Morale, astrologie et prophétie : le Songe de Pestilence et la fin des temps
p. 397-410
Texte intégral
11338. Une date. Ainsi débute le Songe de Pestilence d'Henri de Ferrières.
2Dater un texte de fiction n'a rien de gratuit et procède d'une intention précise. En premier lieu, le texte entre dans l'histoire et, à ce titre, il va proposer une leçon que le temps peut attester ; il s'agit implicitement de fournir une vérité, un « voir dit ». Cette entrée dans le temps est marquée par une contemporanéité ; texte du xive siècle, le Songe offre un récit qui lui-aussi se déroule en ce siècle ; si vérité il y a, elle est issue de la leçon du présent. Il ne s'agit donc pas d'une simple date visant à souligner une auctoritas, de celle qui marque un passé, toujours prestigieux, dans lequel s'enracine un discours dont l'autorité s'ancre elle-même dans un temps révolu, mais à lui seul gage de vérité. Marquer le texte du sceau du présent, de celui de la chronique, c'est vouloir bien davantage : c'est vouloir montrer, demonstrare, ce qui est immédiatement vérifiable.
3Le poète a donc ouvert sa porte au temps. Celui-ci ne devra-t-il donc pas, inéluctablement, se dérouler ? Si 1338 marque une entrée en écriture, une autre date au moins est attendue ; celle de la fin. Fin du temps du texte. Et cette « pestilence » que le rubricateur indique laisse augurer que cette date sera peut-être aussi celle de la fin des temps. Le texte sera donc ainsi inséré dans l'étau du temps, et son temps propre devient le témoignage des derniers instants, ceux où l'on peut encore lire. L écriture est le dernier avertissement, la dernière chance avant de voir finir le temps. La date est peut-être l'indicateur que le poète se veut aussi, d'une certaine manière, prophète.
L'an de grâce mil CCCXXXVIII, après chen que j'é aynsi eu copie du Livre des déduis, si comme il sont escris en cest livre et comment je l'avoie veu et trouvé en un livre bien ancien, si comme le roi Modus les avoit ordenés, en celui an, le quart jour d'avril, avint que je estoie en grant pansée de trouver matière plesant, de laquelle je penssoie a emplir mon livre, et aloie tout seul parmi une forest, une heure avant et l'autre ariere, triste et dolant, que je ne pouaie avenir a la matière que je desiroie ; si m'asis au pié d'un arbre et m'endormi en celle penssee, et en songant m'estoie avis que je veoie le roi Modus et la roine Ratio, sa feme, lesquieus parloient a grant foison de gens de divers estas, quer les uns estoient clers, les autres nobles et les autres estoient gens de labour1.
4Ce long extrait mérite commentaire ; dans sa trame, il oriente, alors que la surface de la lettre, elle, désoriente. Ce prologue, pêle-mêle, nous offre un ensemble étonnant d'éléments. Une date, très précise (le quatre avril 1338), où le poète se met à rêver. Rêve traditionnel ô combien ; entrée dans un lieu isolé, ici une forêt, propice à l'émergence du merveilleux, à la communication avec l'autre-monde. Arrivée de deux personnages allégoriques, Modus et Ratio, dont le poète observe les actions. Mais voici ces deux personnages qui s'adressent à une société bien réelle, celle des trois ordines. Et ce roi Modus, qui est-il ? Il est celui qui a « ordenés » un livre. Le texte est ici ambigu pour savoir de quel ouvrage il s'agit ; il est difficile de trancher entre le Livre des déduis, qui précède le songe dans ce diptyque qu'est le Livre du roi Modus et de la royne Ratio et dont Modus est aussi acteur, et un « livre bien ancien » que le poète a vu, réellement. L'argument du texte ancien est classique et fait figure de topos. Il n'en est pas moins le témoignage que l'auteur entend faire acte d'autorité. Autorité de sa propre parole. Car en dépit des volutes fictionnelles dont il s'entoure, c'est bien lui le maître de cette mise en mémoire que représente le livre ; ne cherche-t-il pas, comme il le dit lui-même, matière à emplir son livre ?
5Une partie de cette matière ne reposera-t-elle pas sur ce texte ancien que le prologue évoque ? Loin derrière ce quatre avril 1338, il y le temps qui ressurgit ; le temps passé où le poète a trouvé un livre, ce dernier témoignage du temps jadis où l'on disait la vérité en expliquant le monde et en donnant aux hommes les moyens de bien se conduire. On voit ici combien importante est le mise en place, selon un vecteur temporel, de l'autorité d'une parole ; on l'a vu, celle-ci se donne des garanties d'ancrage dans un présent-témoin ; de plus, elle s'appuie sur le passé écrit, gage supplémentaire (et absolu) de son authenticité, de sa vérité. L'écriture agit alors comme un transport temporel, incisant son présent du message du passé, plus exactement d'un message contemporain qui se réfère au passé. D'entrée de jeu, la fonction temporelle se révèle donc de première importance, en relation directe avec l'acte de dire : l'écrire d'Henri de Ferrières s'enroule selon un axe que le temps module en profondeur.
6Dans son épaisseur spatiale, le texte va sans cesse naviguer dans un espace du relatif, né d'une problématique d'intersection, comme l'illustre par exemple le personnage de Modus. Ce dernier en effet, qui apparaît avant et pendant le songe, demeure à ce niveau intermédiaire, frontière fragile entre réel et fiction, entre fonction sociale (royale) et figure allégorique mise au rang d'acteur par l'écriture. Cet espace ambigu est souligné par le cadre, lui aussi traditionnel, du songe, qui dans ce contexte renvoie aux vieux doublets songe/mensonge ou songe/vérité.
7Modus emblématise donc une problématique qui se dessine : celle du message transmis à partir du réel vers la réalité à travers la fiction de l'écriture. Si le prologue conjugue realia et fantasia, brouillant les cartes, c'est qu'il est un appel à dépasser le ad litteram ; la lettre devra être interprétée ; sous le couvert des mots, se cache le plus important, comme dans la parabole du prophète.
8Revenons sur la date qui inaugure le rêve. La date est chiffre. La date, c'est le premier pas vers une rencontre avec le temps. C'est le jour de la naissance, ici du texte. Mais le jour de la naissance, c'est l'indispensable à l'horoscope, c'est le nécessaire à l'homme, savant et inquiétant, qui peut lire dans le ciel, les étoiles et les chiffres : l'astrologue. C'est donc également l'empreinte d'une autorité, celle du ciel, celle du chiffre, celle de l'homme qui communique avec eux. Par ailleurs, la date est aussi chiffre à lire et donc point de départ d'une énigme, y compris dans sa certitude. Derrière le chiffre, peut-être la silhouette d'une science du nombre, mystérieuse et éclairante à la fois ; devant jeter sa lumière sur certains mystères des textes sacrés. Dans la mentalité du Moyen Age, l'énigme, le mystère et l'aventure du déchiffrement, inéluctablement, se profilent derrière le nombre.
9Dans ce sens, on pourrait interpréter cette date, bien entendu imaginaire, qui inaugure le texte. On remarquera l'omniprésence du trois qui peut donner lieu à quelques digressions. J'ai essayé de montrer ailleurs que le principe de fonctionnement essentiel du chiffre dans ce texte était plus rhétorique que symbolique2. Ce qu'il y a toutefois de certain, à la lecture de l'ouvrage, est que l'auteur se sert considérablement d'une organisation chiffrée, dont trois est le pivot central et récurrent. Nous en retiendrons ici une seule leçon : le poète manifeste clairement une volonté, auréolée par l'union de deux procédés, le songe et la rhétorique numérique, de créer un climat à la fois mystérieux et pseudo-scientifique, attitude confirmée par l'intervention finale du « clerc astrologien ». Cette teneur du texte, à laquelle il faut ajouter le jeu subtil sur le temps, qui se manifeste tout particulièrement dans la dernière partie du texte, vise à hisser la parole du poète au niveau de celle du prophète3.
10En quoi réside cette parole ? Une grande partie du songe n'a apparemment aucun rapport avec la « pestilence ». Il n'y est pas question d'épidémie. Le lecteur assiste à un procès des trois ordres de la société humaine. On est dans une veine plutôt traditionnelle depuis Raoul de Houdenc et son Songe d'enfer. Il s'agit de condamner les vices et de constater avec amertume que les hommes n'obéissent plus aux vertus que Dieu avaient dépêchées auprès d'eux pour les guider vers le salut. Ils ont préféré les valeurs brillantes et fugitives que le Diable a su mettre devant leurs yeux ; ils se vautrent dans les plaisirs des sens, emplissent leur ventre, blasphèment et forniquent à tous vents. Chaque ordre est observé de près par des « comités d'évaluation », dont le bilan est particulièrement négatif pour les gens du monde, à l'exception des plus pauvres ; dès qu'un individu possède un petit quant-à-soi, bourgeois, chevalier, prêtre ou évêque, il sombre dans l'univers des vices.
11Le texte d'Henri est remarquablement organisé et il est d'une richesse très supérieure aux habituelles Voies d'Enfer et de Paradis. Le procédé général choisi est, on l'a vu, celui du songe allégorique, ce qui n'a rien de très original. Mais ce songe va permettre à l'auteur d'imaginer un vaste ensemble de scènes qui s'emboîtent les unes dans les autres, dans un mélange de genres très bien maîtrisé. On est loin du traditionnel rêve de pèlerinage conduisant le dormeur dans les mondes antagonistes du Diable et de Dieu. Le pivot central de l'organisation textuelle est le nombre trois, qui permet à l'auteur de se livrer à un véritable tissage textuel. Ratio et Modus se plaignent à Dieu de l'état du monde, ce qui sera le point de départ d'une série de procès, tenus dans les règles, avec leur rhétorique inspirée du discours juridique. Ces procès seront entrelacés par une série d actions, reliées aux plaids ; enquêtes, défis, trèves, combats. Cet ensemble se clôt par un combat final : les trois ordres sont jugés et condamnés, en présence du Diable, lui-même subissant d'âpres reproches. La décision de justice paraît inacceptable aux coupables qui tentent de l'emporter par la force, dans une bataille où l'on retrouve la tradition de la Psychomachia et du Tornoiement d'Antecrist ; et, traditionnellement, les vices sont battus par les vertus.
12L'auteur conduit alors son lecteur dans un autre rêve, qui demeure dans la continuation de ce qui a précédé : les divers antagonistes se retrouvent devant l'ultime personne de la Trinité qui, furieuse, condamne le monde à subir de très lourdes peines :
Si donne sentence de paine sus le monde en ceste manière, quer pestilence par lonc temps est au monde ottroïé, en telle manière que par guerres seront moult de roialmes évacués et permués et les biens d'iceulz pilliés et disipés et gastés et gens tués et enprisonnés (...) rebellions des petis contre les grans, les villes contre les seigneurs, traïsons apertes et couvertes, par quoi moult mourront ; les églises violées et dissipeez (...). Après je donne ma sentence de paine sur la char, car je commeit sur les humains mortalité soudaine (...) et moult de gens eschiveront la compaignie des malades pour celle doubte. Et poi de remedes i seront trouvés, et en mourra moult sans confession, (pp. 190-1)
13On voit combien ici se profile l'idée de prophétie. Le songe était daté de 1338, le premier procès du Diable est daté lui-aussi, de 1342. Nous sommes donc cinq ans avant le déclanchement de la Grande Peste. Le héros du songe apparaît donc comme le porte-parole du Saint Esprit, pronostiquant les malheurs, bien réels, qui sont advenus au royaume après 1348 : guerres, jacqueries, luttes fratricides, peste.
14Parmi l'arsenal d'images et de figures mises en œuvre dans l'ensemble du songe, notons trois « paraboles » qui seront interprétées par la suite : douze bêtes mordant les hommes, sept miroirs de clarté, un aigle déployant ses ailes en criant.
15A l'énoncé de la sentence du Saint Esprit, le dormeur s'éveille. Le texte pourrait fort bien s'arrêter là. En effet, l'avertissement est donné, et la morale est énoncée sous l'égide de Dieu et de la Trinité. Traduction : si le royaume vit tant de misères, c'est parce que ses sujets sont tombés dans le péché. Les malheurs viennent directement de Dieu. Aux hommes de faire leur pénitence et de retourner sur le droit chemin, ce qui est toujours possible, car les vices finissent bien par être battus par les vertus.
16En fait, le texte est bien plus riche, car la fin va s'appuyer sur cette grande première partie afin d'aller plus loin dans la morale politique et religieuse, plus loin donc dans l'idée de prophétie. Après son éveil, le narrateur s'en va trouver un clerc « lequel estoit le plus sage clerc en tous les set ars qui fust en roialme de France en son temps » (p. 192). L'interprétation des rêves sera le fait d'un homme de l'art. La rencontre entre le narrateur et le clerc se fait sous l'égide de la science et de l'écriture. Henri tient en effet a bien préciser pourquoi ce clerc est si savant ; en énumérant les disciplines du trivium et du quadrivium, auxquelles il rajoute la théologie ; voici sous les yeux du lecteur rénumération du cursus universitaire le plus prestigieux, de la faculté des arts à celle de théologie. Notons au passage qu'une telle présentation auréole la propre écriture de l'auteur du songe, ce qui est confirmé par un passage curieux où poète, songeur, narrateur, fiction textuelle et réalité de l'écriture sont mélangés :
Donques me demanda si je avoie fait le Livre des déduis qui se fondoit sus Modus et sus Ratio, qui s'estoient partis du royalme de France, et que pour celle cause seroit le roialme en grant désolation de guerres et de mortalités (p. 192)
17Intrusion du « je » qui caractérise l'auteur du livre précédant le Songe de Pestilence, tout en se mélangeant avec celui du narrateur de ce dernier. Les figures allégoriques, présentées ici dans une intersection imaginaire/réel servent de cheville à cette construction qui, débouchant sur une ambiguïté du « je », insère la parole de ce dernier dans une relation fiction/réalité monodirectionnelle : le texte est bien celui d'un poète, il renvoie, par le truchement d'une fiction, aux tristes réalités à venir. L'écriture est bien prophétique.
18L'écrit revêt une importance fondamentale dans ce processus, phénomène que l'on rencontre aussi par exemple chez Christine de Pizan, qui toujours insiste sur les rapports entre les sibylles et le livre. Le clerc consulté par Henri rendra sa réponse par écrit : « Et il me dist que illi penseroit volentiers et que il me metroit en escript son avis » (p. 192). (Jet écrit prend d'autant plus d'importance qu'il est lié à un pacte entre l'auteur et le clerc :
Et il me dist que je lui baillasse ma foi que, se je vivoye plus que lui, que je ne monstroie ce que il me baudroit par escript, ne ne diroie a nulle personne jucques après sa mort (...) pour laquelle chose je fianchai volentiers. Si fu trois jours après ces paroles avant que j'eusse ce qu'il m'avoit escript, et au tiers jour me bailla un roulle que il avoit escript, ou il estoit ainsi contenu ; et fu l'an de grace mil CCC. (pp. 192-3)
19Notons ici encore la relation écrit/date. J'y reviendrai.
20Ce pacte repose sur la divulgalion liée à la mort. Il laisse ainsi augurer de la gravité de son contenu. Il contient en creux un autre pacte ; le clerc va pronostiquer et l'auteur ne doit pas transgresser les règles qui font que l'homme n'a pas le pouvoir de changer l'histoire. Le temps appartient à Dieu, comme le rappellent incessamment les moralistes, tel Thomas de Chobbam répétant l'adage tempus quod Dei est4.
21Ce réseau d'indices amènent lentement le lecteur vers le discours du clerc, le mettent en situation en quelque sorte : un message sera délivré expliquant, par le biais de la science, la punition divine.
22L'entrée en matière du clerc confirme ce qui s'esquissait dans la présentation du discours à venir : « Il me semble que les songes que vous avés songiés touchent deus sciences, l'une si est théologie et l'autre astrologie » (p. 193). La première partie du discours du clerc, reprend les deux premières visions : le procès et le combat final des vices et des vertus. C'est l'occasion pour Henri d'assener à son lecteur une leçon sur la Trinité, ce qui, notons-le, est parfaitement logique dans le contexte du songe présenté auparavant, en utilisant les catégories aristotéliciennes de la substance et de l'accident :
...vous songastes plusieurs choses qui semblent estre diverses et en moult de parties, mes tout est une chose, car le Pere et le Filz et le Saint Espirit ne sont que un dieu, une substance et une essence. Les accidens, comme manière, raison, sapience, providence, et les set vertus qui sont en vostre songe figurés comme humaines choses sont accidens qui sont en Dieu... (p. 193)
23D'un point de vue littéraire ce passage est intéressant dans la mesure où il est un regard explicité du poète sur sa pratique de l'allégorie. La réflexion n'est pas développée, mais il y a, en germe, l'idée d'une relation de type forme/substance dans l'allégorie. L'élément porteur, abstrait, est vu comme accident d'une entité supérieure et, au même titre que pour Aristote l'âme est la forme du corps, elle est la forme d'une personnification, justifiant en cela la notion même de personnification. De même que l'âme aristotélicienne n'est identifiable que dans son union avec l'objet qu'elle anime, comme la forme réalise la substance, la qualité accidentelle de l'âme humaine ne serait manipulable, au niveau de l'écriture poétique, que dans son union avec ce « corps textuel » qu'est le personnage allégorique.
24Après la science suprême de la théologie, le clerc va passer aux artes libérales et, ici, à l'astronomie/astrologie5 ; « Après vous diron de ce que touche abstronomie » (p. 195). C'est l'occasion de proférer un résumé de cours d'astronomie, bien sommaire il est vrai. Le clerc, citant Platon et Ptolémée, explique le zodiaque et indique au poète que les douze bêtes dont Modus avait parlé renvoyaient aux signes du zodiaque. Il peut alors interpréter le fait que le songe faisait vivre des bêtes mordant des hommes, en se référant cette fois-ci à Avicenne6 et aux rapports entre la médecine et la science du ciel :
Et pour ce que en vostre songe vous sembloit que le roi Modus vous disoit que les bestes dessus dites mordoient homme en toutes les parties du corps, vostre songe fust vroi ; car u membre qui est regardé de l'un de ses signes est faita atraction du sanc et des humeurs, par quoi les aucteurs de medicine, comme Aviscene et austres, deffendent que le membre ou le signe a son regart ne soit entamé de nulle incision, car le signe peut estre reguardé d'aucun reguart mauvés, pour quoi mort en peut ensuir ou grief maladie (p. 197)
25Les sept miroirs de Modus, au travers desquels l'homme pouvait apercevoir le gouvernement du monde, sont mis en relation avec les sept planètes, « qui ont le gouvernement de nature ». Cet ensemble de remarques préliminaires montrant les relations étroites unissant le cosmos à l'homme, permet d'introduire naturellement la notion de pronostication :
Et pour ce que il regardent les unes les autres et aussi sont regardées des signes dessus dis, nous est donné une perpetive du Saint Espirit, par quoi nous veon molt de choses avenir u monde, et sus créatures humaines, et sus l'ordenanche des temps, comme de vens, de foudres, de superfluités d'iaues, de guerres et de mortalités... (p. 198).
26On pourra remarquer combien Henri de Ferrières prend de précautions. Après avoir expliqué que ce qui allait être dit le serait grâce à une connaissance scientifique, il établit un rapport entre le Saint Esprit et ce qu'il faut bien appeler une pronostication astrologique, qui pourrait passer pour de l'astrologie judiciaire, en général condamnée par l'Eglise. Double parapluie, double caution : l'Université et le Dogme. Le discours de l'astrologue continue ensuite pour expliquer comment les planètes agissent sur le monde de la génération et de la corruption, en particulier les relations qu'elles peuvent avoir avec les éléments.
27Toutes ses explications, ces justifications étant données, il s'agit d'interpréterer les visions du dormeur, en particulier celle de l'aigle annonciateur et celle de la pestilence.
28Le clerc se réfère à des événements qui, dans le futur du texte, se produiront en 1345 :
Si vous escri les signes par qui les choses dessus dites nous seront demontrées. L'an de grâce 1345 seront grans conjunctions de trois planeites, et sera le vintieme jour du mois de mars au signe d'Acarius après midi, laquelle conjunction assemblée, aucunes autres conjunctions et esclisses seront causes de la correption faite es vapeurs entremellees en l'air, (...) qui sera cause de la mortalité dite epidimie. (...) Et encore nous est demoustré par deus signes, l'un par une eclisse de solail a venir u signe du lion, l'autre par une estoille chevellue, de quoi parla Tholomee7, qui dist ainsi : « Quant la quomeite chevelue aperra, grant pestilences doit ensuir en terre » (p. 200).
29Ce que ne fait pas apparaître l'extrait ci-dessus, c'est aussi le témoignage d'une autorité de l'astrologie arabe, Mash'alla, que l'auteur cite pour appuyer davantage son interprétation. Nous voici donc au cœur du problème de la pronostication astrologique. Il n'est pas de mon propos de traiter ici des multiples débats à ce sujet, en particulier entre les théologiens et les artiens. On a vu qu'Henri de Ferrières prenait un certain nombre de précautions en regard d'une orthodoxie dont l'attitude est d'ailleurs ambiguë à ce propos8 Ce qui va m'intéresser dans ce passage est son contenu. On ne saurait l'analyser directement en rapport avec un donné astrologique précis. Rien en effet ne permet de faire la moindre hypothèse sur la nature réelle qu'Henri de Ferrières pouvait établir avec cette science. Aucune donnée biographique ne nous permet de répondre à la question d'une fréquentation d'Henri avec des astrologues du temps ou d'une éventuelle pratique. Ce qui est davantage en jeu est la mise en contexte du récit d'Henri avec l'époque de sa création, époque où le débat sur l'astrologie est assez vif. Ce qui est donc fondamental ici est l'empreinte sur un texte littéraire d'un donné à caractère scientifique, posant en creux des questions de théologie.
30La grande conjonction de 1345 a bien existé et a suscité de nombreux écrits, calculs comme chez Jean de Mur, pronostications comme chez Jean de Roquetaillade9 ou divers anonymes. Le traumatisme de la Grande Peste avait remis à jour ce type d'écrits, parmi lesquels la distinction entre traité sérieux et charlatanisme se faisait assez mal10. Il faut ajouter que la fin du xive siècle français, période ou le Songe de Pestilence a été composé, voit un intérêt accru pour l'astrologie, en particulier sous l'influence du roi Charles V. La bibliothèque du Louvre comprenait 180 volumes traitant des sciences du ciel et de l'art divinatoire. Il est donc certain que des textes circulaient largement sur cette question, textes dont Henri a eu connaissance.
31Cette diffusion « populaire » est attestée par les chroniques. Jean le Bel fait allusion a des prophéties de Jean de Roquetaillade11. Froissart, qui, pour le livre I de ses Chroniques, emprunte largement à son prédécesseur, mentionne lui-aussi ce frère mineur emprisonné en Avignon par le pape. Il était, nous dit le chroniqueur, inspiré par le Saint Esprit et il avait prédit, en 1345, « tant de merveilles a avenir entre l'an LVI et l'an LXX ». Gille li Muisit fait également état des prédictions astrologiques qui pouvaient circuler en ce temps :
Et dicebant astrologi quod ista tempestas erat per conjunctionem quarundam stellarum et planetarum, propter quam conjunctionem aer erat corruptis et per corruptionem aeris generabatur infinniras quam vocabant epidimiam12.
32Le continuateur de Guillaume de Nangis, Jean de Venette, lui aussi rapporte l'existence de Jean de Roquetaillade et, comme on le verra, il insiste de près sur une prophétie de type merlinesque.
33En fait, une partie du corpus constitué par les écrits sur les pronostications astrologiques liées à la peste, et examinés rétrospectivement, est constituée par des traités sérieux, basés sur de solides connaissances astrologiques et sur des calculs précis et émanant de personnalités reconnues dans le monde savant. Tel est le cas de l'étude sur la conjonction par Levi ben Gerson, texte inachevé. Un certain nombre d'autres savants de l'entourage de la papauté avignonnaise offrent un exemple de cette démarche, comme l'a révélé l'étude de J. P. Boudet13 ; le médecin Guy de Chauliac, dans sa Grande chirurgie, rappelle la conjonction de 1345 et note que « les plus grandes conjonctions (...) signifient choses merveilleuses, fortes et terribles (...) et grandes mortalitez »14 ; Raymond Chalmel de Viviers écrit en 1382 un Tractatus de pestilentia, dans lequel il reprend Guy de Chauliac. Firmin de Belleval commente lui aussi la conjonction. Citons enfin les célèbres écrits de Jean de Murs : son traité sur la conjonction de 1345 et sa lettre à Clément VI sur les conjonctions de 1357 et 1365 qui sont un témoignage particulièrement intéressant de la démarche de ce savant. Ce Jean de Murs est un astronome et mathématicien tout à fait sérieux qui pratique l'astrologie, « l'un des représentants les plus illustres de la science parisienne du xive siècle », comme le note J. P. Boudet15.
34On a vu que Jean de Venette faisait mention de Jean de Roquetaillade. Mais son intérêt va surtout se cristalliser sur le nom de Jean de Murs ; sur le nom seulement, car le chroniqueur attribue à l'astrologue la paternité d'une prédiction faite en 1340 qui ne lui doit rien. On peut simplement supposer que la réputation de Jean, qualifié de magnus astronomus, était. importante et qu'on lui a ainsi attribué faussement des écrits à caractère prophétique ou astrologique. Selon Jean de Venette, la prophétie fut révélée à un prêtre, inscrite en lettres d'or. Il y a donc un côté à la fois magique et divin dans cette révélation. Toutefois le chroniqueur l'attribue à Jean de Murs. On mesure donc l'importance d'un texte prétendument écrit par un homme de science et qui se retransmet par des voix mystérieuses, sous forme d'apparition. Le texte est d'ailleurs très obscur et fort loin du calcul astrologique, utilisant les tables alphonsines, comme le pratiquait Jean de Murs. Telle est la preuve, à un niveau non scientifique, de la confusion qui peut régner dans les esprits dès qu'il s'agit d'astrologie.
Filius regnans in meliori parte mundi mevebitur contra semen leonis, et stabit in agro inter spinas regionis. Tunc filius hominis véniel ferens feras in brachio, cujus regnum est in terra lune ; cum magno exercitu transibit et ingredietur in terra leonis carentis auxilio, quia bestie regionis sue carnem suant dilaceraverunt. lllo anno veniet a parte orientait, alis extensis sub dolo, cum magna multitudine pullorum suorum in adjutorium filii hominis. Illo anno castra destruentur, terror magnus erit in populo, et in quadam parie leonis erit lilium. Interplures reges in illa die erit sanguinis diluvium, et lilium perdet coronam suam, de qua postea filius hominis coronabitur. Per quatuor annos sequentes fient in mundo prelia interfidem tenentes ; erit declinatum. Sed filius hominis cuin aquila prevalebit. Tunc erit pax in tolo orbe terrarum et copia fructuurn...
35Je voudrais mettre en parallèle la chronique de Jean de Venette et le texte d'Henri de Ferrières. Sans prétendre à une influence directe, il y a toutefois des point évidents de rencontre. Chez Jean donc, une confusion entre d'une part l'apparition de phénomènes célestes, précis, codifiables et calculables, pouvant donner lieu, grâce à des méthodes basées sur le calcul, tel le carré astrologique, à des conseils pour l'avenir, et d'autre part des pronostications et une prophétie à caractère purement divinatoire, magique.
36Chez Henri, en premier lieu le rappel, sous une forme littéraire, des vertus de l'astrologie scientifique : le clerc, on l'a vu, s'appuie sur la notion de conjonction pour prédire des turbulences ; il se réclame de la science du ciel : « par abstronomie, avendra u roialme de France, depuis l'an de grâce 1341 jusques a l'an de grâce 1362, plus de merveilles, d'opressions et de pestilences que il n'avint u roialme de France puis le premier roi crestien » (p. 203). Mais le clerc ne s'arrête pas là et lui aussi, par texte interposé, il va proposer une prophétie : « Pour laquelle chose je vous envoie une prophecie que j ai trouvée en un livre que un très grant clerc philosophe i avoit mise comme vraie ». C'est alors qu'est exposée la prophétie des trois arbres :
En France ara, avant le temps de paine et de terelité, trois grans arbres qui fleuriront et aront feulles, et ne porteront point de fruit. Et de leur rachines naistront trois autres arbres qui ne porteront ne fleurs ne feulles, mais de eulz naistront fruis. Et des rachines de ces trois derrains arbres naistra un chion qui sourtraira molt des substances de ses trois arbres, par lequel chion seront reboutés les vers poignans de terre qui seront issus hors pour poindre le noble sanc. (p. 203)
37L'interprétation donnée est une entrée dans l'histoire du royaume et de la descendance de Philippe-Auguste. Je n'entrerai pas dans le détail ; disons simplement que les fruits représentent les descendants et les feuilles et fleurs la paix du royaume. Ce qui est intéressant est ce qui est dit du dernier roi, visiblement Jean le Bon :
Le tiers roi qui sera batu en toutes ses parties (...) c'est a savoir en la teste, es bras, es mains, es jambes, es piés et endroit le cuer ; et sera yssu du secont arbre et du ni a l'aigle d'Orient, lequel sera en grant péril, pour ses plaies que il ara, de desechier et de fenir, quant l'aigle d'Ocident vendra, lui et ses pouchins, qui ses plaies sanera.
38On ne peut s'empêcher de faire un parallèle entre la prophétie rapportée par Jean de Venette, qui citait un aquila cum multa magnitudine pullorum suorum, et celle d'Henri qui mentionne un aigle et ses « pouchins ». Non, encore une fois, qu'il s'agisse d'une influence directe, mais ce type de rapprochement offre la preuve qu'un certain nombre d'éléments, d'expressions étaient dans l'air à cette époque.
39Henri va d'ailleurs expliquer, sans le nommer, qui est ce personnage, en mentionnant ses actions et en utilisant l'héraldique : on reconnaîtra dans l'aigle d'Orient l'empereur Charles IV et dans celui d'Occident Du Guesclin. La dernière partie du texte est donc consacrée à l'exposition de maux qui se sont réellement produits dans le royaume. Le point d'aboutissement, la fin temporelle du texte donc, est un chant royal en l'honneur de Marie, celle qui « de pechié ramaine/A la voie de sauvement » (p. 22844-45).
40Voici donc un texte qui, au seul niveau de son écriture, propose un vaste réseau d'investigation : mélange de genres, il fait appel en particulier à l'astrologie, à la prophétie et à l'histoire. Trois domaines qui peuvent en bien des point apparaître comme contradictoires. En effet, Henri de Ferrières se place en un carrefour bien dangereux. Son jeu sur le temps, aussi subtil soit-il, donne une autorité à la pronostication astrologique et à la divination. L'Eglise, tout particulièrement au xive siècle a eu une position mitigée sur la pratique de l'astrologie : elle refuse catégoriquement l'astrologie judiciaire et donc la formule des élections, mais elle semble accepter des pronostics raisonnables, basés sur des calculs et sur l'utilisation de tables astronomiques, ces pronostics conduisant à une politique de sagesse et d'intérêt de l'Eglise, sans préjuger de la volonté de Dieu et sans remettre en cause le libre arbitre humain. Dieu reste le maître absolu du temps et l'homme est responsable de sa destinée. A côté de cela, la pratique divinatoire est condamnée, mais la notion de prophétie demeure très ambiguë16.
41Se pose alors la question du rapport entre l'astrologie et la prophétie. Comme J. P. Boudet l'a remarquablement montré, les astrologues sérieux de la fin du Moyen Age ont tenu à bien distinguer les deux pratiques17. En particulier des hommes comme Jean de Eschenden qui se moque des prophéties, telles celle de Joachim de Flore. Plus tard, un Guillaume de Carpentras montrera que des amateurs pronostiquent de véritables bêtises par manque de connaissance en calcul astronomique. Même Simon de Phares qui, comme le note J.P. Boudet, est « à la croisée des chemins », dénigre, à l'exception de Merlin, tous les prophètes venus après le Christ18.
42Mais si cette distinction semble bien établie dans les milieux savants, il n'est pas certain que dans un univers plus large il en aille de même et la confusion semble souvent régner19. Ce mélange tient sans doute à deux faits. D'une part, la méconnaissance du travail scientifique de l'astronome et plus généralement des diciplines du quadrivium a pour conséquence de montrer le savant avant tout comme quelqu'un qui est doué de pouvoirs ; dans la littérature, le docteur est avant tout un signe. L'astrologue en particulier est vu dans sa dimension de communiquant, avec les astres, pouvant délivrer un message en avance sur la course du temps, ce qui l'apparente au prophète. D'autre part, comme le note justement J. P. Boudet, il y a un problème de vocabulaire qui manque de réelle fixité20.
43Le choix de l'auteur du Songe de Pestilence est de se placer au carrefour. Le clerc interpréteur a une double nature, ses deux messages étant bien distincts. D'un côté, il est astrologue, de l'autre prophète. En tant qu'astrologue, à la manière de ses contemporains, il tire un enseignement de la grande conjonction de 1345, en ne précisant aucunement la méthode d'étude ; inutile ici ; il s'agit d'un texte littéraire et l'astrologue est un signe porteur de vérité. Par ailleurs, il emploie des termes à caractère prophétique, pour se tourner précisément vers les maux du royaume, c'est-à-dire surtout la guerre, autorisant ainsi, dans la confirmation du narrateur, l'intrusion d'une histoire elle-aussi disant « voir ».
44Le temps du texte se situe donc entre 1330 et le temps de l'achèvement, 1379, durée jalonnée synchroniquement par deux autres dates, 1338, date de l'entrée en songe, et 1345, date de la grande conjonction. Amorcée par un jugement, qui pourrait être le dernier, la première partie du songe se termine sur le verdict, annonciateur de la fin des temps. La deuxième partie est la confirmation du verdict. Mais le temps du texte, qui est devenu le support du temps de l'histoire, affaiblit en fait l'augure de la fin du temps. Le texte est là pour prolonger ce temps eschatologique par celui de l'espoir. Si Henri laisse toujours planer la menace de pestilence, il ne note jamais sa fin, ni ne prophétise le moyen de la conjurer ; son message dernier, prophétisé, laisse par contre entrevoir la fin des maux : le royaume, après bien des difficultés pourra être sauvé, grâce à l'aigle en particulier. Mais surtout par la correction de mœurs et l'imploration de la Vierge. Le dernier chant royal à Marie n'est-il pas le symbole que là où le temps du texte s'arrête, temps d'une fin, doit commencer un nouveau temps, celui de la vertu, qui permettra de repousser encore cette limite qu'est la fin des temps ?
Notes de bas de page
1 Toutes les références renverront à l'édition de G. Tilander, Paris, SATF, 1932. Ici p. 31-18.
2 Voir notre article, « La morale et le nombre. Symbolique et rhétorique numériques dans le Songe de Pestilence d'Henri de Ferrières », à paraître dans Mélanges offerts à D. Poirion.
3 Voir notre article, « Message politique ou fiction moralisante ? Le Songe de Pestilence d'Henri de Ferrières, poète et prophète », Studi Francesi n° 99, déc. 1989, pp. 461-66.
4 Thomas de Chobbam, Summa confessorum, éd. F. Froomfield, Louvain, 1968, p. 509.
5 Rappelons que la distinction entre ces deux termes est très loin d'être établie pendant toute la période médiévale. Voir en particulier le travail de M. Lejbowicz et sa bibliographie, « Les antécédents de la distinction isidorienne astrologia/astronomia », dans Observer, lire, écrire le ciel au Moyen Age, (dir. B. Ribémont), Paris, 1991, pp. 173-212. Pour la tradition encyclopédique, voir notre article dans le même volume, « Statut de l'astronomie et évolution des connaissances sur le cosmos chez les vulgarisateurs médiévaux : le cas de quelques encyclopédies en langue vernaculaire », pp. 253-282.
6 Référence bien fantaisiste et à mettre sur le compte d'un simple appel à l'auctoritas, car justement Avicenne était opposé à de telles pratiques ; selon lui, la pratique médicale ne peut être en prise avec des causes astrales. Comme le notent D. Jacquart et F. Micheau, « l'art médical ne peut avoir de prise sur les causes lointaines », La médecine arabe et l'occident médiéval, Paris, 1990, p. 179.
7 Ptolémée, dans le Tetrabiblos, 2, 9, indique que les comètes, qui apparaissent souvent lors des éclipses indiquent des perturbations : mais il ne parle pas d'épidémie. Ce topos de la comète annonciatrice se retrouve souvent dans une littérature encyclopédique ou même non savante. Guillaume de Machaut y fait référence dans le prologue du Jugement du roi de Navarre et Brunetto Latini note que les « sage astronomien » savent qu'une apparition d'« estoile comee » « segnefie remeuemens de règnes u mort de grant signor » (Li livre dou Trésor, éd. F. Carmody, Cambridge, 1948, p. 80).
8 Comme le montre J. P. Boudet, l'attitude de la papauté au xive siècle en regard de l'astrologie n'est pas linéaire Si elle est condamnée au temps de Jean XXII, elle est tolérée du temps de Clément VI. En fait la papauté refuse les élections ou les pratiques proches de la magie, mais accepte l'analyse des conjonctions planétaires (« La papauté d'Avignon et l'astrologie », dans Fin du monde et signes des temps. Visionnaires et prophètes en France méridionale (fin xiii-début xve siècle), Cahiers de Fanjeaux, 27, 1992, p. 263).
9 Sur ce personnage, voir les études de J. Bignami-Odier et le travail récent de S. Barnay, « L'univers visionnaire de Jean de Roquetaillade », Cahiers de Fanjeaux, 27, 1992, pp. 171-90.
10 De tels textes avaient cours : Kervyn de Lettenhove signale, dans son édition des Chroniques de Froissart, une Lettre de Lucifer aux hommes du monde et une Lettre de Jésus-Christ à Innocent VI (t. VI, p. 493).
11 Chroniques, éd. J. Viard et E. Deprez, t. 2, Paris, 1905, p. 274.
12 Chronique, éd. H. Lemaître, Paris, 1905, t. 1, p. 186.
13 Ibid., pp. 263-4.
14 Cité par J. P. Boudet, art. cit., pp. 263-4.
15 J. P. Boudet, art. cit., p. 257. Dans cet article, J. P. Boudet fait une analyse remarquable du travail de Jean de Murs et note en particulier combien l'astrologue se place dans une perspective authentiquement chrétienne, se préoccupant de l'avenir de l'Eglise. On trouvera en annexe de l'article une édition critique de cette lette.
16 Voir l'ouvrage de M. Reeves, The influence of prophecy in the later middle ages, Oxford, Clarendon Press, 1969. Les philosophes et les théologiens se sont très largement aussi penchés sur cette question. Pour le xiiie siècle, voir J.P. Torrell, Théorie de la prophétie et philosophie de la connaissance aux environs de 1230, Louvain, 1977.
17 J. P. Boudet, « Simon de Phares et les rapports entre astrologie et prophétie à la fin du Moyen Age », Mélanges de l'Ecole française de Rome, 102-2, 1990, pp. 617-48.
18 Ibid., p. 622sq.
19 Gui de Cambrai par exemple, dans son Barlaam et Josaphat, note que les « astrenomiens » savent bien prophétiser (J.P. Boudet, art. cit., p. 620).
20 J. P. Boudet, art. cit., pp. 620-21.
Auteur
Université d'Orléans
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