Où est donc passée Blanche-Neige ?
p. 119-140
Texte intégral
1Il était une fois, une reine qui songeait : "si je pouvais avoir un enfant aussi blanc que la neige, aussi vermeil que le sang et aussi noir que l'ébène de cette fenêtre"1. Le souhait se réalise. Blanche-Neige sera aussi belle que le jour.
2Quelques siècles avant Grimm, Chrétien de Troyes avait décrit Blanchefleur Sa beauté est telle que l'art du poète ne peut rien ajouter
"et se onques fis devise
an biauté que Dex eüst mise
an cors de fame ne en face
or me plest que une en reface
ou ge ne mantirai de mot" (vv. 1803-1807)2
3Exercice de style peut-être, lieu commun sans doute, "l i vermauz sur blanc assis" (vv. 1822 et 4182) n'en demeure pas moins un triomphe de la beauté. Il fallait le génie d'un grand poète pour nous convaincre une fois encore et peut-être une fois pour toutes que la beauté en rouge et blanc est une et sans égale.
4Nous avons dit quelques siècles avant Grimm, nous pourrions dire quelques siècles après Blanche-Neige ; dans la mesure où Grimm transcrit un vieux conte populaire peut-être plus fidèle à un passé commun que ne l'est une oeuvre écrite du xiie siècle.
5En ce sens un millésime ne présente aucune certitude. Le conte de fée mémorise les différents stades de l'évolution d'un motif. Il précède les exemples retenus par la littérature écrite. Il leur succède. Il les inclut et leur survit. Sa mobilité sur l'échelle du temps réel en fait la seule mesure opérente et conforme à celle de l'évolution psychologique. Nous oublierons donc quelque peu la chronologie et ses bornes fixes.
6Des textes ont conservé une empreinte de ce motif, ont figé un stade de son évolution. Ces textes appartiennent à des genres différents. Ainsi nous chercherons Blanche-Neige, bien sûr dans la version de Grimm, dans Le Conte du Graal et dans des textes proches comme La jeune esclave3, conte italien du xviie siècle, Peredur ab Ewrac4, roman gallois, et L'exil du fils d'Usnech5, saga irlandaise. Nous la chercherons aussi dans un fabliau De l'enfant qui fu remis au soleil6, récit très proche de celui de la nouvelle 19 des Cent Nouvelles nouvelles7. Ce thème est aussi connu sous le nom de L'enfant de neige. Nous continuerons avec le chant 34 de L'enfer8 où Dante, à la suite de Dieu, fait de "L'être qui fut créé d'une beauté sans égale"(v.18) la plus laide des créatures. Le poète serait-il l'orfèvre de la mémoire ?
7Après avoir identifier un motif unique pour l'ensemble de ces textes, nous réfléchirons à sa fonction psychologique et au sens des trois couleurs de la beauté, dans les limites que nous nous sommes fixées.
8L'évolution des goûts a pesé dans l'histoire de ce motif9. Blanchefleur, déjà, n'a plus les cheveux noirs. Le poète n'a pourtant pas totalement évincé cette couleur. La première description de la jeune fille la nomme par deux fois.
"Ses mantiax fu, et ses bliauz
d'une porpre noire, estelee
de vair, et n'ert mie pelee
la pane qui d'hermine fu" (vv. 1796 1799)
9Noire peut se traduire par foncée10. La juxtaposition textuelle n'en demeure pas moins. Et au vers suivant, nous trouvons la troisième combinaison possible "noir et chenu" (v.1800). Chrétien de Troyes transpose donc le noir sur un objet extérieur mais en contact direct avec le corps de l'héroïne : le vêtement.
10La poursuite de l'oie par le faucon11 confirme la présence des trois couleurs, à nouveau associées deux par deux. L'oie blanche ou grise, disons d'un blanc moins blanc que la neige, et le faucon moins sombre que le corbeau vont disparaître. Ils ne laissent comme trace de leur passage que trois gouttes de sang vermeil sur une neige éblouissante. Leur envol, l'immobilité qui dure après des mouvements rapides, l'éclat du sang sur la neige comme les couleurs éteintes des oiseaux, soulignent d'évidence l'importance respective des images et instaurent une succession temporelle.
11Le blanc et le noir précèdent le rouge et le blanc. Entre les deux descriptions de la jeune fille s'insère la même progression. Dans le second cas, le poète atténue le contraste et l'intensité du couple noir-blanc et l'éloigne un peu plus du "vermauz sur le blanc assis"
12Par le choix du faucon, Chrétien de Troyes offre un indice supplémentaire de l'identification de ce motif à celui de Blanche Neige. En effet, Michel Pastoureau12 le remarque, le graphisme du faucon s'apparente à celui du corbeau. Et dans Peredur..., quand le faucon s'envole, le corbeau prend sa place13.
13Avant la contemplation de Perceval, Deirdre, héroïne de L'exil des fils d'Usnech "aperçut un corbeau en train de boire le sang d'un veau sur la neige. Elle dit à sa suivante : « le seul homme que j'aimerai sera beau des trois couleurs que je vois là-bas : les cheveux noirs comme le corbeau, les joues rouges comme le sang, et le corps blanc comme la neige »". Jean Frappier signale cet épisode comme "la forme la plus ancienne qui soit connue"14 de cette combinaison d'images, dont nous retenons l'oiseau, le sang, la neige, la beauté ou l'amour ou encore l'union d'un couple. Si l'amour est bien "une invention du xiie siècle", alors "le seul homme que j'aimerai" pourrait signifier le seul homme avec lequel Deirdre souhaite s'unir. Nous pourrions presque parler mariage s'il n'était devenu un sacrement d'Eglise.
14Dans le Mabinogion, Peredur voit les mêmes couleurs avec les mêmes supports : sang, neige et corbeau, mais cette image s'apparente déjà à celle de Perceval "Il était tombé de la neige pendant la nuit et un faucon avait tué un canard... le bruit du cheval fit fuir le faucon et un corbeau s'abattit sur la chair de l'oiseau. Peredur songea... à la chevelure de la femme qu'il aimait le plus, aussi noire que le jais, à sa peau aussi blanche que la neige, aux pommettes de ses joues aussi rouges que le sang sur la neige"15. Cette description moins élaborée que celle de Chrétien de Troyes semble aussi plus proche d'une éventuelle source commune16 où le noir figurait sans doute.
15De L'exil... à Perceval, rouge, noir et blanc sont les couleurs de l'amour et de la beauté réunis. Cette observation appellerait une double équation entre, d'une part, couleurs et beauté, et d'autre part, amour et couleurs. En fait, la place respective de l'amour et de la beauté permet d'introduire quelques nuances perceptibles quand on isole l'épisode des trois couleurs. Si Deirdre entrevoit une union matrimoniale, Peredur insiste sur l'amour. De L'exil... au Mabinogion, nous passons du futur au présent. Le futur renforce l'impression d'une prophétie portant sur des actes tandis que l'amour de Peredur est la conséquence d'une apparition féminine. Il ne projette aucune concrétisation. Quand le verbe aimer se conjugue, le temps suppose d'autres différences. Même si par ailleurs l'aimée est aussi la plus belle, dans le passage en question, l'auteur du Mabinogion ne parle que d'amour sans jamais nommer la beauté. Par trois fois il est question de la femme que Peredur "aimait le plus"17. Chrétien de Troyes mentionne aussi l'amour quand Perceval appelle Blanchefleur "s'amie", mais l'art du poète se consacre cette fois à la beauté, à la "sanblance" (v.4177a et 4306) qui "resanble" (v.4178) à "la fresche color del vis" (v.4430), "la color novele de la face samie bele" (vv.4187-4188). Les verbes "esgarder" (v.4177a, 4306 et 4429) et "veoir" (v.4187 et v.7731) font du jeune homme un regard qui s'abîme dans une image. Alors que Peredur oublie la beauté dans l'amour, le regard de Perceval crée une distance entre le sujet et l'objet.
16Cette neige joue le rôle du miroir où se contemple la reine du conte pour enfant. Elle se voit et découvre une femme plus belle qu'elle. Elle la déteste. Perceval voit l'autre qu'il aime, il se découvre. Miroir ou neige, le reflet s'anime par magie pour énoncer un verdict sans appel, au superlatif : "la plus belle" et "celle que j'aime ou que je déteste le plus". Perceval, et peut-être Deirdre et Peredur se révèlent dans la vision de l'autre. Au contraire de la reine narcissique dont le portrait, en vert et jaune18 est celui de la mauvaise mère, de celle qui était, qui a été la plus belle. Le conte de fée l'oppose en tout point à la vision positive, désir et prophétie qui peint l'autre de rouge, de noir et de blanc, les couleurs de l'amour et de la beauté.
17Dans Blanche-Neige cette vision annonce une grossesse, concrétisation et finalité biologique d'une rencontre entre hommes et femmes. S'il fallait ordonner notre série de textes, nous trouverions les éléments les plus archaïques dans le conte pour enfant. L'évolution du motif inverse les moments de la rencontre telle qu'un homme du xxe siècle peut la vivre. Il voit une femme. Comme Perceval il la trouve belle. Comme Peredur il l'aime. Comme Deirdre il désire s'unir à elle. Et comme les parents de Blanche-Neige, ils ont un enfant. Dans le cheminement du motif, chaque texte fait naître une nouvelle distance entre l'homme et la femme mais aussi un nouveau dialogue, un nouveau langage plus évolué et moins brutal. Quand l'être humain a pleinement assimilé une forme de rencontre, il voit plus et de plus loin, même si le désir érotique subsiste comme motivation. Il s'éloigne de la matière, de la mère, pour une rencontre amoureuse puis sublime.
18L'influence de la psychanalyse sur les études littéraires nous entraîne en sens inverse de cette évolution psychologique et par conséquent en sens inverse de la découverte de la femme par l'homme. Comme dans une cure analytique, en remontant le cours du temps, nous regressons du sublime à l'instinct. De "l'initiation aux conceptions les plus éthérées de l'amour courtois"19 que notait Jean Frappier vers "la structure inconsciente entendons le mouvement du désir" vers lequel converge le choix des mots. Monsieur Gouttebroze le montre par ses remarques sur "le jeu de mot très subtil" sur "gante" à la fois la jeune fille noble et l'oie sauvage. L'équivoque sur "défoulée" (v.4194) et "jut" (v.4195) qui peuvent aussi signifier faire violence à une femme et avoir des relations sexuelles, va dans le même sens20.
19Chrétien de Troyes dans cette scène, réunit les différents aspects qu'ont perçus tour à tour les auteurs de L'exil... et de Peredur... Il va plus loin, il s'éloigne un peu plus. Il contemple. Beauté emblématique de la relation sexuelle, Blanchefleur est la Femme parée de tous les aspects de l'amour. La description hyperbolique induit une finalité autre qu'esthétique.
20Blanche-Neige, mémoire de notre histoire psychologique propose la forme témoin de la relation entre l'homme et la femme, c'est-à-dire la grossesse. Finalité pour l'idéologie chrétienne, cette expression première et archaïque s'accorde avec la morale. Mais ce texte témoigne aussi du stade ultime souligné par notre présente analyse, puisque la beauté en est le principal argument. Ultime aujourd'hui, dans les limites d'âge des auditeurs et des personnages de la forme actuelle du conte.
21Dans les fabliaux et dans la nouvelle il n'est plus question de beauté ni d'amour. Deux éléments subsistent : la grossesse et la neige. Il s'agit de la même histoire. Pendant l'absence d'un marchand, sa femme a un enfant de son amant. Elle explique cette naissance par une fable :
"Par meschief reçui en ma bouche
.I. poi de noif, qui tant fu douce
Que cel bel enfant en conçui" (vv.33 36)
22Comme celle du fabliau, la marchande de la nouvelle, avale "ung peu de nege blanche et dure." mais c'était une feuille d'oseille qu'elle désirait manger. Elle conclut "ne l'eu pas si tost avalée que ne me sentisse en trestout tel estat que je me suis trouvée quand mes aultres enfans ay porté" (1.73 76).
23Ces deux femmes allèguent la possibilité d'une grossesse magique. En ces siècles cela signifiait voulue par Dieu. C'est comme ça que les maris l'entendent. Ils remercient la bonté divine qui, "nous a donné, dira celui de la nouvelle, ung enfant par miracle, ou par aucune secrète façon dont nous ignorons la maniere" (1. 83-87). Voici le premier point commun avec le conte italien La jeune esclave que Bruno Bettelheim considère comme "l'une des plus anciennes versions inspirées par le thème de Blanche-Neige"21. La conception de l'héroïne, nommée Lisa, ressemble à celle de l'enfant de la nouvelle, "sa mère ayant été magiquement engrossée par une feuille de rose"22. Les trois enfants deviennent esclaves, vendus "a bons deniers contens" (1.113), ou dans le cas de Lisa, esclave au sein même de sa famille. Cette situation est la conséquence de la jalousie du parent ou de son substitut du même sexe que l'enfant. Mais dans le conte merveilleux, la finalité est autre et l'esclavage ne dure pas23.
24Dans le récit médiéval, absence d'amour et de beauté conviennent parfaitement au genre, expression d'une mentalité. La beauté est avant tout, un corps sain, "jeune... et en bon point" (1. 32). La couleur y a peu de place. Et "colorer son cas" est contraire à l'esprit du genre comme à l'économie du récit. Le refus de l'amour, c'est-à-dire de l'amour courtois et de ses raffinements jugés hypocrites coïncide avec l'obsession de l'adultère. Adultère qui situe notre motif dans un contexte négatif que rappelle la feuille d'oseille, verte comme la mauvaise reine de Blanche-Neige. A cette réalité négative s'opposent la fable, la blancheur de la neige et la feuille de rose du conte italien qui appartiennent à l'imaginaire positif. Cette opposition structure le récit. La fable est isolée sous forme de dialogues. Elle se substitue à la réalité quand celle-ci est conflictuelle, et supprime la culpabilité d'actes répréhensibles en les dérobant au jugement moral et social. L'adultère devient aventure merveilleuse de par une volonté supérieure. Le silence des protagonistes permet ce cloisonnement. En dénonçant la fable comme mensonge, l'auteur dénonce une supercherie féminine que les débats théologiques auraient pu accréditer. Dominique Boutet écrit : "l'histoire de l'enfant de Neige... apparaît vers la fin du xie siècle dans une séquence latine d'origine germanique, le Modus Liebnic, et... servait aux exercices de rhétorique des étudiants du xiie siècle. La question de la possibilité d'une grossesse sans rapports sexuels était au centre des discussions savantes."24. Remarquons comment, l'auteur des Cent Nouvelles nouvelles évince accessoirement une autre éventualité, elle aussi envisagée. "L'ariez vous plus porté que ung aultre ?" demande le mari à sa femme. Rabelais s'en amuse encore au xvie siècle25.
25Ces textes rejettent par leur structure même l'interférence entre le merveilleux ici christianisé, c'est-à-dire officiel, et la brutale réalité où l'amour ne se distingue pas de la sexualité. L'Esprit Saint ne visite pas l'épouse d'un marchand, et si son aventure est à l'image de l'Annonciation, un mensonge en est la cause. Car c'est bien le récit d'une annonciation que propose l'épouse. Ces femmes attendent seules, dans le silence et l'immobilité d'un matin d'hiver, l'esprit réceptif à tout signe de vie : une feuille d'oseille encore verte sous la neige ou dans le conte merveilleux, trois gouttes de sang. L'une d'elles tourne les yeux vers l'au-delà "Amont vers le ciel esgardoie" (v.31). Elles perdent un instant le contact avec la réalité. Ceci est particulièrement net dans la nouvelle. L'épouse a envie de manger une feuille d'oseille. "J'en choisy une entre les aultres, belle et large, que je cuiday avaler ; dit-elle, mais ce n'estoit que ung peu de nege blanche et dure" (1.72-74). Entre son choix et son geste se glissent un non lieu et un non temps, dans lesquelles le surnaturel intervient sous forme de neige, pour annoncer l'enfant. Ces femmes expriment un désir, et il se réalise. Elles le réalisent en décidant par un matin d'hiver de transgresser les lois sociales, en décidant d'un amour extra-conjugal. Elles ne sont coupables que de ce désir, c'est ce que leur mensonge plaide.
26La mère de Blanche Neige ne connaît pas la folie de la femme adultère. Ses premiers mots "puissé-je avoir une enfant..." donne une autre dimension à son acte manqué. Elle se pique le doigt, du sang coule, trois gouttes pour lui faire identifier son désir et concevoir l'enfant.
27Scène prophétique, annonciation ou plus simplement fantasme, cette image est aussi explicative. Le saignement précède la grossesse "peu apres elle eut une petite fille...". D'après Bruno Bettelheim, il en est même la condition : "Le conte prépare la petite fille à accepter ce qui, autrement, serait un événement bouleversant : le saignement sexuel, la menstruation et, plus tard, la rupture de l'hymen. En écoutant les premières phrases de Blanche-Neige, l'enfant apprend qu'une petite quantité de sang (trois gouttes, le chiffre trois étant celui qui dans l'inconscient est le plus étroitement relié au sexe) est la condition première de la conception : ce n'est qu'après ce saignement que naît l'enfant."26
28Une autre condition est l'éveil érotique et c'est cela que figurent la piqûre et le sang. Du désir érotique naît celui d'avoir un enfant Ils ont les mêmes couleurs. Cette scène répond aux questions que posent aujourd'hui les très jeunes enfants sur les différences sexuelles. Ils les formulent par des "comment on fait les enfants ?" ou bien "où j'étais avant ?". La cigogne, cet oiseau blanc, aux ailes noires, au bec et aux pattes rouges peut les transporter d'avant à la vie. La femme du marchand aurait du préférer cette réponse plus complète que la sienne où manque le rouge. Mais cette absence est indispensable à la cohérence de son récit. Elle transcrit simplement en langage merveilleux, l'absence d'acte sexuel. Le rouge ou le sang aurait révélé l'adultère.
29L'expérience des trois couleurs répond à des questions que les enfants posent pendant la période oedipienne. Le conte du Graal, Blanche-Neige et L'enfant de neige abordent tous trois ce moment crucial pour la construction de la personnalité. Ils le font de façon différente, mais dans les trois cas, la scène est présentée comme une réponse au complexe d'Oedipe. Une réponse normalement située, c'est-à-dire avant la période de latence. Pour le roman, nous suivrons l'analyse de Monsieur Gouttebroze. Avant d'être Oedipe, Perceval est Oreste, son symétrique inversé qui "se définit schématiquement comme un personnage qui n'a pu s'identifier au père et qui témoigne, vis à vis de la mère, d'une agressivité qui peut aller jusqu'au meutre"27. Quand Oreste se tait, Oedipe résout l'énigme. Sa mère la première incite Perceval à poser des questions sur l'identité de ses compagnons (vv.557 558). Le contre-ordre de Gornemant intervient avant la scène du Graal. Comme dans le mythe, l'énigme suit la rencontre avec le père. A celui de Perceval se substituent des images masculines : le chevalier vermeil, Keu. Le jeune homme combat ceux-là, puis s'identifie à Gornemant quand
"... li a le don doné
que ja mes n'i avra soné
un mot tant com il sera vis
se de lui non..." (vv. 1687-1690)
30Perceval renonce au pouvoir des mots, il ne parlera pas en son propre nom.
31La succession des personnages maternels et paternels, au lieu de leurs présences simultanées, retarde révolution du héros vers l'âge adulte. Ce n'est pas une situation considérée aujourd'hui comme normale28, peut-être était-ce ainsi au Moyen Age. La relation exclusive de Perceval avec sa mère, se clôt en termes orestiens. Elle meurt, il en porte la responsabilité. Ce clivage enlève à Perceval deux possibilités de progresser. D'une part, une fois sa mère absente, il ne pouvait plus établir avec son modèle paternel une rivalité dès lors sans objet. Comment dans ces conditions outrepasser l'identité de l'autre pour trouver la sienne ? C'est ce que constate sa cousine en imputant son silence à la mort de sa mère. D'autre part, en l'absence de père, l'enfant n'avait pas d'identité sexuée. Par conséquent, sa mère n'a pu être pour lui, ce que Jocaste a été pour Oedipe : son premier objet érotique.
32Avant d'épouser Blanchefleur, jeune fille extérieure au clan maternel, c'est-à-dire avant d'établir une relation non incestueuse29, Perceval doit jeter un pont entre les deux périodes de sa vie, pour le pardon d'Oreste, pour le dépassement d'Oedipe.
33Ce retour est impossible. Sa cousine en témoigne. Mais comme une mère, elle s'interpose entre lui et son modèle masculin. Elle lui demande son nom, il le découvre. Elle lui reproche son silence, il décide de parler. Perceval propose alors à cette femme du clan maternel : "Alons an moi et vos ansanble" (v.3617). Un refus confirme l'impossible réalisation d'Oedipe30.
34Là se place l'expérience du "vermauz sur le blanc assis" qui révèle Perceval comme initié aux significations physiologique, érotique et transcendante de l'amour. Il serait alors prêt à accéder au mariage et au Graal s'il était absout de la mort de sa mère. Cinq ans d'errance et de regression seront nécessaires avant le passage aux actes. Cinq ans de douleur et de latence sexuelle dans la normalité du conte merveilleux. Blanche-Neige mais aussi la Belle au Bois Dormant, dorment très longtemps après une expérience similaire. Chrétien de Troyes propose une meilleure explication à ce sommeil que son attribution à l'âge de raison.
35Au contraire, dans le fabliau et dans la nouvelle, l'enfant est détruit par sa confrontation trop tardive avec le père. Le contrôle exclusif de la mère dure jusqu'à l'âge de devenir homme. Le père d'abord absent, opte ensuite pour le silence. Exclu par sa femme de son rôle de père et d'amant, il ne dit mot, il consent à s'exclure d'une relation normalement triangulaire. L'enfant est roi dans le coeur de sa mère, il n'y trouve aucune image concurrente à laquelle s'identifier. Pourtant, dès le retour du père, la confrontation est en germe. Il demande à sa femme : "suis-je le père ?" ce qui revient à "suis-je le plus fort ?" cette question ressemble à celle que la mauvaise mère adresse à son miroir. Force ou beauté, le moyen de séduction diffère entre hommes et femmes.
36Dans ces textes, comme dans le conte de Grimm, la rivalité émane du parent du même sexe que l'enfant. Une réponse insatisfaisante à une question infantile, consolide l'angoisse du père ou de la mère. La réalité ajoute ses arguments. La confrontation se réalise quand Blanche Neige devient "belle comme le jour" et quand l'enfant de neige a "XV anz passez" (v.53), est "grand et habile" (l.101), "jeune et puissant" (l.114-115). La lutte pour le pouvoir jusqu'alors fantasmée se tranpose dans les actes.
37Le contre-Oedipe est cette angoisse que peut ressentir un adulte quand il constate que son fils ou sa fille veut, et pourrait peut-être le dépasser ou l'évincer. Les psychanalystes le considèrent souvent comme une projection des sentiments de l'enfant. Dans la genèse de l'Oedipe vue par celui-ci, la jalousie de l'adulte précède et justifie sa propre attitude. Cette lecture est aujourd'hui valable pour Blanche-Neige. Mais l'enfant n'a sans doute pas toujours eu exclusivité de ce conte et aujourd'hui encore Blanche-Neige prévient aussi les parents des dangers du contre-Oedipe. Ce sentiment n'est pas seulement un fantasme enfantin. Dans le fabliau et dans la nouvelle, rien n'autorise à le considérer de cette façon. L'enfant n'existe pas comme personnage. La rivalité émane sans aucun doute du père. Et si l'on peut penser que c'est Blanche-Neige qui imagine que la reine n'est pas sa vraie mère ; dans le récit médiéval, inversement, c'est le père qui dénonce l'illégimité de l'enfant. Ceci le soustrait aux exigences de la paternité et à la culpabilité d'un acte sexuel, dès lors blanc comme neige ou au pire, accompli par un autre.
38Dans ces textes, l'expérience des couleurs est faite par le père. Elle est incomplète, il manque le rouge, ce qui scelle l'échec de l'adulte31. L'enfant n'en fera pas l'expérience, à la différence de Blanche-Neige. Celle-ci à la suite de sa mère génitrice, apprend à ses dépens te pouvoir des trois couleurs et vit dans sa chair les effets du peigne dans ses cheveux noirs, du lacet sur sa gorge blanche et de la moitié rouge de la pomme dans son gosier rouge32. Mais elle n'est pas prête pour cette épreuve. Il lui faudra dormir longtemps avant d'en faire en se mariant, une expérience positive.
39Au lieu d'une période de latence, l'esclavage de l'enfant de neige, aussi indéterminée dans sa durée que définitive donne à cette forme christianisée du motif un caractère négatif et fragmentaire. A l'âge où Blanche-Neige se marie, où Perceval devient homme, l'enfant du fabliau est sans nom et sans force puisqu'il n'existe pas. Né d'une illusion, il périra d'un fantasme de son père qui se prend pour le soleil dont il exalte le pouvoir, celui de faire fondre la neige. Pouvoir fictif ou réel ? fabliau et nouvelle se partagent. Le fabliau moralise à la faveur du père.
"Bel s'en est ses sires vengiez" (v.141)
"Mès jamès n'en sera laidis
Por ce qu'ele se sent meffette" (vv. 144-145)
40Dans la nouvelle "son mary lui rendit telle qu'elle luy bailla combien qu'il en demoura toujours le cousin'' (l.143 144). L'auteur des Cent Nouvelles nouvelles juge vaine la vengeance sur l'enfant et la finalité du contre-Oedipe. Le marchand s'est trompé de cible. Reconnaître cette vanité, c'est supprimer un obstacle à l'insertion de l'enfant ou à sa réinsertion dans le motif.
41Si d'une part le conte merveilleux mémorise les différents stades de l'évolution oedipienne vers l'âge adulte, si d'autre part, nouvelle et fabliau ne retiennent qu'un seul de ces stades, une question s'impose. Justifié et soutenu par une obcession de l'adultère dont nouvelles et fabliaux témoignent par ailleurs, le contre-Oedipe était-il en ces xiiie-xve siècles plus qu'en d'autres temps, une préoccupation ? Un adulte revit son propre Oedipe sous la forme exclusive du contre-Oedipe, pour s'apercevoir bientôt, ou deux siècles plus tard, de la vanité de son geste. De vieux problèmes psychologiques ont trouvé un début de réponse.
42Si nous comprenons assez facilement le passage de la sexualité à la beauté, et pourquoi Oedipe s'en mêle, un point reste obscur. Le blanc est-il seulement la couleur de la virginité, comme le souligne le nom de Blanchef leur et le mensonge de la femme adultère. Et qu'ajoutait le noir à cette scène, avant l'envol du faucon et la suppression du corbeau ?
43Dans nos textes, la blancheur n'est pas la clarté. La neige éblouit, elle reflète les rayons du soleil, mais ce n'est qu'illusion. Elle fut eau et redeviendra eau. "par la grande force du soleil", l'enfant de la nouvelle "fut tout a coup fondu et en eaue resolu" (1132-133). (Eau et feu ne peuvent se mêler). Le même sort est réservé à l'enfant du fabliau :
"Li solaus, clers, ardanz et chauz,
...sa clarté chier nous vendi,
que vos fil remetre covint" (vv. 126-129)
44"clarté" et "clair" caractérisent deux fois le soleil, jamais la neige. Et pour Chrétien de Troyes, ce sont les
".... .III. gotes de fres sanc
qui anluminoient le blanc" (vv. 4427-4428)
45Comme le miroir, la neige ne possède ni lumière ni image inérente. Elle trompe. Elle trompe la marchande de la nouvelle. Celle-ci a envie de manger une feuille d'oseille et avale un peu de neige. Celle du fabliau ajoute "point ne me doutoie" (v. 32), comme si elle avait du se méfier du ciel qu'elle regardait. Nous avons noté une perte de contact avec la réalité, un non lieu, un non temps où se glisse un peu de surnaturel. La neige remplit parfaitement son rôle médiateur entre la vie et l'au-delà. Elle ne crée aucune perception sensorielle capable de retenir la réalité. Inodore, insipide, elle amortit les sons. Elle n'est rien et on la voit. Sous forme d'eau ou de glace, elle est transparente et presque invisible. "...la glace enrobe entièrement les ombres" (v. 11) dans L'enfer de Dante. Aucun élément n'aurait pu plus et mieux, figurer ce qui peut un instant se voir, sans pour autant appartenir à la réalité. De plus, elle tombe du ciel, précise le fabliau. Vladimir Propp écrit à la suite de Negelein33 : "Quant au blanc c'est la couleur des êtres de l'au-delà, ... qui ont perdu leurs attaches corporelles. C'est pourquoi dans les apparitions, les fantômes sont blancs. Et ce n'est pas par hasard si le cheval blanc est appelé parfois invisible."34. Ce blanc n'est pas la vie, c'est-à-dire n'appartient pas à l'environnement de l'être vivant, et il ne représente aucune condition de cette vie. C'est le rouge qui soumet l'homme aux limites et aux pouvoirs biologiques de son corps. Au delà de la vie, la blancheur n'est pas non plus celle des cadavres. Le conte précise que Blanche-Neige "ne se décomposait pas... elle restait toujours blanche comme neige, rouge comme sang et noire de cheveux comme bois d'ébéne."35.
46Absence de couleur, absence de rouge, la couleur par excellence, la neige est l'absence de vie sans être la mort. Elle représente un état que même Dante a des difficultés à décrire :
"Je ne tombai pas mort et je restai sans vie
Si tu as quelqu'esprit, songe donc par toi-même
A ce que je devins, privé de l'une et de l'autre"
(vv. 25-27)
47Certes, cet au-delà ressemble au pays de la mort, mais une mort dénuée d'affect, de deuil et de larmes, une mort dont on revient, comme Dante, ou un avant la vie d'où l'on naît.
48Il nous est aujourd'hui difficile, et il l'était dejà pour Dante d'imaginer cet état et de l'identifier à la beauté. Le poète choisit les antipodes et la laideur. Il nous reste la femme fatale mais elle n'aime guère le blanc... L'idée d'un état initial s'est perpétué dans la civilisation chrétienne. Couleur de la virginité, le blanc se conforme à l'image d'un avant dont on sort quand coulent les trois gouttes de sang. Mais il concerne désormais un temps de la vie.
49Ainsi, le blanc survit dans une signification proche, et le rouge comme donnée physiologique permanente. Quant au noir, il perd son sens positif. Chrétien de Troyes le gomme un peu. Nouvelle et fabliau l'effacent. Il renaît sous la plume de Dante mais dans une forme très christianisée et négative du motif. La tête gauche de Lucifer est "pareille aux faces qui viennent du pays d'où le Nil se dévale" (v. 44-45).
50Pour le poète, le noir rapelle une civilisation différente, donc ennemie du christianisme. Dans La divine comédie, l'oiseau du motif est devenu l'ange déchu36. (Dante lui offre le rôle principal et l'affuble d'ailes de chauve-souris37). Le corbeau de couleur peu orthodoxe, est envoyé en enfer. L'ange qui n'a plus rien de noir, s'il n'est pas condamné par son créateur, lui a donc prit sa place. Ange et corbeau ont en effet une fonction commune. Pour Vladimir Propp, l'oiseau est "l'animal psychopompe par excellence", et le corbeau est retenu comme exemple avec la corneille et l'aigle.38.
51Mais si l'ange peut de la même façon se charger des âmes, il s'occupe seulement de celles des morts, tandis que l'oiseau des contes transporte aussi celles des voyageurs imprudents. Le corbeau a été spolié de sa fonction. Déchu de ses pouvoirs, comme Lucifer, il entraîna le noir dans sa chute. A moins que ce ne soit le poids de l'obscurité qui ne l'ait précipité.
52Le voyage vers l'au-delà participait des rites d'initiation en un temps très ancien où Vladimir Propp situe "Les racines historiques du conte merveilleux". L'oiseau transportait l'âme vers l'au-delà après un meutre rituel d'où l'initié renaissait avec un nom et les capacités de l'âge adulte. Il va pouvoir se marier. Après le sang du meurtre viendra le sang feminin.
53De L'exil... au Conte du Graal, nous avons mesuré la distance entre la sexualité et la beauté. Celle qui sépare Perceval de "s'amie", la distance d'un regard. En même temps, le noir s'éloigne de Blanchefleur. En contact avec elle quand il colore son vêtement, il s'envole ensuite avec le faucon. Même si au xixe siècle, Grimm rend à la femme, ses cheveux d'ébène39, cette couleur n'est pas indispensable pour une lecture psychologique, dès que cette lecture se limite à la période oedipienne. Le corbeau trouvait sa place quand le motif ne se distinguait pas encore du rite d'initiation. Peut-être élément d'une phase pré-oedipienne, il a pu malgré cela servir de relais vers la période suivante. Mais, quand le complexe d'Oedipe s'est accompli, l'individu ou le groupe a du renoncer à des données archaïques qui aurait pu freiner son évolution.
54De Perceval à L'enfant qui fu remis au soleil, nous sommes passés d'Oreste au contre-Oedipe, c'est-à-dire à la première phase de l'Oedipe, si l'on s'en tient au regard de l'enfant. La suite de cette histoire a été transcrite par Grimm. Dans Blanche-Neige, le contre-Oedipe est dépassé, il argumente encore, mais Oedipe est roi.
55Evolution ou hasard des textes ? Nous ne saurions répondre. Le nombre de nos exemples est insuffisant même dans les limites du motif. Nous n'avons que le pouvoir de noter certaines constantes, et des différences dans l'expression d'une image historiquement déterminée de la relation entre l'homme et la femme, l'expression d'un emblème érotique dans un contexte oedipien.
56Le rouge, le noir et le blanc initient au secret de la vie et de la mort. Amour ou voyage dans l'au-delà, l'homme se mesure aux forces surnaturelles pour maîtriser les forces naturelles. Il se mesure à Dieu pour dominer ses instincts.
57Ce motif est celui de l'expérience la plus magique que l'être humain puisse connaître, puisque c'est son humanité qu'il expérimente.
Notes de bas de page
1 Traduction citée par Bruno Bettelheim, Psychanalyse des contes de fée, Robert Laffont, Paris, 1976, p. 300.
Nous utiliserons habituellement Grimm, Contes, traduit par Marthe Robert, Gallimard, Paris, 1973, pp. 144-157.
2 Les romans de Chrétien de Troyes, Le conte du Graal, tome V, publié par Felix Lecoy, Librairie Honoré Champion, 1981.
3 Giambattista Basile, Lo cunto de li cunti, La schiavottella, Bari, 1976, pp. 173-177.
Il existe une traduction anglaise et une traduction allemande. Pour la version anglaise: The Pentameron of Giambattista Basile, Londres, John Lane the Bodley Head, 1932.
4 J.Loth, Les Mabinogion, Peredur ab Ewrac, Osnabrück : Zeller, pp. 45-110. L'auteur note que le manuscrit est de seconde moitié du xive siècle mais qu'il s'agit d'une copie s'appuyant sur un manuscrit de la fin du xiie siècle ou du début du xiiie (pp. 17-18).
5 Longes mac n-Usnig : being the exile and death of the sons of Usnech. (Translated by Thomas Kinsella from the Book of Leinster.) The Dolmen Press, 1954, 4°.
6 A. de Montaiglon et G. Reynaud, Recueil général et complet des fabliaux des xiiie et xive siècles, vol. 1, Paris, 1872-1890, pp. 162-167.
7 Les Cent Nouvelles nouvelles, édité par Franklin P. Sweetser, textes littéraires français n° 127, Droz, Paris, 1966, pp. 126-130.
8 Dante, La Divine Comédie, traduit par Henry Longnon, Garnier, Paris, 1966, pp. 166-172.
9 Jean Frappier, Chrétien de Troyes et le mythe du Graal, SEDES, Paris, 1972, pp. 136 ; J. Vendryes, Les éléments celtiques de la légende du Graal, dans Etudes celtiques, vol. V, 1949, p. 19 ; et R.S. Loomis, Arthurian tradition and Chrétien de Troyes, p. 415, considèrent la suppression du corbeau, comme une preuve du bon goût de l'auteur.
10 Ainsi traduit Jacques Ribard : Chrétien de Troyes, Le conte du Graal, Librairie Honoré Champion, 1983, p. 48.
11 Chrétien de Troyes, op.cit. vv. 4142-4189.
12 Michel Pastoureau, Figures et couleurs, Le léopard d'or, Paris, 1986, p. 167.
13 J.Loth, op. cit., p. 70.
14 Jean Frappier, op. cit., p. 134.
15 J.Loth, op. cit., pp. 70-71.
16 J.Loth, op. cit., nous pouvons lire p. 15 : "Les... Mabinogion ne sont pas plus traduits de Chrétien que les poèmes de Chrétien ne sont traduits ou imités d'eux. Ils remontent tous à une source commune, c'est-à-dire à des romans français écrits en Angleterre et reposant sur des légendes bretonnes..."
17 J.Loth, op. cit., pp. 71, 72 et 73.
18 Grimm, op. cit., nous pouvons p. 145 : "Alors, la reine prit peur et devint jaune et verte de jalousie..." et, p. 146 : "sa jalouse et son orgueil ne cessait de croître comme une mauvaise herbe..." Ceci a été noté par Jean Bellemin-Noël, Les contes et leurs fantasmes, P.U.F., Paris, 1983, p. 133.
19 Jean Frappier, op. cit., p. 138.
20 J.G. Gouttebroze, Qui perd gagne, Centre d'études médiévales de Nice, Nice, 1983, p. 63.
21 Bruno Bettelheim, op. cit., note pp. 298-299.
22 Bruno Bettelheim, op. cit., note pp. 298-299.
23 D'après Bruno Bettelheim, et nous pensons cette idée justifiée, le conte de fée apprend à l'enfant comment surmonter nombre de difficultés. Dans un véritable conte de fée, l'enfant sort toujours vainqueur.
24 Dominique Boutet, Les fabliaux, P.U.F., Paris, 1985, p. 85.
25 Rabelais, Oeuvres complètes, tome I, édité par Pierre Jourda, Garnier, Paris, 1962, Gargantua, Chap. III, pp. 18-20. La grossesse de Gargamelle dure onze mois. Rabelais, pour démontrer de façon grotesque que cela est possible, s'appuie sur différentes autorités et sur des mythes.
Il existe encore en petite Kabylie, une légende de l'enfant qui dort. Elle perpétue cette croyance d'une grossesse qui dure plus de neuf mois.
26 Bruno Bettelheim, op. cit., p. 301.
27 J.G. Gouttebroze, op. cit., p. 8.
28 Cette succession temporelle pourrait être simplement symbolique, elle l'est dans le sens où l'entends M.Gouttebroze (op. cit., p. 68). Toutefois, l'importance du contrôle exclusif de la mère sur Perceval, la mort de cette femme et les conséquences de cette mort sur le développement oedipen du héros, autorise la lecture d'un sens premier. C'est ce qui nous amène à souligner la différence avec un développement que l'on peut aujourd'hui, percevoir dans la normalité.
29 J.G. Gouttebroze, op. cit., nous pouvons lire p. 69 : "Dire qu'il (Perceval) se refuse à l'inceste laisse planer un doute, il vaut mieux dire qu'il se refuse à l'endogamie."
30 J.G. Gouttebroze, op. cit. écrit p. 41 : "Cette cousine n'est pas nue cousine croisée mais parallèle, ...dans le cadre d'une famille primitive, elle est pour lui comme une soeur et occupe un degré de parenté qui rendrait leur union non seulement endogamique mais incestueuse."
31 Si la scène des trois couleurs réopnd à la question "Comment on fait les enfants ?", alors, symboliquement, le père l'ignore. L'adultère l'ampute de son pouvoir sexuel. Son échec, ici transposé, est en fait celui de son propre Oedipe. Il n'a pas eu, en temps voulu, une réponse satisfaisante et complète.
32 Jean Bellemin-Noël, op. cit., p. 127.
33 J. von Negelein, Die volksthümliche Bedeutung der weissen Farbe, dans Zeitschrift für ethnologie, 1901, p. 79.
34 Vladimir Propp, Les racines historiques du conte merveilleux, Gallimard, Paris, 1983, p. 228.
35 Grimm, op. cit., p. 155.
36 "S'il fut, jadis, si beau qu'il est laid aujourd'hui,
Et s'il dressa le front contre son créateur,
C'est raison que de lui procèdent tous les maux"
(vv.34-36)
37 "... il érigeait deux ailes,
Grandes come il fallait à un si grand oiseau :
Telles voiles en mer, je n'enai jamais vu ;
Non des ailespennées, mais telles qu'on les trouve
Chez les chauves-souris." (vv. 46-50)
38 Vladimir Propp, op. cit., pp. 271-272.
39 Malgré le choix de l'ébène comme élément comparatif, le corbeau apparaît parmi les trois oiseaux qui volent autour du cercueil de verre. Il est accompagné par une colombe et par une chouette. Jean Bellemin-Noël remarque que ces oiseaux portent les trois couleurs du motif qui nous intéresse, la chouette ne pouvant qu'être rousse.
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Entre médiéval et moyen-âgeux
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