Le paradoxe des fenêtres colorées dans le conte du Graal, une introduction possible à la lecture des couleurs chez Chrétien de Troyes
p. 423-448
Texte intégral
1Les impressions visuelles polychromes sont nombreuses et variées chez Chrétien de Troyes. Bruns sont les heaumes1, blonds les cheveux d'Enide2 et de Keu3 et la tête des animaux qui doublent la fourrure du manteau d'Erec4. les teintes "totes diverses,
Yndes et vermoilles et perses,
Blanches et verz, indes et giaunes"
2du bord du manteau5 et de la couronne d'Enide6, et des bliauds des dames d'Ygerne7 caractérisent aussi le pavement du Palais des Merveilles dans le Conte du Graal8. La roche du Chevalier Vermeil9 est "bise" comme la tour du château du Roi Pêcheur10, l'urne du sacrifice de Procné11, la pierre à feu d'Yvain12. Le samit du lit du château de la lance enflammée13 est "jaune". La nuit est toujours "noire"14 comme l'eau autour de la forteresse de Gornemant15, comme le manteau de Blanchefleur16, le chapeau de l'hôte au Palais du Graal, les cheveux des laides demoiselles17 et la monture de la redoutable messagère de Laudine18. La neige est "blanche"19 comme l'hermine20, l'ivoire21, le "blanc cerf"22, les nappes23, le linge24, les draps25 et surtout le corps des femmes. Chez elles, le front26, les dents27, le menton28, le "col"29, la gorge30 et la poitrine31 se caractérisent par la blancheur. Cette large palette de couleurs qui semble rendre compte simplement de la variété de la vie est immédiatement perceptible aux yeux, suivant les lois normales de la physique ; elle donne les apparences de la vie ordinaire. La remarque doit être faite, car parler des couleurs c'est aussi parler de la sensation.
3Or notre attention a le droit de s'éveiller lorsque les fenêtres se teintent.
4Notons en effet que chez Chrétien de Troyes aucune fenêtre n'éclaire. Incolores, elles abritent toujours un regard tourné vers l'extérieur et qui se cache. Dans le Conte du Graal, ce caractère demeure. La fenêtre y recèle des yeux. Y surgit en outre la couleur. Celle-ci n'est perçue ni à travers les orifices, ni grâce à la lumière filtrée par les baies. La couleur seule occupe l'orifice.
5Voyons les faits.
6Au terme de ses aventures, Gauvain accède, au-delà des Bornes de Galvoie, au Château des Merveilles "toz de marbre bis"32 percé de cinq cents fenêtres. Cent d'entre elles sont "covertes de dames et de dameiseles" (vv.6998-6999) vêtues de "samiz" (v.7002) et de "bliauz de diverses colors et de dras de soie a or batuz"(vv.7004-7005).
7Extatiques, ces dames "esgardent devant eles" (v.7000). A l'intérieur de la grand salle du même château, Gauvain retrouve les mêmes fenêtres. Bien que "fenestres verrines" comme le précise Chrétien (v.7531), les cent ouvertes ont perdu leur couleur. Elles ne déversent aucune lumière. Cependant, si l'on en croit le Nautonier, les dames y sont cachées derrière et voient tous les faits et gestes du chevalier (vv.7528-7529).
8Nonobstant l'incapacité d'éclairer de ces baies-regards, la pièce est inondée de lumière et surabonde en couleurs. La porte d'ivoire et d'ébène est "anluminée d'or et de pierres de vertu" ( vv. 7 434-7 4 3 5 ) qui jettent éclat et couleur à la fois. Le pavement
"verz et vermauz, yndes et pers
de totes colors fu divers" (vv.7437-7438).
9la verrière enfin qui surplombe le lit est
"... painz a colors
des plus beles et des mellors
que l'on poïst dire ne fere" (vv.7473-7474)
10Ce n'est pas elle qui éclaire, mais plutôt les quatre escarboucles du Lit (v.7452). Comme lesautres fenêtres, elle cache un regard mystérieux :
"Qui garde i preïst
que par mi le voirre veist
toz ces qui el palés antrassent
et par mi la porte passassent" (vv. 7469-7472).
11Tout se passe ici comme si la perception de la couleur ne nécessitait pas la présence de la lumière naturelle du soleil que semblent remplacer les pierres de vertu et les escarboucles, comme si encore l'essence de la couleur d'un vitrail permettait - à l'encontre du sens commun - de ne rien cacher au regard situé au-delà du verre.
12Que signifie ce paradoxe physique ? pourquoi cette brusque incursion de la couleur dans le récit sur un objet - la fenêtre - qui jusqu'alors semblait pouvoir s'en passer ? Quelles lois régissent son existence ?
13Pour répondre à toutes ces questions, il nous faut d'abord montrer ce qu'est le Palais aux fenêtres colorées. Nous tâcherons ensuite de saisir les correspondances entre les diverses couleurs dans ce texte du Conte du Graal et leur relation avec l'objet sur lequel elles sont appliquées.
Le Palais de couleurs et de lumière aux cinq cents fenêtres
14Comme nous l'avons déjà montré ailleurs33, le Château de la Roche de Changuin percé de cinq cents fenêtres où apparaît le buste de femmes est une symbiose étonnante de deux miniatures empruntées au manuscrit de Wiesbaden des enluminures du Liber Scivias de Sainte Hildegarde34.
15Dans la première vision de la prima pars, l'Abbesse de Bingen décrit Dieu le Père dans toute Sa resplendissante majesté et trônant au sommet d'une montagne percée de lucarnes35
16Dans la dixième vision de la tertia pars36, le "Sedens Lucidus" n'est visible que jusqu'à la taille.
17Sainte Hildegarde en fait la lecture. La montagne percée de fenêtres, dit-elle, "designat fortitudinem et Stabilitatem aeternitatis regni Dei", laquelle ne peut être ébranlée par nul effort d'une mutabilité branlante37. Telle est bien aussi la Roche de Changuin, de conception parfaite - "trop bien conpassez" (v.6987) - et inébranlable - "trop forz" (v.6988) -. La roche bise, poursuit l 'Abbesse, représente la crainte de Dieu. - Notons dès à présent que cette exégèse de la couleur "bise" rejoint celle de saint Grégoire38 et celle de Raban Maur39 -. Le fait que le "sedens Lucidus" n'est pas encore dévoilé montre, d'après sainte Hildegarde, que les luttes ne sont pas encore achevées et que les temps ne sont pas accomplis40.
18A ces deux visions hildegardiennes abondamment représentées et diffusées à l'époque dans les livres de miniatures41 Chrétien ajoute des détails qui confirment l'assimilation du château sur la roche à la Montagne de Dieu.
19Dans notre texte, les murs sont "toz de marbre" (v.6939) comme ceux construits par Moïse dans l'Exode (Ex. 31,5) et par Salomon dans les Chroniques (I. Par. XXVIII). D'un tel matériau d'ailleurs "neque enim homini praepa-ratur habitatio sed Deo" avait précisé David (I. Par. XIX, 1).
20Habite dans ce château la reine aux blanches tresses (vv. 7855, 7955), avatar de l ' "Antiquus dierum" de la vision de Daniel (Dan. VII, 9).
21Enfin, cet autre "Tabernaculum" rivalise en rutilance avec la Jérusalem messianique décrite par l'Aigle de Patmos. Le texte de saint-Jean décrit en effet une ville resplendissante comme une pierre précieuse (Ap. XXI,11) les portes sont de perles (Ap. XXI,21) et la cité d'or pur (ibid.). De même, les murs de Changuin reluisent du chief des demoiselles (v.7009) : les portes du Palais sont "anluminées d'or et de pierres de vertu" (vv. 7434-7435)-Passé les portes, "n'i ot rien que d'or ne fust"(v.7442). La ville de la Jérusalem johannique est transparente comme du verre ("tamquam vitrum per lucidum" (Ap. XXI,21). De même la salle du Lit de la Merveille
"Les verrieres (y sont)
si cleres, qui garde i preïst
que par mi le voirre veïst
toz ces qui el palés antrassent" (vv. 7468-7471)
22Chrétien peaufine l'analogie à l'aide de la symbolique des nombres.
23Les fenêtres sont cinq cents. Ce chiffre parfait est d'après saint Grégoire42, le signe de la "fidelibus perfectio promittitur", c'est-à-dire à ceux "qui scripti sunt in Libro vitae Agni" (Ap. XXI, 27), entendons aux vrais amis de Dieu.
24Cent de ces opercules sont habités. Leur nombre est l"'imago... VIRTUTIS et SCIENTIAE" d'après Jean Scot Erigène dans son commentaire sur l'Evangile de Saint-Jean43. IL annonce la "contemplatio vitae aeternae" suivant la lecture grégorienne du Livre d'Ezéchiel44 Ajoutons que cette utilisation du nombre illustre encore la révélation johannique : Dieu est maître de tout et de toute science : il est en Son Temple ("Dominus enim Deus omnipotens templum illius est" (Ap. XXI, 23). "Les serviteurs de Dieu L'adoreront et ils verront Sa face" (Ap. XXII, 3-4) dans une contemplation éternelle de lumière pour les siècles.
25Ce palais de lumière et de couleurs se présente ainsi comme un conglomérat cohérent d'éléments empruntés aux diverses visions prophétiques et hildegardiennes, à l'exégèse classique et à la symbolique des nombres. Le Château de la Roche de Changuin est la Montagne de Dieu de sainte Hildegarde, le "tabernaculum" édifié par Moïse (EX. XXV, 8) où le Tout-Puissant peut résider, la Jérusalem Céleste d'Isaïe (Is. LXII, 6 ; LX, 1), celle que chantent les Psaumes (Ps. CXXI, 5), la "sainte montagne de Dieu" de Daniel (Dan. IX, 20), le "templum in monte sancto (suo)" du livre de la Sagesse (Sp. IX, 8), le "templum Dei" du troisième livre de l'Apocalypse (Ap. III, 12), la "sancta Jerusalem descedenta de caelo a deo" du vingt et unième livre de l'Apocalypse (Ap. XXI, 10).
26Chrétien n'est pas le premier à rapprocher tous ces temples. Bède de Vénérable, et à sa suite tous les mystiques de l'époque de notre poète, l'ont fait avant lui. De tous ces édifices il faut saisir le sens allégorique. "Htec sensum allegoricum prosequamur" - pour reprendre l'expression favorite de Rupert de Deutz45·
27Les temples de Dieu sont des figures de l'Ecclesia. "Templum domini ecclesia » significat". Ce commentaire de Herrade de Landsberg au fol. 209r de l'Hortus deliciarum fait écho à ceux de saint Ambroise - pour qui "templum quod aedificavit Salomon typus ecclesiae fuit"46 - et à celui des vitorins - "Templum... exemplum Christi et ecclesiae"47·
28Or nous sommes ce temple de Dieu. "Templum illius sumus" pour reprendre l'expression pauli nienne (Icor. 3, 16-17) de Garnier de Saint-Victor dans son Gregorianum48.
29La Montagne de Dieu, la Cité Sainte, Jérusalem, le "tabernaculum" et ici la Roche de Changuin sont tous des figures de la "mens nostra", le "cor sanctorum"49. "Ecclesia vel anima" résume saint Eucher50. De même pour Garnier de Saint-Victor : "ecclesia... anima justi, fidelis populos"51 et pour Godefried le Vénérable52 "templum... ecclesia.... mens sancta et immaculata". Saint Bernard explicite la glose : Cette Jérusalem Céleste, cette Cité Sainte qui est en nous est le "tabernaculum" largement déployé non pas dans l'espace mais dans le monde de l'âme et de ses mouvements internes. On y aperçoit, poursuit-il, le merveilleux travail de l'artisan - entendez : de Dieu, "artifex" au sens isidorien du terme53 - qui y a mis une grande richesse non pas de couleurs mais de béatitudes54 Saint Augustin l'avait dit autrement : Ce n'est pas l'âme qu'on y retrouve, mais ce qui excelle en elle, à savoir la "mens" ("non igitur anima, sed quod excellit in anima "mens" vocatur") car - poursuit l'évêque d'Hippone - c'est dans le secret de l'âme que réside l'image de Dieu55.
30Voilà donc ce qu'est en réalité la montée de Gauvain sur la Roche de Changuin : une montée sur la Montagne de Dieu, au Temple, une ascension de l'âme sur ce que saint Bernard appelle encore la Montagne du retour. Elle est un retour de l'âme sur elle-même, le retour à l'image, ou à ce qui a lieu quand l'homme se reconnaît en image comme l'image de son Créateur "a quo factus est"56.
31Si d'aucuns demeurent perplexes devant cette identification de la salle colorée du Lit de la Merveille à la partie la plus secrète, à l'amande divine de l'âme du chevalier, ajoutons que Gauvain, après avoir dépassé la borne de Galvoie, rentre chez lui, stricto sonore. GAUVAIN, GALWEIN entre en GALVOIE. L'analogie phonique est plus que troublante57.
32Ajoutons aussi que le fils de Lot, maintenant chez lui - en lui, comme nous venons de la voir - entre au même instant dans une sorte d'Hadès ; il y rencontre Ygerne, la mère du roi Arthur, décédée "voilà bien LX anz passez" (vv. 8473-8474). Il y retrouve sa mère et sa soeur mortes vingt ans auparavant (v. 8492). Le parcours du chevalier se présente ici comme une catabase.
33Depuis Origène58, la descente aux Enfers des Anciens est un integumentum du voyage intérieur, de la descente en soi-même. A l'époque de Chrétien de Troyes, cette interprétation socratique chrétienne origénienne a déjà pénétré les pays rhénans. Manilius II avait depuis longtemps vulgarisé le texte alexandrin en le traduisant en latin. Williram d'Ebersberg le traduit en allemand. Pour eux tous la catabase est une introspection où l'homme apprend à se connaître non pour s'arrêter à son humanité mais pour contempler sa beauté et remonter à ses causes. "Nisi cognoveris timetipsam, prévient Origène, o pulchro inter mulleres, id est o anima et agnosveris ad pulcritudinis tuae causus inde descendere, quod ad imaginem Dei facta est, per quod in est tibi plurimum naturalis decoris".
34Force nous est d'admettre au passage que les sens donnés à l'ascension de la Montagne Sainte qui est Montagne du Retour et à la descente aux Enfers convergent et nous encouragent ici à une lecture phonétique des noms propres.
35Nous comprenons alors que les fenêtres et leurs dames, la couleur des habits, le chatoiement des pierreries, le pavement bariolé, les teintes de la verrière, pour suggestifs qu'ils soient, sont encore autre chose que ce qu'ils semblent être. Ils sont les éléments allégoriques d'un paysage intérieur qu'il nous faut comprendre dans une perspective mystique et eschatologique où nous verrons le rôle attribué à la couleur.
Les parties de l'âme de Gauvain et leur couleur
36Si, comme nous venons de le voir, la Cité Sainte qu'est la montagne du Château des Merveilles est l'âme de Gauvain, elle demeure toujours aussi ecclesia.
37Or, d'un point do vue visuel, nous savons bien que toute église est la projection géométrique orientée du Fils de l'Homme sur la Croix, à l'image de l'homme parfait59 et du corps mystique du Christ. Elle est une autre réalisation du temple de Moïse et de Salomon, et une reconstitution de la Jérusalem messianique60, "atrium agiae sophiae"61.Elle est une oeuvre d'art très précieuse qui prolonge l'Incarnation et ne peut se faire que "auctoritate spiritus sanctis" comme aime à la rappeler Théophile62. L'hymne de consécration des églises à l'époque de Chrétien le chante encore : "Urbs jerusalem beata, dicta pacis visio, quae constructur in caelis vivis ex lapidibus"63.
Les fenêtres et les bliauds
38Les fenêtres y jouent un rôle privilégié parce qu'elles sont en relation avec la lumière.
39Celle-ci a existé avant toute chose dans la création puisqu'avant même le premier jour "dixitque Deus : fiat lux et facta est lux" (Gen. I, 3). Elle existe loin de nos regards. Elle est celle de la connaissance angélique et mystique d'avant la Création.
40Cette mystique de la lumière développée par saint Augustin64 est reprise pendant tout le moyen-âge jusqu'au xiiième siècle. Herrade de Landsberg l'expose à ses moniales dans l'Hortus deliciarum déjà cité aux fol. 4r et 10r, pour montrer comment la lumière "factum est de nichilo id est de nulla materia". Elle est à comprendre dans un sens figuré, dans un sens fondamental. Hugues de Saint-Victor en poursuit l'analyse dans le De sacramentis : Elle est un don de Dieu qui nous met en face de Lui et nous immerge dans le mystère de la création65 qui est un mystère de Sagesse66.
41Partant, les orifices qui laissent passer cette lumière déversent la Vérité. Voilà pourquoi les fenêtres des églises figurent "les écritures divines qui versent 1 a clarté du vrai soleil, c'est-à-dire de Dieu, dans l'église (avec et sans majuscule), c'est-à-dire dans le coeur des fidèles tout on les illuminant"67. Dans un sens plus large, dit ailleurs Garnier de Saint-Victor, elles sont la "mens contemplativa" de tous les fidèles68. Le verre des vitraux "per quod radius lucis jaculatur" est lui aussi "mens doctorum, que celestia quasi per speculum in enigmate contemplatur"69.
42Si tel est le cas des fenêtres du temple qu'est Gauvain, on pourrait s'étonner que les orifices latéraux ne déversent aucune lumière. A moins que Chrétien ne veuille nous faire entendre que l'âme de Gauvain n'est pas prête à la contemplation !
43Ici intervient la lumière.
44Les bliauds des femmes se substituent au verre. Ils sont "de diverses colors" (v. 7004). L'expression de Chrétien de Troyes est la transcription littérale en langue vernaculaire de la "colorem varietas" des exégètes qui en font une lecture mystique. De Saint Bernard à Adam Scot, elle figure la "virtutem varietas", la couleur y étant le signe de la "virtus"70.
45Mais la couleur ne suffit pas à la précision de la métaphore. Ces fenêtres extérieures habitées sont au nombre de cent. Il faut cent ans à Noé pour construire l'arche (Gen. VII, 6). C'est pourquoi saint Grégoire y voit le nombre de la "contemplatio vitae aeternae"71 et Bède le Vénérable celui du chemin do l'éternité pour l'âme72. Jean Scot Erigène, en s'inspirant des Ambigua de Maxime le Confesseur, y voit l"imago... virtutis et scientiae" parfaites73.
46L'attitude des dames parachève le discours et complète ce que ne pouvaient dire la couleur et le nombre.
47Ces femmes ne sont qu'un regard. Elles "esgardoient devant eles les prez et les vergiez floriz" (vv. 7000-7001). "Esgarder" manifeste l'attention la plus grande et nous laisse entendre, à la suite de tout ce qui précède, que l'âme de Gauvain est tout entière tendue Vers... Vers quoi ? - Ici : vers les prés fleuris. De cette sorte de paysage Raban Maur et Garnier de Saint-Victor ont déjà fait l'exégèse. Les prés sont le monde, et les fleurs l'"initium boni operis"74. la "gloria praesentis vitae"75.
48Ramassons ici tous les premiers éléments tissés par notre poète.
49Les fenêtres figurent la "mens contemplativa". Leur nombre indique la même tendance de l'âme et laisse aussi entendre que les vertus et la connaissance des choses divines du chevalier sont grandes. La couleur nuance ce que disait le nombre : Ces vertus sont aussi variées. Le regard des femmes permet de poursuivre le discours métaphorique : Gauvain a déjà mis en pratique ces vertus cachées en lui puisqu'il est sur le chemin du salut. Il en a même récolté les premiers fruits.
50Pour savoir si une telle lecture est adéquate à l'intention de l'auteur, exerçons la encore à l'intérieur du Palais en suivant le fils de Lot au-delà des portes d'ivoire et d'ébène sur le pavement coloré et sous la claire verrière irisée.
Le pavement de totes colors
51Les premiers pas de Gauvain se posent sur un pavement "verz et vermauz, yndes et pers" qui "de totes colors fu divers" (vv.7437-7438).
52Dans le Liber Scivias déjà cité, sainte Hildegarde fait aussi allusion à l'existence d'un "pavimentum" au pied du Sedens Lucidus et devant l'ange, "imago alia intra ipsum aedificium super pavimentum"76 dans la dixième vision de la tertia pars. Or cette vision est celle du châtiment ultime du mal avant les derniers temps décrits dans le Livre XI. Le "pavimentum" y est associé à la manifestation dernière de la justice divine. Cette interprétation hildegardienne est directement inspirée du sixième livre de Daniel (Dan. VI, 24) où ceux qui ont calomnié "non parvenerunt usque ad pavimentum" mais seront dévorés par les lions.
53La couleur des émaux du dallage "verz", "vermeil", "ynde" et "pers" vient corroborer cette lecture allégorique. Considérons chacune d'entre elles l'une après l'autre.
54La première couleur de l'arche de Noé, première ecclesia, était le vert. Or Dieu a sauvé Noé du Déluge. Voilà pourquoi, après avoir rapproché ces paroles vétéro-testamentaires du sixième livre de l'Apocalypse où apparaît le cheval verdâtre (Ap. VI, 8) à l'heure du Grand Jugement, Hugues de Saint-Victor considère la couleur verte comme le signe de la justice de Dieu77 et de la libération des bons78.
55La deuxième couleur de l'arche était le vermeil, comme celle du deuxième cheval de la même vision johannique (Ap. VI, 4). Voilà pourquoi, poursuit le même Hugues de Saint-Victor, cette couleur signifie la justice que fera Dieu à la fin des temps ("quod Deus facturum est per ignem in fine mundi"79.
56La couleur "ynde" tient son nom de son pays d'origine. Chrétien le rappelle lorsqu'il laisse Gornemant revêtir Perceval "d'un drap de soie ynde qui fu tissuz et fez en ynde" (vv. 1599-1600). Comme elle vient de l'Orient, poursuit Raban Maur, elle désigne l '"eccle-siam in gente juadea constitutam". Elle est signe de Miséricorde. Pour tous les contemporains de notre auteur, elle est aussi depuis Origène qui la commente dans son Homélie sur l'Exode (IX, 3), ("In Tabernaculo"80 le signe visible de l'espérance du royaume des cieux.
57La teinte "pers" enfin, couleur de la chrysolite, est suivant un passage cité dans l'Hortus deliciarum - au fol. 262v. - qui s'inspire du lapidaire de Marbode, la "mores hominum perfecte sapientiam".
58Ce pavement est un signe chromatique de justice, de Miséricorde et d'Espérance qui montre que Dieu attire à lui tous les hommes du peuple qu'il a choisi, et en particulier ici Gauvain.
59Il est aussi une ordalie :
"Ainz sera la mers de glace
qua l'an un tel chevalier truisse
qui el palés demorer puisse
qu'il le covandroit a devise
saige et large, hardi et leal,
sanz vilenie et sanz nul mal" (vv. 7338-7344).
60Cette ordalie elle-même est indissociable de la claire verrière
"painz a colors
des plus beles et des mellors
que l'an poïst dire ne fere" (vv. 7437-7475).
61Considérons donc celle-ci en détail.
La claire verriere
62Nous avons rappelé comment l'Eglise, "Domus Dei", reçoit la lumière - présence immatérielle et perceptible de Dieu - des fenêtres latérales.
63Ici, la clarté est à la verticale. Mais la lumière ne descend pas. Elle demeure "au chief desus" (v.7468).
64Cette clarté au zénith est la grande lumière de midi, celle du septentrion, de là où vient Yahvé dans le troisième livre d'Habaquq (Hab. III, 3) C'est l'heure du travail et de la peine, comme le fait comprendre l'Epouse du Cantique. C'est aussi l'heure à laquelle l'Epoux dans le même Cantique met au repos son troupeau (Cant. I, 7). C'est encore l'heure que choisit le Sauveur pour rencontrer la Samaritaine et lui révéler Sa pleine connaissance de nos péchés. C'est l'heure à laquelle Il lui demande d'être désaltéré par son amour (Jn. IV, 7).
65La clarté de la verrière, autre clarté de Midi, c'est celle de la justice de Dieu qui n'est qu'aspiration d'Amour.
66Ajoutons que ce qui illumine la salle du château, image du chevalier, n'est pas le soleil mais l'or du Lit et l'éclat des escarboucles.
67Tous les commentaires sur les temples de Salomon et d'Ezéchiel convergent. L'or n'est pas une couleur. Par son éclat et sa dureté il est la vision la meilleure de la vertu suprême de Dieu : l'excellence de la Charité81. Son chatoiement est ce qui représente le mieux la vibration d'amour de Dieu pour Ses enfants. Il figure la "charitatis fulgor" - l'expression est de Hugues de Saint-Victor -82.
68A son tour la dureté des escarboucles fait de ces pierres la "mentes fortium"83, la "fidei firmitatem"84. Leur feu est "lux magnae scientiae"85, "claritas sanctorum"86, "claritas divinitatis"87.
69Lorsque Gauvain s'assied sur le Lit de la Merveille, au-dessus du pavement, l'âme du chevalier connaît un moment très privilégié de rencontre mystique. Il baigne dans la lumière dorée du Lit de Charité, dans l'éclat de la force spirituelle contenue dans les escarboucles. Les couleurs du pavement sont ici pour compléter le discours : charité et justice de Dieu sont identiques.
70C'est cette Miséricorde, source de force et d'Espérance que découvre notre héros au plus intime de son coeur, dans ce retour de l'âme en soi-même. Ce qu'il découvre en lui, ce n'est pas lui qui le fait voir. C'est Dieu qui, par Charité - dont le lit est une figure l'inonde de lumière et éclaire ce qui est vivant par excellence en lui.
71Pourquoi alors ce vitrail sur la voûte ?
72le choix des mots donne la réponse.
73Nous avons vu comme la verrière était signe de la présence de Dieu qui appelle Gauvain et se donne à lui. Or "li voirres fu peinz" (v. 7473) nous dit Chrétien. La couleur n'est donc pas l'essence de la chose. Elle est ici un artifice destiné à rendre compte de la réalité de la présence divine ; mais ce Dieu inaccessible et ineffable - lieu commun théologique - ne peut être défini que par des superlatifs. Il est "des plus beles et des mellors que l'an poïst dire ne fere" (vv. 7474-7475).
74Notre poète reprend ici à sa manière l'éloge de la Sagesse chanté dans le vingt-huitième livre de Job : "Sapientia vero ubi invenitur ? et quis est locus intelligentiae ?" (Job. XXVIII, 12). Job y répond : Elle est inaccessible à l'homme et intraduisible. Et de poursuivre en des termes qui sonnent comme s'ils étaient le creuset des vers du Conte du Graal : "non conferetur tinctis Judiae coloribus ; ne lapidi sardonycho pretiosissimo, vel sapphiro" (Job XXVIII, 16).
75Les couleurs précises du pavement caractérisaient les vertus sensibles de l'Incarnation. Celles non définies du vitrail sont destinées à suggérer l'existence et la présence du Beau et du Bon par excellence placé symboliquement dans un monde d'en-haut, au-dessus du verre.
Les portes d'ivoire et d'ébène
76En comparaison de tant de couleurs claires et vives, le noir et le blanc de la porte du Palais apparaissent comme une provocation pour le regard.
77Cette porte rappelle fort celle que franchit Phaéton lorsqu'il parvient au Palais du Soleil au second livre des Métamorphoses. Curieusement encore, chez Ovide comme chez Chrétien, l'art prédomine. Chez l'un "materiam superabat opus" (Met. II, 5). Chez l'autre, la porte est "bien antailliee par desus" (v. 7431) et "par desus ovree" (v. 7439).
78L'image solaire ovidienne païenne ne doit pas nous arrêter. Elle est christianisée depuis longtemps après les analogies faites par Origène88, saint Augustin89 et reprises par Othlon de Saint Emmeran90, saint Anselme91 et Honorius Angustodunensis92 entre le dieu trinitaire et le feu, l'éclat et la chaleur du soleil. Cette Sainte Trinité de lumière est comparée aux trois facultés de l'âme : la mémoire, l'intelligence et la volonté93 toutes comparaisons qui se marient fort bien avec le sens donné à la catabase de Gauvain et à son ascension sur la Montagne de Dieu.
79Par respect pour la totalité du texte, notre regard doit à présent s'arrêter sur le matériau des battants des portes. L'un est d'ivoire et l'autre d'ébène.
80Sur un tabernaculum, l'"ebur" ne doit pas nous surprendre. C'est lui la matière du trône de Salomon (IIIReg. 10,18) du ventre et du cou de l'Epoux du Cantique (Cant. V, 14 ;VII, 4) et du palais d'où émanent les chants de gloire de l'épithalame royal (Ps. XLIV, 9). C'est pourquoi Raban Maur y voit le signe de la "castitas et fortitudo" du coeur94 et l'"incorruptio carnis Christi"95.
81Or le Christ l'a révélé lui-même : Il est la porte (Jn. X, 9). Ici, il est montré à tous les regards que la porte du temple qu'est l'âme de Gauvain n'est pas seulement faite de l'"incorruptio carnis Christi" ; elle est maculée de la noirceur de l'ébène. En d'autres termes, notre chevalier est un pécheur ; le corps du Christ s'en trouve endommagé Il porte la marque des fautes commises. Desquelles peut-il bien s'agir ? Une fois de plus, la réminiscence scripturaire donne un élément de réponse.
82Dans aucun texte classique l'ébène et l'ivoire ne se trouvent réunis sur un même objet. En revanche, ils sont étroitement liés dans un même verset du livre d'Ezéchiel (Ez. XXVII, 15). Dans la complainte sur la chute de Tyr, il est rappelé que les défenses d'ivoire et d'ébène servaient de paiement à cette ville puissante ("dentes eburneos et hebeninos commutaverunt". Tyr se distinguait par sa richesse et sa puissance ( Ez. XXVI, 17). Ses habitants "formidabant universi". Comme nous l'avons déjà fait remarquer ailleurs96, telle est bien Changuin
"trop forz et trop riches asez
... sist sor la faloise
... fermez par tel richesce
c'onques si riche forteresce
ne virent oel d'ome qui vive" (vv.6988-6993).
83Tyr se distinguait par son négoce (Ez. XXVII, 19 ; 21 ; 24 ; 25)
84De même notre château
"maint boen drap vermoil et sanguin
... s'an i vant an mout et achate"
85Or Tyr s'est enflée d'orgueil (Ez. XXVIII, 2 ; 17) à cause de sa sagesse, de sa beauté et de sa puissance. Elle s'est prise pour un dieu. Et c'est pourquoi Yahvé l'a éjectée "de monte Dei" (Ez. XXVIII, 16).
86Le lecteur est alors en droit de se demander comment l'âme de Gauvain, aussi pécheresse que le fut Tyr, peut pénétrer dan ce château et sortir vainqueur de l'ordalie.
87L'or et les pierreries qui recouvrent les portes noires et blanches donnent la réponse. Nous avons déjà vu comment l'or est le métal de la Charité par excellence. Restent les pierreries. Elles sont ici "pierres de vertu". L'expression est un emprunt au lapidaire de Marbode recopié dans l'Hortus deliciarum auquel nous avons fait allusion à plusieurs reprises (fol. 262v.). L'évêque de Rennes y voit la nature des pierres qui sont le signe visible de la résidence de Dieu "Lapidibus, dit-il, id est virtutibus electi constructa est civitas dei et celestis Jherusalem inqua Deus habitat et regnat".
88Ici, dans l'âme de Gauvain, comme à Tyr, la justice divine est à l'oeuvre.. Par la bouche d'Ezéchiel, Dieu rappelle que rien n'échappe à Sa sentence : "Videbunt omnes gentes judicium meum" (Ez. XXXIX, 21). A son tour, Chrétien redit cette réalité intangible grâce à l'image des verrières
"si clercs, qui garde i preïst,
que par mi le voirre veïst
toz ces qui el palés antrassent
et par mi la porte passassent" (vv.7469-7472).
89Comprenons bien la métaphore composite proposée ici. Les portes de Changuin sont bien celles de Soleil, celles du Soleil de Justice et celles de l'âme de Gauvain, membre du corps mystique du Christ comme chaque baptisé. Semblables à la monnaie d'échange de l'orgueilleuse Tyr et bicolores, elles portent la marque du péché. C'est la présence efficace de Dieu sensible dans l'éclat de l'or et des pierres de vertu et dans les couleurs teintes de la verrière qui transfigure ce péché inscrit dans la couleur des battants. C'est elle qui permet à Gauvain, en dépit de toute superbe, de sortir vainqueur de l'épreuve du Palais des Merveilles.
Pour Conclure
90Notre cheminement, pour surprenant qu'il puisse paraître de prime abord, est simple. Nous nous sommes attachée à l'étude du tableau du château des Merveilles de la Roche de Changuin dont la source picturale - ici, deux visions du Liber Scivias de saint Hildegarde - est quasi certaine, nous avons tenté de montrer quelle place prend la couleur dans la transposition romanesque du schéma primitif.
91Il appert que le poète travaille avec une sorte de pochoir. La tension de l'écriture y est extrême. Les visions scripturaires - de Daniel, d'Ezéchiel et de Saint-Jean sont l'aliment spirituel en même temps qu'elles provoquent les analogies visuelles colorées avec des éléments de culture païenne - ici ovidiennes -. Les exégèses venues de Clairvaux et de l'Ecole de Saint-Victor fournissent la majeure partie du matériel allégorique. La couleur en fait partie. Elle n'en est pas l'essentiel.
92Tout peut être lu linéairement. Mais si nous voulons rester fidèles à la finalité du texte qu'indique le choix du pochoir, il nous faut accepter la polyphonie des couleurs, des images et des références bibliques dans une perspective éminemment philosophique et eschatologique.
93La couleur en soi n'est rien. Chrétien l'avait déjà dit dans Cligès. Seules les "oevres diverses" existent. Les unes sont "verz, les autres perses l'une vermoille et l'autre bloe"97. Cette couleur est comme un vêtement que l'on met sur les choses. C'est à ces objets - les fenêtres, le pavement, la verrière, le lit, les portes... que nous avons dû nous attacher.
94Comme sur les fenêtres du Château de Merveilles, la couleur apparaît et disparaît au gré de l'artiste. Le pavement incolore du Temple d'Ezéchiel devient un damier d'émaux. Les bliauds colorés remplacent la "verrine". Le verre comme l'émail ne sont rien. Alexandre le dit encore dans Cligès. Le verre n'est qu'un oeil. Il est le miroir du coeur. "Li ialz... c'est li mereors au cuer" (vv. 702-704) "Ce meïsmes sachiez des ialz et del voirre et de la lanterne car es ialz se fiert la luiserne ou li cuers se remire" (vv. 724-727). L'oeil, comme le verre, n'a aucun pouvoir de discernement. Il "n'a soin de rien antandre" (v.702). La couleur n'est pas même une qualité. Elle est la figure visible et signifiante d'une "virtus". Pour utiliser le vocabulaire philosophique de l'époque de Chrétien, elle est une "species" id est "forma visibilis"98 et un instrument oratoire dont la finalité du texte garantit le sens.
95Bien que "conversatio prava" - pour reprendre l'expresion de Raban Maur99 - elle doit toujours être prise au sérieux ; elle n'est jamais anodine ; Comme chacun des éléments du texte, elle donne l'image du "san don li cuers est espris" (Cligès v. 707).
96C'est le coeur du poète qui garantit la cohérence. Comme celui de l 'amant de Soredamor, c'est lui qui "voit maintes oevres diverses les unes verz et les autres perses l 'une vermoille, et l'autre bloe l'une blasme et l'autre loe l'une tient vil et l'autre chiere" (vv. 729-733).
97Or ici, avec Gauvain, ce coeur est celui de l'homme en Dieu, nourri de la tradition de l'Eglise, en quête de de soi comme image de son Créateur. Avec les couleurs du Château de Changuin, nous entrons à la fois dans le mystère du tabernacle de l'âme et dans celui de l'écriture poétique. Dans ces lignes du Conte du Graal de Chrétien de Troyes, tout se passe comme si la couleur était "écrite" "non avec de l'encre mais par l'esprit du Dieu Vivant"100. N'est-ce pas une invitation à poursuivre la même lecture au-delà de ces lignes ?
Notes de bas de page
1 Erec et Enide v. 715
2 ibid. v. 1471
3 Conte du Graal v. 2795
4 Erec et Enide v. 6733
5 ibid. vv. 1598-1601
6 ibid. vv. 1638, 1640
7 Conte du Graal vv. 7004, 7006
8 ibid. vv. 7437-7438
9 ibid. V. 1078
10 ibid. v. 3048
11 Philomena v. 1041
12 Chevalier au Lion v. 3457
13 Chevalier de la Charrete vv. 506-507
14 Chevalier de la Charrete vv. 506-507
15 Chevalier au Lion vv. 4844 ; 4845 ; 6214
16 Conte du Graal vv. 1310, 1311 – 1795 ; 1800
17 ibid. vv. 3078-3079
18 Chevalier au Lion v. 2709
19 Conte du Graal vv. 4189 ; 6439
20 Philomena v. 160 ; Erec et Enide v. 1595
21 Conte du Graal v. 1816
22 Erec et Enide vv. , 44-45 ; 64 ; 28l
23 Philomena v. 1377 ; Chevalier au Lion v. 1050 -, Conte du Graal vv. 739 ; 3265-3267
24 Erec et Enide vv. 405 ; 1071 ; 1362 ; 1549 - Cligès vv. 1145-1146
25 Chevalier au Lion vv. 518 ; 1196 - Conte du Graal v. 3341
26 Philomena v. 145 - Erec et Enide v. 428 - Conte du Graal v. 1813
27 Philomena v. 158
28 ibid. vv. 159 s 1601
29 ibid. v. 159-160
30 Erec et Enide v. 1476
31 ibid. vv. 159-160
32 Conte du Graal v. 6996
33 Michèle VAUTHIER Le Lit de la Merveille du "Conte du Graal" de chrétien de Troyes ; le jeu des images Colloque international d'Amiens ; mars 1986 Kümmerle-Verlag (Göppingen) à paraître
34 Une édition bilingue reproduisant l'ensemble des miniatures est parue chez Otto Müller Verlag en 1954 ; voir aussi les miniatures seules chez Brépols ed. 1978
35 sainte HILDEGARDE Liber Scivias P.L. CXCVII, 385 C; fol. év ms. Wiesbaden
36 ibid. P.L. CXCVII, 436 b
37 ibid. 386 D
38 saint GREGOIRE P.L. LXXVI, 541
39 RABAN MAUR P.L. CXII, 1833
40 Sainte HILDEGARDE Liber Scivias P.L. CXCVII, 436 B ; un symbole identique est représenté au fol. 202v du Ms de Wiesbaden
41 Hiltgart KELLER Mittelrheinische Buchmalerei in Handschriften aus dem Kreise der Hiltgart von Bingen Inaugural Dissertation zur Erlangung der Doktorwürde der hohenphilosophischen Fakultät der Universität Frankfurt/Main ; Stuttgart 1933. HASELOF La miniature jusqu'au début du xvè Histoire de l'Art dir. André MICHEL T. II.
42 Saint GREGOIRE Moralia P.L. LXXV, 537 B
43 Jean Scot ERIGENE In Johannis Evangelium 6, 7-9 ; com. VIII ed. Edouard JEAUNEAU coll. Sources chrétiennes p. 331 n.1.
44 Saint GREGOIRE Hom. in Ez. P.L. CCL, 142, 285
45 RUPERT DE DEUTZ In Gen. I, 6 ; P.L. CLXVII, 651 B.
46 Saint AMBROISE P.L. XV, 1585
47 ADAM DE SAINT-VICTOR Hymne à la Dédicace ed. Léon GAUTIER : Oeuvres poétiques d'Adam de Saint-Vicor texte critique Picard et fils Paris 1894, p. 75.
48 GARNIER DE SAINT-VICTOR Gregorianum VIII, P.L. CXCIII 399.
49 RABAN MAUR P.L. CXII, 1062 ; 1064. CXI, 589.
50 Saint EUCHER Liber Formularum spiritalis Intelligentiae cap. X, P.L. L, 366.
51 GARNIER DE SAINT-VICTOR P.L. CXCIII, 398.
52 GODEFRIED LE VENERABLE P.L. CLXXIV, 93.
53 Saint ISIDORE De Natura Rerum XII.
54 Saint BERNARD De Cant. XXV ; XXVII.
55 Saint AUGUSTIN De Trinitate XV, VII, 11.
56 Saint AUGUSTIN In I epist. Joann. VIII, 6.
57 Nous en avions déjà fait la remarque dans une autre perspective au cours du Colloque organisé par l'Université de Picardie ; voir Le lit de la Merveille… op. cit.
58 ORIGENE Commentaire sur le Cant. des Cant. P.G. C 65 Homélie XXVII.
59 MAURILLE DE ROUEN Expositio Divinorum Officiorum.
60 SUGER Liber de rebus in administratione sua gestis ed. A. LECOY DE LA MARCHE et P.L. CLXXXVI, 1211 sqq.
61 THEOPHILE De Diversis Artibus II, praef. ed. C.R. DODWELL Clarendon press, Oxford 1986, p. 37 - et ibid. III, praef., pp. 61-62.
62 ibid.
63 Cité par GRODECKI dans Le vitrail roman voir aussi GREGOIRE DE NYSSE De Imagine traduit par Jean Scot Erigène ; et surtout HONORIUS De Gemma Animae et Speculum.
64 Saint AUGUSTIN De Civ. Dei XI, 7.
65 HUGUES DE SAINT-VICTOR ; P.L. CLXVI, 193.
66 HUGUES DE SAINT-VICTOR In Salomonis Ecclesiastem ; P.L. CLXXV.
67 DURAND DE MENDE ; cité par GRODECKI op. cit.
68 GARNIER DE SAINT-VICTOR Gregorianum XV ; P.L. CXCIII, 409.
69 HONORIUS AUGUSTODUMENSIS op. cit. ibid. de même chez RUPERT DE DEUTZ Speculum Ecclesiae "De Epiphania Domini" P.L. CLXXII, 846.
70 SAINT BERNARD Epist. CCXXI, P.L. CLXXXII, 412 ADAM SCOT P.L. CXCVIII, 766.
71 Saint GREGOIRE Hom. in Ez. ; P.L. CCL, 142, 285.
72 BEDE le Vénérable De Gen., P.L. CCL, 114 A.
73 JEAN SCOT ERIGENE In Johannis evangelium -, 7-9 com VIII ; ed. Edouard JEAUNEAU op. cit. p. 331, n.1.
74 RABAN MAUR, P.L. CXII, 929.
75 GARNIER DE SAINT-VICTOR, P.L. CXCIII, 347.
76 Sainte HILDEGARDE Liber Scivias, P.L. CXCVII, 699 C.
77 HUGUES DE SAINT-VICTOR Allegoriae in Vetus Testamentum lib. I, cap. XVI ; P.L. CLXXV, 643.
78 HUGUES DE SAINT-VICTOR De Arca Mystica, P.L. CLXVI, 682.
79 HUGUES DE SAINT-VICTOR All. in Vet. Test, ibid.
80 RABAN MAUR, P.L. CXI, 335.
81 Saint GREGOIRE P.L. LXXVII, 39.
82 HUGUES DE SAINT-VICTOR Allegoriae in Vetus Testamentum lib. VII P.L. CLXXV, 705.
83 GARNIER DE SAINT-VICTOR P.L. CXCIII, 350.
84 HUGUES DE SAINT-VICTOR op. cit. 350.
85 RABAN MAUR All. in Sacram Scripturam P.L. CXII, 887.
86 ibid. 870.
87 GARNIER DE SAINT-VICTOR P.L. CXCIII, 303.
88 ORIGENE De Principii I ; comment, sur heb. I, 23.
89 Saint AUGUSTIN De symbolo IX, P.L. XL, 659.
90 Saint EMMERAN Libellus Manualis II, P.L. CXLVI, 247-249.
91 Saint ANSELME De Processione S. Spiritus XIII, P.L. CLVIII, 306.
92 HONORIUS Elucidarium I, 3-7.
93 Saint AUGUSTIN De Trinitate X, 12, P.L. XLII, 984 GUILMONT D'AVERSA Confessio de S. Trinitate P.L CXLIX 1497-1498 ; HONORIUS Elucidarium I, 6.
94 RABAN MAUR P.L. CXII, 913.
95 ibid.
96 Le Lit de la Merveille... op. cit.
97 Cligès vv. 728-731.
98 HUGUES DE SAINT-VICTOR Didascalion VII, 1 P.L. CLXXVI, 1676.
99 RABAN MAUR P.L. CXII, 900.
100 2 Cor. III, 3.
Auteur
Paris
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