Les couleurs héraldiques du Perlesvaus
p. 71-85
Texte intégral
1L'armorial imaginaire du Perlesvau1 peut paraître de prime abord assez déconcertant, surtout si l'on essaie de le comparer aux données plus stables fournies par la tradition narrative de la Table Ronde. Les chevaliers les plus connus, comme Lancelot, Gauvain et Perlesvaus, n'y paraissent pas sous leurs couleurs habituelles. Les armes réelles du roi Arthur n'y sont pas mentionnées2. Perlesvaus semble se complaire à changer d'écu, selon une pratique érigée en topique romanesque depuis Chrétien de Troyes au moins, avec le fameux tournoi d'Osenefort (Oxford) au cours duquel Cligès combat successivement sous des armes noires, vertes et vermeilles3, et le non moins fameux tournoi de Noauz où Lancelot, sous des armes d'emprunt de couleur vermeille, se montre tour à tour le pire et le meilleur (V. 5502-6032). Avec le Perlesvaus, on a l'impression de se trouver en présence d'une héraldique doublement fantaisiste : fantaisiste par rapport à l'héraldique réelle, qui se fixe en Europe occidentale dans le second tiers du xii° siècle4 ; fantaisiste par rapport à l'héraldique arthurienne, dont les couleurs et les figures ont été recensées par Michel Pastoureau dans son Armorial des Chevaliers de la Table Ronde5.
2A vrai dire, l'héraldique du Perlesvaus, tout en se dégageant du référent historique (le monde féodal), aussi bien que du référent imaginaire (le monde arthurien), obéit tout de même aux règles de l'héraldique réelle, en ce qui concerne la distribution des couleurs et la partition de l'écu. A une exception près cependant, représentée par l'un des écus attribués à Lancelot, qui sera examinée en premier lieu. On voudrait montrer ici que les couleurs héraldiques du Perlesvaus s'organisent de manière originale pour répondre aux besoins de la senefiance. Et que cette œuvre, qui se situe si souvent en position de rupture par rapport à la littérature du Graal, marque aussi sa différence dans la différence des couleurs. Des couleurs qui font sens, sans toucher les sens, car le Perlesvaus ne retient que leur capacité à signifier autre chose qu'elles-mêmes.
1 L'écu hors système de Lancelot
3La couleur habituelle de Lancelot est le blanc. Dans le Lancelot en prose, c'est avec un écu blanc qu'il se présente d'abord devant la Douloureuse Garde où il doit affronter successivement dix chevaliers. Pour l'aider dans ce combat inégal, la Dame du Lac lui fait parvenir ensuite trois écus magiques de couleur blanche, traversés en diagonale par une, deux et trois bandes de couleur vermeille. Selon que Lancelot utilise l'un ou l'autre de ces trois écus, sa propre force s'accroît de celle d'un autre homme, ou de deux, ou de trois6. Lorsqu'il ne veut pas être reconnu, il inverse les oppositions entre le champ et la bande, et arbore un écu de sinople traversé d'une bande blanche, par exemple7 ; ou bien, s'il conserve le fond blanc, il change la couleur de la bande qui peut alors devenir noire8. Tout cela, somme toute, demeure assez cohérent : jusque dans la dissimulation, le héros reste lui-même, il ne fait que moduler la couleur de ses propres armes, tout en respectant les principes élémentaires du blason.
4Il n'en est pas de même dans le Perlesvaus où l'écu blanc est attribué à un autre chevalier, à Méliot de Logres9, ou encore à Perslesvaus10, ainsi qu'on le verra par la suite. Lancelot combat au Pré des Pailes sous des armes vertes, en souvenir de Gladoain, le chevalier au Vert Escu11, qui avait trouvé la mort en se portant à son secours (l. 7130-31). Il a donc revêtu les couleurs de l'amitié pour participer à un tournoi dont il ignore l'enjeu véritable. Il apprendra, après coup, qu'il a combattu, sans être vraiment lui-même et sans donner toute sa mesure, pour le cheval blanc et la couronne d'or de la reine morte. Or, il se trouve que ces deux couleurs, le blanc et l'or, figuraient déjà sur l'écu porté par Lancelot le jour où il avait affronté Perlesvaus, dans l'un de ces combats sans cause et sans vainqueur que se livrent souvent entre eux les chevaliers de la Table Ronde (br. VII, p. 141-142).
5L'association du blanc et de l'or sur les armes portées ce jour-là par Lancelot contrevient aux principes les plus élémentaires de l'héraldique réelle, qui, on le sait, ne superpose jamais les "métaux"12. En outre, le blanc et l'or soutiennent deux isotopies qui, pour le porteur de l'écu, forment un antagonisme douloureux : l'isotopie religieuse, d'une part, l'isotopie amoureuse d'autre part. L'or et l'argent sont, en effet, les deux grandes couleurs du sacré, celles qui dominent largement dans les visions mystiques, les scènes liturgiques ou encore dans le décor des apparitions du Graal. Le sens chrétien de ces deux couleurs étant renforcé sur l'écu de Lancelot par la présence de la croix. Mais l'or et l'argent sont aussi en relation de métonymie avec la reine Guenièvre13 par l'intermédiaire du cheval blanc et de la couronne d'or. Ces deux couleurs sont au Lancelot du Perlesvaus ce que le rouge et le blanc étaient au Perceval du Conte du Graal : l'emblème de l'absente. Ce qui restera de la reine lorsqu'elle ne sera plus là se résumera en deux couleurs : l'or de la couronne et le blanc du destrier. Un même support emblématique couleur d'or et d'argent réunit, pour les mettre en conflit, le désir de Dieu et le désir de la Dame. Cet antagonisme ne se résoudra que par la mort, moment où l'image de la Dame pourra enfin coïncider sans scandale avec l'image de Notre Dame, dont l'effigie figure au chevet de la morte (1. 7605). L'association impossible de l'or et de l'argent sur l'écu de Lancelot semble donc signifier une autre impossibilité, existentielle cette fois : le refus lucide de se soumettre à l'exigence de renoncement qu'imposerait l'éthique chrétienne dont le héros porte malgré tout les couleurs, en même temps qu'il porte en lui les couleurs de la reine, "ses graindres desiriers" (1. 3759). Cet écu le disqualifie d'avance pour le combat qui l'opposera plus tard, et sous d'autres couleurs, au roi Arthur, combat dont l'enjeu, Couronne d'Or et blanc destrier, imprime dans l'imaginaire la métonymie chromatique de l'amour impossible. La croix d'or sur fond blanc, refusée par le code du blason réel, relève d'un blason secret où se résume le drame intime du héros, tel qu'il s'exprime d'ailleurs dans l'une des plus belles pages de l'œuvre : l'adieu de Lancelot à la reine morte (br. VIII, p. 168). Un écu hors système pour un amour hors la loi : les couleurs impossibles disent le statut, encore clandestin, du romanesque.
2 L'écu de Gauvain et la naissance d'un chevalier nouveau
6Gauvain est introduit pour la première fois dans le récit (br. II) sous un aspect pitoyable : son cheval n'a plus que la peau sur les os, sa cotte de mailles est rouillée, son écu, troué en plus de sept endroits, a perdu toute ses couleurs de telle sorte qu'il ne permet plus d'identifier le porteur (1. 699). Dans ce piteux équipage, Gauvain acceptera tout de même d'escorter la demoiselle du Char jusqu'au château occupé par le Noir. Ermite, qui dans le récit représente l'enfer, et de l'aider à franchir ce passage périlleux. Au cours de cet épisode il va conquérir de haute lutte un nouvel écu : ".I. escu vermeill o avoit escrit .I. aigle d'or" (p. 56, 1. 784-85) qui aurait appartenu à Judas Macchabée. Désormais, il sera appelé régulièrement le chevalier "au vermeil escu e al aigle d'or"14. Au cours du tournoi de la branche IX, où l'on combat pour la couronne et le destrier de la reine, il est bien précisé qu'il porte son écu habituel : "Misire Gauvains ot le suen tel com il le soloit porter..." (7129-30), ce qui semble signifier que le neveu du roi Arthur est devenu, de manière notoire, le chevalier à l'aigle d'or.
7Or, le changement survenu dans les armoiries de Gauvain représente une énigme pour les spécialistes de l'héraldique médiévale. Michel Pastoureau, qui a consacré un article à cette question, rappelle que les armes primitives de Gauvain - dont les couleurs sont devenues invisibles dans le Perlesvaus - étaient blanches et rouges, "d'argent au franc-canton de gueules", et dépourvues de toute figure. Il les retrouve sous cet aspect dans plusieurs récits du xiii° siècle, Durmart le Gallois, le Lancelot en prose, le Tristan en prose, les Enfances Ogier d'Adenet le Roi, Escanor de Girart d'Amiens etc... ainsi que dans de nombreuses miniatures de la période 1250-1350. Puis, à partir du xv° siècle, Gauvain est doté d'armoiries nouvelles : "de pourpre a l'aigle bicéphale d'or15". Les raisons de ce changement demeurent obscures. Parmi les hypothèses avancées pour en rendre compte, le témoignage apporté par le Perlesvaus semble avoir été écarté un peu trop rapidement16. Notre texte enregistre et met en scène, précisément, ce qui embarrasse les historiens du blason tout en justifiant le changement survenu dans les armoiries de Gauvain. Certes, avec le Perlesvaus, nous n'en sommes pas encore au pourpre, ni à l'aigle bicéphale. Cependant, le sinople a déjà envahi tout le champ de l'écu et, bien que rien ne permette de décider si l'aigle d'or est bicéphale ou monocéphale, la figure essentielle est déjà en place avec la couleur qui sera la sienne ultérieurement. Quant à la couleur du champ, le Perlesvaus donne le vermeil (ou le sinople), les armoiries du xv° siècle le pourpre, c'est dire que l'on reste dans la gamme des rouges, même en tenant compte, ainsi que le signale M. Pastoureau, que le pourpre héraldique des origines était "ordinairement figuré par un gris brun un peu sale et non par un rouge violacé flamboyant17." Comme le Perlesvaus ne peut être postérieur aux années 1240, ne faut-il pas admettre que les armoiries de Gauvain se sont modifiées plus tôt qu'on ne le pense généralement ?
8Nous ne sommes pas en mesure de trancher, encore que l'étude de l'armoriai imaginaire fournisse plutôt des arguments aux partisans de la chronologie basse18. Observons seulement que, en modifiant les armoiries de Gauvain dans un sens qui annonce les "arthuriades" du xv° siècle, l'auteur anonyme du Perlesvaus a peut-être voulu, dans un souci d'ordre compositionnel, développer certaines configurations thématiques originales. Ce qui nous ramène à présent vers le contexte arthurien et le texte du Perlesvaus, pour montrer que ce nouvel écu, qui marque la naissance d'un homme nouveau, correspond beaucoup mieux à la nouvelle personnalité de Gauvain. Par son aspect solaire, l'aigle d'or semble parfaitement accordé à la nature mythique que les auteurs médiévaux prêtent parfois au personnnage, héros solaire lui-aussi, dont les forces s'accroissent au fur et à mesure que le soleil monte vers son zénith. L'association de l'or solaire et du vermeil rappelle, en outre, le destin tragique de saint Jean-Baptiste, le décapité, dont l'église a placé la fête en coïncidence avec le solstice d'été. L'écu de Gauvain parle donc de soleil et de sang, car le sang du martyre porte la promesse d'un destin glorieux. De même, l'épée ayant servi à la décollation de saint Jean-Baptiste possède une lame de couleur vert-émeraude qui devient "tote sanglante" à l'heure de midi (p. 103, 1. 2013-17). On voit ainsi se mettre en place tout un ensemble de relations symboliques qui rattachent Gauvain à la couleur rouge, comme emblème du sang versé pour la cause du Christ, et à l'aigle d'or, qui figure à la fois l'élan vers la lumière et la retombée vers le monde terrestre. Ce rôle de trait d'union entre le ciel et la terre paraît dominer la symbolique de l'aigle, telle que le Moyen Age l'a interprétée, et telle qu'on la trouve explicitée dans la Légende Dorée19. A travers le jeu des couleurs symboliques se précise donc l'analogie structurale établie dans le Perlesvaus entre saint Jean-Baptiste et Gauvain20.
9L'écu primitif de Gauvain était un écu familial et faisait partie de l'armoriai imaginaire et traditionnel du monde arthurien. Le fond blanc le rattachait à la maison d'Orcanie et le "franc-canton" rouge le démarquait de son père, le roi Lot, qui portait un écu "plain", entièrement blanc. L'écu vermeil à l'aigle d'or détache Gauvain de la tradition arthurienne. On a déjà signalé que, hormis les qualités proprement chevaleresques, le Gauvain du Perlesvaus n'avait rien de commun avec le Gauvain de Chrétien de Troyes et de ses continuateurs. Le Perlesvaus signifie par ailleurs cette rupture en réactualisant le mythe de la bâtardise du héros (br. X, p. 307-308). Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que l'auteur anonyme du Perlesvaus ait doté cet homme nouveau d'un nouvel écu. En lui attribuant un esprit de sérieux, en le rendant indifférent à la séduction féminine, en l'arrachant à la sphère de la courtoisie pour le conduire jusqu'au seuil des mystères du Graal, en faisant de lui un ardent défenseur de la foi et une postfiguration de saint Jean-Baptiste, l'anonyme opérait peut-être dans l'imaginaire la rénovation à laquelle, un siècle plus tôt, l'auteur du De laude novae militiae conviait la chevalerie réelle. En tout cas, l'image du Gauvain ancien est ici totalement effacée, comme les couleurs de son écu d'autrefois, et le Gauvain de La Queste... est devenu totalement méconnaissable.
3 Les couleurs de Perlesvaus
10Au cours de ce long récit, Perlesvaus est doté de plusieurs écus qui peuvent se répartir en deux grandes catégories fonctionnelles : les couleurs de la dissimulation et les couleurs de l'ostentation.
11Les premières sont destinées à assurer l'incognito du chevalier qui apparaît sous des armes d'emprunt, en particulier dans les tournois. Perlesvaus semble prendre plaisir à ces "muances", qui font penser aux métamorphoses de Merlin chez Robert de Boron, mais qui finissent par attirer au héros la réputation de "...plus mervelleux chevalier dou mont... ; car quant on le voit si ne le puet on conoistre" (l. 4491-92). Dans ces cas-là Perlesvaus porte des couleurs qui tranchent nettement avec celles qui sont les siennes dans le reste de l'oeuvre. S'il conserve la croix, il en change la couleur et devient alors le chevalier à "l'Escu d'Or" et à la croix verte, écu qu'il a pris chez l'ermite Joseph, le fils du roi Pellès21. Ou bien, il porte tout simplement un curieux écu blanc à armoiries de la même couleur22, ce qui est encore une composition aberrante au regard de l'héraldique réelle (tournoi de la Vermeille Lande). Perlesvaus n'est pas le seul à changer d'écu : au tournoi du Cercle d'Or, Arthur combat en or le premier jour, en azur23 le deuxième, en vermeil le troisième (br. IX, 1. 6812 à 6966). Il est inutile de s'appesantir sur ces armes d'emprunt dont les couleurs ne sont pas très significatives.
12Plus intéressantes, en revanche, les armes de l'ostentation, celles qui révèlent l'identité du chevalier et le sens de son action. Seul, Perlesvaus dispose de deux écus et d'un double système chromatique assurant son identification : un écu chevaleresque et un écu sacré, auxquels il faut ajouter l'écu blanc, qui lui est attribué dans la dernière branche du récit, et qui paraît relever d'une interprétation anagogique.
3.1 L'écu familial
13Les armes chevaleresques et familiales du héros sont représentées par un "escu vermeil au cerf blanc" (première mention : 1. 510) qui était déjà l'écu porté par Yulain le Gros, le père de Perlesvaus. Comme Yulain est mort, son fils peut arborer, sans brisure, les armoiries de la famille dont il devient le chef d'armes. Par l'intermédiaire du rouge de l'écu, la mort du père (1. 511) se superpose à la mort du chevalier vermeil (1. 497) à l'issue d'un geste qui ne fut ni totalement volontaire, ni totalement conscient mais qui ouvre cependant pour Perlesvaus l'accès au groupe des chevaliers et à la vie "aventureuse". Dans l'univers de la diégèse, l'écu vermeil au cerf blanc est connu de tous les autres personnages qui, en plusieurs circonstances, peuvent ainsi identifier immédiatement Perlesvaus (Lancelot, 1. 3028-29 ; la Reine des Tentes, 1. 3268-69 ; le Roi de Chastel Mortel, 1. 3968 ...). La seule action notable accomplie par le héros sous ses couleurs primitives relève du modèle "aventureux" et chevaleresque. Il s'agit du combat contre son oncle, le Roi de Chastel Mortel, pour le compte de la Reine des Pucelles, dont il refusera l'amour. Ce roi de Chastel Mortel (frère d'Yglais, la mère de Perlesvaus) représente l'intrusion du mal à l'intérieur de la lignée des gardiens du Graal. Il représente aussi la tradition mythique des conflits familiaux. Et c'est peut-être la présence du mort, rappelée par l'écu "de sinople au cerf blanc", qui fait fuir le vivant au cours d'un combat qui, en fait, n'en fut pas vraiment un (br. VIII, p. 179-80).
3.2 L'écu du miles christi
14La situation des armoiries sacrées est beaucoup plus complexe. Une première clarification pourrait se construire autour de l'itinéraire de Perlesvaus orienté successivement vers trois lieux différents à valeur symbolique :
- Le château du Graal, analogique de la Jérusalem Terrestre,
- Le Château des Quatre Cornes, en relation avec la Jérusalem Céleste,
- Le Château du Noir Ermite, qui représente l'enfer.
15Le Château du Graal est conquis avec l'écu de Joseph (bandé d'argent et d'azur à la croix vermeille). Cet écu est déposé ensuite au Château des Quatre Cornes où le héros reçoit un écu blanc pour la fin de ses aventures, et en particulier, la libération des enfers.
16Comme le Galaad de La Queste, Perlesvaus est destiné à recevoir un écu lui conférant l'investiture du ciel dans l'accomplissement de sa mission libératrice. Cette analogie, associée à quelques autres, appellerait une étude comparative qui déborderait largement le cadre de cette étude. Rappelons simplement que l'écu de Galaad est blanc avec une croix vermeille. H en émane une odeur suave, manifestation qui l'inscrit sans ambiguïté dans le champ du sacré. L'écu destiné à Perlesvaus est aussi de provenance sacrée puisqu'il a d'abord appartenu à Joseph d'Arimathie et qu'il contient de saintes reliques enfermées dans sa "bocle d'or" (Première mention, 1. 611-612). L'ermite qui délivre les "senefiances" explique à Gauvain que "li escuz ou la vermeille croiz estoit... senefie l'escu de la croiz que nus n'osa onques achater, se Diex non" (p. 110, 1. 2198-2200). Il devient dès lors évident que le porteur de l'écu à la croix vermeille, le Bon Chevalier, sera appelé à réitérer l'oeuvre rédemptrice du Christ.
17Les deux écus se ressemblent donc par la figure, mais ils diffèrent par le champ. L'écu de Galaad présente un fond blanc, en relation avec l'importance accordée aux notions de pureté et de chasteté dans l'univers axiologique de La Queste ; en relation aussi avec les vêtements blancs portés par les hommes de religion, et qui semblent bien représenter la signature cistercienne du texte. L'écu de Perlesvaus fait alterner les bandes d'argent et d'azur et la signification de ces deux couleurs n'est explicitée à aucun moment. Nous sommes donc renvoyés à de simples remarques dont il ne faut pas se dissimuler le caractère conjectural.
18Hypothèse intertextuelle d'abord, nécessairement subordonnée à une hypothèse chronologique. Admettons donc, avec Fanni Bogdanow24 que le Perlesvaus soit postérieur à la Queste et à la Vulgate : l'alternance des bandes d'azur et d'argent pourrait alors représenter une manière de différenciation par rapport à l'écu de Galaad considéré comme le premier quêteur mystique. Ce qui signifierait que, malgré la présence de la croix vermeille dans les deux cas, l'itinéraire de Perlesvaus n'est pas exactement homologable à celui de Galaad. Les deux chevaliers œuvrent, certes, pour la même cause, et l'identité des deux projets est manifestée par l'identité de la figure, qui est ici la croix vermeille. Mais les différences dans les moyens mis en œuvre s'inscrivent sur le champ des deux écus. Si l'écu blanc à la croix vermeille (Galaad) représente bien un symbole Eucharistique, alors le fond bandé d'azur et d'argent (Perlesvaus) pourrait représenter le refus d'un engagement chrétien qui serait uniquement fondé sur le perfectionnement spirituel, la vie contemplative, et l'union avec Dieu. Il manifesterait la volonté de prendre en compte les nécessités de l'action militante et militaire, dans une perspective plus proche de l'idéologie des croisades que de l'idéal monastique. Les bandes d'azur et d'argent expriment d'abord une dualité, là où le blanc n'exprimait que l'unité, et par là, il semble bien que soit désigné le sens profond de la vie et de l'aventure de Perlesvaus. Ce qui nous conduit à la deuxième hypothèse, intratextuelle cette fois.
19Pour Perlesvaus, l'aventure du Graal se joue en deux temps. Le premier temps a été catastrophique, il appartient à un avant-texte, représenté, peut-être, par l'œuvre inachevée de Chrétien de Troyes, mais qui, de toute façon, a inauguré l'ère du malheur. Une sorte d'équivalent de la Chute. Dans ce premier épisode, la carence du héros est de l'ordre de la parole : parole figée, demande suspendue, question informulée ou plutôt, réponse impossible à la question muette que comporte la merveille du Graal, figurée en couleur par les gouttes de sang sur fond blanc. Cet échec se situe avant l'attribution de l'écu d'azur et d'argent barré de la croix vermeille. Il représente l'impasse de la vie contemplative. Il n'appartient pas au récit, qui ne fait que l'évoquer, mais il est rejoué par Gauvain qui, en présence du Graal, reste prisonnier de l'étrange fascination exercée sur son esprit par les trois gouttes de sang tombées sur la nappe et laisse ainsi échapper une chance de salut (p. 119-120).
20Le deuxième temps est d'une nature toute différente. Il s'agit cette fois d'une expédition militaire entreprise avec l'assistance de Dieu et des alliés surnaturels désignés par le Roi Ermite : la mule blanche qui "est de par Deu (1. 6187) ; le fanion, dont la couleur n'est pas précisée (1. 6074) ; le lion blanc, "de par Deu" lui aussi (1. 6088-89). Avec l'aide de cet animal, que l'on peut considérer comme son double et son inspirateur, Perlesvaus pénètre dans le château du Graal, qui selon Fanni Bogdanow figure la Jérusalem terrestre, et, lui qui n'avait pas eu l'audace de dire, trouve l'audace de faire et d'enlever la place, tandis que les défenseurs subjugués se soumettent et que le roi félon se passe l'épée au travers du corps, finissant aussi misérablement que Judas. C'est ainsi que Perlesvaus mène à bien la reconquête du château du Graal réunissant, sous le signe de l'écu bandé d'argent et d'azur, la double compétence du chevalier et de l'élu. Le Perlesvaus prend donc en compte l'aspect mystique et l'aspect pragmatique de la pensée de saint Bernard, ainsi que l'a bien souligné Fanni Bogdanow25.
3.3 Parenthèse : l'histoire des deux écus
21Quant on considère l'histoire imaginaire des écus attribués à Galaad et à Perlesvaus on relève de nombreux points communs. Sur ce fond général de ressemblance se perçoivent cependant quelques différences signifiantes, portant précisément sur les couleurs dans leur relation à la temporalité imaginaire présentée par les deux textes.
22Dans La Queste del saint Graal, l'histoire de l'écu merveilleux intervient dès les premières pages. Galaad arrive à la cour d'Arthur, sans écu, mais avec des armes vermeilles, qui représentent la couleur de l'Esprit Saint manifesté, le jour de la Pentecôte, sous la forme de langues de feu. L'écu destiné au héros (et qui lui sera remis un peu plus tard), appartenait autrefois à Josèphé, le fils de Joseph d'Arimathie. Son histoire commence donc à l'intérieur de la période chrétienne. Dès l'origine, plusieurs pouvoirs surnaturels lui sont d'ailleurs associés : le mystère de la Présence Réelle, le pouvoir d'opérer des miracles, la force invincible devant les ennemis de la foi (victoire et conversion du roi Evalach). La croix de cet écu était d'abord une pièce rapportée, une croix de "cendal", étoffe de soie, dont la couleur n'est pas précisée26. Puis, cette croix disparaît, pour se fixer sur le bras du miraculé. Une deuxième croix est alors tracée sur l'écu, par Josèphé lui-même, avec son propre sang, peu avant sa mort. Il prononce à ce moment-là des paroles qui font écho aux paroles de la Cène : il précise, en effet, que la couleur de cette croix, faite de son sang, restera jusqu'au bout fraîche et "vermeille" comme au premier jour (Queste..., p. 34, 1. 21-23). L'écu de Galaad est donc donné d'emblée comme un symbole eucharistique : le blanc représente le corps du Christ ; le rouge, la Passion et le sang rédempteur ; la permanence des deux couleurs, la Vie Eternelle promise à quiconque mange le Corps et boit le Sang.
23L'écu de Perlesvaus, bandé d'or et d'argent, ne relève pas de la même interprétation. Son histoire est différée jusqu'à la fin du récit (br. XI, p. 387). Lorsque le héros arrive au Château des Quatre Cornes les juvéniles vieillards qui l'accueillent (chenus de poil mais jeunes de visage) ne s'occupent pas de lui, mais de son écu devant lequel ils s'inclinent pieusement "...e besent la croiz e puis la bocle la ou les reliques estoient" (1. 9560-61). Leurs premières paroles concernent cet écu qu'ils viennent de reconnaître. On a alors le sentiment qu'un cycle s'achève à ce moment précis, que l'écu à la croix vermeille revient à son origine, dans ce château mystique d'où il ne sortira plus, bien que Perlesvaus reparte encore pour de nouvelles aventures, muni d'un autre écu.
24Les deux "maîtres" évoquent alors l'histoire de l'écu : ils l'ont connu bien avant la Cruxifixion, à une époque où il ne portait pas encore la croix vermeille que Joseph d'Arimathie fit ajouter ensuite pour l'amour de Jésus- Christ, comme un premier témoignage chrétien dans un monde encore entièrement païen. Les bandes d'argent et d'azur représentaient donc les armes primitives de Joseph. Elles renvoient à un passé non chrétien, à l'histoire imaginaire du premier détenteur du Graal. Le fond de cet écu ne pouvait être d'une blancheur virginale comme celui de Galaad. Par le jeu des couleurs l'écu rappelle l'itinéraire qui a conduit Joseph de l'ancienne à la nouvelle Loi, et montre que tout ce passé est désormais sous le signe de la croix vermeille. Bien que ces couleurs se donnent à voir simultanément, elles exigent donc une lecture diachronique car elles parlent d'un Avant et d'un Après, reproduisant ainsi, en abîme, la structure générale du texte, qui reproduit lui-même les grandes phases de l'histoire humaine, telle que la concevait la pensée cléricale : articulée autour de la Rédemption, engagée dans la liquidation des vestiges païens et orientée vers le Jugement Dernier.
3.4 L'écu blanc
25Il reste à parler du troisième écu, entièrement blanc cette fois, que Perlesvaus reçoit au Château des Quatre Cornes. Cet écu ne saurait être assimilé à l'écu "plain" porté pendant un an, par les chevaliers nouvellement adoubés, selon une remarque incidente relevée dans La mort le roi Artu (éd. J. Frappier, p. 8). Toutefois, on peut se demander pourquoi la croix vermeille ne figure plus sur les armes du héros.
26Les aventures accomplies sous le signe de cet écu blanc ne forment pas un ensemble homogène (tournoi de la Tour Blanche et conquête de la Coupe d'Or, divers combats entrant dans le cadre des "faides" familiales, retour aux origines de la lignée, passage par l'île où reposent les ancêtres, arrêt sur la tombe du père terrestre tué par un chevalier roux, retraite au château du Graal auprès de la mère et de la sœur avant le départ définitif) Toute la matière narrative du Perlesvaus n'est pas régie, tant s'en faut, par la senefiance sacrée, et c'est là une autre différence notable avec La Queste... Il n'en reste pas moins que le passage par le Château des Quatre Cornes représente une étape décisive dans l'itinéraire du héros. Cet épisode fait partie des scènes dominées par l'alliance de l'or et de l'argent, couleurs qui servent de support à la manifestation surnaturelle inscrite en rouge, par l'intermédiaire des gouttes de sang et du vermeil de la croix.
27Au Château des Quatre Cornes, Perlesvaus se trouve dans une poche du temps, après la reconquête du Graal, avant la fin de l'Histoire. Dans un espace sacré qui relève de la géographie mystique et qui pourrait bien figurer la Cité Céleste : les deux "maîtres" représentant vraisemblablement deux des trois personnes de la Trinité, que le Fils (Perlesvaus) viendra rejoindre après avoir accompli son œuvre terrestre. Si le héros est bien une postfiguration du Christ, le passage par le Château des Quatre Cornes, où il dépose définitivement l'écu de Joseph auprès d'un arbre portant "les plus belles fleurs du monde", pourrait correspondre à la fin de sa vie humaine. La période qui suit remplirait alors le temps qui sépare la Résurrection de l'Ascension. Interprétation soutenue par le nombre des convives (trente-trois) et par leur âge (trente-deux ans), deux chiffres qui évoquent le terme de la vie terrestre du Christ (p. 388). Ce qui signifie que Perlesvaus doit encore accomplir une mission importante, en particulier la libération de l'enfer, représenté par le Château du Noir Ermite.
28Cette aventure s'accomplit avec des armes de couleur blanche, la couleur du Ressuscité, qui donne au combat décisif de cette dernière période la dimension d'un affrontement cosmique, celui du blanc céleste et du noir diabolique. La couleur blanche de l'écu signifie alors la supériorité des armes spirituelles, conformément au modèle représenté par l'Evangile de Nicodème qui avait connu une très large diffusion au Moyen Age27. Au premier assaut, le chevalier à l'écu blanc renverse le Noir Ermite que les siens abandonnent et trahissent aussitôt en le jetant dans la fosse nauséabonde de l'enfer profond (br. XI, p. 402).
4 L'inscription du rouge sur le blanc
29Absente du dernier écu porté par Perlesvaus, la croix vermeille n'en demeure pas moins l'emblème majeur de l'ensemble du récit. Elle est présente au commencement et à la fin. Au commencement, sur le tombeau de l'ermite Calixte, dont l'âme a fait l'objet d'un débat entre les démons et la Vierge (br. I, p. 33) ; à la fin, dilatée entre ciel et terre, sur la voile de la nef venant chercher Perlesvaus pour son dernier voyage. La croix vermeille connaît ainsi deux supports différents : sur fond bandé d'argent et d'azur, elle est attribuée au héros, et devient un emblème conquérant, impliquant la dualité des moyens et le recours à la force ; sur fond blanc, elle est toujours associée aux hommes de religion, qui relèvent uniquement de la première fonction28. C'est ainsi que les convives réunis autour de Perlesvaus au Château des Quatre Cornes, sous une peinture représentant le Christ en majesté entouré de ses apôtres, portent tous une croix vermeille sur leur vêtement blanc :
Il avoient blans dras vestiz, e n'i avoit celi qui n'eüst .i. vermeille croiz enmi son piz, e sembloient estre toz del aage de .xxxii. anz." (1. 9589-90)
30La croix vermeille se dresse aussi au milieu de la lande où la bête blanche va être déchirée par ses propres petits (br. IX, p. 239-240). On la retrouve encore, sous la forme d'une étoile vermeille, cette fois, sur le front blanc de la mule confiée à Perlesvaus par le Roi Ermite dont le nom résume les prérogatives de la première fonction. L'action de tous ces personnages se répartit entre un Avant, au cours duquel ils orientent l'histoire, et un Après, au cours duquel ils délivrent les "senefiances". Ils possèdent à la fois le monopole du blanc et la maîtrise du rouge : c'est dire qu'ils dirigent et canalisent l'action des chevaliers et qu'ils représentent les valeurs suprêmes du récit.29
31Cette maîtrise est indispensable à l'égard d'une couleur porteuse d'une polysémie aussi redoutable. L'imaginaire du Graal opère une première limitation du rouge en le réduisant au ponctuel, au point, à la goutte, à l'inscription d'une marque sur un fond blanc. Il y a ainsi une analogie chromatique constante entre le cortège du Graal, les gouttes de sang sur la neige, les fraîches couleurs de Blanchefleur et les visions mystiques qui concrétisent en rouge et blanc le mystère de la Présence Réelle. Mais cette analogie qui mêle le profane et le sacré est encore trop équivoque. L'imaginaire clérical associe alors le rouge à la figure allusive de la croix et l'ensemble peut signifier enfin, sans ambiguïté, le sang rédempteur du sacrifice. Les couleurs ne sont pas signifiantes par elles-mêmes, c'est pourquoi il est impossible de leur assigner une valeur symbolique stable. Le rouge du sang peut aussi bien représenter la blessure héroïque (Roland, Vivien) que la faute sexuelle (Tristan, Lancelot) ou la cruauté vulgaire et froide (Laüstic). Dans le Perlesvaus, la couleur rouge est associée au sang de la violence et des iniquités (flagellation de la femme de Marin le jaloux, br. IV), au sang rédempteur de la bête blanche qui est une figuration du Christ (br. IX), au pouvoir magique du sang guérisseur (blessure du roi Arthur, br. I), au sang de la vengeance atroce (cuve remplie de sang humain dans lequel Perlesvaus fait périr l'ennemi de sa famille, le seigneur des Mores (br. VIII) etc... De plus, la couleur rouge ne réfère pas uniquement au sang, elle est également la couleur du feu, mais ici les paradigmes chromatiques sont aussi polyvalents que dans l'exemple précédent puisque le feu peut être le signe de la manifestation de l'Esprit Saint aussi bien que celui de la manifestation diabolique (épisode du Chevalier au Dragon Ardant). La couleur est donc un élément de la production du sens, mais elle n'est pas, en elle-même, porteuse de sens. Ouverte à la fois sur le réel et sur le symbole, elle a besoin d'un signe complémentaire chargé de dissiper les ambiguïtés dont elle est chargée.
32Dans le système emblématique du Perlesvaus, cette fonction est assurée, on l'a vu, par le signe iconique de la croix. Mais, dans une gamme aussi chargée que celle des rouges, le lexique opère de son côté les clarifications nécessaires ; sur les quatre mots qui composent ce champ lexical, "vermeil" est de loin le plus fréquent ; "sinople" ne s'applique qu'aux écus ; "rous" est toujours péjoratif ; et les trois seules occurrences du mot "rouge" portent sur des objets marqués négativement : les épées des chevaliers diaboliques qui épouvantent Dandrane dans l'épisode de l'Atre Périlleux sont "toutes rouges autresi conme de feu (1. 5085)" ; l'épée du Chevalier au Dragon Ardant" ... estoit grant et roge comme charbons (1. 5843)" ; quant à la troisième occurrence, elle s'applique au lion gardien des ponts et auxiliaire du Roi de Chastel Mortel, c'est-à-dire, auxiliaire du mal (1. 6088). Tous les emplois de l'adjectif "rouge" se trouvent ainsi compromis dans le fantastique diabolique. A travers l'alchimie verbale du Perlesvaus, le "rouge" passe au "noir" !
33L'héraldique du Perlesvaus ne se réduit pas à un simple système d'identification des chevaliers. Dans bien des cas, elle se situe en rupture avec les données de l'armoriai traditionnel et devient une création originale homologable aux autres systèmes signifiants d'un texte qui, par ailleurs, ignore complètement le pittoresque ainsi que tous les effets sensibles associés à l'usage littéraire des couleurs. Il faudrait mettre en relation les signifiants chromatiques et iconiques du blason avec les autres couleurs, celles des objets, des animaux, des lieux, des vêtements... On verrait se dessiner quelques parcours chromatiques fondés sur des associations qui ont hanté le Moyen Age : l'alliance de l'or et de l'argent, l'inscription du rouge sur le blanc, entre autres. On verrait aussi que le matériel imaginaire représenté par les couleurs forme parfois un autre texte à l'intérieur du texte, et qu'il n'y a pas nécessairement accord entre les deux. La couleur, comme la lettre, est dotée d'une relative autonomie, et je ferais volontiers référence, ici, aux travaux de l'école de Genève. Mais l'interprétation de ces parcours chromatiques donnera lieu à une étude plus vaste, dont la présente communication ne représente qu'un fragment.
Notes de bas de page
1 Toutes nos références renvoient à l'édition de William A. Nitze & T. Atkinson Jenkins : Le Haut Livre du Graal PERLESVAUS, 2 vol., New-York, 1972.
2 Voici l'armoriai imaginaire du Perlesvaus :
ARTHUR : Armes personnelles jamais mentionnées.
Armes occasionnelles, tournoi du Cercle d'Or :
- armes d'or (6812)
- armes d'azur (6884-85)
- armes vermeilles (6943)
BRUDAN, meurtrier de Méliot de Logres : écu parti, vert et argent (10042)
Chevalier anonyme, aux armes d'azur (4694, 4712)
Chevalier Vermeil : armes vermeilles.
CLAMADEU, son fils, porte le même écu (3042-43, 3076-77, 5180)
COART CHEVALIER, devient ensuite le Chevalier Hardi (p. 243) : écu parti noir et blanc. Défie Gauvain (1375-76). Déclare appartenir à la Demoiselle du Char (5543). Voir encore 1. 2220 et 4242.
GAUVAIN : Armes primitives effacées.
Armes nouvelles : Ecu vermeil à l'aigle d'or : 1186, 1521, 4451, 4698-99, 4738...
Ecus d'emprunt :
- vermeil (6805)
- or (6936)
GLADOAIN : chevalier au Vert Escu, allié de Lancelot. Son frère porte un écu semblable (2623, 2678, 2682, 2696, 2702).
LANCELOT : Armes primitives jamais mentionnées.
Ecus d'emprunt :
- blanc à la croix d'or (2960-61). Appelé aussi "chevalier au Blanc Escu" (2985, 3005-6)
- écu vert (7130)
MELIOT DE LOGRES : écu blanc (3332)
PERLESVAUS :Armes de l'ostentation
- Ecu familial : de sinople à un cerf blanc (627-28, 3028-29, 4118-19...)
- Ecu de Joseph d'Arimathie : bandé d'argent et d'azur à la croix vermeille et à la boucle d'or (611-12, 984-85, 2198, 4254-55, 4999, 9179)
- Ecu plain de couleur blanche (9659, 9965)
Armes de la dissimulation
- d'or à une croix verte (4250, 4288-89, 4506-7, 4726-27)
- ...blanc a conoisances autretex. (4417-18, 4455-56, 4458, 4549, 4696, 4742, 5657) Armes "à enquerre".
3 La signification symbolique de ces couleurs, en relation avec les trois adversaires affrontés ce jour-là par Cligès, a été étudiée par Jacques Ribard dans un article récent : "Le symbolisme des quatre éléments dans le tournoi d'Osenefort du Cligès de Chrétien" dans Les quatre éléments dans la culture médiévale, Kümmerle Verlag, Göppingen, 1983, pp. 163-69.
4 Cf., Michel Pastoureau : "La diffusion des armoiries et les débuts de l'Héraldique" dans La France de Philippe Auguste. Le temps des mutations, Colloques internationaux CNRS n° 602, Paris, 1982, pp. 737-760.
5 Armorial des chevaliers de la Table Ronde, éd. Léopard d'Or, Paris, 1983.
6 Cf., éd. A. Micha, t. VII, p. 320-21
7 Ibidem, p. 379.
8 Ibid., p. 419.
9 Voici l'armoriai imaginaire du Perlesvaus :
ARTHUR : Armes personnelles jamais mentionnées.
Armes occasionnelles, tournoi du Cercle d'Or :
- armes d'or (6812)
- armes d'azur (6884-85)
- armes vermeilles (6943)
BRUDAN, meurtrier de Méliot de Logres : écu parti, vert et argent (10042)
Chevalier anonyme, aux armes d'azur (4694, 4712)
Chevalier Vermeil : armes vermeilles.
CLAMADEU, son fils, porte le même écu (3042-43, 3076-77, 5180)
COART CHEVALIER, devient ensuite le Chevalier Hardi (p. 243) : écu parti noir et blanc. Défie Gauvain (1375-76). Déclare appartenir à la Demoiselle du Char (5543). Voir encore 1. 2220 et 4242.
GAUVAIN : Armes primitives effacées.
Armes nouvelles : Ecu vermeil à l'aigle d'or : 1186, 1521, 4451, 4698-99, 4738...
Ecus d'emprunt :
- vermeil (6805)
- or (6936)
GLADOAIN : chevalier au Vert Escu, allié de Lancelot. Son frère porte un écu semblable (2623, 2678, 2682, 2696, 2702).
LANCELOT : Armes primitives jamais mentionnées.
Ecus d'emprunt :
- blanc à la croix d'or (2960-61). Appelé aussi "chevalier au Blanc Escu" (2985, 3005-6)
- écu vert (7130)
MELIOT DE LOGRES : écu blanc (3332)
PERLESVAUS :Armes de l'ostentation
- Ecu familial : de sinople à un cerf blanc (627-28, 3028-29, 4118-19...)
- Ecu de Joseph d'Arimathie : bandé d'argent et d'azur à la croix vermeille et à la boucle d'or (611-12, 984-85, 2198, 4254-55, 4999, 9179)
- Ecu plain de couleur blanche (9659, 9965)
Armes de la dissimulation
- d'or à une croix verte (4250, 4288-89, 4506-7, 4726-27)
- ...blanc a conoisances autretex. (4417-18, 4455-56, 4458, 4549, 4696, 4742, 5657) Armes "à enquerre".
10 Voici l'armoriai imaginaire du Perlesvaus :
ARTHUR : Armes personnelles jamais mentionnées.
Armes occasionnelles, tournoi du Cercle d'Or :
- armes d'or (6812)
- armes d'azur (6884-85)
- armes vermeilles (6943)
BRUDAN, meurtrier de Méliot de Logres : écu parti, vert et argent (10042)
Chevalier anonyme, aux armes d'azur (4694, 4712)
Chevalier Vermeil : armes vermeilles.
CLAMADEU, son fils, porte le même écu (3042-43, 3076-77, 5180)
COART CHEVALIER, devient ensuite le Chevalier Hardi (p. 243) : écu parti noir et blanc. Défie Gauvain (1375-76). Déclare appartenir à la Demoiselle du Char (5543). Voir encore 1. 2220 et 4242.
GAUVAIN : Armes primitives effacées.
Armes nouvelles : Ecu vermeil à l'aigle d'or : 1186, 1521, 4451, 4698-99, 4738...
Ecus d'emprunt :
- vermeil (6805)
- or (6936)
GLADOAIN : chevalier au Vert Escu, allié de Lancelot. Son frère porte un écu semblable (2623, 2678, 2682, 2696, 2702).
LANCELOT : Armes primitives jamais mentionnées.
Ecus d'emprunt :
- blanc à la croix d'or (2960-61). Appelé aussi "chevalier au Blanc Escu" (2985, 3005-6)
- écu vert (7130)
MELIOT DE LOGRES : écu blanc (3332)
PERLESVAUS :Armes de l'ostentation
- Ecu familial : de sinople à un cerf blanc (627-28, 3028-29, 4118-19...)
- Ecu de Joseph d'Arimathie : bandé d'argent et d'azur à la croix vermeille et à la boucle d'or (611-12, 984-85, 2198, 4254-55, 4999, 9179)
- Ecu plain de couleur blanche (9659, 9965)
Armes de la dissimulation
- d'or à une croix verte (4250, 4288-89, 4506-7, 4726-27)
- ...blanc a conoisances autretex. (4417-18, 4455-56, 4458, 4549, 4696, 4742, 5657) Armes "à enquerre".
11 Voici l'armoriai imaginaire du Perlesvaus :
ARTHUR : Armes personnelles jamais mentionnées.
Armes occasionnelles, tournoi du Cercle d'Or :
- armes d'or (6812)
- armes d'azur (6884-85)
- armes vermeilles (6943)
BRUDAN, meurtrier de Méliot de Logres : écu parti, vert et argent (10042)
Chevalier anonyme, aux armes d'azur (4694, 4712)
Chevalier Vermeil : armes vermeilles.
CLAMADEU, son fils, porte le même écu (3042-43, 3076-77, 5180)
COART CHEVALIER, devient ensuite le Chevalier Hardi (p. 243) : écu parti noir et blanc. Défie Gauvain (1375-76). Déclare appartenir à la Demoiselle du Char (5543). Voir encore 1. 2220 et 4242.
GAUVAIN : Armes primitives effacées.
Armes nouvelles : Ecu vermeil à l'aigle d'or : 1186, 1521, 4451, 4698-99, 4738...
Ecus d'emprunt :
- vermeil (6805)
- or (6936)
GLADOAIN : chevalier au Vert Escu, allié de Lancelot. Son frère porte un écu semblable (2623, 2678, 2682, 2696, 2702).
LANCELOT : Armes primitives jamais mentionnées.
Ecus d'emprunt :
- blanc à la croix d'or (2960-61). Appelé aussi "chevalier au Blanc Escu" (2985, 3005-6)
- écu vert (7130)
MELIOT DE LOGRES : écu blanc (3332)
PERLESVAUS :Armes de l'ostentation
- Ecu familial : de sinople à un cerf blanc (627-28, 3028-29, 4118-19...)
- Ecu de Joseph d'Arimathie : bandé d'argent et d'azur à la croix vermeille et à la boucle d'or (611-12, 984-85, 2198, 4254-55, 4999, 9179)
- Ecu plain de couleur blanche (9659, 9965)
Armes de la dissimulation
- d'or à une croix verte (4250, 4288-89, 4506-7, 4726-27)
- ...blanc a conoisances autretex. (4417-18, 4455-56, 4458, 4549, 4696, 4742, 5657) Armes "à enquerre".
12 "Ni émail sur émail, ni métal sur métal..." cf., Geneviève d'Haucourt et George Durivault, Le Blason, P.U.F., Que sais-je ?, n° 336, 7° éd. mise à jour en 1982, p. 44. Lancelot porte donc ce jour-là des armes "à enquerre" et Michel-Marie Dufeil me signale leur analogie avec les armes de Jérusalem (Godefroy de Bouillon) : "d'argent à la croix potencée d'or cantonnées de quatre croisettes du même".
13 Dont un ermite rappelle le caractère sacré : "et ceste est roïne benoete et sacree, si fu voee en son conmencement a Deu. (p. 168, l. 3674-75).
14 Voici l'armoriai imaginaire du Perlesvaus :
ARTHUR : Armes personnelles jamais mentionnées.
Armes occasionnelles, tournoi du Cercle d'Or :
- armes d'or (6812)
- armes d'azur (6884-85)
- armes vermeilles (6943)
BRUDAN, meurtrier de Méliot de Logres : écu parti, vert et argent (10042)
Chevalier anonyme, aux armes d'azur (4694, 4712)
Chevalier Vermeil : armes vermeilles.
CLAMADEU, son fils, porte le même écu (3042-43, 3076-77, 5180)
COART CHEVALIER, devient ensuite le Chevalier Hardi (p. 243) : écu parti noir et blanc. Défie Gauvain (1375-76). Déclare appartenir à la Demoiselle du Char (5543). Voir encore 1. 2220 et 4242.
GAUVAIN : Armes primitives effacées.
Armes nouvelles : Ecu vermeil à l'aigle d'or : 1186, 1521, 4451, 4698-99, 4738...
Ecus d'emprunt :
- vermeil (6805)
- or (6936)
GLADOAIN : chevalier au Vert Escu, allié de Lancelot. Son frère porte un écu semblable (2623, 2678, 2682, 2696, 2702).
LANCELOT : Armes primitives jamais mentionnées.
Ecus d'emprunt :
- blanc à la croix d'or (2960-61). Appelé aussi "chevalier au Blanc Escu" (2985, 3005-6)
- écu vert (7130)
MELIOT DE LOGRES : écu blanc (3332)
PERLESVAUS :Armes de l'ostentation
- Ecu familial : de sinople à un cerf blanc (627-28, 3028-29, 4118-19...)
- Ecu de Joseph d'Arimathie : bandé d'argent et d'azur à la croix vermeille et à la boucle d'or (611-12, 984-85, 2198, 4254-55, 4999, 9179)
- Ecu plain de couleur blanche (9659, 9965)
Armes de la dissimulation
- d'or à une croix verte (4250, 4288-89, 4506-7, 4726-27)
- ...blanc a conoisances autretex. (4417-18, 4455-56, 4458, 4549, 4696, 4742, 5657) Armes "à enquerre".
15 Cf. Michel Pastoureau, Remarques sur les armoiries de Gauvain, dans Mélanges offerts à Charles Foulon, 1980, t. II, p. 229-236.
16 Malgré l'hypothèse présentée par G. J. Braut, et citée par M. Pastoureau dans son article des Mélanges Foulon, op. cit., note 31, p. 234.
17 Ibidem, p. 231. Ces indications sont confirmées dans l'Armorial des chevaliers de la Table Ronde du même auteur, éd. Léopard d'Or, Paris, 1983, p. 69-70.
18 La date de 1240 est généralement retenue comme terminus ad quem. Cf., la récente mise au point de Fanni Bogdanow qui apporte des arguments solides aux partisans de la chronologie basse (1225-1240), dans Grundriss der Romanischen Literaturen des Mittelalters, IV, 2, Heidelberg, 1984, p. 49-51
19 A propos d'un autre saint Jean, l'Evangéliste et l'auteur de l'Apocalypse, à qui est attribué l'apologue de l'aigle. Cet oiseau ne peut soutenir longtemps l'éclat du soleil que, seul cependant, il peut approcher. Il doit souvent revenir sur la terre et relâcher son effort. "Ainsi l'esprit de l'homme, qui se relâche un peu de la contemplation, se porte avec plus d'ardeur vers les choses célestes, en renouvelant souvent ses essais." Jacques de Voragine, La Légende Dorée, trad. de J.-B. M. Roze, Garnier-Flammarion, t. I, p. 86.
20 Cf., Jean-Guy GOUTTEBROZE, Saint Jean-Baptiste et Gauvain dans le Perlesvaus. Un phénomène de résurgence narrative structurale, dans Hommage à Jean ONIMUS, publié dans les Annales de la Facukté des Lettres et Sciences humaines de Nice, 1979, n°37-38, p. 41-49. L'opposition entre Gauvain et Perlesvaus par rapport au Graal est homologable à l'opposition que les textes sacrés construisent entre le Christ et Jean-Baptiste. Une lecture tropologique du texte fait apparaître que "Gauvain est à Perlesvaus ce que saint Jean-Baptiste fut au Christ" (p. 45).
21 Voici l'armoriai imaginaire du Perlesvaus :
ARTHUR : Armes personnelles jamais mentionnées.
Armes occasionnelles, tournoi du Cercle d'Or :
- armes d'or (6812)
- armes d'azur (6884-85)
- armes vermeilles (6943)
BRUDAN, meurtrier de Méliot de Logres : écu parti, vert et argent (10042)
Chevalier anonyme, aux armes d'azur (4694, 4712)
Chevalier Vermeil : armes vermeilles.
CLAMADEU, son fils, porte le même écu (3042-43, 3076-77, 5180)
COART CHEVALIER, devient ensuite le Chevalier Hardi (p. 243) : écu parti noir et blanc. Défie Gauvain (1375-76). Déclare appartenir à la Demoiselle du Char (5543). Voir encore 1. 2220 et 4242.
GAUVAIN : Armes primitives effacées.
Armes nouvelles : Ecu vermeil à l'aigle d'or : 1186, 1521, 4451, 4698-99, 4738...
Ecus d'emprunt :
- vermeil (6805)
- or (6936)
GLADOAIN : chevalier au Vert Escu, allié de Lancelot. Son frère porte un écu semblable (2623, 2678, 2682, 2696, 2702).
LANCELOT : Armes primitives jamais mentionnées.
Ecus d'emprunt :
- blanc à la croix d'or (2960-61). Appelé aussi "chevalier au Blanc Escu" (2985, 3005-6)
- écu vert (7130)
MELIOT DE LOGRES : écu blanc (3332)
PERLESVAUS :Armes de l'ostentation
- Ecu familial : de sinople à un cerf blanc (627-28, 3028-29, 4118-19...)
- Ecu de Joseph d'Arimathie : bandé d'argent et d'azur à la croix vermeille et à la boucle d'or (611-12, 984-85, 2198, 4254-55, 4999, 9179)
- Ecu plain de couleur blanche (9659, 9965)
Armes de la dissimulation
- d'or à une croix verte (4250, 4288-89, 4506-7, 4726-27)
- ...blanc a conoisances autretex. (4417-18, 4455-56, 4458, 4549, 4696, 4742, 5657) Armes "à enquerre".
22 Voici l'armoriai imaginaire du Perlesvaus :
ARTHUR : Armes personnelles jamais mentionnées.
Armes occasionnelles, tournoi du Cercle d'Or :
- armes d'or (6812)
- armes d'azur (6884-85)
- armes vermeilles (6943)
BRUDAN, meurtrier de Méliot de Logres : écu parti, vert et argent (10042)
Chevalier anonyme, aux armes d'azur (4694, 4712)
Chevalier Vermeil : armes vermeilles.
CLAMADEU, son fils, porte le même écu (3042-43, 3076-77, 5180)
COART CHEVALIER, devient ensuite le Chevalier Hardi (p. 243) : écu parti noir et blanc. Défie Gauvain (1375-76). Déclare appartenir à la Demoiselle du Char (5543). Voir encore 1. 2220 et 4242.
GAUVAIN : Armes primitives effacées.
Armes nouvelles : Ecu vermeil à l'aigle d'or : 1186, 1521, 4451, 4698-99, 4738...
Ecus d'emprunt :
- vermeil (6805)
- or (6936)
GLADOAIN : chevalier au Vert Escu, allié de Lancelot. Son frère porte un écu semblable (2623, 2678, 2682, 2696, 2702).
LANCELOT : Armes primitives jamais mentionnées.
Ecus d'emprunt :
- blanc à la croix d'or (2960-61). Appelé aussi "chevalier au Blanc Escu" (2985, 3005-6)
- écu vert (7130)
MELIOT DE LOGRES : écu blanc (3332)
PERLESVAUS :Armes de l'ostentation
- Ecu familial : de sinople à un cerf blanc (627-28, 3028-29, 4118-19...)
- Ecu de Joseph d'Arimathie : bandé d'argent et d'azur à la croix vermeille et à la boucle d'or (611-12, 984-85, 2198, 4254-55, 4999, 9179)
- Ecu plain de couleur blanche (9659, 9965)
Armes de la dissimulation
- d'or à une croix verte (4250, 4288-89, 4506-7, 4726-27)
- ...blanc a conoisances autretex. (4417-18, 4455-56, 4458, 4549, 4696, 4742, 5657) Armes "à enquerre".
23 Couleur relativement rare dans l'héraldique réelle des xii° et xiii° siècle. Sur l'apparition du "chevalier bleu" dans l'héraldique imaginaire, Cf., M. Pastoureau, Et puis vint le bleu, dans Europe, Le Moyen Age maintenant, oct. 1983, p. 44-45. Notre texte ne connaît qu'un seul chevalier aux armes d'azur. Il tient à peu près le rôle du héraut d'armes : il possède la science des armoiries, et renseigne Gauvain sur l'identité du chevalier à l'écu blanc qui a été son adversaire lors du tournoi de la Vermeille Lande (br. VIII, 1. 4 694).
24 Cf., G.R.L.M.A., IV, II (1984), p. 49-51. C'est aussi l'opinion de M. Félix Lecoy qui se fonde, lui, sur l'analyse de la langue du Perlesvaus. (Information donnée à l'issue de cette communication)
25 Dans G.R.L.M.A., IV, 2 (1984), op cit., p. 52-55.
26 C'est pourquoi la version traditionnelle, reprise par Emmanuèle Baumgartner : "une croix de soie rouge", -La Quête du Saint Graal, Paris, Champion, 1979, p. 46, - ne représente qu'une interprétation, conforme, certes, à la teinte habituelle de cette étoffe, mais qui comporte tout de même une frange d'incertitude : on rencontre aussi, dans les textes du Moyen Age, du cendal bleu (Erec et Enide, v. 2130) ou du "cendal pers" (Cligès, v. 1748 et Première Continuation, Roach, III, 1, p. 191, v. 3026).
27 Cf., Trois versions rimées de l'Evangile de Nicodème, par Chrétien, André de Coutances et un anonyme, p.p. G. Paris et A. Bos, Paris, S.A.T.F., 1885.
28 Joël Grisward a montré que les trois frères Bernard, Aïmer et Hernaut, formant le premier trio fonctionnel des Narbonnais, sont en relation avec trois couleurs différentes. Respectivement : le blanc, le noir et le rouge. Sous la forme dégradée du roux, le rouge est donc associé ici à la troisième fonction, celle qui porte les valeurs de la vie. Mais, dans la symbolique la plus constante, la tripartion se fait de la manière suivante :
Première fonction : couleur blanche
Deuxième fonction : couleur rouge
Troisième fonction : couleur noire (parfois jaune ou verte)
Cf., Archéologie de l'épopée médiévale, p. 256, et la référence à Georges Dumézil : L'idéologie tripartie des Indo-Européens, p. 25-27. Rituels des Indo-Européens à Rome, "Albati, russati, virides", p. 45-46.
29 En ce sens, la croix vermeille sur fond blanc relève de cette "mystique de la grâce" qui ne représente qu'un aspect de la pensée cistercienne, celui-là même qui soustend la spiritualité rayonnante de La Queste... Cf., Etienne Gilson, "La mystique de la grâce dans La Queste del Saint Graal", dans Romania, t. LI, 1925, p. 321-347.
Auteur
Université Paul Valery (Montpellier III)
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Fantasmagories du Moyen Âge
Entre médiéval et moyen-âgeux
Élodie Burle-Errecade et Valérie Naudet (dir.)
2010
Par la fenestre
Études de littérature et de civilisation médiévales
Chantal Connochie-Bourgne (dir.)
2003