaire que chacun des noms propres soit identifié ou identifiable, il est même souhaitable que quelques noms restent mystérieux, puisque non seulement le monde que je connais, mais même celui qui est au-delà s’attaque à nous. La mesniee Gorant que rencontre Vivien au début d’Aliscans est monstrueuse et se situe comme en marge de l’humanité : « C’est une gent de moult divers semblant/Tuit sont cornu et derriere et devant3 » ; on verra de la même façon que Margot de Bocidant, dans la même chanson, réside « desc’a l’abisme ou desevrent li vant./Iluec dit l’en que Lucifer desçant4 ». D’au-delà de l’humanité, d’au-delà du monde connu, tous viennent attaquer les Chrétiens, sur l’Archamp ou à Roncevaux.
9Face à cette multiplicité, le chevalier Franc est évidemment isolé, mais ressent plus que jamais la nécessité d’une unité, d’une union sacrée derrière un chef incontestable. Ce que j’appellerais volontiers le « syndrome du village gaulois », résistant victorieusement à l’envahisseur, participe d’une volonté politique et idéologique claire. Il est juste tout d’abord de répondre à un tel appétit d’invasion par une défense active, où la conquête, y compris la Croisade ou la Reconquista, seront en fait autant d’actions de légitime défense. Si tant est qu’il ait pu y avoir une inquiétude sur la légitimité de ces guerres outre-mer, elle est balayée par l’évidence du si vis pacem, par la nécessité stratégique de conquérir Nîmes, Orange, Sarragosse, Barbastre. Le héros assiégé se mue en héros conquérant justement pour résister au siège.
10Mais, de plus, tant que l’extérieur pèsera de façon menaçante sur la Chrétienté, celle-ci devra être unie sous peine de disparaître. Il est intéressant de souligner que l’on parle de Croisade aussi bien pour arracher le tombeau du Christ des mains des Infidèles que pour convertir les Albigeois : dans les deux cas, c’est bien la Chrétienté qui est menacée, et la fin des Croisades coïncidera avec le développement d’une Inquisition cherchant à convaincre que l’ennemi, cette fois-ci, est parmi nous.
11Cette exaltation idéologique et religieuse de l’union sacrée se double d’une utilisation politique ; alors que les luttes féodales restent vivaces, il est bon de rappeler la grandeur et la force de l’Empire carolingien tant qu’il a su rester uni derrière son chef : c’est du moins ce que propose le cycle du roi. Le cycle de Garin, avec la personnalité dominante de Guillaume d’Orange, montre au contraire comment un seul chef indépendant et loyal, un seul héros peut sauver la Chrétienté et assurer la stabilité d’une couronne qui lui doit tout, occupée qu’elle est par un Louis bien médiocre. Parallèlement à l’exaltation de la figure mythique de Charlemagne dont le pouvoir a besoin, ce dernier cycle met clairement en évidence la nécessaire fidélité à une royauté médiocre, mais préférable au chaos. Le héros providentiel, sauveur de la Chrétienté, est en même temps le soutien de l’ordre intérieur, par sa soumission à un souverain sacré, quelles que soient ses faiblesses.
12Il est évident que l’ambivalence d’un tel modèle idéologique ne peut être mise en place sans Sarrasin, sans ennemi extérieur forçant à choisir la fidélité au pouvoir, sans une conscience claire de l’endroit où se situent le devoir et le droit : le leitmotiv de toute chanson de geste est bien le vers du Roland « Paien unt tort et chrestïens unt dreit5 ». Si les chansons des Barons révoltés conduisent souvent à des scènes étranges en ce qu’il y est question tout à la fois de se venger et de se soumettre, de confronter rudement la justice et le pouvoir, il n’y a aucune ambiguïté de ce type lorsque l’ennemi est clairement différent de moi.
13Le récit des chansons de geste et des combats victorieux ou incertains mais toujours héroïques contre les Sarrasins constitue ainsi une sorte de récit fondateur, qui met en place et légitime non seulement une société, mais aussi une image de soi dans laquelle la loyauté et la fidélité ont la première place. Peu importe la réalité historique, il est nécessaire de construire son histoire, d’organiser une mémoire ; celle-ci, à l’image des valeurs véhiculées dans la société franque, est essentiellement guerrière. Elle est, par une acculturation plus récente, religieuse. Aux chansons de geste qui nous rappellent largement Charlemagne, il est opportun d’associer le titre révélateur des Gesta Dei per Francos.
14Il est évident toutefois que le Sarrasin n’a pas pour fonction de tenir ce seul rôle politique ou simplement idéologique. S’il me permet de m’identifier par le biais de cette opposition que j’ai tenté de montrer, il semble qu’il doit tenir bien d’autres fonctions. L’Indien des Westerns, s’il permet aux Américains des Etats-Unis de s’identifier en termes politiques et idéologiques, ne tient pas de rôle religieux et, s’il y a dans la mythologie nord-américaine des peuples de l’Antéchrist, ce sont éventuellement ceux de la vieille Europe. Le Sarrasin, au contraire, va permettre à la Chrétienté occidentale de se définir et de se percevoir comme telle. Mais, dans cette démarche, il va tenir un rôle plus complexe que celui que je viens de tenter de faire apparaître. Créature de peur, représentant mes craintes et mes angoisses, le Sarrasin ne se contente pas d’être celui auquel je m’oppose. S’il est celui que je ne suis pas, il est aussi, et surtout, celui que je ne veux pas être, et malgré tout celui auquel il se faut de peu que je ressemble ; nous savons que les figures les plus terrifiantes de nos cauchemars ne sont en fait que des représentations de nous-mêmes, de ce qui nous fait peur en nous.
15Sur le plan religieux, le Sarrasin va donc représenter exactement ce que la Chrétienté occidentale va craindre d’être, et il suffit de rechercher ce que sont les professions de foi des guerriers sarrasins pour retrouver ce qui, de façon sous-jacente, peut constituer les tentations de nos guerriers francs. Lorsque Corsolt s’adresse à Guillaume pour vanter une religion dont nous savons qu’elle n’a rien à voir avec l’Islam, il oppose clairement un dieu qui est aux cieux et les divinités terrestres, plus utiles :
Deus est la suz, desor le firmament :
Ça jus de terre n’ot il oncques arpent,
Ainz est Mahom et son comandement.
Totes voz messes ne toz vos sacremenz,
Voz mariages ne voz esposemenz
Ne pris je mie ne qu’un trespas de vent6.
16La mise en cause est claire, et nous y trouvons plusieurs points très révélateurs. Rappelons-nous que la christianisation en profondeur de la France ne date, en fait, que du viiie ou du ixe siècle, et que nombreuses sont les traces d’un paganisme qu’un syncrétisme religieux ne parvient pas à réduire. L’opposition est claire entre un père qui est in cœlis et d’autres divinités plus chthoniennes, dont on attend des réalisations bien terrestres et matérielles. Ce dieu spirituel, absent, caché, qui se manifeste par l’esprit, le pneuma, le souffle, n’est pas davantage, aux yeux de Corsolt, qu’un trespas de vent. On sait combien l’Esprit-Saint précisément a pu poser difficulté à la deuxième génération de convertis qui, trouvant des représentations d’oiseaux dans les chapelles qu’ils se remettaient à fréquenter, les canonisaient pour en faire des Sainte-Colombe, toponyme bien attesté7. En plus de ce souffle qui n’est que du vent, Corsolt attaque les rites de l’église, manifestement mal compris ; mais il est significatif qu’il s’acharne sur mariages et esposemenz, sacrements dont on sait combien la mise en œuvre a été longue et difficile ; en fait, derrière les restrictions sarcastiques d’un Corsolt, on peut entendre résonner celles qui avaient pu avoir cours au temps de Charlemagne et sans doute bien après. Les croyances des Sarrasins sont, en fait, celles de mes ancêtres proches, celles auxquelles, par l’effort de la civilisation et de l’évangélisation, j’ai pu plus ou moins renoncer. Il ne faudrait pas fouiller longuement les textes pour retrouver, affleurant quasiment, d’autres traces d’une religion primitive, à la fois méconnaissable et irréductible à une quelconque tradition chrétienne.
17Un autre exemple renforcera, je pense, cette hypothèse : on connaît le bonheur avec lequel sont mises en scènes les idoles des païens, statues d’or qui s’expriment parfois par de grossiers subterfuges, mais qui surtout vont être détruites et réparties comme autant de parts de butin8. Nous sommes ici face à la plus flagrante contradiction avec ce que le premier venu connaît de l’Islam et de son interdiction à représenter des figures humaines ou divines, et ce n’est pas en fonction de lui qu’il faut chercher à le comprendre, mais bien face à ce que la Chrétienté cherche à exorciser d’elle-même. On sait que Théodulfe, à Germigny, a préféré représenter l’arche d’alliance plutôt que Dieu, montrant par là que la querelle des images avait aussi influencé l’Occident. La destruction des idoles sarrasines figure ainsi le renoncement à toute forme d’idolâtrie, d’autant qu’elle est présentée comme gratifiante aux chrétiens, par le poids en or de chacune de ces idoles. Et cependant, nous savons combien le Moyen Âge, attentif aux représentations, a pu faire d’une Sainte-Foy de Conques l’exact équivalent d’un Appolin ou d’un Tervagant, nous savons à quel point le merveilleux de la légende du Voult de Lucques9 suppose une relation idolâtrique à l’image. La destruction des idoles sarrasines permet donc, sur deux plans, de se légitimer. D’une part, on refuse d’adorer des images qui ne sont que des représentations sans valeur, versant iconoclaste ; d’autre part, bien sûr, on peut grâce à cette allégeance à la vérité vénérer des reliques.
18C’est que, de Dieu à ses saints, il est évident que la question est posée du polythéisme. La Chrétienté médiévale se trouve à son tour dans une situation ambiguë, refusant évidemment le polythéisme tout en intégrant dans son culte aussi bien des Gorgon que des Christophe, des Crépin et Crépinien manifestement hérités de traditions païennes. La représentation de la religion des Sarrasins doit dès lors répondre à plusieurs attentes. On a vu qu’elle devait, au mépris de la réalité, être idolâtre. Cela ne suffit pas, il la faudra polythéiste. On connaît la suite rituelle des noms de dieux attribués aux Sarrasins, Jupiter, Apollin, Mahom et Tervagant. Cette tétrade apparaît très tôt, dès le Roland, et elle n’est pas innocente, par son aspect hétéroclite. Notons tout d’abord que le nom d’Allah n’y figure pas, alors que, comme le rappelle Ch. Pellat10, c’est un des mots les plus fréquents dans la vie quotidienne : la théogonie sarrasine ne cherche en aucune façon à calquer l’Islam. Les chrétiens qui la présentent semblent confondre la mission du prophète et ce que serait une incarnation sarrasine, évidemment tournée en dérision : Mahomet est mangé par les porcs et les chiens11 et ne risque pas de ressusciter. Surtout, à la Trinité chrétienne s’oppose une nébuleuse qui en est la dégradation. C’est la fonction je pense, dès les premiers textes, de cette tétrade qui ne doit pas être une Trinité, et qui en même temps me paraît être le reflet des incompréhensions d’une France profonde : comment n’avoir qu’un seul dieu en trois personnes, comment approcher la Trinité sans y voir une forme de polythéisme, alors même que le christianisme lutte contre cette notion ? De telles imprécations esquissaient une réponse. Quelles que soient les origines étymologiques d’Apollin, je suppose que l’auditoire moyen retrouvait dans ce nom des traces de l’Antiquité, d’autant plus qu’il y était invité par le nom même de Jupiter. Cette tétrade, par les noms qu’elle emploie, connote le polythéisme antique auquel il faut renoncer, s’oppose à la Trinité « par excès » et montre que s’il est possible au christianisme de penser un monothéisme en trois personnes, d’une certaine façon, le polythéisme commence à quatre.
19Il est probable que cette tentation d’un monde où les dieux seraient nombreux se retrouve, là encore, dans nos chansons de geste, et que c’est dans cette perspective qu’il faut comprendre non seulement les géants malfaisants des sarrasins, Agrapart ou Flohart, figures mortifères et diaboliques, mais aussi les interventions angéliques qui viennent au secours des combattants. Tout cela ramenant implicitement la démonstration non pas à un monothéisme au sens strict, mais à l’acceptation d’un polythéisme où, des dieux, « le nôtre » serait le meilleur : c’est bien la démarche de Corsolt reconnaissant le dieu chrétien, mais le confinant dans les sphères éthérées, forcé à la fin de reconnaître sa puissance. Démarche apologétique à la fois efficace et dangereuse, que l’on ne peut pour cette raison confier aux héros chrétiens – Guillaume à de tels arguments répond par des bordées d’injures – et qui cependant peut constituer une sorte de préliminaire à toute christianisation : Paul n’est-il pas venu au nom du Dieu Inconnu ? Le Sarrasin est donc, d’une certaine façon, prêt à recevoir la foi. Son refus de la chrétienté est souvent fait de dénégations trop bruyantes, de rodomontades qui expliquent aussi bien son agressivité que la facilité avec laquelle il saura, au besoin, se convertir. Il est là encore le double négatif, ma peur, mon semblable, mais tellement proche de moi qu’il peut, s’il le veut, me rejoindre de ce côté-ci du miroir.
20Face à ce Sarrasin qui représente les tentations profondes d’une société, l’affirmation de la foi constitue un des éléments importants des chansons de geste : elles retracent la vie et les exploits de héros chrétiens, qu’il faut tout à la fois admirer et imiter. Elle se fait de deux façons complémentaires. La première est évidemment le récit des exploits, et les hauts faits de Guillaume Fierebrace ou de Roland ont dû faire vibrer, d’autant que nous étions dans une société exaltant la bravoure physique, et sachant la concilier avec la figure chrétienne du miles Christi. Le bon chevalier était donc un bon chrétien, au moins en puissance, qui va jusqu’à intégrer dans sa démarche de soldat l’éventualité d’une mort, courageuse et héroïque, pour la bonne cause. Le soldat mourant s’assimile aussi au martyr et fait, par le don de sa vie, la preuve de sa foi.
21Le deuxième élément soulignant la chrétienté du soldat Franc face au Sarrasin, c’est toute la série des professions de foi que l’on regroupe sous le nom de credo épique, présents bien souvent dans les prières du plus grand péril, mais intervenant isolément, à l’occasion. Elles ont été étudiées en détail, et on sait combien ce qui est acte de foi se résume bien souvent à une récapitulation allant de la Création à la Rédemption et au-delà. Je me contenterai de souligner que ce que l’on appelle credo épique est largement en deçà de ce qu’implique le credo liturgique par exemple, et infiniment en deçà de ce que les prédicateurs les plus populaires ont pu nous laisser. Des notions comme la communion des saints ou l’importance des sacrements, dont on sait à quel point elles fondent la réflexion théologique et la foi médiévales, sont complètement absentes. L’interprétation que l’on donne souvent de cet état de fait est que le jongleur n’ayant pas pour rôle d’assurer la catéchèse, ce n’est qu’incidemment qu’il est amené à rappeler les points de la foi. Voire, dans le Couronnement de Louis, et ce n’est pas un exemple isolé, on a du mal à considérer les deux prières-credo de Guillaume comme de brèves incises. Tout se passe, en fait, comme si les prières du plus grand péril avaient au contraire un rôle catéchétique évident, destiné à rappeler à un auditoire captif – ou captivé – des choses souvent approximatives dans son esprit. Les historiens de l’art ont assez glosé la fonction de Bible de pierre des cathédrales : il faut accepter que dans les campagnes, les églises ne pouvaient se permettre un tel programme iconographique, et que le film de la Création et des grandeurs de Dieu, inséré dans les épopées, permettait en quelque sorte de réviser ce que l’on devait savoir. On peut constater par ailleurs que lorsque les récits épiques tendent à ne plus être aussi diffusés qu’autrefois, d’autres vecteurs, par exemple les xylogravures de la Biblia Pauperum, ont pu être utilisés. Le simplisme des figures, l’absence de densité théologique me font penser aux films fixes du catéchisme de mon enfance.
22Un autre élément essentiel de ces prières épiques, toujours évidemment suivies d’effet, est la mise en scène d’une efficace magique. La prière reconnaît et demande, et plus Dieu est reconnu, plus la prière sera efficace, peut-être même (mais nous sommes là dans le registre de la magie) contraignante. Toutes les prières du plus grand péril sont suivies d’un résultat qui les rend exemplaires, et invite à l’imitation aussi bien de la foi que de la prière.
23J’ai de plus en plus le sentiment que le premier Moyen Âge, que l’on a souvent tendance à comprendre comme un temps essentiellement chrétien, n’a affiché son christianisme, officiel, celui des clercs et des églises, celui du pouvoir, que pour dissimuler une société vivant une foi certes profonde, mais teintée d’animisme et toute habitée par une pensée magique. Un exemple, souligné par Sarah Kay dans son article « The life of the dead body », est celui de la communion sous les trois brins d’herbe. Ce beau geste rituel que l’on voit renouvelé sur les champs de bataille n’a pas de légitimité liturgique, on s’en doute. Les trois brins d’herbe sont interprétés généralement comme un rappel de la Trinité, l’absorption étant un simulacre de communion. Cette association des brins d’herbe à l’hostie, toute poétique qu’elle soit, me paraît discutable. Le folklore populaire garde le souvenir des trois brins d’herbe, souverains par exemple contre les piqûres d’orties : il suffit que les trois herbes soient différentes pour effacer radicalement toute douleur12 ; la terre absorbe le mal qu’elle a suscité, et au mieux, aide le mourant à se rapprocher de ce qui va l’engloutir :
L’acte de communier de brins d’herbes à même le sol rappelle que la violence et la brutalité de la mort épique renvoient les corps à la terre d’où ils viennent avec une rapidité alarmante. La terre a-t-elle le pouvoir de protéger ceux qui l’habitent ? Raoul dit à Ernaut « ni la terre ni l’herbe ne peuvent te protéger », mais elles le pourraient, selon Ernaut13.
24Nous sommes ici, clairement, dans le domaine de la pensée magique, d’une attitude animiste à peine déguisée, du type de celle qui se retrouvera au xve siècle dans les Evangiles des Quenouilles, par exemple.
25Ainsi, le Sarrasin permet de mettre en lumière tout à la fois les craintes et les espérances de la chrétienté médiévale. Grâce à lui, le chevalier Franc et l’auditoire du jongleur peuvent clairement se définir comme chrétiens, monothéistes, vénérant les saints comme émissaires de Dieu, et partageant une foi qui n’est pas tant de l’ordre du théologique que de l’ordre de l’historique. Avec les Sarrasins sont rejetés non seulement les étrangers mais aussi ce qui, du passé, est dur à porter ou assimiler. Ce n’est pas par hasard que les Sarrasins récupèrent bien malgré eux le Panthéon romain et les monuments antiques, comme s’ils étaient chargés de rassembler et de recevoir toutes les disparates, toutes les incohérences de la mémoire que je me construis, de l’histoire que je me forge.
26Cette histoire est, bien sûr, une histoire familiale, un roman dynastique ou lignager, qu’il s’agisse des fils de Garin ou des neveux de Charlemagne ; et c’est l’élément complémentaire de ce qui précède. S’il y a indiscutablement une fonction idéologique, politique et religieuse du Sarrasin, celui auquel je m’oppose, en tant que membre d’un groupe social, elle n’est pas unique. En quelque sorte, si le Sarrasin a pu avoir une telle importance, c’est aussi qu’il est au cœur d’une série de liens inconscients ; j’ai tenté plus haut de montrer que le Sarrasin était d’une certaine façon l’ancêtre du chevalier chrétien, ou tout au moins qu’il en revêtait un certain nombre de traits. Je vais maintenant explorer davantage ce point.
27On sait à quel degré les chansons de geste font de la relation oncle/neveu la relation privilégiée. Elle organise, dans une orientation le plus souvent patrilinéaire, une structure familiale d’une robustesse à toute épreuve. Il n’est pas nécessaire sans doute de rappeler les liens de Guillaume et de Vivien, ou ceux de Charlemagne et de Roland, ces derniers resserrés au point qu’on a souvent voulu en faire une relation filiale. Un exemple de cette relation oncle/neveu se trouve dans Raoul de Cambrai où Guerri abandonne ses fils pour se soucier de son neveu14. Les femmes, on le sait, sont bien en retrait de ces démonstrations d’amour et, en dehors de quelques mères exceptionnelles, celle de Renaut de Montauban par exemple ou Aalais, la mère de Raoul, on ne trouve quasiment aucune mère dans les chansons de geste. Notons que ces dernières sont confinées au cycle des barons révoltés, comme s’il n’y avait pas besoin de mère dès lors qu’il y a des Sarrasins, qu’il s’agisse de la Chanson de Guillaume ou du Roland. Dans cette société stérile d’hommes combattants, les femmes éventuellement sont des fiancées ou des épouses, jamais des mères. Il est vrai que les préoccupations strictement lignagères sont reléguées au second plan, et que ce qui est présenté, c’est bien d’abord la tragédie des héros écrasés et des enfants vaincus. Vivien, Roland tombent écrasés par un destin tragique et injuste ; qu’ils le reconnaissent fait d’eux des martyrs et des exemples, il n’empêche qu’ils sont des héros tragiques. Notons, à leur propos, l’économie du merveilleux sarrasin. Nos héros tombent sous le nombre et la fatalité, résistent de façon héroïque et surhumaine mais ce sont des hommes, des ennemis qu’ils combattent, pas des créatures surnaturelles : malgré l’art du jongleur qui transfigure ces derniers instants, il n’y a pas, somme toute, de mort plus indiscutable que celle de ces héros.
28Du côté des hommes, le tragique, l’ennemi implacable, la mort, le martyre, et la sainte fraternité des combattants. La réalité des conflits s’exprime, avec sa violence et sa crudité, et l’on sait qu’ils sont implacables. C’est sur cette réalité que se construit une partie de la chanson de geste. Mais l’on sait qu’il existe un autre versant, plus féminin, plus victorieux aussi, et où l’on peut se prendre à rêver. C’est là que se trouvent les belles Sarrasines, c’est là que se retrouvent aussi les fils perdus. Il est révélateur que le côté romanesque que l’on se plaît à trouver dans certaines chansons de geste commence lorsqu’il est question de retrouver un enfant. Chacun a tendance à considérer le monde sarrasin comme exogamique par excellence, celui dans lequel il est loisible, en dehors de toute trame romanesque, que le héros chrétien trouve sa fiancée. Il ne l’est pas tant que cela, au moins au niveau d’une dimension fantasmatique : le monde sarrasin est celui qui permet de retrouver les enfants, de régler les successions et d’identifier les héritiers. Les exemples fourmillent, de la belle Nicolette qui retrouve son père, li rois de Cartage, à la belle Maguelonne, de Gilles de Trasegnies à Apollonius de Tyr : toujours, de l’autre côté de la mer, se retrouvent tout à la fois les enfants et les héros salvateurs. On objectera que les exemples invoqués sont romanesques et tardifs : il suffit de nommer Julien dans Raoul de Cambrai et surtout Rainouard pour que les objections tombent.
29Notons-le, les personnages sont dès lors inscrits dans une dynamique victorieuse. Julien sera évidemment vainqueur des Sarrasins, retournant chez lui plein d’usage et raison. Rainouard, lui, remportera la victoire et retrouvera une famille : non pas celle des géants malfaisants et mortifères qu’il massacre avec persévérance, mais celle que lui apporte Orable. Le lignage féminin est victorieux, heureux, il vainc les géants et il fait rire. Les Sarrasins sont réduits au rôle des méchants des dessins animés, décimés, s’enfuyant devant un seul héros, surhumain et sympathique. Les ennemis, dès lors, peuvent rivaliser d’horreur, devenir de plus en plus hostiles et menaçants, nous savons que le héros vaincra. Epique et viril, il libérera des prisonniers et sauvera Orange d’un siège. Plus trivial et enfantin, plus près aussi des désirs et des réalisations fantasmatiques du petit peuple, il offrira de quoi se nourrir au paysan dépouillé de son champ de fèves.
30Le Sarrasin s’inscrit dès lors dans un schéma où, représentant successivement le monde violent et impitoyable du père et celui, plus fantasmatique et réconfortant de la mère, il constitue la part essentielle d’une autre histoire, celle que j’appellerais le roman familial et qui tire ses racines et sa légitimité non d’une vision sociale, mais d’une nécessité intérieure à chacun de nous. Dans cette vision du monde, le Sarrasin qui est à la fois l’ennemi et le semblable est aussi, je crois l’avoir fait comprendre, la figure parentale dont il faut se dissocier, aussi bien en tant qu’individu qu’à l’intérieur d’une société. La rupture, radicale, se manifeste sur le plan religieux, par l’instauration d’une nouvelle parenté spirituelle ; mais elle se manifeste aussi sur le plan familial, par une vision du monde qui fait alterner le tragique – l’écrasement sans pitié du héros par une fatalité aveugle et incompréhensible, le châtiment du père – et le comique, celui de la fantaisie de triomphe où le héros jeune et insolent triomphe sur des figures paternelles dégradées, Agrapart, Corsolt ou même Flohart, des géants impuissants, des ennemis réduits à l’impuissance. Le héros conquiert en même temps la femme et la fortune et l’on sait que, dans ce type de fantaisie de triomphe – puisqu’ainsi se nomme en termes de psychologie ce que je viens de décrire, pour vaincre et dépouiller le père, il faut lui prendre sa femme ou son équivalent. D’où le corollaire de ce que j’essaie de montrer : s’il y a fantaisie de triomphe, elle est d’une certaine façon endogamique, au contraire de ce que l’on pouvait supposer ; terre de la mère, terre de la femme, terre féminine – outremer(e) ? – par opposition à la terre des hommes, la terre sarrasine est la terre de ma famille plus encore que celle de l’ennemi, la terre où se manifesteront aussi bien la mémoire du passé que la fécondité à venir. Cette image durera longtemps. Jusqu’à la fin du Moyen Âge, les histoires de famille se régleront par un passage chez les Sarrasins. Mais n’oublions pas l’importance des pirates barbaresques, accessoires presque indispensables de toute « croix-de-ma-mère » jusqu’à la fin du xviiie siècle !
31Il est temps de conclure. On voit bien que, face à ce miroir que me tend le Sarrasin, je ne me bats que contre moi-même. Ses tares, ses vices, sont les miens, comme l’on doit s’y attendre. Il est mon double négatif, mais grâce à lui je parviens à me dépasser pour atteindre mon surmoi, à me représenter un monde où ma famille comme mes mobiles sont limpides et indiscutables. Le Sarrasin a souvent, dans son altérité/identité radicales, ce rôle cathartique qui permet non seulement à un individu, mais à une société de mieux se retrouver, et il a endossé ce rôle à un moment précis de l’histoire de l’Occident, qui fait que ni dans les Indiens des westerns, ni même dans les troupes d’Abd el Kader de la conquête de l’Algérie, nous ne retrouverons les mêmes fonctions imaginaires et les mêmes fonctions sociales. Il ne fonde pas une idéologie de la conquête ou de la colonie, il contribue à circonscrire une identité.
32Le Sarrasin, au bout du compte, ne vient pas dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes, puisqu’il adopte nos fils et nous donne nos compagnes. Faisons le bilan : il nous a forcés à nous structurer, à concevoir notre univers et notre société non pas comme un éparpillement de principautés, mais comme un grand Occident résistant au reste du monde. L’empire carolingien, d’Aix-la-Chapelle à Rome, a soudé une unité dont nous retrouvons aujourd’hui la saveur et mesurons l’actualité. Sur le plan culturel, le Sarrasin, d’Avicenne à Averroès, nous a redonné les clefs d’une science occidentale que nous ne savions plus nous approprier, et a contribué à nous révéler notre propre foi : que serait saint Thomas sans Aristote et ses commentateurs arabes, que serions-nous sans ce nord-africain qu’était saint Augustin ? Dans l’opposition drastique entre le nord et le sud telle que la conçoivent certains politologues, l’inimitié, le conflit armé masquent mal le besoin vital que nous avons, d’un bord à l’autre de la Méditerranée (notre mer), de nous interpeller, de nous répondre, de nous invectiver peut-être, mais surtout de nous parler et d’échanger. Qu’il y ait de la douleur à le faire, que la difficulté et la souffrance soient là, c’est certain. L’histoire nous le prouve depuis longtemps. Mais nous nous nourrissons même de ces déchirements qui ne sont jamais de simples haines. Il est révélateur qu’au moment même de la plus grande hostilité, le moment des épopées où sans nuances, nous tranchions l’émir et l’auferrant d’un même coup d’épée, nous épousions les belles Sarrasines – ou nous en rêvions.
Notes de bas de page
1 Ces remarques croisent, sous une autre approche, la réflexion menée par J.-P. Martin, entre autres dans « Quelques observations sur l’expression du passé dans la chanson de geste », Histoire et littérature au Moyen Âge, Actes du colloque du Centre d’Etudes médiévales de l’université de Picardie, Amiens, 20-25 mars 1985, publiés par D. Buschinger, Göppingen, Kümmerle Verlag, 1991, p. 279-290, et « La construction de l’espace sarrasin dans les chansons de geste », colloque Plaisir de l’épopée, Paris 7, juin 1999, à paraître, sous la direction de P. Y. Badel et G. Mathieu-Castellani.
2 La Chanson de Roland, éd. Ian Short (Paris, Livre de Poche, coll. Lettres gothiques, 1990), laisses 233-34.
3 Aliscans, éd. Claude Régnier, Paris, Champion, CFMA, 1990, v. 79-80.
4 Ibid., v. 5916-17.
5 v. 1015.
6 Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, Genève, Droz, TLF, 1978, v. 836-843.
7 Le code postal n’en donne pas moins de 27 occurrences, sans compter bien sûr les hameaux et lieux-dits qui n’y figurent pas.
8 Je pense par exemple à Aspremont, éd. L. Brandin, Paris, Champion, CFMA, 1922, 2 vol., laisse 188.
9 Cf. Aliscans, éd. cit., v. 4765. Il est vrai qu’ici le jongleur parle en son nom propre.
10 Pellat, Charles, « L’idée de Dieu chez les « sarrasins » des chansons de geste », Studia Islamica, XIII, 1965, p. 5-42 ; p. 16.
11 Cf. Ch. Pellat, op. cit., p. 23.
12 Ma grand-mère me l’expliquait doctement. M. de Combarieu, dans la discussion qui a suivi cet exposé, a fait remarquer que le nombre des brins d’herbe avait une signification chrétienne. C’est possible, mais on remarquera que, des Parques aux Grâces, le nombre 3 n’a pas attendu la Trinité pour avoir une valeur sacrée ; il est probable à mon sens que ce nombre, préexistant, ait été ici réactivé par la tradition chrétienne
13 S. Kay, « The life of the dead body : death and the sacred in the chansons de geste », Yale French Studies, t. 86, 1994, p. 94-108.Trad. D. Hue, « La Vie du corps mort, la mort et le sacré dans les chansons de geste », in L’Orgueil a desmesure, études sur Raoul de Cambrai… Paradigme, 1999, p. 107-122 ; p. 111.
14 Raoul de Cambrai, ed. Kay-Kibler, coll. Lettres Gothiques, 1996, v. 3402-3406.
Auteur
Université de Haute-Bretagne
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