Prison et handicap
Le travail du psychologue auprès de détenus
p. 169-186
Texte intégral
Il ne s’agit ni d’enfermer ni de redresser le corps des infirmes, mais d’ouvrir et de rendre accessible la société1 » (M. Foucault)
Préambule
1Il me semble nécessaire d’indiquer au préalable que ce texte n’engage pas l’administration pénitentiaire. L’écrit qui va suivre n’engage que moi, personnellement, subjectivement mais en toute loyauté, dans la mesure où je respecte mon devoir de réserve.
2Intervenant depuis 1994 au sein de l’administration pénitentiaire, recruté dans le cadre du Projet d’Éxécution de Peine (PEP) dès 1996, j’ai pu participer à la mise en place de ce dispositif lors de sa phase expérimentale puis dans le cadre de sa généralisation au sein plusieurs établissements de la région PACA.
3L’expérience vécue lors de la réouverture de la Maison centrale (MC) d’Arles2, s’inscrit dans la poursuite de mon aventure avec cette institution ; cette étape reste cependant à ce jour, pour moi, sans comparaison avec les autres moments forts de mon parcours. Cela pourrait par exemple se traduire par l’impression d’une temporalité différente, celle d’y travailler depuis de nombreuses années alors que je ne quittais un précédent établissement pénitentiaire, qu’à peine plus de 3 ans avant. Il ne s’agit pourtant pas d’un ennui pendant lequel on subit la longueur du temps car je continue, bien au contraire, de prendre du plaisir à participer à cette aventure. Je tente de m’expliquer ce ressenti par l’intensité de la mise au travail d’une équipe pluridisciplinaire pour proposer des solutions à des difficultés rencontrées sur le terrain ; peut-être aussi par l’accueil et l’accompagnement de personnes dont le temps vécu semble dilué par de longues peines et démesuré par les peines perpétuelles.
En prison, quelles sortes de handicap ?
4En prison, comme à l’extérieur, la représentation du handicap demeure le plus souvent de la sphère médicale. Ainsi, communément, le handicap renvoie dans un premier temps à une évaluation physique.
5Le milieu carcéral, milieu fermé par définition, est souvent considéré comme le reflet d’une société. Par ailleurs longtemps méconnue, l’institution pénitentiaire qui se doit d’accueillir des personnes « mises à l’écart » de la société a évolué avec cette dernière. Cette porosité est un fait et l’on parle même de politique pénitentiaire.
6Le terme même de handicap n’échappe pas à cette logique : les tarés, débiles, et autres dégénérés ont laissé place à cette nouvelle acception moins péjorative, au même titre que les récidivistes ont succédé aux incorrigibles, aux criminels endurcis et aux larrons accoustumés du moyen âge.
7L’actualité de la question de la récidive ne doit pas occulter l’ancienneté du phénomène. Ainsi comme le signale Toureille (2006), l’évocation du phénomène n’est pas récente car si les registres du Moyen Âge ne mentionnent que très rarement les « voleurs occasionnels », les « larrons accoustumés » semblent y prendre une place de choix (larrons incorrigibles et voleurs fameux, p. 49). Ainsi avant même que le concept général de la récidive ne soit élaboré, l’accoutumance criminelle semble un critère déterminant pour qualifier les délinquants.
8La notion d’incorrigibilité serait à l’origine du concept. Le principe de l’aggravation de la peine en réponse à la « répétition du geste malicieux » serait issu d’une longue tradition, puisant ses sources au sein du droit romain, du droit canonique et de la théologie morale, les pénitentiels à l’usage des moines, fondant certainement les premières bases d’une « gradation pénale » sur la répétition de l’acte criminel et l’accumulation des châtiments. Ainsi, une des règles pénitentielles irlandaises indique que « si un clerc a commis un vol, une fois ou deux fois, il jeûnera un an, au pain et à l’eau. Mais si un clerc a l’habitude de voler, il fera trois ans de pénitence ».
9Par ailleurs, cette préoccupation conjoncturelle envers la « persévérance dans la désobéissance » semble confirmée par la règle bénédictine qui sur le même mode de correction, prévoit que « si un frère souvent repris et même exclu pour une faute quelconque, ne se corrige pas, on lui appliquera une correction plus dure en procédant contre lui par le châtiment des verges » (p. 44, Toureille, 2006).
10Ces dispositions dictées par des règles religieuses, destinées à l’institution d’une discipline interne, semblent avoir été rapidement adoptées par la législation dite laïque qui présente dès le viiie siècle des préconisations marquant la progressivité des peines corporelles. Dans cette logique, « la première fois, le voleur ne mourra pas mais il perdra un œil, à la deuxième fois, on lui coupera le nez et à la troisième fois, il mourra » ; ainsi pour garantir la paix ou maintenir l’ordre, l’autorité publique n’hésitera pas à infliger de cruelles mutilations, constituant un arsenal répressif se voulant dissuasif, à l’encontre des « criminels habitudinaires ».
11Ces changements de mots ne peuvent pas être considérés comme seuls résultats d’une modernisation de la langue ; ils sont aussi témoins d’un « glissement » sémantique, des représentations et du regard que la société porte sur tel ou tel phénomène. Ainsi comme le concept même de récidive, celui du handicap vient témoigner de la complexification d’un phénomène social.
12Si, jusqu’à la fin du xixe siècle, il fallait corriger les malformations physiques longtemps considérées comme les conséquences d’une faute originelle inavouable3, redresser les bossus, corriger les pieds bots, les âmes, elles aussi, étaient prises en charge selon la métaphore orthopédique. À ce titre, le handicap ne décrit pas uniquement une déficience du corps dans sa seule dimension biologique, ni ne renvoie à l’incapacité fonctionnelle physique ou psychique d’un individu. C’est l’observation d’un désavantage ayant des effets invalidants pour une personne comme être social qui rend compte du handicap. Comme Wood4 l’indique dès les années 80, le handicap serait le fait d’être « empêché dans la vie sociale », considérant que la personne handicapée serait « désavantagée » pour réaliser son rôle social.
13Si la prison, succédant aux supplices et aux châtiments corporels si bien décrits par Foucault, marque gravement le corps et le psychisme comme le dénonce la démonstration exhaustive des effets cliniques de l’incarcération de Gonin (1991), ce sont donc bien les effets de cet isolement social comme conséquence de la peine privative de liberté qui doit nous intéresser.
Handicap, prison et représentations
14En prison, je me suis rapproché du service pénitentiaire d’insertion et de probation, afin d’évaluer le nombre de personnes détenues pouvant relever d’un handicap. J’ai pu alors constater que le service appréhendait le handicap sur le seul modèle physique ou fonctionnel et utilisait comme référence la liste des personnes bénéficiant d’une allocation d’adulte handicapé. Au regard de cette représentation du handicap, les aménagements concédés concernent quelques cellules destinées aux personnes « à mobilité réduite ».
15Or, il est aisé de constater que la grande majorité des situations concernent essentiellement des troubles psychiatriques et que, sous réserve d’évaluations expertes, que beaucoup de situations pourtant patentes pour l’institution, ne sont pas encore statutairement reconnues. Par ailleurs, sans revenir sur l’étymologie du concept de handicap et malgré une acception plus large, sa dimension sociale semble appréhendée de manière marginale au sein des différentes modalités de prise en charge.
16Ainsi et spécifiquement à ce domaine d’intervention, le regard criminologique classique, s’il est animé par la seule notion de dangerosité, semble assombrir les situations individuelles par les histoires extra - ordinaires comme elles sont souvent relatées dans les faits divers. De fait, relayé par les médias, l’imaginaire populaire et celui des personnels ayant à prendre en charge ces personnes confiées par l’autorité judiciaire, se trouve souvent excité par l’aspect spectaculaire des passages à l’acte, alors qu’ils sont paradoxalement, le fruit de personnes ayant manqué d’imagination.
17Une évaluation dynamique, appliquée et appréciée selon les risques, les besoinset la réceptivité5, conduirait au constat déficitaire d’une empreinte en creux pouvant venir éclairer les parcours singuliers des personnes qui présentent des « agir » invalidants et dont l’administration pénitentiaire se trouve en charge. Enfin, cette approche pourrait permettre aussi aux différents services de l’institution, d’identifier le niveau de réceptivité d’un individu et ainsi de s’appuyer sur ses facteurs protecteurs pour un accompagnement pluridisciplinaire qui se revendique souvent concerné par la notion d’insertion ou de réinsertion sociale et dont l’objectif commun est la prévention de la récidive.
L’actualité de la prison et ses modalités de prises en charge
Du projet au parcours d’exécution de peine (PEP)
18La fin de l’année 2009 fut marquée par la promulgation de la loi pénitentiaire. Cette loi décline avec précision les modalités de prise en charge du public ayant à effectuer des peines privatives ou restrictives de liberté. La prévention de la récidive y est présentée comme l’objectif central de l’institution pénitentiaire. Une autre référence textuelle récemment publiée semble devoir être soulignée ; il s’agit d’un décret du 23 décembre 2010 portant application de la loi pénitentiaire et modifiant le code de procédure pénale. Ce décret crée le « parcours d’exécution de peine » et la « Commission pluridisciplinaire unique ».
La Commission pluridisciplinaire unique (CPU)
19La CPU et sa composition sont fixées par décret. La circulaire du 21 juin 2012 en définit les modalités d’application. C’est une instance de prises de décisions administratives.
20Au sein de la MC, la rencontre avec les « arrivants » se présente sous la forme d’entretiens individuels ou collectifs, prévus et planifiés avec tous les membres de la CPU. En découle un premier bilan sur la situation personnelle. Dès ces premières rencontres, la personne détenue est sollicitée en termes de projet.
21La CPU permet au chef d’établissement ou à son représentant, de prendre les décisions éclairées par les différents services. Elle permet le bilan du passage au Quartier « arrivants » labellisé dans le cadre des Règles pénitentiaires européennes. C’est aussi l’instance qui définit les modalités de prises en charge individualisées qui peuvent être proposées aux personnes détenues, au sein de chaque établissement pénitentiaire, en tenant compte de leur projet d’exécution de peine et de leur capacité à respecter les règles de vie en collectivité.
22La CPU conduit donc un travail pluridisciplinaire de mise en commun et de discussions des observations qui permet une évaluation afin d’orienter et de préconiser. Il faut noter cependant que selon la taille ou le type d’établissement, ces réunions peuvent être hebdomadaires ou mensuelles. « Dès que possible après l’admission, un rapport doit être rédigé sur le détenu condamné décrivant sa situation personnelle, les projets d’exécution de peine qui lui sont proposés et la stratégie de préparation à la sortie ».
La spécificité d’un établissement sécuritaire
23Le « terrain » est celui d’une MC sécuritaire avec ses missions qui peuvent sembler paradoxales comme celle de rendre une « détention sereine », en sachant qu’elle regroupe de nombreuses personnes qui ont perdu ou qui n’ont jamais connu cette sérénité. Mais comment créer une ambiance sereine en accueillant des personnes dont la dangerosité individuelle empêche et invalide une vie sociale responsable ? C’est le pari (un peu fou) de cette MC que d’accueillir des personnes qui nous sont confiées, les « garder » (au sens de les conserver) et tenter de leur permettre une meilleure socialisation ; il ne s’agit donc plus de soumettre mais d’admettre.
24Il me semble important aussi d’indiquer mon positionnement et ma résistance pour préserver la notion de projet qui peut être élaboré ensemble mais qui doit émaner du sujet que l’on doit considérer comme possiblement désirant. Le projet n’est plus à « notifier » mais à accompagner, dans la mesure où l’institution a pu écouter, entendre, évaluer et comprendre.
25Le projet, qui doit initier un parcours, couvre l’ensemble de la période de détention mais il est important de le jalonner par des étapes qui permettront à la personne détenue de mieux se repérer et de construire avec l’institution Pénitentiaire, un parcours individualisé. En effet selon le quantum de peine à effectuer mais surtout au regard de la personnalité de la personne condamnée, cette dernière est affectée au sein d’un établissement appliquant un niveau de sécurité plus ou moins élevé. Ainsi des personnes présentant des risques d’évasions ou d’atteintes graves sur les personnes sont affectées au sein des MC, les autres sont affectées en centre de détention plus à même de les accompagner vers une préparation à la sortie.
26Les personnes détenues affectées à la MC, comme toutes celles qui sont condamnées définitivement ont fait l’objet d’une première évaluation dans le cadre de la constitution de leur dossier d’orientation. Certaines ont effectué un passage de 6 semaines au Centre national d’évaluation qui a éclairé la prise de décision de cette affectation, en lien avec une éventuelle initialisation d’un PEP.
27La raison d’une demande d’affectation d’une personne détenue au sein de la MC est souvent animée par le souhait d’un rapprochement familial, parfois par la volonté de travailler à la Régie industrielle des etablissements pénitentiaires ou de suivre une formation.
28L’accueil proposé à la MC dès la phase « arrivants », a pour objet, outre de présenter l’établissement, ses procédures et ses personnels, de proposer un bilan sur la situation personnelle de la personne détenue en l’invitant à exprimer son positionnement. Il s’agit aussi de prendre en compte un PEP en émergence et d’accompagner son élaboration. Ce dispositif s’inscrit dans le processus d’individualisation de la peine privative de liberté. Il vise à donner plus de sens à la peine en impliquant le condamné dans l’évolution de celle-ci pendant la durée de son incarcération. Il définit les modalités de prise en charge et d’observation permettant une meilleure connaissance de la personne détenue et il améliore l’individualisation administrative et judiciaire de la peine en proposant au chef d’établissement ou juge d’application des peines des éléments d’appréciation du comportement de chaque personne détenue sur lesquels ils peuvent asseoir leurs décisions.
29Dans le cadre de la CPU, l’évaluation pluridisciplinaire est donc institutionnalisée. Il s’agit de mesurer les risques, les besoins et les ressources ou la réceptivité. Considérant les risques, il s’agit d’évaluer tant les risques d’évasion que les risques hétéro ou auto-agressifs. L’évaluation des Besoins permet d’identifier les facteurs criminogènes mais aussi d’éventuelles carences et de prévenir les difficultés à venir tout en proposant un accompagnement adapté. Il peut s’agir, par exemple, d’une prise en charge individuelle et sportive, d’une activité destinée à la maîtrise de soi, de ses émotions, d’une formation sur la régulation de la violence, d’une médiation relationnelle après un incident ayant entraîné une rupture. Considérant les ressources, il s’agit d’envisager les potentialités de l’individu, de façon à mettre en œuvre et à soutenir des conduites moins invalidantes que celles ayant donné lieu à sa condamnation et à même de l’accompagner à mener une vie responsable. L’évaluation de la réceptivité conduit l’institution à envisager les modalités de « traitement » les mieux adaptées à chaque personnalité et à ses potentialités.
30Si ces évaluations sont cruciales lors de l’arrivée à l’établissement, elles ont lieu à tous les stades de l’exécution de la peine, sont réactualisées et font l’objet d’un écrit pluridisciplinaire destiné à renseigner le livret individuel ; cet écrit est aussi transmis aux autorités judiciaires et fait partie des éléments sur lesquels elles peuvent asseoir leurs décisions notamment dans le cadre des réductions de peine supplémentaires.
31Le PEP peut aussi faire fait l’objet d’un réexamen, à la demande de la personne détenue mais au moins une fois par an, sous l’égide de la CPU. Il est actualisé tout au long de la détention à partir d’éléments recueillis auprès de l’ensemble des services appelés à connaître les évolutions ou changements de situation de la personne détenue intéressée.
32Le psychologue clinicien intervenant dans ce cadre, rencontre les « arrivants » et effectue un bilan sur leur situation personnelle. Ce bilan relève néanmoins d’une approche dynamique qui doit permettre d’évoquer des perspectives d’évolution. Ni expert, ni thérapeute dans ses fonctions, et participant aux instances pluridisciplinaires, il est à même de proposer un éclairage sur la dimension psychologique des personnes détenues, à tous les stades de l’exécution de la peine et ainsi d’accompagner les personnels dans leur mission d’observation.
Prison et clinique du handicap
33Je propose trois vignettes cliniques pour illustrer la diversité et la complexité des rencontres autour du handicap et présenter un exemple de prise en charge et d’un accompagnement d’un parcours vers une resocialisation.
Première vignette clinique, de la dénégation d’un handicap physique à l’émergence d’un handicap social
34D. a une trentaine d’années. Il vient d’arriver à la MC, il est en train d’effectuer son parcours « arrivants ». Lorsque je le rencontre pour la première fois dans la coursive, je ne peux que remarquer sa silhouette plutôt fluette et dynamique qui s’avance vers moi ; il balance son bras gauche derrière son dos. Je l’invite pour un entretien individuel. Il a l’air surpris lorsque je lui tends la main, il hésite un moment et me tend sa main valide. Lorsqu’il entre dans le bureau et qu’il s’assied sur la chaise, son bras semble toujours caché derrière son dos. Après la présentation de mes fonctions, je propose un recueil biographique afin d’initier un bilan sur sa situation personnelle, auquel il se prête spontanément. Originaire des quartiers-nord d’une ville du sud de la France, il indique avoir toujours vécu au sein de la même cité et être tombé dans la délinquance dès l’adolescence. Le décès de son père, puis une déscolarisation précoce suite à un accident de moto, semblent inaugurer les premiers signes d’une désocialisation. Il aurait été incarcéré antérieurement et à plusieurs reprises, pour des faits de vols avec violences, des trafics de produits stupéfiants et des conduites sans permis en récidive. Condamné à plusieurs peines de prison qui viennent s’ajouter à la dernière de 10 ans, il est cette fois encore impliqué dans une affaire d’infraction à la législation sur les stupéfiants. Libérable dans peu de temps, il a cependant du mal à se projeter et à s’impliquer dans un projet, une autre affaire en cours d’instruction l’impliquerait dans un assassinat. En maison d’arrêt, le début de son incarcération se serait plutôt mal déroulé : D. y aurait engendré beaucoup d’incidents disciplinaires et aurait été victime d’une agression. Il aurait pour cela, été orienté en établissement sécuritaire. Semblant revendiquer son appartenance à un banditisme localisé dans un quartier, il demande à être affecté au sein du bâtiment où se trouvent certains de ses « amis ». J’initie un début d’évaluation qui met en évidence les risques et les besoins criminogènes le concernant mais l’intéressé s’y engage moyennement. En abordant les facteurs de protection et ses centres d’intérêts, peu à peu, son bras parvient au premier plan. Je lui demande alors ce qui lui est arrivé. Il m’explique qu’il a été victime d’un accident de moto suite à une course poursuite avec la police qui daterait d’une quinzaine d’années et que son bras est resté comme cela. Il s’empresse cependant d’affirmer que cela ne l’empêche nullement de continuer à piloter son scooter. Je note que son dossier administratif renseigne à plusieurs reprises un handicap. Je lui demande alors si ce fait est reconnu et s’il bénéficie d’une aide. Il me présente alors son bras dont les muscles sont atrophiés en indiquant qu’il ne s’est jamais senti handicapé et qu’il poursuit seul sa rééducation. J’apprendrai un mois plus tard par son conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation référent que l’intéressé aurait enfin consenti à effectuer une démarche administrative afin d’obtenir un accompagnement adapté. Il commence par ailleurs à se reconnaître un handicap lié à son origine sociale puisqu’il évoque une erreur d’appréciation de son vécu de la vie en société. Il semble sincère en considérant aujourd’hui son identification communautaire comme décalée, tentant d’expliquer qu’il croyait que ce qu’il vivait au sein de sa cité était la seule réalité. En se confrontant aux beaux quartiers de la ville, il fallait chercher l’argent où il se trouvait puis au travers des revenus substantiels engendrés par le trafic de drogue. Son discours demeure ambivalent car cette posture persiste. Il justifie les transgressions comme le seul moyen de gagner sa vie au risque de la perdre. Semblant être conscient de cette impasse, D. n’envisage néanmoins à ce jour aucune perspective de désistement criminel. En évoquant son atteinte physique, il tente de se disculper de sa mise en cause dans un règlement de compte effectué à l’arme de guerre.
Deuxième vignette clinique, du déni d’un handicap psychiatrique à la demande d’une relation d’aide
35H. est âgé d’une cinquantaine d’années. Lors de son arrivée à l’établissement, il est assez réservé, peu communiquant, méfiant. Il accepte à peine de rencontrer les personnels de l’administration pénitentiaire mais refuse catégoriquement de rencontrer les personnels soignants. Je parviens à l’inviter à une rencontre afin de me présenter et de faire connaissance. Peu prolixe, il m’indique qu’il est condamné à tort à une peine de 30 années de prison et qu’il espère faire reconnaître son innocence et être bientôt libéré. En poursuivant l’écoute clinique de son positionnement au regard des faits pour lesquels il a été condamné, je constate qu’il demeure très évasif sur ces faits mais qu’il tente de rationaliser une erreur judiciaire. Il indique un complot « policier » dont il semble certain, sans pour autant être en mesure d’expliciter l’éventuel mobile. Lorsque je lui demande la raison de son refus de rencontrer le service médical, il évoque un conflit avec « la psychiatrie » qui veut le faire passer pour fou. Il est aussi certain que ce service parle de lui à « la pénitentiaire ». Je comprends assez rapidement que l’insistance d’une orientation vers ce service renforcerait sa résistance ; je ménage alors un contact fragile. Par ailleurs, comme pour illustrer son sentiment de persécution, il me prend à témoin en me montrant un opercule de pot de yaourt sur le quel est inscrit le nombre 30, et me dit : « … vous voyez bien ! Comment savent-ils que j’ai été condamné à 30 ans ? ». Lors de la CPU « arrivants », les différents services ayant pu rencontrer l’intéressé font état des mêmes observations sur l’étrangeté de son discours et de sa manière d’être au monde. Le pôle psychiatrique qui n’a pu le rencontrer, semble étonné en indiquant que la personne n’a sans doute pas été repérée puisqu’il n’y a aucune trace d’un suivi psychiatrique dans son dossier médical. Cette énigme n’aura finalement que peu duré, du fait de l’exhumation du dossier pénal de documents qui font non seulement état d’un suivi psychiatrique antérieur mais aussi de l’opposition de l’intéressé à ce type de prise en charge. Quelques semaines plus tard, suite à un épisode agité, H. est hospitalisé en urgence selon le nouveau dispositif de soins psychiatriques sur décision du représentant de l’État6. De retour à l’établissement après quelques mois, son comportement étant relativement stabilisé, H. me sollicite pour un entretien individuel. Il me demande alors ce que je pense de sa situation. Je lui propose de me raconter son vécu de cette hospitalisation. Il évoque son isolement, l’interdiction de fumer, un « traitement de cheval », et pour conclure, un enfermement pire que la prison. Il indique qu’il ne souhaite à personne ce qu’il a vécu. La « psychiatrie » demeure plus que jamais son mauvais objet, même s’il admet que cela va mieux et qu’il reconnaît qu’il a besoin d’aide. Il indique que certaines personnes détenues et certains personnels de surveillance ont parfois sur lui des idées fausses. Il me dit qu’il sait que j’ai parlé de lui aux surveillants. Je lui rappelle que je l’en avais informé puisqu’il est dans mes attributions d’accompagner les personnels dans leur mission d’observation. J’avais effectivement noté les inquiétudes de personnels de surveillance qui avaient à répondre quotidiennement de supposées effractions nocturnes et malveillantes dans sa cellule. Il évoque pour la première fois un handicap : « l’assistante sociale m’a dit que je pouvais être reconnu comme handicapé et que je pouvais avoir droit à une allocation… ». Je l’informe que le statut d’adulte handicapé permettait un accompagnement qui pouvait allait au-delà de la seule aide financière sans être certain de la motivation de l’intéressé. Sa manière d’être au monde, son vécu persécutif semblent l’empêcher d’entretenir des relations sociales sereines. Son étrangeté inquiète les personnes qu’il est censé devoir côtoyer, il est de ce fait isolé. Afin d’accompagner cet aspect invalidant, une formation partagée7 sur les éléments psychopathologiques a pu être proposée afin de permettre à son entourage d’appréhender différemment son discours, son comportement et ses attitudes.
Troisième vignette clinique, de la prise en charge adaptée d’un handicap neurologique à l’émergence d’un handicap social
36C’est lors de l’un des rendez-vous pluridisciplinaires de la CPU que s’est élaboré un projet que l’institution s’est permis de faire à la place d’une personne détenue. Un paradoxe puisque les textes, les circulaires, la loi pénitentiaire, recommandent la recherche d’un engagement personnel, une responsabilisation, pour que le « détenu » devienne acteur de sa peine, qu’il élabore son projet « avec » l’institution.
37Il s’agit d’une personne qui fait du vélo. La situation pourrait sembler banale vue de l’extérieur d’autant que de plus en plus de citadins de nos grandes villes redécouvrent les joies de la « petite reine » ; mais la situation peut étonner lorsque l’on apprend que la scène se passe en prison et qu’elle concerne une personne détenue, de 57 ans, incarcérée depuis plus de trente ans. Plus cocasse, lorsque l’on se souvient qu’à son arrivée à la MC, il y a un peu moins de 3 ans, l’intéressé était très diminué physiquement. Ceci avait été un choc, tant pour les anciens détenus que pour les personnels ayant eu à le connaître auparavant. Comment cette personne, connue par les anciens personnels de l’établissement pour y avoir précédemment séjourné et être reconnue comme une force de la nature, crainte de la population pénale par sa stature imposante mais aussi par ses réactions tant imprévisibles que violentes, en était-elle arrivée là ?
38Certains esprits « bienveillants » ayant cru identifier les effets d’une « camisole chimique » lui ont alors conseillé d’arrêter son traitement ce qui eut pour effet d’aggraver son état et le diminuer un peu plus. L’intéressé, alité la majeure partie de la journée, est devenu quasiment grabataire. Son état de santé se dégradait de jour en jour. Aphasique, il ne communiquait presque plus, ne se nourrissait pratiquement plus. Une hospitalisation a confirmé la détérioration de son état. Il fut alors affecté au rez-de-chaussée d’un bâtiment, au sein d’une cellule réservée aux personnes présentant une « mobilité réduite ». Lors d’une CPU, un constat partagé par tous nous conduisit à conclure que l’intéressé semblait « se laisser mourir ». Chacun convenait, de sa place, qu’il était urgent « de faire quelque chose ». La nécessité de la mise en place d’un accompagnement adapté fut évidente et adoptée rapidement ainsi que la poursuite d’une prise en charge médicale soutenue.
39La possibilité de l’aide d’un codétenu volontaire et bénévole fut aussi appréciée pour effectuer les gestes quotidiens autant en termes d’hygiène corporelle qu’en termes de présence humaine et de soutien moral. Les modalités d’intervention de cet « auxiliaire de vie » furent discutées en CPU, une sensibilisation fut assurée par le médecin chef de service de l’unité de consultations et de soins ambulatoires et son équipe, une fiche de poste fut rédigée. La nécessité de la sortie de la cellule fut évoquée. Un fauteuil roulant fut octroyé, rendant possible un déplacement au sein d’une salle d’activité. L’intéressé fut rapidement « adopté » par les détenus participant au cercle d’activités culturelles. Initié dans un premier temps à un jeu de société qui pouvait sembler infantilisant, cette activité lui a permis outre le fait de rencontrer d’autres personnes, de remettre en fonction ses membres supérieurs et notamment de réacquérir une meilleure dextérité.
40Un repas pris en commun à l’initiative des participants de cette activité, nous permit d’observer l’évolution de la qualité relationnelle de l’intéressé, qui bien qu’apparaissant toujours autant réservé, semblait bien présent, se montrant capable de demander en se faisant comprendre mais qui était aussi capable d’échanger verbalement avec un interlocuteur, pour peu que ce dernier lui laisse le temps de répondre aux questions posées. Au regard de ces petits progrès, la CPU envisagea de proposer « une prise en charge individuelle sportive ». Ainsi, les moniteurs de sport ont proposé un programme adapté relevant certes plus d’une rééducation fonctionnelle que d’une réelle pratique sportive mais cette rencontre que l’on peut considérer comme une alliance quasi thérapeutique, se révéla « aidante » pour la poursuite de l’accompagnement.
41Ainsi lors d’une CPU suivante, une sortie à « l’air libre » a été évoquée avant d’être réalisée, toujours accompagnée par son « auxiliaire de vie » sur la cour de promenade du quartier « arrivants » aménagée et entretenue par la formation « jardin espace vert » (JEV). Là encore, au fil des « sorties » de nouveaux petits progrès ont pu être évalués par différents membres de la CPU ce qui confirma notre hypothèse des effets potentiellement stimulants de l’environnement (la cour de promenade étant agrémentée d’un jardin, d’un bassin aquatique et d’un poulailler). La formation JEV ayant été délocalisée dans la perspective de son évolution, une personne détenue « facilitatrice » proposa que l’intéressé puisse découvrir son nouvel espace, toujours dans un souci tant de socialisation que de stimulation psychosensorielle. La CPU valida la proposition en fixant un cadre et l’expérience se révéla fructueuse puisque l’intéressé affirma son intérêt pour cette activité. Il semblait porter un intérêt au jardin et formula la demande d’intégrer cette activité, une place de travail lui fut aménagée. Je m’aperçus, lors de l’une de mes visites sur le site que l’apprentissage gestuel par le jeu des « petits chevaux » avait été transféré à la plantation de graines dans des pots.
42Quelques temps après, au gré du hasard de la rencontre, l’intéressé fut spectateur d’une autre prise en charge individuelle sportive qui consistait à l’apprentissage du vélo tout-terrain. Un moniteur de sport qui avait remarqué l’intérêt qu’il semblait porter à la scène lui lança le défi et fut étonné par l’affirmation d’un nouveau désir. Soutenu « comme un enfant » lors de la première séance, les progrès ne se sont pas fait attendre, passant rapidement de la recherche d’équilibre au slalom et à un début d’autonomie motrice. À ce jour il ne manque aucune séance hebdomadaire pendant lesquelles il couvre environ 5 à 6 kilomètres, accompagné d’un codétenu et d’un moniteur de sport. Peu à peu, les progrès psychomoteurs lui ont permis l’acquisition d’une force de travail que l’intéressé met en œuvre en retournant la terre de son jardin.
43Originaire d’une île des Caraïbes, R. vient de commencer des démarches administratives afin de récupérer la bonne orthographe de son nom. En effet, venant de recevoir un héritage, une erreur d’écriture lors de son écrou initial l’empêche de le transmettre à ses enfants. Il est accompagné dans cette démarche mais il ne comprend néanmoins pas la lenteur administrative. Sa langue maternelle est un anglais mélangé de créole. Les trente années d’incarcération qu’il vient de fêter ne lui ont pas permis de parler un français clairement compréhensible ce qui induit souvent des malentendus. R. a effectivement passé la majeure partie de sa détention à se confronter à l’institution pénitentiaire et ses personnels parfois sous forme agressive et menaçante. Il affirme par ailleurs avoir choisi de se mettre à l’écart de ses codétenus du fait qu’il se méfiait de leurs mauvaises intentions. Il dit choisir ses interlocuteurs en fonction de leur moralité. Accroché à ses souvenirs et à sa culture, R. semble avoir vécu trente années d’isolement social. Il a pu toutefois entretenir une correspondance avec les « écrivants » d’une association ; certains sont devenus « visiteurs ». Grâce au courrier puis au téléphone, il a aussi pu garder contact avec ses enfants qui n’ont pas les moyens de lui rendre visite. Il conserve précieusement la photographie de la maison que ses enfants seraient en train de lui faire construire dans l’espoir d’un retour au pays.
44Le courrier est devenu un sujet très sensible pour R.. Chaque retard est sujet à des interprétations infondées. Il peut se montrer insultant et menaçant auprès du vaguemestre lorsque les explications ne lui paraissent pas convaincantes. Au sein de la formation JEV, il ne semble pas intégré au groupe et quelques membres sont inquiétés par son attitude. Il travaille sa parcelle mais échange peu avec les autres. Lui-même se sent rejeté par le groupe auquel il prête des propos malveillants et racistes à son égard. Malgré sa bonne implication, ses relations avec les formateurs sont parfois tendues et ont nécessité plusieurs médiations relationnelles8. Ces malentendus pourtant identifiés comme tels, apparaissent invalidants dans les différentes évaluations pluridisciplinaires. Le caractère interprétatif de R. émerge souvent sans pouvoir être compris par la seule longueur de l’incarcération. R. est perçu par beaucoup comme potentiellement « dangereux ». Au regard des faits pour lesquels il a été condamné, la figure de la « monstruosité » est aussi évoquée. Les psychiatres et les psychologues qui l’ont rencontré récemment une quarantaine de minutes chacun vont dans ce sens.
45Par ailleurs, si l’on exhume quelques éléments de son dossier pénal, nous pouvons constater que des aspects relevés par les observateurs de l’époque de l’instruction de son premier procès ne laissent que peu d’espoir à une éventuelle réhabilitation. Il est vrai que la lecture du réquisitoire définitif, donne à voir des faits particulièrement sordides. Il s’agit du viol suivi du meurtre d’une jeune fille de 19 ans et de deux autres viols sous la menace d’une arme ; il a pour cela été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Évadé trois ans après son incarcération, il a été accusé et condamné à 20 années « supplémentaires » pour le viol d’une jeune femme qu’il connaissait. Le dossier contient la trace d’une reconnaissance des faits de viols, qu’il expliquait alors par une pulsion sexuelle irrépressible. L’examen psychiatrique d’instruction indique qu’il aurait cessé de fréquenter l’école dès l’âge de 15 ans, époque à laquelle il aurait été l’auteur de nombreux viols « à l’occasion de vagabondage solitaire… Il ressentait dit-il, une envie impérieuse de relations sexuelles mais n’envisageait pas d’autres moyens que la violence pour la satisfaire… ». Les experts psychiatres précisent qu’un traitement médicamenteux aurait été tenté mais n’aurait eu que peu d’effets, une récidive aurait entraîné une incarcération dans son pays. Sa femme, avec qui il a eu trois enfants, se serait séparée de lui à cause de « l’intensité de ses besoins sexuels », cet état aurait entraîné une désocialisation. En 1983, les experts concluaient, entre autre, que R. présentait probablement un déséquilibre de la régulation des pulsions sexuelles, réalisant un état chronique d’hyperaphrodisie. Aujourd’hui, R. ne reconnaît que le fait d’avoir aidé son complice à cacher le cadavre de l’une des victimes. Enfin, pendant son incarcération, il a été condamné à deux reprises pour des violences avec arme sur des personnels pénitentiaires.
46Pourtant ce n’est pas comme cela que nous l’avons observé lors de l’activité de médiation équine9 qui lui a été proposée. Écoutant les consignes et réalisant les exercices avec fluidité, il a pu montrer une grande maîtrise de soi et de ses émotions, certes dans un cadre privilégié par un groupe bienveillant et une ambiance sereine mais au sein duquel il a su évoluer de manière positive. Un récent entretien pluridisciplinaire avec R. nous a permis de le rencontrer comme étant capable d’exprimer des émotions, une conscience de la gravité de l’acte commis malgré une minimisation de son rôle, mais aussi une empathie à l’égard des victimes et un raisonnement moral. Ces récentes observations méritent certainement une réévaluation10 d’autant que l’intéressé a formulé une nouvelle demande de libération conditionnelle dans le cadre d’une expulsion. Si l’on se réfère comme il se doit à une évaluation criminologique des risques, des besoins et des réceptivités, la question du passage à l’acte et des besoins criminogènes identifiés au moment de l’instruction semblent éludés ou masqués par un parcours invalidant. Il s’agirait peut-être alors d’investiguer la sphère sexuelle de l’intéressé aujourd’hui âgé de 57 ans et ainsi d’actualiser le diagnostic posé initialement.
47Au travers de cette prise en charge pluridisciplinaire, médicale, morale, physique et sportive, l’enjeu principal est un processus de resocialisation. Sans aller jusqu’à affirmer comme une stagiaire psychologue que cet espace était « un jardin des miracles » il nous reste, me semble-t-il, à continuer d’organiser le hasard des rencontres, en poursuivant notre pari sur l’humain. R. vient en effet de demander une libération conditionnelle, après avoir effectué plus de trente années de prison dans la poursuite de sa peine à durée indéterminée.
L’isolement social comme moyen d’amendement mais cause d’anomie sociale
48Si l’idée d’un handicap d’origine sociale est très peu utilisée en prison comme perspective d’accompagnement de la population pénale sur la voie de l’insertion, c’est qu’il est paradoxalement l’une des conséquences de l’incarcération. La peine de prison, même si elle ne doit être que « la privation de la liberté d’aller et de venir et rien d’autre11 » demeure avant tout le moyen de mettre à l’écart de la société libre un individu, et donc de l’isoler.
49Afin d’amender les prisonniers, les deux modèles de régime pénitentiaire appliqués en France dès le xixe siècle, qu’ils soient auburniens12 ou pennsylvaniens13 sont fondés sur cet isolement social. Ainsi dès cette époque, après le voyage aux États-Unis des deux magistrats Alexis de Tocqueville et Gustave de Beaumont, des architectes furent dépêchés à leur tour pour effectuer des relevés de plans des prisons visitées afin de construire les prisons départementales sur ces modèles. Ainsi, la prison de Mazas fut construite sur le modèle cellulaire et utilisée de 1850 à 1898.
50La loi du 3 juin 1875 sur le régime de l’emprisonnement individuel, indiquait que « les inculpés, prévenus et accusés, seront à l’avenir individuellement séparés le jour et la nuit ». Si elle avait au départ été bien accueillie par les médecins, quelques années plus tard lors de la séance du 22 février 1887 de l’Académie nationale de médecine, certains dénonçaient ce régime d’emprisonnement, sur la base d’un accroissement des tentatives de suicides. Si ce régime d’encellulement individuel était reconnu efficace pour prévenir les maladies contagieuses et la récidive criminelle, le constat de ses effets suicidogènes entraîna son abandon pour un régime permettant le maintien d’une socialisation de jour relative car limitée par la persistance de la règle du silence. Ainsi comme le témoigne le docteur De Bauvais après sa visite14 :
Les anémiques et les gens nerveux voient leur état morbide et leurs souffrances
– palpitations, étouffement, crises nerveuses, inappétence, constipation, amaigrissement, insomnie, cauchemars, hallucinations, idées tristes, agitation suivie de prostrations – s’aggraver sous cette influence.
51Par ailleurs, celui-ci concluait :
La cellule est un sujet de terreur et souvent un danger pour le prévenu timoré, impressionnable, que bouleverse l’idée de sa première faute et de ses conséquences déshonorantes, qu’il exagère. Il faut surveiller ce malheureux, le mettre au besoin dans une cellule double, avec un autre détenu choisi à cet effet.
52Durkheim (1897), contemporain de cette époque, désignait le défaut d’intégration sociale et l’isolement et de la même manière un excès de régulation et de contrôle social comme principales causes du phénomène du suicide.
53Par sa réforme, P. Amor15 place l’amendement et le reclassement social du condamné au centre de la peine privative de liberté. Le traitement infligé au détenu doit être humain, exempt de vexations et tendre principalement à son instruction générale et professionnelle. Il renoue avec les principes énoncés par C. Beccaria16 lui-même éclairé par les philosophes des lumières, et s’inspire des idées du mouvement de la nouvelle défense sociale de M. Ancel.
54Aujourd’hui, et depuis le xixe siècle, les conditions de détention demeurent au centre des préoccupations de l’administration pénitentiaire. Au-delà de la médiatisation des drames que constituent les suicides de personnes qui ne sont plus animées que par l’énergie du désespoir, la prévention du suicide est l’une des principales attentions des services pénitentiaires qui poursuivent l’application de moyens conséquents à cette cause. Ainsi et même si les observations et les recommandations de l’époque17 demeurent, la formation sur la prévention des suicides fait partie des formations initiales et continues des personnels. Par ailleurs, un dispositif en voie de généralisation, concerne le repérage et l’intervention partagés avec des personnes détenues, elles aussi formées et accompagnées18.
De la pertinence du concept de handicap d’origine sociale pour accompagner la prévention de la récidive
55Depuis la promulgation de la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009, la prévention de la récidive émerge comme l’objectif principal du service public pénitentiaire. L’insertion ou la réinsertion sociale en seraient les moyens désignés, par exemple via l’individualisation et l’aménagement de la peine.
56Après le docteur Gonin (1990) et sa remarquable analyse des effets cliniques de l’incarcération et le témoignage du docteur Vasseur (2000) sur les conditions de détention, le docteur De Beaurepaire (2012) met en évidence la vulnérabilité sociale et psychique des personnes détenues. Selon une étude de 200619 du Conseil économique et social qu’elle cite, « La prison, pour une grande part, n’est que le dernier maillon d’une chaîne, qui, d’échecs scolaires en précarités sociales, d’exclusions en discriminations, peut mener peu à peu aux illégalismes et à la délinquance ».
57De Beaurepaire (2012) expose des chiffres éloquents sur la précarité des personnes détenues sur plusieurs plans20. Ainsi, au niveau sociodémographique, il s’agit majoritairement d’hommes seuls, célibataires ou séparés dont seulement 11 % seraient parents. Leur précarité économique serait majeure car plus 60 % d’entre eux ne disposeraient pas de logement personnel. Plus de 60 % n’auraient pas d’emploi, concernant la formation professionnelle, plus de 60 % n’en disposeraient pas. Sur le plan scolaire, plus de 50 % seraient faiblement scolarisés, au niveau primaire. Enfin, sur le plan des revenus, plus de 60 % auraient un revenu inférieur à 800 euros par mois, 60 % se situeraient sous le seuil de pauvreté. Concernant la vulnérabilité psychique des personnes détenues, ce même auteur fait état d’une étude conduite en 2002 durant un mois et portant sur 2300 personnes qui démontrait que plus de 50 % d’entre elles souffraient de troubles psychiatriques majeurs. Une autre étude réalisée en 2005 par la Direction de la recherche des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) indiquait que les besoins de prise en charge psychiatriques en milieu carcéral étaient dix fois supérieurs à ceux du milieu libre (De Beaurepaire, 2012).
58Au-delà de l’observation de l’épidémiologie carcérale, et du constat de ces empêchements multiples, les conditions de libération méritent également une évaluation. Concernant les « sortants » de prison, Kensey (2012) semble valider les observations précédentes en faisant référence à des données de l’administration pénitentiaire de 2011 sur les libérés de prison et sur une enquête de l’Insee en collaboration avec l’administration pénitentiaire en 1999 sur l’histoire familiale des détenus. Prenant appui sur une étude de 1996, Kensey dans ce même texte, met l’accent sur les difficultés rencontrées par ces derniers à leur libération. Un recueil d’informations sur les conditions matérielles portant sur 1208 libérés sur une période donnée a permis de constater une accumulation de difficultés matérielles souvent aggravées par un isolement social. Pour cette étude, l’échelle d’évaluation des difficultés comprenait les faits de ne pas avoir d’emploi, de ne pas avoir de logement, de disposer de moins de 20 euros, de ne pas avoir eu de visite et de ne pas être attendu à la sortie. Après analyse des données, seulement 13 % des sortants ne rencontraient aucune de ces difficultés, plus de la moitié rencontraient au moins une ou deux de ces difficultés. Presque un tiers d’entre elles cumulaient trois de ces difficultés ou « désavantages » selon la séquence de Wood, qui ainsi repérés pouvaient constituer un handicap mais dont l’origine ne serait pas une maladie mais une difficulté sociale. Par ailleurs, si l’on considère que environ 30 % des personnes incarcérées ne disposaient pas d’un domicile fixe lors de leur arrestation et que 30 % perdent leur domicile pendant l’exécution de leur peine, il semble difficile pour ceux-là d’envisager une sortie sereine dans la perspective de la prévention de la récidive21.
59Si l’on considère que la prison n’est plus seulement un temps de privation de liberté, comme conséquence d’une justice seulement punitive, si l’on admet que ce temps puisse être consacré utilement, vers une responsabilisation citoyenne et à la préparation d’une future « intégration » sociale et que la prévention de la récidive est l’objectif principal de la prison, alors nous pouvons prendre en compte que pour les sortants de prison, le vécu subjectif de peine pourrait commencer à la sortie et que c’est en cela qu’un accompagnement social se justifierait. Ainsi, les travaux et les échanges d’experts réunis lors de la récente conférence de consensus sur le thème de la prévention de la récidive (14 et 15 février 2013) ont conduit à la constitution d’une peine dite de probation. Une nouvelle peine qui semble soutenue dans sa forme par la ministre de la Justice mais dont le contenu demeure à élaborer. Selon la citation d’un travailleur social anglais « pour éduquer un enfant, il faut un village22 », le modèle des cercles de soutien et de responsabilités pourrait constituer une piste intéressante dans le cadre d’un accompagnement à une intégration sociale. Par ailleurs, au regard de la spécificité des accompagnements pour l’intégration sociale et le désistement criminel, la question de la contribution de pairs « désistants » apparaît être aussi une piste intéressante.
Justice restaurative : une médiation pénale au service d’une intégration sociale
60Si la question de l’intégration sociale des sortants de prison demeure majeure, elle ne saurait seule être en mesure de retisser un lien social sans impliquer la personne dans une réflexion au regard de la cause de la rupture du contrat social.
61C’est le sens de la fonction « restaurative » de la justice telle que la présente Cario (2006). Ce modèle défini par Howard Zehr, est un processus destiné à impliquer, le plus possible, ceux qui sont concernés par la commission d’une infraction particulière, à identifier et répondre collectivement à tous les torts, besoins et obligations dans le but de réparer/guérir les préjudices et de rétablir l’harmonie sociale la meilleure possible. La justice restaurative cherche à inclure plutôt qu’à exclure en impliquant au mieux tous les individus concernés par l’infraction : infracteur(s), victime(s) et entourage(s) se retrouvent dans une situation de discussion et de coopération. Tous cherchent ensemble une solution de réparation du mal causé. C’est une justice pour tous qui se focalise sur les préjudices causés et non sur l’acte lui-même. Elle tente alors de réparer les liens détruits par l’infraction.
62Outre quelques rares expériences antérieures de ces rencontres auteur/victimes en France, l’actualité de ce type de prise en charge vient de faire l’objet d’une expérimentation au sein de la MC de Poissy sous le titre de « Projet imagine ». Le dispositif propose la rencontre d’auteurs condamnés avec des victimes indirectes ou des familles de victimes, en se basant sur la nécessité d’une prise de conscience de la gravité des faits et de l’acte commis et la reconnaissance des victimes.
De l’évaluation criminologique à l’accompagnement au désistement criminel
63L’évaluation criminologique est actuellement réalisée au travers du modèle de l’évaluation des risques, des besoins et des réceptivités. Celui-ci permet d’identifier à la fois des facteurs statiques et des facteurs dynamiques qui autorisent une évaluation centrée sur les individus et sur leur environnement. L’évaluation des risques se fonde sur le passé d’un individu, son histoire, son vécu, ses fragilités, ses empêchements dont la cumulation peut constituer un handicap d’origine sociale. L’évaluation des besoins porte sur l’observation des besoins criminogènes actuels d’un individu. L’évaluation de la réceptivité permet d’identifier les ressources personnelles de l’individu et son éventuelle réceptivité à une prise en charge adaptée vers l’acquisition de nouvelles habiletés sociales. Cette approche, associée à l’accompagnement du désistement criminel ne se focalise pas seulement sur les facteurs de risques mais permet aussi d’identifier les facteurs positifs et pro sociaux qu’il conviendrait de soutenir chez une personne.
64Dans le champ pénal, que ce soit en prison ou en milieu ouvert, nous rencontrons des personnes qui viennent de toutes façons se présenter avec leurs actes ou au moins celui qui les a mis « sous main de Justice ». Ces actes peuvent être spectaculairement « passés sous silence » ou au contraire, nous éblouir de tant de clarté. Il conviendrait donc, peut-être dans un premier temps, de nous risquer à un diagnostic visant à repérer si nous nous trouvons dans le cas d’un individu venant de commettre un acte isolé ayant statut de « passage à l’acte », imprévisible, impulsif et amnésique, constituant « une première fois », pouvant ou pas, en appeler d’autres ou bien faisant déjà partie d’une chaîne répétitive dans laquelle nous pourrions aussi distinguer « le même » de « l’identique ». Et ainsi conserver un positionnement éthique…
65Par ce positionnement, il conviendrait alors de remarquer que loin de nous aveugler, l’acte, y compris dans son éventuelle monstruosité, pourrait s’en trouver objectivé, nous permettant d’entendre « quelque chose » du sujet. Nous serions amenés, par conséquent à questionner l’auteur du « crime » sur l’acte commis, sur ce qu’il en pense, sur ce qu’il pense de sa situation… en approchant peut-être, sa vérité psychique et son destin, en toute subjectivité. Considérant peut être, comme le suggère Bessoles (2007), que la récidive serait alors un brouillon d’une « œuvre » inachevée qui buterait inlassablement sur le réel des choses, ce réel étant l’innommable du crime, il nous resterait à créer le « nommable » du criminel et… peut-être que cela en vaudrait la « peine ».
Tout en partageant la phrase conclusive du docteur Dormoy (1994) :
Aucun comportement humain ne peut relever d’une approche parcellaire, sous peine de voir s’ériger de nouveaux murs construits de pseudo-idéologie ou de simplification, génératrices d’incompréhension et de rejet.
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Références
Beccaria, C. (1965-1764). Des délits et des peines. Genève : Librairie Droz.
Bessoles, P. (éd.). (2007). Criminalité et récidive, Évaluation. Clinique. Thérapeutique. Interculturel . Grenoble : Presses Universitaire de Grenoble.
Cario, R. (2006). Victimologie. Justice restaurative principes et promesses. Paris : L’Harmattan.
10.3917/rdm.040.0125 :De Beaurepaire, C. (2012). La vulnérabilité sociale et psychique des détenus et des sortants de prison. Revue du MAUSS, 40, 125-146.
Demeulenaere-Douyer, C. (1981). Bulletin de la société de l’histoire de Paris et de l’Île de France. Paris.
Dormoy, O. (1995). Soigner et/ou punir. Questionnement sur l’évolution, le sens et les perspectives de la psychiatrie en prison. Paris : L’Harmattan.
Durkheim, E. (1897). Le suicide : Étude de sociologie. Paris : PUF.
Foucault, M. (1975). Surveiller et punir, naissance de la prison, coll. Bibliothèque des Histoires, Paris : Gallimard.
Gonin, D. (1991). La santé incarcérée : médecine et conditions de vie en détention. Paris : Éditions de l’Archipel.
10.3917/rdm.040.0147 :Kensey, A. (2012). Que sait-on de la situation socioéconomique des sortants de prison ? Revue du MAUSS, 40, 147-160.
Toureille V. (2006). La récidive en matière de vol ou la consuetudo furenti à la fin du Moyen Âge. In F. Briegel. & M. Porret (éd.). Le criminel endurci. Récidive et récidivistes du Moyen Âge au xxe siècle. Genève : Librairie Droz (p. 43-54)
Vasseur, V. (2000). Mé decin chef à la prison de la Santé. Paris : Le Cherche Midi.
Notes de bas de page
1 Dans cette citation, Foucault fait certainement référence à Pinel face au grand enfermement du xviiie siècle et à la frénésie des orthopédistes du xixe siècle préoccupés à redresser les bossus et autres varius équins. Nous considérons que cette acception pourrait aussi s’appliquer au « redressement de l’âme », autre préoccupation de la même époque.
2 Les maisons centrales sont des établissements pénitentiaires qui accueillent des détenus purgeant leur peine dans un cadre comportant « une organisation et un régime de sécurité renforcé dont les modalités internes permettent également de préserver et de développer les possibilités de réinsertion sociale des condamnés » (Art. D71 du code de procédure pénale).
3 Ce qui conduisit certainement le célèbre « diable boiteux » Charles-Maurice de Talleyrand à attribuer sa malformation congénitale à une chute consécutive à la maladresse de sa nourrice.
4 Philip Henry Nicholls Wood était un épidémiologiste et rhumatologue britannique décédé en 2008, il a été professeur à l’Université de Manchester.
5 Modèle d’évaluation et de réadaptation des délinquants présenté par James Bonta (sécurité publique Canada) et D.A. Andrews (Université Carleton). Il comporte trois principes de base : principe du risque (adapter le niveau de prise en charge au risque de récidive du délinquant), principe des besoins (évaluer les facteurs criminogènes et cibler la prise en charge) et principe de réceptivité (optimiser la capacité du délinquant de tirer des enseignements d’une intervention réhabilitante).
6 Les deux critères d’évaluation pour ce nouveau dispositif sont que le comportement de la personne révèle des troubles mentaux manifestes, et que le comportement de la personne présente un danger manifeste pour la sûreté des personnes.
7 Les formations partagées font partie intégrante des différentes procédures dites « novatrices », mises en place sur cet établissement ; dans le cadre d’un « mieux vivre ensemble » elles sont destinées à être proposée à un public mixte de personnels et de personnes détenues.
8 La procédure « médiation relationnelle » a été élaborée dans le cadre de la régulation des violences en détention ; elle est proposée lors du constat d’une rupture de communication entre un personnel et une personne détenue ; considérant qu’une situation de crise relationnelle est souvent la conséquence d’un malentendu, il s’agit d’une mise en présence préparée et d’une mise en mots des ressentis de chacun des protagonistes, en vue de permettre une analyse et une élaboration dont l’objectif est la reprise d’une communication plus sereine.
9 La procédure de médiation équine dite « Des Camargues et des hommes » est aussi une activité partagée. Son objectif est d’accompagner l’émergence d’émotions au travers de l’approche du cheval en travaillant autour de la connaissance et de la maîtrise de soi. Cette modalité de prise en charge est conduite sur une journée par des professionnels qualifiés, elle est aussi le prétexte à de nouvelles rencontres. Le partage du repas lors de la pause méridienne est aussi un moment socialisation. Le débriefing de fin de journée permet la mise en commun des émotions éprouvées et l’éventuelle émergence nouvelles habiletés en devenir.
10 Lorsque les personnes détenues condamnées à la réclusion criminelle à perpétuité sollicitent l’octroi d’une libération conditionnelle, un passage au centre national d’évaluation est obligatoire. Le séjour de 6 semaines donne lieu à une évaluation pluridisciplinaire destinée à donner un avis sur la demande.
11 Déclaration de V. Giscard d’Estaing en 1974 ; peut-être indigné par les conditions de détention pendant sa visite des prisons, cette déclaration a été l’objet d’un malentendu en pouvant laisser penser que la peine de prison ne devait revêtir que la seule privation de liberté. Cette acception venant rompre avec les modalités de prises en charge relevant des espoirs d’amendement.
12 Le modèle auburnien prôné par Charles Lucas, préconisait une vie commune mais en silence pendant la journée et un isolement cellulaire durant la nuit.
13 Le modèle pennsylvanien ou philadelphien, soutenu par Alexis de Tocqueville, était fondé sur un isolement total des prisonniers de jour comme de nuit.
14 Médecin des prisons de la Seine, dans sa réponse au questionnaire du directeur de l’administration pénitentiaire Louis Herbette sur « l’état moral » des détenus emprisonnés sous le régime cellulaire, et dans son rapport au ministre de l’Intérieur sur l’application et les effets du régime cellulaire à Mazas paru en 1890.
15 Magistrat, incarcéré sous l’occupation pour des faits de résistance pendant la seconde guerre mondiale, il fut nommé dès la libération premier directeur de l’administration pénitentiaire et des services de l’éducation surveillée et fondateur de la réforme qui porte son nom.
16 Pour que tout châtiment ne soit pas un acte de violence exercé par un seul ou par plusieurs contre un citoyen, il doit essentiellement être public, prompt, nécessaire, proportionné au délit, dicté par les lois, et le moins rigoureux possible dans les circonstances données (Beccaria, 1965-1764).
17 Rapport du docteur Beauvais 1890 sur l’application et les effets du régime cellulaire à Mazas (cité par Demeulenaere-Douyère).
18 Ce dispositif dit : « codétenus de soutien » est expérimenté dans plusieurs établissements et vient de faire l’objet d’une évaluation positive ; il concerne exclusivement la prévention du suicide. Sur notre MC la procédure qui a été mise en place concerne le champ plus large de la régulation des tensions et des violences ; des équipes de détenus « facilitateurs » préalablement formées, peuvent accompagner leurs pairs selon un protocole et une feuille de route institutionnalisés.
19 Conseil économique et social, « Les conditions de la réinsertion socioprofessionnelle des détenus en France », 22 février 2006 (cité par De Beaurepaire, 2012).
20 Conseil économique et social, données de l’administration pénitentiaire, 2006.
21 Extrait du documentaire The road from crime.
22 Documentaire op. cit.
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Psychologie et handicap
Ce livre est cité par
- Rannou, Pauline. (2021) L’évolution des modèles internationaux du handicap dans la prise en compte de la surdité comme particularisme social. Alterstice: Revue internationale de la recherche interculturelle, 10. DOI: 10.7202/1084910ar
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