Le Beuves d’Aigremont dans la version des incunables et dans les manuscrits en vers
p. 253-261
Texte intégral
1Le propos de la présente étude est de montrer que la version incunable du prologue de Renaut de Montauban (BN. Réserve Y2 365) se rapproche pour une part notable d’une tradition en vers représentée par le manuscrit de Metz (Z), parvenu jusqu’à nous de manière fragmentaire, grâce aux éditions de Karl Kaiser1 et d’Ernst Geipel2.
2Jusqu’au retour à Paris du corps de Lohier, la prose de l’incunable (pi) se rapproche davantage de la tradition de D que de celle de Z. Il en va encore ainsi, par exemple, lorsque l’empereur fait part du songe prémonitoire (D3, 964-968) qui lui fait craindre le pire pour son fils, et qui se retrouve dans pi, alors que Z fait allusion à ce songe, mais sans l’avoir présenté lui-même :
Challes li empereres fu forment aïrés
Por l’amor de son fil que il avoit amé
Et por le felon songe que il ot avisé. (vv. 977-979)
3Les choses changent à partir du moment où arrive le messager porteur de mauvaises nouvelles. Dans pi et dans Z s’engage un dialogue entre Charlemagne et Naimes, lequel conseille à l’empereur d’aller à la rencontre du corps puis d’attaquer Beuves :
« Alons encontre lui, se il vos vient a gré.
Et si soit enfoïs a Saint Giermain es prés !
Puis irons sur le duc par vive poësté ;
Jamais n’i garira il ne ses parentés,
Que ne soient honi et a honte livré. » (vv. 1037-1041)
« Si faictes », dist il au roy, « que vostre fïlz soit honnorablement enterré a Saint Germain des Prez, et puys irez sur le duc Benes d’Aigremont a toute vostre puissance, et destruirez luy et tout son pays a vostre plaisir » (b7 v°).
4En D, le dialogue entre les deux personnages a lieu après la rencontre de la bière de Lohier, et c’est Charlemagne lui-même qui propose d’inhumer son fils à Saint Victor (1114).
5A partir de ce moment, les liens entre Z et pi se resserrent. Dans les deux textes, le départ d’Aimon et de ses fils a lieu après les funérailles de Lohier, et non entre la rencontre du cortège funèbre et celles-ci, comme en D. C’est le père qui invite ses fils à quitter la cour, sous peine d’être obligés d’accompagner Charlemagne dans une expédition contre Beuves ; au contraire, il conviendra de venir en aide à Beuves ;
« Li rois ira sor li a coite d’esperon ;
Nos n’irons pas sor lui par le cors saint Simon,
Ains montons es cevaus et si nos en fuion !
Se Charles li muet guerre molt bien li aideron » (vv. 1080-1083)
« si sçay bien qu’il ira sur luy a toute sa puissance, mais veritablement nous n’y irons pas, ainçois nous en irons a Dordon, et si le roy luy fait guerre, de nostre puissance luy ayderons ». (b8 r°)
6En D, c’est Renaut qui invite son père et ses frères à partir ; il craint l’objet de la vindicte de l’empereur et d’être, ainsi qu’eux-mêmes, jeté en prison :
« Je dot que Karlemaigne me prenge a acheson ;
Por ce Bués est vo frere, nostre oncle, ce savon,
Por ce nos metroit tost li rois en sa prison. » (vv. 1037-1039)
7La suite des événements elle-même commence à diverger entre Zpi et D. Alors que ce ms. passe du départ des Aimonides au récit des menaces de Charlemagne contre Beuves, puis à une nouvelle évocation de la douleur du père devant le corps de son fils, la nouvelle du départ d’Aimon n’étant apportée qu’à ce moment et juste avant les obsèques de Lohier, Z et pi racontent tout de suite la scène de l’arrivée à Dordon, où l’épouse d’Aimon, nommée ici Marguerite, alors que tous les autres témoins, sauf M, apparenté à Z, la nomment Aie4. La dame se fait conter la raison du retour de sa famille, regrette la mort de Lohier et conjure son époux de rester fidèle à son seigneur et de ne pas entrer dans sa querelle avec Beuves :
« Ne te va de lor fait noient entremetant,
Que ta terre en perdroies et tot ton tenemant,
Ja ne verrois d’esté le premier mois passant
Que la guerre sera et orible et pesant.
Aidiés a Karlesmaine vo segnor loialmant. » (vv. 1130-1133)
« De cest affaire ne vous meslés, car a ce premier esté verrés que le roy ira sur vostre frere, et par mon conseil servés le roy vostre droitturier seigneur ne ne luy faillez pour riens » ; (b8 v°)
8ce conseil de Marguerite permet de comprendre pourquoi les Aimonides se tiendront à l’écart de la guerre qui suit le meurtre de Lohier.
9La différence la plus importante entre les versions Zpi et DPA tient à la façon dont est conçue et placée dans la chanson l’expédition punitive contre Beuves. Dans DPA, elle est interrompue aussitôt qu’entreprise5. A peine l’armée impériale est-elle rassemblée qu’un conseiller de Charles, Salomon, recommande d’envoyer un messager au rebelle afin de l’inviter à se soumettre (D, 1168-1175). Le récit de la guerre est reporté après la mort de Beuves ; il a des éléments communs avec la version Zpi, puisque les combats se déroulent eux aussi devant Troyes et comportent certains passages analogues, avec une tendance toutefois à l’abrègement (1655-2060, soit 405 vv. pour 489). Mais l’importance accordée à la guerre qui suit le meurtre de Lohier témoigne aussi d’une conception différente de l’architecture de la chanson dans son prologue et dans le début de l’épisode ardennais : il s’agit dans Zpi de souligner le caractère monstrueux de l’assassinat de Lohier en plaçant à sa suite le récit de longs affrontements ; D au contraire privilégie le lignage et insiste sur les conséquences du meurtre de Beuves.
10Reprenons donc le fil du récit selon Zpi. Charlemagne rassemble ses troupes et se met en route ; au bout de quelques jours, un messager se présente à Ogier et demande à parler au roi ; il est envoyé par le seigneur de Troyes qui, attaqué par Beuves et deux de ses frères6, sera bientôt obligé, faute de secours, de rendre la ville :
« Sire, li dus vos mande que il soit secorus ;
Et se vos ne le faites, il sera deceüs
Et si rendra la tor qui Julius Cesar fu » (vv. 1341-1343)
« s’il ne luy venoit au secours, qu’il luy fauldroit rendre Troye et aussi la belle tour que feit faire Julius Cesar » (c2 r°)
11En D l’arrivée de Charlemagne devant Troyes est précédée du récit de l’entrée en campagne de Girard et Doon, qui dévastent tout sur leur passage (1657-1665) et mettent le siège devant Troyes ; un messager se rend à Paris et prévient l’empereur qui réunit ses troupes et confie la bannière à Richard de Normandie (1700-1741) ; l’armée se met en route et met le camp à trois lieues de Troyes (1789-1790) ; un messager prévient alors Girard de Roussillon (1801-1810), passage qui a son correspondant dans Z (1383-1386) et dans pi (c2 r°).
12Le premier coup est porté par Girard de Roussillon7 ; Ogier riposte et va frapper Ponson (Ponchon dans Z, 14308). Les deux textes divergent ensuite sur l’auteur du troisième coup, Doon dans Z (1452) et Beuves dans pi, mais la victime est bien dans les deux cas un seigneur de Péronne et de Saint-Quentin (Z, 1453-1455, pi, c2 v°). Un peu plus tard, Richard de Normandie tue un chevalier ami de Girard, et celui-ci promet de se venger :
« Helas », ce dist li dus, « com par sui or dolans !
Orendroit est cil mors que jo amoie tant.
Jamais jor de ma vie ne serai bien joians
Se orendroit ne praign auques de vengemant » (vv. 1510-1513)
« Or suis maintenant bien doulent et courroucé, car celluy est mort que tant cherement j’aymoye. Certes jamais je n’auroye joye au cueur se briefvement ne m’en puys venger. » (c3 r°)
13Une vue générale de la mêlée est alors donnée, en des termes assez proches dans les deux textes :
D’ambe.ii. pars commence molt tres grans la meslee,
Bruient li mont, resonent les parfondes valees.
Icelui jor i ot tant targe effrondree
Et tant pié et tant poign, tante teste copee ;
Maint bon vassal i gist mort la gole baee,
Tant bon destrier s’en fuient lor regnes decolpee,
Dont li segnor remaignent enmi la pree (vv. 1574-1580)
« la quelle assemblee fut forte et merveilleuse, car il y eut tant de piedz et de testes couppees et tant de bons chevaulx tuez et les aultres courir parmy les prés, dont les maistres gisoyent mortz par dessus l’erbe » (c3 r°)
14Le duel entre Richard et Beuves intervient seulement à ce moment, et Beuves, comme en D, est abattu de son cheval puis attaqué par Charlemagne lui-même, tandis qu’un peu plus tard Ogier tue Fouquet (Folcon dans Z, 1688). Au soir de la bataille, Girard médite une revanche le lendemain, mais Don de Nanteuil (Fouques en D, 2066) recommande d’envoyer trente messagers9 pour demander la paix à l’empereur. Le jour dit, le porte-parole des messagers supplie l’empereur de pardonner la mort de son fils comme Dieu a pardonné sa propre mort :
« Dex pardona sa mort a Longis le larron,
uil feri el costé d’une lance a bandon « (1842-1843)
« Sire, pour Dieu ayez souvenance que Dieu pardonna sa mort a Longis qui cruellement le frappa au cousté de sa lance10 » (c4 v°)
15Charles, sur le conseil de Naimes, se tourne vers la clémence et mande les trois ducs, qui décident de venir à la cour après avoir dépouillé leurs vêtements. Lorsqu’il les aperçoit, l’empereur ne les reconnaît pas tout de suite :
« Baron, » dist Charlesmaines, « por le cors saint Vinchant,
Savriiés vos a dire qui sont icele gent ? » (vv. 1913-1914)
« Quant le roy Charlemaigne veit ainsi venir les troys freres avecques leurs barons et chevaliers, si appella le duc Naymes et plusieurs aultres barons et leur dist : — Ne me sçauriez vous dire quelz gens je voy cy venir ? » (c5 v°)
16La reconnaissance une fois faite, le roi accorde son pardon et invite Beuves à accomplir sa promesse de venir le servir à la saint Jean prochaine, puis il regagne Paris. Le moment venu, le duc se met en route, et l’on retrouve en D le passage qui est placé immédiatement après la mort de Lohier, c’est-à-dire le récit de la trahison et de la mort de Beuves. Comme pour le récit de la bataille devant Troye, pi est plus proche de Z que de D.
17Comme dans Z en effet, c’est le lignage des traîtres qui prend l’initiative, alors que D prévient immédiatement le lecteur que Charles est prêt à faire périr Beuves :
Dameldex en jura le roi de majestez
Que se il le tenoit mal seroit ostelez.
Errant seroit penduz et au vent encroez (vv. 1365-1367).
18Par ailleurs, en Z et en pi, l’empereur hésite un instant en reconnaissant qu’un mauvais coup porté à Beuves constituerait une trahison, mais Ganelon et les siens invoquent leur parenté avec Lohier :
« Guenes, » ce dist li rois, « ce seroit traïson,
Que vous savés molt bien : treuves donai Bovon.
— Sire, » ce a dit Guenes, « oés autre raison ;
Ja n’i metrés vos main, emperere frans hom.
Il ocist vostre fil dont jo ai marison,
Qui ert de mon lignaige et de ma nassion » (vv. 2000-2005)
« Certes, dist le roy, ce seroit trahison !
— Ne vous chaille, dist Guenes, il occist bien vostre filz Lohier par trahison, lequel estoit mon parent, et pour ce m’en veulx je venger » (c6 r°)
19En D, au contraire, nulle trace de scrupule du roi. De même, en Z et en pi, mais non en D, le récit de l’embuscade mortelle est précédé par la mention faite par Beuves d’un songe de mauvais augure :
« Anuit me fu avis, ja ne vos mentiron.
Que dedevers les nues vint volant.i. grifons11
Qui me perchoit as ongles mon escu au lion,
Et mes haubers saffrés n’i valoit.i. boton.
Ses ongles m’enbatoit el foie et el polmon » (vv. 2029-2033)
« Et en verité anuyt en mon dorment songeay que ung griffon venoit du ciel qui me perçoit mon escu et toutes mes armes tellement que les ongles me poignoyent au foye et au poulmon » (c6 v°)
20Les péripéties de la lutte sont également proches en Z et en pi, sauf en ce qui concerne les regrets de Beuves, assez largement développés dans la prose :
« Helas ! », dist il, « chier filz Maugis, ou estes vous a present ? Que n’estes vous icy pour me secourir, car bien sçay certainement que si vous sçaviez ceste entreprinse, bien me secourriés. Hé ! mes chiers freres le duc de Dordon et de Nantuel et Girard de Roussillon, bien sçay que jamais vif ne me verrez ! » (c7 r°)
21et qui sont absents de Z, mais occupent trois vers en D :
« Glorios sire Pere, aiez de moi pitez !
Hahi ! Maugis biau filz, Dez vos croisse bontez,
Qu’encore puissiez vos fere le rois irez ! » (vv. 1536-1538)
22Enfin le déroulement du meurtre de Beuves suit la version Z. Griffon tue le cheval du héros qui, une fois jeté à terre, est mortellement blessé par la lance de Ganelon :
Guenelons li siens fiex qui n’estoit pas loial
Une lance palmoie d’acier poitevinal,
Fiert le duc d’Aigremont devers le senestral,
Le fer li a conduit tres parmi le coral (vv. 2162-2165)
« Lors vint sur le duc d’Aigremont le conte Guenes, si le va si durement frapper tant que sa lance luy mist parmy le corps. » (c7 v°)
23mais, une fois à terre, le corps de Beuves doit encore subir l’atteinte de Griffon, qui se venge ainsi lâchement, et d’une manière ignoble dans pi :
De maintenant li cort Grifons li avresiers,
Le hauberc li soslieve qui ert menus mailiés,
Dedens le cors li met son brant forbi d’acier (vv. 2171-2173)
« Et adonc descendit le duc Griffon, pere dudit Guenes, qui luy sablonna12 le jaserant et parmy le fondement il luy mist son espee. » (c7 v°)
24En D, c’est Fouques de Morillon qui tue Beuves avec sa lance et le jette à terre (1521-1527) ; Griffon, qui a été désarçonné par Beuves, est heureux de ce coup, mais ne frappe pas le cadavre ; il se contente de remonter à cheval, tandis que le duc a le temps d’implorer la clémence divine avant de mourir et de se communier d’un brin d’herbe.
25Z et pi, qui ont placé auparavant le développement sur la guerre entre Charles et les Aimonides, terminent rapidement la séquence. Beuves est ramené à Aigremont et inhumé et Maugis promet de le venger ; dans Z, c’est la duchesse qui promet à son fils l’aide du lignage :
« Biax fiex », dist la duchoise, « ne vous esmaiés ja !
Li dus Girars vos oncles molt bien vos aidera.
Anchois que li ans past, molt le corochera
Et Renaus tes cosins que Aymes engenra. » (vv. 2219-2222)
26En pi, c’est Maugis qui tient ce discours :
« Ma chiere mere, ayez ung peu de patience, car mon oncle Girard de Rossillon, Dron de Nantuel et mes cousins Regnault, Alart, Guichart et Richart me aideront bien a venger la mort de mon feu pere. » (c8 r°)
27En Z et en pi, la guerre fait l’objet d’une simple mention. Charles, à qui les traîtres ont annoncé le succès de leur complot contre Beuves, se réjouit à tort
Que li bons dus Girars et de Nantuel Doon
En guerroierent Charle a coite d’esperon ;
Mais tant ala la chose, bone pais i mist on. (vv. 2236-2238)
28Le conflit est donc arrêté dès son début, mais les fils Aimon ainsi que Maugis sont tenus à l’écart de cet accord, ce qui aura des conséquences fâcheuses. Tout cela est repris dans la prose, pour l’essentiel sous la forme d’une rubrique qui introduit le second chapitre du volume :
« Car apres luy firent moult grant guerre les deux freres du duc Benes d’Aigremont, Girard de Rossillon et Dron de Nantuel et aussi Maugis son filz, et puis firent paix et accord. Mais le roy n’appointa point aux quatre filz Aymon ne a Maugis leur cousin » (c8 v°)
29la querelle, prélude d’une longue guerre, dont Renaud prend l’initiative avec le meurtre de Bertolai est en effet légitimée.
30Ainsi, lorsque Z s’écarte de la version primitive – et c’est le cas, on l’a vu, pour un épisode développé du Beuves d’Aigremont –, la prose se rattache à la famille de Z et se distingue de la version primitive. On ajoutera que l’accord n’est pas interrompu au moment où Z rejoint D, c’est-à-dire au début de l’épisode ardennais, avec notamment les circonstances de la mise à mort de Bertolai13.
31Reste que, jusqu’au moment où pi se rapproche nettement de la tradition de D, Z ne peut être choisi comme modèle de préférence à D, et l’on se trouve ramené à l’hypothèse d’une copie à plus d’un modèle, qu’évoquait J. Thomas dans son introduction à l’édition du ms. D14. Mais notre ambition n’est pas ici, en suivant le chemin particulièrement aléatoire qui conduit des textes en vers à la prose imprimée, d’aboutir à des conclusions générales pour Renaut de Montauban ; il nous suffit, en dédiant nos remarques à l’estimé André Moisan, de souligner la dette de la prose imprimée à l’égard de la tradition de Z pour le Beuves d’Aigremont, prologue du Renaut de Montauban.
Notes de bas de page
1 Der erste Teil des Buef d’Aigremont (Lohier-Episode) nach dens Hss. MzMAPD der Quatre Fils Aymon, Inaugural Dissertation, Greifswald, 1913.
2 Der zweite Teil des Buef d’Aigremont (Streit zwischen Renaut und Bertolais) nach den Hss. MZ, M der Quatre fils Aimon, Inaugural-Dissertation, Greifswald 1913. Nous remercions Philippe Verelst, Professeur à l’Université de Gand, de nous avoir permis la consultation aisée de ces éditions.
3 Nous suivons ici l’édition Jacques Thomas, Renaut de Montauban, Droz, 1989.
4 Voir J.Thomas, L’épisode ardennais de Renaut de Montauban, Brugge, 1962, II, pp. 164-167.
5 Ce qui dispense aussi de se préoccuper de l’attitude d’Aimon et de ses fils. Les vers 1160-1161 indiquent toutefois qu’Aimon n’est pas avec Beuves : « Et li dux Aymes ses freres m’a pris a adosser, /Mais se puis revenir ferai li comperer ».
6 Girart de Roussillon et Don (Z) ou Dron (pi) de Nanteuil. On note qu’Aimon est resté à l’écart, ce qui s’oppose à la promesse faite lors du départ de la cour, mais laisse penser que le duc pourrait avoir été sensible aux conseils de son épouse.
7 C’est également le cas dans D (vv. 1832-1840), mais Girard « print son enseigne et cria a haulte voix « Rossillon » (c2 v°), ce qui n’apparaît que dans Z (v. 1422)
8 En D, Richard de Normandie riposte et désarçonne Girard, qui est ensuite remonté (vv. 1843-1864).
9 Ce chiffre ne figure pas en D.
10 Cet argument ne figure pas en D au passage correspondant (vv. 2088-2095).
11 Il s’agit là d’un jeu de mot transparent associant l’animal monstrueux et le traître Griffon, autre figure de monstre.
12 Mauvaise lecture de sosleva ? Le rapport avec sablon est assez difficile à imaginer.
13 Tout commence en effet, dans Z et dans pi, par un dialogue curieux entre Aimon et Charles ; Aimon rappelle le meurtre injuste de Beuves mais ajoute que, puisque ses frères ont pardonné, il pardonne lui aussi (vv. 2276-2286) ; l’empereur répond que les deux morts se compensent, ce qu’accepte Aimon : « Aymes, » ce dist li rois, or avés dit raison./Molt me mesfit li dus, ja ne vos mentiron, /Quant il ocist mon fil que nos tant amion./Or voist l’un contre l’autre, a itant le laisson ! » (vv. 2287-2290) « Aymon, dist le roy, vous sçavés mieulx que vous ne dictes, car vous sçavés bien l’offence que vostre frere m’a fecte d’avoir si cruellement occis Lohyer mon fils aisné que tant j’aimoye ; or est l’ung pour l’autre, si n’en parlons plus ! » (d1 r°) Ce dialogue manque en D, ainsi que les reproches adressés par Renaud à Charlemagne dès avant la querelle avec Lohier.
14 Ed. cit., p. 10.
Auteur
Université Paris X-Nanterre
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